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20 juillet 2025
LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ COMPILE LES DOSSIERS À PROPOS DE MERCY SHIPS
Joint par “EnQuête’’, le directeur de cabinet du ministre, Docteur Aloyse Waly Diouf, soutient qu’ils sont en train de compiler les dossiers pour les envoyer aux différents ordres.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale n’est pas inquiet de la question. Il a affaire à des professionnels de la santé reconnus dans leurs pays, qui disposent de diplômes leur autorisant la pratique de la médecine dans leurs pays. Néanmoins, il est en train de rassembler les dossiers pour les livrer aux institutions ordinales.
Du côté du ministère de la Santé et de l’Action sociale, l’on juge que les institutions ordinales sont allées très vite en besogne. Joint par “EnQuête’’, le directeur de cabinet du ministre, Docteur Aloyse Waly Diouf, soutient qu’ils sont en train de compiler les dossiers pour les envoyer aux différents ordres.
Selon Dr Aloyse Diouf, ils ont écrit aux différents ordres pour leur annoncer la venue de ce bateau. Ils leur ont répondu en donnant les documents à envoyer plus un montant qui servait de cotisation par agent. Le ministre, explique-t-il, leur a réécrit pour dire que c’est une action humanitaire, par conséquent, ils ne peuvent pas demander de l’argent. “Ils ont répondu en disant que ce n’est pas grave pour les cotisations. Mais qu’on leur envoie les dossiers.
Les techniciens du Mercy Ships ne sont pas arrivés en même temps que le bateau. Ce sont des gens qui viennent faire trois à quatre semaines, repartir et d’autres arrivent. Donc, nous sommes en train de recouper la liste des documents de la première équipe. Nous travaillons à les leur envoyer pour que tout se passe selon les règles de l’art’’, précise Dr Diouf. D’ailleurs, ajoute-t-il, d’ici quelque temps, le directeur de la Lutte contre la Maladie doit les signer.
A l’en croire, Mercy Ships n’a pas encore commencé les interventions. “Il faut que les gens aient la bonne information. Les interventions n’ont pas encore démarré. Mercy Ships est revenu sur la base des dossiers médicaux que nous leur avons présentés pour voir les gens à retenir. C’est dans cette semaine (la semaine dernière), normalement, qu’ils avaient prévu de démarrer. Mais cela suppose que nous ministère de la Santé envoyons tous les documents’’, fait-il savoir.
Toutefois, docteur Abdoulaye Diop juge tardive la décision. Parce que pour lui, tout ce travail devait être fait bien avant l’arrivée du bateau et non le contraire. Mais pour le directeur de cabinet, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Car, dit-il, ces gens sont des professionnels de la santé reconnus dans leurs pays, qui disposent de diplômes autorisant la pratique de la médecine dans leurs pays. Avant d’ajouter qu’il faut que tout le monde reste dans la même dynamique. C’est-à-dire donner à cette action humaine sa place. “Ce ne sont pas des médecins qui viennent remplacer des médecins sénégalais. Ce sont des volontaires. On est en train de voir comment, sur la sollicitation de certains chirurgiens sénégalais, faire en sorte que ces derniers puissent participer au travail’’. S’agissant du nombre de patients (3 000) à prendre en charge, il a souligné que ce n’est pas une logique mathématique.
Par exemple, soutient-il, pour traiter un patient, il faut 4 chirurgiens autour et cela dépend de la pathologie. “Les pathologies traitées par Mercy Ships, ce n’est pas des pathologies chirurgicales simples. C’est des déformations, de la chirurgie plastique. Quand on regarde dans nos blocs opératoires, on ne dépasse pas trois interventions par jour pour ce genre d’intervention. Donc, ne le prenons pas sous l’angle d’une division. Ce n’est d’ailleurs pas un esprit scientifique’’, canalise Dr Diouf. Il y a, précise-t-il, de la chirurgie qui mobilise plus de ressources humaines, plus de temps. Mais l’un dans l’autre, ce qu’il faut voir, c’est l’apport aux Sénégalais
MARK DRUESNE (DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION MERCY SHIPS) “Tous les professionnels de la santé de Mercy Ships sont hautement qualifiés’’
Par ailleurs, le directeur de la Communication de Mercy Ships (“Africa Mercy’’ - Dakar, Sénégal, Mark Druesne) indique que “tous les professionnels de la santé de Mercy Ships détiennent une licence professionnelle active dans leurs pays d'origine et sont hautement qualifiés pour offrir les chirurgies à bord’’. De plus, souligne le directeur M. Druesne, ils sont également enregistrés auprès de l'Ordre de médecine du Sénégal. Pour Mark Druesne, Mercy Ships sert les pays hôtes à l'invitation de leur gouvernement. C’est ainsi qu’en 2017, ils ont signé un accord avec le gouvernement sénégalais les invitant à servir le peuple sénégalais, par le biais de chirurgies et de soins dentaires gratuits, tout en assurant la formation des professionnels médicaux sénégalais. “Mercy Ships n’accoste pas dans des pays sans invitation. Pour faciliter la mise en œuvre de nos services pendant ces dix mois, nous avons travaillé en étroite collaboration avec le ministère de la Santé et de l'Action sociale pour nous assurer d'aligner nos efforts sur leurs objectifs d'amélioration des soins chirurgicaux. Sans le partenariat du ministère de la Santé et de l'Action sociale, l’offre de nos services ne serait pas possible’’, indique M. Druesne. Plus d'un an avant l'arrivée du navire, poursuit-il, des équipes de Mercy Ships ont visité divers hôpitaux, à travers le pays, pour se renseigner sur leur capacité actuelle, leurs besoins principaux et la façon dont ils aimeraient qu’ils s’associent. “Au cours de notre temps au Sénégal, nous nous réjouissons de poursuivre notre partenariat avec la communauté médicale sénégalaise, pour offrir des chirurgies et des formations tout en apprenant ensemble. La semaine dernière même, nous avons accueilli nombre de professionnels de la santé sénégalais pour visiter le navire et continuer le développement de notre collaboration pour servir le Sénégal’’.
La loi qui régit l’exercice de la médecine et l’Ordre des médecins
Loi n° 66-69 du 4 juillet 1966 relative à l’exercice de la médecine et à l’Ordre des médecins L’Assemblée nationale a délibéré et adopté, Le président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
TITRE PREMIER. – L’EXERCICE DE LA PROFESSION DE MEDECIN Chapitre premier. – Conditions d’exercice
Article premier. – Nul ne peut exercer la profession de médecin s’il n’est :
1° Titulaire soit du diplôme d’État sénégalais de docteur en médecine, soit d’un diplôme étranger reconnu équivalent en application des dispositions en vigueur en matière d’enseignement supérieur. 2° De nationalité sénégalaise ou ressortissant d’un État ayant passé avec le Sénégal une convention impliquant le droit d’établissement au Sénégal des médecins nationaux dudit État ; les ressortissants des pays non francophones devront justifier d’une connaissance suffisante de la langue française :
3°. Inscrit au tableau de la ou des sections de l’Ordre des médecins correspondant au mode d’exercice de la médecine qu’il pratique. Cette dernière condition ne s’applique pas aux docteurs en médecine appartenant au cadre actif du service de santé de l’armée sénégalaise, non plus qu’aux médecins militaires étrangers servant au titre de l’assistance militaire.
Art. 2. – Par dérogation aux dispositions de l’article précédent, peuvent être autorisés à exercer la médecine au Sénégal, à l’exclusion de toute activité privée de type libérale :
a) Les médecins étrangers ne remplissant pas les conditions prévues au 2° dudit article, ou titulaire d’un diplôme ne satisfaisant pas aux conditions prévues au 1°, sous réserve que ce diplôme leur confère le droit d’exercer légalement la médecine dans leur pays d’origine, et qu’ils exercent leur art exclusivement dans les dispensaires, hôpitaux et maternités gérés par une œuvre confessionnelle ou non exerçant régulièrement son activité au Sénégal, sous la responsabilité de ladite œuvre et sous le contrôle de l’administration ;
b) Les médecins ne remplissant pas les conditions de nationalité prévues au 2° de l’article 1er engagés par contrat de travail pour assurer le service médical d’entreprises commerciales ou industrielles. Dans ce dernier cas, la dérogation ne sera accordée que si le défaut de praticiens remplissant les conditions de l’article 1er est constaté dans les conditions fixées par décret.
Art. 3. – Nul ne peut exercer à titre privé la profession de médecin au Sénégal, s’il ne remplit les conditions prévues à l’article 1er, et si en outre, il n’y est autorisé par l’autorité administrative. Cette autorisation ne peut être accordée à un médecin ayant bénéficié d’une bourse accordée par le Gouvernement du Sénégal, par un Gouvernement étranger ou par une organisation internationale dans le cadre d’un accord avec le Sénégal que si l’intéressé a servi préalablement durant dix ans au moins dans les services publics du Sénégal.
Chapitre 2. – De l’exercice illégal de la profession
Art. 4. – Exerce illégalement la médecine :
1. Toute personne qui prend part habituellement ou par direction suivie, même en présence d’un médecin, à l’établissement d’un diagnostic ou d’un traitement de maladies ou d’affections chirurgicales, congénitales ou acquises, réelles ou supposées, par actes personnels, consultations verbales ou écrites ou par tous autres procédés quels qu’ils soient, ou pratique l’un des actes professionnels prévus dans une nomenclature fixée par décret pris après avis du Conseil national de l’Ordre des médecins, sans être titulaire de l’un des diplômes visés à l’article 1er –1°, ou bénéficiaire de l’autorisation visée à l’article 2, a ci-dessus, en cours de validité ;
2. Toute personne qui se livre aux activités définies au paragraphe précédent sans remplir les conditions de nationalité exigées par l’article 1er –2° ou être bénéficiaire de l’une des autorisations visées à l’article 2, en cours de validité ;
3° Toute personne qui, munie d’un titre régulier, sort des attributions que la loi lui confère, notamment en prêtant son concours aux personnes visées aux paragraphes précédents, à l’effet de les soustraire aux prescriptions de la présente loi ;
4° Toute personne bénéficiaire de l’une des autorisations visées à l’article 2 qui exerce son art en dehors des établissements ou entreprises au titre desquels cette autorisation lui a été accordée ; 5° Tout médecin qui exerce la médecine sans être inscrit au tableau de la ou des sections de l’Ordre des médecins correspondant à son mode d’exercice, ou après avoir été radié, pendant la durée de la peine d’interdiction temporaire prévue à l’article 45 ci-après, à l’exception des personnes dispensées de cette obligation par le paragraphe 3 de l’article 1er. Les dispositions du présent article ne s’appliquent pas aux étudiants en médecine, ni aux sages-femmes, ni aux infirmiers et garde malades dans la mesure où ils agissent comme aides d’un docteur en médecine qui les place auprès de ses malades et sous son contrôle.
par Amadou Tidiane Wone
DÉVOILEMENT…
Refusons que l'Occident ou l'Orient nous imposent l'agenda de leur propre histoire et les petites histoires de leurs torts et de leurs travers ! Car, des intégrismes et des extrémismes, il y en a de tous les bords
Il y a une vingtaine d’années, je m’interrogeais, à travers les colonnes du journal Walfadjiri, dans un article intitulé « Le Sénégal, pays d’outremer ? » sur la décolonisation inachevée de nos mœurs politiques, culturelles, sociales, etc. Bref, depuis 1960, il semble que, sur des questions fondamentales, nous ayons tourné en rond et nous voilà revenus à la case départ avec des éléments de complication dont le moindre n'est pas l’accessibilité de la parole publique à tout être doté de cordes vocales. Même s'il n'est doté ni de raison ni de savoir. Avec pour conséquence, l’occupation de l'espace discursif par la fureur des décibels et non plus à la force des arguments. On en voit la représentation personnifiée sur le plateau de l’émission de la TFM, Jakarloo qui gagnerait à affiner son format. J'y compte quelques relations et j'ai envie de leur dire : parler plus fort ne veut pas dire avoir forcément raison.
Le débat sur le voile à l’école est à mon avis, le prolongement d'un débat étranger aux réalités sénégalaises. Il engage la France, son héritage colonial et sa capacité, ou non d’accepter les descendants de populations jadis conquises contre leur gré mais qui ont acquis, au fil du temps, des droits. Notamment celui du respect de leurs croyances et de leur droit à la différence. Cela regarde la France et tous les français ! Sans exclusive.
Cela dit, les règlements intérieurs doivent tenir compte de l’environnement extérieur ! c’est-à-dire des spécificités locales qui commencent, justement, aux portes de l’école. Elles y entrent et en ressortent progressivement transformées. Cela fait de l’école un lieu de brassage, de connaissance mutuelle et de respect. Cela donne sens à ce que l’école doit contribuer à construire en nous et autour de nous. L’excellent Mamadou Oumar Ndiaye du Témoin, dans un éditorial succulent, entrevoit dans ce débat sur le voile à l’école, des enjeux souterrains qui impliqueraient le Hezbollah chiite libanais et ses combats d’arrière garde contre l'Islam sunnite et l’église catholique. De la géopolitique donc et pas, ou si peu, de religion. Et si on laissait les enfants en dehors de ces jeux d'adultes ?
Quant à ce qui est en train de se passer à l'Institution Sainte Jeanne d'Arc, c'est une traîtrise, un coup de poignard porté à des siècles de cohabitation harmonieuse entre les communautés musulmane et catholique sénégalaises qui n'en forment qu'une : de sang ! Et il faut y mettre un terme sans faiblesse. Je suis un exemple vivant, parmi des centaines de milliers, de ce que l’enseignement privé catholique au Sénégal n'a pas pour vocation de convertir des musulmans en chrétiens ! J'ai fréquenté le Collège de la Cathédrale et le Cours Secondaire Sacré-Cœur où j'ai obtenu mon Bac. La plupart de mes compagnons d’adolescence sont des catholiques. Je garde, à ce jour, les meilleures relations avec les uns et les autres. Nous n'avons jamais ressenti, entre nous, la moindre hostilité du fait religieux. Vous me direz le monde à changé ! Je réponds refusons de changer avec lui ! Refusons surtout que l'Occident ou l'Orient nous imposent l'agenda de leur propre histoire et les petites histoires de leurs torts et de leurs travers ! Car, en fait, des intégrismes et des extrémismes, il y en a de tous les bords. Des fanatiques et des illuminés aussi. Jusqu'ici, notre pays le Sénégal a su construire un modèle fait d'une quête effrénée du « juste milieu » en tout. Petit pays par la taille, le Sénégal est riche d'une Histoire spirituelle et mystique, sociale et humaine qui a façonné une forme de cohabitation inter-religieuse et interethnique à promouvoir et à porter en exemple au « banquet de l'universel" aurait dit Sedar… Le frère de l'Archevêque de Dakar à une certaine époque, Monseigneur Thiandoum, n'officiait-il pas comme Imam dans une Mosquée à Popenguine ? Tous les sénégalais lui vouaient une grande estime à commencer par les guides religieux eux-mêmes. Voilà notre Sénégal à nous ! Qui ne se souvient du témoignage émouvant de l’Archevêque de Thiès, Monseigneur Jacques Sarr lors du rappel à Dieu de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh qui lui apportait le même paquet cadeau, à l’occasion du mois de Ramadan, qu'aux autres guides religieux musulmans ?
Pour dire : ne nous laissons pas noyer dans un verre d'eau par des alchimistes amateurs au service de forces obscurantistes qui veulent démembrer notre nation et profiter de son affaiblissement pour conduire leur funeste projet… Vigilance ! Nous valons mieux !
La Justice doit être juste ! Le Juriste Seybani Sougou a adressé des correspondances circonstanciées, posant des questions précises à qui de droit. En résumé, il énonce que la non publication de certains actes administratifs majeurs au journal officiel pourraient les entacher de nullité. Ce qui pose des questions d'une gravité extrême dans un Etat de droit. Aucune suite n'a été donnée à sa démarche qui entre, pourtant, dans le cadre d'une exigence de bonne gouvernance.
A ma connaissance, seul l'ancien Premier Ministre Abdoul Mbaye a rebondit sur la démarche de Monsieur Sougou pour interpeller le Conseil Constitutionnel. En sa qualité d'ancien haut responsable de notre pays, sa voix est autorisée pour le moins. Car, la question reste de savoir si les citoyens jouissent encore du doit de s’interroger, puis celui d'interpeller par voie de courrier les autorités délégataires du mandat populaire. Et de pouvoir s'attendre à une réponse fût-elle de…politesse.
Peut-être bien que ces questions seront soulevées à l'entame des travaux du dialogue national pour nous éclairer sur le statut de certaines de nos Institutions. A moins que certains va-et-vient nocturnes ne se chargent de ranger aux oubliettes tous les sujets qui fâchent ! Impossible n'est pas sénégalais…
Inondations et mal vivre… Depuis la fameuse grande inondation de 2005, aucun chantier d'envergure n'a permis d’éradiquer, définitivement et durablement, le phénomène. Même cause, mêmes effets. Sisyphe a, à n'en pas douter, une descendance au Sénégal ! Il serait intéressant de faire évaluer les sommes englouties dans l’assainissement toutes ces dernières années. Auditer les marchés passés et les résultats qui en étaient attendus. L'argent public doit servir à améliorer le sort des populations d'une année à l'autre. Sinon l’émergence continuera à se transformer en une immersion sans fin dans la misère et le mal vivre pour les plus démunis. Pendant ce temps, certaines exhibent leurs « richesses » en kilos d'or et en parures dont le mauvais goût le dispute à une inconcevable légèreté dans un pays inondé, endetté, déprimé et, sur bien des aspects, au bout du rouleau. Les vidéos privées rendues publiques sont des armes de destruction massive. Faites attention à ceux qui mangent à votre table ! Triste époque…
Pendant ce temps Adama Gaye aurait entamé une grève de la faim. Parce que certainement, il ressent dans sa chair une injustice qui lui est faite. Ce genre « d'offense », s'il en est, ne devrait pas être passible de plus de 15 jours d’emprisonnement et, éventuellement d’une forte amende. Si le but recherché est de dresser des limites et de rappeler jusqu’où il ne faut pas aller trop loin. A mon avis, un chef d’État qui prend la pleine mesure de la grâce que lui a faite la providence doit comprendre qu'il détient aussi, le temps de son mandat, le privilège de la magnanimité. Et en faire usage sans parcimonie. Avec hauteur et panache.
Adama Gaye doit retrouver la Liberté ! Que personne ne me demande de dire pour quelle raison. Je me mets juste à sa place et je me dis : une offense, surtout si on estime que les faits allégués sont faux et les propos disproportionnés, vaut-elle une vie d'homme ?
« LE MERCY SHIPS TRAVAILLE EN TOUTE ILLÉGALITÉ »
L’arrivée du navire hôpital est une aubaine pour les Sénégalais souffrant de maladies compliquées. Mais la pratique de ces professionnels “ambulants’’ de la santé bute sur leur non-inscription dans les institutions ordinales
L’arrivée du bateau “Africa Mercy’’ de l’organisation internationale non gouvernementale Mercy Ships depuis le 14 août 2019, est une aubaine pour les Sénégalais souffrant de maladies compliquées. Mais la pratique de ces professionnels “ambulants’’ de la santé bute sur leur non-inscription dans les institutions ordinales du Sénégal. Ce qui relève de l’illégalité, selon la loi 66-69 du 4 juillet 1966 relative à l’exercice de la médecine.
C’est le 1er octobre 2017 que le gouvernement du Sénégal et l’organisation internationale non gouvernementale Mercy Ships ont paraphé un protocole de partenariat. Celui-ci a permis l’arrivée, en 2019, du plus grand bateau hôpital du monde à Dakar, le “Mercy Africa’’. A travers ce protocole, l’organisation est tenue de mettre à la disposition de l’Etat du Sénégal son navire hospitalier pour une durée de 10 mois. Le bateau a accosté au port de Dakar, le 14 août dernier, pour apporter gratuitement divers soins médicaux à des personnes démunies, sélectionnées dans tout le Sénégal.
Ainsi, l’espoir est né dans le cœur de 3 000 patients venant de toutes les régions du pays. Long de 150m, ce bateau-hôpital a 9 étages. Il comporte en son sein un hôpital ultra moderne avec 5 salles d’opération, des scanners. Il traitera 7 types de chirurgies spécifiques : les tumeurs faciales, les opérations de la cataracte, les opérations des goitres, les becs de lièvre pour les enfants, les fistules, les problèmes de dents. Tout semblait rouler comme sur des roulettes, sauf qu’un acte fondamental a été omis par les professionnels de ce bateau, pour mieux accomplir leur mission : l’inscription dans les différents ordres du Sénégal. C’est-à-dire à l’Ordre des médecins, l’Ordre des pharmaciens et celui des chirurgiens-dentistes (Inter-ordre). La loi 66-69 du 4 juillet 1966 relative à l’exercice de la médecine stipule qu’un professionnel étranger dont son diplôme n’est pas homologué au Sénégal, doit obligatoirement s’inscrire dans l’ordre auquel il appartient pour pouvoir exercer dans le pays.
L’autre dérogation de la loi est que lorsque les besoins de service public l’exigent, le ministre de tutelle peut, sur délibération de l’ordre après inscription, donner l’autorisation à un médecin étranger d’exercer au Sénégal. Sinon, il est dans l’exercice illégal de la médecine. Des dispositions que Mercy Ships n’a pas respectées, faisant dire à l’Inter-ordre que l’Ong travaille en totale illégalité, avant de mettre le ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas) et le gouvernement en face de leurs responsabilités.
“Aucun de ces professionnels ne s’est inscrit au niveau des institutions ordinales’’
Selon le président de l’Inter-ordre, par ailleurs président de l’Ordre national des pharmaciens du Sénégal, Docteur Amath Niang, les institutions ordinales sont investies d’une mission de contrôle de régularité et du respect du devoir professionnel des acteurs de la santé. C’est en ce sens que chaque ordre a été contacté par le ministre Abdoulaye Diouf Sarr, en vue de partager l’information selon laquelle ce bateau serait présent au Sénégal et qu’il veut qu’on les inscrive. Une décision qu’ils ont saluée, du point de vue de l’importance de la mission qu’il va accomplir pour les populations. Mais, le problème se pose en termes de légalité, de régularité d’autorisation. Alors que, souligne le pharmacien, la loi est claire : nul ne peut exercer une profession médicale sans être inscrit à l’ordre auquel il appartient. “Nous avons été tous mis devant le fait accompli.
On s’est rendu compte qu’aucun de ces professionnels ne s’est inscrit au niveau des institutions ordinales. Quand le ministre a interpellé, les ordres ont a réagi sur l’obligation de les inscrire. C’est le minimum à faire. Parce qu’on doit s’enquérir de la qualité de leur statut, de leur compétence et avoir une traçabilité par rapport à leurs origines. Ce, pour voir si ce sont des gens qui ont l’habitude d’exercer chez eux, pour un besoin de sécurité, de prudence et de contrôle par rapport aux actions à mener’’, explique Dr Niang.
A son avis, il est tout à fait normal qu’ils puissent vérifier la qualité de diplôme, d’exercice et le respect des conditions d’exercice de leurs pays d’origine. Mais, à ce stade, on se demande sur quelle base ces gens se sont permis d’exercer sans que tous ces préalables soient remplis.
“Ce qui est sûr est que, si ce bateau devait opérer dans les pays développés, il remplirait toutes les conditions des ordres avant d’exercer’’, fustige-t-il. Dans la même veine, le vice-président de l’Inter ordre et président de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, Docteur Mamadou Kâ, soutient qu’ils sont dans une situation ambigüe. Avant de détailler les nœuds du problème. “Le ministère nous a adressé une correspondance pour demander si nous pouvons inscrire ces personnes de façon temporaire dans les différents ordres. Nous leur avons indiqué les conditions d’exercice dans ce pays. Ce sont des conditions de cotisation à l’ordre et des dossiers à nous donner. On veut que ces personnes qui vont exercer dans ce pays puissent au moins disposer de leur diplôme pourqu’on sache qui est qui. Ceci dans l’intérêt des populations. C’est la réponse que nous avons donnée au ministre’’, informe Dr Kâ.
“Si le gouvernement et le ministère veulent aller en infraction de cette loi’’
Après une longue période d’attente, explique le chirurgien-dentiste, le ministère a envoyé une réponse disant qu’ils ont une convention entre l’Etat et ce bateau. Par conséquent, ils ne sont pas obligés de payer une cotisation ordinale. ‘‘Nous lui avons dit qu’il n’y a pas de problème pour la cotisation ordinale, mais qu’il nous en voie les dossiers. Jusqu’à ce jour, il n’a pas répondu. Un beau jour, on nous invite à la cérémonie de l’arrivée du bateau. Nous avons refusé d’y aller’’, précise Dr Kâ. Sans tenir compte du premier refus, le ministère a encore envoyé des cartons d’invitation aux différents ordres pour une autre cérémonie avec Mercy Ships, le 3 septembre. Cette fois-ci, ils ont décidé d’y aller pour voir de quoi il s’agit réellement. Une fois sur les lieux, leur déception fut grande, par ce que la cérémonie ne parlait pas de médecine. “J’étais avec le président de l’Ordre des médecins. Ils ont complètement ignoré les ordres dans tout ce qui se faisait. La rencontre était plus politique qu’autre chose. Nous avons quitté les lieux, parce qu’on ne comprenait pas du tout ce qui se passait’’, dit Dr Kâ. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Si l’Inter-ordre a pris la décision d’assister à cette rencontre, c’est parce qu’il a cru que le ministère et Mercy Ships voulaient profiter de l’occasion pour discuter de la façon dont ils doivent s’inscrire avant d’exercer. Mais que nenni. Sur ce, les institutions ordinales, après réunion, ont préféré ignorer complétement ce bateau et laisser le gouvernement prendre ses responsabilités.“ On trouve que ces personnes travaillent en toute illégalité’’.
En plus de cela, a dit le vice-président de l’Inter-ordre, il ne maitrise rien du personnel de Mercy Ships. Car,on leur a dit que ce sont des personnes qu’on recrute en fonction de leur temps libre. Qu’ils viennent pour 2, 3, voire 4 mois. Ils ne sont pas permanents dans le bateau. “C’est vraiment du n’importe quoi. Nous sommes régis par une loi. Les ordres coiffent le ministère et nos avis sont conformes. Si le gouvernement et le ministère veulent aller en diffraction de cette loi, ils n’ont qu’à prendre leurs responsabilités pour les conséquences qui risquent d’arriver par rapport à ce type d’exercice. Le ministère pense que les avis des ordres sont consultatifs, alors que dans tous les pays du monde, les avis sont conformes. Alors que sur les textes, c’est faux’’, dénonce-t-il.
‘‘Est-ce qu’ils ne sont pas en train de faire de la chirurgie expérimentale ? Personne ne sait’’
Embouchant la même trompette, docteur Abdoulaye Diop, membre de l’Ordre des médecins du Sénégal, insiste sur le fait que la pratique de la médecine relève exclusivement des ordres. Donc, tout ce que Mercy Ships fait au Sénégal, est en parfaite illégalité. “Les ordres, c’est des lois. La loi qui institue les ordres est au-dessus du décret qui a nommé le ministre de la Santé. Nous avions averti le ministère, l’année dernière. Il était même dans de bonnes dispositions pour amener les gens de Mercy Ships à s’inscrire aux ordres. Mais, au dernier moment, ils se sont repliés. La pratique de la médecine n’est ni politique ni administrative, c’est une loi qui est dans la Constitution du Sénégal’’. A son avis, ce n’est même pas élégant que des praticiens viennent exercer dans un pays, sans voir leurs homologues. D’ailleurs, dit-il, ce sont ceux de Mercy Ships qui devaient refuser cela. Parce que, après, ce sont les hôpitaux sénégalais qui vont hériter de ces malades. “On ne sait pas par quelle qualité ces gens exercent. Est-ce que réellement ce sont des médecins ? Personne ne peut contrôler ce qu’ils font. Alors que s’ils étaient inscrits, l’Inter ordre va envoyer des superviseurs pour voir ce qu’ils font dans ce bateau. Est-ce qu’ils ne sont pas en train de faire de la chirurgie expérimentale ? Personne ne sait. Aujourd’hui, on ne peut arrêter quelqu’un pour pratique illégale, parce que l’Etat est l’instigateur de cette pratique’’.
Par ailleurs, l’Inter-ordre est intrigué du nombre de malades que l’Ong va traiter sur la durée de leur séjour : 3000 patients sur 10 mois, soit 10 malades par jour. Une statistique qui fait que, même l’hôpital le plus reculé au Sénégal traite plus de malades que Mercy Ships.
PAR Khadiyatoulah Fall
DU VOILE, DES RELIGIONS ET DE LA LAÏCITÉ
La laïcité n’a pas été pensée pour permettre à un groupe dominant ou minoritaire, d’imposer son point de vue - Ceux qui invoquent des troubles du vivre ensemble imputables au port du voile doivent appuyer leurs arguments sur des bases irréfutables
Jean Bauberot, un des meilleurs théoriciens de la laïcité, affirme que la laïcité, c’est avant tout «la neutralité arbitrale de l’État». Il utilise d’ailleurs la métaphore du football pour illustrer le rôle de l’État. L’État est comme un arbitre dans un match. Il court partout sur le terrain. Il surveille le jeu, mais, ne marque de buts pour aucune des équipes, ni n’aide aucune de celles-ci à gagner. L’État, comme l’arbitre de foot, se base sur le règlement qui n’a pas été conçu pour favoriser aucune des équipes.
Les réglements internes de l’école privée catholique Sainte Jeanne d’Arc doivent subir l’épreuve du règlement supérieur qu’est la Constitution souveraine du Sénégal. Cette école appartient ou est gérée par une communauté religieuse catholique, mais, elle ne se définit pas par un projet pédagogique ou de vivre ensemble inféodé à une religion donnée.
Le rôle de l’État sénégalais, qui se dit laïc, est de veiller à la protection de la liberté religieuse, la liberté de croyance. Sous ce statut, il doit protéger le droit du citoyen d’appartenir ou non à une religion, même de n’appartenir à aucune religion, même de sortir de la religion.
L’État protège l’adhésion à une croyance, mais aussi, la manifestation des actes de croire, la croyance en acte, c’est-à-dire des systèmes d’actions, de gestes qui accompagnent l’expression externe de la foi des individus et des groupes. Cependant, l’État, garant de l’équilibre social, doit, en même temps, veiller à ce que «le croire en acte», comme par exemple la liberté de culte ou du port des signes de la croyance, ne vienne perturber le fonctionnement général de la société ou le fonctionnement des institutions dans ce qui est leur mission première au service de tous. C’est pour dire que la laïcité ne veut pas dire «une permissivité absolue». Ainsi, le port du signe religieux, même s’il fait partie de l’identité religieuse, n’est pas un droit absolu en tout temps et en tout lieu.
La laïcité n’a pas été pensée pour permettre à un groupe, religieux ou non religieux, dominant ou minoritaire, d’imposer son point de vue. L’argument que j’entends souvent et qui renvoie à un contexte sénégalais où 95 % sont musulmans n’est pas satisfaisant. Car, justement, la laïcité a été conçue pour ne pas autoriser la dictature de la majorité sur la minorité. Cela dit, ceux qui invoquent des troubles du vivre ensemble imputables au port du voile ou qui veulent priver les élèves voilées d’un droit acquis doivent appuyer leurs arguments sur des bases concrètes et irréfutables. Le seul argument qui pourrait justifier le refus du voile serait que les jeunes qui le portent fassent du prosélytisme religieux ou ne répondent pas aux objectifs d’apprentissage, de connaissance et de vivre ensemble de l’institution. Le seul argument, c’est que le port du voile dans l’école engendre réellement un comportement qui va à l’encontre du programme pédagogique, du vivre ensemble, de l’égalité des sexes et du non-respect de l’opinion ou du sacré de l’Autre. Si l’on ne peut donner une réponse affirmative basée sur des faits attestés et répétitifs, et non pas sur des préjugés, des anecdotes et des approximations, toute mesure d’interdiction peut être perçue comme une attitude de stigmatisation de la religion et de l’identité religieuse des élèves voilées, quelles que soient leurs origines ethniques ou nationales.
L’interdiction du voile islamique ne devrait pas être nourrie de représentations, de significations du voile, qui ne collent pas à la réalité sénégalaise. Tant que le voile se porte dans le respect de tous et du fonctionnement scolaire, son interdiction est une atteinte aux droits des élèves. Il faut éviter d’opérer un amalgame rapide entre la tenue et le comportement. C’est ce que l’on voit souvent en Occident, surtout en France, alors que les signes de visibilité de l’Islam sont vite interprétés comme les symptômes d’un islamisme, d’un endoctrinement des jeunes, et même d’une radicalisation.
Va-t-on importer au Sénégal cette obsession française récurrente de soupçon et d’interpellation du voile islamique ?
Ce qui se déroule sous nos yeux nécessite une prise en charge sérieuse pour apaiser les tensions et ensemble passer à l’avenir et au devenir ensemble. Les polémiques récentes et la levée de boucliers devant ce qui serait une provocation du lobby Lgbt, l’affaire de la pharmacie Guigon, tout cela illustre une sensibilité à fleur de peau et témoigne d’inquiétudes identitaires religieuses que nous ne connaissions pas dans notre pays.
De quoi est symptomatique cette situation ?
Des théories complotistes sont évoquées ci et là, ainsi que des remarques sur des tentatives de perturbation de notre cohésion sociale et de notre paix religieuse, sociale et politique. Il y a là, en tout cas, une situation nouvelle qui demande une profonde analyse.
L’éducation au vivre ensemble dans la visibilité et le respect des différences religieuses est un enjeu de la citoyenneté. Par ailleurs, la recherche universitaire devrait pouvoir contribuer à dissiper les opacités et participer à un débat informatif serein pour asseoir des solutions pérennes. Car, des opacités, il y en a. Et des chercheurs compétents dans les universités au Sénégal, il y en a.
Avec un collègue de l’Ifan, Mouhamed Abdallah Ly, nous avions, dans un article précédent, attiré l’attention sur un phénomène peu encore analysé, même dans la littérature scientifique : l’installation de l’islamophobie à l’interne, c’est-à-dire à l’intérieur des pays à majorité musulmane. La construction des discours négatifs, de stigmatisation, de rejet de l’Islam en Occident a un écho sur les minorités religieuses installées en pays musulmans. Nous relevions, même si notre démarche est encore exploratoire, l’intériorisation, chez ces minorités, de préjugés sur l’Islam qui n’ont rien à voir avec leurs vécus quotidiens. Nous avancions aussi que ces discours exogènes islamophobes, mais aussi des radicalisations djihadistes violentes dans quelques pays voisins, et des accusations devant les tribunaux sénégalais de présumés djihadistes, ont pu construire une angoisse chez quelques catholiques, et les rendre réceptifs à la fabrique médiatique et politique d’une peur de l’Islam. Ces discours de stigmatisation, de rejet parfois sans nuance de l’Islam et des musulmans, ne sont pas sans heurter ces derniers qui peuvent se sentir caricaturés chez eux par des perceptions décalées, importées qui ne reflètent pas l’ouverture et la flexibilité de notre vivre ensemble.
"POLITICAL PRISONNERS’’
"Political Prisonners est un hymne à la liberté d’expression malmenée aujourd’hui dans notre pays et en Afrique par des emprisonnements d’hommes politiques ou de citoyens pour leur opinion", a dit Matar Kassé,
Kaolack, 12 sept (APS) - Amadou Kassé dit Matar, un des pionniers du mouvement hip-hop dans la ville de Kaolack (centre), vient de sortir son premier album solo reggae et hip-hop intitulé "Political prisonners", qui se veut un hymne à la liberté d’expression "malmenée, dit-il, par de nombreuses incarcérations d’hommes politiques ou de citoyens pour leur opinion" sur le continent africain.
"Political Prisonners est un hymne à la liberté d’expression malmenée aujourd’hui dans notre pays et en Afrique par des emprisonnements d’hommes politiques ou de citoyens pour leur opinion", a dit Matar Kassé, connu aussi sous le pseudonyme de "Kenkely B" dans le monde du rap.
"Cet album de 11 titres est sorti au plan international depuis le 30 août, et aujourd’hui, il s’agissait de procéder à son lancement au plan national à partir de ma ville, Kaolack ici même où j’ai tout débuté à l’Alliance française", a-t-il expliqué au cours d’une conférence de presse, mercredi.
Il a rappelé qu’il est le premier à avoir organisé un événement culturel à l’Alliance française de la capitale du Saloum, lors de son ouverture.
Le rappeur, après avoir obtenu son Baccalauréat, a ensuite quitté sa ville natale pour l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, et plus tard, pour l’Europe, à la recherche de l’Eldorado.
A ce propos, il a déclaré à l’endroit des jeunes candidats à l’émigration que "l’Europe ce n’est pas l’Eldorado tant décrit et espéré". Selon lui, "pour y réussir, il faut beaucoup trimer".
Il a donné son propre exemple, en rappelant qu’il a été "sans papiers" en France avant d’émigrer en Italie et en Angleterre où il a finalement eu le droit de séjourner légalement.
Dans son album solo qui fait suite à un premier produit en 2005 avec le groupe "Deep Poets", à l’UCAD, il évoque divers thèmes, comme l’émigration clandestine, les détentions arbitraires d’hommes politiques et les problèmes du sous-développement.
Il pense que "l’artiste est un homme qui doit porter les revendications de son peuple", et n’hésite pas du coup à se définir "comme un Y’en a mariste dans l’esprit", mouvement dont il incarne la philosophie en Europe où il séjourne "depuis 15 ans".
Un long séjour à l’étranger en dépit duquel il est toujours demeuré attaché à ses origines. D’où le choix de venir à Kaolack pour lancer son album, "histoire de décentraliser l’activité culturelle dans les régions".
"Des gens m’ont demandé d’aller à Dakar lancer mon album dans un grand restaurant, mais je préfère le faire à Kaolack qui m’a accueilli depuis six semaines après un passage de cinq jours à Dakar", a-t-il insisté.
Pour la promotion de son album, Matar Kassé envisage de se produire en janvier à Kaolack et pour cela compte principalement sur l’appui du manager du groupe "Keur Gui", présent à sa conférence de presse.
L’album de Matar Kassé est disponible sur certains sites de téléchargement.
MOUSTAPHA DIAKHATE ET IBRAHIMA SENE S’ÉCHARPENT
“Ignorance de l’islam’’, “malhonnêteté intellectuelle’’, “énergumène’’. Ce sont autant d’expressions que Moustapha Diakhaté et Ibrahima Sène se sont lancées hier dans l’affaire du port du voile à l’institution Sainte Jeanne d’Arc
L’ancien président des députés de la mouvance présidentielle, Moustapha Diakhaté, et Ibrahima Sène, membre du Bureau politique du Parti de l'indépendance et du travail (Pit) sont à couteaux tirés, dans l’affaire du port du voile à l’institution Sainte Jeanne d’Arc.
“Ignorance de l’islam’’, “malhonnêteté intellectuelle’’, “énergumène’’. Ce sont autant d’expressions que l’ancien président du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle, Moustapha Diakhaté, et Ibrahima Sène, membre du Bureau politique du Parti de l'indépendance et du travail (Pit) se sont lancées hier. Ils s’écharpent à propos de l’interdiction sur le port du voile à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc (Isja). “Quand Ibrahima Sène montre son ignorance de l’islam et de sa malhonnêteté intellectuelle (…) Il accuse le khalife général des tidianes, Serigne Mbaye Sy, de jeter de l'huile au feu, pour avoir exigé la tolérance religieuse à l’Isja.
Serigne Mbaye Sy fait honneur à sa fonction, en demandant à l’État de se saisir de l’affaire jusqu’à la fermeture des écoles, si elles ne se conforment pas aux lois du Sénégal’’, a écrit Moustapha Diakhaté, en réponse à un texte du responsable politique, parvenu à “EnQuête’’.
D’après l’ancien chef de cabinet du président de la République, du point de vue islamique, c’est faire preuve de “mauvaise foi et d’inculture’’ qu’Ibrahima Sène réduit le port du voile à une “affaire de shiites libanais’’. “Le port du voile est une recommandation d’Allah à toutes femmes musulmanes sunnites comme shiites. Pour rappel, c’est bien le ministre de l’Education nationale qui est le premier à inviter l’Isja à respecter la Constitution et la loi d’orientation nº91-du 22 janvier 1991’’, renchérit-il.
Ainsi, il estime que les républicains et démocrates de ce pays “ne devraient pas tomber dans ce piège’’. Ibrahima Sène, lui, est d’avis que c’est à l'Etat d’arrêter la controverse autour du respect du règlement intérieur à Jeanne d'Arc, avant qu'il ne soit trop tard. De ce fait, il considère que le khalife général des tidianes a “jeté de l'huile au feu, alors que sa fonction, comme chef de confrérie liée aux " shiites libanais" et à l'église, sa posture publique aurait dû être celle d'un réconciliateur’’. “Ce que ces "shiites libanais veulent", c'est l’acceptation du port du voile par les femmes dans les lieux publics et privés, comme la Charia en a décidé ! C'est pour cette raison qu'ils ont eu recours à la provocation à Jeanne d'Arc, en s'opposant ostentatoirement à l'application du règlement intérieur de l'école, même après en avoir pris connaissance à temps.
Et des gens comme Moustapha Diakhaté évoquent la Constitution du Sénégal pour leur donner raison !’’, attaque le responsable du Pit. Qui traite Moustapha Diakhaté “d’énergumène’’ qui “n’a pas cure’’ du fait que c'est un problème de port vestimentaire dans une école privée selon son règlement intérieur. “Ces gens-là prétendent que l'école devait se conformer à la Constitution pour accepter le voile des filles dans son établissement, alors qu'il n’y a aucune disposition de la Constitution, ni aucune loi qui règlemente le "port vestimentaire des Sénégalais". Chaque entité publique ou privée décide souverainement du port vestimentaire dans ses locaux publics ou privés’’, affirme Ibrahima Sène. Qui donne l’exemple de la présidence de la République et du Building administratif qui interdisent un certain type "de port vestimentaire", “sans se référer à aucune disposition’’ de la Constitution. “Aujourd’hui, on interdit à Jeanne d'Arc d'en faire autant, conformément à son règlement intérieur connu de tous ceux qui veulent y envoyer leurs filles, au nom de la Constitution ! Ces gens-là prennent la Charia comme étant la Constitution du Sénégal’’, fulmine-t-il.
D’après lui, si par “faiblesse’’, le gouvernement leur donne raison, au risque même de mettre l'école sous "administration provisoire" comme le propose Moustapha Diakhaté, ou de retirer son agrément, et que reprend à son compte le khalife général des tidianes, la porte serait ouverte à “l'imposition’’, dans tous les milieux publics comme privés, du port du voile, conformément à la Charia. Ceci, d’après lui, en “violation flagrante’’ de la Constitution. “Les républicains et démocrates de ce pays, à ses yeux, ne peuvent pas accepter que l'on juge les décisions souveraines du privé ou du public, à l'aune de la Charia ! Notre pays renoncerait, le cas échéant, à sa réputation légendaire de cohabitation pacifique et conviviale entre l'islam et le christianisme, qui est la marque de fabrique de la cohésion sociale et de la stabilité du pays’’, juge M. Sène.
En effet, il considère que les shiites libanais “ne peuvent pas avoir joui, de longue date, de cette convivialité, pour aujourd'hui la torpiller pour des raisons non avouées, et que les Sénégalais avertis ne peuvent pas ignorer. La seule décision de l'Etat qui pourrait contrecarrer leur projet, c'est de leur dire de se conformer au règlement intérieur de l’école ou de retirer leurs filles’’.
Ainsi, Ibrahima Sène soutient que le Sénégal “ne devrait pas accepter’’ que l'Etat légifère sur le port vestimentaire des filles dans les espaces publics et privés. “L'exploitation à outrance des convictions islamiques de plus de 90 % des Sénégalais à des fins étroitement sectaires, ne devrait pas prospérer dans le Sénégal d'aujourd'hui’’, plaide-t-il.
Par Jean Meïssa DIOP
LA RÉGULATION PAR LE FACT CHECKING
Par des temps où les fake news et les messages à usage de manipulation circulent à grande vitesse sur les réseaux sociaux autant que sur des médias du mainstream, le fact checking peut jouer un rôle de régulation
Par des temps où les fake news et les messages à usage de manipulation circulent à grande vitesse sur les réseaux sociaux autant que sur des médias du mainstream, le fact checking peut jouer un rôle de régulation. La preuve : ces jours-ci, les actes d’hostilité réciproques entre Sud-Africains et Nigérians ont atteint un point d’acmé ayant même fini par impliquer les officiels des deux pays de ces ressortissants, à cause des violences xénophobes aussi meurtrières que dévastatrices en Afrique du Sud et des représailles au Nigeria contre des intérêts sud-africains.
Certes, il a existé des actes de vengeance et/ou de représailles, mais pas tels – ou autant - que rapportés sur les réseaux sociaux. Il s’agit, çà et là, d’images d’autres époques et de situations autres que celles que ces photos et vidéos prétendent illustrer en se recommandant de l’actualité brûlante. Par exemple, ces images relatives à un fait qui “s'est passé en 2015, quand un incendie survint dans des locaux de Mtn Mast, situé dans l’État d’Akwa Ibom, au sud-est du Nigeria’’. Un fact checking a permis de rectifier que “des installations de Mtn n’ont pas été attaquées au Nigeria en réponse aux violences xénophobes en Afrique de Sud’’. Une autre image, qui a circulé, elle aussi, à grande vitesse, est celle relevant que “les Nigérians auraient brûlé l'avion d'une compagnie sud-africaine au Nigeria, en réplique à la situation actuelle en Afrique du Sud’’.
Le hashtag #INFOX rectifie que “l'image en question date d’octobre 2018’’. Le site d'information air-journal.fr évoquait, à cette date, un Atr 72 ayant pris feu à l’aéroport international MurtalaMuhammed (Nigeria) qui dessert Lagos au Nigeria. La compagnie aérienne avait expliqué que l’aéronef incendié était en train d’être soumis à des travaux de maintenance de routine, lorsque l’incident s’est produit dans les locaux du hangar. On est bien loin de représailles de Nigérians contre des intérêts sud-africains. L’information exacte peut désamorcer les tensions et refréner les velléités de représailles qui peuvent être attisées par des fake news sur des actes de violence non avérés. Quand bien même certaines violences seraient réelles, en faire état avec des exagérations et de la manipulation, c’est exacerber la crise plutôt que de permettre d’y voir clair dans une confusion qui s’installe et où les sources fiables sont moins attrayantes, voire moins intéressantes que les propagateurs de manipulation. Africa Check a voulu apporter sa part de régulation, au sujet d’une vidéo sur des propos attribués, à tort, au vice-ministre de la police sud-africaine. “Ladite vidéo date de 2017. Elle était devenue virale en raison du message, jugé anti étranger du vice-ministre de la police sud-africaine. Elle a récemment été partagée sur Facebook et mise dans le contexte actuel relatif aux actes xénophobes constatés en Afrique du Sud’’, écrit le journaliste béninois spécialiste de la communication, Lucien Houédanou, sur sa page Facebook.
Sur les réseaux et même certains médias, sont publiés des bilans, pays par pays, de ressortissants africains tués dans les déferlements xénophobes en Afrique du Sud. Sur la liste des prétendus morts, on cite des Sénégalais. Il a fallu, pour calmer les esprits, que le secrétaire d’Etat sénégalais aux Affaires étrangères et l’ambassade du Sénégal dans ce pays rassurent qu’aucun expatrié sénégalais en Afrique du Sud n’est mort dans ces événements en cours dans ce pays. C’est contre des infox de ce type que des médias nigérians eurent, à l’époque de la campagne électorale pour la présidentielle dans ce pays, à lancer, le 28 novembre 2018, “Cross Check Nigeria’’ une plateforme pour lutter contre les fake news. Il ne fait pas de doute que cet outil de fact checking, mis en place par une quinzaine d’organes de presse au Nigeria, a une utilité dans le traitement et la circulation des informations sur la crise entre le Nigeria et l’Afrique du Sud.
L’Afrique au sud du Sahara est réputée être une zone de prédilection des infox. Et c’est pour circonscrire les “dégâts’’ que, selon “Ecofin Hebdo’’, “Facebook a ouvert (…) son tout premier centre de vérification de contenus d’Afrique subsaharienne. Ce nouvel investissement vient s’ajouter à ceux engagés depuis 2018 par la société américaine pour assainir sa plateforme devenue l’un des principaux relais de désinformation sur le continent, comme ailleurs.
L’enjeu, ici, est de restaurer sa crédibilité, mais surtout préserver la liberté d’accès aux réseaux sociaux dont il fait actuellement parti des plus prisés’’. Cfi.fr (filiale du groupe France Médias Monde) veut apporter sa contribution à cette énorme tâche de régulation en lançant “Vérifox Afrique pour répondre au phénomène de propagation d'infox observé en Afrique’’.
Pour le moment, le projet veut ouvrit l’expérience à 15 médias (Tv, radio, presse écrite, pure player) du Bénin, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire, sélectionnés après un appel à candidatures. CFI sélectionnera cinq médias par pays. Autant d’initiatives à saluer pour qu’entre les vraies informations et les fausses, le fact checking s’impose comme un régulateur incontestable et un “désamorceur’’ de tensions.
Unique Rufisquois membre du gouvernement, Oumar Guèye, ministre des de la Gouvernance locale, a effectué hier une tournée pour constater, «sur instruction du Président Macky Sall», les dommages après la pluie du lundi qui a causé beaucoup de désagréments dans la vieille cité. Mame Omar Mané et Boubacar Albé Ndoye, maires respectifs de Rufisque-Nord et Rufisque-Est, ont été les premiers à plonger. Le maire de la commune de Rufisque-Nord s’est réfugié derrière des considérations naturelles pour expliquer l’afflux d’eau constaté sous le tunnel. «Rufisque est dotée de 4 bassins versants qui tirent vers la mer. Il se trouve que le niveau de la mer est plus élevé que celui de la ville. Ainsi, lorsque la marée est haute, les canaux ne peuvent plus verser vers la mer. C’est un problème normal et naturel», at-il servi.
Albé Ndoye a, quant à lui, relevé des considérations techniques. «On a constaté qu’il y avait eu des problèmes causés par le non prolongement de certaines voies d’évacuation et l’Apix s’est engagée à le faire séance tenante et aussi on a constaté quelques bouchons dus à des ordures qui ont obstrué certains caniveaux», a-t-il dit. Après avoir suivi les discours, le ministre Oumar Guèye s’est dit heureusement surpris de la situation. «Personnellement, je pensais qu’on allait trouver beaucoup d’eau sous ce pont, eu égard à ce qui est en train d’être vu en boucle à travers les télévisions et les sites», a-t-il minimisé sous le tunnel submergé lundi par la pluie, causant des désagréments pour plus d’un Rufisquois. Cela dit, le maire de Sangalkam a déploré la signification galvaudée que font certains du mot inondation. «Pour dire que le vocable inondation doit être revu et bien compris. Une inondation, c’est quand il y a de l’eau qui reste pendant trois, quatre ou cinq jours. De l’eau qui reste deux heures de temps et qui part après, nous ne pouvons pas parler d’inondation», a-t-il servi comme pour dire...
Le député Seydou Diouf a ramé à contre-courant de ses compagnons de la coalition présidentielle. Commémorant l’an 3 du décès de Me Mbaye Jacques Diop avec ses militants et sympathisants à Diamaguène (Rufisque-Nord), le député est d’avis que les travaux du Ter que les populations pointent du doigt comme responsable de désagréments multiples n’ont pas été bien conduits. «Bien sûr, le Ter est un bon projet, mais la manière dont les travaux ont été menés, il faut le déplorer. Il n’y a pas eu d’anticipation, pas de voies de dégagement et de contournement. Dire cela, ce n’est pas faire le procès de l’Apix ou de qui que ce soit», a précisé M. Diouf, faisant prévaloir son statut. «Je suis parlementaire et mon seul moyen d’action c’est l’alerte», a-t-il dit. «Un système d’assainissement pour le drainage des eaux, cela manque à Rufisque. Aujourd’hui quand il pleut, tous sont angoissés. Ce qu’il faut pour régler le problème n’est pas à la portée des trois communes. C’est à la portée de l’Etat et c’est de la responsabilité de l’Etat. J’interpelle ainsi directement le chef de l’Etat», a-t-il enchaîné avec la conviction que ce qu’il faut c’est un plan Marshall pour Rufisque.
Le pont de Dioutiba (Rufisque Ouest), unique tunnel fonctionnel pour le passage des véhicules, avait été littéralement submergé par les eaux de pluie. Il a fallu des opérations de pompage pour évacuer les eaux qui ont bloqué pendant une demi-journée l’accès à cette voie très passante. Le passage est aujourd’hui à sec en attendant les prochaines pluies. Jogg aar Teungueth, un collectif spontané qui a tenu un point de presse mercredi sous le pont, exige des solutions durables à la place des actes ponctuels posés par les autorités et qui ne règlent pas le problème.
UN BRANCARDIER ET DEUX CHEFS DE SERVICE EN GARDE A VUE
La série de scandales au centre hospitalier régional El Hadji Ahmadou Sakhir Ndiéguène de Thiès se poursuit.
Trois agents du centre hospitalier régional El Hadji Ahmadou Sakhir Ndiéguène sont en garde à vue pour vol présumé d’obus d’oxygène. Un nouveau scandale qui donne raison au chef du Service Oto-rhino-laryngologie (Orl), Dr Ndiassé Kâ, de la structure sanitaire qui estimait qu’«il y a beaucoup de mafia au sein du centre hospitalier régional de Thiès».
La série de scandales au centre hospitalier régional El Hadji Ahmadou Sakhir Ndiéguène de Thiès se poursuit. Cette fois-ci, ce sont le brancardier Gorgui Sarr, en service à la médecine interne, le chef du Service maintenance Pape Sala Faye, et le chef du Département froid Ablaye Sow, qui ont été arrêtés et placés en garde à vue au commissariat du 1e arrondissement de Thiès pour vol présumé d’obus d’oxygène commis au centre hospitalier régional, suite à une plainte du directeur de l’hôpital, Babacar Mané. Lequel a été informé de la disparition de 7 concentrateurs d’oxygène sur les 11 reçus au titre de dons et destinés aux malades de l’hôpital.
L’un des présumés auteurs de ces faits, le brancardier en l’occurrence, a été le premier à être interpellé le 4 septembre dernier, juste à hauteur de la porte principale de l’établissement hospitalier, par les services de sécurité de ladite structure sanitaire, alors qu’il quittait son lieu de travail. Gorgui Sarr détenait par-devers lui des obus d’oxygène qui sont utilisés au niveau du bloc opératoire et du service de réanimation. Conduit à la police du 1e arrondissement, il a indexé Pape Sala Faye et Ablaye Sow comme étant les «cerveaux» de cette affaire de vol d’obus d’oxygène. Un produit qui, selon des éléments de l’enquête, est «un gaz médical qui aurait été vendu à des structures sanitaires privées (cliniques) de la ville de Thiès». Pour l’heure, les camarades syndicalistes des mis en cause qui seront déférés aujourd’hui au Parquet «seraient en train de mettre vigoureusement la pression sur certaines autorités pour faire libérer les trois agents».
Une affaire qui fait grand bruit à l’hôpital régional, encore secoué par ce énième scandale. On se rappelle d’ailleurs la récente affaire d’accusations et de contre-accusations d’«escroquerie médicale» au mois de mai, impliquant le major du Service Orl Dr Moustapha Faye qui a été placé sous mandat de dépôt par le procureur de la République. Une affaire qui avait déclenché une grève illimitée par le personnel de l’établissement sanitaire qui s’offusquait du fait que le major, cité dans l’affaire, ait été redéployé pour «motif d’incompétence», et pis, reconduit comme «simple infirmier». Une grève qui avait duré des semaines, paralysant l’hôpital où seules les urgences étaient assurées. Les syndicalistes exigeaient de leur direction «l’annulation de la note de redéploiement du major du Service Oto-rhino-laryngologie (Orl)» parce que, disaient-ils, «le major du service en question, par ailleurs responsable des infirmiers et sages femmes, est relevé de ses fonctions parce que simplement il s’opposait aux pratiques peu orthodoxes de son supérieur, le chef de service».
En effet, dénonçaient-ils, «le médecin-chef du service, Dr Ndiassé Ndiaye, officie aussi ailleurs, hors de l’hôpital régional, dans une clinique qui est la sienne. Il se fait lui même des clients, en orientant les patients venus se faire soigner à l’hôpital El Hadji Ahmadou Sakhir Ndiéguène vers sa clinique» pour, soulignaient-ils, «faire fortune». Ils
pensent que c’est une «procédure immorale, blâmable», qui dénote d’une certaine forme d’«escroquerie médicale». Des allégations qui feront sortir de ses gonds Dr Ndiassé Ndiaye, lequel s’en était totalement inscrit en faux. Le chef du Service d’Orl rétorquait sans ambages : «Il y a beaucoup de mafia au sein du centre hospitalier régional de Thiès.» La vérité des faits, avait-il laissé entendre,«c’est qu’on m’avait signalé des malversations au sein de l’hôpital, en particulier au Service radiologie et scanner, mais je n’avais pas réagi parce que je voulais des preuves. Un jour, j’ai reçu un patient qui était venu de Touba, et quand je lui ai demandé à quel niveau il avait payé, il m’a clairement fait savoir s’être acquitté de son devoir auprès des éléments du Sutsas au Service radiologie pour le montant de 20 mille F Cfa».
. Ce qui voulait dire, croyait-il ferme, qu’«il y avait des caisses parallèles au Service radiologie et scanner. J’ai signalé cette faute à la direction, puis viré le major, car il était au courant des magouilles qui se faisaient dans l’hôpital». Dr Ndiaye dénonçait les informations distillées par les responsables syndicaux du Sutsas, Pape Mor Ndiaye et Rassoul Ba, selon lesquelles il aurait refusé d’orienter des patients «vers ma clinique». Main sur le saint Coran, il avait juré n’avoir jamais demandé à quiconque de lui amener des patients. D’ailleurs, tenait-il surtout à préciser, «je n’ai même pas de clinique, je suis prestataire de services légal».
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LE VOILE, ENTRE CROIX ET BANNIÈRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Si l’on décide aujourd’hui de ne pas inscrire un enfant dans un établissement appartenant à des catholiques ou à des musulmans, il faut s’attendre demain au glissement mortifère d'un tel acte dans d’autres domaines
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 12/09/2019
L’Institution catholique Sainte Jeanne d’Arc (ISJA) a refusé, lors sa rentrée scolaire 2019-2020, d'admettre en cours des élèves musulmanes portant le voile, en vertu d'un nouveau règlement qui suscite une vive polémique. Au moyen secondaire comme au primaire, une poignée d’élèves s’est vu interdire d’entrer en classe à cause d’un nouveau règlement qui interdit de façon très floue le port du voile. Les responsables de l’école avaient déjà annoncé la couleur au mois de mai dernier et voilà qu’ils mettent à exécution l’application de cette loi qui exclue et discrimine.
En effet, l’article 5.2 du règlement intérieur sur le port vestimentaire dispose que la « tenue autorisée se composera à partir de la rentrée de septembre 2019 de l’uniforme habituel, avec une tête découverte, aussi bien pour les filles que les garçons ». On sent dès lors couardement un style amphigourique et les circonlocutions syntaxiques dans la façon d’interdire le port du voile qui perdent le signataire du règlement. D’ailleurs, curieusement, le règlement est inactif depuis le début de la polémique sur le site web de ladite école. Les réseaux sociaux s’enflamment et la guerre discursive entre musulmans et catholiques est presque à son paroxysme. Chacun tirant la couverture de son côté. Ainsi l’ISJA relance, à la torche acétylène, la polémique sur le voile.
Toutefois, je suis estomaqué par la virulence et la violence avec lesquelles certains boutefeux veulent trancher le nœud gordien de cette affaire qui se complexifie de jour en jour. Si, comme l’a dit Mamadou Oumar Ndiaye dans un éditorial du Témoin, « l’ISJA décide de modifier son règlement intérieur dans le but en particulier d’adopter un code vestimentaire « ouvert », en tout cas dans lequel les élèves pourraient tous se fondre en un melting-pot réducteur des replis communautaires », il faut, par conséquent, aller jusqu’au bout de la logique et faire de même pour tous les signes ostentatoires qui renvoient à une appartenance confessionnelle. Ce qui n’est pas fait puisque moult élèves arborent des pendentifs chrétiens sans être nullement inquiétés. Un règlement à géométrie variable à moins que ces crucifix qui pendent autour du cou de plusieurs élèves ne soient considérés que comme des objets esthétiques et dont le port ne conduit à se faire reconnaître par son appartenance religieuse.
En France, le code de l’Education en son article L. 141-5-1 proscrit dans les écoles collèges et lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse. Par conséquent, cette loi exclut de son champ d'application les établissements d’enseignement privés, qu'ils aient ou non passé avec l'Etat un contrat d'association à l'enseignement public. L'extension de l'interdiction à ces établissements serait en effet de nature à porter atteinte à leur « caractère propre », reconnu par la « loi Debré » du 31 décembre 1959, et consacré par le Conseil constitutionnel, dans une décision du 23 novembre 1977, comme garantie de la mise en œuvre du principe de liberté d'enseignement.
Mais cette liberté accordée aux écoles privées françaises de légiférer sur le port des signes religieux ne l’est pas pour les établissements privés sénégalais qui sont soumis de respecter les articles 4 et 5 de la loi d’orientation n°91-22 du 16 février 1991 modifiée par la loi 2004-37 du 15 décembre 2004. En effet, l’article 4 stipule : « L’Education nationale est laïque : elle respecte et garantit à tous les niveaux, la liberté de conscience des citoyens. Au sein des établissements publics et privés d’enseignement, dans le respect du principe de laïcité de l’Etat, une éducation religieuse optionnelle peut être proposée. Les parents choisissent librement d’inscrire ou non leurs enfants à cet enseignement ».
Et l’article 5 complète en ces termes : « L’Éducation nationale est démocratique : elle donne à tous des chances égales de réussite. Elle s’inspire du droit reconnu à tout être humain de recevoir l’instruction et la formation correspondant à ses aptitudes, sans discrimination de sexe, d’origine sociale de race, d’ethnie, de religion ou de nationalité. »
Cette liberté est aussi consacrée par notre charte fondamentale en son article 8 : « La République du Sénégal garantit à tous les citoyens les libertés individuelles fondamentales, les droits économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs … le droit à l’éducation ». Et la violation d’une telle disposition est sanctionné par l’article 5 de la Constitution : « Tout acte de discrimination raciale, ethnique ou religieuse, de même que toute propagande régionaliste pouvant porter atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ou à l’intégrité du territoire de la République sont punis par la loi ».
Ce qui veut que dans cette affaire seule force restera à la loi si le ministre par sa couardise ne cède au rigorisme et à la hardiesse des autorités de Jeanne d’Arc. L’évocation d’une minorité d’élèves voilées ou appartenant à des familles libanaises chiites pour justifier cet oukase de la Pucelle ne peut pas prospérer. La solution est de ne pas les extrader dans une autre école catholique qui, demain pour les mêmes raisons, peut modifier comme Sainte Jeanne d’Arc son règlement et les expulser comme des juifs en errance. D’ailleurs, les Cours Sainte Marie ont opposé une fin de non-recevoir à la requête de la désormais présidente des parents d’élèves de l’ISJA, Véronique Sèye, qui ne décolère pas contre la mauvaise gestion de l’Institut. Certains musulmans même chrétiens comme réaction déclarent qu’il faut retirer ces filles de cette école catholique et les inscrire dans des établissements qui n’interdisent pas le voile islamique. Une telle fausse solution est grosse de danger en cela qu’elle va créer un précédent dangereux aux conséquences dévastatrices. Même si l’école est dirigée par des catholiques, l’enseignement qui y est dispensé est laïc c’est-à-dire qu’il n’a aucun substrat religieux. Le programme sénégalais de même que celui français y est enseigné.
L’éducation est un droit universel reconnu par la déclaration universelle des Droits de l’homme. L’école qui dispense le programme sénégalais est une école de la République, appartient-elle à des catholiques, musulmans, athées, juifs ou même francs-maçons. Une telle vision des choses conduira demain dans d’autres domaines comportements pareils à ce que la Pucelle d’Orléans, pardon, sénégalaise veut imposer.
La Gravissimum Educationis, signée à Rome le 28 octobre 1965 et qui est la Déclaration sur l'éducation produite lors du IIᵉ concile œcuménique du Vatican, stipule : « Tous les hommes de n’importe quelle race, âge ou condition, possèdent, en tant qu’ils jouissent de la dignité de personne, un droit inaliénable à une éducation qui réponde à leur vocation propre, soit conforme à leur tempérament, à la différence des sexes, à la culture et aux traditions nationales, en même temps qu’ouverte aux échanges fraternels avec les autres peuples pour favoriser l’unité véritable et la paix dans le monde. »
De même, le Concile demande instamment à « tous ceux qui gouvernent les peuples ou dirigent l’éducation de faire en sorte que jamais la jeunesse ne soit privée de ce droit sacré. Il exhorte les fils de l’Église à travailler généreusement dans tous les secteurs de l’éducation, spécialement pour hâter la diffusion des bienfaits d’une éducation et d’une instruction convenables, pour tous, dans le monde entier ».
Et le Concile de terminer sur un devoir indérogeable : « Les parents doivent donc jouir d’une liberté véritable dans le choix de l’école. Les pouvoirs publics, dont le rôle est de protéger et de défendre les libertés des citoyens, doivent veiller à ce que les parents puissent jouir d’une authentique liberté dans le choix de l’école de leurs enfants selon leur conscience. C’est encore le rôle de l’État de veiller à ce que tous les citoyens parviennent à participer véritablement à la culture et soient préparés comme il se doit à l’exercice des devoirs et des droits du citoyen. L’État doit donc garantir le droit des enfants à une éducation scolaire adéquate, veiller à la capacité des maîtres au niveau des études, ainsi qu’à la santé des élèves, et d’une façon générale développer l’ensemble du système scolaire. » Par conséquent, les autorités de l’ISJA devaient s’inspirer de ce texte vaticanesque qui s’adosse à un socle axiologique et doxologique et qui révolutionne l’Education catholique.
L’aporie des prêcheurs et bien-pensants
Oustaz Aliou Sall, Serigne Fallou Dieng, Serigne Modou Bousso Dieng, Ahmed Khalifa Niass et autres prêcheurs bien-pensants qui donnent tort à des musulmans d’avoir choisi une école catholique pour leur progéniture font preuve inconsciemment de sectarisme et de division. Et c’est donner du grain à moudre aux établissements (Hyacinthe Thiandoum, les Flamboyants, Anne Marie Javouhey et Abbé David Boilat de Thiès, Didier Marie) qui avaient interdit en 2011 et 2016 en vain le port du voile pour réchauffer leur circulaire prohibitive. Le parent qui décide d’inscrire son enfant dans un établissement dispensant le programme sénégalais ne doit pas mettre une religion sur la figure de l’enseignant. De même que ce dernier ou les autorités de l’école ne doivent pas mettre une religion sur la figure de l’apprenant. Il n’y a que le citoyen enseignant ou apprenant qui compte ici. Si l’on décide aujourd’hui de ne pas inscrire un enfant dans un établissement appartenant à des catholiques ou à des musulmans, il faut s’attendre demain à son glissement mortifère dans d’autres domaines. Un commerçant catholique refusera de vendre à quelqu’un sous prétexte qu’elle porte un voile islamique ou bien un commerçant musulman fera la même chose à l’endroit d’un chrétien sous prétexte qu’il porte la croix du Seigneur Jésus. On refusera de servir un client dans un restaurant sous prétexte qu’il porte une barbe. On refusera de se faire soigner par un médecin sous prétexte qu’il est un barbu ou qu’il porte une croix. Et voilà ces postures scissipares qui risquent d’ébrécher, voire de fracturer à moyen ou long terme l’entre-soi des citoyens sénégalais. Alors ceux qui prônent comme solution le fait d’aller s’inscrire ailleurs, vont-ils dire qu’il faut faire ses emplettes dans une boutique détenue par une personne de même confession religieuse que l’acheteur, manger dans un restaurant en prenant en compte la religion du serveur ou se faire soigner par son coreligionnaire ? Leur mantra n’est que cautère sur jambe de bois. Pour paraphraser le professeur d’histoire belge Michel Staszewski, je dirais que « cette solution prônée par nos prêcheurs est un terreau fertile pour le repli identitaire. Elle favorise le développement de tendances communautaristes. Ainsi les filles voilées deviennent donc les victimes innocentes d’une institution qui rejette l’entre-soi. L’ostracisme qui frappe le voile à l’ISJA porte atteinte à une mission fondamentale de l’École publique sénégalaise : être un lieu accueillant pour tous, quelles que soient leurs options philosophiques, leurs croyances religieuses de manière à favoriser la rencontre et la confrontation pacifique des idées et des cultures, un moyen irremplaçable de favoriser le développement de la tolérance et de l’esprit critique, de construire du lien social entre des personnes qui ne sont pas réunies sur une base communautaire. »
Le 15 janvier 2013, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a condamné le Royaume-Uni à verser à l’hôtesse 2000 euros pour dommage moral et 30 000 euros pour frais et dépens pour discrimination envers une hôtesse de l’air de British Airways, Nadia Eweida, d’origine égyptienne. Cette dernière s’était vu refuser le droit d’arborer une petite croix chrétienne autour du cou. La CEDH a estimé que les tribunaux britanniques – qui avaient débouté cette hôtesse lors de ses recours contre son employeur – n’avaient pas ménagé un juste équilibre entre son désir de vivre sa foi et la volonté de la compagnie d’imposer un code vestimentaire. Autrement dit, la CEDH autorise le port visible de la croix chrétienne autour du cou, l’étoile de David du fait qu’elle autorise aussi le port d’un foulard islamique ou d’un turban sikh. Dire que cette affaire ne concerne essentiellement que les Libano-Syriens ou une caste de ploutocrates, c’est verser inconsciemment dans la discrimination.
Que ceux qui brandissent l’exemple de Touba, de Tivaouane et de Cambérène pour justifier la décision de l’ISJA sachent qu’on ne répare pas une injustice par une injustice. D’ailleurs, tel est loin d’être le cas dans ces exemples mal choisis. En France, berceau de la laïcité, « la loi de 1905 ne s’applique pas aujourd’hui à l’Alsace-Moselle, qui est soumise à un statut des cultes spécifique issu de la période napoléonienne, le régime concordataire de 1801. C’est une convention internationale qui lie la France et le Saint-Siège et ne régit donc que le culte catholique. A cela s’ajoutent les textes qui concernent les protestants en 1802, puis le culte israélite en 1844. Tout cela implique aujourd’hui que l’Etat paie en Alsace-Moselle les salaires des curés, pasteurs et rabbins et qu’un système permet aux communes d’intervenir dans le financement de l’entretien d’édifices cultuels. Pourtant, l’article 2 de la loi de 1905 prévoit que la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte. »
La loi est générale et impersonnelle
Une loi ne s’accommode ni de nombre, ni couleur épidermique, ni de nationalité, ni de rang social, ni d’appartenance ethnique, confrérique ou religieuse. Les allogènes sont protégés par nos lois au même titre que les autochtones. Vouloir regarder le problème sous le prisme déformant de l’idéologie, c’est emprunter une fausse piste qui mène vers une aporie. On a dit que « les pauvres filles voilées sont des perturbatrices qu’il faut foutre dehors ». Pourtant ces pauvres chérubins ne sont que des victimes perturbées dans cette histoire où elles risquent d’être des agnelles du sacrifice si l’Etat ne fait pas preuve d’autorité. Et paradoxalement, les filles victimes innocentes dont le seul tort est de vouloir apprendre en s’accommodant d’un simple couvre-chef deviennent les coupables qu’il faut châtier sans aménités avec le martinet. La véritable perturbatrice dans cette affaire, c’est la Pucelle de Dakar qui veut se doter d’un règlement dérogatoire aux dispositions de notre législation. Et celle qui se prend pour Jeanne d’Arc personnifiée, c’est ce lugubre belphégor du nom de Rayanna Tall qui joue le rôle d’un cheval de Troie dans le combat que la France maçonnique, agnostique et laïciste mène mortellement contre les adeptes des différentes religions qui peuplent l’école de Jules Ferry.
Je rappelle à Rayanna Tall que le mercredi 30 mai 1431, 71 juges dont un évêque, 9 archidiacres ou abbés, 8 chanoines, 22 prêtres, moines, frères prêcheurs, inquisiteurs ou consulteurs de l’Inquisition, 23 docteurs en théologie accusèrent Jeanne d’Arc, la Pucelle, de séditieuse, perturbatrice et impéditive de la paix, excitatrice aux guerres et la condamnèrent au bûcher. Par conséquent, il ne faut pas, par l’intransigeance et l’agitation stérile d’une marionnette de la France, créer une situation inédite dans ce pays qui mène vers des lendemains destructeurs.
L’école sénégalaise publique comme privée est l’école de la diversité, du multiculturalisme. Il faut reconnaitre dans cette affaire que Sainte Jeanne est fautive parce qu’elle viole notre Constitution. Le règlement intérieur de l’ISJA ne peut être au-delà de la loi fondamentale toute comme il ne peut se faire sans la validation de l’autorité de l’éducation nationale. Maintenant pourquoi autorise-t-on l’ISJA qui est un établissement biculturel, c’est-à-dire dispensant un programme sénégalais et français séparément de souscrire au décret organisant l’ouverture et la fermeture des écoles françaises et pas celui de notre pays ? La réponse à cette question pourrait nous édifier sur le modèle de leur règlement intérieur qui s’inspire de la loi française du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. En effet, le premier alinéa de l’article L. 141-5-1 du code de l’éducation française stipule : « dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. »
Le même article en son alinéa 3 indique que «lorsqu’un élève inscrit dans l’établissement se présente avec un signe ou une tenue susceptible de tomber sous le coup de l’interdiction, il importe d’engager immédiatement le dialogue avec lui. Le chef d’établissement conduit le dialogue en liaison avec l’équipe de direction et les équipes éducatives en faisant notamment appel aux enseignants qui connaissent l’élève concerné et pourront apporter leur contribution à la résolution du problème. » Ce qui est loin d’être le cas avec la violente Rayanna Tall qui préfère avec ses complices sortir le glaive plutôt que d’user de l’arme du dialogue. Dans cette affaire ISJA, la chef de l’établissement fait preuve d’un autoritarisme outrancier, refusant d’engager toute explication avec les élèves concernées, leurs parents et même la presse. Son seul leitmotiv, c’est cette phrase aussi lapidaire que floue : « Nous n'avons renvoyé aucun élève. Nous avons donné aux familles le règlement intérieur dès le mois de mai. Elles ont pu lire ce règlement, le signer et le valider avant les demandes d'inscription. » Une telle chef d’établissement qui fait montre d’une telle froideur méprisante et d’une telle fermeture rebutante ne mérite pas de truster la direction d’une institution qui a écrit son nom en lettres d’or dans l’éducation nationale.
Par conséquent, les élèves voilées qui refusent le sort arbitraire qu’on leur a infligé sont traumatisées, brimées, violentées. A l’instar du Seigneur Jésus injustement condamné et conduit au Golgotha, ces enfants portent désespérément leur croix en attendant le sacrifice christique. Pourtant leur casier scolaire vierge plaide en leur faveur puisqu’elles sont travailleuses, sérieuses et intègres. D’ailleurs, le communiqué daté du 9 septembre dernier émis par le personnel enseignant et administratif de Jeanne d’Arc confirme que « ces filles voilées font parties des élèves les plus studieuses, les plus sérieuses et les plus intègres de l’établissement ». Mais diantre que cherche-t-on donc dans nos établissements si ce ne sont ces valeurs cardinales susnommées qui font le lit de la réussite ?
Ainsi, il appert que les raisons invoquées par la chef de l’établissement Rayanna Tall au mois de mai dernier « refus de serrer la main de camarades ou refus de s’asseoir avec eux sur la même table banc, sous prétexte de convictions religieuses, se regrouper et s’isoler dans la cour de récréation pour les mêmes raisons et refuser le port strict de l’uniforme de l’école » pour priver les filles voilées d’inscription sont purement mensongères. D’ailleurs, son argumentaire n’est qu’une resucée des propos de l’archevêque Monseigneur Théodore Adrien Sarr quand en 2011, certaines écoles catholiques avaient décidé d’interdire le port du voile. Dire que les élèves voilées refusent de s’intégrer dans la communauté élève de l’ISJA, qu’elles refusent de donner la main aux garçons, bref qu’elles menacent le vivre-ensemble au sein de l’Institut est une contrevérité d’autant que leurs condisciples ont manifesté toute leur solidarité à l’endroit de de leurs camarades exclues. Si ce vivre-ensemble est menacé dans ses fondements en 2019, pourquoi ne l’était-il pas durant toutes ces années où le voile a fait son apparition chez les élèves. Et quid des sœurs qui officient au sein de l’ISJA se couvrant toujours de leur voile pudique qui rappelle la Sainte vierge Marie, mère du Christ, symbole de la tolérance et apôtre de la diversité et même la bienheureuse Anne Marie Javouhey, fondatrice de la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny ?
Depuis que l’affaire fait couler beaucoup de salives et beaucoup d’encre, le ministre de l’Education dont la voix fait autorité s’est engoncé dans un mutisme lâche qui pourrit la situation, affaiblit les élèves exclues et renforce l’autoritarisme de Rayanna Tall. D’ailleurs la réponse virale et virulente du Conseil national du laïcat du Sénégal du 9 mai 2019 a sonné Mamadou Talla au point qu’il est devenu aphasique et frileux dans cette polémique qui enfle de jour en jour. Et si cette situation perdure, il est à craindre que la cohabitation islamo-chrétienne risque d’en prendre un sacré coup.
Appliquer la jurisprudence Kalidou Diallo
A la rentrée scolaire de 2011, suite à l’exclusion d’une vingtaine d’élèves pour port de voile au collège Hyacinthe Thiandoum suivi par d’autres établissements scolaires catholique, les Flamboyants, Anne Marie Javouhey et Abbé David Boilat de Thiès, l’alors ministre de l’Education, Kalidou Diallo, avait fait preuve de fermeté et d’autorité.
« Je tiens à rappeler que la Loi fondamentale ainsi que le décret qui régit les écoles privées au Sénégal stipule que celles-ci ont le devoir et l’obligation de recevoir tous les enfants sénégalais, quelle que soit leur confession. Les écoles ont l’obligation de respecter leur croyance et coutume et tout ce qui va avec, y compris la tenue ». Il précisait, en outre : « aucun établissement ne peut avoir un règlement intérieur supérieur à ce principe. Force restera à la loi. Toute école qui dérogera sera fermée ». « Les textes fondamentaux du Sénégal. Je ferai une circulaire de rappel à tous les établissements privés et confessionnels pour qu’on sache que le Sénégal est un pays laïc, démocratique qui respecte toutes les sensibilités », martelait-il, ferme. Donc comme l’avait dit Kalidou force doit rester à la loi.
Le projet éducatif de l'Institution Sainte Jeanne d'Arc qui a été rédigé au cours de l'année 2014-2015 dit dans son épilogue : « Elle (Sainte Jeanne d'Arc, ndlr) se veut un lieu de rencontre en humanité et d'accueil de l'autre dans sa différence. » Et cela est complété par les sages propos de sœur Yvonne qui a vécu 18 ans à l’ISJA : « Tout le monde trouve sa place dans l’Institution. Jeanne d’Arc est (et reste, ndlr) une vraie famille ». Malheureusement, ce rêve risque de se transformer en cauchemar si l’on n’y prend pas garde. Déjà les menaces entre les deux communautés prolifèrent et les premières salves commencent à être tirées sur les réseaux sociaux. Au détriment du vivre-ensemble sénégalais.
Pour finir, je dirai aux niais somnambules que cette affaire qu’ils considèrent banale risque, si l’on n’y prend pas garde, de prendre des proportions démesurées. Banalisé par l’armée nigériane, Boko Haram, un quarteron d’étudiants non armé dirigé par Mohamed Yusuf au début des années 2000, est devenu aujourd’hui l’organisation terroriste la plus redoutable en Afrique de l’ouest.
Une étincelle peut mettre le feu à la plaine. Comme celle qui a allumé le bûcher de Jeanne d’Arc un mercredi 30 mai 1431 par le bourreau Geoffroy Thérarge.