UNE GRANDE PREMIERE REUSSIE
“Mbaku’’, le dernier film du réalisateur Cherif Ace Faty, a été présenté au grand public, dimanche dernier, au Théâtre national Daniel Sorano

Comme toute grande première digne de ce nom, celle du film “Mbaku’’ a refusé du monde, dimanche dernier au Théâtre national Daniel Sorano. Le film de Cherif Ace Faty a été produit par Thierno Moussa Sow. “Dans un village profond d’Afrique où se cachent d’éternels secrets, Latyr, un seul homme, sème la terreur dans les esprits. Un pacte a été signé entre ses parents et un djinn, au moment de sa naissance. Devenu majeur, l’heure de respecter les accords, Latyr choisit un nouveau destin, créant la panique et le désarroi partout où il passe’’. Ainsi pourrait être résumé ce long métrage. L’histoire racontée parait iréelle, surréaliste. Pourtant, elle ne l’est pas totalement. "Ce film que j'ai produit est inspiré de faits bien réels. C'est une partie de mon histoire qui est scénarisée et qu’on essaie de retracer ici", explique Thierno Moussa Sow. Embouchant la même trompette, le réalisateur, Cherif Ace Faty, ajoute que ce film essaie surtout de mettre en exergue les relations qui existent entre l’homme africain particulièrement et les êtres surnaturels.
Ainsi, comme le dit Thierno Moussa Sow, l’histoire mise en scène ici, va au-delà de sa personne. "Cette œuvre met en avant cette Afrique des êtres surnaturels, certes méconnue, mais tant réelle. Je pense qu'il est aussi nécessaire de mettre sur le petit écran ce genre de chose qui constitue une partie de nos réalités africaines", dit-il. A l’écran, disons que le résultat n’est pas mal. Mais il y a à en dire, vous l’avez compris, le réalisateur aussi. Ses manquements, il les explique par un manque de moyens. Son équipe et lui auraient pu mieux faire, reconnaît-il. "Avec un budget plus fourni, on aurait fait beaucoup mieux, même si cette avant-première nous procure beaucoup de satisfactions", fait-il savoir. Ainsi, faute de moyens, ils ont dû faire avec ce qu’ils ont et en petit comité. En effet, l’équipe de tournage a été réduite. Cela a eu un impact sur le résultat final qui aurait pu être meilleur, reconnaît Cherif Ace Faty.
Une suite au film
Réagissant sur la fin de l’histoire portée à l’écran, le réalisateur la trouve brutale. "J'avoue que la fin du film est des plus inattendues. Au regard du déroulement de l’histoire, certains ne s’attendaient pas du tout à cette fin. Mais c'est cela aussi la beauté du cinéma, surprendre son monde", défend-il. Seulement, à l’entendre parler, cette surprenante fin sert à autre chose, ici. Elle est une ouverture pour un acte 2 de “’Mbaku’’. Lauréat du Grand Prix du festival Euro africain de Tiznit, au Maroc, Cherif Ace Faty annonce, en effet, une suite de cette histoire. "Que les cinéphiles ne se fassent pas de souci, ils peuvent considérer cette première partie comme une esquisse. Le héros du film se trouve dans un sacré dilemme qu’une suite élucidera". Mais avant d'en arriver-là, Chérif Ace dit vouloir se tourner vers les séries, après la réalisation de 12 films. Il veut se faire une place dans cet univers qu’il connait déjà, puisqu’il est le réalisateur de “Dikon’’, une série produit par Pikini Productions.
En outre, il faut souligner que Cherif Ace Faty est l’un des jeunes réalisateurs sénégalais les plus prolifiques. Douze films faits alors qu’il n’en est qu’à ses débuts, au moment où certains n’ont pu autant en faire le long d’une carrière. Son impressionnante productivité, il l’explique : “J’ai su mettre en place une stratégie un peu particulière. A travers la structure que j’ai créée, dénommée Cinégal, nous parvenons à former nos propres acteurs qui nous servent dans nos différents films. Donc, c’est de l’autoproduction au sens propre du terme vis-à-vis des personnages et des décors, et même des costumes. Et les retombées découlant de nos courts et/ou longs métrages sont automatiquement utilisées pour la production suivante. Et j'ai voulu démentir ce préjugé qui veut que le cinéma soit une question de gros moyens. C'est une façon pour moi de répondre à ceux-là. Je leur démontre que, parfois, il suffit de concocter un bon ‘scénario’ pour faire un film.’’