Le Bureau régional multisectoriel de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest-Sahel, basé à Dakar, a organisé, hier, dans le cadre de ses activités, un atelier régional sous le thème : « L’élaboration des indicateurs de durabilité de la préservation de l’information ». Cette rencontre a réuni des experts venus de 13 pays africains.
L’ambition de l’Unesco, c’est de permettre aux états et aux institutions de la mémoire de préserver l’information pour les générations futures. Hier, à l’atelier régional qui s’est tenu à Dakar, les participants ont insisté sur l’importance de cette préservation de l’information pour les états et les citoyens.
Dans un texte liminaire, l’Unesco estime que la préservation de l’information fait partie des domaines prioritaires de ses programmes information Pour Tous (PiPT) et mémoire du monde (moW). en 2007, reconnaissant l’urgence à agir pour préserver l’information sous forme numérique, le PiPT plaçait la sensibilisation sur l’importance de la préservation de l’information au nombre de ses trois objectifs stratégiques. en 2009, le PiPT publiait aussi un modèle de politique nationale pour la société de l’information, pour, entre autres, soutenir les etats dans la mise en œuvre du Plan d’action du SmSi et de favoriser leur alignement avec les stratégies de développement.
L’organisation rappelle avoir adopté, en 2015, la recommandation concernant la préservation et l’accessibilité du patrimoine documentaire y compris le patrimoine numérique. Un instrument international majeur qui encourage les etats à prendre des actions concrètes pour une meilleure politique et des actions favorisant la connaissance, la conversation et l’accessibilité du patrimoine documentaire national. elle souligne que les objectifs de développement durable, en l’occurrence l’Odd 16, en reconnaissant l’accès à l’information comme une des exigences du développement, ont ainsi fait de la préservation de l’information un catalyseur du développement durable. Car, dit l’organisation onusienne, l’information accumulée et préservée au fil des années est un capital inestimable pour la recherche, l’innovation et la production de savoirs permettant d’adresser les défis de développement.
Le directeur du Bureau régional de l’Unesco pour l’Afrique de l’Ouest-Sahel, Dr Dimitri Sanga, a rappelé à cette occasion que la production de l’information, sous diverses formes et supports, est une caractéristique intrinsèque de l’activité et des interactions humaines. « Ainsi, avec les avancées technologiques, notre société a atteint un niveau sans précédent dans la création, le partage, l’utilisation et voire le stockage de l’information. Le concept de société de l’information, à lui seul, illustre à suffisance le nouvel écosystème de notre société. Cependant, la préservation de l’information (entendue ici dans son sens le plus large : documents, bases de données, éléments audiovisuels, fichiers numériques, codes sources de logiciels, pages web, etc.), demeure confrontée à de nombreux défis et ce en dépit de la centralité de l’information et des opportunités rattachées à son accès. » Dr Sanga a expliqué que l’atelier régional ouvert hier s’inscrit dans un continuum d’interventions menées par l’Unesco pour contribuer tant à la réalisation de l’agenda 2063 de l’Union africaine (Ua) qu’aux objectifs de développement durable (Odd).
En effet, l’information dûment préservée et rendue librement accessible est une ressource inépuisable pour la production de la connaissance et favorise l’innovation, explique-t-il.
Garantir l’accès à l’information
« Garantir l’accès à l’information est l’une des cibles de l’ODD 16, et accéder à l’information, que ce soit pour des besoins de culture générale, d’éducation, de recherche, etc., reste fortement tributaire de sa préservation », a fait savoir le directeur du Bureau régional de l’Unesco pour l’Afrique de l’Ouest-Sahel.
Conséquemment, il informe qu’au sein de l’organisation dirigée par Mme Audrey Azoulay, la préservation de l’information figure au nombre des priorités de deux programmes spécifiques à savoir le Programme information Pour Tous et le Programme mémoire du monde. « Les institutions de la mémoire que sont les archives, les bibliothèques, les musées, les centres de documentation, etc. ont, au fil des années, mené des actions déterminantes pour assurer la préservation et l’accessibilité à l’information.
Dans plusieurs pays africains, ces institutions se sont vites vues confrontées à la dure réalité du volume toujours important de l’information disponible, du rythme effréné des avancées et de l’obsolescence technologique, de l’inadéquation et du manque de compétences et des espaces, etc. Des facteurs entretenus par, entre autres, l’absence ou l’inefficacité de la politique de la préservation de l’information », a longuement et avec pertinence développé Dr Dimitri Sanga. il a d’ailleurs rappelé qu’au cours des dernières décennies, plusieurs de nos états ont fait le choix de s’approprier les technologies de l’information et de la communication (Tic) pour notamment moderniser les services de l’état avec le déploiement des solutions d’e-administration.
Hélas, a-t-il semblé se désoler, ces choix politiques et technologiques se sont faits sans toujours prendre en compte les besoins spécifiques de préservation de l’information numérique. « Les enjeux liés à la préservation de l’information, y compris les données, ne sont plus uniquement relatives au devoir de mémoire. En effet, nos Etats ne sauraient tirer pleinement bénéfice du développement de l’Intelligence Artificielle sans une politique efficace de préservation et d’accessibilité de l’information, y compris des données » a insisté Dr Dimitri pour montrer l’importance de la préservation de l’information. il indique que l’Unesco a une longue expérience en matière d’élaboration des indicateurs dans divers domaines. « Au cours de cet Atelier, l’on devra mesurer la pertinence des indicateurs que les experts s’apprêtent à proposer afin d’aider les Etats membres à orienter la formulation et la mise en œuvre des politiques et stratégies sur la préservation de l’information. Il s’agit aussi de fournir aux acteurs du secteur un outil de plaidoyer et de mobilisation des partenariats en vue d’adresser les défis de la préservation durable de l’information », a-t-il indiqué aux participants. En conclusion, le directeur du Bureau régional de l’Unesco pour l’Afrique de l’Ouest Sahel a rappelé que c’est à travers la préservation effective de l’information que les générations précédentes nous ont légués leurs savoirs, leur culture, bref, leur humanité. Et selon lui, « nous avons le devoir d’en faire de même pour celles qui viendront après nous ».
LA BANQUE MONDIALE VEUT TUER NOS INDUSTRIES DE TRANSFORMATION !
Si cela ne tenait qu’à la Banque mondiale, le Sénégal devrait plus s’orienter vers l’exportation de son arachide que la transformation sur place de sa production.
Si cela ne tenait qu’à la Banque mondiale, le Sénégal devrait plus s’orienter vers l’exportation de son arachide que la transformation sur place de sa production. Après la déstructuration sous son diktat de notre chaîne de valeur arachidière avec la dissolution de la Sonagraines en 2002 et la privatisation (ratée) de la Sonacos, des experts de l’institution de Bretton Woods cherchent à porter le coup de grâce à nos industries de transformation !
Les huiliers locaux, à savoir Sonacos, Oleosen, West african Oils, Complexe agro-industriel de Touba, Copeol (ex-novasen, coentreprise française entre avril et Castel), principaux producteurs d’huile d’arachide raffinée au Sénégal, ne devraient plus exister si les autorités venaient à suivre le nouveau diktat des experts de la Banque mondiale. Lesquels, à travers un récent rapport intitulé « Sénégal : de meilleurs marchés pour tous grâce à la politique de la concurrence » préconisent fortement l’exportation de notre arachide brute en lieu et place de la transformation sur place. laquelle a pourtant le mérite de justifier l’existence d’excellentes industries de transformation locales ! il reste que cette position des experts de la Banque mondiale s’explique grandement par la situation de nos industries de transformation arachidière.
Les huiliers se retrouvent souvent avec des stocks de produits qui ne sont pas écoulés et qui dorment dans les entrepôts. les chiffres sont pourtant édifiants : la Sonacos a une capacité de 250 tonnes par jour, soit 7 500 tonnes d’huile par mois, Oleosen 100 tonnes par jour, soit 3 000 tonnes par mois, Fak 227 t/jour, soit 810 tonnes par mois. Ce qui veut dire que le pays a la capacité de produire 14 000 tonnes d’huile raffinée par mois. lors de la dernière campagne, les industriels et producteurs d’huile brute d’arachide (Sonacos, Copeol, West african Oils, Complexe agro-industriel de Touba, Oleosen, novasen etc.) s’étaient notamment engagés à produire 197 000 t d’huile par an (équivalant à 600 000 t d’arachides transformées), tandis que des producteurs d’huile brute réunis au sein du regroupement des acteurs du secteur de l’industrie et de l’agroalimentaire de Touba (rasiat), devaient pour leur part transformer 1 000 t d’arachides par jour (soit 360 000 t de graines par an).
Pour que les sénégalais puissent profiter de cette huile d’arachide, meilleure pour la santé que la majorité des huiles importées, l’etat avait décidé récemment de donner un coup de pouce aux huiliers. le ministre du Commerce avait notamment annoncé que les importations d’huile de soja et de tournesol sont pour l’instant suspendues, tandis que la production et l’importation des petits formats d’huile de 250 ml à 5 l devaient être réservés à la production locale d’huile raffinée d’arachide. le marché de l’huile dans notre pays représente entre 200 et 250 milliards de francs CFa par an, selon la direction du Commerce extérieur. Cette politique de promotion de l’huile locale porte déjà ses fruits puisque les grandes surfaces proposent maintenant dans leurs rayons de l’huile d’arachide raffinée locale en différents formats. Hélas, ces efforts du gouvernement pour promouvoir la transformation locale n’ont pas l’heur de plaire aux experts de la Banque mondiale.
L’importance du Sénégal comme fournisseur mondial d’arachides et d’huile d’arachide en baisse
« Au Sénégal, l’arachide joue un rôle essentiel dans le secteur agricole. Cependant, l’importance du pays en tant que fournisseur mondial d’arachides et d’huile d’arachide n’a cessé de baisser ces dernières années. Environ 482 000 paysans, soit 63 pour cent de la population agricole, cultivent l’arachide et environ un tiers des terres arables est consacré à cette culture. Le Sénégal est actuellement le neuvième producteur mondial d’arachide et occupe la quinzième place au classement de la production mondiale d’huile d’arachide. Alors que le Sénégal était le plus grand exportateur mondial d’huile d’arachide jusqu’au début des années 2000, il est maintenant largement dépassé par l’Argentine et le Brésil, suite à une baisse continue de parts de marché dans les exportations mondiales d’huile d’arachide allant jusqu’à 11 pour cent en 2015/16 » notent les experts de la Banque mondiale. Pis, continuent-ils, « la baisse de la part du Sénégal dans la production mondiale coïncide avec un glissement du pays de l’huile d’arachide vers l’arachide entière dans le commerce mondial de l’arachide et des produits dérivés. Alors que les exportations mondiales d’huile d’arachide ont diminué de manière continue en termes absolus depuis le milieu des années 1970, celles des arachides entières ont augmenté régulièrement au cours des 20 dernières années. Le Sénégal n’a pu suivre cette tendance que récemment après la levée de l’interdiction d’exportation d’arachides entières en 2013, même s’il a été prouvé que l’avantage comparatif sénégalais repose sur les arachides entières par opposition à la transformation de l’huile. Aujourd’hui, la part de l’huile d’arachide sur le marché mondial est relativement faible par rapport aux autres huiles végétales. L’augmentation continue des huiles végétales moins chères comme les huiles de palme et de soja, qui constituent aujourd’hui plus des trois quarts du marché mondial des huiles végétales, a fait de l’huile d’arachide un produit de niche, ne représentant que 0,3 pour cent du marché mondial ».
La transformation de l’arachide en huile est non rentable et risquée au Sénégal
Partant d’un tel état de fait, les experts de la Banque mondiale soutiennent que la transformation de l’arachide en huile serait non rentable et risquée au Sénégal. « Avec l’essor de l’huile de palme et de soja, d’une part, et des producteurs d’arachide plus importants et plus efficaces comme la Chine d’autre part, le secteur sénégalais de l’huile d’arachide éprouve des difficultés à être compétitif sur le marché mondial. S’appuyant sur les données budgétaires des entreprises arachidières sénégalaises, une récente étude de la Banque mondiale a montré que la transformation de l’arachide en huile d’arachide semble être actuellement une activité non rentable et risquée au Sénégal. Cette situation est due à la demande mondiale limitée d’huile d’arachide importée, mais elle est amplifiée par les distorsions notées tout au long de la chaîne de valeur. En outre, de plus en plus, au niveau mondial, la transformation de l’huile d’arachide est effectuée au point de destination en raison, entre autres facteurs, du coût élevé du transport. Cet état de fait et d’autres distorsions peuvent avoir contribué à un manque d’intrants de qualité et à des rendements faibles, ce qui augmente les coûts pour les transformateurs en rendant plus difficile la réalisation d’une exploitation efficace. Par exemple, alors que les États-Unis peuvent actuellement récolter 4,08 tonnes d’arachides par hectare, la Chine et l’Argentine 3,59 et 3,36 tonnes par hectare respectivement, l’Inde et le Nigeria 1,1 et 1,2 tonne/ha respectivement, le Sénégal peine à générer des rendements de 0,91 tonne/ha derrière la Tanzanie, qui récolte 0,95 tonne/ha » expliquent les auteurs du rapport.
Privilégier l’exportation
« En raison du manque de compétitivité dont souffre le secteur, les huileries d’arachide sénégalaises ont continuellement fonctionné en deçà de leur capacité au cours des dernières années. Les plus grandes huileries peinent à atteindre même 50 pour cent de leur capacité. Cela malgré le fait qu’au cours de la campagne 2016/17, une taxe à l’exportation a été mise en place permettant aux huiliers de mieux concurrencer les exportateurs qui ont pu payer des prix plus élevés pour les arachides entières. Bien que ces politiques poursuivent des objectifs légitimes, elles peuvent avoir des effets négatifs. Étant donné que le gouvernement subventionne et protège l’industrie de l’huile d’arachide, les producteurs d’oléagineux sont confrontés à un risque de prix moins élevé.
D’autre part, les taxes à l’exportation réduisent les prix locaux, ce qui, bien que facilitant la consommation et la transformation de l’huile d’arachide au niveau local, affecte également la productivité. La baisse de productivité entraîne une baisse des exportations au niveau des prix mondiaux, ce qui crée un coût d’opportunité élevé non seulement pour les exportateurs mais aussi pour l’industrie locale, affectant en définitive les consommateurs ». C’est pourquoi, estiment en conclusion les experts de la banque mondiale, « l’exportation des arachides entières du Sénégal est une activité très rentable. Lorsque l’État sénégalais a libéralisé les exportations d’arachides entières en 2013, l’entrée des exportateurs (principalement vers la Chine) a créé une forte pression à la hausse sur les prix à la production de l’arachide au Sénégal. Alors que les transformateurs payaient aux paysans un prix fixe de 200 F CFA le kg pour la campagne 2015/16 (convenu entre transformateurs), les nouveaux exportateurs étaient disposés à payer entre 250 et 300 F CFA le kg ».
L’HISTOIRE D’UN PROJET SENEGALO- AMERICAIN
Faites connaissance avec…. La réserve de Bandia
Etienne Ndiaye (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 12/09/2019
L’Histoire de la réserve de Bandia a commencé en 1981 avec la mise sur pied du Parfob (Projet autonome pour le reboisement de la forêt de Bandia), financé par l’Usaid avec dans un premier temps une codirection sénégalo américaine. Pour la partie sénégalaise, il s’agit de Feu Boubacar Sidibé, Officier supérieur, Inspecteur principal des Eaux, Forêts et Chasses et David Gibson pour la partie américaine. Au bout de trois ans, la partie américaine s’est retirée et le projet fut mené à terme en 1986 par M. Sidibé. C’est sur les acquis de ce projet que fut créée la réserve de Bandia.
Créée en 1990, Bandia est la première réserve privée du Sénégal. Tous les tumulus de la forêt de Bandia ont été classés par les monuments historiques en 2003.la superficie de cette réserve est de 3500 hectares, elle est entièrement clôturée. alors que d’autres parcs sénégalais sont principalement dédiés aux oiseaux (Parc national des oiseaux du djoudj ou Parc national de la langue de Barbarie), Bandia abrite au contraire de nombreux mammifères, délibérément réintroduits dans la région. Parmi les espèces animales présentes dans le parc, on remarque en particulier des rhinocéros, des girafes, de grandes antilopes, des gazelles dama, des élans de derby, des buffles, des singes patas, des vervets, des phacochères, des hippotragues, des zèbres, des chacals ou des mangoustes. Cependant on y dénombre aussi près de 120 espèces d’oiseaux, ainsi que des autruches, des tortues géantes et des crocodiles. aujourd’hui, le ranch africa, autre réserve animalière implantée en face, accueille des lions. les visiteurs peuvent y savourer le plaisir de se faire photographier prés des fauves. récemment, le ministre du Tourisme et des Transports aériens, s’est fait accompagner par un couple de lions sur le véhicule protégé mis à la disposition de la délégation qui l’accompagnait lors de leur safari. alioune Sarr avait exprimé toute l’émotion qui l’avait envahie lors de cette découverte somme toute pittoresque.
LES JEUNES DE REWMI PROPOSENT LA DISSOLUTION DU HCCT
Les jeunes de Rewmi propose la dissolution le Haut Conseil des Collectivités Territoriale (Hcct) et d’affecter ses ressources dans la prise en charge des inondations
Le Secrétariat National (SN) des jeunes de Rewmi a tenu, hier, une réunion pour aborder en profondeur la problématique des inondations. a l’issue de la rencontre, il a été proposé de dissoudre le Haut Conseil des Collectivités Territoriale (Hcct) et d’affecter ses ressources dans la prise en charge des inondations.
C’est un air de «déjà vu». La proposition du Secrétariat national des jeunes de Rewmi demandant la dissolution du HCCT pour régler le problème des inondations fait replonger dans le passé. On se rappelle qu’en 2012, à son arrivée au pouvoir, le Président Macky Sall avait supprimé le Sénat avec comme prétexte, allouer ses ressources à la gestion des inondations.
Sept ans après, le Secrétariat National des jeunes de Rewmi a ressorti cette «solution miracle ». La structure invite, de ce fait, le gouvernement à se pencher sérieusement sur le problème des inondations qui affecte principalement Dakar et sa banlieue et les régions de l’intérieur du Sénégal. Elle exhorte également le gouvernement à dissoudre sans délai le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) et d’affecter les ressources de cette institution dans la prise en charge correcte de cette problématique. En attendant que leur vœu soit réalisé, les jeunes de Rewmi ont compati, hier, aux désagréments «atroces» subis par «les vaillantes» populations sénégalaises et causés par les inondations depuis le début de l’hivernage. Ils prennent l’Etat pour seul responsable et condamnent avec la dernière énergie l’incompétence du gouvernement à prendre correctement en charge les préoccupations essentielles du peuple sénégalais.
Le Secrétariat National des jeunes de Rewmi a félicité par ailleurs le Président Idrissa Seck d’avoir eu la «clairvoyance» et l’ «ingéniosité» d’alerter sur les graves dérives commises par l’actuel régime depuis le 30 Janvier 2013. A en croire les jeunes Rewmistes, Idrissa Seck a été le premier leader politique à soulever toutes les questions d’intérêt national depuis le 30 Septembre 2016 principalement celles relatives aux contrats pétroliers et gaziers que le Sénégal a signés avec d’autres pays. Ils ajoutent que ce dernier a eu à proposer la mise en place d’un Comité d’Orientation Stratégique ou de Surveillance du Pétrole et du Gaz (COS Petro Gaz).
Toujours ancré dans sa démarche de transparence et de clarté autour des contrats pétroliers et gaziers, soutiennent les jeunes rewmistes, Idrissa Seck avait dans la même lancée et chronologiquement, demandé à l’actuel président de la République la publication du contrat pétrolier avec la Mauritanie le 15 Février 2018 à Saint-Louis. Mieux, il avait demandé au député Déthié Fall (vice-Président de Rewmi) d’écrire une lettre à Moustapha Niasse, président de l’Assemblée Nationale, pour l’ouverture d’une enquête parlementaire sur la question.
En outre, le Secrétariat National des jeunes de Rewmi a demandé, hier, au Président Macky Sall de libérer sans délai les otages politiques Khalifa Ababacar Sall et Adama Gaye et d’améliorer les conditions carcérales de toutes les prisons du Sénégal notamment celle de la Maison d’Arrêt de Rebeuss. Le Secrétariat National des jeunes de Rewmi a informé en définitive tous les responsables départementaux, communaux et de la diaspora de la poursuite de la tournée nationale de la jeunesse et de la reprise des activités de formation et d’animation au niveau de toutes ses coordinations.
ME HABIB CISSE SUSPENDU A VIE PAR L’IAAF
Alors que Lamine Diack, ancien président est toujours assigné en résidence surveillée en France, son ancien conseiller juridique Me Habib Cissé a été suspendu hier à vie par l’instance dirigeante de l’athlétisme mondial.
L’affaire dite lamine Diack est loin de connaître son épilogue. alors que l’ancien président est toujours assigné en résidence surveillée en France, son ancien conseiller juridique Me Habib Cissé a été suspendu hier à vie par l’instance dirigeante de l’athlétisme mondial.
Dans un communiqué, la commission d’éthique de la Fédération internationale d’athlétisme a sanctionné l’ancien conseiller juridique de Lamine Diack (ex-président de l’IAAF) pour manquements au code d’éthique. Ancien conseiller juridique de l’IAAF et de Lamine Diack, Maitre Habib Cissé a été suspendu à vie. En plus de cette peine, le concerné devra payer une amende estimée à 25000 dollars, pour divers manquements au code d’éthique de l’IAAF. Selon le même texte, cette décision entre dans le cadre de l’affaire de la marathonienne Lilya Choboukhova et des tentatives d’étouffement de contrôles antidopage positifs.
ME CISSE REMET EN CAUSE LA COMMISSION
Mis au parfum de la décision, Me Habib Cissé n’a pas tardé à réagir. Sur L’Equipe, l’avocat s’en prend à la Commission qu’il ne reconnaît pas d’ailleurs. «Je ne reconnais à cette décision aucune autorité ni effet à mon égard. Je n’ai jamais consenti à la juridiction de cette commission prétendument indépendante qui n’est qu’un organe interne de l’IAAF, dont je rappelle le statut juridique d’association de droit privé monégasque», a fait savoir Me Cissé. Dans sa réponse, Me Cissé s’étonne du fait que la commission d’éthique se soit saisie de l’affaire. «Je n’ai jamais fait l’objet d’une quelconque plainte à caractère éthique, ni de la part d’un athlète, ni d’une Fédération.
À l’époque des faits (Ndl:2014-2015), il n’y avait aucune possibilité d’autosaisine », renseigne-t-il. Cette décision intervient alors que l’instruction dans l’affaire Diack est terminée et que le procès pourrait avoir lieu en janvier prochain. Lamine Diack, le docteur Gabriel Dollé et Habib Cissé sont tous trois mis en examen dans cette affaire.
Macky Sall écourte son séjour
Il était annoncé au Burkina Faso après la 5e édition du Forum Investir au Congo Brazzaville. Eh bien, le Président Macky Sall a rebroussé chemin hier après le Forum. Le chef de l’Etat va d’ailleurs présider aujourd’hui, jeudi 12 septembre 2019, la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Pourtant, il était attendu aujourd’hui au Burkina Faso où se tiendra samedi prochain le sommet des chefs d’Etat de la Cedeao sur le terrorisme dans la bande du Sahel. Pourquoi a-t-il écourté son séjour ? Nous ne saurions le dire pour le moment. Toutefois, il est annoncé au Sommet samedi prochain.
Taïba Ndiaye 100% eau, 100% pistes rurales
Taïba Ndiaye est la première commune du Sénégal a avoir atteint un taux de couverture de 100%en adduction d’eau et pour les pistes rurales et bientôt également 100% en électrification rurale. C’est le député-maire Alé Lô, par ailleurs vice-président à l’Assemblée Nationale qui l’a déclaré en marge de la rencontre entre la commune, le staff du parc éolien de Taïba Ndiaye, la DER et la banque agricole. C’était pour réfléchir sur les voies et moyens d’accompagner les jeunes, les femmes et les porteurs de projets notamment dans le secteur agricole. Le parc va aider l’ensemble des groupements à se structurer en recrutant un consultant. L’engagement a été pris par les partenaires de faire un maillage de la commune et de sélectionner très rapidement des organisations pour renforcer la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’emploi des jeunes. Dans ces conditions, souligne le député-maire Alé Lô, la commune de Taïba Ndiaye pourra être offerte en exemple aux autres collectivités territoriales.
Un receveur de «Tata» arrêté avec 52 cornets et 125 g de chanvre
Ouf de soulagement pour le receveur de bus «Tata», Djiby Guèye. Attrait hier à la barre pour offre ou cession de 52 cornets et 125 g de chanvre indien, il a nié les faits. A l’en croire, un client est monté à bord du bus et lui a confié un sachet. A la descente, il a oublié le sachet. C’est plus tard qu’il a découvert que le sachet contenait de la drogue. Pris de panique, il a amené le sachet chez sa copine afin de voir ce qu’il faut en faire. Cette dernière a décidé de remettre la drogue à un policier de sa connaissance. Mais sur place, il est arrêté par le limier et conduit au commissariat. Le procureur a requis deux ans de prison ferme avant d’ordonner la destruction de la drogue saisie. Quant à la défense, elle estime que si la drogue appartenait à son client, ce dernier n’allait pas la remettre à sa copine. C’est ainsi que le receveur a été relaxé purement et simplement.
Ousmane Sonko appelle à une grande mobilisation
Le leader de Pastef appelle à une grande mobilisation pour le succès de la grande marche de la plate-forme Aar li nu bokk vendredi prochain. Pour Ousmane Sonko, le mandat du Président Macky Sall consiste à enrichir des entreprises et des lobbies étrangers. Pis, il accuse le chef de l’Etat de s’employer tous les jours à brader nos ressources, fragiliser notre économie et notre secteur privé. D’après Ousmane Sonko, cette politique désastreuse, qui traduit l’incapacité de l’État à faire face aux vraies priorités, notamment la santé, l’éducation, l’emploi, les inondations, la sécurité etc, entraîne quotidiennement des conséquences dramatiques sur la vie des Sénégalais. Et ce sont les concitoyens les plus fragiles, dit-il, qui sont humiliés et laissés dans une précarité sans précédent. Il prévient que cela ne peut plus durer. Sonko invite la population à non seulement lutter, mais surtout gagner la bataille contre la mal-gouvernance, la corruption d’Etat, le bradage des patrimoines nationaux et l’impunité. A cet effet, il lance un appel à l’ensemble des organisations syndicales, associatives, politiques pour la réussite de la marche de demain.
70 mineurs en camp de vacances
Ils auront droit à quelques jours de vacances dorées comme les autres enfants. En effet, la Direction de l’Education surveillée et de la protection sociale du ministère de la Justice a décidé de faire bénéficier aux 70 enfants mineurs qu’elle gère sur décision judiciaire d’un camp de vacances à partir d’aujourd’hui dans un hôtel à Saly Portudal.
«Niang Xaragne Lô» dans le viseur du Synpics
Alioune Niang plus connu sous le sobriquet de «Niang Xaragne Lô» est dans le viseur du Synpics. Le secrétaire général du Syndicat National des Professionnels de l’Information et de la Communication, Bamba Kassé a adressé une lettre de protestation pour usurpation de Fonction au Secrétaire général du Parlement de la Cedeao et au chef de la Division de la Communication de la Cedeao. M. Kassé est courroucé par l’invitation que l’institution a envoyée à «Niang Xaragne Lô» pour assurer la couverture médiatique du séminaire parlementaire et de la session extraordinaire du Parlement de la Cedeao. Le Parlement de la Cedeao considère Alioune Niang comme un journaliste en ligne (Online Journalist). Ce qui constitue, aux yeux du secrétaire général du Synpics, une violation de l’intégrité morale de toute la presse sénégalaise. Il demande comment une institution de la Cedeao peut inviter Alioune Niang es qualité de journaliste. Ainsi, le Synpics s’insurge contre ce fait qui est constitutif d’un recel de fonction de la part du Parlement qui se rend complice d’usurpation de fonction.
Naufrage le Joola
Ziguinchor se prépare pour la commémoration du 18ème anniversaire du naufrage du bateau le Joola. Hier, un Comité régional de développement(CRD) a été tenu à la Gouvernance pour faire le point. Les préparatifs ont déjà démarré pour la commémoration de l’une des plus grandes catastrophes maritimes de l’histoire : le naufrage du bateau le Joola qui avait sombré au large des cotes gambiennes dans la nuit du 26 au 27 septembre 2001. Pour cette année, un cachet particulier sera accordé à la commémoration cet évènement tragique. En effet, l’Association des familles des victimes et rescapés du Joola prévoit de décerner des distinctions aux autorités présentes à ses côtés depuis 18 ans.
Des distinctions seront décernées à des autorités
Selon Guéj Diouf, l’accent sera surtout mis sur le caractère solennel de la commémoration, pour permettre aux uns et autres de pouvoir faire le recueillement nécessaire. «C’est une occasion pour tout le monde de faire introspection nécessaire pour éviter dans l’avenir des accidents pareils. C’est valable aussi pour les automobilistes, les conducteurs de moto jakarta, entre autres», a précisé le chef de l’exécutif régional, à la fin du CRD. Chargé des affaires juridiques de l’Association, Jean Bernard Ely Diatta est revenu sur les personnalités qui seront célébrées. «Nous allons décerner des distinctions à l’archevêque de Ziguinchor Paul Abel Mamba, l’imam Ratib de Ziguinchor Ismaila Aidara, l’ancien ministre des Forces Armées AugustinTine et le Gouverneur Guéj Diouf. D’autres personnalités seront également honorées. Ce sont de hautes distinctions que l’Association n’a jamais décernées. C’est une occasion pour nous de remercier vivement ces personnalités qui nous ont soutenus pendant des moments très difficiles », a-t-il fait savoir. Dans l’agenda du 26 septembre à Ziguinchor, il est prévu une cérémonie de prières à Kanténe. La cérémonie officielle aura lieu au port de Ziguinchor.
Le communiqué bizarre de l’administration pénitentiaire
L’administration pénitentiaire a sorti un communiqué hier pour «démentir certaine presse» à propos de la grève de faim de Adama Gaye. D’après elle, le détenu d’opinion s’alimente normalement depuis mardi. Pourtant, cette presse là n’a fait que citer son avocat Me Koureissy Ba qui a livré l’information sur sa page facebook. Mais puisque Me Ba, lui, ne se laisse pas marcher dessus, il faut trouver des boucs émissaires. Ah la presse. Ce qui est sûr, c’est que Adama Gaye a bien entamé une diète lundi alors que son taux de glycémie est élevé depuis quelque temps.
La colère de Ansoumana Danfa
Le leader du Mouvement Action pour la Citoyenneté (MAC/ Authentique) en veut à ses camarades de la mouvance présidentielle. Il leur reproche d’être muets face aux attaques des membres de l’opposition. Pour Ansoumana Danfa, il faut que les ministres, Directeurs Généraux et autres députés sortent de leurs bureaux pour défendre le Président Macky Sall qui les a tous nommés à des postes de responsabilités. Face à la presse hier, le leader de Mac/A va plus loin en accusant certains de soutenir l’opposition en finançant leurs activités ou leur soufflant certaines informations relevant de la gestion du pays. Pour lui, beaucoup d’entre eux revendiquent leur amitié avec Ousmane Sonko.
Naufrage le Joola
Ziguinchor se prépare pour la commémoration du 18ème anniversaire du naufrage du bateau le Joola. Hier, un Comité régional de développement (CRD) a été tenu à la Gouvernance pour faire le point. Les préparatifs ont déjà démarré pour la commémoration de l’une des plus grandes catastrophes maritimes de l’histoire : le naufrage du bateau le Joola qui avait sombré au large des cotes gambiennes dans la nuit du 26 au 27 septembre 2001. Pour cette année, un cachet particulier sera accordé à la commémoration cet évènement tragique. En effet, l’Association des familles des victimes et rescapés du Joola prévoit de décerner des distinctions aux autorités présentes à ses côtés depuis 18 ans.
Des distinctions seront décernées à des autorités
Selon Guéj Diouf, l’accent sera surtout mis sur le caractère solennel de la commémoration, pour permettre aux uns et autres de pouvoir faire le recueillement nécessaire. «C’est une occasion pour tout le monde de faire introspection nécessaire pour éviter dans l’avenir des accidents pareils. C’est valable aussi pour les automobilistes, les conducteurs de moto jakarta, entre autres», a précisé le chef de l’exécutif régional, à la fin du CRD. Chargé des affaires juridiques de l’Association, Jean Bernard Ely Diatta est revenu sur les personnalités qui seront célébrées. «Nous allons décerner des distinctions à l’archevêque de Ziguinchor Paul Abel Mamba, l’imam Ratib de Ziguinchor Ismaila Aidara, l’ancien ministre des Forces Armées Augustin Tine et le Gouverneur Guéj Diouf. D’autres personnalités seront également honorées. Ce sont de hautes distinctions que l’Association n’a jamais décernées. C’est une occasion pour nous de remercier vivement ces personnalités qui nous ont soutenus pendant des moments très difficiles », a-t-il fait savoir. Dans l’agenda du 26 septembre à Ziguinchor, il est prévu une cérémonie de prières à Kanténe. La cérémonie officielle aura lieu au port de Ziguinchor.
PAR Tierno Monénembo
LE GRAND RÉVEIL DE L'HISTOIRE AFRICAINE DE LA FRANCE
Les rues et les ponts ne suffiront pas, président Macron - Il est grand temps que la France raconte à ses enfants son histoire africaine sans autre souci que celui de rétablir les faits tels qu'ils se sont déroulés
Tout donne à penser qu'il y aura un avant et un après-discours de Saint-Raphaël à propos de ces héros de l'ombre, « ces dogues noirs de l'Empire… que personne ne nomme » pour paraphraser Senghor.
Le discours fait à Saint-Raphaël sera-t-il suivi de concret ou restera-t-il un simple effet d'annonce ? Croisons les doigts. Les promesses sont rarement tenues quand il s'agit de l'Afrique. Il reste que le geste de Macron est sans précédent. Jamais un président français n'avait été aussi loin dans le souci de la vérité historique : après avoir assimilé la colonisation à un crime contre l'humanité, voilà qu'il exhorte les maires à donner aux tirailleurs sénégalais les noms de leurs rues et de leurs places. Une occasion pour nous de pousser un « ouf » de soulagement et, pour la France, de réparer une cruelle injustice.
La réparation d'une injustice flagrante
En effet, les tirailleurs sénégalais lui ont beaucoup donné et rien, sinon très peu, reçu en retour. Alors qu'ils se trouvaient souvent aux avant-postes et effectuaient les missions les plus périlleuses, ces « chairs à canon » comme on les surnommait dans les tranchées furent jetées comme des pneus crevés dès que sonna le clairon de l'armistice. Pensez donc ! Jusqu'en 2007, leurs prestations valaient à peine la moitié de celles de leurs collègues blancs. Les métropolitains touchaient alors 400 euros, eux 190 ; les Algériens 90 et les Vietnamiens, à peine 40. Et si ces prestations ont été revalorisées depuis lors, elles ne concernaient que la pension du feu, à savoir la retraite du combattant et la pension militaire d'invalidité. Et si elles ont été revalorisées depuis, il a fallu attendre 2010 pour que la mesure soit étendue à la pension de retraite et indexée sur les prestations de leurs collègues français. En bref, une ségrégation parfaitement légale sous le toit d'une République connue pour ses intarissables leçons sur la liberté, l'égalité, la fraternité, les droits inaliénables de l'homme et tutti quanti.
Retrouver leur vraie place...
Pourtant, la réalité est là, aussi irréfutable que l'éléphant d'Alexandre Vialatte : les tirailleurs sénégalais sont au cœur de l'histoire de France, et ce, depuis 1857. C'est cette année-là que les généraux Faidherbe et Mangin créèrent à Saint-Louis du Sénégal la Force noire, un effectif de 15 000 personnes qui participa à la conquête de Madagascar et à la « pacification » du Maroc. En 1914, ils étaient déjà 200 000 personnes et ne venaient plus seulement du Sénégal mais de toutes les colonies d'Afrique noire. Ils se firent particulièrement remarquer à la prise du fort de Douarmont, en 1916. 30 000 d'entre eux moururent au champ d'honneur. En 1939, 140 000 furent engagés dans la bataille et 24 000 furent faits prisonniers ou tués. Sans eux, il n'y aurait eu ni Bir-Hakeim, ni la Marne, ni la conquête de l'île d'Elbe, ni la prise de Toulon.
... dans l'histoire de France
Ces soldats sans peur et sans reproche que le maréchal Foch appréciait particulièrement méritent d'occuper la place qui leur revient dans l'histoire de France. En ce sens, le discours fait à Saint-Raphaël ne se perçoit pas comme un geste de générosité, mais comme la reconnaissance d'un dû. Quoi de plus normal que dès demain – pourquoi pas dès ce soir ? - les petits Français découvrent une place, un pont, une rue baptisé du nom d'un Africain et d'interrogent. On pourra par exemple leur répondre que le capitaine N'Tchoréré fut un illustre officier d'origine gabonaise tué à la bataille d'Airennes en 1940 après avoir tenu compte avec sa compagnie à une colonne de chars allemands, que Yorgui Koli était un tirailleur originaire du Tchad qui s'est illustré dans les batailles de Giromagny et de Belfort en novembre 1944, qu'Addî Bâ, d'origine guinéenne, a fondé le maquis de la Délivrance dans les Vosges et a été fusillé par les Allemands en 1943. Seulement, les rues et les ponts ne suffiront pas, président Macron. Il faudra aussi – j'allais dire surtout – une bonne dose de pédagogie. Il est grand temps que la France raconte à ses enfants son histoire africaine sans autre souci que celui de rétablir les faits tels qu'ils se sont déroulés.
par Hugues Chérif N'doli
DU RÊVE AU CAUCHEMAR SUD-AFRICAIN
La haine anti-Africains qu’on observe ces derniers jours en Afrique du Sud invite à s’interroger sur ce qu’est aujourd’hui devenu l'idéal panafricain, dans un pays qui en a jadis bénéficié
Dans les années 1960, au lendemain des indépendances, régnait un sentiment d’inachevé au sein de la communauté des États africains. Tous avaient les yeux rivés vers l’Afrique du Sud et ne concevaient pas un continent libre sans la fin de l’apartheid. Ce combat aura réussi à fédérer les États africains, et ce sont en partie les efforts conjugués de tout un continent, durant près de trois décennies, qui ont abouti au référendum sur la fin de l’apartheid, en 1992, et à l’élection de Nelson Mandela, en 1994.
Ce rappel historique fait écho au panafricanisme réel. Une idée politique qui promeut et encourage la solidarité entre les Africains, où qu’ils soient dans le monde, par opposition à un panafricanisme galvaudé, qui se résume actuellement à des discours et à des postures anticolonialistes. La haine anti-Africains qu’on observe ces derniers jours en Afrique du Sud invite à s’interroger sur ce qu’est aujourd’hui devenu cet idéal, dans un pays qui en a jadis bénéficié.
Solidarité et médiation
Considéré comme un héros africain par ses pairs, Nelson Mandelas’est rendu dès sa libération dans de nombreuses capitales du continent, comme à Yamoussoukro en 1991 afin de remercier les dirigeants et les peuples de leur soutien à l’ANC [Congrès national africain] pendant les années de lutte. Et ses successeurs se sont aussi faits les chantres de la solidarité africaine, avec pour agenda le leadership économique et politique du continent.
Dans les années 2000, portée par une forte croissance économique, stimulée entre autres par la hausse du prix des matières premières telles que l’or et le manganèse, l’Afrique du Sud a rejoint le cercle des pays émergents. Décision fut alors prise de mettre ses nouveaux moyens financiers à contribution pour étendre son influence sur le continent. Dans un premier temps sur le terrain économique – l’opérateur MTN détient aujourd’hui des licences téléphoniques dans dix-sept pays du continent – , puis progressivement sur le plan politique.
L’Afrique du Sud s’est ainsi impliquée dans la médiation de plusieurs crises (Côte d’Ivoire, Zimbabwe…), et en 2012 son ancienne ministre des Affaires étrangères et de la Santé, Nkosazana Dlamini-Zuma, a été élue présidente de la Commission de l’Union africaine. Cette influence se voulant aussi culturelle, de nombreux Africains, encouragés par les autorités locales, ont émigré vers la nation Arc-en-Ciel pour y étudier, y trouver du travail ou encore y ouvrir des commerces. Pour vivre eux aussi ce rêve panafricain.
Mais, après des années de crise économique, cet idéal de solidarité continentale s’est transformé en cauchemar xénophobe bien réel. Ces immigrés se voient accusés de tous les maux par une partie de la population sud-africaine qui n’a pas profité (ou ne profite plus) des retombées de la période de croissance. Au premier trimestre de 2019, le pays comptait plus de 10 millions de chômeurs (soit 29 % de la population active), tandis que le nombre de personnes atteintes du VIH avoisinait les 7 millions. Dans les deux cas, une majorité de Sud-Africains noirs est touchée.
Embourgeoisement
Alors que les élites politiques et économiques noires se sont considérablement enrichies, la masse n’a pas connu les bouleversements espérés. Pis, l’embourgeoisement des cadres de l’ANC voit les mesures sociales du début être progressivement remplacées par la défense des intérêts des grandes entreprises.
Le parti est passé du Black Economic Empowerment (politique de discrimination positive au profit des Noirs) en 2003 au massacre de Marikana en 2012, où des policiers ont tué une trentaine de mineurs grévistes. Quant à la population, elle est passée de l’accueil à bras ouverts dans les années 2000 aux chasses à l’homme xénophobes en 2019.
En 2015, selon l’Institut national des statistiques d’Afrique du Sud, le revenu moyen annuel des familles noires était de 6 444 euros, tandis que celui des familles blanches s’élevait à 30 800 euros. Par ailleurs, les 10 % les plus riches de la population possèdent 58 % des richesses du pays tandis que les 10 % les plus pauvres n’en possèdent que 0,5.
Au-delà du problème racial, l’Afrique du Sud fait aussi face à un problème de classes. Si la victoire politique sur l’apartheid est actée, son volet économique reste encore inachevé. Et les réformes qui ont jusqu’ici favorisé l’émergence d’une élite et d’une classe moyenne noires sont loin d’être satisfaisantes, eu égard au sentiment d’abandon que ressentent les habitants des townships.
L’étranger, parfait bouc émissaire
Comme partout, lorsque ça ne va plus, l’étranger devient le parfait bouc émissaire. Progressivement, on le déshumanise, on l’accable, on le maudit, tandis que la mémoire s’efface. Désormais, il n’est plus le frère qui a sacrifié une partie de ses ressources à notre lutte libératrice mais un dangereux profiteur prêt à s’emparer de nos richesses si on ne lui fait pas obstacle. Il faut que justice soit rendue ! Alors on le spolie de ses biens, on l’humilie, on le frappe ou même pire encore.
Tout cela sous la passivité complice des élites politiques qui, débordées par les événements, préfèrent y voir de simples actes de vandalisme plutôt que de s’attaquer au vrai problème qu’est la captation des richesses par une minorité de la population. Pendant ce temps, alors que la situation empire d’heure en heure, nouveaux riches noirs, Européens et Asiatiques se côtoient dans la parfaite quiétude de Sandton et dans le silence assourdissant de la communauté africaine.
VIDEO
LA DOUANE MALIENNE A-T-ELLE DÉMANTELÉ UN TRAFIC D'OR EFFECTUÉ PAR DES MILITAIRES FRANÇAIS SUR LES ORDRES DE L'ÉLYSÉE ?
Une vidéo partagée des milliers de fois depuis dimanche accuse des militaires français de trafic d'or au Mali. Elle a été filmée au Ghana cet été et montre en réalité la vérification de la qualité du métal doré pour une transaction
Une vidéo postée sur les réseaux sociaux et partagée par des milliers de comptes depuis dimanche 8 septembre accuse des militaires français de trafic d’or au Mali. Voici la description qui accompagne cette vidéo : «La douane du Mali vient, en présence d’observateurs internationaux et de journalistes, de démanteler un trafic d’or effectué par des militaires français qui disaient qu’il transportant des armes (sic). Ces derniers ont déclaré qu’ils le faisaient sur ordre de l’Elysée.»
En cherchant ces mêmes images sur Internet, CheckNews a trouvé d’autres versions de cette même histoire, partagées dès le 19 août, qui accusent des dirigeants africains du Ghana, du Cameroun ou du Congo d’envoyer des caisses d’or africain dans des banques européennes ou occidentales.
Une vidéo filmée au Ghana cet été
CheckNews a analysé les images disponibles sur la vidéo pour en identifier l’origine. Il semblerait que la vidéo ait été tournée au Ghana puisqu’on trouve, dans la main de l’homme à la cravate rouge, un exemplaire du journal ghanéen Business & Financial Times, où il est noté en une : «Yaa Boateng for Cannes SIBI Festival of creativity». Cette information avait été mise en ligne par le journal le 10 juin. On peut donc supposer que la scène a été filmée cet été au Ghana.
Un homme filmé assure qu’il s’agit d’une vérification de marchandise
Nous avons également contacté par e-mail la société Far Trade donc le logo apparaît dans la vidéo. Un homme, qui n’a pas souhaité décliner son identité, nous a ensuite rappelés pour nous dire que «la société Far Trade n’a rien à voir avec cette vidéo», avant de nous décrire la situation. En se basant sur «une source»,dont il n’a pas voulu nous donner l’identité, il indique que la scène a été filmée à Accra, au Ghana, «au début du mois de juillet» et qu’elle montre une vérification de métaux par deux experts.
Il assure que cette vidéo n’a rien à voir avec le «n’importe quoi» qui a pu être raconté sur les réseaux sociaux au sujet des militaires français ou de l’or des dirigeants africains, et qu’il s’agit en réalité d’un contrôle de marchandise tout à fait commun, par deux personnes mandatées pour vérifier la qualité des métaux. A la fin de la vidéo, on peut voir que les deux hommes prennent cinq lingots avec eux pour les vérifier («to make the proof»).
Si notre interlocuteur de la société Far Trade n’a pas souhaité nous dévoiler son identité ou sa source, elle a indiqué un contact au compte Twitter Fake Investigation, qui publie une enquête conjointe avec nos confrères des Observateurs de France 24. Ce contact est René Verrecchia, un avocat italien présent sur la vidéo des lingots avec une cravate rouge.
Il confirme que la vidéo a été filmée au Ghana dans le cadre d’un contrôle de qualité de marchandises, puisqu’il représentait «de potentiels acquéreurs qui souhaitaient se positionner sur l’achat de métaux». Il explique à nos confrères que le logo de Far Trade, visible sur la vidéo, est le fruit du hasard : «Je cherchais un papier pour écrire les noms des intermédiaires, et c’est le premier papier dont je disposais à ce moment. A ma connaissance, l’opération n’a pas abouti. A l’issue de ce contrôle, j’avais conseillé à mes clients de ne pas se positionner, car les documents transmis sur la provenance de cet or ne me semblaient pas cohérents.»
Lors de nos recherches, nous avons découvert un article publié par un site ghanéen à la fin du mois d’août, selon lequel la vidéo correspondrait à «l’arrestation d’un Ghanéen arrêté à l’aéroport international de Kotoka pour avoir tenté de faire passer en contrebande plus de 2 400 kg de lingots d’or vers l’Europe». Le manque d’information précise nous a fait douter de la qualité de cet article. Contactés par CheckNews, ni les douanes, ni l’aéroport de Kotoka ne semblaient être au courant d’une telle saisie.
Par Abdoul Aly KANE
A LA MEMOIRE DE PHILIPPE ATTEY, UN HOMME D’ACTION RAVI À NOTRE AFFECTION
La mort de mon ami ivoirien Philippe Attey m’a remis en mémoire les péripéties da la crise bancaire de la fin 89/90 de la BIAO Sénégal (devenue CBAO Attijari). Il est en effet impossible de détacher son nom de cette crise.
La mort de mon ami ivoirien Philippe ATTEY m’a remis en mémoire les péripéties da la crise bancaire de la fin 89/90 de la BIAO SENEGAL (devenue CBAO ATTIJARI). Il est en effet impossible de détacher le nom de Philippe ATTEY de cette crise. Nommé Directeur Général, il joua un rôle déterminant dans la lutte pour le sauvetage de la BIAO SENEGAL sous l’autorité du charismatique Président du Conseil d’Administration Magatte LO, mais également pour la préservation de l’intégrité du Groupe BIAO tout entier
Le contexte
Le Sénégal encore sous ajustement structurel, vivait une grave crise bancaire caractérisé par la liquidation de banques nationales et privées, comme la BNDS, SOFISEDIT, SONABANQUE BCCI BCS BSK etc., et ce, dans un contexte global de totale défiance des investisseurs du Nord vis-à-vis de l’Afrique subsaharienne (afro pessimisme de la fin des années 80). Cette déroute bancaire fût imputée à diverses causes, en particulier des politiques de crédits aux particuliers sans garanties, d’importants concours accordés aux sociétés d’Etat du secteur agricole en difficultés (les crédits ONCAD représentant à eux seuls près d’un quart des créances douteuses des banques), une absence gestion précontentieuse des crédits en souffrance de la part des banques doublée d’une inefficacité notoire dans le recouvrement des crédits contentieux, et enfin une absence de contrôle préventif la Banque Centrale sur le portefeuille de crédit des banques primaires par.
C’est d’ailleurs après cette grave crise que la Commission bancaire de la BCEAO fût créée à Abidjan.
La crise et la chute du groupe BIAO
La crise s’ouvre au sommet avec une BIAO PARIS en rupture de confiance sur la place de Paris. Le fait générateur de cette crise de confiance est la déconfiture de la “Al Saoudi Bank” à Paris en 1988. La faillite de cette banque coûta à l’époque plus de 3 Milliards FF aux banques françaises au nom de la "solidarité de place". Echaudé, le Ministère de Finances de France demanda un vaste audit préventif de l’ensemble des banques de la place susceptibles d’être exposées à des risques souverains. La BIAO PARIS, auditée par la commission bancaire française, se vit sommée de constituer des provisions pour la couverture de son portefeuille de crédits compromis identifiés, ce qu’elle fût incapable de faire, faute de fonds propres suffisants. Il s’en suivit des rumeurs de faillite imminente qui eurent comme principale conséquence, la coupure des lignes de refinancement accordées par les banques de la place de Paris. Le Ministère des Finances de France appela alors en responsabilité de la BNP actionnaire du groupe BIAO à travers la COFIFA (société Holding de la BIAO PARIS) pour le nettoyage du bilan de sorte à le conformer strictement aux normes internationales de couverture des risques (ratio Cooke ouBALE1).
La prise en charge des lignes de refinancement coupées par la BNP entraina pour celle-ci sa prise de contrôle majoritaire de la BIAO PARIS (51%). Cette opération de sauvetage, la BNP la fît sous contrainte. La BNP n’y avait pas grand intérêt puisqu’elle disposait déjà de son réseau de filiales en Afrique, les BICI. Le plan BNP consista donc à entamer un processus de liquidation/absorption du groupe BIAO, à savoir : liquider la BIAO PARIS et fermer ses filiales en difficultés (Sénégal, COTE D’IVOIRE, CAMEROUN) d’une part, et fondre les 14 autres filiales saines dans les BICI d’autre part.
La Direction de la BIAO PARIS avec en particulier Jacques BAYLE, Jacques CHANARD, soutenue par le Président Magatte LO, les Directeurs, cadres et tout le personnel africain du réseau BIAO entreprirent de contrecarrer ce plan.
Le Président Magatte LO montra son sens du leadership et de l’autorité en se mettant résolument à la tête du combat. Des démarches d’information et de sensibilisation furent menées auprès des chefs d’Etat Africains, en particulier HOUPHOUET BOIGNY, BONGO, et DIOUF. Ceux-ci, en désaccord d’avec la solution BNP, demandèrent à Alassane Ouattara d’élaborer un plan alternatif centré sur le maintien de l’intégrité du réseau et la restructuration du groupe avec un autre partenaire bancaire de référence mondiale. Ils exigèrent également de la BNP l’assainissement des filiales en difficultés via un apurement intégral de leurs créances compromises et non provisionnées, par injection de ressources financières. La lutte pour la survie de la BIAO SENEGAL fût érigée en priorité. C’est dans ce contexte que Philippe ATTEY, Sous Directeur du Réseau en poste au siège, fût nommé Directeur Général de la BIAO SENEGAL.
ATTEY y consacra au quotidien, toute son énergie et son savoir-faire
Rarement dans son bureau, il était entre la BCEAO, le Trésor, le Ministère des Finances, institutions auxquelles il rendait compte de la situation au quotidien, et chez la clientèle en proie au doute quant à la sécurité et la disponibilité de ses dépôts.
Pour un premier séjour au Sénégal, et une mission aussi sensible, Il montra un sens des responsabilités et de l’engagement hors du commun. Les autorités de tutelle n’hésitèrent pas le soutenir sans réserves. Le Ministre des Finances Serigne Lamine DIOP et les responsables du Trésor Mamadou Lamine LOUM, Alia Diène DRAME, le Directeur de la BCEAO agence nationale Pape Ousmane SAKHO et ses directeurs de département firent bloc avec lui dans la lutte au quotidien pour la survie de la banque. Serigne Lamine DIOP, dans un contexte de fuite des dépôts et de suspension de la BIAO SENEGAL de la chambre de compensation bancaire, prit des mesures salvatrices.
Les sociétés nationales se virent sommées non seulement de maintenir leurs dépôts à terme dans la banque, mais encore d’accepter les chèques de leurs clients tirés sur la BIAO SENEGAL qu’elles évitaient de prendre de peur d’immobiliser leur trésorerie. Serigne Lamine DIOP leur fît: “Il a été porté à ma connaissance que les services de votre société refuseraient d’accepter les chèques de la BIAOS. Cette attitude, si elle état confirmée, serait de nature à compromettre les efforts de l’Etat tendant à consolider l’équilibre encore fragile de la banque. C’est la raison pour laquelle je vous demande d’inviter vos services à accepter les chèques BIAOS certifiés conformément à la loi”. Ce courrier fût adressé au Port Autonome, à la SONATEL, SONANCOS, aux services du Trésor et de la Douane entre autres.
Pour renforcer les fonds propres et la trésorerie, l’Etat mit également à disposition de la banque la totalité des fonds de restructuration de la banque mondiale initialement prévus pour l’ensemble du système bancaire (5,9 milliards de Fcfa). Au bout du compte, l’ensemble des mesures prises permirent le rétablissement de la trésorerie immédiate de la BIAO SENEGAL, et la restauration progressive de la confiance des déposants.
Infatigable, ATTEY animait également la coordination des Directeurs africains du réseau BIAO opposés à la liquidation du groupe. Il devint naturellement la cheville ouvrière de la stratégie de préservation du groupe, et par conséquent, un interlocuteur privilégié du Gouverneur OUATTARA.
Les propositions du Gouverneur OUATTARA s’articulaient autour des axes suivants : soutien aux banques du réseau en difficultés de trésorerie via les agences nationales de la BCEAO et le Trésor, négociations avec les autorités françaises pour le maintien de l’intégrité du groupe, et recherche d’un groupe bancaire de standard mondial auquel affilier les BIAO d’Afrique (Standard Bank d’Afrique du Sud, Méridien Bank de Zambie).
En France, Pierre Bérégovoy Ministre des finances de la France fût d’une aide précieuse. SIRADIOU Diallo de Jeune Afrique commenta à l’époque : “à la demande des Africains, Pierre Bérégovoy a réussi in extremis à arrêter le terrible couperet sur le Groupe BIAO. Il ne s’est pas contenté d’être courtois et compréhensif à l’égard de ses visiteurs, Il s’est rangé à leur avis. Il a donné à ses interlocuteurs jusqu’au 31 mai 1990 pour élaborer un plan de sauvetage acceptable par toutes les parties”.
En y repensant je me dis en mon for intérieur que ses origines ouvrières de gauche de devaient pas être étrangères à la solidarité qu’il manifesta sans ambiguïté. En fin de compte, à l’issue de cette âpre bataille, les résultats obtenus furent mitigés. LA BIAO PARIS fût liquidée par la BNP sans autre forme de procès. Pour les filiales en difficultés, l’option BNP prévalut. La BIAO SENEGAL, après apurement du passif net résiduel via les fonds Banque Mondiale, Etat et BNP qui permirent sa totale réhabilitation, redémarra normalement ses activités et procéda au renouvellement de ses instances de direction. Elle fût cédée pour 1 Franc symbolique par la BNP à l’Etat du Sénégal après avoir été assainie à grands frais. La BIAO Cote d’Ivoire et la BIAO Cameroun furent également distraites du réseau. Les BIAO saines furent cédées à la Méridien Bank de Andrew Sardanis de ZAMBIE, échappant ainsi à l’absorption BNP. En fin de mission, Philippe ATTEY quittant le Sénégal, fût décoré pour ses mérites personnels dans sa gestion gagnante de la crise de la BIAO SENEGAL.
L’Etat du Sénégal prit, par la suite, l’option de rétrocéder l’essentiel de ses actions reçues à 1F de la BNP, aux actionnaires déjà présents dans le capital de la banque avant la crise, à savoir le Groupe MIMRAN, El HADJ DJILY MBAYE, PIERREOTTOMBONGO. Jean Claude MIMRAN fût porté à la présidence du Conseil d’Administration le 29 novembre 1990, avec un nouvel actionnariat composé de l’Etat du Sénégal (devenu minoritaire) des sociétés et divers particuliers de la place.
Les opérateurs économiques des principaux syndicats patronaux invités au tour de table, déclinèrent l’offre de participation au capital, de peur sans doute de jouer les seconds rôles. La BIAO SENEGAL, sous la nouvelle dénomination sociale CBAO, reprit ses activités sous les traits d’une banque locale non affiliée à un quelconque réseau bancaire international et avec un actionnariat nouvellement composé. Une dizaine d’années plus tard, ses actionnaires la cède au Groupe marocain ATTAJIARIWAFA BANK, lequel, après absorption du Crédit du Sénégal et de la BST, est devenu le premier groupe bancaire du Sénégal en terme de poids bilantiel.
Après le Sénégal, le Groupe ATTAJIARIWAFA BANK, puissamment soutenue par la diplomatie économique des dirigeants marocains, poursuit son expansion en Afrique subsaharienne dans les régions Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale. Pour ma part, je suis de ceux qui nourrissent le regret que la BIAO Sénégal devenue CBAO, ait été cédée à des investisseurs non nationaux, dix ans après sa réhabilitation et sa restructuration à grands frais. A mon humble avis, la bonne stratégie de la part de l’Etat, aurait été de racheter les actions à vendre (en usant de son droit de préemption) pour les rétrocéder à d’autres opérateurs économiques nationaux pour en faire ce fameux champion bancaire national chanté sur tous les tons. La création de l’actuelle BNDE dont l’extension du réseau se fait avec lenteur, n’aurait pas eu sa raison d’être.
En définitive, l’histoire retiendra que La CBAO actuelle aura été en grande partie, redevable de sa présence et de son expansion dans le paysage bancaire à Philippe ATTEY, qui aura indiscutablement réussi à restaurer la confiance des déposants, des autorités monétaires et de tutelle, et laissé derrière lui une banque totalement assainie.
Après un bref passage à la Méridien Bank et au Fonds de Solidarité Africain en besoin de restructuration, le Général Robert GUEI, Président de la République de Cote d’Ivoire, le nomme en 2000, Directeur Général de la Société des transports abidjanais (SOTRA), qui affichait à l’époque des pertes cumulées de 33 milliards de FCFA pour un capital de 3milliards.
En sept ans, Philippe ATTEY redresse la SOTRA et l’introduit en bourse (Source Jeune Afrique du 17 décembre 2007). Sous le magistère du Président Laurent Bagbo, il fût nommé Ministre de l’Industrie et du Développement du Secteur Privé. Nul doute que ses compatriotes restitueront mieux que moi son parcours post BIAO, lorsque les hommages mérités lui seront rendus. Ironie de l’histoire et de la politique, Philippe ATTEY, taxé par ses adversaires d’être politiquement du coté du Président BAGBO, finit sa vie en exil à l’issue de la crise post présidentielle de son pays en novembre 2010, lui qui fût un précieux collaborateur du Gouverneur de la BCEAO dans la recherche d’une solution africaine pour la survie du réseau BIAO en Afrique.
Ce que je crois profondément, c’est que Philippe ATTEY n’était l’homme de personne. C’était un homme d’action, pas un courtisan. Il ne cherchait pas à plaire au prince par la flatterie ; il n’en avait pas le temps. Il aimait par-dessus tout, les défis qu’il se lançait à lui-même dans des situations compliquées.
L’Afrique perd en lui un homme de valeur, un battant. Que la Terre bénie de Cote d’Ivoire lui soit légère et que Dieu ait pitié de son âme.
Abdoul Aly KANE
Expert Financier Médiateur Conciliateur au Centre d’Arbitrage de Médiation et de Conciliation de Dakar
Ancien Directeur Administratif chargé du Secrétariat Général de la BIAO-SENEGAL Ancien Président de la Société Nationale des Eaux du Sénégal