L’Afrique ne sera pas à l’honneur du prix de la Fifa « The Best » qui récompense le meilleur joueur de l’année. Sadio Mané et Mohamed Salah, pourtant auteurs d’une saison remarquable avec Liverpool ne font pas partie des trois finalistes candidats au titre.
Champions d’Europe avec Liverpool, vice-champions d’Angleterre et co-meilleurs buteurs de Premier League, la saison 2018-2019 a été quasi parfaite pour Mohamed Salah et Sadio Mané. Visiblement, cela reste tout de même insuffisant pour prétendre au trophée de meilleur joueur de l’année décerné par la Fifa.
Le prix « The Best » a en effet dévoilé les trois finalistes qui sont en lice pour le titre le 23 septembre prochain et l’Égyptien et le Sénégalais n’en font pas partie. Ils étaient pourtant parmi les dix candidats au titre avant que la liste ne soit ramenée à trois noms suite aux votes des fans, des journalistes, des capitaines et des sélectionneurs d’équipes nationales.
Messi et Ronaldo encore finalistes
Une nouvelle fois, et sans grande surprise, Lionel Messi et Cristiano Ronaldo ont été plébiscités par les votants. Le défenseur néerlandais de Liverpool, impérial tout au long de la saison dernière, Virgil van Dijk sera lui aussi assuré d’être sur le podium.
Mais une fois de plus, les distinctions personnelles semblent ne pas sourire aux joueurs africains. La déception la plus forte sera sans doute pour Sadio Mané qui en plus de ses 22 buts en Premier League et de sa victoire en Ligue des champions avec Liverpool s’est hissé jusqu’en finale de la CAN avec le Sénégal face à l’Algérie.
Mané avait déjà demandé plus de considération
Auteur d’une saison moins aboutie que la précédente, Mohamed Salah, qui faisait partie des trois finalistes l’année dernière, aura peut-être moins de regrets, d’autant que sa CAN à domicile avec l’Égypte a été un échec retentissant. Mais Difficile cependant de comprendre en quoi sa saison a été moins aboutie que celle de Lionel Messi, qui n’a remporté aucun trophée cette saison, ou de Cristiano Ronaldo, qui s’est lui contenté d’un scudetto et de la Ligue des nations avec le Portugal.
Durant la CAN en Égypte, Sadio Mané avait déjà poussé un « mini coup de gueule » en réclamant plus de considération pour les joueurs africains pour ce qui était des distinctions personnelles. Son appel n’aura pas été entendu par les votant du prix Fifa « The Best », mais qui sait, peut-être sera-t-il mieux reçu du côté des journalistes qui élisent le Ballon d’or France Football.
PAR Mousa Mara
L'AFRIQUE A-T-ELLE ENFIN COMPRIS QUE L'UNION FAIT LA FORCE ?
Aucun pays, aucune nation ne peut espérer se développer si ses voisins ne le sont pas. Plutôt que de s'y opposer, nous devons nous organiser pour créer les conditions de croissance et de développement partagés
Les pères fondateurs de l'unité africaine, en 1963, avaient décidé de faire l'unité politique par la création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) avant d'engager le chantier de l'intégration économique. Leurs successeurs à la fin du siècle dernier, en portant sur les fonts baptismaux l'Union africaine (UA) en remplacement de l'OUA ont privilégié de nouveau la politique et la diplomatie à l'économie, non sans avoir prévu un approfondissement des relations économiques au sein de chacune des cinq communautés économiques régionales.
Ils ont également ouvert le chantier de la future monnaie unique, la future banque centrale africaine ainsi que d'autres instruments de construction économique continentale (fonds de développement, passeport,) jusqu'à l'agenda 2063 adopté il y a quelques années, le tout reposant essentiellement sur des projets d'infrastructures d'intégration.
L'économie, jusque-là parent pauvre de l'intégration du Continent, s'est de ce fait progressivement imposée pour devenir maintenant l'axe principal de l'action de nos organisations politiques continentales. Cela paraît évident, car c'est par l'économie que les ensembles se constituent, l'intérêt étant la plus grande source de motivation des hommes et donc des nations. Les grands ensembles continentaux qui ont prospéré ailleurs (ALENA en Amérique, ASEAN en Asie ou encore l'Union européenne) ont toutes été constituées sur l'économie et l'ambition de la prospérité partagée.
Nos dirigeants semblent ainsi se rendre à l'évidence et aller dans ce sens. En Afrique de l'Ouest, zone régionale ayant développé le plus grand nombre de textes et de dispositifs juridiques et politiques d'intégration, une avancée significative vient d'être actée, à Abuja le 29 juin dernier, avec l'adoption du principe d'une monnaie unique pour les 15 pays membres de la CEDEAO.
Créer les conditions de croissance
Dans cette zone, la libre circulation des hommes et des marchandises est bien engagée. Elle dispose d'un tarif extérieur commun et de dispositifs de convergence économique suivis par ses organes. Théoriquement, elle est en voie de réaliser les conditions qui lui permettront de disposer d'une monnaie commune et d'accélérer ainsi son intégration économique. Ce pas franchi cette année constitue sans doute le progrès le plus important réalisé par l'Afrique de l'Ouest sur le chemin de l'unité économique depuis la création de la CEDEAO en 1975. Quelques jours plus tard, le 7 juillet 2019, à l'occasion du sommet de l'Union africaine, un pas significatif, également le plus important depuis la création de l'organisation en 1963, a été franchi avec l'entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale (Zleca), dont la signature de la convention a été actée par presque tous les Etats du Continent, la ratification ayant été faite par plus de la moitié d'entre eux.
L'Afrique envoyait ainsi au monde le message très fort de sa volonté de commercer avec elle-même et de partager en son sein la prospérité et la croissance. Le vieux principe incontesté de la prégnance de la géographie sur toutes autres considérations a eu à Niamey son illustration la plus concrète depuis cinquante ans en Afrique. Aucun pays, aucune nation ne peut espérer se développer si ses voisins ne le sont pas. Plutôt que de s'y opposer, nous devons plutôt nous organiser pour créer les conditions de croissance et de développement partagés. Et le développement passe impérativement par la création de richesse, les échanges, la liberté d'entreprendre et de circuler, etc.
En réunissant les conditions pour que les créateurs et les entrepreneurs puissent bénéficier du potentiel spatial, climatique, géologique, démographique du continent. Les dirigeants viennent de poser l'un des jalons les plus remarquables de l'essor de l'Afrique.
L'année de tous les espoirs
La concomitance de ces deux évènements, à l'échelle régionale et continentale -qui se complètent idéalement d'ailleurs (la monnaie ouest-africaine préfigurant la monnaie africaine)- fait de cette année celle de tous les espoirs sur le Continent. Cet espoir ne doit pas masquer les nombreuses difficultés qu'il faudra surmonter. Les fameuses règles de convergence économique et la difficulté de plusieurs Etats d'Afrique de l'Ouest à se discipliner financièrement pour maintenir la monnaie dans une certaine stabilité sont des réalités indéniables.
La principale menace vient du Nigeria, pays le plus puissant de la zone et dont la richesse dépasse de plus de 20% celle des 14 autres pays réunis ! Autrement dit, dans cet ensemble, si le Nigeria venait à rencontrer une difficulté majeure, c'est toute la zone qui en subirait le contre coup.
La seconde difficulté est due aux dogmes sur lesquels est bâti le Fcfa, monnaie regroupant huit des quinze pays de la zone. Ces dogmes devront évoluer pour donner une chance à l'entrée en vigueur de la future monnaie unique. Autrement dit, des efforts sont à fournir par le Nigeria et des concessions à faire par l'UEMOA pour que la monnaie puisse être une réalité d'ici quelques années. Sur le Continent, la donne est nettement plus compliquée et de nombreuses négociations sont prévues pour donner corps à la Zleca.
Il y a au préalable la réticence de certains pays qui craignent pour leur économie et leur industrie lesquelles bénéficient de protections pour prospérer. Là également les entreprises nigérianes sont au premier plan en la matière, mais avec des coûts sociaux très forts, ce qui n'est pas pertinent à long terme. Ce grand pays dont les potentiels ne sont pas suffisamment exploités aura besoin de s'ajuster, avec des implications difficiles, mais porteuses de progrès à moyen et long termes. Il lui faut un leadership politique fort et visionnaire pour lui permettre de prendre le cap de l'ouverture dont il serait le futur grand bénéficiaire.
D'autres pays moyennement industrialisés sont logés à la même enseigne et devraient être convaincus de faire le pari de l'acceptation de la Zleca afin de porter l'idéal économique panafricain vers le progrès. Des négociations doivent être conduites sur les règles d'origine permettant au Continent de se prémunir contre le dumping commercial d'autres pays extérieurs tout en ouvrant la porte aux échanges de produits manufacturés africains.
Compter sur le leadership visionnaire de nos dirigeants !
Cette question est cruciale et mérite une attention soutenue et une vigilance accrue. Il s'agira d'encourager les transferts de technologie en Afrique d'une part et faciliter la circulation des produits sur le marché africain d'autre part, tout en permettant à chaque pays d'obtenir une part de la nouvelle prospérité créée. Exercice facile à mettre en œuvre pour un pays comme la Chine dans les années 1980, mais autrement plus redoutable quand il s'agit de 54 pays ! Nous devons là également prendre le pari de l'intelligence et de la technicité de nos experts. Mais surtout, nous devons compter sur le leadership visionnaire de nos dirigeants !
On l'aura donc compris : la politique reste tout de même le levier par lequel il faudra encore passer pour créer les conditions de la prospérité économique. L'Afrique recèle-t-elle encore de leaders visionnaires capables d'orienter leur nation de manière à ce qu'elles fournissent les efforts indispensables à cette ouverture, a priori risquée, mais porteuse de prospérité ? De la réponse à cette question dépendra le sort des réformes majeures et une partie substantielle de l'idéal panafricain.
LA FIÈVRE XÉNOPHOBE SÈME LE CHAOS À JOHANNESBOURG
En Afrique du Sud, ces dernières heures ont été marquées par la violence contre les ressortissants étrangers (Africains) - Depuis dimanche 1er septembre, des centaines de magasins ont été vandalisés et on compte trois morts selon autorités
En Afrique du Sud, ces dernières heures ont été marquées par la violence contre les ressortissants étrangers (Africains). Depuis dimanche 1er septembre, des centaines de magasins ont été vandalisés et on compte trois morts selon autorités à Johannesburg. Ce lundi, la journée de mobilisation de certains Sud-africains, qui veulent se débarrasser des étrangers, continue. Ce mouvement de contestation a été lancé par les chauffeurs routiers, qui arrêtent depuis plusieurs semaines les conducteurs étrangers et brûlent leurs cargaisons. Le mouvement s'était amplifié la semaine dernière dans le centre de la capitale Pretoria, avec le pillage de nombreux magasins tenus par des migrants.
C’est un mouvement national lancé par plusieurs corporations. Deux en particulier : les chauffeurs de poids lourds ainsi que les associations de taxis. Comme la semaine dernière à Pretoria, ce sont les chauffeurs de taxis de la ville de Johannesburg qui sont allés brûler des dizaines de magasins appartenant à des étrangers.
Ces violences ne sont pas récentes. Depuis un an, les conducteurs étrangers, Zimbabwéens, Congolais ou Zambiens sont persécutés sur les routes car accusés de voler le travail des locaux. 200 sont morts dans ces violences depuis un an.
Aujourd’hui, c’est donc l’heure d’en découdre, selon les conducteurs sud-africains, qui ont installé des barrages informels sur de nombreuses routes du pays. Mais en réalité le gros des violences se concentrent jusque-là dans au moins sept quartiers de Johannesburg depuis dimanche soir, où de simples citoyens viennent détruire piller et brûler.
Aucun magasin sud-africain n’a été vandalisé
Dans le sud de Johannesburg, dans le quartier de Turffontein, plus de 500 habitants s’en sont pris à une dizaine de magasins, pillant tout sur leur passage. Il est très clair que les établissements visés appartiennent à des étrangers, des Pakistanais, Somaliens ou Nigérians. Aucun magasin sud-africain n’a été vandalisé. C’est le cas du magasin de Sebastian qui lui, est sud-africain.
« Ils ont décidé de cibler les magasins des migrants, des Congolais et des Pakistanais. Ils n’ont pas touché aux Sud-Africains. C’est injuste car ces gens travaillent dur. Regardez, si vous jetez un œil, c’est vide maintenant », constate-t-il.
Sivuyile Nama est porte-parole de la communauté, responsable des pillages. Il explique l’action des criminels et le ras le bol de ses concitoyens. « L’Afrique du Sud accueille un nombre impressionnant de migrants. Peut-être même le plus de réfugiés dans le monde ! Donc qui est supposé s’occuper d’eux ? », interroge-t-il avant de pointer du doigt le gouvernement. « Les gens veulent du travail et le gouvernement ne nous donne aucune solution. Et on a besoin d’une sortie de crise très rapidement dans ce pays », ajoute-t-il.
Est-ce alors une nouvelle vague d’attaques xénophobes ? Du côté des autorités, on calme le jeu. Le ministre de la Police, Bheki Cele, préfère parler de criminalité.
« Pour moi, c’est de la simple criminalité. Les gens volent mais pour le moment, il n’y a rien qui me fasse dire qu’il y a un conflit entre Sud-Africains et les étrangers. On parle de criminalité, pas de xénophobie », dit-il.
Pourtant, le motif des manifestants était clair. Leur communiqué disait. « Trop c’est trop. Les étrangers dehors ! ».
Les étrangers, des boucs émissaires
La situation est extrêmement tendue dans le reste de la métropole. Les boutiques du centre-ville sont fermées pour la plupart. Les policiers sont accusés d’inaction par la société civile. En fait, ils sont complétement dépassés par ces rassemblements spontanés. Ils n’ont pas pu empêcher la mort de trois personnes la nuit dernière. Trois personnes brûlées dans leur magasin, juste après avoir vu des dizaines de Sud-Africains casser la vitrine et voler leurs produits.
Cette léthargie n’étonne pas Johan Burger, un spécialiste des questions policières, à l’Institut d’études de sécurité de Pretoria. « On affirme parfois que la police est sur place mais qu’elle reste les bras croisés. Dans le passé, la police a déjà répondu à cette accusation, expliquant qu’elle ne peut pas se permettre de prendre en chasse chacun des pilleurs parce que les policiers risqueraient d’être entraînés dans des quartiers difficiles où ils pourraient d’être agressés et même tués par des bandes criminelles. Je rappelle que peu de pays au monde sont plus dangereux pour un policier que l'Afrique du Sud. La police est sous pression, mais force est de constater qu'elle n’est pas à la hauteur. Les policiers ne sont pas assez nombreux et n’ont pas assez de moyens pour apporter une riposte, disons professionnelle, à ces incidents. Mais il faut garder à l’esprit que la violence xénophobe n’est qu’un des multiples visages de la violence en Afrique du Sud. »
Joint par RFI, Sheikh Amir, président d’une association de Somaliens d’Afrique du Sud, considère que les étrangers servent actuellement de boucs émissaires.
« J’ai vu des magasins incendiés et pillés. L’intimidation, les insultes et le harcèlement, nous, les migrants, nous avons l’habitude. Mais en ce moment, il s’agit de crimes. Des bandes circulent en minibus. Elles pillent des magasins et les incendient. On ne parle pas d’intimidation. Des policiers sont sur place, mais ils ne font pas grand-chose. Nous sommes même portés à croire que la police et les autorités sont les instigateurs de cette violence. Dès que l’économie commence à ralentir, les migrants servent toujours de boucs émissaires. Le sentiment anti-migrant qui est très fort, est propagé, depuis un mois, de la base au sommet de la classe politique », souligne-t-il.
Pour un premier bilan, ce lundi 2 septembre, on compte une cinquantaine de magasins vandalisés, plus de soixante arrestations et donc trois morts pour le moment. Un policier confiait à RFI que le bilan devrait rapidement monter compte tenu du chaos qui règne dans les rues de Johannesburg.
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XIBAAR YI
L'essentiel de l'actualité de ce lundi 02 septembre sur la TFM
L'essentiel de l'actualité de ce lundi 02 septembre sur la TFM
PAR Moussa NDIAYE
LETTRE OUVERTE À ABDOU KARIM FOFANA
EXCLUSIF SENEPLUS - Demander aux marchands de choisir une formule de réhabilitation du marché Sandaga, me semble une volonté persistante de rester dans le cercle vicieux de l’encombrement du Centre-Ville
J’ai livré dans une contribution publiée sur mon compte Medium sous forme d’article, quelques-unes de mes réflexions sur le marché Sandaga sur le point d’être réhabilité.
Toutefois, suite à la réaction de certains lecteurs, qui ont trouvé un intérêt a mon article ; je leur en remercie, car cet intérêt va au-delà de ma modeste ambition, j’ai été invité à vous écrire, via un procédé courant en démocratie : la saisine d’une autorité par un citoyen à travers une lettre ouverte.
C’est ce qui a motivé la présente.
Aussi, après vous avoir vu à l’œuvre depuis un certain temps, et je ne doute pas un instant de votre capacité d’écoute, notamment en ce qui concerne vos administrés.
Je voudrais alors vous féliciter d’abord.
Ensuite, partant de ma modeste expérience de juriste, ancien Secrétaire Municipal de plusieurs communes de Dakar, parmi lesquelles Dakar Plateau, ma localité natale pendant six ans, partager avec vous mes positions, inquiétudes et attentes sur l’ambitieux projet de réhabilitation du Marché Sandaga.
Comme vous le savez, le 26 Octobre 2013, un incendie avait ravagé le marché Sandaga de Dakar, construit en 1933, fermé une semaine plutôt sur ordre des autorités municipales en raison de sa vétusté et des risques d’effondrement.
La réhabilitation ou la reconstruction du marché Sandaga, classé monument historique, fut au point mort, pendant un temps, pour gagner un certain intérêt récemment avec l’implication de l’Etat du Sénégal et de la Commune de Dakar Plateau, et cette dernière a la faveur de la Loi n° 2013–10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales, communément appelée « acte 3 de la décentralisation ».
Dans un tel contexte quelles perspectives pour le marché Sandaga ?
Avant de répondre, je voudrais d’abord mettre en exergue l’importance que j’attache à la réhabilitation de Sandaga.
En effet, tout d’abord, depuis que j’occupais le poste de Secrétaire Municipal de la Commune de Dakar Plateau, entre 2003 et 2009, voire, bien avant en tant que militant du mouvement associatif local, la situation de cet équipement marchand, patrimoine du Sénégal a souvent été au cœur de mes préoccupations.
Ainsi, dès mon entrée en fonction en Mars 2003, accompagné du Directeur des Services Techniques, Monsieur Amadou Seck Diaw, nous avions fait une descente sur le terrain et parmi les principales préoccupations, la situation sécuritaire, liée à la vétusté du bâtiment et aux installations électriques.
Nous avions alors préparé à l’attention de la Senelec, dans un premier temps, une lettre leur demandant de venir examiner la situation des branchements clandestins, espérant du même coup provoquer une réponse spécifiant que la police d’abonnement était au nom de la Ville de Dakar.
Ce qui permit dans un second temps une redirection de courrier accompagnée de justificatifs invitant les autorités de la Ville à prendre leurs responsabilités pour mettre fin au péril sécuritaire de l’époque.
Ensuite, revenant en cela aux travaux même, je vois que des années après ce qui précède, la nécessité de la réhabilitation, je dis bien réhabilitation et du marché Sandaga continue de se poser.
On aura beau jaser et gloser, mais techniquement si on fait appel à des hommes de l’art cette réhabilitation est possible. Voire, il est même possible de démolir le bâtiment pour le reconstruire à l’identique. Récemment l’Etat du Sénégal a réhabilité le Building Administratif, pour le transformer en un bâtiment ultra moderne, mieux, avant cela le marché Kermel a été reconstruit à l’identique suite à l’incendie de 1993.
Donc la réhabilitation de Sandaga relève beaucoup plus d’une question de volonté que d’une possibilité technique.
J’insiste sur la réhabilitation parce que ce bâtiment est un trésor architectural.
C’est ici l’occasion de répondre à tous ces gens qui passent leur temps à faire des propositions farfelues. Certes, on est en démocratie et chacun est libre de donner son point de vue, mais vouloir proposer de « raser le marché Sandaga pour loger deux tours sur l’assiette foncière récupérée » me parait insensé, et j’espère bien que les autorités centrales et locales ne commettront pas ce qui me semble un crime contre le patrimoine national.
Sur cette question précise, la préservation du statut de patrimoine classé est une prérogative de police administrative spéciale relevant de l’Etat du Sénégal. Car, depuis plus de cent ans, en droit administratif (cf dans la jurisprudence française l’Arrêt Gomel, Conseil d’Etat, du 4 avril 1914) la préservation même de la perspective monumentale des places et édifices publics incombe à la puissance publique. Ce qui nous amène à poser avec force que nul n’a le droit de remettre en cause sans l’aval de l’Etat le statut de patrimoine classé du marché Sandaga.
Mieux nous autres citoyens, avons le droit de nous opposer au besoin par voie contentieuse à toute démolition sans reconstruction à l’identique au moyen de l’obligation pour l’Etat du Sénégal de respecter et de faire respecter sur toute l’étendue de son territoire les engagements internationaux auxquels il a souscrit, en l’espèce son obligation d’appliquer les textes de l’UNESCO relatifs à la reconstruction à l’identique des édifices compris dans le patrimoine classés en cas de démolition totale ou partielle.
Sur ce point, Monsieur le Ministre, j’attire votre attention sur la complexité de ce dossier, car votre département, comme vous le savez, eu égard à la qualité de monument classé de l’édifice de Sandaga, partage la gestion de ce dossier avec celui de la Culture, ministère de tutelle de la Direction du Patrimoine Classé.
Ceci étant, à ce niveau de notre propos, j’aimerais inviter les autorités à prendre l’entière mesure de leurs responsabilités afin de tenir compte de ce qui suit.
1.Le bâtiment de Sandaga appartient à la puissance publique, même si ceux qui y travaillent peuvent être consultés.
Les conséquences en sont que d’abord, c’est à la puissance publique (Etat et Collectivités Locales confondus) que revient la prérogative de fixer les règles de la réhabilitation, lesquelles règles compte tenu de la complexité du projet doivent rigoureusement obéir a des normes de sécurité tant dans la mise en œuvre des travaux, surtout de l’implantation du chantier, que dans la gestion du futur bâtiment réhabilité.
J’insiste sur un fait, ce n’est pas parce que des gens occupent des souks et des stalles dans un équipement marchand public que leur simple doit d’usage doit se transformer en droit de propriété.
Quand le propriétaire d’un immeuble par exemple, doit faire de grosses réparations, les locataires doivent libérer les locaux jusqu’à la fin des travaux.
Egalement, mobilisation des moyens se fait par ou pour le compte de la puissance publique, j’attire également l’attention sur un autre fait : il est possible de nos jours que la puissance publique travaille avec des privées à travers des partenariats public-privé, au sens de la loi 2014- 09 du 20/02/2014 sur le partenariat public privé et ses décrets d’application dont le décret 2015–386 du 20/03/2014, mais à mon humble avis une telle démarche est à écarter, parce que parmi les enjeux de ce projet se pose l’urgence de remettre en ordre Dakar Plateau.
C’est à l’Etat de porter cette réhabilitation afin de pouvoir édicter et imposer d’autorité les futures règles d’occupation de l’équipement marchand.
En effet, en entreprenant cette réhabilitation, l’Etat du Sénégal du même coup remplit une de ses missions de régulation qui va consister en une remise en ordre du Centre-Ville Dakarois devenu subitement invivable du fait d’un accroissement spatial non maîtrisé de Sandaga, lequel, de manière tentaculaire a gangrené tout le quartier.
Ce qui, à suffisance montre qu’à travers la réhabilitation du bâtiment de Sandaga, l’Etat du Sénégal tient là une réelle opportunité pour dérouler dans le centre-ville de Dakar une véritable politique de renouveau urbain.
Donc dans ces conditions, demander aux marchands, cause principale de cet encombrement de choisir une formule de réhabilitation, voire, leur entrepreneur, comme ce fut le cas récemment, me semble non seulement une fuite de responsabilités de la part de l’Etat, mais plus grave une volonté persistante de rester dans le cercle vicieux de l’encombrement du Centre-Ville.
L’ancien maire Fadel Gaye de Dakar Plateau avait l’habitude de dire que « dans une ville, les diverses fonctions de la voie publique, que sont la fonction commerciale et la fonction de circulation ne doivent pas entrer en conflit au point que l’une tue l’autre, mais elles doivent être en équilibre. »
Justement au Plateau, le développement tentaculaire de Sandaga est le principal facteur qui a fait que la fonction commerciale a tué toutes les autres fonctions y compris même la qualité de vie des riverains et des visiteurs du centre-ville de notre belle capitale.
C’est pourquoi, j’exhorte l’Etat à prendre la mesure de ses responsabilités car c’est l’occasion pour que force reste à la loi et que le Centre-Ville Dakarois revienne à une perspective urbaine respectant les normes.
2.Option « Zero cantine »
La « cantinisation » débuta par l’Avenue Emile Badiane dans un premier temps à la fin des années 80, pour ensuite dans un second temps s’étendre à l’avenue Jean Jaurès, aux rue Thiong prolongée, El Hadj Mbaye Gueye (ex-Sandiniery) avec l’invasion de la Place Clarisse dès le milieu des années 90 ainsi que le pourtour des différents établissements scolaires de Dakar Plateau.
Cette « cantinisation » voulue à un certain moment par la municipalité a débouché sur un rapport de forces entre les marchands et la Commune de Dakar Plateau. Lequel rapport de forces a été défavorable a la municipalité et les différents maires de Dakar Plateau n’ont pas eu les moyens de le juguler.
Et le pouvoir central, parfois cédant à la pression des différents lobbies, voire, par calcul politicien, n’a pas vraiment aidé la municipalité.
C’est pourquoi, cette réhabilitation du marché Sandaga, peut être une occasion que le pouvoir central prenne les responsabilités qui sont les siennes. Car, en droit, lorsqu’une autorité locale, surtout en matière de police peine à trouver des solutions, au point de se retrouver dans une impasse préjudiciable a l’ordre public, le pouvoir central doit dans l’intérêt général se donner les moyens juridiques et matériels pour intervenir par substitution à l’autorité locale.
En l’espèce, la présence non maîtrisée de ces milliers de commerçants autour du bâtiment de Sandaga et sur les artères voisines nécessite une régulation, qui aura, je le répète, des objectifs de renouveau urbain, que seul le pouvoir central a les moyens de porter.
Cette question précise de bon ordre, de salubrité publique et respect des commodités de passage dans les rues, relève de la police administrative générale dont la conduite est de la compétence de l’Etat au premier chef. Et il me semble important d’insister encore sur l’urgence.
3. Mettre fin à la confusion entretenue sur l’occupation de la voie publique.
Pour rappel avec la montée en puissance des communes d’arrondissement, suite à la réforme de 1996, la répartition des infrastructures, intervenue par arrêté préfectoral en 1998 classait les Marchés Sandaga et Kermel parmi les marchés dits de Ville dont la gestion revenait à la Ville de Dakar par opposition aux marchés dits de quartier dévolus aux communes d’arrondissement.
Or, on était à une époque où la perception même de marché était devenue très …dynamique et dépassait de loin le simple équipement marchand.
Ainsi, comme dit plus haut, on assista à un phénomène partout à Dakar (HLM, Castor, Medina, Dakar Plateau) les marchés phagocytaient les quartiers.
Dans ces conditions, les Maires d’Arrondissement qui revendiquaient une compétence sur la voie publique avaient fait la promotion de l’extension des marchés sur les pourtours immédiat des différents équipements marchands, en délivrant des actes susceptibles de s’analyser permissions de voirie. C’est-à-dire des autorisations à titre précaire et révocable permettant, de s’établir sur la voie publique moyennant une redevance.
Dakar Plateau à l’époque, bien que commune du Centre-Ville Dakarois, ne fit pas exception a la règle de la « cantinisation » à outrance.
Et c’est là qu’il y a problème, le conflit de perception entre les bénéficiaires et l’autorité municipale ne tarda pas à éclater.
D’un côté, pour les commerçants, on avait le sentiment d’avoir « acheté » une portion de la voie publique, alors que de l’autre, la Mairie considérait que l’acte administratif de base et à juste raison, était une simple permission de voirie à titre précaire et révocable.
Et qu’en sa double compétence de juge de l’opportunité et d’ordonnateur en dépenses et recettes, le maire pouvait « fiscaliser » la relation juridique entreprise.
En quelques années, on a vite glissé de manière dangereuse, vers ce que la relation juridique n’était pas : une concession de voirie.
Juridiquement, les occupants de cantines dans les artères de Dakar Plateau avaient un droit fondé sur une permission de voirie, c’est-à-dire un acte administratif unilatéral, relevant du seul pouvoir discrétionnaire du maire, excusez la redondance, et délivré à titre précaire et révocable.
Mais en fait, les commerçants se considéraient comme détenteurs d’une concession de voirie, c’est-à-dire d’une convention entre eux et le Maire de Dakar Plateau aux fins de mener une activité commerciale sur la voie publique.
Et qu’à la différence de l’acte administratif unilatéral délivré par le maire, qu’est la permission de voirie, la concession serait un contrat, donc placerait sur un point d’égalité les parties que sont l’administration communale, qui serait le concédant, et le commerçant bénéficiaire qui serait un concessionnaire.
Cela généra non seulement des pratiques mafieuses, mais plus grave une cruelle injustice contre des propriétaires fonciers de Dakar Plateau.
En effet pour ce qui est des pratiques mafieuses, le simple fait d’avoir une cantine à Dakar Plateau, interprété a tort par les commerçants comme une concession de voirie avait rapidement abouti à asseoir de plein régime les droits accessoires d’un fonds de commerce : le droit au maintien et la cessibilité à titre onéreux. Ce fut alors une porte ouverte à la spéculation et aux trafics en tous genres.
Il fut un temps ou une cantine à Dakar Plateau était cédée sur le marché à des montants faramineux avoisinant les huit, voire treize millions de F.CFA et hors de vue de l’administration.
La persistance d’une telle situation fait désordre et l’autorité doit sévir.
Concernant, le préjudice causé aux riverains et propriétaires fonciers de Dakar Plateau, il suffit de circuler sur les avenues Emile Badiane et la rue El Hadj Mbaye Gueye (Ex Sandiniery) pour s’en rendre compte.
En effet, comme c’est le cas dans les grandes villes du monde, la valeur vénale des biens fonciers est élevée dans les centre-ville, (downton).
Aussi, même si Dakar Plateau jusqu’au début des années 2000 a enregistré des prix au mètre carré dépassant le million de FCFA, les propriétaires fonciers des artères précitées étaient injustement handicapés par une incapacité de valoriser leur bien à cause de ces énormes cantines qui en bloquaient l’accès.
Or à mon sens , c’est là une grave injustice, car ces gens qui sont titulaires d’un droit de propriété matérialisé dans un titre foncier se retrouvent lésés par des commerçants et autres marchands dont le seul droit ne repose que sur un acte administratif à titre précaire et révocable, voire parfois, pas du tout de titre, et qui, de surcroît en toute impunité ont une activité qui porte atteinte à l’environnement, en général, et particulièrement, à l’hygiène publique et au cadre de vie.
Le drame c’est que ça ne semble choquer personne, au point que les victimes de cette injustice se retrouvent comme des laissés pour compte sans droit de recours.
Il est temps que l’Etat du Sénégal examine cette situation et que l’on revienne à l’orthodoxie : la défense du droit de propriété dans ce pays, et c’est une question d’ordre public, incombe au premier chef à l’Etat.
Au demeurant, toutes les cantines, surtout celles de l’Avenue Emile Badiane surtout doivent être démantelées.
C’est ça à mon humble avis, ma compréhension de l’option « Zéro Cantine » toute autre solution de maintien serait la perpétuation d’une injustice qui n’a que trop duré.
Et la chance de l’Etat du Sénégal et des autorités municipales depuis toujours réside dans le fait que les propriétaires fonciers de cette partie de notre capitale ne se soient pas regroupés en syndicat de propriétaires pour engager la responsabilité de la puissance publique, car à l’analyse, il y a de sérieuses pistes de travail en vue d’une action judiciaire.
En conclusion, la puissance publique est interpellée dans ce dossier, et nous sommes en droit, nous populations de Dakar Plateau d’attendre une décision et des mesures fermes qui rétablissent le bon ordre et la salubrité dans le Plateau, toute autre solution serait perçue comme un acte visant à sacrifier nos populations sur l’autel des intérêts des lobbies et des politiciens.
En fondant beaucoup d’espoir sur votre action, et en vous réitérant mon soutien dans l’espoir d’une défense des intérêts de Dakar Plateau, je vous prie d’agréer Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute considération.
Moussa Ndiaye est Juriste-Conseil d’Entreprise, Spécialiste de la Gouvernance Locale, cadre à la Ville de Dakar, ancien Secrétaire Municipal des Communesde Grand Dakar, Dakar Plateau et des Parcelles Assainies
L'ADMINISTRATION PUBLIQUE À LA DIÈTE
L’Etat a décidé de ’’restreindre’’, à compter du premier septembre, l’abonnement des fonctionnaires auprès des opérateurs de téléphonie mobile, avec "la suspension de tous les appels sortants"
L’Etat a décidé de ’’restreindre’’, à compter du premier septembre, l’abonnement des fonctionnaires auprès des opérateurs de téléphonie mobile, avec "la suspension de tous les appels sortants", indique le Bureau d’information gouvernemental (BIG).
Lors du lancement du Programme d’appui à la modernisation de l’administration (PAMA), le 5 août, le chef de l’Etat avait souligné la nécessité de rationaliser les dépenses publiques, mettant en exergue les chiffres de 307 milliards pour l’achat de véhicules en 7 ans et de 17 milliards en factures téléphoniques par an.
’’Dans le cadre de la rationalisation des dépenses courantes, l’Etat a pris la décision, à compter de ce 1er septembre 2019, de restreindre l’abonnement des fonctionnaires auprès des opérateurs de téléphonie mobile, avec la suspension de tous les appels sortants", indique le BIG dans un communiqué reçu à l’APS, lundi.
’’Seuls les appels entrants sont maintenus jusqu’au 30 septembre prochain avant que les lignes ne soient intégralement résiliées. A cet effet, une allocation forfaitaire a été intégrée dans les salaires de ce mois d’août 2019 des ayants-droit", ajoute la même source.
Le BIG indique l’Etat "a pris toutes les dispositions règlementaires pour la mise en œuvre de cette décision avec le décret 2019-1310 du 14 août 2019 fixant une allocation mensuelle forfaitaire pour charges de téléphonie mobile à certains agents de l’Etat".
A cela s’ajoutent le décret 2019-1311 du 14 août fixant le volume et les modalités de répartition de l’enveloppe financière accordée au ministère des Forces armées pour la prise en charge des dépenses de télécommunications et le décret 2019-1312 du 14 août fixant le volume et les modalités de répartition de l’enveloppe financière accordée au ministère de l’Intérieur pour la prise en charge des dépenses de télécommunications.
Dans le communiqué, il est indiqué que de cette manière, le président de la République "réaffirme sa volonté inébranlable de réduire le train de vie de l’Etat".
"Et, au-delà de l’exigence de recentrage de la dépense publique, les économies générées par cette décision, serviront à la prise en charge effective des besoins exprimés par les populations en termes de santé, d’éducation, de formation professionnelle, mais également d’infrastructures pour restaurer l’équité territoriale et la justice sociale", souligne-t-on dans la même source.
Le BIG annonce que de "prochaines mesures" sont attendues "dans le domaine du téléphone fixe, de l’eau, de l’électricité, des véhicules administratifs, du carburant et de l’usage d’Internet".
Elles "devront définitivement consacrer la vision exprimée par le président de la République d’un Etat modeste et efficace".
MAME LESS CAMARA FAIT LE PROCÈS DES "POLITICIENS EXPERTS"
Le dialogue national initié par le président de la République, Macky Sall, ne règlera aucun problème de société, selon le journaliste-formateur au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti)
Le dialogue national initié par le président de la République, Macky Sall, ne règlera aucun problème de société. C’est l’avis de Mame Less Camara, journaliste-formateur au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti). Selon lui, c’est une rencontre entre «politiciens bavards avec des formules creuses». Il s’exprimait en marge d’un panel organisé, ce week-end, à Dakar, par l’Action pour les droits humains et l’amitié (Adha).
Le leader de Pastef/Les patriotes, Ousmane Sonko, qui avait qualifié le dialogue national convoqué par le président de la République du Sénégal, Macky Sall, de cirque, a un soutien de taille en la personne de Mame Less Camara, journaliste-formateur au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti). Selon ce dernier, le dialogue dit national n’est rien d’autre qu’une rencontre entre politiciens bavards avec des formules creuses. «C’est un dialogue ridicule qui met en scène des personnages dont les Sénégalais ont assez, à force de les voir depuis des décennies dire les mêmes choses sans absolument avancer en rien de quelque côté. Tous ces appels à un dialogue national, c’est entre des politiciens bavards qui vont essayer de s’illustrer par des formules creuses. Si on est prêt à nous consacrer un temps à des discussions, discutons de la formation des jeunes, de leur employabilité, qui doit être un élément central », a souligné, ce week-end, Mame Less Camara. C’était en marge d’un panel organisé, ce week-end à Dakar,par l’Action pour les droits humains et l’amitié (Adha). Le journaliste d’ajouter : «Il n’y a qu’au Sénégal où des politiques se rencontrent pour discuter de la politique. Et on appelle cela dialogue national. Les problèmes d’éducation méritent qu’on leur consacre du temps.»
Selon l’analyste politique, la problématique de l’enseignement, la formation des jeunes, l’émigration clandestine sont, entre autres, des questions de l’heure qui méritent d’être étudiées. En lieu et place de convoquer des partis politiques composés de deux voire trois personnes, l’idéal serait d’inviter le bas peuple pour un diagnostic de leurs problèmes. «J’ai arrêté de suivre les péripéties de ce dialogue quand je me suis rendu compte que les politiques se bousculent, se bagarrent pour être admis. On laisse de côté les associations de jeunes agriculteurs, tous les mécaniciens que l’on retrouve dans les garages, qui sont soumis à une véritable formation, c’est-à-dire un processus d’acquisition de connaissances. Alors que ce sont ces dignes citoyens qui mériteraient de faire l’objet d’un dialogue national et non pas les turpitudes de politiciens experts qui, pour beaucoup d’entre eux, n’ont pas vocation à servir la nation, mais plutôt à s’en servir. Ils ne font que se signaler pour compter sur les médias pour exister, se donner un nom sur la scène politique», déplore-t- il.
A l’en croire, l’enseignement sénégalais qui se trouve, en permanence, dans une zone de turbulences devrait être parmi les premiers points à être évoqués. Malheureusement, ce sont des questions qui ont trait à l’agenda des politiques qui sont privilégiées. «Puisqu’on est en face d’un problème général, il serait bon qu’il soit soumis une à appréciation et que l’on s’entende sur les gens qui seront désignés pour travailler sur sa résolution, en relation avec les académies et les enseignants. C’est cela qui pourrait faire avancer les choses et donner du vrai contenu à ce dialogue national. L’enseignement est trop sérieux pour qu’on le laisse entre les mains des seuls enseignants. On doit savoir que toute politique doit être politique de quelque chose», insiste- t-il. Selon le premier directeur de Walf Fm, tout cela se passe au vu et au su de tout le monde, notamment la presse qui ne joue pas son rôle de filtre et de régulateur. « La presse ne joue plus son rôle de filtre et d’éveil. Je suis dans la presse depuis 35 ans. Je peux citer des gens qui, depuis trente-cinq ans, restent sur la scène politique et prétendent pouvoir travailler pour notre futur», souligne Mame Less Camara.
A l’en croire, la presse copte des soi-disant politiques qui, en fait, ne parlent au nom de rien, n’ont aucun projet, aucune base populaire, sinon des gesticulations. «Ils ont un certain sens de la formulation qui dérange. Il faut rompre avec ces pratiques. Les associations des droits de l’homme méritent d’être soutenues pour, au moins, faire l’objet de notre attention. Une association de défense de droits de l’homme ne doit pas se promener dans tous les espaces où on ne parle que de politique », recommande-t-il.
UN MEMBRE DE LA MAFIA CHINOISE ARRÊTÉ A L'AIBD AVEC UN STOCK DE MÉTHAMPHÉTAMINE
L’homme convoyait, dans ses mallettes, un stock de méthamphétamine, destiné à approvisionner une mafia installée au Sénégal, dans le secteur de la pêche.
Un ressortissant chinois, en provenance de son pays, a été appréhendé en début de semaine, à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd). L’homme convoyait, dans ses mallettes, un stock de méthamphétamine, destiné à approvisionner une mafia installée au Sénégal, dans le secteur de la pêche.
La Cellule mixte aéroportuaire anti-trafic (Caat), sise à l’Aibd, a réussi, en début de semaine dernière, un joli coup de filet. Cette cellule mixte composée d’éléments de la Police, de la Gendarmerie et des Douanes, est parvenue, au cours de contrôles ciblés, à jeter son dévolu sur un passager qui venait de débarquer à l’aéroport. Suspecté, ce dernier (un ressortissant chinois) sera soumis à un contrôle plus poussé. Résultat des courses, le bonhomme convoyait dans ses bagages, un stock de méthamphétamine. Une drogue dure qui se présente sous forme de poudre pouvant être avalée, reniflée, fumée ou injectée. Prisée par des consommateurs nantis, elle procure une sensation intense appelée «Rush» ou encore «Flash».
Le ressortissant chinois qui sera plus tard identifié sous le nom de Lee (sans autres précisions), avait débarqué ce jour à l’Aibd en provenance de son pays, la Chine. Il s’acquitte tranquillement des formalités de police et s’apprêtait à franchir les autres étapes de contrôles, notamment les douanes. Face à cette étape cruciale, le Chinois Lee n’a certainement pas manqué de croiser les doigts, priant pour ne pas être démasqué. Malheureusement pour lui, il sera lâché par sa bonne étoile. Les éléments de la Cellule mixte aéroportuaire anti-trafic qui épiaient les moindres mouvements des passagers pour décortiquer tout comportement suspect, vont jeter leur dévolu sur lui. C’était au cours d’un contrôle ciblé ou contrôle au pif. Le passager chinois Lee est ainsi abordé. Après un bref questionnaire, les éléments de la Caat qui avaient quelques appréhensions sur leur homme, ont convenu de procéder à un contrôle plus poussé sur sa personne et sur ses bagages.
Là, coup de théâtre, les éléments de cette cellule vont découvrir dans les bagages du ressortissant chinois, une substance qui, a priori, donne l’impression d’être du tabac utilisé dans des cigarettes de marque (de type cigare) en vrac. Pour se faire une religion sur les caractéristiques et spécificités de ce produit, les éléments de la Caat l’ont envoyé, pour analyse, au laboratoire scientifique de la Police nationale. Une expertise qui a permis de révéler que ce stock en vrac de tabac est associé à de la méthamphétamine d’un poids de plusieurs grammes. Fort de ces conclusions, le Chinois Lee sera arrêté, avant d’être mis à la disposition des limiers de l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis), pour continuation d’enquête.
Un exercice qui a permis aux hommes du Commissaire Idrissa Cissé de savoir que leur hôte avait pour mission d’approvisionner une mafia chinoise établie au Sénégal et qui s’active dans le milieu de la pêche. Aussi, qu’il avait acquis la méthamphétamine depuis son pays. Au terme de sa garde à vue, le mis en cause a, au terme de sa détention légale, été déféré, au parquet de Dakar pour les faits sus-indiqués de trafic international de drogue dure.
Et le bilan provisoire est lourd :5 morts. Pour le moment, nous ignorons les circonstances de l’accid ent. Malgré les nombreux appels de sensibilisation et les mesures de sécurité, les accidents de routes se multiplent.
SAÏD TARRAF, UN TEMPS PROCHE DES WADE
S’il ne lui est pas connu de proximité avec le pouvoir en place, il a pu être établi que le DG du Groupe Tarraf qui a spolié ses co-héritiers, avait des relations d’affaires avec Bibo Bourgi, connu par la Crei
S’il ne lui est pas connu de proximité avec le pouvoir en place, il a pu être établi que Saïd Tarraf, le Dg du Groupe Tarraf qui a spolié ses co-héritiers, avait des relations d’affaires avec Bibo Bourgi, connu par la Crei pour être le prête-nom de Karim Wade. Cela aurait pu expliquer son pouvoir à cette époque, mais interroge sur son impunité actuelle
Le conflit opposant Saïd Tarraf et ses enfants aux autres membres de la famille TarrafKoujock n’en finit pas de produire de nouveaux développements, au fur et à mesure de l’enquête initiée par les autorités judiciaires de ce pays. C’est dans ce cadre qu’ont été mises au jour les relations d’affaires troubles qui ont existé en leur temps, entre Saïd Tarraf et le duo Bibo Bourgi-Karim Wade. On se rappelle notamment qu’ils avaient mis en place une société appelée Sénégalaise des industries (Sdi). En 2012, un article du journal Le Quotidien révélait que cette entreprise était détentrice de plus de 400 hectares de terres dans la forêt de Bandia, qui devaient leur permettre d’ouvrir une cimenterie au Sénégal.
L’article a révélé que ce qui intéressait véritablement les bénéficiaires du décret d’attribution de ces terres, c’était de réaliser une belle opération financière en vendant ces terres riches en calcaire, produit très utile à la fabrication du ciment. Après les Bourgi et Karim, quel soutien ? C’est ainsi qu’ils ont tenté d’écouler les terres auprès des cimentiers locaux qui, tous, ont reculé, principalement à cause du montant jugé exorbitant réclamé par les acolytes. Ce que l’on savait moins à ce jour, c’est que, si les frères Karim et Ibrahim Aboukhalil Bourgi étaient à la manœuvre, Said Tarraf était leur principal associé dans cette affaire. C’est en effet, dans ses locaux qu’était établi le siège social de la Sdi, et son fils Mehdi et lui étaient, avec les frères Bourgi, les principaux des actionnaires de l’entreprise. Le capital de la Sdi, d’un montant de 2 milliards de Cfa, se répartissait entre Ibrahim (Bibo) Aboukhalil, Karim Aboukhalil Bourgi, Saïd Tarraf, et son fils Mehdi Tarraf, chacun des membres ayant investi 500 millions de Francs.
Il ressort aujourd’hui, à la suite des enquêtes, que Saïd avait à l’époque, puisé dans les caisses des entreprises du Groupe Tarraf, dont il devait assurer la gestion, pour acquérir des parts dans la Sdi. Il est évident, dans le contexte de l’époque, qu’une relation d’affaires avec des proches du clan Wade, lui assurait, sinon, une proximité, du moins une certaine impunité dans le pays. Si l’on sait que la Crei a démontré que Bibo et Karim Bourgi servaient de prête-noms à Karim Wade dans certaines affaires, on peut se demander quel rôle a pu jouer Saïd Tarraf, et qui lui valait cette bienveillance du pouvoir de Wade.
On a par ailleurs, le sentiment que ladite impunité n’a pas dû cesser avec la perte du pouvoir par les Wade père et fils, car jusqu’à ce jour, l’instruction judiciaire diligentée contre Saïd Tarraf à la suite de la plainte de ses frères, semble faire du surplace. Une convocation reportée… par l’accusé Ainsi, on se rappelle que le procureur de la République n’a pas voulu accorder aux parties civiles ce qui, dans des cas similaires, est tout à fait ordinaire, à savoir, la saisie conservatoire de tous les biens de Saïd Tarraf et de ses enfants et éventuels complices. La décision finale sur ce point devait revenir au Doyen des juges, et ce dernier lui a servi une convocation pour cela. Bien que présent à Dakar, Saïd Tarraf a trouvé le moyen de ne pas déférer à la date indiquée. Il a fait dire par son avocat qu’il n’était pas présent, et le Doyen des Juges n’a pas encore réagi ! C’est le même sentiment d’impunité qui semble avoir animé celui qui est aujourd’hui le principal bénéficiaire de la fortune familiale, le poussant à faire usage de faux documents pour dépouiller les membres de sa famille, au vu et au su de tous. Usage de faux avec impunité C’est ainsi qu’il est reproché à Saïd Tarraf d’avoir fait forger de fausses signatures de son frère Adel, pour dépouiller ce dernier de ses actions dans la société immobilière SAI Senjaillet, au profit de son fils à lui, Mehdi Tarraf.
Il a usé des mêmes procédés pour prendre le contrôle de Senbiscuits. Tous ces actes frauduleux de cession d’actions, ont été dûment enregistrés à la Direction des impôts et domaines, bien que les personnes spoliées aient pu faire la preuve que leurs signatures avaient été grossièrement imitées. C’est ainsi que l’on voit que sur certains documents, la signature de Adel Tarraf est différente de celle trouvée sur d’autres. Le Quotidien a précédemment indiqué que si Saïd Tarraf et ses enfants ont démantelé le Groupe familial pour déposséder les autres membres de la famille, il leur fallait également mettre à l’abri le magot qu’ils en ont tiré, et hors de portée de ceux qui pouvaient leur demander des comptes. D’où les nombreux transferts d’argent que l’on avait relevés auparavant, notamment à travers la banque Crédit International, dont la maisonmère est au Liban. Mais il n’y a pas que cette voie. Saïd ne s’est pas contenté que de dépouiller les entreprises familiales au Sénégal.
Même des filiales comme celles possédées en Gambie par exemple, semblent avoir servi de plateforme pour de l’évasion fiscale. Des documents montrent par exemple que la société gambienne Fdg, sise à Nelson Mandela Street à Banjul, a opéré des transferts de plusieurs millions à une certaine Fondation Almani Agro, entre autres, alors qu’elle n’a officiellement aucune relation d’affaires avec cette dernière. Comme déjà dit auparavant, pour des plaintes moindres que celles-ci, d’autres personnes dans d’autres affaires, ont eu à apprécier les douceurs des prisons sénégalaises, ne serait-ce que pour un temps. Mais, comme pour donner raison à ceux qui critiquent la justice sénégalaise, aucune procédure ne semble affecter Saïd et ses enfants Allia et Mehdi. Du moins jusqu’à ce jour.