Au moins quatre personnes ont été interpellées mercredi à Dakar au moment où elles manifestaient contre l'interdiction du port du voile décrétée par une école catholique de la capitale sénégalaise, une décision fustigée par des parents d'élèves et des responsables politiques et religieux musulmans, a-t-on appris de sources concordantes.
Le père d'une élève et quatre militants de l'association "Nittu dëgg" (Des hommes véridiques, en wolof), qui milite pour la "restauration des valeurs", a indiqué à l'AFP le militant Guy Marius Sagna, figure de proue de l'organisation "Frapp-France Dégage" (Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine), à laquelle Nittu dëgg est affiliée.
"Au moins quatre personnes ont été arrêtées ce matin" devant l'Institution Sainte-Jeanne-d'Arc, a dit à l'AFP une source policière.
Entrée en vigueur début septembre, le nouveau règlement de cette école fréquentée par les enfants de familles aisées, stipule que la "tenue autorisée" se composera dorénavant "de l'uniforme habituel, avec une tête découverte, aussi bien pour les filles que les garçons".
Depuis le 4 septembre, une dizaine d'élèves portant le voile, sur quelque 1.700 inscrits, n'ont pas été autorisées à suivre les cours par la direction de l'école, fondée en 1939 par la Congrégation des Soeurs de Saint-Joseph de Cluny, basée en France.
La mesure a provoqué une vive polémique au Sénégal, république officiellement "laïque" - mais dont plus de 90% de la population est musulmane - réputée par sa tolérance religieuse.
Alors que certains soulignaient dans la presse et sur les réseaux sociaux que l'école avait le droit de mettre en oeuvre son règlement et que les parents insatisfaits pouvaient choisir un autre établissement, d'autres insistaient sur l'obligation pour les écoles reconnues par l'Etat de ne pas interférer avec les convictions religieuses des élèves.
Un ministre-conseiller du chef de l'Etat Macky Sall, Moustapha Diakhaté, a prôné lundi l'application stricte de la loi républicaine. "Le ministre de l'Education dispose de deux leviers: placer l'école sous délégation spéciale ou retirer son agrément", a-t-il écrit sur sa page Facebook personnelle.
Un leader religieux très influent, le khalife général des tidianes, l'une des confréries soufies les plus puissantes du pays, Serigne Mbaye Sy Mansou, a réclamé une intervention de l'Assemblée nationale. Estimant que le Sénégal "n'est pas un pays laïque", le chef de file des file des tidianes juge que "cette école n'a aucun respect pour ce pays".
Les Sénégalaises sortent généralement en rue tête nue, coiffées d'une perruque à la mode ou d'un foulard aux couleurs éclatantes, assorties à leurs boubous ou robes traditionnelles.
Le hijab, qui ne laisse voir que l’ovale du visage et dont l'usage est courant dans le monde musulman, reste marginal au Sénégal, où il est porté par des Sénégalaises aux pratiques religieuses rigoristes et par des étrangères.
par Cherifkhana
DE GRÂCE, ARRÊTEZ DE "TRANSMUTER", CONTINUEZ DE NOUS IRRADIER !
Un esprit exceptionnel comme Souleymane Bachir Diagne ne peut pas ignorer l’excellente et massive production intellectuelle de Cheikh Anta au point de devoir se contenter de l’histoire controversée du labo Carbone 14 de l’IFAN pour lui rendre hommage
Chers grand-frères, permettez-moi de vous appeler Pr Bachir et Pr Boris.
Même les esprits les plus brillants peuvent être, un laps de temps, piégés par le cœur et, durablement, par le parti pris. Entre-temps, on cesse d’être un intellectuel pour goûter aux amers délices de la dépendance tristement subie ou honteusement choisie.
Ce n’est pas comme ça qu’on vous aime. Ce n’est pas pour ça qu’on vous aime.
Pr Boris est certainement offusqué par une vérité incongrue déballant un fait selon lequel, en prétendant être le père du labo Carbone 14 de l’IFAN, Cheikh A. Diop serait un usurpateur. Une vérité historique donc rétablie par le philosophe libre-penseur, Pr Bachir, qui fait notre fierté, mais qui a pourtant tort de déserter le champ de la critique scientifique dès lors qu’il a essayé de transformer, à titre posthume, une vérité gênante sur le parcours de Cheikh A. Diop, en hommage à ce dernier.
Un esprit exceptionnel comme Pr Bachir ne peut pas ignorer l’excellente et massive production intellectuelle de Cheikh A. Diop au point de devoir se contenter de l’histoire controversée du labo Carbone 14 de l’IFAN pour lui rendre hommage. C’est quand-même quelque peu suspect de prétendre rendre hommage à un guerrier, en remettant au goût du jour ses hauts faits connus alors même qu’on pointe du doigt la seule tâche noire qui les dénature. Ça a tout l’air d’enfoncer une porte déjà largement ouverte, juste pour exposer la dégradation de celle-ci.
Entendons-nous bien, Pr Bachir, personne n’ose se risquer à la prétention autoritaire de vous dénier votre droit naturel, mais surtout professionnel, de rappeler ou de rétablir une vérité historique ; c’est votre travail de toujours et d’à jamais, mais de la même manière, vous ne risquerez pas de ne pas être indulgent avec un de vos meilleurs élèves spirituels qui décide de s’adonner au jeu favori de son maître qui consiste à réfléchir librement, sans légèreté aucune et sans la moindre pression.
Plongeons-nous dans cette partie de votre texte : « La légende du centre des basses énergies de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire. « Je jouais dans l’article avec l’ancêtre des laboratoires scientifiques qu’étaient les cabinets des alchimistes qui cherchaient le moyen de transformer le métal le plus vil en or pur. Pour exprimer le propos suivant : d’un laboratoire fondé sous l’autorité des directeurs de l’IFAN, le professeur C. A. Diop avait su faire un trésor. Alors qu’on l’avait empêché d’accéder à l’université en utilisant tous les moyens en commençant par la mention qui avait sanctionné sa thèse, et alors qu’on l’avait exilé dans ce laboratoire, il avait transformé ce bannissement en triomphe et fait de son laboratoire de l’or. On me permettra de me citer en me traduisant en Français : « il y a un signe qui ne trompe pas et qui distingue les grands hommes, c’est la capacité de transformer l’exil en royaume. Diop a montré cette capacité. ». C’est cette phrase qui est le cœur du texte que j’ai donné pour le catalogue…. ». Cette partie de votre texte respecte aussi bien la commande « des responsables d’une exposition consacrée au « laboratoire » sous toutes ses formes », que votre intention réaffirmée de faire l’éloge du Pr Cheikh A. Diop ; ce qui me semble être vos deux préoccupations principales.
Si tout le reste du texte avait continué à encadrer « la phrase qui est le cœur du texte que j’ai donné pour le catalogue », personne n’aurait soupçonné la moindre subtilité vicieuse dans vos propos ; parce que votre rappel historique, en introduction, s’était juste contenté de décliner les noms des anciens directeurs de l’IFAN en vos termes « … d’un laboratoire fondé sous l’autorité des directeurs de l’IFAN, le professeur C. A. Diop avait su faire un trésor ».
Je suppose alors que l’inquiétude de votre frère Pr Boris est née de la « transmutation » (je vous emprunte le bel emploi du mot) de votre noble intention de départ en un redressement d’un tort imputable au Pr Cheikh A. Diop. Selon vos propos, « Diop a transformé un laboratoire tout à fait ordinaire pour datation de carbone 14 tel qu’il avait été créé par Théodore Monod avant d’être complètement terminé par Vincent Monteil en un lieu de légende, un véritable cabinet d’alchimiste ». Vous remarquerez qu’au niveau de la forme, vous avez fait « transmuter » les autorités-directeurs de l’IFAN avant l’avènement de Cheikh Anta en, successivement, créateur (Théodore Monod) et terminateur (Vincent Monteil) du laboratoire carbone 14. Vous avez « tué » le Pr Cheikh A. Diop qui disparaît totalement du processus de réalisation de « son » laboratoire carbone 14. Un curieux hommage ; convenons-en !
Cette nouvelle posture de la part d’un esprit aussi lumineux que vous, Pr Bachir, ne peut être fortuite. Elle est plutôt le fruit d’un exercice complexe d’inclusion mutuelle d’évènements contradictoires, à travers l’éloge d’une gloriole qui devrait nous enseigner que « même s’il a vaincu sans péril, Cheikh A. Diop peut quand-même triompher glorieusement ».
Voilà ce qui a fait « transmuter » le Pr Boris, d’intellectuel réputé en militant de la cause « CheikhAntaïste ».
Cher Pr Bachir, ne voyez ni cynisme ni mauvaise foi dans mon propos ; peut-être de la « transmutation », je vous le concède. Sans prétention ni parti pris, j’ai pris le risque de m’attaquer à deux monuments avec un marteau de menuisier. Je ne peux qu’y laisser des plumes ; tant pis pour moi. Mais je me consolerai avec l’amour et le respect pour ces dignes et précieux fils du Sénégal, que je partage avec les sénégalais.
Chers grands frères, la politique a fini de consumer bon nombre de ses enfants, le Sénégal vous demande de continuer de le faire rêver.
A mes risques et périls !
par Ousmane Sonko
ENRICHIR DES LOBBIES ÉTRANGERS, TEL SEMBLE ÊTRE LE MANDAT DE MACKY
Nous devons non seulement lutter, mais surtout gagner la bataille contre la mal-gouvernance, la corruption d'Etat, le bradage des patrimoines nationaux et l'impunité
Enrichir des entreprises et des lobbies étrangers, tel semble le mandat du gouvernement de Macky Sall, qui s’emploie tous les jours à brader nos ressources, fragiliser notre économie et notre secteur privé.
Cette politique désastreuse, qui traduit l'incapacité de l’État à faire face aux vraies priorités (santé, éducation, emploi, inondations, sécurité...), entraîne quotidiennement des conséquences dramatiques sur nos vies.
Nos concitoyens les plus fragiles sont humiliés et laissés dans une précarité sans précédent. Cela ne peut plus durer.
Nous devons non seulement lutter, mais surtout gagner la bataille contre la mal-gouvernance, la corruption d'Etat, le bradage des patrimoines nationaux et l'impunité.
Je lance donc un appel solennel à l’ensemble des organisations syndicales, associatives, politiques... J’appelle la jeunesse, les Sénégalais de tous bords, à contribuer à la réussite de la grande mobilisation nationale de la plate-forme AAR LI NU BOKK ce vendredi 13 septembre 2019.
Ses propos ne sont pas des accusations, mais des imputations puériles d'un homme aux abois - Il a vendu « Dagana » lors des Législatives de 2017, puisque battu dans son propre bureau de vote, ce qui constituait l’acte 1 du complot ourdi avec le pouvoir
Les propos d’Oumar Sarr ne sont pas, à vrai dire, des accusations mais des imputations puériles qui montrent la pusillanimité d’un homme aux abois.
Les jeunes ont exhibé la carte de membre du PDS de Karim sur les écrans de télévision. Fallait-il s’en donner la peine ?
Pour le reste, Oumar Sarr sait très bien que Karim a été déporté contre sa volonté. Enlevé en pleine nuit, il n’a été au courant que lorsque de fortes pressions l’ont obligé à se voir délivrer, à la prison même, les documents de voyage, opération suivie immédiatement de l’embarquement pour Doha.
Oumar Sarr est l’artisan de plusieurs défections dans le PDS car n’ayant pas pu faire preuve de conciliation et d’ouverture pour massifier le Parti. Au contraire, il a toujours été prompt à exécuter les militants « indisciplinés ». Son inaccessibilité a toujours été légendaire et décriée par ses frères et sœurs de parti.
Comment peut-on être numéro 2 et demeurer injoignable par les militants et les responsables ? La façon dont il dirigeait les réunions du Comité Directeur montrait à suffisance que la tâche ne l’intéressait pas. La trahison est presque permanente : il a vendu « Dagana » lors des Législatives de 2017, puisque battu dans son propre bureau de vote, ce qui constituait l’acte 1 du complot ourdi avec le pouvoir.
Conscient de son « inefficacité », le Secrétaire Général National a voulu à plusieurs reprises le remplacer, mais il a toujours bénéficié d’une intervention bienveillante de celui qu’il appelle aujourd’hui « le poltron ». Décidément, le ridicule ne tue plus sous nos cieux.
Karim Wade a quitté une réunion de travail à Londres pour venir répondre à la convocation d’une juridiction d’exception qui n’existe qu’au Sénégal. A la tête de plusieurs départements ministériels, il n’a jamais été épinglé par aucun corps de contrôle. Dans son conflit contre l’Etat du Sénégal, toutes les juridictions internationales lui ont donné raison.
Aujourd’hui, il incarne l’espoir, l’avenir et il est le plus à même de conduire les destinées du parti, n’en déplaise à ses détracteurs. Les trahisons et le temps l’ont imposé au PDS.
Il sera bientôt parmi nous, dès qu’il aura terminé le travail international qu’il a si bien mené jusqu’ici, travail jalonné de victoires, plusieurs fois devant la CEDEAO, la justice française et les Nations-Unies.
Mayoro Faye est Secrétaire National chargé de la communication du PDS
QUI UTILISE LE PLUS LA TÉLÉVISION, LA RADIO ET INTERNET EN 2019 EN AFRIQUE ?
Les Congolais (RDC) et les Gabonais sont ceux qui regardent le plus la télévision, mais c'est au Mali et au Burkina qu'on écoute le plus la radio. Concernant l'usage d'internet, les Sénégalais sont en tête des usagers, selon le cabinet Kantar
Jeune Afrique |
Théau Monnet |
Publication 11/09/2019
Aux Congolais la télé, aux Burkinabés la radio, aux Sénégalais internet. La filiale française du cabinet d’étude et de conseil Kantar, spécialiste international de l’observation du comportement des utilisateurs de médias, a publié début septembre son études Africascope 2019.
Celle-ci couvre huit pays d’Afrique subsaharienne : Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, République Démocratique du Congo, République du Congo, Sénégal, l’ensemble représentant au total 19,1 millions d’individus âgés de quinze ans et plus.
Le cabinet estime que « les acteurs médias et les annonceurs manifestant un intérêt croissant pour l’Afrique », cette radioscopie offre aux annonceurs de une connaissance des consommateurs pour une valorisation des médias et une optimisation des investissements publicitaires.
28 % d’usagers quotidiens d’internet
Dans les grandes lignes, cette étude montre qu’en 2019, 92 % des Africains sondés ont regardé la télévision quotidiennement durant en moyenne 3h56, soit quatre minutes de moins qu’en 2018. 62 % d’entre eux ont écouté la radio quotidiennement, pendant une durée moyenne de 1h29.
Pour ce qui est d’internet, ils sont 53 % à s’être connectés occasionnellement et 28 % à se connecter tous les jours ou presque (deux points de plus qu’en 2018) pendant 42 minutes en moyenne.
Africascope dans les détails
• Télévision :
Les chaînes TV internationales et panafricaines les plus regardées sur la zone sont : Novelas TV, TV5MONDE, Canal+ Sport, Trace Africa, Nollywood TV, France 24, Action et A+.
Au niveau national, en tête des parts d’audience, Kantar cite :
– au Sénégal TFM, SEN TV et 2STV ;
– en Côte d’Ivoire les chaînes publiques RTI 1 & 2 ;
– en RDC Molière TV, Antenne 1 et Digital Congo TV ;
– au Cameroun CRTV, Canal 2 et Equinoxe TV ;
– au Gabon la RTG ;
– au Mali ORTM, TM2 mais aussi Cherifla TV;
– au Burkina Faso BF1 et TNB
– et enfin au Congo, Télé Congo et la DRTV.
• Radio
Alors qu’ils passent le moins de temps devant leur télévision (2h31), les champions de l’écoute radio sont les Maliens, avec une durée d’écoute moyenne de 2h21 par jour, et les Burkinabés qui culminent à près de 3h08.
Parmi les stations nationales les plus écoutées on trouve : Zik FM à Dakar, Radio Al Bayane à Abidjan, la station nationale CRTV à Douala et Yaoundé, Top Congo à Kinshasa, Radio Congo à Brazzaville, Urban FM à Libreville, Radio Savane à Ouagadougou et Radio Liberté à Bamako.
Du côté des stations internationales, RFI est présente dans le Top 3 des radios les plus écoutées dans sept des huit pays étudiés indique Kantar. Elle est la radio la plus écoutée au Gabon et au Congo.
• Internet
En 2019, les utilisateur du panel étaient 53 % à s’être connectés à Internet occasionnellement et 28 % à se connecter tous les jours ou presque (contre 26 % en 2018). Si selon Kantar la part d’internautes réguliers paraît stable, le Sénégal enregistre une croissance plus importante que les autres pays, avec 48 %, d’utilisateurs quotidiens, et cinq point de plus qu’en 2018.
Ils suivent majoritairement leurs proches (amis, familles), et sont 32 % à suivre les comptes des médias d’information. Enfin près d’un quart suivent des personnalités « people », des influenceurs et des hommes politiques.
MACRON COURTISE LA DIASPORA POUR RENOUVELER LES RELATIONS AVEC L'AFRIQUE
Face à une perte d’influence politique et économique sur le continent, le président français multiplie les actions et les discours en faveur de l’Afrique et de sa diaspora
Sortir du paternalisme, mettre en place un nouveau partenariat stratégique, s'appuyer sur le rôle de la diaspora... Emmanuel Macron veut poser les bases d’une nouvelle relation avec l’Afrique. Dans ses différents discours depuis celui, retentissant, de Ouagadougou, en novembre 2017, où il a prôné la fin de la Françafrique, le président français dessine les contours de ce que pourrait être le nouveau paradigme des rapports entre l’ancienne puissance coloniale et le continent.
Le 27 août, lors de la Conférence des ambassadeurs à l’Élysée, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que les stratégies françaises doivent désormais se “concevoir avec nos partenaires africains” et être portées “avec eux et pour eux”. En énumérant les différentes priorités et les engagements de la France sur le continent, le président a expliqué aux représentants de la diplomatie française qu'“une relation avec l’Afrique basée sur un sentiment ou parfois des réalités d’asymétrie” n'était plus d'actualité.
Pour Lionel Zinsou, économiste franco-béninois et ancien ministre du Bénin, membre du premier cercle d’Emmanuel Macron, le président veut “changer les codes, balancer les clichés pour ne plus vivre avec les oripeaux du colonialisme, du néocolonialisme ou de l’anticolonialisme. Il faut cesser d’être dans un rapport hégémonique vis-à-vis de l’Afrique. C’est complètement dépassé”.“Emmanuel Macron pose des bases complètement différentes et tournées vers l’innovation ou l’emploi des femmes. Il considère que ce qui s’est passé, trente ou quarante ans avant sa naissance l’intéresse peu” ajoute l'ancien chantre, en France, de l’afro-optimisme, un courant de pensée né dans les années 2000 qui prône l’émergence rapide de l’Afrique.
“Emmanuel Macron renouvelle les visions et on sent que son discours à Ouagadougou a évolué. Mais il faut que les paroles soient suivies d’actes” déclare Jean-Claude Félix-Tchicaya, chercheur pour l’Institut de prospective et sécurité en Europe (IPSE).
Ambassadeurs naturels
Pour refonder les relations avec l’Afrique, le président français veut s’appuyer sur les élites franco-africaines. En juillet, il a réuni à l’Élysée près de 400 représentants des diasporas africaines triés sur le volet dont des entrepreneurs, des membres d’associations mais aussi des célébrités pour initier un dialogue. Mais surtout faire d’eux des ambassadeurs de la nouvelle politique française vis-à-vis de l’Afrique.
“Parce qu’ils connaissent les codes, ici et sur le continent, ils sont des ambassadeurs naturels pour tisser des liens nouveaux. Donner la parole à la diaspora permet aussi de mieux comprendre ses attentes et de susciter la conversion des regards entre l’Afrique et la France”, justifie Wilfrid Lauriano do Rego, nouveau coordonnateur du Conseil présidentiel pour l’Afrique, contacté par France 24.
Pour celui qui est aussi membre du conseil de surveillance de KPMG France, réseau international de cabinets d'audit, plusieurs membres de la diaspora “ont la volonté de mettre leur énergie, leurs compétences et leurs ressources au service du développement de l’Afrique. Ils jouent déjà un rôle financier important sur le continent, et la France doit les encourager à diriger leurs efforts vers des projets créateurs de richesses et d’emplois, en particulier pour les jeunes”.
Créé en août 2017 par Emmanuel Macron, le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) composé de binationaux français et africains doit orienter le chef de l’État sur la nouvelle relation de la France à l’endroit de l’Afrique. “Le CPA est la boîte à idées d’Emmanuel Macron. Il en retient beaucoup. Et cela va jusque dans les détails du langage, de positionnement des visites et de la nature des discours” explique Lionel Zinsou.
Plus concrètement, le CPA a inspiré le discours d’Emmanuel Macron à Ouagadougou, a permis de lancer le débat sur la restitution des trésors royaux réclamés par le Bénin. C’est aussi de ses travaux qu’est partie l’idée d’initier la saison des cultures africaines Africa 2020, un évènement culturel qui se déroulera entre juin et décembre 2020 dont le but est de célébrer la créativité africaine. “Africa 2020 va au-délà des simples établissements culturels. C’est destiné à valoriser l’Afrique créative. Ce sont les arts, mais ce sont les technologies aussi”, explique Lionel Zinsou, qui en est aussi le président du comité d’orientation.
Le CPA a aussi joué une part active pour la forte présence de l’Afrique, depuis deux ans, au grand salon de technologie Vivatech où a été annoncé un programme de 65 millions d’euros en soutien aux start-ups africaines. Autant de clins d’œil à la jeunesse africaine bouillonnante, mais au sein de laquelle le sentiment anti-français gagne du terrain. Notamment sur des sujets sensibles comme la question du franc cfa ou ce qu'elle considère comme un appui implicite de la France aux régimes autoritaires en Afrique.
Une perte d’influence
Selon une étude réalisée par le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) en février 2019, la France ne jouit plus de la meilleure image auprès des jeunes leaders d’opinions africains. L’ancienne puissance coloniale est reléguée au cinquième rang au profit de l’Allemagne qui est vue par 45 % des 1 244 influenceurs sondés comme l’un“des partenaires les plus bénéfiques pour le continent”. Viennent juste après la Chine, les États-Unis et le Japon.
À l'Élysée, cette situation inquiète. En misant sur la diaspora africaine et en la mettant au cœur de sa diplomatie, Paris compte bien rattraper son retard sur ces nouvelles puissances émergentes. “Il y a peut-être une question de méthode à revoir, pour éviter ce 'French bashing' qui relève parfois de la perception, souvent de l’émotion, suscitée par une histoire commune que chaque partie devra assumer de façon transparente et responsable pour avancer” reconnaît Wilfrid Lauriano do Rego.
“Emmanuel Macron a bien compris que les convoitises chinoises, indiennes, allemandes ou brésiliennes ne s’embarassent pas ou très peu des anciens prismes. Ces pays ont une vision business”, explique pour sa part Jean-Claude Félix-Tchicaya.
“Il ne faut pas être naïf vis-à-vis des stratégies agressives de certains” réplique Wilfrid Lauriano do Rego. Mais “l’Afrique ne peut pas être présentée comme un marché sur lequel les grandes puissances se disputent leurs parts et la diaspora n’est pas un outil au service d’une politique d’influence ou d’hégémonie”.
Cependant Lionel Zinsou conclut qu’en “exaltant l’identité africaine, la France attend sûrement de remonter en influence politique, culturelle et économique”.