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20 juillet 2025
« SI DANSOKHO AVAIT L’AGILITÉ PHYSIQUE ET INTELLECTUELLE... »
Camarade de route du défunt ex-secrétaire général du PIT, Alla Kane Kane a assisté à toutes les étapes importantes de la gauche - Il jette un regard rétrospectif, avec la disparition de cette grande figure marxiste
Camarade de route du défunt ex-secrétaire général du Pit, M. Kane a assisté à toutes les étapes importantes de la gauche, allant du PAI à Ndawi Askan Wi où il est présentement membre du Secrétariat politique, en passant par le Pit. Inspecteur des impôts et domaines à la retraite, il jette un regard rétrospectif, avec la disparition de cette grande figure marxiste.
Quel témoignage portez-vous sur le défunt combattant marxiste-léniniste Amath Dansokho ?
Ce qui me lie à Amath Dansokho n’est pas l’amitié, mais la camaraderie. Nous avons cheminé longuement, 24 ans, dans le militantisme politique, au sein de l’organisation qu’était le Parti africain de l’indépendance (Pai). Les trois années, c’était dans la légalité. Ce qui a permis de conscientiser les masses, de diffuser les idéaux de socialisme et de légalité, et de faire pénétrer l’idée d’indépendance dans le peuple sénégalais. Le parti s’était alors déployé avec énergie. Nous avons réalisé tout cela, parce que nous étions des camarades qui combattons le colonialisme. Nous ne l’aurions pas fait étant amis. Ce travail qu’on a fait, Dansokho, moi et d’autres, a permis de mettre ce pays dans l’orbite des indépendances, au moment où d’autres forces politiques n’avaient comme programme que la révision du Titre VIII de la Constitution de l’IVe République. Elles voulaient réviser, replâtrer et continuer. Nous avons obligé ces gens à rejoindre le mouvement général et...
Qui étaient-ils ?
C’était les Senghor, Mamadou Dia, Lamine Guèye, etc., qui n’ont jamais été pour l’indépendance. Le dada de Senghor était la révision du Titre VIII. Lui-même disait que si l’on trainait, la jeunesse que nous étions, allait forcer les choses et aller vers l’indépendance.
Et que s’est-il passé par la suite ?
Donc, de 1957 à 1960, nous étions dans la légalité, mais les 21 autres années, nous avons évolué dans la clandestinité. C’est en août 1960 que le Pai a été dissout. Mais, nous, jusqu’au 31 mai 1981, avons continué la lutte. Je pense que nous avons partagé ce mouvement, car il y a beaucoup de similitudes entre nous deux.
Dansokho est né à Kédougou en1937; moi, je suis né à Gatte un an plutôt, dans un village du département de Bambey. Nous sommes venus au monde dans une partie du pays où les gens étaient sous protectorat. C’est-à-dire que les gens qui étaient dans ces parties du Sénégal étaient des sujets français soumis au Code de l’indigénat par la puissance coloniale, contrairement aux résidents des quatre communes qui étaient des citoyens sénégalais. Ils appliquaient ici le fameux principe du diviser pour mieux régner. Pour un même peuple, il y avait des citoyens et des sujets. Dansokho et moi étions des sujets (rires). Les conditions de vie de ces populations ont forgé notre conscience de fils du peuple. Nous avons également eu la chance d’avoir fréquenté l’école. Mais c’était pour mieux affronter les colons avec leurs propres arguments. A nos 20 ans, nous étions dans les années 50 où le monde d’après-guerre connaissait des mutations profondes avec les luttes pour l’indépendance des peuples inspirées de la Libye, de l’Egypte, de la Tunisie, du Soudan, le Maroc, le Ghana, Dien Bien Phu, l’Upc au Cameroun ainsi que la guerre d’Algérie. Le hasard a voulu que j’aie fait mes premiers pas en tant qu’instituteur dans la région où est né Dansokho.
Les premières écoles que j’ai faites étaient Goudiry, Saraya puis Kidira. Quand je rejoignais mon poste à Saraya, j’ai marché de Kédougou à Saraya avec des porteurs pendant une journée pour une nuitée à Bembou et continuer le lendemain. Ce qui m’a renforcé dans ma conviction qu’il fallait faire quelque chose pour libérer nos peuples, vu les conditions de leur vie. C’est ce que j’ai partagé avec lui. Le jour où le manifeste du Pai est tombé entre mes mains, je me suis dit: ‘‘Voilà ce qu’il nous fallait. Je vais adhérer.’’ Dansokho, qui était à St-Louis, a adhéré en même temps. Quand il était à St-Louis, nous étions dans la clandestinité. Il y avait un principe fondamental qu’était le cloisonnement. Il n’y avait pas de liaisons directes avec les structures, par souci d’éviter que la répression ne vienne à bout du mouvement. Des camarades se sont exilés, comme le secrétaire général Majmouth Diop ou Ly Tidiane qui a rejoint Bamako. Nous, de notre côté, avons fait la prison, car après la dissolution, à chaque fois qu’on distribuait des tracts, on nous prenait. J’étais le premier secrétaire exécutif régional de Diourbel du Pai, dans la légalité comme dans la clandestinité. Suite à mon arrestation en 1961, on m’a radié de la Fonction publique devant une commission de discipline. L’année suivante, j’ai été arrêté et amené à Thiès. Dansokho aussi était dans la même situation à Dakar où il a été arrêté en 1964 pour activités clandestines avec son engagement à l’université de Dakar. Quand il a eu une liberté provisoire, il en a profité pour rejoindre les camarades à Bamako.
Pourquoi le choix de Bamako comme lieu d’exil ?
Parce qu’à la suite de l’éclatement de la Fédération du Mali, Modibo Keita a ouvert les portes au Pai qu’il connaissait très bien. Son parti est une section du Rda, donc un parti fortement ancré à gauche. C’est d’ailleurs cela le but de la manœuvre française pour éclater la Fédération du Mali : éloigner Senghor et les autres de Modibo. Dansokho est parti donc en 1964 et avait comme mission de faire des tâches de représentation du parti à l’étranger. Il a été le représentant du parti à Prague, de représenter le parti auprès des partis communistes frères d’Europe, la liaison des sections Pai à travers l’Europe, et il a aussi la mission de soigner l’image du parti avec les mouvements de libération, notamment lusophones comme le Frelimo, le Paigc, le Mpla. Ça lui a d’ailleurs valu un capital très riche de relations. Il est resté treize ans à l’étranger pour ne revenir qu’en 1977. Ceci dit, nous qui étions à l’intérieur étions fiers de nous battre dans la clandestinité, car c’était la même organisation.
Par la suite, un groupe de 33 camarades a été sélectionné pour aller faire la formation militaire à Cuba, dont je faisais partie. A notre retour, nous avions un grade de commandant et avions organisé le territoire en zones militaires pour lesquelles j’étais le commandant de la zone Ouest (Cap-Vert) chargé de la guérilla urbaine. Madické Wade était au Nord, Sadio Camara à l’Est, Bara Goudiaby pour la Casamance.
Ensuite, c’était la direction nationale que j’ai intégrée de 65 à 67 avec Seydou Sy Cissokho, Madické Wade et Babacar Tafewa-Balewa. On a dirigé le parti en ces périodes difficiles, car quand le gouvernement a été informé de nos intentions, il y est allé avec toute la force de la répression. Ce qui a affaibli le parti. C’est là que nous sommes allés à la Conférence nationale rectificative du 1er mai 1967 pour des correctifs, comme la suspension du camarade secrétaire général Maj’, la mise en place d’un nouveau Comité central... Bref, depuis le premier Congrès en 1962, j’ai assisté à tous les moments importants du parti. Cerise sur le gâteau, j’ai présidé la huitième et dernière session du Comité central, sous le sigle Pai,du31mai1981àOuakam,chez le camarade Ismaila Diagne. Ce jour, les 22 camarades ont pris deux décisions : dernière réunion sous le sigle Pai Sénégal et reprise de l’activité sous le sigle Pit. La deuxième décision était de fixer la date du Congrès constitutif du Pit aux 8 et 9 août1981.Ilsetrouvequequandjeprésidais cette réunion, j’étais encore stagiaire à l’Enam. En 1982, j’ai eu mon diplôme d’inspecteur des impôts et domaines. Les camarades ont décidé de m’accorder un statut spécial au lieu de m’afficher. J’avais le privilège de rester en contact direct avec le secrétaire général uniquement. Seuls lui et moi savions ce qui m’était confié comme tâches ou missions. Nous nous voyons mensuellement. Quand Seydou Sy Cissokho a quitté, j’ai travaillé avec le nouveau Sg, Dansokho, de 1981 à 1991. Il venait mensuellement à la maison, autour d’un plat de couscous que ma femme préparait, et ce sur sa commande. C’est en intégrant le gouvernement de majorité élargi que nous avions eu une longue discussion à deux et j’ai manifesté mon désaccord en lui disant : ‘‘Camarade, je m’arrête là. Que toute l’Afrique se lève et marche vers l’indépendance et le socialisme, disait-on dans le manifeste. Nous ne sommes ni indépendants ni socialistes. Ceux que vous rejoignez-là, incarnent un poids néocolonial. Je ne peux pas épouser cette position.’’
Vous aviez senti que le Pit avait renoncé à ses principes fondateurs ?
Oui ! C’est pour cela que nous avons coupé les relations sur le plan politique. J’ai cherché ailleurs. Après l’alternance 2000, avec le doyen Mamadou Dia, on a créé le Mouvement citoyen du soutien de l’Alternance Mcs/Alternance. Mais avec le référendum de 2001 et le maintien du régime présidentiel, ça a volé en éclats. Puis, c’était l’Observatoire souverain pour la démocratie et la souveraineté. Cette structure nous a permis les instances comme le Cpc, le front Siggil Senegaal, Benno Siggil Senegaal, l’Icr, les Assises nationales... Mais en reconsidérant la scène, j’ai vu un parti politique qui répondait à ma vision et qu’est Yoonu Askan Wi/Mouvement pour l’unicité populaire dirigé par Madièye Mbodj. Aujourd’hui, je suis membre du Secrétariat général permanent de ca parti. C’est là où l’on a créé Ndawi Askan Wi (Pastef, Rnd, pour les Législatives de 2017, avec Ousmane Sonko comme candidat. C’est encore là qu’on a créé la coalition Sonko Président pour la dernière Présidentielle. Et on travaille pour l’unification de toutes ces forces de la coalition de manière définitive. L’ironie de l’histoire fait que moi, militant au statut spécial du Pit, je me sois retrouvé frontalement contre le Pit, lors du dernier scrutin, puisqu’il était membre de Bby.
C’est symptomatique de la fin d’un pan de la gauche sénégalaise ?
Je me pose des questions. Amath que je connais, qui a été un feu de paille dans le gouvernement de majorité élargi en 1991 et dans le gouvernement d’après-Alternance, ne pouvait pas se compromettre justement, car l’environnement gouvernemental est différent de l’environnement de son peuple. ‘‘Je suis à l’écoute des populations pour savoir ce qu’elles pensent’’, avait-il l’habitude dire ; ou ‘‘en politique, la chaleur des relations fait partie des qualités requises. C’est le seul moyen de tâter le pouls du pays’’.
Il est fondamentalement resté un homme du peuple ?
Effectivement. Quand j’ai lu récemment l’actuel secrétaire général du Pit dire que ‘‘pendant trois ans, on ne l’a pas entendu sur les affaires qui agitent notre pays, sa santé était mauvaise. Il y a des moments où le retrait s’impose’’, c’est vrai. Il n’a jamais vraiment renoncé au programme de la Ca 2000 qui était le démantèlement du parti-Etat, ce qui n’est pas le cas ; de libérer le Sénégal d’une gestion de plus en plus calamiteuse du pays, ce qui n’est pas encore le cas ; et libérer l’énergie du secteur privé. On constate qu’il est plutôt asphyxié. La lutte contre la corruption, les rétro-commissions sans oublier les conclusions des Assises nationales ou les recommandations de la Cnri. C’est l’âge et la maladie qui ont eu raison de lui. S’il avait l’agilité physique et intellectuelle qu’il avait en 1991 ou en 2000, s’il avait le contact avec les gens comme à ses plus belles heures, je peux dire, et j’en mettrai ma main au feu, qu’aujourd’hui Dansokho serait dans Aar Li Nu Bokk. Il est né fils du peuple et est mort fils du peuple. A chaque fois qu’il a été dans les endroits cossus de la République, il n’y a pas duré, parce que le peuple était absent de là.
Est-ce qu’il aurait fait un bon président ?
Ça ne lui a jamais effleuré l’esprit comme il disait, mais oui. Je pense qu’il aurait fait un excellent président de la République, car il aurait été bien entouré. C’est un grand combattant qui est parti.
30 ANS SUR LES MURS
Le hip-hop ne se limite pas seulement au rap. Le graffiti est un de ses éléments dont la figure de proue, au Sénégal, est Docta.
Le hip-hop ne se limite pas seulement au rap. Le graffiti est un de ses éléments dont la figure de proue, au Sénégal, est Docta. Il a exposé, pendant deux mois, à la galerie Le Manège de l’Institut français de Dakar pour célébrer ses 30 ans de carrière. “EnQuête’’ y a fait un tour pour vous.
À l'entrée de la galerie Le Manège, deux canons y sont installés, l’un en face de l’autre. Ils attirent l’attention des visiteurs. Ils sont immanquables dans le décor plutôt sobre de la cour de la galerie. Mais, à l’intérieur, il est tout autre.
La galerie Le Manège reçoit depuis juillet une exposition du père du graffiti sénégalais, Docta, né Amadou Lamine Ngom. Le titre de l'exposition est “Bitti biir’’ (extérioriser l'intérieur). Elle marque les 30 ans de carrière de celui qui est l’un des pionniers de cet art au Sénégal et même en Afrique. “C’est la première exposition intégralement signée Docta. Depuis le début de ma carrière, j'ai toujours opté pour des expositions collectives, donc impliquant le maximum d'acteurs du secteur. Mais là, j'essaye de partager mes sensations avec mon entourage. J'étale mes ressentis, mes émotions, cela à travers ma passion de toujours, le graffiti. C'est comme l'indique le nom de l'expo, extérioriser l'intérieur, ce qui revient à l'extériorisation de Docta himself”, fait-il savoir.
A l’intérieur du lieu d’exposition, dans un coin, sont bien rangés pots de peinture et bombes aérosols, outils indispensables du graffeur. C'est également un autre monde riche en couleurs qui éblouissent le regard des visiteurs. Docta, l'homme qui, à sa façon, donne vie aux murs, est passé par là. Les couleurs explosent ici et transmettent différents messages.
Tout à fait à droite du local qui accueille l'exposition, est réalisée une œuvre…disons imposante. Elle recouvre entièrement le mur de long en large. Elle interpelle, tape à l’œil et s’impose aux visiteurs, même si, lors de notre passage, il n’y en avait que très peu. “C'est au tout début de l'exposition qu'on avait une grande affluence. Mais maintenant les visiteurs viennent au compte-gouttes”, explique un vigile. Il faut dire que cela fait deux mois que les toiles sont accrochées aux cimaises de Manège.
Pourtant, cette exhibition vaut bien le détour. En dehors de la toile qui semble être la pièce maitresse de cette exposition, il y en a plusieurs autres qui valent bien une visite. En dehors du mur entièrement recouvert, plusieurs autres tableaux de dimensions variées sont accrochés de part et d'autre, à l'intérieur de cet édifice. Il y est installé d’ailleurs deux cases superposées qui rappellent les fameuses “baraques” des bidonvilles.
L'artiste a tenu à y laisser son empreinte. Il y a, en quelque sorte, reconstruit sa maison de la Médina. Là où a commencé son histoire avec le graffiti. Une touche qui lui permet d’allier peinture et installation. A l'intérieur des “baraques’’, nattes et canaris constituent les éléments de décoration.
“Pour le choix des matériaux qui ont permis ces œuvres, j'ai voulu faire de la récupération, du recyclage, en d'autres termes. Par exemple, les sacs de riz typiques des années 1980-1990 m'ont servi de supports pour la majorité des fresques, car je ne suis pas de ceux qui soutiennent qu'il est impossible de faire du neuf avec du vieux. Ces sacs renferment également une certaine nostalgie. Aujourd'hui, encore plus qu'à l'époque, un sac de riz à la maison est synonyme de bonheur familial. Les récipients ainsi que les nattes entrent dans cette même logique de me replonger dans le passé. C'est également un clin d'œil à mon fief, la Médina. Une fois encore, ce sont mes émotions que ressortent les bombes aérosols”, indique Docta.
Docta est à sa troisième décennie de “mission’’, de dénonciation murale, car l'art qu'il pratique n'est pas que simplement esthétique. Il tente, à travers ses fresques, de joindre l’utile à l’agréable, en sensibilisant les populations.
En outre, Docta aurait aimé que ce projet, porté et financé par l’Institut français, soit soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication du Sénégal. Il pense le mériter pour tout ce qu’il a fait pour cet art. “Trente ans, ce n'est guère trente jours. Cette longévité nous procure une certaine crédibilité, si je peux m'exprimer ainsi. Le ministère de tutelle aurait pu, ne serait-ce que prendre part à la célébration de mes 30 ans de carrière. Je profite de l’occasion pour remercier l'Institut français qui a toujours cru en notre art. La preuve, c'est dans l'une de ses entités, en l'occurrence la galerie Le Manège, que se tient l'exposition à l'allure de rétrospective. Je tiens juste à signaler que ce n'est guère dans une logique de revendication personnelle que je fais une telle déclaration, mais la hiérarchie a intérêt à être plus attentive vis-à-vis de toutes les activités culturelles, d'une façon générale”, fait-il savoir.
Seulement, il est à souligner que le directeur des Arts, Abdoulaye Koundoul, a pris part au vernissage de cette exposition de Docta. Par ailleurs, cette première exhibition individuelle est un véritable succès. Il est prévu de monter la même en Allemagne, en Espagne et en France. D’autres pays pourraient suivre, parce que l’ambition du graffeur est de la montrer partout où elle peut être présente.
par Yoro Dia
RENTRÉE ÉCONOMIQUE
Macky devrait se focaliser sur la place qu’il va occuper dans le grand livre de notre grande histoire. Et la seule façon de le faire est de donner un second souffle au marathon de l’émergence
La rentrée du gouvernement ne peut qu’être économique et sociale parce que dans notre charmant pays, la politique ne va jamais en vacances. On fait de la politique sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La preuve en est l’offensive politico-médiatique de Sonko et la riposte du gouvernement qui n’a pas attendu la fin des vacances pour réagir. Cette continuité de service politique, si nous l’avions dans le service public, notre pays aurait fait un grand bond en avant vers l’émergence. Cette rentrée du gouvernement intervient dans un contexte particulier.
C’est la première rentrée du dernier quinquennat de Macky Sall. Cette rentrée permettra aussi de tester si la suppression du poste de Premier ministre est une accélération du «fast track» ou si la suppression est une erreur politique. Il y a au moins une évidence. Deux ans avant les élections, le gouvernement semblait avoir atteint une sorte de vitesse de croisière, avec une croissance et des chantiers qui ont en grande partie contribué à la réélection de Macky Sall au premier tour. Depuis la réélection, nous avons l’impression que le pays est dans l’expectative, comme si le gouvernement s’est complètement essoufflé en dépensant toute son énergie pour la réélection. Ce sentiment latent que le pays est à l’arrêt, dans l’attente depuis l’élection, est un grand risque politique pour le pouvoir, car cela donne l’impression que la réélection était une fin en soi, l’objectif ultime, l’horizon indépassable pour le président.
Un président de deuxième mandat dépense son énergie pour l’histoire. Et pour l’histoire, il est préférable d’avoir l’attribut d’image du Président qui a rendu l’émergence irréversible, plutôt que celle d’un Président qui a eu simplement 2 mandats. Le Président qui a eu deux mandats sera catégorisé comme un grand politicien, alors que l’attribut «président qui a rendu l’émergence irréversible» aura une grande place dans l’histoire. Et malheureusement et c’est cruel, l’histoire ne donne qu’un attribut d’image à un homme d’Etat. L’attribut d’image historique de Senghor est celui qui a fait la Nation. Pour Diouf, c’est celui qui a renforcé l’Etat. Wade aura l’attribut de l’alternance. Pour Macky Sall, le seul attribut possible, c’est l’émergence, car les questions de la Nation, de l’Etat, de l’alternance, ont été réglées par ses prédécesseurs.
C’est pourquoi, à partir de cette première rentrée du deuxième et dernier mandat, il devrait se focaliser sur la place qu’il va occuper dans le grand livre de notre grande histoire. Et la seule façon de le faire est de donner un second souffle au marathon de l’émergence. L’émergence en particulier et le pays en général ont besoin d’un autre souffle, d’un autre élan ; d’où la nécessité d’une rentrée économique, car le pays n’a aucune urgence politique. Rien que des urgences économiques. L’avocat Me Mame Adama Guèye aime à rappeler que «la démocratie est la compétition des réponses que les citoyens se posent».
Aujourd’hui, les Sénégalais se posent surtout des questions économiques et sociales, malgré le surdimensionnement de la question politique qui est surtout la conséquence d’une agitation politicienne artificielle.
par Alain Tailly
DJ ARAFAT ET LA SOCIÉTÉ SAVANTE ET BIEN PENSANTE
Sans excuser DJ Arafat, sans même l’idéaliser, je nous invite à comprendre que le Coupé Décalé, cette musique dangereusement subversive et frénétiquement hypnotique est la musique d’une époque, l’indicateur d’une société en pleine déconstruction
J’ai lu, avec amusement, les sévères critiques de certains intellectuels et philosophes africains à l’encontre de l’artiste DJ Arafat et de sa production musicale. Ce jeune homme, décédé dans les conditions tragiques que l’on sait, a été proprement brocardé par les tenants de la pensée savante. Ces derniers se sont livrés, comme une meute, à une démolition en règle de l’artiste et de son œuvre.
ALORS, JE M’ÉTONNE !
Qu’un philosophe de la trempe d’Achille Mbembé n’ait pas pu décrypter, au-delà de ses frasques et de ses coups de gueule, la personnalité exceptionnelle de l’artiste, la vérité de son Art, le sens et l’essence du message qui se cache sous les vrombissements de ce que l’illustre philosophe et tous les prétendus puristes de l’Art appellent, avec mépris et condescendances : le bruit d’Arafat. Cette critique superficielle et inutilement insultante, en devient finalement suspecte. Qu’y a-t-il de mal, en effet, à pratiquer et vivre son art de manière ostentatoire et subversive ? DJ Arafat est-il plus coupable que Ray Charles, Johnny Hallyday, Jimmy Hendrix ou Bob Marley? Transgression et ostentation, n’est-ce pas là, en réalité, le propre de tout Art ?
JE M’ÉTONNE ENCORE
Que l’on reproche à DJ Arafat de s’affubler du patronyme prestigieux du leader palestinien Yasser Arafat, alors que rien, à priori, ne lie les deux personnages. Or précisément, Yasser Arafat est un homme de rupture, un opposant à l'hégémonie israélienne, un rebelle au diktat de la communauté internationale partisane et "occidentalocentriste". En endossant ce pseudonyme, le jeune artiste ivoirien s’inscrit consciemment dans un cercle de ruptures. Rupture d’avec Houon Ange Didier, ce garçon trop timide et effacé qu’il est, en réalité, mais qui empêchait l’artiste d’éclore. Rupture avec le cercle familial en rompant définitivement les amarres avec la double tutelle parentale de Tina et de Wompy, pour s’affirmer, lui aussi, comme artiste et identité singulière. Rupture, enfin, avec les codes et les conventions d’une société patriarcale qu’il juge impropre à lui faire la leçon quand elle-même s’enlise dans les méandres de la rébellion, de la guerre et de la corruption à ciel ouvert. Sa musique se fait, alors, l’écho sonore des kalachnikovs névralgiques de la rébellion ivoirienne. Son Coupé Décalé devient le réceptacle du parler en langue psychédélique des pasteurs évangéliques et des crieurs ambulants de Nangui Abrogoua ou de Kouté. Les sons du Yôrô sont dès lors, le prolongement retentissant de la rue ivoirienne où les klaxons des Wôrô-wôrô et des Gbakas synthétisent le malaise d’une société déjantée qui crie pour ne plus se comprendre. On ne moque pas une telle société, malade de ses hommes politiques, de ses élites intellectuelles et de ses propres enfants terribles. On ne méprise pas un malade qui se contorsionne sous le feu de la douleur et jette, sans honte, sa bave aux yeux du monde. On accourt à son chevet pour le secourir, lui prodiguer les soins adéquats afin de l’aider à trouver une prompte guérison.
JE M’ÉTONNE SURTOUT
Que le grand philosophe n’ait pas compris que le propos de l’art inventé par DJ Arafat le situe d’emblée dans une posture transgressive. A la manière d’un Marcel Duchamp qui planta naguère son « Urinoir » dans les salons aseptisés de l’art pictural, Arafat, se pose en s’opposant aux normes esthétiques de l’ordre musical ancien. Comme un couturier du ghetto, il prend des morceaux de rythmes qu’il assemble dans une sorte de patchwork musical, imitant ainsi l’écriture Nzassa d’un Jean-Marie Adiaffi qui assemble, dans un même texte littéraire, des formes aussi improbables que le conte, le roman et la poésie ! Comme Bob Marley qui apparut en jeans rapiécés, les cheveux en broussaille, dans une danse d’insomniaque, comme Fela Anikulakpo qui hanta naguère les scènes mondiales avec pour unique vêtement son indécrottable slip vert, DJ Arafat s’affirme en refusant les codes et les conventions, en défiant et transgressant les règles.
C’est à juste titre qu’il n’épouse pas l’implacable rigueur vestimentaire du leader palestinien, son illustre homonyme. Il n’en prend d’ailleurs, ni les manières policées, ni la diplomatie éprouvée qui lui valut de prestigieux prix. DJ Arafat n’est pas un politicien, encore moins un diplomate de carrière ! C’est un écorché vif, un survivant du ghetto, un Nouchi et un Ziguéhi qui règle ses comptes avec sa famille, ses adversaires et la société toute entière, dans le crépitement hypnotique de son téléphone Androïd. Sa musique et sa danse en verve transgressive sont actes guerriers de bravade et de libération. Le torse qu’il montre de manière ostentatoire lors de ses concerts, les tatouages qu’il brandit comme des trophées, ses danses gymniques et acrobatiques procèdent de la même quête de liberté, cette volonté d’être qui se cristallise dans un paraître aussi agressif que maladroit.
JE M’ÉTONNE TOUJOURS ET ENCORE
Que la société savante et bien-pensante n’ait pas discerné l’Art de DJ Arafat et compris que le Coupé Décalé est une musique en construction, un Art qui s’élabore sous nos yeux ahuris, dans le déferlement des décibels et le déchainement des passions mal canalisées. Son rejet par l’élite nous rappelle que le jazz, à ces premiers balbutiements, et le reggae, dès ses premiers soubresauts, ont connu le même sort. L’un et l’autre ont été taxés d’hérésie musicale et de bruyante cacophonie. Ils ont été qualifiés de musique du Diable et voués aux gémonies avant de devenir les musiques savantes et élitistes que nous connaissons aujourd’hui. Dans le même registre, j’imagine d’ici la colère et le désarroi des parents des années Yé-yé face à leurs enfants qui se cuisaient les cheveux au fer rouge pour les lisser, se vautraient dans des tenues provocatrices et se tortillaient sur les musiques des Fétiches, des Djinarous ou des Blacks Devils, des noms évocateurs qui confirment bien la diabolisation de la Pop Music d’alors. Pourtant, c'est cette jeunesse survoltée qui a construit nos pays en générant pour les uns le miracle et pour bien d'autres des mirages.
Il faut à présent conclure ce trop long exposé. Que retenir, en définitive ?
Que les artistes ont ceci de particulier que la surexposition de leurs vies dans les médias nous laisse croire qu’ils sont pires que nous. Ce complexe de l'homme ordinaire n'est pas toujours vérifié. Il suffira de rentrer dans l'intimité de biens de gens dits normaux pour y découvrir toutes les horreurs inimaginables. En réalité, les artistes sont des humains en qui il y a à chaque instant, comme en chacun de nous, une double postulation, l’une vers le Bien et l’autre vers le Mal. Dans le fond, ils ne sont pas plus coupables que nous, mais juste différents et surexposés. Sans excuser DJ Arafat, sans même l’idéaliser, je nous invite à comprendre que le Coupé Décalé, cette musique volontiers opportuniste, dangereusement subversive et frénétiquement hypnotique est la musique d’une époque, l’indicateur sismique d’une société en pleine déconstruction. Mais fort paradoxalement, cette musique a réussi à proposer aux populations ivoiriennes désenchantées par des décennies de crise sociopolitique, ce mélange de légèreté et d’autodérision qui permet aux peuples de résister aux tragédies de l’histoire.
Gageons qu’avec le temps et à force de travail, le Coupé Décalé s’apaisera dans la normalité retrouvée et glanera ici et là les nouveaux ingrédients qui lui donneront une plus grande consistance. Et, c’est maintenant qu’il faut écrire l’avenir de cette musique dont DJ Arafat a tracé, après Douk Saga, les nouveaux sillons. Et c’est à nous, Ministère de la Culture, producteurs phonographiques, arrangeurs et compositeurs, mais aussi chorégraphes et critiques d’Art de dessiner, dès à présent, l’archétype du Coupé Décalé du futur.
L’INSTITUTION SAINTE JEANNE D’ARC RAVIVE LA POLÉMIQUE SUR LE VOILE
L’affaire qui avait défrayé la chronique l’année scolaire passée est loin de connaître son épilogue - Des élèves qui portaient le voile ont été renvoyées mardi par la direction de l’école qui met ainsi à exécution sa menace
La rentrée scolaire de l’année 2019-2020 n’a pas été des moments d’heureuses retrouvailles pour certaines élèves de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar. Celles qui portaient le voile islamique ont été purement et simplement renvoyées hier par la direction de l’école qui met ainsi à exécution sa menace d’interdire formellement le port du voile. L’ancien ministre Ministre André Sonko a été saisi à nouveau pour mener la médiation. Mais les autorités étatiques menacent de sévir si une solution n’est pas trouvée, parce que l’enseignement est laïc au Sénégal.
L’affaire du port de voile à l’école Jeanne d’Arc qui avait défrayé la chronique l’année scolaire passée est loin de son épilogue. Que ceux qui pensaient que le problème a été résolu par le ministère de l’Education nationale déchantent puisque la Direction de l’école a renvoyé hier les élèves qui portaient un voile. L’école Jeanne d’Arc reste ferme sur position maintenue aux parents d’élèves de se soumettre. Mais ces derniers ne sont pas prêts à accepter cette mesure qu’ils jugent discriminatoire d’autant que l’enseignement est laïc au Sénégal. Les parents d’élèves dont les filles ont été renvoyées ont décidé de porter l’affaire devant les juridictions. D’après des sources de «L’As», ils ont commis des avocats pour plaider le dossier afin que leurs enfants soient rétablies dans leurs droits. En réalité, ils avaient flairé le coup depuis juin dernier lorsqu’ils ont vu le règlement intérieur qui exige que les élèves viennent à l’école la tête découverte. L’année dernière, le bras de fer entre la Direction l’école Jeanne d’Arc et les parents avait fait intervenir le ministère de l’Education qui avait enjoint la direction de l’école à reprendre les élèves. Mais la Direction de l’école récidive et modifie le règlement intérieur pour éviter le débat autour du voile. Dans les nouveaux textes de l’école, il est indiqué que la tête de l’élève doit être découverte.
L’ANCIEN MINISTRE ANDRE SONKO SAISI POUR FAIRE LA MEDIATION
Les autorités qui suivent avec attention l’affaire veulent donner une chance à la médiation menée par l’ancien ministre de l’Education André Sonko, mais aussi par l’Eglise. Aussi des sources contactées par «L’As» renseignent que le Directeur de l’Enseignement privé catholique a été saisi hier par les autorités, mais il n’était pas encore au courant du quiproquo. Mais dans cette affaire, l’Eglise n’a pas les coudées franches d’autant plus que la congrégation Sainte Jeanne d’Arc n’est pas sous sa tutelle. Cette dernière est rattachée directement à Rome. Il nous revient d’ailleurs que la position de l’Eglise dans cette affaire est que la direction de l’école accepte que les quelques dizaines de voilées terminent leur cursus. Maintenant que toute personne qui veut inscrire son enfant à l’école accepte de se soumettre au règlement intérieur.
L’ETAT MENACE DE SEVIR SI….
Une posture que partagent les autorités étatiques d’après des sources jointes par «L’As». Pour le moment les autorités observent la situation tout en laissant les médiateurs jouer aux bons offices. Seulement, les autorités promettent d’appliquer avec fermeté la loi si un consensus n’est pas trouvé. Car, rappellent-elles, l’enseignement est laïc au Sénégal. C’est dire ce que l’institution Sainte Jeanne d’Arc a réussi à imposer au Burkina ne passera pas au Sénégal. Curieusement les sœurs sont voilées.
MME RAYANA TALL : «LEURS TENUES N’ETAIENT PAS CONFORMES AVEC LE REGLEMENT INTERIEUR QUE LES FAMILLES ONT SIGNE AU MOIS DE JUIN DERNIER»
Jointe au téléphone, Mme Rayana Tall, Proviseur, rectifie : « Nous n’avons pas renvoyé nos élèves. Ils se sont inscrits ou réinscrits en signant un règlement intérieur. Certaines personnes se sont présentées avec une tenue qui n’était pas conforme avec le règlement intérieur que les familles ont signé au mois de Juin dernier. Voilà. C’est tout ce qui s’est passé aujourd’hui. Nous avons un règlement intérieur qui décrit la tenue».
«LES FEMMES SONT FAIBLEMENT REPRÉSENTÉES AU SEIN DES FORCES DE L’ORDRE»
Le personnel féminin représente 3,19% de l’effectif total des soldats déployés par le Sénégal en 2019 dans le cadre des missions de maintien de la paix
Une conférence régionale des femmes dans les Forces de l’ordre s’est ouverte hier à Dakar. Axée sur le thème «parer la route pour la femme», la rencontre a été l’occasion saisie par le ministre des Forces armées Sidiki Kaba pour affirmer que le personnel féminin a constitué en 2019 plus de 3% des soldats déployés.
L’évolution des femmes du Sénégal dans le maintien de la paix dans le monde a connu une augmentation fulgurante entre 2018 et 2019, si l’on en croit les propos du ministre Sidiki Kaba. Venu présider l’ouverture d’une conférence régionale des femmes dans les forces de l’ordre, le ministre des Forces Armées a soutenu que le personnel féminin représente 3,19% de l’effectif total des soldats déployés par le Sénégal en 2019 dans le cadre des missions de maintien de la paix.
Comparant ce taux avec celui de l’année dernière, il a indiqué devant plusieurs délégations de la sous région qu’en 2018 le Sénégal avait atteint la barre de 1,8% de la contribution en personnel féminin aux missions de maintien de la paix dans le monde. Et cette année, se réjouit t-il, nous en sommes à 3,19%. Devant une assistance constituée de plusieurs femmes, il a souligné aussi que le gouvernement du Sénégal s’est doté depuis 2011 d’une stratégie nationale sectorielle genre.
A l’en croire, il s’agit ici de soutenir le processus d’intégration genre dans les armées et la gendarmerie. Cela permet d’avoir des forces armées comprenant à la fois des hommes et des femmes œuvrant de manière collégiale dans l’exécution des missions à l’intérieur et à l’extérieur du pays. L’ouverture de cette rencontre de 4 jours a permis aussi à l’ancien Garde des Sceaux, devant les délégations du Niger, du Mali et du Burkina Fasso, d’imputer cette forte participation des femmes dans les contingents militaires aux prouesses de la diplomatie sénégalaise.
A son avis, le rayonnement de la diplomatie sénégalaise engrange beaucoup de dividendes positifs avec une plus-value considérable captant la participation des femmes dans les missions de maintien de la paix dans le monde. Toutefois, l’ancien président de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme(FIDH) a plaidé pour davantage de participation des femmes. «Les femmes qui constituent près de la moitié de nos populations sont faiblement représentées au sein des forces de l’ordre. Il urge d’apporter des correctifs nécessaires à ce niveau », pense-t-il. Le ministre a aussi fait une plaidoirie pour que les femmes accèdent à plus de responsabilités dans les forces de l’ordre.
Pour sa part, Aissata Tall, chef du service des enquêtes judiciaires de la division spéciale de cyber sécurité de la Direction de la police judiciaire, a souligné que l’objectif de la rencontre sera de créer un vaste et dynamique réseau des femmes servant dans les différentes unités des forces de défense et de sécurité des quatre pays participants.
LES FACTEURS DÉTERMINANTS DE LA RÉSILIENCE DES JEUNES À LA VIOLENCE
L’âge, le sexe, le niveau d’études et de ménage et le lieu de résidence sont les éléments pris en compte pour montrer comment les jeunes parviennent à résister à la violence.
En partenariat avec l’Agence d’Assistance à la Sécurité de proximité (ASP), le Carrefour d’Etudes et de recherche-Action pour le Développement et la Démocratie (Ceradd) a mené une étude sur «Jeunesse, stratégie et résilience à la violence et à la criminalité au Sénégal et au Burkina Faso». Il ressort de cette enquête pilotée par le Pr Babaly Sall que trois facteurs déterminent la résilience des jeunes à la violence. Il s’agit de la communauté, de la famille et de l’individu. L’âge, le sexe, le niveau d’études et de ménage et le lieu de résidence sont les éléments pris en compte pour montrer comment les jeunes parviennent à résister à la violence. La synthèse des résultats de l’étude a été présentée hier lors d’un atelier.
Des résultats présentés hier lors de l’atelier de restitution, il est ressorti que trois facteurs déterminent la résilience des jeunes à la violence. Il s’agit des facteurs communautaires, familiaux et individuels. Pour ce qui est du premier facteur, indique le coordonnateur du CERADD (le Pr Babaly Sall), on retrouve toutes les institutions de régulation de la vie sociale dans lesquelles l’individu vit. Les deuxièmes facteurs sont appréhendés d’une part par la survie des parents, et d’autre part par le niveau de ménage. Enfin, les facteurs individuels sont de deux ordres : la démographie avec l’âge et le sexe, et le niveau d’instruction de la personne. L’enquête révèle que 43,8% des jeunes n’ont jamais commis d’actes de violence. Et il semble exister, selon les chercheurs, un lien entre le type de ville où résident les jeunes et leur résilience primaire à la violence. «On a noté que 62% des jeunes vivant dans des quartiers résidentiels n’ont jamais été violents. Pour ceux habitant les quartiers lotis hors cité, la proportion est de 47%. Cette dernière baisse encore de 7 points pour n’être plus que 40% pour les jeunes des quartiers populaires. Ces derniers semblent donc les moins résilients à la violence», affirme le Pr Babaly Sall. Le coordonnateur du CERADD et son équipe se sont basés, dans le cadre de leur enquête, sur d’autres éléments comme la survie des parents ou grands-parents. Ceux dont les pères vivent sont légèrement moins nombreux avec 41% à n’avoir jamais commis d’actes de violence comparé aux jeunes dont les pères sont décédés (47%). L’étude menée au Sénégal et au Burkina Faso montre que les jeunes qui ont perdu leurs mères sont légèrement plus résilients avec 53% que ceux dont les mamans sont en vie, (42%).
NIVEAU D’ETUDES, DE MENAGE
L’équipe du Pr Babaly Sall qui s’est intéressée au niveau ménage ne trouve pas de relation claire entre le niveau de ménage et la résilience primaire à la violence. «Alors que le taux de résilience atteint 46,7% et 48% chez les jeunes résidant dans les ménages de niveau respectivement très faible et moyen, il n’est que de 38,4% chez les jeunes vivant dans ménages de niveau élevé», renseignent les enquêteurs du CERADD. En terme d’âge, l’enquête révèle que 30,4% des hommes âgés de 15 à 35 ans n’ont jamais commis d’actes de violence. Chez les filles, la proportion est de 59,2%, soit une différence de 29 points. Par ailleurs, 44,3% de la tranche d’âge 15-35 ans n’ont jamais commis d’actes de violence. Cette proportion chute chez les jeunes âgés de 20 à 24 ans, pour ensuite se retrouver quasiment à sa valeur initiale chez les 25-29 ans et grimper à 53% dans le dernier groupe d’âge pris en compte par les enquêteurs, celui des 30-35 ans. D’après le rapport, c’est dans la tranche d’âge intermédiaire 20- 24 ans que les jeunes sont les plus susceptibles de s’adonner à la violence. A côté de ces aspects pris en compte par les enquêteurs du CEREADD, il y a l’éducation qui, d’après l’étude, ne protège pas nécessairement de la violence. D’autant que 62% des jeunes n’ayant aucun niveau d’instruction n’ont jamais sombré dans la violence contre 48,6% de ceux qui ont atteint le niveau primaire, 40% pour ceux ayant fait le secondaire premier cycle et 37,7% pour les jeunes ayant atteint le second cycle du secondaire. Chez les jeunes du supérieur, la proportion est de 40,6%.
«DONNER DE L’EMPLOI AUX JEUNES PARTICIPE A ENDIGUER LA VIOLENCE»
Aux yeux du Pr Babaly Sall, coordonnateur du Ceradd, le chômage constitue l’un des facteurs qui poussent les jeunes à s’adonner à la violence.
Aux yeux du Pr Babaly Sall, coordonnateur du Ceradd, le chômage constitue l’un des facteurs qui poussent les jeunes à s’adonner à la violence. Pour endiguer cette problématique, il suffit de donner de l’emploi aux jeunes.
La principale leçon à tirer de l’enquête menée par le Carrefour d’Etudes et de Recherche Action pour le Développement et la Démocratie (CERADD), c’est que malgré l’ampleur de la violence chez les jeunes, certains d’entre eux résistent à ce phénomène. C’est l’opinion du Pr Babaly Sall qui estime que ces derniers arrivent à s’en sortir lorsqu’ils ont été confrontés à cela. «C’est un aspect important que nous voulons mettre en exergue. Outre les causes de violence, nous voulons aussi mettre en avant les facteurs de résilience à la violence et à la criminalité chez les jeunes sénégalais et burkinabés», a-t-il soutenu.
Durant les recherches menées par son équipe au Sénégal et au Burkina Faso, l’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis a relevé l’importance de s’adosser aux communautés pour mieux résister à la violence. «Il faut également cultiver un certain désir de résistance à la violence, mais aussi mettre les jeunes dans des conditions qui font que, quand ils seront confrontés à certaines situations, ils puissent s’en sortir», indique le Pr Babaly Sall avant de proposer des solutions pour l’éradication de ce phénomène chez les jeunes. «Le fait de donner de l’emploi aux jeunes participe à endiguer la violence dans nos pays. A ce propos, l’Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP) joue un rôle important, non seulement pour régler ce problème économique, mais aussi pour endiguer la violence avec un certain nombre d’expériences et de mécanismes mis en place et qui commencent à porter leurs fruits», déclare le coordonnateur du CERADD.
Raison pour laquelle le CERADD a choisi l’Agence dirigée par Biram Faye pour mener ses travaux et aider la structure à élaborer des stratégies de résilience à la violence chez les jeunes.
INQUIETUDES CHEZ LES DIRIGEANTS ET LES DECIDEURS
Pour le directeur général de l’ASP, Biram Faye, ce projet lancé il y a deux ans a mis l’accent sur les modèles de prévention et de résilience des communautés face à la criminalité. «Au cours de ces dernières années, différents types d’actes de violence commis par des jeunes n’ont cessé d’inquiéter et d’angoisser les populations ainsi que les dirigeants et les décideurs. En plus, la question de la sécurité est devenue un enjeu important pour nos Etats et elle risque de demeurer une priorité les années à venir», souligne Biram Faye.
Pour le Dg de l’ASP, le but de ce projet est de permettre aux acteurs d’avoir une meilleure compréhension de la chose pour qu’ils puissent faire des suggestions et proposer des solutions pouvant dissuader les jeunes à sombrer dans la criminalité. «Dans cette étude, les acteurs concernés se sont évertués à avoir une meilleure connaissance des facteurs de résilience aux phénomènes de violence sous toutes leurs formes. L’ASP accorde un grand intérêt à cette étude, car nous constituons une des nombreuses solutions à la stratégie de lutte contre les phénomènes de délinquance singulièrement des jeunes, à travers ses missions de prévention sécuritaire et d’emploi massifs de la frange juvénile», affirme Biram Faye.
«CETTE ANNÉE, PLUS DE 3.000 TÊTES DE BÉTAIL ONT ÉTÉ VOLÉES DANS LE DÉPARTEMENT DE GOUDOMP»
"La population ne fait que constater les dégâts, car elle n’a pas les moyens de se défendre et de faire à ce phénomène devenu fréquent"
Comment faire pour enrayer définitivement le vol de bétail qui a pris des proportions inquiétantes dans le Balantacounda. C’est tout le sens de la rencontre qui a réuni, à Goudomp, plusieurs élus locaux du département.
C’est un véritable cri du cœur qu’a lancé le président du Conseil départemental de Goudomp hier lors de la rencontre qui a réuni le préfet, les élus locaux et les éleveurs pour échanger sur le vol de bétail. Moussa Bocoum a manifesté son indignation devant ce phénomène. «Dans le département de Goudomp, on enregistre, tous les jours que Dieu fait, des cas de vols de bétail», se plaint Moussa Bocoum, président du Conseil départemental. Pour cette année (2019), poursuit-il, plus de 3.000 têtes de bétail ont été emportées par les voleurs. «La population ne fait que constater les dégâts, car elle n’a pas les moyens de se défendre et de faire à ce phénomène devenu fréquent dans le département».
A l’en croire, ces cas de vols engendrent des conséquences néfastes dans le secteur économique. D’autant que, précise-t-il, les populations ne comptent que sur l’élevage pour vivre et faire face aux besoins urgents de leurs familles. «Donc, il nous faut trouver des mécanismes, des solutions idoines pour faire face à ces nombreux vols de bêtes dans le département», déclare le président du Conseil départemental de Goudomp qui, à cet effet, indique les élus locaux se sont réunis pour réfléchir ensemble sur les voies et moyens de mettre fin à ce fléau dans le Balantacounda. «Les populations sont excédées d’être tout le temps victimes de vol. Comme c’est un phénomène qui prend de l’ampleur, les élus du département se sont levés commune un seul homme pour dire basta», affirme Moussa Bocoum qui évalue la perte causée, cette année, par le vol de bétail à Goudomp à plus de 300 millions CFA.
L’ETAU CONTINUE DE SE RESSERRER AUTOUR D’OUMAR SARR ET CIE
Il ne se passe plus un jour sans qu’une ou des fédérations du PDS du Sénégal ou de la diaspora sortent une résolution pour manifester leur soutien à Abdoulaye Wade et son fils Karim et condamner la posture des frondeurs.
Seydina Bilal DIALLo et Khadija SYLVA |
Publication 04/09/2019
Il ne se passe plus un jour sans qu’une ou des fédérations du PDS du Sénégal ou de la diaspora sortent une résolution pour manifester leur soutien à Abdoulaye Wade et son fils Karim et condamner la posture des frondeurs. Une manière de resserrer davantage l’étau autour d’Oumar Sarr, Me Amadou Sall, Babacar Gaye, entre autres.
Pour la symbolique, la fédération départementale de Dakar du PDS, composé de 19 sections communales, a tenu, hier, une assemblée générale avec comme seul et unique objectif l’adoption de la résolution de soutien à Me Wade et à son fils Karim Wade. Les libéraux de Dakar n’ont pas dérogé à la règle en se rangeant du côté des «Wade» comme l’ont fait jusque-là toutes les fédérations qui se sont prononcées.
Lisant la résolution, celui qui dirige le département en l’occurrence Joseph Sarr a indiqué que l’Assemblée générale se félicite du renouvèlement du Secrétariat national permettant à la jeunesse du parti d’occuper d’importants postes de responsabilité et de pouvoir participer plus efficacement à la reconquête du pouvoir. Il a laissé entrevoir également que l’AG apporte ses soutiens et ses encouragement au frère Karim Meissa Wade dans sa lutte contre les injustices et les tentatives d’élimination subie depuis de nombreuses années et pour son avènement à très court terme Comme acteur de premier plan dans l’espace politique sénégalais et africain. Avant d’exhorter les militants et les sympathisas du PDS ainsi que les mouvements de soutien Karimistes à se mobiliser avec engagement et détermination dans la lutte pour la défense des valeurs républicaines dans le pays sous la direction éclairée du SGN Abdoulaye Wade. Selon lui, la réalité est qu’il y a une tentative de déstabilisation du PDS par des éléments de l’intérieur comme de l’extérieur du parti.
Interpellé sur le sort réservé à Oumar Sarr et Cie, Joseph Sarr a fait savoir qu’il n’appartient à la fédération de Dakar de chasser qui que ce soit du parti et que c’est la commission de discipline qui a la capacité de sanctionner ou de juger. «Le parti a un conseil de discipline. Et à chaque fois qu’une situation du genre s’est produite, la commission de discipline s’est autosaisie pour acter. Mais à mon avis, avant d’exclure quelqu’un, il faut tout faire pour essayer de résoudre les problèmes, a laissé entendre Joseph Sarr. La fédération de Thiès, très radicale, demande tout simplement l’exclusion des frondeurs Mais si dernier est plus enclin à une médiation, ce n’est pas le cas des libéraux de Thiès qui préfèrent simplement qu’on se sépare de Oumar Sarr et Cie. Dans leur résolution faite le 2 septembre dernier, la fédération des trois communes de Thiès (EST – OUEST – NORD) a salué le courage politique et la vision prospective de débusquer ceux qu’ils considèrent comme des parasites et qui depuis fort longtemps ont infiltré le PDS. «Ces frondeurs émargent présentement au palais marron. Ces vautours en mission commando avaient pour objectif principal de plomber le bon fonctionnement du PDS, de compromettre les chances de notre valeureux candidat Karim Meissa WADE », laissent-ils croire.
La fédération très acerbe, a soutenu que ce sont des «ingrats, des oiseaux de mauvais augure, des amnésiques », qui quand WADE était aux affaires, n’osaient remettre en cause les décisions du patriarche libéral. «Aucun de ses décrets n’a jamais été décliné. C’est la raison pour laquelle, les agissements de ces soi-disant frondeurs ne sont qu’une tempête dans un verre d’eau », renchérissent-ils. La fédération de Thiès termine par lancer un appel solennel aux militantes et militants à rester vigilants pour mettre hors d’état de nuire «tous les fossoyeurs du PDS qui ont été démasqués et demande au conseil de discipline du parti de prendre des mesures adéquates contre ces anticonformistes ». En félicitant le pape du Sopi qui par le renouvellement du Secrétariat national, soutiennent-ils, a décidé d’insuffler un vent purificateur au parti en éloignant à jamais «les mercenaires et les traîtres, pour que pousse vite et sainement la bonne graine semée, espérant ainsi de bonnes récoltes prochaine». «And Suqqali Soppi» minimisée par les libéraux de Nioro du Rip Du côté de Nioro du Rip, la Fédération départementale du Parti Démocratique Sénégalais dit apprécier très positivement le remaniement du SEN du parti et l’inscrit dans une perspective de rajeunissement des instances du parti et d’un engagement de reconquête du pouvoir.
La Fédération de Nioro dit prendre prend acte des agissements fractionnistes de quelques militants regroupés autour d’un soi-disant courant politique «suqqali Soppi» et invite la direction du Parti à prendre toutes les dispositions réglementaires et disciplinaires pour sanctionner tous ceux qui rament à contrecourant des intérêts du parti, chercheraient à défier l’autorité du frère SGN et saper l’image du PDS au nom d’intérêts crypto personnels et en violation des textes du Parti.
LA PROMOTION DE LA JEUNESSE SALUEE PAR LA FEDERATION DE GUINEE-BISSAU
Enfin, la fédération du PDS de Guinée-Bissau, dans une résolution datée du 31 août 2019, a salué la clairvoyance, l’esprit d’anticipation et la pertinence des changements opérés. «Nous marquons notre accord sur les choix qui valorisent la compétence, la fidélité, la jeunesse et la promotion des femmes et de la diaspora », lit-on dans la note parvenue à «L’As». Toujours selon le texte, l’espoir est revivifié par le positionnement d’une équipe conquérante qui a été nourri dans les prairies libérales. «Le peuple sénégalais et les observateurs attendent de notre leader panafricaniste et bâtisseur la restauration de la démocratie et la bonne Gouvernance. Nous sollicitons vos orientations stratégiques pour plébisciter le frère Karim WADE aux prochaines élections présidentielles. Notre parti est un patrimoine de l’histoire politique; à ce titre nous avons la responsabilité de reprendre le pouvoir et libérer les Sénégalais. Le peuple souffre des errements du régime aux abois», lit-on en définitive.