«CE N’EST QU’UN BALLON DE SONDE QUI SE GENERALISERA»
C’est l’avis l’avocat Me Massokhna Kane sur la mesure d’interdiction du port de voile de l’institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar (Isja), tout en invitant l’Etat et l’Eglise à se prononcer

«Ce qu’a fait l’Institut Sainte Jeanne d’Arc (Isja) de Dakar n’est qu’un ballon de sonde qui se généralisera, s’il n’est pas immédiatement et définitivement dégonflé. Cela créera, à coup sûr, de graves troubles confessionnels dont le Sénégal, champion du dialogue inter-religieux, de la tolérance et de la coexistence pacifique des religions, n’a pas besoin». C’est ce qu’a fait savoir l’avocat Massokhna Kane sur la mesure d’interdiction du port de voile de l’institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar (Isja). Tout en invitant l’Etat et l’Eglise à se prononcer.
L’interdiction du port de voile à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja) de Dakar continue de faire un tollé, certaines craignant que cela ne prenne des tournures inquiétantes. Chacun y va de ses arguments. La Constitution, la Loi d’orientation qui régit le secteur éducatif, le Décret sur les établissements privés, les instruments juridiques sont convoqués de partout pour soutenir ou dégager en touche la décision de l’école privée catholique d’interdire le port du voile dans ses classes.
En tout cas, l’Isja reste ferme sur sa mesure d’exiger une tenue unique à l’ensemble de ses élèves. Loin du débat confessionnel que cette décision a fini par installer, Me Massokhna Kane fustige, dans un communiqué parvenu hier vendredi à la rédaction, de façon catégorique le licenciement des élèves voilées.
L’avocat soutient: «ce qu’a fait l’Institut Sainte Jeanne d’Arc de Dakar n’est qu’un ballon de sonde qui se généralisera, s’il n’est pas immédiatement et définitivement dégonflé». Pour lui, «cela créera, à coup sûr, de graves troubles confessionnels dont le Sénégal, champion du dialogue inter-religieux, de la tolérance et de la coexistence pacifique des religions, n’a pas besoin». Sans ambages, le président de Sos consommateurs en déduit que «l’ISJA a franchi le Rubicon, en privant les élèves musulmans du droit d’exercer librement leur culte et de remplir leur obligation divine».
Non sans s’interroger: pourquoi ne pas interdire les tenues sexy, provocatrices et manifestement dévergondées des filles à l’école ? Pourquoi on n’interdit pas le port du voile aux religieuses chrétiennes qui travaillent à l’école Sainte Jeanne d’Arc ? Autant de questions soulevées par l’avocat qui relève que «le voile n’a jamais dérangé que les hypocrites». Il estime que n’importe quelle école se permet de mettre dans son règlement intérieur des dispositions qui violent manifestement la Constitution et la loi, portant atteinte aux droits des élèves, au nom de la laïcité.
Constant le silence assourdissant des autorités de l’Eglise face à ce problème qui ne peut être éludé, tout en les invitant à donner leur position, l’avocat attend par ailleurs de l’Etat du Sénégal qui subventionne l’enseignement privé catholique avec les impôts de 95% de musulmans, qu’il tranche objectivement et sans faiblesse sur ce problème qui ne peut attendre.