Pendant qu'Ouzin Kata la catastrophe berce l’équipage, Malick Sall s’est saisi du gouvernail lâché par Macky et conduit le navire Sénégal tout doucement vers la catastrophe
L’Afrique est encore en train de se laisser infantiliser. Après un sommet du G7, en France, où certains de ses dirigeants ont été invités à venir voir comment est-ce qu’on prend une décision, c’est le Japon qui tient sa « Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique ». Sans blague ! Et, comme des chefs de cantons conviés à une assemblée sur l’administration de leur territoire, Macky Sall et ses homologues commandent leurs avions, qui ne manquent jamais de kérosène, direction le Pays du Soleil Levant, pour discuter du développement qu’ils avaient promis à leurs miséreux pays. Ce sont ces inutiles palabres, qui existent depuis bien avant la Conférence de Berlin, qui expliqueraient l’absence du chef de l’Etat qui ne tient plus le gouvernail du navire Sénégal en perdition.
Quand le décompte des Khalifes généraux rappelés à Dieu en l’espace de quelques mois, a été fait, nombre des partisans du leader de l’APR ont étalé leur courroux, tirant à boulets rouges sur le journaliste qui a osé cette statistique mortuaire. Pour ces thuriféraires du chef, la corrélation entre Macky et un événement ne peut se faire que quand celui-ci est bienheureux. Le Sénégal remporterait la coupe d’Afrique des Nations, ils lui diraient merci ; mais la pluie qui n’arrive que quand Macky Sall quitte le pays, c’est une coïncidence inutile à souligner. C’est la gouvernance de la bien-pensance charlatane qui ne peut pourtant pas empêcher le constat que depuis que Macky Sall et ses ministres ont pris leurs vacances, les catastrophes se multiplient en plus du marasme qui s’est exacerbé.
Un mois d’aout particulièrement sanglant durant lequel les victimes se comptent par dizaines. Dès le premier du mois, un camion tombe du pont Emile Badiane, comme dans un film. Depuis, les accidents s’enchainent et les routes continuent d’ingurgiter le sang des innocents accidentés installant une véritable hantise du voyage. Plus de 30 morts et plus d’une soixantaine de blessés en un seul mois. Le tableau est lugubre. Tellement sombre qu’il n’est même plus question de Sall-junior et du pétrole qu’il a bu. Partout, les cris de détresse se mêlent aux maudissements déplorant ces si nombreux décès sur les routes, les plages et même à la prison de Rebeuss. Et comme pour davantage rendre la douleur un peu plus aigüe, la pluie qui était tant épiée arrive avec ses torrents de dégâts. Quelques gouttes d’eau sur la capitale suffisent à mettre à nu toutes les politiques que le gouvernement a indiqué avoir mises en place pour lutter contre les inondations. Les populations, abandonnées à leur propre sort, flottent dans les eaux de pluies bravant les saletés pour aller à la recherche du pain quotidien. C’est dans ce contexte que la SDE a annoncé qu’elle priverait, ce weekend, beaucoup de quartiers de Dakar d’eau. Pendant que les robinets leur refusent le liquide précieux ; les eaux des pluies envahissent leurs maisons, les privant de domicile cache-misère. Au même moment, la Senelec, ployant sous le poids de la dette, peine à leur assurer un approvisionnement correct en électricité. Ce sont des milliers de femmes qui s’essoufflent non pas à cause de leurs tâches habituelles de ménage mais dans une évacuation effrénée des eaux de leur maison. Vivre et vivoter n’ont plus grande différence au Sénégal. Aucune perspective viable ne profilant à l’horizon, les jeunes, désemparés, continuent de rallonger la file des candidats à l’émigration devant les ambassades.
Pendant ce temps, le gouvernement est aux abonnés absents, comme pour ne pas avoir à expliquer où sont passés les milliards jadis mobilisés pour prévenir les inondations. Ou à expliquer comment l’échangeur de l’émergence s’est retrouvé immergé. Comment les eaux ont réussi à couper en deux la route nationale numéro 2 qui a englouti des milliards ? Mais plus que celle de ses ministres, l’absence du président Sall, en ces temps troubles, est plus qu’énigmatique. Faisant de son invitation au sommet du G7 une convocation, Macky Sall a délégué les hommages que la Nation doit à Jacques Diouf et à Amath Dansokho, deux illustres fils du pays inhumés en son absence. Tout comme il a manqué les funérailles de l’ancien président gambien Dawda Jawara. Pourtant, en France où était Macky Sall, en octobre 2018, quand les intempéries ont occasionné de nombreux dégâts dans le département de l’Aude, Emmanuel Macron s’est déplacé jusque dans les villages, à Trèbes et Villalier notamment. Avant lui, son Premier ministre, Édouard Philippe, s’était rendu au chevet des sinistrés qui ont pour la plupart été indemnisés.
Mais au Sénégal, les misères des populations préoccupent très peu les gouvernants. Pendant que Ouzin Kata la catastrophe berce l’équipage, Me Malick Sall s’est saisi du gouvernail lâché par Macky et conduit le navire Sénégal tout doucement vers la catastrophe.
PAR l'éditorialiste de seneplus, ALYMANA BATHILY
ANGÉLA !
EXCLUSIF SENEPLUS - Angéla c’est le symbole de cet âge des ténèbres pendant lequel l’Afrique s’est effondrée et les Africains dénués de leur humanité - Les fils d’esclaves ont apporté une contribution décisive à la civilisation humaine - L'HUMEUR DU DOYEN
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 01/09/2019
Elle est arrivée « vers la fin Octobre » 1619 sur les côtes du Nouveau Monde dans la première cargaison d’Africains, hommes, femmes et enfants, vendus comme « esclaves », victimes de trafics entre potentats locaux et Européens. Elle était originaire du Royaume du Congo qui couvrait à cette époque-là, les territoires des Etats actuels des deux Congo et de l’Angola.
La « traite arabe » sévissait déjà dès le 7eme siècle et envoyait, à travers le Sahara et l’Océan Indien, des Africains mis en esclavage vers tout le monde arabe, de la Mecque, à Constantinople, à Cordoue jusqu’en Inde.
Angéla est le symbole du commerce triangulaire, « la traite Atlantique » qui aboutira d’une part à l’effondrement de la civilisation africaine et d’autre part au développement extraordinaire de l’Europe et des Etats d’Amérique.
Le journaliste et historien britannique Basile Davidson a montré dans l’Afrique avant les Blancs comment la civilisation qui s’était développée dans toute l’Afrique, de la Nubie, aux régions occidentales, orientales et méridionales du continent, autour d’Etats commerçants, structurés, maitrisant déjà l’industrie du fer, est tombée en décadence très rapidement dès le 16eme siècle à la suite de l’introduction de la traite atlantique.
L’historien guyannais (de Guyana) Walter Rodney démontre dans son ouvrage Et l’Europe sous développa l’Afrique que c’est à partir de la traite Atlantique, avec la destruction des Etats, la ponction humaine des forces vives de l’Afrique, (qu’il estime à entre 10 et 10 millions), l’imposition de la guerre permanente, la réorientation du commerce puis la colonisation et la néo-colonisation que l’Afrique a été dépossédée de son destin historique et a été ainsi « sous développée ».
L’écrivain et homme politique français André Malraux disait qu’avec les deux guerres mondiales, l’Europe a compris que « les civilisations sont mortelles ». Les Africains eux, ont éprouvé dans leur chair et leur sang la tentative de tuer leur civilisation.
Car c’est à un véritable génocide, culturel et physique, que les Africains ont fait face de la traite négrière, à la partition du continent, comme une dépouille, aux guerres coloniales, au colonialisme puis au néocolonialisme qui sévit encore aujourd’hui.
Angéla c’est donc le symbole de cet âge des ténèbres, pendant lequel l’Afrique s’est effondrée et les Africains dénués de leur humanité partout dans le monde.
Mais Angéla c’est aussi la formidable résistance des Africains qui ont survécu aux génocides et participé aux premiers rangs des bâtisseurs de l’humanité de ce siècle.
Au plus fort de la ségrégation, entre les deux guerres, face aux lynchages, l’un des hérauts de la Harlem Renaissance, Claude McKay écrivait ainsi : « Si nous devons mourir, mourons donc noblement / Que notre sang précieux ne soit pas versé/En vain, alors même les monstres que nous défions/Serons contraints de nous honorer même morts ».
Les fils et petits fils d’esclaves ont non seulement survécu mais ils ont apporté une contribution décisive à la civilisation humaine.
Que serait en effet la civilisation industrielle sans le génie des hommes et des femmes qui ont brisé leurs chaines et tels Prométhée se sont emparé de la science et ont apporté à l’humanité leur contribution impérissable ? La liste longue de Lewis Howard Latimer qui a inventé l’ampoule électrique, à Sarah Boone (le fer à repasser électrique), à Dr Charles R. Drew (la banque de sang), à Benjamin Banneker qui conçu et réalisé la planification urbaine de la capitale des Etats-Unis d’Amérique (et crée la première horloge du pays).
Que serait aujourd’hui l’art et la culture de l’humanité si l’Afrique et ses descendants du Nouveau Monde n’y avaient contribué ?
La peinture et la sculpture classique de l’Europe aurait-elle pu engendrer le cubisme (Marc Jacob, George Braque, Picasso) ? Imagine t-on la musique contemporaine sans les apports du blues et du jazz ?
Un monde qui n’aura enfanté ni Louis Amstrong, ni Ella Fitzgerald, ni Celia Cruz, ni Gilberto Gil, ni Charlie Parker n’aurait certainement pas ressemblé à celui dans lequel nous vivons aujourd’hui.
Attention, il ne s’agit pas ici d’une quelconque glorification du génie nègre. Cette époque est révolue.
Il s’agit aujourd’hui et maintenant de parachever la libération de l’Afrique dans sa globalité, y compris ses diasporas, pour qu’elle prenne sa juste place dans le concert des Nations.
Pour cela, il convient de se souvenir et de célébrer. C’est pourquoi il est indiqué de célébrer Angéla tout en marquant cette année le 400eme anniversaire de l’effondrement de l’Afrique.
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
ET SI NOUS DÉCOLONISIONS NOS ESPRITS, NOUS AUSSI LES BLANCS !
EXCLUSIF SENEPLUS - La France a toujours un avis à donner sur l’Afrique - La querelle offensante sur la Mosquée Massalikoul Djinane traduit une certaine mentalité française aux relents colonialistes
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 01/09/2019
(Sur fond de controverse de la Mosquée Massalikoul Djinane)
Les derniers propos de Fatou Diome font polémique : elle remet en cause le mouvement intellectuel africain de décolonisation des esprits. Elle l’assimile à un courant peu ou prou ringard. Les ateliers de Dakar initiés par Achille Mbembé et Felwine Sarr n’ont qu’à bien se tenir ! L’écrivaine franco-sénégalaise, à grand succès, est conditionnée par sa nouvelle interculturalité. Elle est toujours africaine certes, mais autrement ! Personne ne la blâmera ! Ce que je retiens dans cette controverse, c’est que sa sensibilité autour de la conciliation des mondes n’est pas en phase avec les aspirations patriotiques en cours au Sénégal. Les activistes sénégalais, très en verve en ce moment, en particulier sur l’exploitation des ressources pétrolières et gazières, sont plutôt enclins à penser le contraire. Les esprits des gouvernants africains seraient encore colonisés ! Le dessert gate pourrait leur donner raison contre Fatou Diome.
Laissons ce passionnant débat aux élites africaines ! Ce qui m’intéresse présentement, c’est notre décolonisation des esprits, à nous, les Occidentaux ! Où en sommes-nous ? Emmanuel Macron se demande s’il y a quelque chose qui cloche en France avec l’Afrique. Il agit tous azimuts : baptiser certaines rues des noms de tirailleurs sénégalais, initier Africa 2020 pour exposer une autre Afrique aux français…L’effort est louable. « La France a une part d’Afrique en elle ! », clame le président de la République française. C’est beau, c’est fort ! Avec mon ONG, je me bats pour faire reconnaître le concept Afro-européen. Je ne peux donc qu’applaudir !
La sincérité du président français ne peut pas être révoquée en doute. Seulement, malgré sa bonne foi, ça ne marche pas ! Le sempiternel discours de politique africaine (à Ouagadougou) en début de mandat présidentiel, la création d’un Conseil présidentiel pour l’Afrique sous la coupe du président français, la mainmise souterraine sur le débat du FCFA par la cellule africaine de l’Elysée, la présence de l’armée française conclue à travers des accords secrets (avec des contreparties ?), une diaspora piégée et instrumentalisée, sont autant de preuves du nouveau paternalisme français. Comme un bon père de famille, la France a toujours un avis à donner sur l’Afrique ! Au siège de son agence de développement à Paris (AFD), la France s’interroge sur l’école du futur en Afrique (janvier 2018).
C’est toute la culture française qui doit être soumise à une introspection par rapport à l’Afrique. Sans cela, rien ne changera en France, même si les futurs présidents incarneront des nouvelles générations ! La France a toujours une part de son passé en elle ! Dans un rapport « Prêts pour l’Afrique d’aujourd’hui », l’Institut Montaigne pose neuf conditions pour la réussite de nos entreprises en Afrique, dont la promotion d’un « discours de restart ». En gros, les compteurs entre la France et l’Afrique sont remis à zéro. C’est à cette condition que les entreprises françaises ne seraient plus handicapées par la charge historique et politique. Donc on efface le passé ! Erreur fatale car celui-ci revient inexorablement comme un boomerang !
Notre principal frein en Afrique, c’est précisément l’absence de conscience de notre passé. Aussi répétons-nous parfois les mêmes erreurs ! A Alger, Emmanuel Macron avait eu le courage de qualifier la colonisation comme un crime contre l’humanité. Il a dû se rétracter. Les français ne sont pas encore prêts ! Les responsables français ont tout essayé : la décomplexitude (doctrine Sarkozy) nous a conduits à l’impasse du discours de Dakar ; le jeunisme de Macron a fait illusion quelques mois. En effet, c’est paradoxal : nous avons un jeune, très jeune président français, parlant le langage des jeunes (start-up, high-tech…) mais beaucoup d’observateurs remarquent le désamour des jeunes africains pour la France. Les derniers propos d’un membre du Conseil national du Rassemblement national (parti d’extrême droite français) concernant la nouvelle Mosquée de Massalikoul Djinane à Dakar, n’arrangeront en rien notre image en Afrique.
D’aucuns minimiseront la portée de ce discours d’un proche de Marine Le Pen. Ils prétexteront que ces gens-là sont excessifs. Leur parole ne compte pas ! La présidente de ce parti français n’avait pas manqué d’humilier le Sénégal lors d’une campagne régionale dans les Hauts-de-France. Comme promesse électorale, elle avait proposé de ne plus acheminer de moustiquaires à la ville de Saint-Louis. Risible ! Toutefois, le Rassemblement national a gagné les dernières élections européennes en France, devant le parti de Macron, La République En Marche. Les écarter du débat ne suffit plus ! Il faut les écouter et leur répondre ; ils représentent une partie non négligeable de français. Et il se dit aussi que le Rassemblement national évoque tout haut ce que pensent les français tout bas !
Le débat est bien connu de tous. Un pays hors du G7 et des pays émergents peut-il se doter d’infrastructures culturelles et cultuelles de grande envergure ? Pour le proche de Marine Le Pen, l’aide au développement dont dépendrait le Sénégal l’interdirait moralement. D’emblée, il faut tordre le cou aux idées reçues. Il s’impose de rappeler que, par exemple pour le budget de 2017 d’un montant de 3360 milliards de francs CFA, les ressources internes du Sénégal ont été évaluées à 2182 milliards dont 2084 de recettes ordinaires hors dons. C’est dire si le Sénégal ne vit exclusivement pas de l’aide publique au développement (APD). Par ailleurs, le montant des transferts de la Diaspora africaine est supérieur à l’APD. C’est la résultante du dur labeur des sénégalais de l’extérieur obtenu sur fond de discrimination et de racisme, notamment en France. Toujours sur la fameuse aide, la France octroie des dons sous forme de prêts. C’est une formule inédite très avantageuse, avec un retour à l’investissement unique au monde, pour la banque (l’Agence française de développement) et les entreprises françaises. Pour le TER, ils ont presque tout raflé : une partie du financement, la construction, l’exploitation et la maintenance. La semaine dernière, les agents de la SNCF, société exploitante de la ligne de 37 km et super déficitaire en France, sont arrivés à Dakar pour sélectionner les futurs conducteurs. L’aide française au développement rapporterait plus à la France qu’elle n’apporterait au Sénégal. Un audit s’imposerait pour évaluer si les intérêts du Sénégal sont préservés dans le TER, comme pour le pétrole et le fer.
Revenons plus précisément sur la question morale : les pays en voie de développement ont-ils droit à une politique culturelle et cultuelle ambitieuse ? Une polémique avait été entretenue au Sénégal sur l’édification de la Statue du Monument de la Renaissance. Celle-ci aurait été l’expression de la mégalomanie de Wade. Il y avait plus urgent pour le Sénégal. Et pourtant, aujourd’hui, de façon incontestable, cette statue fait corps avec Dakar. Elle devient le lieu de fierté des Africains en visite à Dakar. Pour le château de Versailles, les mêmes reproches auraient pu être soulevés à l’époque. Voilà un édifice qui, avec les guerres, a rendu les caisses vides du trésor public à la mort du Roi soleil. La situation sociale était tendue en France dans la 2ème partie du règne de Louis XIV. Les membres du Congrès du parlement français qui, réunis à Versailles courant juillet 2018, le savaient-ils ?
Les cathédrales gothiques construites au XIIème siècle ont exigé beaucoup d’argent. A tel point que l’aide financière des prostituées a été acceptée par les ecclésiastiques à condition qu’elles ne soient pas trop maquillées ! Comme pour la Mosquée Massalikoul Djinane, les cathédrales ont été financées par les appels à la générosité de la population. Aujourd’hui, la France traverse une période sociale délicate avec les gilets jaunes, conséquence d’une cassure entre la ruralité et les villes, entre la classe moyenne et les riches. Le Sénégal a-t-il fait des remontrances à la France lorsque 7 milliards d’euros ont été annoncés pour rénover le toit de Notre Dame ? Le Sénégal n’était-il pas en droit de le faire dès lors qu’il aurait bradé son pétrole à la demande de la France, selon l’ancien Ministre de l’Energie Thierno Alassane Sall ?
Dans ce débat, se cache une pensée plus insidieuse qui va au-delà de la seule question morale posée précédemment. La querelle offensante sur la Mosquée Massalikoul Djinane traduit une certaine mentalité française aux relents colonialistes (qui ne concerne pas tous les français !). Les laïques sénégalais doivent bien le saisir ! Nous sommes au cœur d’une vision civilisationnelle qui ne pense qu'en termes de pauvreté financière, mais qui ne voit pas la richesse autrement et ailleurs, celle de l’âme, celle du cœur, celle de l’esprit. Les constructeurs des cathédrales avaient une toute autre démarche. On l’a oubliée ! Mais voilà l’Europe est en panne de grands projets : elle s’interroge sur elle-même ; elle ne sait plus vraiment où elle va ! Quand on s’attaque à la culture des autres, cela signifie un repli identitaire, un retour au commencement ; on ne se projette plus vers l’avenir. Le slogan de Macron « Pour une Renaissance européenne » sonne creux aujourd’hui !
Et pourquoi opposer un lieu de culte à une école, à un hôpital ? Le culte et l’hommage à Dieu, c'est aussi la culture d'un pays, c'est ce qui donne de l’estime, ce qui donne de la foi pour survivre et croire en la vie et en l’avenir, le sien et celui d’un pays ; c'est ce qui au Sénégal permet à chacun de vivre dans le respect des uns et des autres, entre confréries musulmanes, et entre musulmans et catholiques : c’est ce que j’appelle l’équilibre vital sénégalais. Mais voilà, le néocolonial comme ses aïeuls ne conçoit pas que l’Africain puisse être doté d’une culture ; il le lui a toujours nié. C’est un déni qui perdure depuis des siècles. Cette pensée ne se limite pas aux seuls membres du Rassemblement national. Ce serait presque trop simple ! Elle part de la base, c’est-à-dire du peuple français au niveau de son éducation, pour aller jusqu’au sommet de la pyramide, le chef de l’Etat français, en personne, le « grand commandeur » de l’Afrique, au vu de ses prérogatives exorbitantes. Emmanuel Macron n’est pas en reste : le discours sur le défi civilisationnel concernant la démographie passe mal, même auprès des féministes africaines ! C’est donc bien toute notre éducation qui est interpelée et qui est à revoir, de l’école jusque dans nos familles.
Pourquoi ne pas penser qu'un pays a besoin à la fois d'une Mosquée, d'un hôpital et d'une école ? La construction de l'un n'empêche pas l'autre de voir le jour. Arrêtons de penser toujours dans la perspective du misérabilisme lorsqu'il est question de l’Afrique ! C'est pénible à la fin ! Il est évident que les autorités sénégalaises doivent faire davantage pour la santé et l’éducation. La communauté des Mourides qui a fièrement contribué au financement de la nouvelle Mosquée de Dakar, a toute légitimité pour faire pression sur le gouvernement sénégalais quant à la bonne gouvernance de l’exploitation du gaz et du pétrole. La ristourne faite à Total représente combien d’hôpitaux et d’écoles ? Je questionne sur ce sujet Madame Aminata Touré qui n’a eu de cesse de parler légitimement de reddition des comptes et à cette occasion de chiffrer tout cela en nombre d’hôpitaux et d’écoles !
Dans cette polémique, ce que je vois de positif, c'est que le Sénégal pourrait se passer de l'aide au développement sournoise qui crée une dépendance cyclique. Je ne parle pas des investisseurs nationaux et étrangers dont tous les pays de la planète ont besoin, pauvres ou riches. A travers la construction de cette Mosquée, les sénégalais ont été capables de lever une somme considérable. Henry Krauss avait fait remarquer que : « L’érection d’une cathédrale (…) est la résultante de la situation économique, sociale et politique où elle s’immerge ». La Mosquée Massalikoul Djinane montre qu’un nouveau modèle de financement peut s’opérer. Comme le souligne Felwine Sarr, l’Afrique n’est pas sous perfusion. Elle a toute la richesse nécessaire pour décider elle-seule de son avenir.
Ne touchons pas à la fierté du peuple sénégalais, à son amour-propre ! A la résistance des Mourides face aux premiers colons européens ! Au nouvel ambassadeur français, SEM Philippe Lalliot, questionnez-vous sur l’histoire de Thiaroye et collaborez avec les autorités sénégalaises pour ériger un Institut sur l’histoire coloniale à proximité du lieu emblématique du cimetière de Thiaroye ! Ce serait un premier pas vers l’apaisement entre le passé et le présent. C’est à ce prix-là et fort d’une nouvelle éducation en France que nous gagnerons la confiance de nos frères africains.
MANÉ PÈTE UN PLOMB APRÈS SON REMPLACEMENT CONTRE BURNLEY
Sadio Mané est sorti très en colère lors du match de Liverpool contre Burnley (3-0) ce samedi dans le cadre de la quatrième journée de Premier League. Le Sénégalais s'en est pris verbalement à Salah et Klopp, qui a calmé le jeu en conférence de presse
Sadio Mané n'a pas savouré le succès de Liverpool contre Burnley (3-0) ce samedi. Le Sénégalais, buteur pour la quatrième journée de Premier League, a explosé après son remplacement à la 85e minute. Alors que Divock Origi pénétrait sur le terrain, Mané s'en est pris vivement à son entraîneur Jürgen Klopp.
En colère contre Salah
Il reprochait vraisemblablement au technicien allemand de l'avoir remplacé lui plutôt que Mohamed Salah. Et pointait du doigt au passage une occasion vendangée par l'Egyptien, qui a préféré tenter une frappe entre deux défenseur plutôt que de lui donner le ballon, seul dans la surface.
Klopp calme le jeu
En conférence de presse, Klopp a minimisé l'incident. "Il était en colère, c'est évident, a reconnu le technicien. Sadio ne peut pas cacher ses émotions. J'apprécie ça. Tout est réglé. Nous en avons discuté et tout va bien. Nous sommes des individus, nous sommes émotifs. C'était un moment dans le match."
Sadio Mané a inscrit le deuxième but de Liverpool, après l'ouverture du score sur un but contre son camp de Chris Wood. Roberto Firmino a scellé le match avec une frappe croisée à l'entrée de la surface à la 80e minute.
VIDEO
"JE VEUX QUE MON HISTOIRE SOIT UN SOCLE DEPUIS LEQUEL BONDIR VERS L'AVENIR"
L'écrivaine Fatou Diome revient sur béances du naufrage du Joola, à travers son nouveau livre "Les Veilleurs de Sangomar"