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20 juillet 2025
PAR Fatoumata Abdoul Sall
PARTIR QUAND LE LINGE SALE SALIT
Étant une femme sénégalaise au Sénégal, me suis retrouvée avec la mission impossible de Coumba amul ndey (Coumba l’orpheline), devant ainsi laver un des linges sales de la société dans le sinistre Ndayaan du mariage
Au Sénégal, la phrase la plus populairement adressée à toute nouvelle mariée c’est « sey neexul » pour souligner que le mariage n’est pas facile. Certes, vous me direz tous que c’est vrai. Vivre avec quiconque, que ce soit la famille ou même avec des amis, c’est difficile car l’humain est un être complexe, qui a des facettes qui sortent et se cachent en fonction des situations dans lesquelles il se trouve, qui a un passé rempli d’émotions, de vécus, des hauts, des bas, des valeurs et des habitudes.
Et même si chacune de ses caractéristiques est fort probablement palpable chez tout être, l’humain restera toujours complexe. Les façons de penser, les visions et les aspirations diffèrent aussi, de même que sur le plans spirituel, professionnel et même du côté sportif et des loisirs.
Une multitude de choses vécues différemment et l’absence même d’expériences communément vécues, font qu’il soit très complexe de vivre avec quelqu’un et, naturellement, un défi de trouver l’équilibre entres les similitudes et les différences. Mais au Sénégal, quand la nouvelle mariée reçoit ce commentaire tout au long de son jour de mariage qui est supposé être spécial, ce n’est pas de cette complexité humaine qu’on fait allusion. C’est plutôt une introduction à une soumission qui doit être et paraitre à tout moment en elle, au profit de son bien-aimé chef de famille et dont les fruits seront inévitablement dégustés par la belle-famille aussi.
Pour l’homme, ce sont plutôt des commentaires à titre tacitement sexuel, sexiste et glorieux (comme le fait de ne pas porter de culotte le jour où la femme rejoint la demeure de son mari, des chahuts au sujet de la lune de miel, des félicitations à n’en finir d’avoir rejoint la cour des Grands) qui lui sont copieusement servis. Alors que la femme sénégalaise, en ce même jour, doit comprendre sa destinée, la complexité de la vie de couple et être prête à accepter toute calamité. Également, une autre phrase qu’on lui dit : « sey, da ngay nango muñ », dans le ménage, il faut endurer et accepter d’endurer. Il faut tout simplement être soumise. Ceci est un dit dont les suites se capturent dans le fameux dicton wolof « ku muñ, muuñ » qui proclame que tout endurance sera gratifiée. Ainsi, quand les deux égaux s’adonnent à entamer leur aventure de couple légitime, là où l’un est couronné de compliments et de tapages cocasses, l’autre reçoit des rappels de devoirs de soumission et à se préparer à être heureuse, même dans la misère. C’est cela le mariage.
Tout ceci, j’en ai bien discuté avec mon mari, lui demandant s’il avait bien remarqué, même si, à la fréquence de cette dichotomie et impartialité de la nature des commentaires faits, il était impossible de ne pas remarquer que le Bon était à venir pour lui alors que misère me guettait, inévitablement, et que je devais me préparer et supporter tout sur terre, pour une grande récompense au-delà. Il me sourit, soit envouté par la vénusté du maquillage ou n’en faisant pas un problème du tout, et me dis : oui j’ai bien remarqué, mais il faut comprendre qu’ils ne vivent pas dans le même nouveau monde que nous. Par ‘nouveau’, j’ai compris modernité, évolution, justice et égalité des sexes dans tout, en particulier dans la vie de couple. Un autre aspect sur lequel je me suis basée fortement pour choisir un partenaire égal, moderne et éveillé. Tout me disait, en ces moments, que j’avais choisi le bon. N’est ce pas cela le mariage ?
Je m’étais mal préparée au fait que tout ce qui allait être bon en moi, ou perçu comme tel, allait être fortement relié au fait que j’avais un mari. De la même façon qu’une femme, voulant se débarrasser d’attentions non-voulues venant des quelques hommes, peut leur dire qu’elle est mariée et automatiquement imposer ainsi et obtenir, avec succès, le respect qui fera disparaitre aussitôt cette convoitise masculine. Les hommes se respectent-ils beaucoup plus entre eux ? « Tu es toute belle ma chère, cela se voit que monsieur te traite bien. Tu es si bien habillée. Monsieur te traite bien. Tu es si radieuse. Monsieur te va bien. » Et j’avoue que c’était un peu le même de son côté, du moins tout au début du mariage. Je m’occupais bien de lui, il avait même commencé à grossir, signe que son épanouissement était dans mes mains sûres, d’après les commentaires. Le mariage c’est le bonheur visible.
Des amis de très longues dates, qui n’ont pas eu la chance de connaitre mon mari, soit parce qu’ils sont à l’étrangers ou par le simple fait que le mariage fut célébré si rapidement et discrètement sans aviser au-delà de la famille proche, se sont eux-aussi joints au discours. Après les salutations coutumières, « et monsieur ? Il va bien ? Tu t’occupes très bien de lui j’espère ? » Une soudaine grande importance accordée à l’existence d’un homme dans ma vie, à mon propre détriment, au prix de mon inexistence soudaine… Il faut reconnaitre que là, mon bonheur n’inquiétait personne apparemment et que la seule chose qui importe est de savoir si je m’occupais bien de mon mari. A quelques reprises, je n’ai pas hésiter à souligner cette inquiétude si déséquilibrée, cette tendance à me rendre absente et irréelle. La société autour de moi me sembla si différente, transformée, et détachée de mon bien-être. Avec le temps, j’ai quand même compris que mon mariage à lui-seul ne pouvait pas transformer une société tout entière. La société sénégalaise a toujours été comme telle.
C’est mon changement de statut matrimonial qui faisait que j’étais maintenant, plus que jamais, en contact directe avec ces enjeux. C’est le mariage.
En gros, à part ces analyses, tout allait bien jusqu’à ce que les problèmes commencent à faire surface. Des problèmes à n’en finir, des incompréhensions comme je me disais à l’époque, après tout, il ne faut surtout pas divulguer les vraies raisons des disputes, jamais. Il faut savoir les termes synonymement employés : des disputes de couples pour dire des violences conjugales, il est trop tendu pour dire il me bat, je suis toujours critiquée pour dire que mon travail le dérange, il n’est jamais là pour dire il a une maitresse. Néanmoins, comprenons qu’au Sénégal, un mari ça se protège, même si tout au début, on fait comprendre à la femme, clairement, qui est le sexe fort, d’où la fameuse phrase, le linge sale se lave en famille. Et si la famille n’a pas le détergent qu’il faut ? Et si le linge venait de ladite famille ? Donc, le linge sale ne se lave jamais en public ? Même s’il y a une toute petite chance que ledit linge s’y sèche très rapidement, comme le démontrent les bonnes dames qui sèchent leur linge dans les rues ?
Le linge sale se lave en famille.
Si les commentaires sexistes et les déséquilibres d’approche et de traitement à l’encontre des 2 sexes commençaient à devenir la norme dès le début, ils attendaient ce moment précis pour me rendre furieuse. C’était la fameuse phrase de soumission et d’endurance qu’on me servait au menu quotidien, me rappelant toujours que le mariage n’était pas que bonheur. Avec toute cette base socioreligieuse fortement protectrice de l’homme marié sénégalais, je n’avais donc aucune chance de divulguer toute la vérité sur la saleté qui m’envahissais. J’utilisais des synonymes pour ne pas être une mauvaise épouse. Les lois de jure, de discrétion et du silence faisait que l’autre était bien protégé et il s’en jouissait pleinement aux yeux de tous. Ses actes offensifs étaient légitimisés par le discours de la famille et les attentes de la société sénégalaise. Et tout ce qu’il me fallait faire, c’était de masquer, de « muñ. » Le mariage, c’est la misère cachée.
Des mois passèrent, aucun changement. Le linge resta sale. Cette saleté empestait mes nuits, me volait le sourire, me rendit si malheureuse que je compris immédiatement qu’effectivement le mariage n’est pas que bonheur.
Le mariage était devenu que misère pour moi, si rapidement. Une misère que j’étais appelée à déguiser continuellement aux regards de la société. Une misère que je ne pouvais dénoncer aux risques d’être amèrement jugée, critiquée, perçue comme une mauvaise épouse, et ainsi marginalisée. Par peur d’arriver à ce stade, je trouvais refuge dans le silence et le retrait. J’avais du mal à répondre aux cérémonies festives, le sourire se faisait rare sur mon visage. Tout ceci commençait à se faire sentir au bureau où j’avais du mal à me concentrer. Les questions telles que « tu t’occupes bien de monsieur » m’enrageaient. Je voulais crier haut et forts et devant tous, faire tomber les masques, étaler les abus, démystifier les mensonges, et libérer mon âme.
La saleté chez moi me tuait à petit feu. La fumée se voyait par la belle famille. Et tout le monde fit semblant. Silence ou commentaires infructueux. Quels jeux ! Finalement, je devais jouer cette même comédie quand des amis et des parents nous rendez visite. Avec le sourire forcé, je leur servais à boire et à manger. Avec le sourire forcé, j’animais les discussions. Avec le sourire forcé, je riais aux tapages. Le sourire forcé. Finalement, quand la fatigue de sourire derrière mes blessures s’en prit à moi, quand le mensonge devint trop douloureux, j’avais commencé à limiter au maximum les visites de mes proches car j’essayais toujours de laver le linge sale loin des yeux moralisateurs et des décrets oraux. Le linge sale se lave seule.
À tout moment, je voulais que tout aille bien mais tout me brulait de l’intérieur. Je me souvenais des moments doux passés avec mon mari, des merveilleux plans de vie de couple qu’on avait, de la famille qu’on voulait fonder, de tant de promesses et de vision positives. Je me suis munie de ce passé qui était devenu, pendant longtemps, mon rêve de chaque nuit, me dorlotant dans l’insomnie, la peur, les abus, les pleurs, et me donnant la force d’affronter le jour où le seul soleil fut ma mère qui me soutenait et me faisait rire parfois et mon bureau où je me sentais à l’abris, physiquement. Chaque jour qui passe me confirmait que ma vie, mon corps, ma liberté étaient emprisonnés dans ce spectacle insensé, misogyne et injuste dont la mise en scène était parfaitement assurée par des lurettes de corruption, d’internalisation et de normalisation de l’infériorité de la femme, un héritage perpétué par de vieilles femmes dociles et de vieux ogres qui jouissaient toujours de leur supériorité. Des femmes qui perdurent dans des entraves masculines toute leur vie... C’est cela le mariage.
Des jours passèrent, et des nuits durant lesquelles les quelques étoiles qui illuminaient le ciel commencèrent elles aussi à disparaitre pour faire place aux orages du sexe fort, à la puanteur du linge sale et au devoir de soumission. Je me sentais constamment dans une situation de vulnérabilité décrite par la psychologue Aminata MBENGUE comme une condition dans laquelle « le corps de la femme est fétichisé, soumis aux regards critiques des hommes qui jugent et donnent des notes. » Mais j’ai appris que ce ne sont pas que les hommes qui donnent les notes. Les femmes elles aussi perpétuent et normalisent ce déséquilibre des deux sexes, les agressions, les violences physiques, les viols, la corruption du rôle de la femme et du mariage. Quand le linge est devenu trop sale et plein de souillure toxique, une prise-en-main des choses, une force de refus naquit en moi. Plus d’abnégation. Plus de rêve. Plus d’amour. Le linge sale se jette parfois.
La haine m’envahit par tous mes sens. Si mon corps fut le canvas assailli par cette saleté, mon esprit fit l’espoir guéri qui me repositionna devant cette scène sociétale, où je ne m’y aperçois pas comme la belle qui vit avec la bête, mais un spectacle où la bête transformait la belle par son venin. Un spectacle où je criais de toutes mes forces mais où les assourdis ne virent qu’un ours qui danse. Ainsi, la haine qui n’a jamais séjourné dans mon cœur y trouva place. Et si j’ai commencé à la transporter au plus profond de mes chambres, c’est parce que les couloirs de mon existence dans les structures du mariage étaient pleins de couvertures de patience, de soumission, de camouflage, de dialogues échoués et de prières sans écho, qui n’ont pas pu changer l’odeur répugnante du linge sale qui l’empoisonnait. Le linge sale détruit le mariage.
Étant une femme sénégalaise au Sénégal, me suis retrouvée avec la mission impossible de Coumba amul ndey (Coumba l’orpheline), devant ainsi laver un des linges sales de la société dans le sinistre Ndayaan du mariage, essayant de faire disparaitre la Bête pour faire paraitre sa Beauté, au prix de faire naitre en moi un animal sans cœur ni tête, au détriment de me propres droits humains.
Le linge sale salit.
VIDEO
LA VIE DANS LES EAUX
EXCLUSIF SENEPLUS - Les populations de Thiaroye racontent leur quotidien en cette période d'hivernage
Youssouf Ba et Samsidine Sané |
Publication 08/09/2019
Les populations de la banlieue Dakaroise sont confrontées à d'énormes difficultés après les pluies enregistrées dans la capitale. A Thiaroye, l'eau pluviale oblige les familles les plus aisées à quitter leurs maisons. Les familles aux revenus modestes en revanche, conjuguent leurs efforts pour y faire face. Latyr Tine, Binta Ngom, Gorgui Touré et autres, racontent à SenePlus, leur quotidien en cette période hivernale.
par Achille Mbembe
LA FIN DE L’APARTHEID N’AURA-T-ELLE DONC SERVI À RIEN ?
J’aurai été témoin de l’emergence dans une bonne partie de la conscience noire sud-africaine d’une pulsion negrophobe qui, épisodiquement, se traduira par la traque des Africains. Aujourd’hui, cette pulsion morbide à plusieurs égards, est devenue aiguë
Je vis dans ce pays depuis 1999. Presque vingt ans. Je me déplace beaucoup, mais l’essentiel de ma vie au cours des 20 dernières années, c’est ici que je l’aurai vécue.
Pendant les vingt ans de ma présence ici, j’aurai été témoin de grands moments historiques. L’un de ces moments, ce fut la mort et les funérailles de Nelson Mandela. Je m’en souviendrai toute ma vie. Le XXe siècle, le siècle des luttes pour la décolonisation, le siècle des grandes luttes pour les droits civiques et pour l’abolition de l’Apartheid, le siècle du genocide des Tutsis, ce siècle, pour moi, venait effectivement de se terminer.
A l’Afrique du Sud, je dois tant, presqu’autant qu’au pays qui me vit naître. ! Je ne voudrais donc pas en parler à la légère. Sans l’Afrique du Sud, je n’aurais jamais pu produire le travail que j’ai finalement produit.
En tant qu’Africain, mon sort est lié à celui de ce pays, au même titre qu’il est lié à celui du Nigeria, du Soudan, du Congo, du Maroc, de la Cote d’Ivoire, du Senegal, bref de ce Continent.
J’aurai, comme beaucoup d’autres, nourri un espoir lucide quant à l’avenir de l’Afrique du Sud tout en étant conscient de ses faiblesses. J’aurai en particulier été témoin de l’emergence et de l’enracinement dans une bonne partie de la conscience noire sud-africaine d’une pulsion negrophobe qui, episodiquement, se traduira par la traque des Africains et leur persécution.
Aujourd’hui, je suis désolé d’affirmer que cette pulsion, morbide à plusieurs égards, est devenue aigue et virulente.
Tous les Sud-Africains ne sont pas negrophobes. Mais la negrophobie est desormais largement partagée parmi toutes les couches de la population. Elle n’est pas seulement diffusée dans les réseaux sociaux. Elle est disséminée dans les pores du corps social.
Je parle de negrophobie à dessein. Les étrangers en général ne sont pas les cibles de ces violences à répétition. Les proies de ces traques, ce ne sont pas les Européens, les Américains, les Chinois et autres. Ce sont des Africains du sud du Sahara et, cela est parfois arrivé, des Sud-africains pris pour des Negro-Africains (pour utiliser une terminologie senghorienne). Il y a donc, manifestement, une obscure dimension à la fois morbide (je le répète) et raciologique à l’oeuvre dans ces pogroms.
J’utilise aussi le terme “chasse” à dessein. Des hordes armées soudain se forment et organisent des descentes sur le terrain. Elles pourchassent ‘au facies’, pillent les commerces, infligent des blessures et autres entailles à des corps malmenés, font couler le sang, et, à l’occasion, brulent tout, y compris des hommes vivants, dans une sorte d’exaltation à la fois furieuse et cannibalique.
Je sais que traiter de cette sorte de vampirisme social dans ces termes est de nature à agacer de belles âmes. Mais comment décrire autrement ce qui se passe?
Et puis la sempiternelle question: comment en est-on arrivé la?
L’Apartheid a évidemment bon dos. Et donc en chœur, nous répétons la même antienne. L’Apartheid aurait radicalement déshumanisé ses victimes. Et leurs bourreaux. Mais jusqu’à quand continuerons-nous de croire en nos fables?
Puis, il y a l’argument économique. Les inégalités criardes. Les nombre ahurissant de chômeurs et de sans-travail. Une vertigineuse pauvreté. On oublie que tous les chômeurs du monde et tous les destitués et autres damnés de la Terre ne répondent pas à leurs conditions en s’en prenant de cette manière aux non-nationaux.
Manifestement, quelque chose de très obscur et de très profond se joue dans ces bachannales à répétition. Si la traque des Negro-Africains est spectaculaire, il ne faut pas oublier que le vampirisme social auquel je fais allusion clame aussi d’autres catégories de victimes. En particulier les femmes.
Voici un État qui a réalisé de réels progrès en terme de représentation des femmes dans les rouages du pouvoir. En même temps, voici un peuple engagé dans un processus systémique de destruction de ses femmes. Faut-il parler des viols endémiques, des brutalités de tous genres, qui n’épargnent pas même les enfants?
Face à tout cela, le gouvernement est évidemment embarrassé. Qui, en Afrique ou ailleurs dans le monde, va prendre au sérieux un pays dont les ressortissants agissent aussi sauvagement, et confirment à la face du monde la somme de préjugés que l’histoire a toujours nourri à l’egard des Negres?
Qui va accepter que sur la scène internationale l’Afrique du Sud s’exprime au nom des Africains si elle les traite de cette manière à l’intérieur de ses frontières?
L’extraordinaire capital amassé lors de la lutte de libération a été dilapidé. Nombre d’intellectuels, hommes et femmes d’affaires, entrepreneurs, artistes et autres professionnels africains ne veulent plus entendre parler de ce pays qui, dans ses consulats, les fait ramper aux fins d’obtention d’un visa de court séjour. De ce pays qui, à travers ses firmes, exporte le racisme dans le reste du continent. De ce pays qui ne sait pas quelle est son identité dans le monde. De ce pays qui constamment aura oscillé entre la monstruosité et l’angélisme?
La libération du colonialisme et la fin de l’apartheid n’auront-elles donc servi à rien?
Certainement pas. Mais un énorme travail nous attend. Le sort de l’Afrique est entre nos mains. Collectivement. Nous en ferons ce que nous voulons, à condition que se lève une nouvelle conscience de notre destin dans le monde.
Au rythme ou ce monde va, et au regard de la façon dont il nous traite, une chose est claire. Nous devrons tout faire et tout donner afin qu’aucun.e Africain.e ou personne de descendance africaine ne soit traite.e comme un.e étranger.e en Afrique.
Ceci, personne d’autre ne peut nous le donner. Ou nous nous l’offrirons. Ou alors on ne parlera de l’Afrique que dans les termes d’un immense Bantoustan!
L’Afrique du Sud doit pleinement apporter sa part à la montée de cette conscience. Elle doit contribuer à la grande réouverture de l’Afrique sur elle-meme et à la renaissance de notre Continent.
Nous sommes en droit de l’exiger d’elle. Cela fait partie de ses obligations et de ses devoirs. Elle n’a pas d’autre choix.
Nous non plus !
WADE, LA POLITIQUE DANS LE SANG
À 90 ans passés, l’ancien chef de l’État aurait pu goûter les joies d’une retraite bien méritée. Penser cela serait mal connaître "Gorgui", lui qui ne s’est jamais senti aussi vivant que sur le ring
Jeune Afrique |
Mehdi Ba et Manon Laplace |
Publication 08/09/2019
C’est une modeste maison de plain-pied flanquée de larges panneaux ocre et ceinte d’un haut mur blanc qui empêche ses occupants de profiter de la vue. Abdoulaye Wade a pris ses quartiers en avril dans cette bâtisse solitaire et sans âme, qui fait face à l’Atlantique sur le flanc de la corniche ouest de Dakar, après un séjour de plus de deux mois dans une suite de l’hôtel Terrou-Bi – là aussi face au grand large.
Depuis sa brouille avec son vieux complice, Madické Niang, l’ancien président a déserté la villa luxueuse de Fann Résidence, que l’avocat mettait à sa disposition à chacun de ses séjours. Et sa maison historique du Point E, toujours en travaux, ne l’a pas accueilli de longue date.
Après son retour en fanfare à Dakar en février dernier, à quelques jours de la présidentielle, il s’est fait étonnamment discret. Les dernières images le montrent gravissant à grand-peine la passerelle d’un jet qui l’a conduit à Conakry pour rencontrer Alpha Condé. À son retour trois jours plus tard, l’ancien chef de l’État, qui venait d’appeler les foules à saboter le scrutin, avait mystérieusement remisé son costume d’opposant va-t-en-guerre. Devenu doux comme un agneau et muet comme une carpe, il vit, depuis, reclus et n’est plus apparu en public.
Déposer les armes ?
À 93 ans – « hors taxes », ajoute dans un sourire l’un de ses proches –, « Gorgui » (« le vieux », en wolof) s’est-il résolu à déposer les armes ? Au Parti démocratique sénégalais (PDS), le dernier carré de ses fidèles n’ose y croire. « Il l’a toujours dit : son ultime combat consistera à ramener le PDS au pouvoir. Il ne compte pas se reposer avant », témoigne son ancien ministre, Amadou Sall.
Certains chefs d’État s’accrochent au pouvoir comme si leur existence en dépendait. Abdoulaye Wade, lui, a besoin du combat politique comme la vie, de lumière et d’oxygène. Incapable de se passer de ses joutes, il a fait de son existence après le pouvoir un éternel recommencement. Incarnation sénégalaise d’Opposant-Historique, personnage factice créé par l’humoriste Mamane, Abdoulaye Wade aura réussi cet exploit : défier pendant près de cinq décennies, avant et après son propre règne, les trois autres présidents qui se sont succédé à la tête du pays.
Lorsqu’il quitte le palais de la République en 2012, au lendemain d’une troisième candidature controversée qui a tourné au fiasco, Abdoulaye Wade donne pourtant l’impression de tourner la page. Il fait savoir à Macky Sall qu’il se tient à sa disposition pour lui prodiguer d’éventuels conseils, puis plie bagages avec femme et enfants, et pose finalement ses valises en région parisienne.
Dans la villa en pierre meulière, qui appartient à son épouse, Viviane, il lit et reçoit beaucoup, tout en pilotant à distance le parti qu’il a fondé et dont il s’est refusé à céder les rênes. « Entre 1988 et son élection, en 2000, il avait toujours vécu entre Dakar et Versailles. C’est aussi une manière de rendre plus solennel chacun de ses retours au pays, lors d’événements politiques importants », résume Amadou Sall. Un moyen aussi « de faire des économies, et d’engranger un peu de trésorerie car, au Sénégal, entre l’organisation des réunions, l’entretien de la permanence du parti et les sollicitations des militants, faire de la politique coûte très cher ».
À ses visiteurs, Wade explique vouloir « renouveler sa vision du panafricanisme » et mettre son « expertise au service du continent ». En 2013, au creux de la vague, l’ancien président n’en fait pas mystère : il attend que les grands de ce monde le sollicitent, se rêvant en patriarche écouté ou en médiateur apte à dénouer les crises du moment…
Afin de concrétiser ce dessein, il fonde à Dubaï Wade International Consulting. « Pour transmettre mon expérience à d’autres chefs d’État », glisse-t-il. L’Afrique, pourtant, avancera sans ses conseils, le laissant ressasser ses souvenirs dans le salon de son pavillon versaillais.
Macky Sall, le nouvel ennemi politique
Il est vrai que c’est toujours au Sénégal que bat le cœur de ce fervent talibé mouride. D’autant que les foudres du nouveau régime se sont abattues sur son clan, au prétexte de lutter contre la corruption. Plusieurs de ses anciens ministres, visés par une enquête préliminaire, ont interdiction de quitter le territoire. Surtout, Karim, le fils chéri qu’au crépuscule de son règne il avait élevé au rang de superministre, est soupçonné d’enrichissement illicite. Il risque jusqu’à dix ans de prison.
Paradoxalement, Abdoulaye Wade vit cette perspective comme un bain de jouvence. Lui-même a effectué plusieurs séjours derrière les barreaux, confortant sa légende d’opposant irréductible. Le 17 avril 2013, lorsque Karim est inculpé et placé en détention provisoire à Dakar, son père se trouve un nouvel ennemi politique en la personne de Macky Sall.
Depuis la France, pendu au téléphone, Gorgui fourbit ses armes. En avril 2014, il orchestre son come-back à Dakar. Sur la route reliant l’aéroport à la permanence du PDS, il dénombre des « millions de Sénégalais » venus l’acclamer, comme s’il tentait de ressusciter la mythique « marche bleue » (la couleur du PDS), qui avait précédé sa victoire face à Abdou Diouf, en 2000. Les crocs du vieux lion sont restés affûtés. Dans une longue interview à Jeune Afrique, il défie ouvertement son successeur : « Je peux renverser Macky Sall à tout moment. Il me suffit de lancer les populations sur le palais. »
Des accusations qu’il réitère en novembre 2014, sur l’estrade lors d’un grand meeting tenu par le Front patriotique pour la défense de la République (FPDR) sur la place de l’Obélisque, à Dakar. Parlant sans notes pendant plus d’une heure, Abdoulaye Wade retrouve les accents de tribun qui avaient bâti sa légende.
Mais depuis 2000, les choses ont changé. Il est désormais trop âgé pour briguer la magistrature suprême. Sa revanche se jouera donc par procuration : en mars 2015, à quelques jours du verdict de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, qui condamne Karim Wade à six ans de prison et à une amende pharaonique, Wade impose au PDS de désigner son fils comme candidat à la prochaine présidentielle.
Depuis la France, où il est retourné vivre, il prépare donc les prochaines échéances. En juin 2016, Karim a été gracié et a opté pour un exil mutique au Qatar. Lorsque son père revient à Dakar, en juillet 2017, c’est pour prendre la tête de la principale liste de l’opposition aux législatives. Mais avec 16,7 % des suffrages, la prestation s’avère médiocre. Qu’importe ! Wade a déjà les yeux rivés sur la présidentielle de février 2019. Il contraint son parti à adopter la stratégie du « Karim ou rien ! » – une obsession qui finira par priver le PDS de candidat.
Au début de l’année, c’est un homme vieilli, au teint cireux et à l’élocution pâteuse, qui se campe devant une caméra, dans son salon, pour se poser en ultime recours dans une vidéo de treize minutes : « Alors que je suis à l’étranger, de nombreux Sénégalais […] m’ont fait parvenir des messages pressants me demandant de rentrer au pays pour l’aider à sortir de la crise profonde dans laquelle il est plongé aujourd’hui. »
Wade renoue avec un registre qu’il affectionne : celui du messie politique. En avril 2014 déjà, il indiquait avoir « senti à distance les souffrances du peuple » et avoir « décidé de rentrer pour lui indiquer la voie ». Mais cette fois, le charme n’opère plus. Ses appels au boycott de l’élection ne provoquent qu’une indifférence polie dans les rangs d’une opposition bien décidée à jouer son va-tout. La stratégie du vieux lion ne convainc pas davantage dans les rangs – de plus en plus dégarnis – du PDS.
« Plus il prend de l’âge, plus Abdoulaye Wade se concentre exclusivement sur son fils, et plus c’est celui-ci qui gère son père, confie un proche sous le couvert de l’anonymat. Désormais, c’est Karim qui a le dernier mot concernant les décisions du parti. »
Fin de la partie ?
Depuis plusieurs années déjà, ses proches le dissuadent d’accorder tout véritable entretien aux médias. Son entourage le sait « incontrôlable ». Dans sa nouvelle maison à flanc de colline, quelques cadres du PDS lui rendent toujours visite en attendant son prochain départ pour Versailles, qu’on annonce imminent. Mais le gratin de la classe politique ne semble pas s’y presser.
Ses héritiers estiment-ils que son récent échec à mobiliser marque la fin de la partie ? La nouvelle coqueluche de l’opposition, Ousmane Sonko, est née en 1974, l’année où Abdoulaye Wade, à 48 ans, fondait le PDS. Après l’avoir combattu en 2012, l’ancien inspecteur des impôts se montre aujourd’hui plus indulgent : « Quoi qu’on ait pu lui reprocher et qui lui a valu de perdre le pouvoir, sur la question de la souveraineté et du patriotisme, c’est lui qui s’est le plus illustré parmi les quatre présidents du Sénégal. »
Senghor avait acquis l’immortalité en entrant à l’Académie française en 1983, deux ans après avoir quitté définitivement le pouvoir et la vie politique. « Wade, lui, est né pour se battre. Il mourra en se battant », prophétisait l’un de ses proches collaborateurs. Quant à l’immortalité, l’intéressé a sa petite idée, qu’il résumait à JA en 2014 : « Je sais que j’ai fait tellement de bien sur la terre que j’irai au paradis. »
[Mise à jour : Depuis la publication de cet article, le 14 juillet, Abdoulaye Wade a renoué avec son statut d’opposant historique. Après une apparition publique à l’occasion de sa rencontre avec le khalife général des mourides, le 18 juillet, l’ancien chef de l’État s’est affiché avec plusieurs personnalités de l’opposition dont Ousmane Sonko, candidat malheureux à l’élection présidentielle, venu recueillir ses « conseils avisés ».
Le chef du PDS a surtout décidé de remanier les instances dirigeantes de son parti. Le 9 août, il en a écarté certains de ses vieux compagnons de route, élevant son fils Karim au statut de numéro 2 de la formation libérale. Une promotion qui a du mal à passer parmi les cadres historiques du parti. Taxant cette restructuration d’ »illégale », certains d’entre eux ont déclaré une guerre ouverte aux jeunes Karimistes… tout en s’abstenant de contester la légitimité de leur insubmersible mentor.]
Dans le confort douillet du Terrou-Bi
Drôle d’endroit pour une campagne. À son retour à Dakar, le 7 février dernier, Gorgui atterrit à l’hôtel Terrou-Bi, tel un banal touriste. Avec son épouse, Viviane, il prend ses quartiers au premier étage, dans une suite Business Junior Panoramique, composée d’un salon et d’une chambre. Dès son arrivée, leaders politiques et personnalités se précipitent pour le saluer, comme l’on part recueillir la bénédiction du khalife général de Touba ou de Tivaouane.
Pour ses rendez-vous, discrets ou médiatisés (comme la visite du candidat Ousmane Sonko, le 9 février), Abdoulaye Wade dispose d’une salle de réunions. Mais à son retour de Conakry, le 18 février, le Vieux déserte la conférence de presse qu’il a lui-même convoquée. Il ne réapparaîtra plus.
« La plupart du temps il mangeait via le room service », indique un employé, qui ajoute que l’ancien président se montrait sympathique avec le personnel, avec qui « il s’arrêtait pour papoter ». Mais qu’« il n’est quasiment pas sorti de l’hôtel ».
MACKY HOMME DE L'ANNÉE AFRICA OIL AND POWER, QUE VAUT VRAIMENT CETTE RÉCOMPENSE ?
"Si le financement d’une soirée lors de laquelle est remis un prix provient directement du lauréat ou d’entités liées au lauréat, alors il est cohérent de déduire que le prix relève plus de la communication"
Cette nouvelle visite a incité Open Data Journalisme à essayer d’en savoir plus sur Africa Oil and Power, l’organisation décernant le prix au Président sénégalais.
En remontant dans le temps pour suivre les précédentes activités organisées par Africa Oil and Power sont apparues au moins trois sociétés appartenant à N. J. Ayuk qui sont partenaires de cet événement.
En essayant d’en savoir plus, Open Data Journalisme a établi un aperçu de certaines des nombreuses sociétés créées par N. J. Ayuk en Afrique du Sud. Toutes ces entreprises sont domiciliées à une seule adresse qui est donnée dans une des visualisations de données (data visualisation) dans le corps de cet article.
Autre fait surprenant : lors des événements organisés par Africa Oil and Power, ce sont souvent les partenaires qui reçoivent les récompenses.
Le présent article complète notre article précédent publié fin juin 2019 dans lequel #OpenDataJ établissait que la Chambre de Commerce Africaine de l’Énergie d’N. J. Ayuk était une entreprise privée et non une chambre de commerce contrairement à ce que laissait penser (son appellation) sa raison sociale.
==Qui finance les remises de prix d’Africa Oil and Power ?==
Selon le communiqué d’Africa Oil and Power relayé par le Bureau d’Information Gouvernemental (BIG) de la République du Sénégal, le précédent lauréat du prix que l’AOP décernera en 2019 au Président Macky Sall est le Nigérian Mohammed Barkindo. Ce dernier a été nommé le 2 juin 2016 Secrétaire Général de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), une organisation créée du 10 au 14 septembre 1960.
“AOP explique que « le dernier récipiendaire de ce prix a été SE Mohammed Sanusi Barkindo, Secrétaire général de l’OPEP. S.E. Barkindo a guidé l’OPEP dans l’une de ses périodes les plus turbulentes, marquée par une baisse soutenue du prix du pétrole et une perte de part de marché mondiale. On lui attribue le rétablissement de la stabilité du marché à l’échelle mondiale grâce à l’accord historique conclu entre l’OPEP et les pays non-membres de l’OPEP pour réduire la production de pétrole ».”
Commençons par vérifier quelques affirmations faites dans la citation ci-dessus :
Question 1 : L’OPEP a-t-elle connu une baisse soutenue des prix du pétrole peu avant 2006 ?
Réponse à la question 1 : oui et non !
Oui, car la baisse a effectivement été soutenue. En effet, les données relatives au prix du baril de pétrole fournies par l’OPEP établissent que la période comprise entre 2019 et 2000 enregistre un prix du baril minimal de 23.12 dollars US.
Non, parce que la baisse enregistrée dans la période allant de 2019 à 2000 n’est ni la première, ni la plus importante des cours du baril de pétrole brut. En effet, pendant la période comprise entre 1979 et 1960 l’OPEP a enregistré un faible prix du baril. Il a été de 12.28 dollars US en 1998.
À ce jour, le plus bas prix du baril de pétrole a été enregistré par l’OPEP entre 1976 et 1960. Il variait respectivement entre 11,6 dollars US et 1.21 dollars US.
Question 2 : est-ce exact que “On lui (Mohammed Sanusi Barkindo) attribue le rétablissement de la stabilité du marché à l’échelle mondiale grâce à l’accord historique conclu entre l’OPEP et les pays non membres de l’OPEP pour réduire la production de pétrole” ?
Réponse à la question 2 : Difficile de confirmer l’affirmation
En effet, aucune des sources consultées et sollicitées ne permet d’établir que l’accord ayant permis une baisse mondiale de la production de pétrole peut être “attribué” à Mohammed Sanusi Barkindo.
L’expertise du Nigérian Mohammed Sanusi Barkindo est unanimement reconnue. Entre autres titres universitaires, il est titulaire d’un diplôme d'études supérieures en économie pétrolière de l'université d'Oxford, d'une maîtrise en administration des affaires de l'université du Sud-Est de Washington.
Cependant, les différentes sources consultées et sollicitées précisent :
D’une part, que Mohammed Barkindo a été nommé SG de l’OPEP parce qu’il était le candidat incarnant la neutralité . C’est ce qu’explique par exemple cet article de Radio France Internationale,
Évaluer cette crédibilité passe par l’identification du mécanisme de financement de la réunion d’AOP lors de laquelle le prix “d’homme de l’année 2018” a été remis à Mohammed Sanusi Barkindo.
En effet, si le financement d’une soirée lors de laquelle est remis un prix provient directement du lauréat ou d’entités liées au lauréat, alors il est cohérent de déduire que le prix relève plus de la communication que d’une évaluation rigoureuse et impartiale des performances de la personne physique ou morale récompensée.
Dans certaines organisations il existe une charte ou un code éthique. Dans des organisations ayant une charte éthique, une chose aussi simple que l'acceptation d’un prix décerné au Secrétaire Général est soumise à l’aval préalable du comité d’éthique.
Un tel code interdit de mélanger le travail de l’organisation et des actions de communication pouvant avoir un intérêt personnel pour un des dirigeants de l’organisation.
Aucune charte éthique n’est présente sur le site web de l’OPEP. Open Data Journalisme a contacté et relancé l’OPEP en leur demandant de nous transmettre leur code d’éthique si la structure en a un. Mais nos sollicitations sont restées vaines.
===AOP 2018, l’argent vient essentiellement du Nigéria et un nigérian est primé===
Il existe une corrélation entre les prix attribués par Africa Oil and Power et les sponsors des conférences, salon et soirées AOP.
Parfois, il s’agit de sponsors provenant du même pays. D’autres fois ce sont purement et simplement les sponsors de l’événement qui reçoivent des récompenses.
La première et la deuxième sont des sociétés nigérianes. La troisième est une société exerçant des activités dans le domaine pétrolier au Nigéria.
L’Africa Oil and Power 2018 avait 5 sponsors “Premium“ dont :
Gunvor,
Sclumberger,
KenGas,
Ces trois sociétés exercent des activités économiques dans le domaine pétrolier au Nigeria.
Les 2 autres sponsors “Premium“ de l’AOP 2018 sont :
Afreximbank : banque panafricaine,
Independant Power Producters Office : un programme Sud-Africain.
La majorité des sponsors principaux de l’AOP 2018 qui se déroule en Afrique du Sud sont : soit des compagnies du Nigeria, soit des compagnies exerçant des activités dans le domaine pétrolier au Nigeria.
C’est lors de l’AOP 2018 majoritairement financé par des entreprises nigérianes et exerçant au Nigeria que le Nigérian Mohammed Sanusi Barkindo a reçu le prix “d’homme de l’année 2018”.
===Forum des Investisseurs de Londres 2018 : la Guinée Equatoriale finance et est primée===
Le Forum des Investisseurs de Londres 2018 (London Investor Forum 2018) a été marqué par le lancement du livre “Africa Energy Series: Equatorial Guinea 2018”.
Cette manifestation avait en tout 18 partenaires tous statuts confondus. Parmi eux : 6 étant des structures de Guinée Équatoriale dont la compagnie aérienne équato-guinée “Ceiba“, la Banque Nationale de Guinée Équatoriale et le Ministère des Mines de Guinée Équatoriale.
Toujours parmi les partenaires toutes catégories confondues du “London Investor Forum 2018“ sont présents 2 entreprises appartenant à N. J. Ayuk : Centurion et DMWA Ressources.
Autrement dit : 8 partenaires sur 18 sont directement liés à la République de Guinée Équatoriale et à N. J. Ayuk. C’est quasiment la moitié des sponsors de l’événement.
Le décompte qui précède ne prend pas en compte les sociétés multinationales impliquées dans l'industrie pétrolière qui mènent ou qui ont mené des activités en Guinée Équatoriale. Il s’agit des 4 suivantes : Kosmos Energy, Noble Energy, Marathon Oil et de OneLNG.
London Investor Forum 2018 a parmi ses 18 sponsors tous statuts confondus au moins 12 qui sont liés à la Guinée Équatoriale et à N J Ayuk.
==Conclusion==
Les lancements de deux rapports sur la Guinée Équatoriale se sont déroulés lors de manifestations qui ont été essentiellement financées par la République de Guinée Équatoriale.
La désignation du Président Macky Sall comme l’Homme de l’année 2019 par Africa Oil and Power peut donc difficilement être considérée comme un prix attribué par un organisme s’étant basé sur des performances particulières réalisées par le Sénégal.
Le prix qui sera remis au chef de l’État du Sénégal est exclusivement une action de communication pour laquelle la République du Sénégal et (ou) des sociétés exerçant dans le domaine minier au Sénégal paieront en finançant l’organisation de l'événement.
Si l’on voulait résumer trivialement ce qui se fera du 9 au 11 Octobre à Cape Town lors de la conférence Africa Oil & Power 2019, l’on pourrait dire que le Sénégal a acheté (grâce à des contrats de communication) et va acheter en participant (en tant que sponsor) la récompense qui sera décernée au Président de la République.
POUR LA PREMIÈRE FOIS EN FRANCE, L'IMAM EST UNE FEMME
Ce samedi après-midi, dans le plus grand secret, deux femmes ont dirigé un temps de prière musulman, mixte et progressiste, où le port du voile n’est pas obligatoire
Le temps est comme suspendu à cet instant précis. Dès les premiers échos de l'appel à la prière, les 70 fidèles sont saisis par cette voix éblouissante qui répète en arabe : « Dieu est le plus grand. » Une voix qui, pour la première fois en France, est féminine. Une voix qui pose définitivement ce moment historique que représente cette première prière mixte dirigée par deux femmes imames, Anne-Sophie Monsinay et Eva Janadin, à la fois « stressées et heureuses ».
C'était ce samedi, à 13h30, dans une salle louée à Paris dont l'adresse est tenue secrète pour des questions de sécurité. Preuve que cet islam progressiste n'est pas toléré auprès de mouvements fondamentalistes. L'imame, Anne-Sophie Monsinay, a d'ailleurs fait part d'attaques, « heureusement moins nombreuses que les encouragements ». « Exceptionnellement, ce temps de prières a lieu un samedi car nous n'avons pas pu l'organiser un vendredi pour des raisons logistiques. Tous les autres rendez-vous, qui se tiendront une fois par mois dans d'autres lieux, se dérouleront le vendredi soir selon le format traditionnel du culte », précise Eva Janadin.
Des cérémonies mensuelles chargées de mesurer, dans un premier temps, l'affluence des fidèles séduits par cet islam progressiste qui « réconcilie la foi avec la raison et l'esprit critique, ajoute-t-elle. Nous apportons notre pierre à la construction d'un islam de France adapté aux acquis de la modernité ».
Totale mixité
Dans un second temps, les deux imames envisagent de trouver un lieu fixe qui deviendrait le premier lieu de culte musulman dirigé par des femmes. S'il n'existe pas encore, il a déjà un nom : la mosquée Simorgh, du nom d'un oiseau mythologique que l'on retrouve chez le poète soufi iranien, Attar. Dans ses écrits, la quête de cet oiseau permettrait de trouver son « moi » profond.
Cet islam progressiste est fondé sur quatre grands principes : l'égalité entre les femmes et les hommes d'abord. Toute femme qui le désire peut ainsi devenir imame, prêcher et prier avec les hommes dans la même salle sans hiérarchie spatiale et dans une totale mixité. Ce samedi, c'est bien le cas. Femmes et hommes prient les uns à côté des autres, dans une quasi-parité. Second principe : la liberté de porter ou non le voile « qui relève du choix personnel », insiste Eva Janadin. De fait, pour la première, moins d'une dizaine de femmes ont choisi de se couvrir les cheveux.
L'inclusivité ensuite : aucune discrimination en raison de l'orientation sexuelle, du genre, de l'origine ou de la religion d'un individu n'est tolérée. Enfin, la francophonie. Tous les sermons sont ainsi prononcés en français et toute formule arabe est systématiquement traduite pour garantir la compréhension du discours.
Deux enseignantes converties à l'islam
La voix de l'adhan (appel à la prière), c'est celle d'Anne-Sophie, 29 ans, professeure de musique. Avant elle, Eva, 30 ans, professeure d'histoire, a fait les salutations : « que la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient avec vous ». Converties depuis une dizaine d'années, elles sont les fondatrices de l'association cultuelle, née en 2018 : Voix d'un islam éclairé (VIE), qui compte actuellement 200 adhérents. C'est via ce réseau que les fidèles se sont déplacés en nombre pour cette première rencontre. Faute de places, certains sont restés à la porte.
Ce n'est pas le cas de Mina, venue de Lyon pour l'occasion. « J'attendais cela avec impatience. Nous sommes nombreux à avoir cette conception-là de l'islam, témoigne cette femme de 43 ans. Pendant longtemps, je ne percevais plus le sens du rite. C'était devenu des automatismes. Je rentrais le soir, il fallait rattraper les cinq prières. J'ai toujours été musulmane mais en découvrant Anne-Sophie et Eva, j'ai entamé une démarche d'ouverture. Aujourd'hui, je suis bien avec mon islam qui laisse sa place à ma propre réflexion. »
Parmi les invités, on compte également Seyran Ateş, imame de la mosquée Ibn Rushd-Goethe de Berlin, actuellement sous protection policière, ou Dominique Reynié, du think tank Fondapol (Fondation pour l'innovation politique) qui a publié leur premier manifeste. Philippe, 58 ans de Paris, fait aussi partie des chanceux. « Je me suis converti il y a cinq ans. J'ai toujours été croyant mais, avant, j'étais catholique. Ce qui se passe ici, c'est le renouveau de l'islam. On ne vit plus au VIIe siècle, cette évolution est nécessaire. »
Opération crowdfunding pour la mosquée Fatima
Un autre projet en France met les femmes au centre du lieu de culte. L'imame franco-algérienne Kahina Bahloul, 40 ans, doctorante en islamologie à l'École pratique des hautes études à Paris, veut ouvrir dans la capitale une mosquée dite libérale baptisée Fatima, du nom de la fille du Prophète. Les prêches y seront alternativement assurés par une femme et un homme.
Lors de la prière dans une salle commune, fidèles féminins et masculins ne seront pas mélangés mais chacun d'un côté. « Car il peut y avoir des gens un peu gênés au moment de la prosternation. En revanche, tout le monde sera sur la même ligne », explique-t-elle. Le port du voile ne sera pas obligatoire. Avec une communauté de fidèles réunis dans une association cultuelle loi 1905 fraîchement créée, elle souhaite, « idéalement », acquérir un espace de 300 m2 dans lequel il sera aussi possible de « transmettre un enseignement ».
Une campagne de financement participatif sur la Toile a été lancée il y a quelques jours. « On cherche également des mécènes », précise-t-elle. Le business plan prévoit un investissement de « 2 à 3 millions d'euros ». En attendant, elle envisage de louer « un lieu fixe pour tous les prêches et les prières du vendredi ». Pour l'heure, les rencontres se déroulent au domicile des uns et des autres.
Depuis la présentation officielle de ce projet en janvier, la théologienne a été la cible de menaces sur les réseaux sociaux. Elle est devenue imame au printemps.
Aucun verset ne l’interdit
Rien, dans le Coran, n’interdit à une femme de diriger la prière. En fait, le texte sacré de l’islam n’évoque pas la fonction d’imam telle qu’on la connaît aujourd’hui. En revanche, dans la tradition prophétique, une parole du Prophète montre qu’une femme, Oum Waraqa, a été désignée par Mahomet pour conduire la prière. Il n’est pas précisé si l’auditoire était alors féminin ou mixte, ce qui donne lieu, aujourd’hui encore, à différentes interprétations. Au XIIIe siècle, le théologien et juriste Ibn Arabi, estimant que rien ne prouvait qu’Oum Waraqa prêchait uniquement devant des femmes, autorisait, par exemple, l’imamat de la gent féminine dans des assemblées mixtes.
SAMUEL ETO'O, UN GÉNIE À LA CONFIANCE EN SOI INÉBRANLABLE
Contrairement à Weah, Drogba ou d’autres grands noms du continent, l'ancien international camerounais qui vient de raccrocher les crampons, a tout gagné, et ce plusieurs fois. Et il a su s’imposer dans cinq pays différents
Samuel Eto’o a annoncé dans la nuit du 6 au 7 septembre 2019 qu’il mettait un terme à sa très riche vie de footballeur. Une fin de carrière peu en phase avec l’incroyable parcours et la forte personnalité du Camerounais de 38 ans.
Samuel Eto’o est-il le plus grand footballeur africain de tous les temps ? Le Camerounais est, à coup sûr, l’un des plus grands attaquants nés sur le continent. Aucun autre joueur d’Afrique n’a autant marqué le ballon rond moderne de son empreinte, si l’on excepte l’Ivoirien Didier Drogba et le Libérien George Weah.
Contrairement à Weah, Samuel Eto’o n’a toutefois jamais reçu la distinction individuelle suprême pour un footballeur : le Ballon d’Or. Le natif de Nkon (près de Yaoundé) n’a même jamais figuré sur le podium lors de l’élection organisée chaque année par le magazineFrance Football. Une situation que la superstar africaine a parfois mal vécue. Notamment en 2006, lorsqu’il avait fini meilleur buteur du Championnat d’Espagne (Liga) avec 26 bus inscrits sous les couleurs du FC Barcelone (FCB), à l’issue d’une saison époustouflante.
Avec un Ballon d’Or à son palmarès, peut-être n’y aurait-il pas de débat. Car, contrairement à Weah, Drogba ou d’autres grands noms du continent, Samuel Eto’o a tout gagné, et ce plusieurs fois. Et il a su s’imposer dans cinq pays différents.
Des débuts difficiles en Europe
Il y a tout d’abord eu l’Espagne, le pays qui l’accueilli en 1996, après d’autres essais infructueux en Europe. Car, avant de briller en Liga de 1998 à 2009, celui qui n’était encore qu’un adolescent a tenté sa chance en France à plusieurs reprises. Il a même passé plusieurs semaines à Paris, sans visa en règle.
Malgré cet échec, Samuel Eto’o revient sur le Vieux continent quelques mois plus tard, dans la péninsule ibérique cette fois. Le prestigieux Real Madrid lui fait signer un contrat en 1996 mais peine à faire confiance au jeune Africain. Le Camerounais est prêté à d’autres clubs espagnols, moins huppés, comme Leganès (1997-1998), l’Espanyol Barcelone (1999) et Majorque (2000).
C’est aux Baléares que l’intéressé s’épanouit enfin. Au point que les dirigeants madrilènes acceptent de le transférer au RCD Mallorca en 2000. Il y passera quatre années très prolifiques en buts (70 eu 165 matches officiels).
Un âge d’or avec les équipes du Cameroun
En parallèle, Samuel Eto’o vit alors un âge d’or avec les équipes nationales du Cameroun. En 2000, puis en 2002, il remporte la Coupe d’Afrique des nationsavec une des générations les plus talentueuses de l’histoire du football camerounais. Entre ces deux sacres, l’attaquant décroche également la médaille d’or aux Jeux olympiques de Sydney.
À 21 ans seulement, Samuel Eto’o a déjà gagné deux CAN et a été sélectionné pour deux Coupes du monde (1998 et 2002). Sa trajectoire en équipe nationale connaîtra ensuite quelques couacs, comme les éliminations en quarts de finale des CAN 2004 et 2006 ou la non-qualification pour le Mondial 2006.
La consécration avec le Barça
En clubs, le milieu des années 2000 est en revanche une période faste pour Samuel Eto’o. En 2004, il s’engage avec le FC Barcelone. Sa réussite en Catalogne est immédiate avec 29 buts en 45 matches lors de la saison 2004-2005 puis 34 en 47 rencontres lors de l’exercice suivant.
De fait, après quelques années de vaches maigres, le Barça retrouve les sommets du foot national et continental, avec l’ex-Madrilène à la pointe de son attaque. Il y a tout d’abord ces deux titres de champion d’Espagne (2005 et 2006). Il y a surtout la consécration en Ligue des champions (C1) ; une compétition durant laquelle il égalise en finale, face à Arsenal (2-1).
Samuel Eto’o partage alors l’affiche avec le Brésilien Ronaldinho. Il voit surtout un jeune prodige argentin creuser progressivement son trou : Lionel Messi.
La revanche avec l'Inter Milan
En 2008, après une saison décevante du FCB, Josep Guardiola est désigné entraîneur. L’ex-milieu de terrain emblématique du Barça respecte le talent de Ronaldinho et d’Eto’o. Mais le dilettantisme du premier et le fort caractère du deuxième ne lui inspirent aucune sympathie. Surtout, « Pep » aimerait faire de Messi son atout numéro un.
Si le Brésilien part pour l’AC Milan dès l’été 2008, Samuel Eto’o passe encore une année en Espagne. En dépit d'un nouveau titre européen et d'un but en finale de la C1 (2-0 face à Manchester United), il est expédié en Italie en « échange » du Suédois Zlatan Ibrahimovic et d’une quarantaine de millions d’euros.
À l’Inter Milan, José Mourinho accueille son nouveau protégé avec beaucoup d’égards, même s’il l’aligne davantage sur les ailes qu’en tant qu’avant-centre. Vexé d’être relégué derrière l’Argentin Diego Milito, le « Lion Indomptable » se plie toutefois aux choix tactiques de son entraîneur. En demi-finale retour, face à Barcelone, le Portugais va même jusqu’à positionner le Camerounais sur le flanc gauche de la défense. Une tâche dont ce dernier s’acquitte avec brio, contribuant à éliminer son ancien club. Avec les Milanais, Samuel Eto’o décroche ensuite sa troisième Ligue des champions, en battant le Bayern Munich en finale (2-0).
L’exil doré en Russie
Samuel Eto’o réussit encore une saison de haute volée, en 2010-2011, marquée entre autre par une victoire en Coupe du monde des clubs (3-0 face au Tout Puissant Mazembe). Mais le buteur maîtrise décidément l’art du contrepied.
À 30 ans, il se laisse attirer en Russie. Une équipe du sud-est du pays, l’Anji Makhatchkala, lui dresse en effet un pont d’or. Avec 20 millions d’euros par an, il obtient alors le plus gros salaire jamais versé à un footballeur, par un club.
Déjà, en 2008, Samuel Eto’o s’était rendu en Ouzbékistan pour étudier une offre faramineuse faite par le Kuruvchi Tachkent. Mais il avait alors décliné. Dans le championnat russe, le trentenaire n’a pas à forcer son talent. Il passe surtout son temps à faire la navette entre Moscou, où il vit, et le Daghestan, où il s’entraîne et dispute les matches à domicile de l’Anji.
Le début des ennuis
Les années qui suivent sont toutefois moins fastes pour Samuel Eto’o, que ce soit en clubs ou en sélection. Avec le Cameroun, après s’être heurté deux fois à l’Égypte à la CAN (en finale en 2008, et en quarts en 2010), le meilleur buteur de l’histoire de la compétition (18 réalisations) ne se qualifie pas pour les éditions 2012 et 2013. Il vit en outre une Coupe du monde 2010 et surtout 2014 qui se soldent par de piteuses éliminations dès le premier tour du tournoi. Dans la foulée du mondial brésilien, il annonce sa retraite internationale.
Il y avait de toutes les façons de l’eau dans le gaz depuis plusieurs années déjà entre la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et sa vedette. En 2011, la Fécafoot l’avait suspendu pour 15 rencontres suite au boycott d’un match amical en Algérie. Une contestation dont il avait été l’un des leaders. La sanction avait ensuite été réduite à huit mois.
En Russie aussi, l’icône n’est plus tout à fait en odeur de sainteté. Le propriétaire de l’Anji connaît des difficultés financières et ne veut plus verser les énormes émoluments de Samuel Eto’o, notamment.
Samuel «Ego’o»
Cest l’occasion pour lui de découvrir un nouveau grand championnat : l’Angleterre. José Mourinho, qui a repris les rênes de Chelsea, fait venir son ancien poulain à Londres. Mais la nouvelle collaboration entre les deux hommes est loin de leur romance à l’italienne. En marge d’une émission de télévision, le Portugais se moque de l’âge d’Eto’o : « Il a 32 ans… Peut-être 35 ans, qui sait ? » La scène, captée par une caméra, jette un grand froid. Quelques mois plus tard, l’avant-centre rétorque : « Ce n’est pas parce qu’un idiot a dit que j’étais un vieil homme que vous devez le croire. » Ambiance...
Sûr de sa force et de son talent, Samuel Eto’o n’hésite jamais à aller au clash. Quelques semaines plus tôt, il est revenu avec virulence sur la manière dont Guardiola l’avait fait partir de Catalogne, en 2009 : « J’ai rappelé à Guardiola quand il est arrivé qu’il n’avait jamais été un grand joueur, mais un bon joueur. »
S’il loue régulièrement le talent de ses ex-coéquipiers en clubs (Lionel Messi, Andrés Iniesta…), Samuel Eto’o est rarement tendre avec ses compatriotes. Son omniprésence et son omnipotence dans le football camerounais agacent d'ailleurs certains « Lions Indomptables » anciens et actuels.
Le grand frère
Le joueur parle souvent de lui à la troisième personne. Il ne supporte pas toujours la contradiction. Et il n’hésite pas parfois à s’en prendre des journalistes trop critiques à son goût.
Voilà pour la face sombre d’un personnage toutefois complexe. Car il adore d’un autre côté le rôle de grand frère. Il n’hésite jamais à se montrer dispendieux avec son entourage et à aider des gens en détresse. Lorsque l’ancienne gloire et coach du Cameroun Jean-Paul Akono connaît de graves problèmes de santé en 2013, Samuel Eto’o prend en charge le transfert et les soins de son aîné.
Durant les années qui suivent son passage à l’Inter Milan, Samuel Eto’o consacre d’ailleurs beaucoup de temps à des activités extra sportives, voire caritatives. Que ce soit dans la prévention contre le Sida, la lutte contre le racisme, ou son combat contre la pauvreté infantile en Afrique. Le joueur a d’ailleurs crée une fondation à son nom, dès 2006.
Un homme d’influences
Samuel Eto’o a par ailleurs l’oreille de nombreuses personnalités africaines et pas seulement du président du Cameroun, Paul Biya. S’il entretenait des relations froides avec son compatriote Issa Hayatou, le Camerounais travaille en revanche en étroite collaboration avec son successeur à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF).
Il est ainsi devenu l’un des conseillers du patron de la CAF, le Malgache Ahmad. Un nouveau défi pour celui qui a poursuivi tranquillement sa carrière d’attaquant entre 2014 et 2019 dans des formations moins clinquantes, comme Everton (Angleterre), la Sampdoria de Gênes (Italie), Antalyaspor et Konyaspor (Turquie), ainsi que le Qatar SC…
Depuis la prise de pouvoir d’Ahmad, Samuel Eto’o a endossé avec beaucoup de conviction ses habits d’ambassadeur et de légende du football continental. Une tenue qui va parfaitement à celui qui a été désigné quatre fois Joueur africain de l’année, un record co-détenu avec l’Ivoirien Yaya Touré.
"LE MUGABE DES ANNÉES 80 AVAIT BEAUCOUP FAIT POUR LE ZIMBABWE"
L’ancien ministre et historien de formation, Abdoulaye Bathily, évoque sa première rencontre avec l'ex chef de l'État zimbabwéen décédé vendredi ainsi que son parcours de dirigeant nationaliste
L’ancien ministre sénégalais Abdoulaye Bathily, historien de formation, est allé plusieurs fois à Hararé après la chute du régime raciste en 1980. La première fois qu’il a croisé le président Mugabe, c’était à l’occasion d’un séminaire universitaire. Abdoulaye Bathily s’en souvient très bien. Il est notre invité.
RFI: La première fois que vous avez vu Robert Mugabe, à Harare, quelle a été votre première impression ?
Abdoulaye Bathily : Eh bien, c’est avec beaucoup d’émotion, bien entendu, de voir quelqu’un qui jouissait d’un tel prestige et qui avait à cœur la libération économique et politique du continent africain. Je me rappelle du séminaire que nous avons organisé en 1981 et qui s’intitulait « Où va le Zimbabwe ? ». Il nous a reçus et il était plein d’enthousiasme. Il nous expliquait toutes les réformes qu’il allait entreprendre sur le plan économique, sur le plan politique et sa tache première était évidemment, selon lui, la libération de l’Afrique du Sud, qui était juste à côté. Je n’étais pas particulièrement naïf car à l’époque, nous voyions déjà ce qui se passait ailleurs, sur le continent africain, avec les autres mouvements de décolonisation.
Dans son parcours de « dirigeant nationaliste », comme on disait dans les années 80, que faut-il retenir ?
Ce qui m’a réellement marqué, au tout début en tout cas, c’est le Mugabe des années 80, un dirigeant qui donnait l’impression - mais aussi dans les faits eux-mêmes - qu’il avait beaucoup fait pour le Zimbabwe. Par exemple, en matière d’éducation, tout le monde reconnait que son œuvre a été très positive et sur le plan politique également, avec le soutien qu’il a accordé aux autres mouvements de libération sur le continent. Là, il était à l’avant-garde. Même sur le plan économique, les premières réformes qu’il a conduites étaient quand-même des réformes dites d’intérêt.
Mais dans les années 80, il y a déjà des dizaines de milliers de personnes qui sont tuées, qui se font massacrer parce qu’ils sont partisans ou présumés partisans de Joshua Nkomo. Est-ce que ces tueries n’annonçaient pas la couleur ?
Il faut dire que ces tueries ont déjà constitué une sonnette d’alarme pour beaucoup de ceux qui observaient la situation au Zimbabwe. Il ne faut pas oublier que Joshua Nkomo était le dirigeant de la ZAPU, (Zimbabwe African People Union) et Mugabe était le leader de la ZANU (Zimbabwe African National Union). Pendant toute une période, jusqu’à l’indépendance même, ils étaient rivaux dans le contexte de la lutte de libération. Sous la pression des pays de la ligne de front dont, en particulier, le Président Julius Nyerere, ils ont été obligés de faire leur unité mais, en réalité, cette unité n’a pas été consolidée. Par la suite, évidemment, les rivalités d’antan ont repris. Naturellement, de mon point de vue, cela a été une catastrophe, ce qui s’est passé dans le Matabeleland.
Fallait-il, dès lors, comprendre que Robert Mugabe allait être un dictateur ?
Vous savez, c’est une tendance lourde dans ces mouvements de libération nationale. Les dérives commencent en effet très tôt. Une fois le pouvoir conquis, ils se donnent tous les pouvoirs et c’est une dérive qui effectivement s’est opérée au Zimbabwe, que tout le monde a regrettée et qui a d’ailleurs été combattue de l’intérieur comme de l’extérieur. Cela s’est accentué par la suite avec l’omnipotence du parti et de ses dirigeants. Finalement le pouvoir personnel lui-même s’est installé comme on l’a vu, jusqu’aux derniers moments, en voulant en fait une succession monarchique par son épouse.
C’est une tendance très négative que l’on voit sur le continent. Le Zimbabwe est un parfait exemple de cela. Gagner la lutte de libération nationale ou gagner des élections, c’est comme si on se donnait le droit de s’approprier le pays. C’est une tendance malheureuse que nous voyons aujourd’hui au sein de nos politiques continentales.
Robert Mugabe est-il resté au pouvoir trop longtemps ?
Trop longtemps. Trop longtemps. Son parti s’est transformé d’instrument de libération en instrument d’oppression. C’est ce qui explique les évènements qui se sont déroulés depuis un et demi, deux ans, qui préfiguraient sa chute et, par la suite, la crise que vit aujourd’hui ce pays. La longévité au pouvoir, à mon avis, est une source de crise politique, économique et sociale. Ces dérives-là mènent toujours à la régression démocratique et politique.
Qu’est ce qui prime dans votre esprit ? Le souvenir d’un grand libérateur ou celui d’un dictateur ?
A la fois le héros de la lutte de libération mais il y aussi - tirant les leçons de ce qui s’est passé - cette ombre au tableau. Ce sont par conséquent les deux Mugabe dont je me souviens.
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"LES ACTES QUE MACKY POSE DANS L'AFFAIRE PETROTIM MONTRENT QU'IL NE CHERCHE PAS LA VÉRITÉ"
L'ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, fait part de ses craintes quant aux volets judiciaires en cours au Sénégal dans ce scandale présumé de corruption pétrolière
L'ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, fait part de ses craintes quant aux volets judiciaires en cours au Sénégal dans ce scandale présumé de corruption pétrolière, sur la chaîne de télévision Africa7.
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PILLEURS DES MERS
Le Sénégal se trouve au coeur de l’une des zones de pêche les plus riches du monde. Pourtant depuis quelques années, les poissons sont rares... Victimes de surexploitation par les bateaux étrangers, les pêcheurs artisanaux sont témoins d’un désastre
Le Sénégal se trouve au coeur de l’une des zones de pêche les plus riches du monde. Pourtant, depuis quelques années, les poissons se font plus rares... Victimes de surexploitation par les bateaux usines venus de l’étranger, les pêcheurs artisanaux sont les témoins d’un désastre écologique. La tension monte entre les locaux et les chalutiers étrangers autour de l’or bleu en voie de disparition.
Ces derniers n’hésitent plus à empiéter illégalement dans les zones dédiées aux pêcheurs artisanaux causant des collisions et parfois la mort des pêcheurs.
Il y a urgence à agir car la raréfaction du poisson se fait sentir au-delà des frontières du Sénégal. Certains Etats africains, tel le Libéria, acceptent désormais de coopérer avec des organisations de défense de l’environnement comme Sea Shepherd.
Embarquant leurs officiers armés à bord du Sam Simon, un puissant navire de l’ONG, ils interceptent les pêcheurs industriels illégaux qui sont immédiatement arraisonnés et arrêtés. La côte ouest-africaine est devenue le théâtre d’une redoutable guerre pour la défense de ses ressources hialeutiques et la protection de ses pêcheurs.