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20 juillet 2025
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
GUY MARIUS SAGNA, LA PATRIE OU L’AMOUR
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est un activiste avec un vrai ancrage, qui assume ses fragilités et ses impuissances mais qui n’abdique pas la lutte - Rencontre avec une icône naissante et portrait d’un humaniste radical - INVENTAIRE DES IDOLES
Il a été l’un des acteurs majeurs de la scène politique sénégalaise de cet été. Arrêté, incarcéré, puis libéré provisoirement par le régime de Macky Sall, pour ses prises de positions et déclarations, l’activiste Guy Marius Sagna incarne une nouvelle génération de la lutte anti-impérialiste avec son collectif « FRAPP France Dégage ». Un mouvement que le pouvoir sénégalais regarde avec crainte et méfiance. Rencontre avec une icône naissante et portrait d’un humaniste radical.
Le matin du 16 juillet 2019, peu après 8 heures, Guy Marius Sagna reçoit plusieurs appels d’un numéro qui ne figure pas sur son répertoire. Il se tâte mais ne décroche pas. Dans la foulée, il reçoit un SMS du commandant de la section de recherche de la gendarmerie de Colobane lui intimant l’ordre de le rappeler dès réception du message. Il s’exécute. Le commandant lui notifie alors sa convocation, qu’il a le choix d’aller chercher ou de recevoir. Il choisit la seconde option. Les gendarmes viennent le trouver à Dieuppeul, une commune au centre-sud de la capitale sénégalaise, lui remettent l’enveloppe, et à sa grande surprise l’embarquent et le mettent en garde à vue, puis en prison. La suite est connue, Guy Marius Sagna restera détenu jusqu’à la mi-août, avant de bénéficier d’une liberté provisoire.
L’affaire a fait les grands titres de la presse sénégalaise et internationale. Fanny Pigeaud, journaliste correspondante de Médiapart et co-autrice du livre contre le CFA, avec l’économiste Ndongo Samba Sylla, s’en émeut sur le site payant d’Edwy Plenel, article abondamment repris. A l’indignation collective face à cette détention qui paraît arbitraire, s’ajoute une forte mobilisation qui se concrétisera par des marches, jusqu’à une tribune collective, inédite et rare, d’intellectuels de renoms sur le continent et ailleurs, qui demande « la cessation de la violation des droits des citoyens au Sénégal, le respect de la liberté d’opinion et la libération immédiate de Guy Marius Sagna ». Au bas du texte, de signataires prestigieux : Cornel West, Makhily Gassama, Boubacar Boris Diop entre autres. La mobilisation qui fédère les organismes de défense des droits de l’homme (Raddho, Amnesty international…), fait mouche, même si à postériori, l’intéressé confie, avec une pointe de modestie « ne pas comprendre ce qui s’est réellement passé avec cet engouement et informe que les limiers de Colobane ont eu un autre détachement qui s’est rendu à son domicile le jour de son interpellation ».
Genèse d’un nouveau visage de la lutte anti-coloniale
Quand on lui propose l’idée de ce portrait, quelques jours seulement après sa sortie de prison, on est d’abord frappé par son endurance et son humeur. Il est volontiers souriant et disponible. A peine est-il sorti de prison que Guy Marius Sagna, né en 1979, marié et père d’une petite fille, enchaîne les émissions sur les plateaux. Sollicité, il est prolixe, ne rechigne jamais à expliquer son combat. Ce bon client des médias, dynamique, à l’aise dans ses dossiers, engageant dans ses réponses, sait qu’il tient là un bon outil pour étendre son combat. Le « repos » que lui conseillent des proches, « peut attendre » semble-t-il dire : l’urgence c’est son combat, un amour à plein temps.
Ce n’est pas la première fois que ce gaillard qui frise le quintal, au visage débonnaire, à l’abord chaleureux, et à la carrure imposante, se retrouve en prison, incarcéré par le régime pour divers chefs d’accusation, dont le dernier « diffusion de fausse alerteterroriste ». Un délit que l’on attribue à son mouvement politique FRAPP (Front pour une révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine), accusé de prêter à la France des intentions de déstabilisation du Sénégal par la diffusion d’un communiqué sur Facebook. Il botte en touche ce qu’il considère comme un prétexte fallacieux et dépeint un pouvoir aux abois qu’il décrit inique : « la justice tout comme la démocratie est nécessairement une justice de classe », martèle-t-il. « La néocolonie du Sénégal n’échappe pas à cela. Il y a assurément des juges indépendants mais la justice sénégalaise est une justice aux ordres de l’exécutif », poursuit-il, assertif. Sur le vrai motif de son incarcération, il enchaîne, toujours catégorique, c’est que son mouvement dérange : « On reproche au FRAPP sa contribution à tenter de mettre au cœur du débat politique, économique et social de l’Afrique en général, du Sénégal en particulier, les questions de souveraineté économique et de souveraineté démocratique à travers des campagnes comme « pour la souveraineté monétaire France dégage ! », « Non aux APE ! », « bases militaires étrangères hors d’Afrique ! ». L’affaire est toujours en cours d’instruction. La demande d’annulation de la procédure de son avocat n’a pas encore été tranchée. Il faut dire que l’activiste ne compte plus ses démêlés avec la justice, l’administration, les intimidations et les coups de pression. Le régime peine à expliquer sa détention sur des bases légales, sauf à interpréter abusivement la législation. L’inconfort des hommes forts du pouvoir en atteste d’ailleurs, muets dans cette affaire.
Humanisme et racines de la colère
De ces épisodes, qui ont forgé sa carapace, il ajoute autre chose : un portrait de la prison centrale de Dakar, de l’intérieur, qui émeut et indigne. « Trois milliers de détenus, pour une prison de 500 places, ont une infirmerie, note-il, dans laquelle il n’y a que paracétamol et antibiotique. L’alimentation n’est pas suffisante et elle est d’une mauvaise qualité. » Plus loin, il ajoute « Des prisonniers sont entassés à 300 dans des cellules prévues pour 50 avec une toilette pour se laver et une autre pour les autres besoins. Certains détenus du fait de cette surpopulation restent des mois sans se coucher la nuit »
Alors que la maison de Rebeuss qui fait face à la corniche est la scène annexe du jeu politique sénégalais depuis des lustres - jadis Wade et Idrissa Seck, aujourd’hui l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall - beaucoup de figures de l’opposition ont joué une partie de leur destins politiques dans ces geôles. Pour Guy Marius Sagna, cette évocation est encore lointaine, de la prison il fait simplement le récit des conditions indignes et de la déshumanisation des détenus. Ce qu’il donne à voir de cet endroit écœure, même si la presse, d’anciens détenus, des visiteurs, ont déjà dépeint la triste condition de cette prison, son récit est empreint d’empathie et de témoignage. Pour lui, nul doute que le pouvoir s’invite dans la justice, il en veut pour preuve les incarcérations du maire de Dakar, celle du journaliste Adama Gaye, alors que des scandales qui accusent le frère du président Aliou Sall, révélés par un document de la BBC, sont étouffés comme d’autres affaires impliquant les proches du chef de l’Etat, épinglés par les organes de contrôle comme l’inspection générale d’Etat et l’office de lutte contre la corruption, l’OFNAC (Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption).
Pour savoir d’où vient cette fibre du combat, il faut sans doute remonter à 2005. Salarié au PCCI, centre d’appels en vogue des années 2000, il est limogé pour avoir voulu mettre sur pied un syndicat des travailleurs. Ensuite en 2013, assistant social affecté à Sédhiou, il s’insurge contre le vol des ressources de l’hôpital par la direction. Il en avise les administrateurs, sans suite, et organise une conférence de presse pour dénoncer les faits. Il en fait les frais. Il est relevé de son poste de responsable des ressources humaines. La ministre de la santé d’alors, Awa Marie Coll Seck, le balade plusieurs fois, avant qu’il ne soit pas mis au placard dans un bâtiment « sans eau, ni électricité, ni toilettes salubres ». Avant cette période d’incertitude, un autre engagement est à mettre à son actif, il est le coordinateur du mouvement M23 à Tambacounda, front civil et politique né en 2011 pour faire barrage au forcing anticonstitutionnel du président Abdoulaye Wade. Il y forge une appétence pour la contestation politique et pour la démocratie. En novembre 2017, il a le déclic et il lance le FRAPP, avec des amis, mouvement qui rassemble beaucoup d’autres organes de la mouvance anti-impérialiste : le Front anti-APE, anti-CFA, la ligue panafricaine UMOJA, Urgence Panafricaniste, etc. Ce mouvement plus radical dans la critique du néocolonialisme le met en lumière et donne de l’envergure à son combat. La notoriété s’en suit. Les cibles, elles, sont toujours les mêmes : la présence française dans ses multiples formes, le CFA, les accords de partenariats économiques (APE) jugés désavantageux pour le l’Afrique. Partout, le collectif fait parler de lui, par ses happenings tapageurs, son activisme et son slogan facile à retenir qui s’ancre dans le dégagisme ambiant qui s’est saisi du monde. C’est définitivement l’envol d’un activiste, ce qui lui attire de la sympathie mais aussi des détracteurs et de vrais ennemis, au premier rang desquels le régime en place.
France Dégage, le cœur de la lutte finale
La critique contre la France chez Guy Marius Sagna est murie et construite, fondée par une filiation panafricaniste dont il se réclame. Pour lui, s’il admet que la France comble un vide au Sénégal, c’est en toute conscience. Il avance « pour que la France soit présente, il faut que l’Afrique soit absente ». Ce combat ne bascule jamais pour autant dans la haine ou le désir de vengeance. Il cultive la radicalité avec une certaine élégance. Tout le mal du continent semble pour lui être le fait de cette subordination à l’ancienne puissance coloniale, dont il critique toute présence. Il épingle le FMI, l’OMC et la Banque Mondiale comme agents de ce complot, « occupés à réunir les conditions d’un combat entre le pot de fer et le pot de terre. ». Sa parole n’est pas plus tendre pour la françafrique qui pour lui n’a pas véritablement évolué. Il lâche, moqueur, avec un sens de la formule étudié « elle continue à utiliser soit la carotte de la francophonie ou des financements de l’AFD, soit le bâton du bombardement du palais de Gbagbo ». Sa critique de la présence française n’épargne pas non plus les médias français de la diaspora, comme RFI, TV5, Le Monde Afrique, dont il présente les desseins ainsi : « leur objectif est moins de concurrencer la presse nationale que de la renforcer, de lui donner les grilles de lecture des dominants, de se subordonner la presse dominante des néocolonies africaines. »
Quand on attire son attention sur le fait que le discours sur la décolonisation connaît un renouveau avec notamment les Ateliers de la pensée lancés par Felwine Sarr et Achille Mbembe, il ne semble pas emballé et montre son scepticisme. « Le FRAPP ne peut savoir pourquoi il n’est pas associé aux ateliers de la pensée », abrège-t-il, même s’il admet être allé à la première édition en 2016, par amitié pour son compagnon de lutte l’économiste Ndongo Samba Sylla. Sur ce manque de jonction entre activistes et intellectuels sur un même combat, il ne comprend pas qu’on ne les associe pas, même si l’on devine que l’ombre de la France qui plane sur ces échanges, le laisse plutôt froid et achève de disqualifier ces initiatives, à son sens. L’activiste semble plus proche du combat de ses modèles, qui ont traduit le décolonialisme en combat politique : Cheikh Anta Diop, Sankara, Cabral, Lumumba, Moumié, Modibo Keïta, Lamine Arfang Senghor, Birane Gaye, Assane Samb, morts assassinés ou contrariés de leur vivant… Il ne se sent pas d’affinité naturelle avec la mouvance nouvelle, même si beau joueur, il rassure : « celles et ceux qui ont les mêmes options finiront inexorablement par se retrouver, par bâtir les nécessaires ponts pour l’unité des révolutionnaires africain.e.s ». Sur les responsabilité locales, l’activiste n’est pas très loquace. La condition de la renaissance passe pour lui nécessairement par une rupture avec la France. Même quand il critique les responsables locaux, c’est pour s’en prendre à ceux qu’il appelle les « collabos ou classes soumises ». Il précise sa pensée plus loin en désignant les « classes sociales exploiteuses locales ». On peut s’étonner que l’activiste ne mentionne aucune des problématiques intérieures du Sénégal durant tout l’entretien. Il semble ainsi uniquement accabler la France sans interroger d’autres dimensions locales qui échappent ainsi à son diagnostic, même s’il note pour se défendre que les reproches ne sont pas adressés à la France mais au peuple Sénégalais à qui « il revient d’y mettre un terme ».
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Si Guy Marius Sagna est devenu ainsi une icône du combat anti-impérialiste, il suscite pourtant de vives critiques qui brocardent, avec des mots tranchants : « cette impuissance à grands cris » ou encore « la race éternelle des rebelles ». Ces contradicteurs qui préfèrent l’anonymat, déconsidèrent son combat qu’ils jugent « excessif et irréaliste ». Il est perçu par l’analyste politique sénégalais Barka Ba, comme « l’incarnation d’une nouvelle gauche de combat, voire une figure du populisme ». Ousseynou Nar Gueye, journaliste qui suit son combat, raille gentiment son nihilisme, comme ambassadeur « d’un front du non » pour qui il éprouve cependant une sympathie, même si la formule « France Dégage » le blesse. Il lui reconnaît de ne pas être « à la solde des ONG internationales » et ainsi d’avoir une certaine cohérence. Selon le journaliste, « il pose de bonnes questions mais y apporte des réponses erronées car binaires ». On pourrait rajouter qu’il incarne une figure du courage solitaire, beaucoup de ses admirateurs ne prennent pas part à son combat, curieusement. Un fétiche qui a des soutiens innombrables et tardifs qui ne se traduisent pas en compagnons de lutte.
La décomposition/recomposition de la scène politique sénégalaise - pour reprendre l’idée du journaliste Samba Dialimpa Badji - qui a vu la disparition ou l’éclatement des partis historiques (le PS et le PDS), a laissé un vide. Depuis la lutte anticoloniale et son aboutissement par l’indépendance, le marxisme sénégalais a eu du mal à transmettre son flambeau, à démocratiser son héritage et à inclure une masse de jeunes pour vivifier le legs. La disparition d’Amath Dansokho récemment a encore permis de voir la mort de l’héritage et les mutations dans le militantisme, où les corpus idéologiques qui cimentent les partis, cèdent la place à des aventures solitaires où la personnalité, et les moyens d’activisme et de radicalité, l’emportent sur l’offre politique fédératrice. La bascule d’influence du politique à l’activisme, accélérée par les réseaux sociaux et la promotion des mouvement civils, crée ainsi une scène sans repères historiques, où l’activisme ne se confond pas nécessairement avec le militantisme. C’est dans ce chaos que surgissent des figures comme Guy Marius Sagna : un activiste avec un vrai ancrage, qui assume ses fragilités et ses impuissances mais qui n’abdique pas la lutte. L’homme qui a répondu à nos questions semble pétri de qualités mais il n’est pas infaillible, il dit l’esquisse d’une nouvelle scène, avec ses excès, ses passions, et ses folies, sur toutefois de vieux combats, sans doute éternels, de souveraineté dans un monde qui, lui, s’ouvre dans une tectonique permanente. C’est une figure du patriotisme, mais plus encore, celle de l’amour…du combat. Guy Marius Sagna donne à la formule célèbre de l’ancien président burkinabé Thomas Sankara, « la patrie ou la mort », une éternité, au prix d’une petite nuance : la patrie ou l’amour.
Le journaliste détenu depuis le 29 juillet 2019, a entamé une grève de la faim pour protester contre les conditions de son incarcération. Son avocat explique à «EnQuête» les mécanismes qui l’y retiennent et ceux qui pourraient le délivrer
C’ est sans doute une pure coïncidence. Au moment où le ministre des Affaires étrangères, Me Amadou Ba, vantait les progrès et mérites du Sénégal à la 42e Session du Conseil des Droits de l’homme en Suisse (du 9 au 27 septembre), les amis d’Adama Gaye voyaient rouge. Au point que leur dénonciation des conditions de détention de Me Gaye a ramené la situation des droits au Sénégal, par analogie, à une situation historique peu enviable.
‘‘Il est un otage, dans des conditions de détention inhumaines et indignes, pires qu’au Moyen-Age ou comme dans les cales des bateaux négriers durant l'esclavage avec 3 000 prisonniers entassés comme des sardines dans des chambres exiguës et puantes à la prison vétuste de Rebeuss à Dakar prévue pour 800 personnes...’’, s’est indignée par communiqué Hulo Guillabert, membre du Cercle des amis d’Adama Gaye.
Au deuxième jour (hier) d’une grève de faim qu’a entreprise M. Gaye pour protester contre les conditions de sa détention, l’option de la diète ne ravit toujours pas son avocat. ‘‘A la limite, c’est contre-productif avec ces gens-là’’, a déploré Me Koureyssi Ba hier au téléphone d’’’EnQuête’’. L’avocat, qui parle en connaissance de cause, ayant eu un vécu similaire avec la diète de cinq jours de Barthélémy Dias en 2011, qui s’était vu refuser la possibilité d’expédier les affaires de sa mairie en prison, est néanmoins d’attaque pour tirer son client des mailles de la justice sénégalaise. ‘‘L’entêtement légendaire’’ de M. Gaye a même eu un petit effet, puisque la proposition de changer de chambre a été faite au détenu. ‘‘Mais Adama Gaye a rejeté d’un revers de la main cette proposition malhonnête, tardive et insignifiante dans d’autres secteurs, dans une moins mauvaise chambre’’, nous apprend son avocat. La robe noire ne comprend pas que son client soit mis d’autorité dans la chambre des détenus de droit commun, alors que l’Administration pénitentiaire (Ap) a un règlement qui admet la discrimination positive entre les détenus de droit commun et les détenus privilégiés, du moins les détenus spéciaux dans le cas de M. Gaye. Cette concession de l’Ap était, à leurs yeux, un pis-aller qu’ils ont refusé.
Pourquoi les demandes de Lp ont été rejetées
Adama Gaye a été interpellé, le lundi 29 juillet à Dakar. Une arrestation qu’il a annoncée lui-même par deux post lapidaires sur sa page Facebook. Il est sous le coup d’accusation d’offense au chef de l’Etat et d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Sa dernière audition devant le juge d’instruction, jeudi dernier, s’est passée sans problème, sauf qu’elle s’est finalement soldée par le rejet de la deuxième demande de liberté provisoire (Lp). Notification en a été faite à son avocat, avant-hier lundi. Un deuxième ‘revers’, après celui du 4 septembre. Ce qui est inédit dans l’histoire judiciaire, d’après Me Ba.
A priori, un délit d’opinion ne mériterait pas d’enchainer autant de refus du juge pour une Lp. Mais l’avocat explique les mécanismes de l’article 139 du Code de procédure pénale (Cpp) qui compliquent la donne pour son client. ‘‘Il est poursuivi, notamment pour offense au président de la République et surtout pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Cet article du Cpp dispose que toutes les infractions comprises entre les articles 56 à 100, donc l’article 80 inclus, ainsi que l’article 255 qui régit la diffusion de fausses nouvelles, font qu’à votre entrée en prison pour ces délits, sur requête du procureur, le mandat de dépôt est obligatoire. Si vous introduisez une demande de Lp et que le procureur s’y oppose par un réquisitoire motivé, le juge vous dit que votre demande est irrecevable. Ce qui veut dire que quand vous êtes poursuivi pour avoir insulté le président au Sénégal, non seulement le ministre vous charge, mais le procureur peut vous y maintenir autant qu’il lui plaira’’, explique Me Ba. Ce dernier, tout comme le Cercle des amis d’Adama Gaye, de s’intriguer des largesses qui ont valu aux quatre détenus européens, impliqués dans la saisie de 1 036 kg de drogue dure au port de Dakar, de bénéficier d’une liberté provisoire, alors que le cas de M. Gaye est manifestement ‘‘moins grave’’.
Des questionnements que Hulo Guillabert a adressés au procureur de la République qui s’est opposé à la demande de Lp et au doyen des juges, dans son communiqué. ‘‘Pouvez-vous nous expliquer comment des gangsters internationaux, trafiquants de plus d'une tonne de cocaïne, peuvent être eux libérés provisoirement ? Est-ce à dire qu'Adama Gaye, à qui vous refusez cette liberté provisoire, est plus dangereux ? Monsieur le Juge, pouvez vous nous expliquer rationnellement quel est ce danger qui justifie le maintien d’Adama Gaye en prison ?’’, s’est-elle exprimée.
Groupe de travail des Nations Unies
Dans un cul-de-sac, la défense envisage deux options : la saisine de la chambre d’accusation et l’internationalisation du combat pour la libération de M. Gaye. Dans l’immédiat, elle compte faire appel de la décision du juge, quand bien même une partie des avocats pense qu’il faut introduire une nouvelle demande. Les conseils de M. Gaye comptent déférer la question par l’appel devant la chambre d’accusation ‘‘qui est une juridiction connue pour sa sagesse et son expérience’’. ‘‘Pour préserver l’image de notre justice et de notre démocratie, nous pensons que la chambre d’accusation peut parfaitement ordonner la mainlevée du mandat de dépôt. C’est mon option préférentielle, mais si l’on nous oblige à internationaliser le combat, on n’a pas le choix. L’enjeu est de sortir un innocent de prison’’, s’exclame Me Ba.
Pour l’autre option qu’est l’internationalisation, la robe noire avance que la dimension de l’homme hors de nos frontières a fait sa publicité toute seule. Ses confrères des barreaux de Paris, Strasbourg et Vienne et d’autres avocats qu’il a démarchés vont les rejoindre, sans compter le soutien de cabinets d’avocats qui ont travaillé avec Adama Gaye. Alors, le Groupe de travail des Nations Unies ? “Pourquoi pas ! Si la solution est aujourd’hui d’aller devant le Groupe de travail des Nations Unies. Le juge nous dit, dans l’ordonnance, que notre demande est irrecevable. Il ne s’est pas contenté de dire qu’il refuse la liberté, mais que la demande est irrecevable. C’est ça l’orthodoxie, mais le principe qu’on sanctionne dans cette affaire est l’inégalité des armes entre la défense et l’accusation. Les démocraties judiciaires modernes n’acceptent pas cela. Il y a une abondante jurisprudence du Groupe de travail des Nations Unies qui condamne cela. Finalement, on prive la personne du droit de faire recours. Tu n’es pas éligible à la Lp, car tu as insulté ton président. On est obligé d’internationaliser des choses com-me ça. On ne va pas rester entre le même juge et le même procureur pour continuer à nous faire ridiculiser’’, s’engage l’avocat.
Concomitamment, à plus de 5 000 km de là, le chef de la diplomatie sénégalaise prenait l’engagement de faire progresser le pays dans le domaine des droits humains. ‘‘Fidèle à sa longue tradition puisée dans sa culture de tolérance, notamment dans le cadre du dialogue interreligieux permanent, le Sénégal continuera de rester dans le peloton de tête des pays les plus respectueux des Droits de l’homme’’, promet Amadou Ba du haut de cette tribune des Nations Unies.
LE SAES LISTE LES PRÉALABLES AVANT L'ORIENTATION DES BACHELIERS VERS LE PUBLIC
Le syndicat enseignant exige l’achèvement et la livraison avant la prochaine rentrée universitaire de toutes les infrastructures équipées dans tous les campus, entre autres
Au lendemain de la décision du ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation d’orienter tous les bacheliers dans les universités publiques, le Saes exprime sa satisfaction. Mais, il tient néanmoins à prévenir l’Etat pour «éviter que cette décision brusque ne soit une façon habile de déplacer le problème de la prise en charge des bacheliers par les établissements privés de l’enseignement supérieur vers les universités publiques déjà affectées par les effectifs pléthoriques, le manque criant d’infrastructures et d’enseignants et l’insuffisance des budgets» :
Le syndicat «exige, avant l’envoi de l’ensemble de ces nouveaux bacheliers dans les universités publiques, le respect d’un certain nombre de préalables que sont entre autres : l’achèvement et la livraison avant la prochaine rentrée universitaire de toutes les infrastructures équipées dans tous les campus ; l’ouverture immédiate de 400 postes d’enseignants-chercheurs et le recrutement conséquent d’enseignants-chercheurs pour arriver au moins à 70% de permanents à l’horizon 2021-2022». Sans oublier «le paiement des sommes dues aux vacataires qui accompagnent les universités dans leur fonctionnement, l’augmentation conséquente dès 2020 de la dotation de l’Etat aux universités publiques pour atteindre l’objectif budgets de vérité et couvrir ainsi les dépenses pédagogiques, de recherche et de personnel». Dans son communiqué, le Saes demande évidemment la programmation pour un démarrage progressif des Instituts supérieurs d’enseignement professionnel (Isep), le respect de la loi 2015-26 du 28 décembre 2015 qui stipule en son article 3 que «le ministère de tutelle et les instances pédagogiques déterminent, d’un commun accord, les capacités d’accueil des universités publiques». Selon ce syndicat, il a toujours œuvré «pour que les bacheliers qui le désirent soient orientés dans le public et il veillera à l’accès pour tous les bacheliers à un enseignement supérieur public de qualité». En revanche, il invite l’Etat à régler ces préalables pour éviter «toutes les conséquences néfastes que pourrait entrainer cette décision si ces préalables ne sont pas respectés aggravant ainsi la situation difficile des universités publiques».
L’AFFAIRE DE L’INTERDICTION DU PORT DU VOILE À SAINTE JEANNE D’ARC EN EXERGUE
Dakar, 11 sept (APS) - Les quotidiens font état de positions ’’de plus en plus tranchées’’ dans l’affaire née de la décision du collège Sainte Jeanne d’Arc d’interdire à ses pensionnaires le port du voile islamique au sein de l’établissement, sujet le plus en exergue dans la livraison de mercredi de la presse quotidienne.
"Dans cette affaire, les positions sont de plus en plus tranchées, alors que l’Etat tarde à arbitrer", constate le quotidien Enquête dont la manchette est également sans équivoque de cette analyse : "Le voile s’épaissit".
"L’interdiction du port du voile à l’institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar continue d’alimenter la polémique. Le ministère de l’Education nationale a ouvert le dialogue. La direction de l’établissement campe sur sa décision et reçoit le soutien de l’UNAPECS", l’Union nationale des associations des parents d’élèves de l’enseignement privé catholique, écrit Enquête.
Si cette dernière "prend fait et cause" pour l’institution Sainte Jeanne d’Arc, le khalife général des tidjanes, Serigne Mbaye Sy, lui "fustige" plutôt l’établissement et "interpelle les parlementaires", selon Enquête.
L’Observateur note avec plusieurs autres quotidiens que le khalife général des tidjanes "demande la fermeture de Sainte Jeanne d’Arc" dont il assimile la décision de la direction "à un manque de respect et plaide pour la fermeture de l’établissement si, toutefois, il est impossible de leur faire entendre raison".
"Même si sa réaction semble jeter de l’huile sur le feu, Serigne Mbaye Sy Mansour l’assume pleinement et laisse libre les commentaires", souligne L’Observateur. "Réaction musclée du khalife des tidianes", renchérit Vox Populi, citant Serigne Mbaye Sy à sa Une : "Que ces écoles qui posent ces genres d’actes soient fermées. Jusqu’ici, le peuple dort. Quand il se réveillera, ce ne sera pas bon pour eux".
Le journal Le Quotidien ajoute que le khalife général des tidjanes "appelle les autorités, notamment les députés, à faire valoir leur rôle de représentants du peuple en exigeant à cet institut de respecter la laïcité ou qu’il ferme ses portes au Sénégal".
Autre élément à rapporter à ce débat, Kritik signale que la présidente de l’association des parents d’élèves de l’institution Sainte Jeanne d’Arc, Véronique Darosa Sèye, a démissionné, faisant valoir que les religieuses de Sainte Jeanne d’Arc "ont traité cette affaire (d’interdiction du voile) sans état d’âme".
"Le voile de la discorde", affiche ainsi Sud Quotidien, pour notamment évoquer une polémique "loin de connaître son épilogue. Au contraire !", alors même que le ministre de l’Education nationale Mamadou Talla a pris contact avec la direction de l’institution Sainte-Jeanne d’Arc "pour une solution de sortie de crise (...)".
A ce sujet, le quotidien L’As annonce la tenue ce mercredi d’une rencontre entre le ministre de tutelle et les responsables de Sainte Jeanne d’Arc, "rencontre de la dernière chance", selon le journal. "Ça passe ou ça casse", écrit le même journal.
Walfquotidien s’intéresse à d’autres sujets, citant "tensions de trésorerie, hausse des prix, déficit bloqué, LFR 2, ...), avant d’afficher : "Les germes d’un ajustement structurel". "Après avoir retoqué les prévisions de croissance du Sénégal de 0,6%, le FMI a bloqué le déficit du pays, l’obligeant à limiter les projections budgétaires", avance le journal.
"Pis, écrit Walfquotidien, il lui demande une deuxième Loi de finances rectificative (LFR) qui est en cours de rédaction, des économies de 250 milliards et une vérité des prix avant tout nouveau programme avec le pays. Des exigences qui n’augurent rien de bon pour les populations et qui fleurent bon un ajustement structurel, en mode fast-tract".
Le Soleil, enfin, traite de sujets liés à la santé à sa Une. "De nouveaux objectifs fixés aux districts", en matière de qualité des soins de santé et de gestion des ressources humaines, annonce le journal avec en appui la photo du ministre de tutelle Abdoulaye Diouf Sarr en première page, entouré de personnels sanitaires.
PAR Yoro DIA
DYNASTIES, DÉMOCRATIE ET RÉPUBLIQUE
Mon impression du débat entre Boris et Bachir ressemble à celle d’un archéologue qui découvre les vestiges et les ruines d’une cité antique - Parce que le Sénégal qui a produit Cheikh Anta Diop, Boris Diop et Bachir Diagne, est mort depuis longtemps
Dans la phase thermidorienne de l’ère Wade, il a fallu que les Sénégalais se mobilisent pour empêcher la dévolution monarchique du pouvoir. Le peuple a engagé le combat avec l’insurrection populaire du 23 juin 2011 et gagné la guerre démocratiquement en congédiant Wade, mais pour éviter la dévolution monarchique au Pds, c’est un combat du Pds et du Pds uniquement. Si Wade a échoué dans sa volonté d’offrir le Sénégal comme sucette à son fils adoré, il va à coup sûr réussir pour le Pds.
La guerre est presque déjà perdue pour les dissidents qui ont été jusqu’à récemment, parmi les thuriféraires de Karim Wade et ils n’auront même pas l’excuse de dire qu’ils ne connaissaient pas le dessein de Wade, car donner le Pds à Karim Wade n’a jamais été un agenda caché, comme la dévolution monarchique au sommet de l’Etat. Le Peuple s’est soulevé pour barrer la route à Wade et à son projet monarchique parce qu’il a voulu rappeler à Wade que le Sénégal est une république, pas une monarchie. La différence entre les deux systèmes est radicale. La monarchie est le système qui se fonde sur le hasard de la naissance, alors que la république dès sa naissance, a substitué le hasard de la naissance pour le remplacer par le mérite. Bien que les deux systèmes soient radicalement opposés, la république recycle quelques vertus de la monarchie en acceptant les dynasties, ces patriciens au temps des républiques. Le projet de Wade est complexe parce que les Wade constituent la première dynastie politique du Sénégal, comme les Gandhi en Inde, les Bhutto au Pakistan, les Bush et les Clinton aux Etats Unis. La république n’accepte pas la dévolution monarchique mais accepte les dynasties. La république tolère les dynasties, mais exige une concession en contrepartie : un mandat de courtoisie ou un mandat de caution républicaine, c’est-àdire un autre Président ou un autre Premier ministre entre les deux membres de la même dynastie. Ce qui fait que le Gabon ou le Togo, où le pouvoir est passé de père en fils sans le mandat de courtoisie, sont devenus de fait des «monarchies républicaines» au sens propre du terme, car nous avons un primat de la famille sur la république. Par contre, pour le contrôle du parti, la dévolution est souvent directe car les partis sont des associations privées. Ainsi, en Inde, le parti du Congrès est l’instrument de conquête du pouvoir des Gandhi.
Au Sénégal, Wade veut faire la même chose en donnant le Pds, son héritage historique et sa grande histoire, à Karim Wade. Politiquement, c’est un héritage inestimable mais est-ce que l’héritier sera à la hauteur ? Rien n’est moins évident. Abdoulaye Wade n’est pas un héritier. Il est un bâtisseur. Un des plus grands du continent, d’où son mérite. La république, cet accident de l’histoire politique, qui substitue le hasard de la naissance par le mérite, est l’une des meilleures inventions de l’homme. C’est pourquoi depuis la création de la république, nous avons vu des monarchies se transformer en républiques, mais nous n’avons pas encore vu une république se transformer en monarchie.
Cheikh Anta, Bachir Diagne et Boubacar Boris Diop
Le débat de très haute facture intellectuelle entre l’écrivain Boubacar Boris Diop et le philosophe Souleymane Bachir Diagne nous rappelle que le Sénégal fut à l’Afrique ce que Athènes a été pour la culture européenne. Mon impression de ce débat ressemble à celle d’un archéologue qui découvre les vestiges et les ruines d’une cité antique, parce que le Sénégal qui a produit Cheikh Anta Diop, Boris Diop et Bachir Diagne, est mort depuis longtemps. Ces trois grands esprits qu’on redécouvre à travers ce débat, sont des vestiges et les ruines d’un Sénégal qui avait une ambition culturelle et intellectuelle. Maintenant, nous sommes dans le Sénégal de Ouzin Bereung barigo, des gladiateurs devenus nos références.
Nos hommes politiques devraient aussi s’inspirer de ce débat, où chacun défend fermement et passionnément ses positions, mais dans la plus grande courtoisie. Le débat politique au Sénégal est une torture à cause d’une hyperpersonnalisation d’un débat. On n’y discute jamais des idées. Rien que des attaques personnelles.
UNE GRANDE PREMIERE REUSSIE
“Mbaku’’, le dernier film du réalisateur Cherif Ace Faty, a été présenté au grand public, dimanche dernier, au Théâtre national Daniel Sorano
Comme toute grande première digne de ce nom, celle du film “Mbaku’’ a refusé du monde, dimanche dernier au Théâtre national Daniel Sorano. Le film de Cherif Ace Faty a été produit par Thierno Moussa Sow. “Dans un village profond d’Afrique où se cachent d’éternels secrets, Latyr, un seul homme, sème la terreur dans les esprits. Un pacte a été signé entre ses parents et un djinn, au moment de sa naissance. Devenu majeur, l’heure de respecter les accords, Latyr choisit un nouveau destin, créant la panique et le désarroi partout où il passe’’. Ainsi pourrait être résumé ce long métrage. L’histoire racontée parait iréelle, surréaliste. Pourtant, elle ne l’est pas totalement. "Ce film que j'ai produit est inspiré de faits bien réels. C'est une partie de mon histoire qui est scénarisée et qu’on essaie de retracer ici", explique Thierno Moussa Sow. Embouchant la même trompette, le réalisateur, Cherif Ace Faty, ajoute que ce film essaie surtout de mettre en exergue les relations qui existent entre l’homme africain particulièrement et les êtres surnaturels.
Ainsi, comme le dit Thierno Moussa Sow, l’histoire mise en scène ici, va au-delà de sa personne. "Cette œuvre met en avant cette Afrique des êtres surnaturels, certes méconnue, mais tant réelle. Je pense qu'il est aussi nécessaire de mettre sur le petit écran ce genre de chose qui constitue une partie de nos réalités africaines", dit-il. A l’écran, disons que le résultat n’est pas mal. Mais il y a à en dire, vous l’avez compris, le réalisateur aussi. Ses manquements, il les explique par un manque de moyens. Son équipe et lui auraient pu mieux faire, reconnaît-il. "Avec un budget plus fourni, on aurait fait beaucoup mieux, même si cette avant-première nous procure beaucoup de satisfactions", fait-il savoir. Ainsi, faute de moyens, ils ont dû faire avec ce qu’ils ont et en petit comité. En effet, l’équipe de tournage a été réduite. Cela a eu un impact sur le résultat final qui aurait pu être meilleur, reconnaît Cherif Ace Faty.
Une suite au film
Réagissant sur la fin de l’histoire portée à l’écran, le réalisateur la trouve brutale. "J'avoue que la fin du film est des plus inattendues. Au regard du déroulement de l’histoire, certains ne s’attendaient pas du tout à cette fin. Mais c'est cela aussi la beauté du cinéma, surprendre son monde", défend-il. Seulement, à l’entendre parler, cette surprenante fin sert à autre chose, ici. Elle est une ouverture pour un acte 2 de “’Mbaku’’. Lauréat du Grand Prix du festival Euro africain de Tiznit, au Maroc, Cherif Ace Faty annonce, en effet, une suite de cette histoire. "Que les cinéphiles ne se fassent pas de souci, ils peuvent considérer cette première partie comme une esquisse. Le héros du film se trouve dans un sacré dilemme qu’une suite élucidera". Mais avant d'en arriver-là, Chérif Ace dit vouloir se tourner vers les séries, après la réalisation de 12 films. Il veut se faire une place dans cet univers qu’il connait déjà, puisqu’il est le réalisateur de “Dikon’’, une série produit par Pikini Productions.
En outre, il faut souligner que Cherif Ace Faty est l’un des jeunes réalisateurs sénégalais les plus prolifiques. Douze films faits alors qu’il n’en est qu’à ses débuts, au moment où certains n’ont pu autant en faire le long d’une carrière. Son impressionnante productivité, il l’explique : “J’ai su mettre en place une stratégie un peu particulière. A travers la structure que j’ai créée, dénommée Cinégal, nous parvenons à former nos propres acteurs qui nous servent dans nos différents films. Donc, c’est de l’autoproduction au sens propre du terme vis-à-vis des personnages et des décors, et même des costumes. Et les retombées découlant de nos courts et/ou longs métrages sont automatiquement utilisées pour la production suivante. Et j'ai voulu démentir ce préjugé qui veut que le cinéma soit une question de gros moyens. C'est une façon pour moi de répondre à ceux-là. Je leur démontre que, parfois, il suffit de concocter un bon ‘scénario’ pour faire un film.’’
Dans sa chronique de la semaine Pape Alé Niang répond aux flagorneurs du pouvoir qui distillent des tissus de mensonges. Avant d’interpeller le Président de la République sur sa déclaration de patrimoine. Sur le statut de l’opposition le chroniqueur de dakarmatin demande aux 4 candidats de la dernière présidentielle d’etre cohérents. Et enfin il revient sur le fer de la falémé
LE SÉNÉGAL À NOUVEAU VICE-CHAMPION AFRICAIN DE WUSHU
Les combattants sénégalais se sont bien battus, lors des 7es Championnats d’Afrique de Kung-Fu Wushu qui se déroulaient à Thiès, du 7 au 9 septembre
Avec un total de 19 médailles dont 10 en or, 8 en argent et 1 en bronze, la sélection sénégalaise a fini 2e au classement général, derrière l’Algérie, qui a obtenu 14 médailles d’or.
Deuxième derrière l’Egypte, lors des championnats d’Afrique en 2017 tenus au Bénin, le Sénégal conforte à nouveau sa place de vice-champion. Il s’est emparé, avant-hier, à Thiès, de la deuxième place des 7es Championnats d’Afrique de kung-fu wushu. Sur l’ensemble des 13 pays africains ayant pris part à cette compétition continentale, la sélection sénégalaise a terminé à la deuxième marche du podium derrière l’Algérie, au classement général, avec un total de 19 médailles dont 10 en or (sanda et tao), 8 en argent et une médaille en bronze. En sanda (combattant contre un adversaire), c’est l’Egypte qui est arrivé en tête avec 7 médailles d’or et 3 de bronze. Les Pharaons sont talonnés par les Lions avec 5 médailles d’or (4 argent et 1 bronze). En tao, c’est l’Algérie qui domine avec ses 14 médailles en or. Ce qui a fait que l’Algérie a surclassé tous les pays présents. La performance réalisée par les combattants sénégalais a fait réagir le directeur technique national (Dtn) venu prendre part à la cérémonie de clôture des 7es Championnats d’Afrique de kung-fu wushu.
Selon maître Ousmane Ngom, le Sénégal n’a jamais amassé autant de médailles dans cette discipline. Aussi, révèle-t-il, c’est l’engouement autour de cette équipe nationale qui a permis de réaliser de telles performances, en surclassant des pays comme l’Egypte ou encore la Tunisie. “Nous avons une équipe très jeune dont la moyenne d’âge pour le tao est de 19 ans. En sanda, aussi, c’est la même chose. Les jeunes ont acquis de l’expérience et ont un avenir devant eux. Si je prends l’exemple de Demba Bodian, vice-champion d’Afrique en 2013, il a remporté la Coupe d’Afrique en 2010 et confirme cette fois en tant que champion d’Afrique 2019. Il y a des jeunes comme Youssoupha et la petite Dieynaba, en 48 kg, qui a confirmé. Nous avons une belle équipe, avec de très bons combattants, qui va nous valoir beaucoup de satisfactions’’, se réjouit maitre Ngom, précisant que si le Sénégal a battu le record de l’organisation des Championnats d’Afrique de kung-fu wushu, c’est, en grande partie, grâce aux nombreuses performances que les Lions du tapis ont pu réaliser ses dernières années.
DEMBA BODIAN (CAPITAINE DU SÉNÉGAL ET MÉDAILLE D’OR) “Nous avons vécu des moments difficiles, mais...’’
“Ce n’était pas du tout facile mais, au final, le travail abattu durant toute la préparation a été payant. Depuis 2009, le Sénégal a enclenché un long processus visant à obtenir de très bons combattants. Cela n’était pas facile pour les coaches et les maîtres de salle. La fédération s’était donné les moyens pour obtenir la meilleure sélection afin de préparer la présente édition. C’est avec tout ce travail qu’on a pu montrer à tous que le Sénégal a le talent et qu’il est un pays où se pratique très bien le kung-fu. Nous avons vécu des moments difficiles. Mais, grâce au mental fort de toute l’équipe, on a pu récupérer la deuxième place. Au classement général, le Sénégal est classé deuxième derrière l’Algérie. Si nous avons obtenu ces résultats, c’est parce que les coaches ne nous ont pas lâchés. Ils nous ont imposé toute une rigueur pendant la phase de préparation.’’
MAITRE MBACKÉ (ENTRAÎNEUR DU SÉNÉGAL EN WUSHU SANDA) “Cette équipe mérite d’être soutenue davantage’’
“La préparation a été difficile par rapport à ce qu’on devait obtenir de la part de la tutelle. Mais on a su surmonter toutes ces difficultés pour en arriver à ces résultats. D’ailleurs, c’est la première fois que le Sénégal glane autant de médailles. Cette équipe nationale mérite d’être soutenue davantage pour pouvoir se hisser au niveau africain et mondial. Les autres pays qui sont présents ont des arbitres mondiaux et des entraineurs qui ont effectué des stages en Chine. Voilà ce qui manque au Sénégal. Il faut qu’on arrive à ça aussi, avec des entraineurs bien formés au niveau international et avoir aussi des juges internationaux.’
L’ARMP DÉSAVOUE L’ONAS
L’Onas a été sommée par le Comité de Règlement des Différends (Crd) d’annuler l’attribution provisoire du marché pour les travaux de réalisation de l’intercepteur et des stations de pompage dans le cadre du projet de dépollution de la baie de Hann
Cinglant camouflet contre l’office national de l’assainissement du Sénégal (Onas). La boîte dirigée par Lansana Gagny Sakho a été sommée par le Comité de Règlement des Différends (Crd) d’annuler l’attribution provisoire du marché pour les travaux de réalisation de l’intercepteur et des stations de pompage dans le cadre du projet de dépollution de la baie de Hann. Ce marché attribué provisoirement à l’entreprise Ludwig pfeiffer a été cassé par le Crd de l’autorité de Régulation des marchés publics saisi à cet effet par le groupement Costruzioni S.p.a Dondi –Cse.
Les autorités du Groupement Costruzioni S.p.A Dondi –Cse peuvent afficher une large banane après la première bataille qu’elles viennent de remporter sur l’Onas. A travers, en effet, son Comité de Règlements des Différends (Crd), l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (Armp) leur a donné raison dans leur bras de fer contre l’Onas autour du marché pour les travaux de réalisation de l’intercepteur et des stations de pompage qui entrent dans le cadre du Projet de la dépollution de la baie de Hann. Saisis d’un recours, le 24 juin, par Costruzioni S.p.A Dondi –Cse, les membres du Crd se sont, autour de leur président Oumar Sarr, prononcés sur la question. Dans leur décision N°130/19, ils ont ordonné l’annulation pure et simple de l’attribution provisoire du marché et la reprise de l’évaluation ainsi que la restitution de la consignation. Auparavant, ils ont totalement remis en cause les principales raisons invoquées par l’Onas pour écarter le requérant.
Dans la décision dont «L’As» détient copie, il est fait état de la genèse de ce marché litigieux. En effet l’Onas, qui a obtenu un financement de l’Agence Française de Développement (Afd), de l’Agence Entrepreneuriale Néerlandaise et de l’Etat du Sénégal, a fait publier le 14 novembre 2018 un Avis d’Appel d’Offres international pour le marché relatif aux travaux de réalisation de l’intercepteur et de stations de pompage, dans le cadre de la dépollution de la baie de Hann dont la date limite de dépôt est le 05 février 2019. A la séance d’ouverture des plis, dix dossiers ont été reçus par la Commission des marchés.
Au terme de ses travaux, le Comité technique chargé de l’évaluation des offres a proposé l’entreprise Ludwig Pfeiffer attributaire provisoire pour un montant de 15.506.871.722 Fcfa HT (hors taxe), soit 18.298.108.632 Fcfa TTC (Toutes taxes comprises). Une décision qui met dans tous leurs états les dirigeants du groupement Costruzioni Dondi S.p.A – Cse dont l’offre financière est de 12.412.156.309 Fcfa HT, soit 14.832.854.264 Fcfa TTC. D’autant qu’ils ont introduit, dès le lendemain de la publication officielle de l’avis d’attribution c’est-à-dire le 17 juin 2019, un recours gracieux auprès des services de Lansana Gagny Sakho qui répondent le 19 juin 2019. Suite à la réponse négative à son recours gracieux, le requérant a saisi le CRD le 24 juin 2019. Il conteste sérieusement les griefs soulevés par l’Onas concernant la non conformité au formulaire DriveRse et au critère relatif à la capacité financière.
S’agissant du reproche relatif à la Rse (Responsabilité Sociétale d’Entreprise), Costruzioni Dondi S.p.A – Cse donne plusieurs arguments en soutenant, par exemple, que même s’il ne possède pas encore formellement de certification spécifique, il reste conforme à toutes les exigences demandées par le «CSR» et justifie l’absence des annexes 1,2 et 3 du formulaire par le fait qu’il ne s’agit pas d’une exigence pour l’offre. S’agissant maintenant du non respect du formulaire Drive par le membre du groupement Cse, le requérant soutient qu’en cas de groupement d’entreprises, les données concernant le mandataire (Costruzioni) suffisent. Aussi ajoute-il que l’Onas avait la possibilité d’adresser une demande d’éclaircissements sur la question.
S’agissant du grief relatif à la capacité financière, le requérant a fourni une foultitude d’explications qui ont convaincu les membres du Crd de la solidité de ses arguments. Ce qui fonde ainsi l’Armp à annuler l’attribution provisoire de ce marché.
DIOP DECROIX NIE EN BLOC
Mamadou Diop Decroix n’a pas apprécié la sortie d’un certain Des fourneaux, faisant état de sa proximité avec le chef de l’Etat Macky Sall.
Mamadou Diop Decroix n’a pas attendu trop longtemps pour répondre à un nommé Des fourneaux, qui l’accusait d’être en connivence avec le président de la République macky Sall, pour une éventuelle entré dans le gouvernement. Dans un texte posté sur les réseaux sociaux, le patron de and Jëf/pads a nié en bloc, avant de s’attaquer à ce fameux Des fourneaux.
Mamadou Diop Decroix n’a pas apprécié la sortie d’un certain Des fourneaux, faisant état de sa proximité avec le chef de l’Etat Macky Sall. Selon ce dernier, le leader de And Jëf/Pads roulerait pour l’actuel président, mais songerait surtout à intégrer le gouvernement. Des propos que ce dernier a nié en bloc. « Je ne connais pas Monsieur Des fourneaux. Je ne l’ai jamais rencontré et je présume que lui non plus ne me connaît pas. Deuxièmement : Je ne discute avec personne d’une quelconque entrée dans un gouvernement, quelle qu’en soit la nature ou la forme. Cette question, qui n’est pas dans la plateforme du FRN, n’intéresse ni ne concerne notre parti. Troisièmement : Monsieur Des fourneaux dit une contrevérité au sujet d'une prétendue audience avec Macky Sall à la veille de Biarritz. Il devrait indiquer à ses lecteurs à quelle date, à quelle heure et en quel lieu cette rencontre a eu lieu », a posté Mamadou Diop Decroix. «Rencontrer Macky Sall ne peut pas être ensoi un crime, tout comme ne pas le rencontrer n’est pas en soi un quelconque acte d’héroïsme.
Le tout dépend des circonstances et des raisons qui fondent la rencontre. Ensuite, il n’y a pas pour nous, d’un côté, des princes en politique à qui revient le privilège de rencontrer qui ils veulent, y compris le président de la République, quand ils veulent et où ils veulent et se faire applaudir. Et de l’autre coté, des forçats qui, eux, doivent se tenir à carreaux, sous peine d’être présentés comme des traitres », a précisé le patron du FRN.
LA CRISE AU PDS S’INVITE DANS LE DEBAT
Ne se limitant pas seulement à répondre à son interlocuteur, Mamadou Diop Decroix est également revenu sur la profonde crise qui secoue le Parti démocratique sénégalais. «Il est clair que la situation du PDS nous désole, car nous avons connu avec ce parti un long compagnonnage de luttes et de sacrifices, bien avant l’Alternance en 2000. Et depuis lors, nos deux formations sont restées en alliance politique. A cet égard, nous aurions ardemment souhaité voir dans ce parti, l’unité et la cohésion autour du président Wade. Mais nous ne sommes pas du PDS et les situations qui y règnent ne regardent que ses membres au premier chef. Le Président Wade, avec qui nous cheminons depuis 30 ans sans discontinuer (sauf quand il entrait dans le gouvernement de Diouf), occupe une place particulière dans notre cœur et notre vécu politique, que rien ne saurait plus effacer », a-t-il rappelé. Toutefois, le leader politique n’a pas oublié les autres compagnons du Pape du Sopi. Sur un ton ironique, il a répondu à Monsieur Des fourneaux, s’expliquant sur ces liens avec ces personnalités.
« Nous avons aussi croisé dans le combat commun, de nombreux militants du PDS, responsables ou non, pour qui nous avons du respect et de la considération quant à leur engagement, leur courage, leur fidélité et leur abnégation. Parmi eux, il y a Omar Sarr et Amadou Sall, pour ne m’en tenir qu’à ceux qui sont cités par Monsieur Des fourneaux, à qui je voudrai dire qu’à And-Jëf/Pads, on ne nous choisit pas nos amis », détaille-til. Dans sa conclusion, Mamadou Diop Decroix a rappelé la nécessité pour lui et ses camarades d’aller à la conquête du pouvoir à travers des mécanismes bien réfléchis. « Pour And-Jëf/ Pads, l’entrisme n’est pas une option. Les partis sont créés pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Même si, de nos jours, la modalité « Front ou coalition » est la figure dominante, nous mettons l’accent sur la repossession de nos immenses ressources, pour un développent inclusif de notre Nation multi ethnique, multiconfessionnelle et multi confrérique.
Nous ne pouvons donc pas nous mettre à courir derrière des strapontins, des postes et des privilèges. Ce que nous voulons par contre fortement, c’est le retour à des règles consensuelles de dévolution démocratique et pacifique du pouvoir dans notre pays. C’est cela l’exigence vitale de l’heure. Je termine en rappelant à monsieur Des fourneaux que dans la plateforme du FRN, figurent en bonne place l’exigence de retour d’exil et la restitution des droits civils et politiques à Karim Meïssa Wade. Nous ne pouvons donc pas être dans des combines ou des manœuvres pour porter quelque tort que ce soit à ce dernier », a-til ajouté.