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20 juillet 2025
par Serigne Mbacké Ndiaye
LE PUR RATTRAPÉ PAR SON HERMAPHRODISME
A la fois mouvement religieux d’obédience Tidiane qui réunit les Moustarchidines sous la direction de Serigne Moustapha Sy et parti politique sous celle d’Issa Sall son coordonnateur, le parti recèle en lui-même les germes de sa division
L’hermaphrodisme désigne une ambigüité caractérisée par la présence de caractères sexuels féminin et masculin. « Ce n’est pas un Congrès. Ce sont des Congressistes qui se réunissent en Congrès, pas des Talibés. C’est un Mouvement religieux qui s’est réuni et qui a désigné ses hommes. Au moment où je vous parle, je suis le secrétaire général du PUR. Le PUR est un parti politique, pas un mouvement religieux »
Cette réaction virulente d’Issa Sall écarté de la direction du PUR par le Congrès tenu ce samedi 31 aout 2019 qui a supprimé les postes de coordonnateur et de secrétaire général donne une idée sur l’ambigüité de cette formation et surtout des conséquences qui peuvent en découler.
A la fois Mouvement religieux d’obédience Tidiane qui réunit les Moustarchidines sous la direction de Serigne Moustapha Sy et parti politique sous celle d’Issa Sall son coordonnateur le PUR recèle en lui-même les germes de sa division.
Une double nature et un bicéphalisme qui ne pouvaient générer que ce clash depuis que les divergences entre les deux têtes ont fait jour lors des élections présidentielles du 24 février dernier.
En écartant Issa Sall, Moustapha Sy entend reprendre le mouvement en main.
Une décision qui marque la victoire du religieux sur le politique.
Pour en faire quoi ? Va-t-il lui-même plonger dans le chaudron politique ou le confier à un autre plus docile et moins enclin à des réflexes d’autonomie ?
Cependant s’il veut peser de façon durable sur la scène nationale, le PUR doit d’abord réfléchir sur sa propre nature : Parti Politique ou Mouvement religieux ?
par Mamadou Ly
RENDEZ-NOUS LA PLACE DE FRANCE !
Il est temps, pour les autorités, de mettre fin à sabotage de ce lieu historique, emblématique de notre ville de Thiès. Peut-on privatiser une place publique ?
A-t-on le droit de céder la place de France à des acteurs privés pour des raisons commerciales dont les retombées ne profitent qu’aux commerçants et peut-être à ceux qui ont permis cet état de fait ?
Il est temps, pour les autorités, de mettre fin à sabotage de ce lieu historique, emblématique de notre ville de Thiès. Peut-on privatiser une place publique ?Le pire est le sort réservé à la fresque monumentale, œuvre majeure de l’immense artiste, mondialement connu, Pape Ibra Tall. N’y a-t-il pas de femme ou d’homme féru d’histoire, d’art ou simplement de culture pour s’indigner devant ce gâchis innommable ? Permettez-moi d’en douter !
La belle oeuvre de Pape Ibra Tall va bientôt disparaitre, si rien n’est fait. Cette oeuvre commandée par le poète L. Senghor comporte deux faces :
- une face côté rue
- une autre face côté jardin.
Celle face à la rue se dégrade à vue d’oeil, les éléments de la mosaïque se détachent et tombent, la poussière et les gaz d’échappement font le reste. Celle, face à ce qui fût le jardin, est masquée par un stand ou une scène où se produisent des “artistes” de passage. Cacher une œuvre d’art majeur pour nous servir de la sous culture ! Le comble de l’inculture.
Sous prétexte de créer un espace de jeu pour les enfants, probablement sans consulter les populations, les autorités administratives ont arraché la belle pelouse pour y installer des stands de jeu, de deuxième main qu’elles ne prennent même pas le soin de dépoussiérer. Les endroits qui pourraient accueillir ce fatras sont nombreux.
L’espace situé entre la promenade des thiessois et la Senelec ferait bien l’affaire et permettrait d’agrandir la place sans la défigurer. Qui oserait agir de la sorte à la place de l’indépendance à Dakar ?
Cet endroit que tous les Sénégalais nous enviait est devenu un souk innommable, un bazar où les fast-foods côtoient les vendeurs de chaussures et autres commerces en tout genre. Tout cela en dépit de tout bon sens esthétique ou environnemental.
L’offense faite aux populations doit cesser ! Rendez-nous notre place de France telle qu’elle était : belle et propre. Un pays ne vit pas seulement d’activités mercantiles mais aussi d’art. L’esthétique occupe une place importante dans la vie des hommes depuis l’aube des temps.
M. le gouverneur, le préfet et surtout le maire, vous êtes responsables de la gestion de la cité. A ce titre, vous devez faire respecter les droits des populations de jouir et disposer de cette place en lui restituant sa destination première : place publique. J'appelle tous les leaders actuels et passés, les hommes et femmes de culture, les artistes mais aussi tous ceux qui sont soucieux de la chose publique à porter ce combat sauver cette oeuvre d'art, à la protéger et surtout à la faire connaitre.
Cette fresque emblématique pour notre ville de Thiès comme le sont la tour Effel en France, la statue de la liberté à New-York ou encore le Taj-Mahal en Inde. Nos grands-parents, nos parents ensuite, ont su préserver cette oeuvre exceptionnelle jaillie d'une inspiration comme un fulgurance du plus grand artiste peintre. Sommes-nous incapable de continuer ce travail ? Je commence à le croire !
Quant à Dakar, les autorités restaurent la place de l'Obélisque, nous nous évertuons avec détermination, à détruire la place qui jusqu'ici, est la seule digne de porter ce nom à Thiès. Les thiessois ne veulent pas de l'argent tiré des activités bassement et honteusement mercantiles de ce lieu dont la destination première est culturelle et artistique.
La manufacture des arts et le monument de la place de France font partie de notre patrimoine matériel mais aussi immatériel, osons donc nous lever pour les défendre en cas de défaillance des hommes qui en ont la charge.
Encore une fois, rendez-nous la place de France (osons aussi changer ce nom qui n'a plus de sens).
Ce pays qui a vu naitre Ousmane Sow, Ousmane Sembene ou encore Ousmane Soce Diop, Léopold Sédar Senghor, Cheick Hamidou Kane et bien d'autres hommes de culture tel que l'immense Cheikh Anta Diop, peut-il subir cet affront sans qu'aucune voix ne s'élève pour le dénoncer ? Les intellectuels, les hommes de culture les artistes et tout simplement les hommes amoureux de l'art ont ils tous démissionné ?
Opposons-nous à ce désastre, pour ne pas dire catastrophe, car si la place peut-être reconstruite à l'identique, l'oeuvre de Pape Ibra Tall, elle risque de périr à jamais. Notre responsabilité est bien celle là : faire face ou laisser faire.
Pour ce "combat", j'appelle toutes les personnalités originaires de Thiès, hommes de culture, anciens maires, anciens et actuels ministres (nous en comptons beaucoup), députés. Point de clivage ou de considération autre que la préservation de cette fresque monumentale dans son écrin d'origine.
Aidez-nous Ms. Idrissa Seck, Amadou Kane, Aguibou Soumaré, Abdou Fall, tous anciens ministres. Mobilisez-vous, Boubacar Boris Diop, héritiers de Baye Gana Kebe, ainsi que tous les artistes et hommes de culture pour que Thiès redeviennent la ville culturelle qu'elle fût jadis.
A quoi sert de se battre pour acquérir des nouveaux acquis si on n'est pas capable de préserver ceux qu'on a déjà ?
NB : j'essaye de mettre un collectif pour la préservation des monuments historiques de notre ville. Tout le monde est bienvenu.
SI C’ÉTAIT À REFEAIRE, JE N’ACCEPTERAI PAS
A la tête de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), Abdoul Mbaye a-t-il des regrets ? Sa réponse dans le ’’Jury du dimanche’’ (JDD), émission de Mamoudou Ibra Kane sur iRadio.
Nommé le 3 avril 2012 Premier ministre dans le premier gouvernement du président Macky Sall nouvellement élu, Abdou Mbaye est limogé le 1er septembre 2013. Cela fait six ans aujourd’hui, dimanche 1er septembre 2019 qu’il n’occupe plus ce poste. Il sera remplacé par Aminata Touré, qui le sera, à son tour, par Mahammad Boun Abdallah Dionne avant la suppression dudit poste. A la tête de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), l’opposant a-t-il des regrets ? Sa réponse dans le ’’Jury du dimanche’’ (JDD), émission de Mamoudou Ibra Kane sur iRadio.
« Avoir eu l’opportunité de servir mon pays, et mes compatriotes, évidemment cela ne peut pas donner lieu à des regrets. Mais je vous avoue que compte tenu de ce qui s’est passé tout de suite, et dont je n’étais pas informé, je fais notamment allusion à cette affaire Petro Tim, c’est vrai que je nourris quand même quelques regrets en ce sens que, vous savez il y a des fonctions qui vous font entrer dans l’histoire, il est important de laisser une belle marque.
Malheureusement, au vu de toute l’énergie que je suis en train de déployer aujourd’hui pour justifier le sens d’un contreseing pour indiquer que j’ai été mêlé, malgré moi, à cette lamentable affaire, je m’en serais peut-être passé. Si c’était à refaire, il est certain que je n’aurai pas accepté sachant que j’allais trouver ça. Si aujourd’hui par exemple on me refait la proposition je dis non.
C’est clair et net. A l’époque, nous étions dans un contexte totalement différent. Un contexte du discours tenu par le président Macky Sall, qui avait un caractère exceptionnel, et qui avait trompé tout le monde, qui était celui que tout le Sénégal attendait, y compris la communauté internationale. »
Poursuivant, il ajoute que jusque même après son départ du gouvernement, le président, Macky Sall, et lui, étaient restés « dans une dynamique de travail », malgré les dissuasions de ces proches.
Il explique : « Je ne voyais à l’époque aucune raison d’aller contre son projet. Lequel jusqu’à ce moment-là, restait quand même dans le sens de la réduction des souffrances des Sénégalais, dans la recherche d’un développement économique au profit de tous. Après, j’étais dans une dynamique qui devait me conduire à continuer à le soutenir même après avoir quitté les fonctions.
Quand j’ai quitté mes fonctions, j’ai créé un club de réflexions ’’Club travail et vertu’’. J’ai continué à travailler avec des cadres de qualité pour le président Macky Sall en contribuant à lui fournir des recommandations en matière de politiques publiques.
Par contre, il y a eu en 2016, ce qui m’a complètement déstabilisé. Et qui m’a ensuite conduit en mai 2016 à m’engager politiquement.
Le président Macky Sall avait pris plusieurs engagements et sans aucun doute celui qui le faisait entrer dans l’histoire est le suivant : « J’ai été élu pour sept ans, je réduis mon mandat à cinq ans parce que le mandat d’un président de la République doit durer cinq ans. C’était un engagement incroyable qui, à mes yeux, apparaissait comme une sorte de pilier pour tout le reste. »
PAR El Hadji Omar Massaly
PANSER L'AFRIQUE
Il faut éveiller la conscience de nos citoyens sur les faits qui les accablent pour être plus exigeant envers nos hommes d'État. Il faut que nos dirigeants guérissent de la maladie du manque de patriotisme
L'Afrique peut-elle se mettre sur les rails du développement ? Cette question est importante à plus d'un titre et, constamment, peuple la corbeille du débat intellectuel africain. Entre querelles fratricides, pillage de ses ressources par l'Occident, manque de patriotisme de ses leaders, pandémies, dictature, violence, intolérance, divisions, antagonismes entre africains..., l'Afrique est à la croisée du chemin. Son peuple, tourmenté par le pillage orchestré par certains pays Européens notamment la France avec la complicité de ses hommes d'État, miaule sa détresse et vit une situation anxiogène. À quand le changement ?
La question de savoir à quand le changement mérite une réflexion profonde à la conclusion de laquelle, l'Afrique doit décider de son destin. Les chantiers auxquels nous devons, en tant que jeunes, faire face sont énormes. Il est opportun de promener un regard critique aussi bien sur l'Afrique elle-même que sur le rôle des puissances occidentales. Quelle est la responsabilité de la société et nos hommes d'États sur la situation qui sévit dans notre continent ? À méditer !?
Avec plus de 30,3 millions de km2 en intégrant les espaces insulaires, une population estimée à plus de 1,1 milliards d'habitants, l'Afrique est un continent qui rassemble quelques 2500 ethnies et, c'est cela son atout, bénéficie de richesses naturelles importantes. Mais pourquoi avec toute cette richesse naturelle, intellectuelle, ethnique, culturelle...l'Afrique ne décolle pas ? Voilà un paradoxe qui mérite une réflexion.
Les défis à relever sont énormes. Mais, à y voir de près, l'on constate que certains de nos dirigeants ne sont point préoccupés par les questions qui hantent et terrifient leurs pays. La population africaine souffre, galère et meurt à cause de la vulnérabilité de nos États face à diverses pandémies. En effet, plus de 90 % des enfants atteints par le VIH en 2011 sont des Africains. En trente ans depuis la découverte du SIDA, 30 millions de personnes sont décédées, dont 20 millions d'Africains. Et selon les estimations de la mission de l'ONU (Onusida), en 2013 près de 34 millions de personnes, dont 25 millions d'Africains, sont contaminés, avec près de 3 millions de nouveaux cas diagnostiqués.
Dans un brillant article de l'économiste le défunt Pr. Samir Amin sur le néolibéralisme que j'ai eu le plaisir de lire il y a un an, il nous signale sur la stratégie orchestrée par les pays du Nord (Amérique, Europe, Corée du Sud...) pour piller l'afrique. leurs instruments de pillage sont des organisations telles l'Onu, la Banque mondiale, le FMI, l'OMC... Les pays Africains, interpelle le professeur dans cet article, auront plus d'intérêts de s'allier avec les pays du BRICS (Russie, Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud...).
Nos dirigeants Africains sont pourtant avisés. Mais, je crois que certains d'entre eux, animés par des intérêts crypto-personnels, œuvrent pour les intérêts de l'Occident au détriment de leurs pays. Leur attitude frise la dépendance psychologique. Au Sénégal, par exemple, c'est Total, une entreprise française, qui donne les bons de carburant à nos ministres, députés, hauts fonctionnaires... Bon sang ! C'est inimaginable que Touba Oil, une entreprise sénégalaise, donne des bons de carburants aux ministres, députés et hauts fonctionnaires français. La France, quant à elle, exerce une pression psychologique sur certains chefs d'État africains.
Certes, l'Occident pille l'Afrique en grande pompe, mais il y a des questions internes à régler : le patriotisme, des tares de la société africaines et l'union africaine. Ces questions évoquées sont, pour moi, les bases d'un développement inclusif et durable. Nous devons parfois oser promener un regard critique sur la société africaine. Un vent de fronde intellectuelle doit souffler sur l'Afrique pour déclencher la révolution contre tous nos dirigeants corrompus, comploteurs qui, en connivence avec l'Occident, bradent nos ressources à des fins politiques. Il faut faire sauter les verrous du système : la famille, les lobbyings, les amis.
Une des questions les plus fondamentales pour faire face aux défis énormes auxquels l'Afrique fait face est celle de l'union. Si les pays du Nord pillent l'Afrique c'est parce qu'ils sont unis. Le Sénégal ne peut pas se développer dans une Afrique désunie... Sans union rien ne peut se faire de grand. D'où l'importance de repenser la question de l'intégration sous-régionale. L'unité africaine, le président Wade nous montre les pistes dans « Un Destin pour l'Afrique » pour y arriver, ne peut être possible que dans et par le patriotisme. Nous ne pouvons pas être unis si chaque homme d'État pense à comment s'enrichir sur le dos de son peuple.
L'Afrique a souvent la malchance d'avoir des leaders faibles devant l’intimidation et l'oppression de l'Occident. Des leaders qui cherchent le pouvoir pour avoir de la fortune. Des leaders dont les actes sont aux antipodes des notions de patriotisme, de justice, d'équité, de morale... Or, le vrai leader, comme Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Nelson Mandela...est celui qui, prêt à mourir pour son peuple, se sacrifie pour défendre les couleurs de sa nation quel que soit les conséquences qui pèseront sur ses épaules.
Reste que, à contrario de bien des clichés, la démocratie progresse en Afrique. Le bilan positif des alternances réussies, particulièrement en Afrique de l'Ouest, prouve qu'il y a une avancée considérable. Même s'il faut souligner la question de la fiabilité des scrutins. Pour reprendre Voltaire, « tout n'est pas bon, mais tout est au meilleur ». Certains médias occidentaux, bras armés des lobbyistes, doivent arrêter de peindre l'Afrique sous des jours sombres... « Si le Noir n'est pas capable de se tenir debout, laissez-le tomber. Tout ce que je vous demande, c'est de ne pas l'empêcher de se tenir debout », affirmait à juste titre Venance Konan en reprenant un poète africain-américain.
À l'image de la Plaie du romancier sénégalais Malick Fall, dont le personnage principal, Magamou, finit par guérir d'une vilaine plaie et Les Guérisseurs du romancier Ghanéen Ayi Kwei Armah, dont la problématique s'articule autour de la maladie et de la guérison, il demeure nécessaire de panser l'Afrique. Dans les deux romans cités, il y a un rapprochement entre la maladie et l'état de la société africaine que les deux auteurs présentent en ayant un recours à un moyen rhétorique qui est la métaphore. Dès lors, on note un transfert de sens, du corps de l'individu au corps social à travers les maladies dont souffrent les personnages.
Pour panser l'Afrique il faut d'abord éveiller la conscience de nos citoyens sur les faits qui les accablent pour être plus exigeant envers nos hommes d'État. Il faut que nos dirigeants guérissent de la maladie du manque de patriotisme. L'Afrique se fera par les africains. Chacun doit jouer un rôle déterminant pour une Afrique unie. Une Afrique de soleil. Une Afrique où on ne regarde pas l’autre comme un ennemi, mais comme un frère. Une Afrique rayonnante.
AUDIO
OBJECTION AVEC LISE FILIATRAULT
L'ambassadrice du Canada au Sénégal est l'invité de Baye Oumar Guèye
Lise Filiatrault, ambassadrice du Canada au Sénégal, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
DÉCÈS DE L’ANCIEN INTERNATIONAL SÉNÉGALAIS MAMADOU TEUW
Ancien joueur de Dial Diop à Dakar, Mamadou Teuw a surtout fait de beaux jours au Casa-sports de Ziguinchor, club avec lequel il a remporté la Coupe du Sénégal en 1979.
Dakar, 1-er sept (APS) – L’ancien international sénégalais Mamadou Teuw est décédé ce dimanche à Dakar des suites d’une longue maladie, a appris l’APS.
Ancien joueur de Dial Diop à Dakar, Mamadou Teuw a surtout fait de beaux jours au Casa-sports de Ziguinchor, club avec lequel il a remporté la Coupe du Sénégal en 1979.
Né à Yarakh, mais définitivement attaché au club fanion du Sud, Teuw s’était ensuite filé en Belgique au FC Bruges où il était devenu une grande icône.
"C’était à la fin des années 1980.Mamadou Teuw était à l’époque le joueur africain le plus capé en compétition européenne avec 42 sélections avec le FC Bruges. Il était adulé en Belgique", a confié à l’APS son ancien coéquipier et ami Demba Ramata Ndiaye.
"En 1983, au cours du tournoi international du Casa-sports qui avait invité à Dakar le Hafia de Guinée, le FC Bruges et l’US Gorée, des recruteurs s’étaient déplacés pour superviser notre coéquipier Tony Coly. Mais c’est Teuw qui a tapé à leur œil .C’est comme ça qu’il est parti en Belgique", a rappelé Demba Ramata Ndiaye.
Ndiaye n’a pas manqué de relever d’autres anecdotes pour montrer l’attachement de Mamadou Teuw au Casa-sports, son club de cœur.
"Un jour il était convoqué avec la sélection nationale A pour un match amical en Asie je ne sais plus contre quelle équipe. Teuw avait reçu une prime de match importante. Il avait acheté des jeux de maillots pour le Casa-sports. Il n’avait rien donné à sa famille. Il consacrait tout au Casa-sports", a confié Demba Ramata Ndiaye.
par Momar Dieng
CES BIBLIOTHÈQUES POLITIQUES QUI BRÛLENT...
Entre l’explosivité et la spontanéité oratoire de Dansokho et la retenue «Dalai-lama» de Tanor, il y aurait eu place pour des ouvrages de grande utilité publique afin d'éviter que des bibliothèques se consument
Célébré par la République et la nation, élevé à titre posthume au rang de commandeur de l’Ordre national du Lion. Au vu du parcours politique assez exceptionnel qui fut le sien, le fondateur du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) méritait un peu plus qu’une insigne - certes prestigieuse - qu’il n’aura même pas eu le loisir de contempler de ses propres yeux. Mais au-delà des qualités intrinsèques de leadership dont il a fait preuve durant plusieurs décennies, quel héritage nous laisse en pratique Amath Dansokho de ses dizaines d’années de militantisme politique ?
La même interrogation pourrait concerner le défunt grand patron du parti socialiste sénégalais. Au 40e jour de sa disparition, Ousmane Tanor Dieng reste dans les mémoires comme l’un des plus influents hommes politiques sénégalais des vingt dernières années. Entre l’exercice indirect du pouvoir dans les ultimes années du dernier mandat d’Abdou Diouf, le basculement dans une opposition de douze ans et le retour aux affaires par l’entremise de la victoire de Macky Sall sur Abdoulaye Wade, Ousmane Tanor Dieng cristallisa toutes sortes de rumeurs… Comment quantifier et appréhender ce qui pourrait être considéré – valablement – comme son legs politique ?
Dansokho et Tanor sont deux des symboles représentatifs d’une certaine classe politique qui aura passé plusieurs décennies au cœur et dans les arcanes de l’Etat et de la République. Ils seraient comme des bibliothèques ambulantes qui, par manque d’entretien, sont condamnées à brûler à petit feu jusqu’à destruction. Ils sont, avec les autres comme eux, des parfaits modèles de la culture de l’oralité africaine et sénégalaise, celle qui ne laissera à la postérité que discours de campagnes électorales, interviews sur les supports écrits, radio, télé, etc. Aux journalistes, étudiants et chercheurs en sciences politiques, jeunes ou vieux politiciens en quête de certitudes et de repères dans l’histoire politique récente du Sénégal, il faudra trouver des palliatifs en mesure de mettre en contexte les faits et événements politiques connus, d’identifier les acteurs et protagonistes de situations historiques, de désigner les tireurs de ficelles dans l’ombre, sous des régimes différents.
C’est quoi la vraie histoire du «congrès sans débats» de 1996 ?
Amath Dansokho, Ousmane Tanor Dieng, nombre de leurs devanciers de la classe politique et syndicale du pays n’ont pas trouvé le temps ou l’envie de raconter les expériences cumulées de leur militantisme. C’est un grand dommage ! Que ne donnerait-on pas, en effet pour que le défunt chef du Ps partage avec l’opinion publique nationale la vraie histoire, de son point de vue, du « Congrès sans débat » de 1996 ? Ses relations alors tumultueuses avec les autres «éléphants» socialistes qui ont fini par quitter la «maison» de Léopold Sédar Senghor ? Que ne ferait-on pas pour que le fondateur du Pit révélât les coulisses méconnues ou ignorées des scissions intervenues au Parti africain de l’indépendance (PAI), cadre d’origine de la plupart des partis d’obédience gauchiste qui ont essaimé plus tard, de ses rapports souvent heurtés avec Abdoulaye Wade, de ses divergences doctrinales (et en fin de compte politiques) avec les autres entités de la gauche sénégalaise ?
La problématique de l’héritage politique des acteurs de la gouvernance est une grande question qui devrait soulever l’intérêt de plusieurs corporations socioprofessionnelles. A ce niveau, les maisons d’éditions pourraient jouer un rôle fondamental, en particulier dans le travail de persuasion à mener auprès d’une «clientèle politique» pertinente, c’est-à-dire «vendeuse». Dans cette chaîne qui embrasserait à la fois le business, le civisme et la culture, une place essentielle pourrait être dévolue aux étudiants de diverses filières comme les sciences politiques, l’économie, le management…
Entre l’explosivité et la spontanéité oratoire d’Amath Dansokho et la retenue «Dalai-lama» d’Ousmane Tanor Dieng, il y aurait eu place pour des ouvrages de grande utilité publique pour éviter que des bibliothèques se consument…
LE DERNIER COMBAT DE MARTIN LUTHER KING
50 ans après sa mort, l’histoire retient l’image du pasteur noir luttant pour les droits civiques, du patriote œuvrant pour la réconciliation nationale. Mais elle passe sous silence des pans entiers d’une vie consacrée à l’égalité sous toutes ses formes
Le Monde Diplomatique |
Sylvie Laurent |
Publication 01/09/2019
De façon inopinée, il y a quelques semaines, les foyers américains ont entendu résonner la voix de Martin Luther King et découvert un discours peu connu : « L’instinct du tambour-major » (1), prononcé exactement cinquante ans plus tôt. Ce rendez-vous impromptu entre le leader révolutionnaire et le téléspectateur prit la forme d’un message publicitaire pour les camions RAM, diffusé lors de la mi-temps du Super Bowl, un espace prisé des annonceurs et presque aussi commenté que le résultat du match. Cette publicité qui vantait la force virile d’un camion tout-terrain, exaltait le drapeau et l’armée, l’héroïsme quotidien des familles anonymes au son du sermon de King fit frémir certains. Plus grave, elle laissa le plus grand nombre de marbre.
Que la grand-messe télévisée de la consommation de masse s’offre les droits de diffusion des discours du pasteur illustre déjà l’absence de limites de la marchandisation, y compris celle des révoltes, rébellions et sacrifices pour la justice. Mais l’ironie de cette usurpation tient au propos de King, qui, dans ce même discours, se lançait quelques paragraphes plus loin dans une charge virulente contre le matérialisme de son pays. Il raillait ses concitoyens séduits par des publicitaires dont le boniment les incitait à acheter des signes de distinction, « telle ou telle voiture », pour devenir des hommes. Ils « paradent en Cadillac » pour être quelqu’un, tonnait-il. Selon lui, cette industrie de l’envie tuait l’Amérique à petit feu.
Plus que jamais, en ce mois de célébration du cinquantenaire de sa mort, Martin Luther King est panthéonisé. Se souvenir que c’est sous le président conservateur Ronald Reagan que fut instauré, en 1983, un jour férié en hommage au révolutionnaire socialiste permet de comprendre la supercherie qui s’est généralisée depuis, la stratégie d’aseptisation et de captation qui s’est développée. Les usages politiques de la mémoire ont été redoutables : pour nourrir le récit d’une nation réconciliée, il fallait oublier le dissident. Et créer un patriote, un père fondateur, l’Américain exceptionnel que seul un pays exceptionnel avait pu engendrer. Voilà un Noir qui rêvait à l’égalité raciale et qui la vit advenir à force de confiance dans ses compatriotes, qui rendit service au pays en réalisant les potentialités démocratiques uniques dont il était porteur. Sur le monument commémoratif inauguré par M. Barack Obama à Washington en 2011 ne figurent pas les mots « racisme » ni « ségrégation ». Sur l’allée des grands hommes de la capitale, le visiteur se souvient plutôt du « rêve » évoqué lors de la grande marche de 1963 et se remémore son accomplissement.
Une marche pour le partage des richesses
On sait depuis Roland Barthes que la fonction de la mythologie est de nous prémunir de l’histoire. King est sur les timbres, au fronton des collèges et des lycées, sur l’Esplanade nationale de Washington, dans les livres illustrés pour enfants, dans les récits édifiants vendus à l’étranger, dans le bureau Ovale, dans une publicité pour des camions. Sa pensée critique se retrouve ainsi savamment enfouie sous les tombereaux d’hommages officiels et de récupérations commerciales.
Réécrire le sens de son combat, et celui des milliers d’anonymes qui ont porté la révolution noire dans les années 1950 et 1960, a d’abord consisté à réduire celle-ci à une demande pour l’égalité formelle : le droit de vote dans les États du Sud qui l’entravaient par la ruse et la terreur, et la fin de la discrimination légale. Le rabotage et les élisions de la parole de King sont ainsi conformes au marché de dupes offert aux Noirs en 1965 : la fin des discriminations légales constituait l’égalité. King fut consterné par ce tour de passe-passe : « Le problème, écrivit-il en 1967 dans son dernier livre, est que nous n’entendons pas la même chose lorsque l’on parle d’égalité ; Blancs et Noirs en ont une définition différente ; les Noirs partent du principe qu’“égalité” s’entend au sens littéral et ils pensaient que les Blancs en convenaient et tiendraient leur parole en la promettant... Mais la plupart des Blancs, y compris ceux de bonne volonté, n’entendent par “égalité” qu’un vague synonyme d’“amélioration”. L’Amérique blanche n’est pas prête psychologiquement à réduire les inégalités ; elle cherche à se ménager et, au fond, à ne rien changer (2). »
Les droits civiques ne furent jamais l’horizon des Noirs américains, pas plus que de King. Le pasteur entendait que l’égalité soit aussi sociale, que les richesses soient redistribuées, que les Noirs ne soient plus des citoyens de second rang, condamnés au chômage, aux quartiers pauvres, au harcèlement policier, aux salaires indignes, aux écoles déliquescentes et — ces mots ne le rebutaient pas — à l’exploitation et à l’impérialisme. Son éthique de l’émancipation ne s’est ainsi jamais limitée à la question de l’égalité raciale. Si les Noirs étaient les déshérités absolus, les opprimés par excellence et l’avant-garde de la révolution en marche, tous les vulnérables étaient à libérer : pauvres blancs, femmes sous allocations, Indiens spoliés, chicanos humiliés. Leur capacité à participer à la délibération démocratique, à prendre du pouvoir permettrait de jauger la valeur du pays.
Son dernier combat fut ainsi une « campagne des pauvres » qui, au printemps 1968, vit des misérables de toutes les provinces et de toutes les couleurs de peau converger vers la capitale pour tenter d’arracher une révolution constitutionnelle : l’adoption d’une charte des droits économiques pour les « défavorisés », l’inscription dans la loi du salaire minimum garanti, la participation de comités de pauvres au processus législatif, une redistribution considérable des richesses et un plan sans précédent de création d’emplois publics et de logements sociaux. En février 1968, King ironisait sur ceux qui parlent d’« assistanat » quand ce sont les pauvres noirs qui bénéficient de l’aide publique et de « subventions » quand elle est destinée aux Blancs privilégiés. En somme, « nous avons un système socialiste pour les riches et le capitalisme sauvage pour les pauvres (3) ! ».
Dans une dialectique subtile, il proposait de dépasser l’opposition entre une lecture strictement « classiste » de l’oppression (le postulat que cette dernière disparaîtrait sous toutes ses formes avec l’effondrement du capitalisme) et une approche identitaire, dans laquelle les groupes discriminés auraient chacun leur lutte propre, car exploitation et discrimination ne relèveraient pas de la même logique. Pour les participants à la « campagne des pauvres », la surreprésentation des Noirs et des Latinos dans les rets de l’exploitation ne faisait aucun doute, mais elle témoignait d’un système de domination qui faisait bien d’autres victimes.
Dans cette campagne du printemps 1968, le rôle primordial des femmes, souvent noires, de l’association de défense du droit à l’aide sociale suggérait l’imbrication des oppressions, qu’elles soient de classe, de genre ou de race. Parce qu’elles sont entremêlées, plus que hiérarchisées, elles contraignaient pour King à la solidarité ; il parlait de « fraternité ». Au New York Times qui l’interrogeait sur cette croisade des pauvres, il confia sans fard qu’il s’était « engagé dans une forme de lutte des classes ». Il fut assassiné un mois avant son lancement.
Certes, dans la mémoire nationale, on convient que King fut à l’occasion véhément, en particulier à propos du Vietnam ; mais, explique-t-on, il s’était « radicalisé » à la fin de sa vie, consumé par l’amertume et la solitude. Le pasteur unanimement loué en 1963, lors de son discours « I have a dream » (« Je fais un rêve »), se serait aliéné l’opinion en renonçant à son réformisme tranquille et en cédant à la colère. Ici encore, la falsification est absolue : tout d’abord, jamais King n’a été porté par l’opinion publique de son pays, y compris lorsqu’il a remporté le prix Nobel de la paix, en 1964. La marche de Washington, un an plus tôt, révérée aujourd’hui comme le symbole de la réconciliation nationale, n’était en réalité soutenue que par un tiers des Américains. Même les New-Yorkais, incarnation du progressisme, pensaient pour leur majorité que King était « extrémiste » et jugeaient « excessives » les demandes de droits civiques (4). Au demeurant, il n’avait pas attendu le crépuscule de sa vie pour exprimer ses convictions inconvenantes.
À 23 ans à peine, après avoir lu attentivement Karl Marx et Mohandas Karamchand Gandhi, admiré le pasteur pacifiste et socialiste Norman Thomas et découvert le christianisme social d’un Reinhold Niebuhr, il exprima sa défiance envers un système économique qui concentre les richesses entre les mains d’une poignée. Il écrivit en 1952 à sa future épouse Coretta : « Le capitalisme est arrivé au bout de son utilité historique », tout en se proclamant « socialiste » dans l’âme, malgré ses différends avec Marx.
Pessimiste n’ayant pas abdiqué l’espoir, il dessine un portrait tragique de son pays. « Lorsque les machines, les ordinateurs et la quête du profit sont plus importants que les gens, le triptyque fatal du matérialisme, du militarisme et du racisme est invincible (5). » Il appelle à une restructuration profonde de la société, à une « révolution des valeurs » dans laquelle les Blancs devraient admettre que l’égalité réelle a un prix. « Il est temps que les groupes privilégiés lâchent un peu de leurs millions ; cela n’a rien coûté de déségréguer le Sud ou de nous donner le droit de vote ; maintenant, c’est différent. (...) Quand on commence à se demander pourquoi il y a quarante millions de pauvres dans ce pays, on en vient à d’autres questions sur la répartition des richesses : qui possède le pétrole ? Qui possède le minerai de fer ? », déclare-t-il en août 1967 (6).
King rappelait que l’économie politique de la domination ne se traduisait pas seulement par le déni du droit de vote ou la ségrégation. C’était l’organisation préméditée d’un assujettissement économique : la concentration des pauvres dans les ghettos et les barrios, le chômage et les salaires indécents, la culturalisation de la pauvreté et la bonne conscience paternaliste des réformistes. Parmi ces derniers figuraient en bonne place les démocrates et les progressistes citadins, défenseurs de l’égalité raciale jusqu’à ce que les Noirs demandent à s’installer dans leurs banlieues proprettes.
Les stratégies de mise en mémoire de King ont éludé ses critiques de la démocratie américaine, sa dénonciation d’un régime d’inégalité enraciné dans la structure même du pays. Tout autant que le leader de la Nation de l’islam Malcolm X, il affirmait que le racisme était une tare congénitale de l’Amérique blanche et que l’identité américaine portait en elle les fléaux entrelacés du capitalisme, de l’impérialisme et du racisme. Mais, pour lui, la résistance à l’égalité demeurerait invincible, à moins que les déshérités et les dissidents ne réinventent l’esprit de la démocratie par la désobéissance civile et la convergence révolutionnaire.
Ascèse subversive
La « politique de l’amour » qu’il revendiquait était certes pacifique par essence, mais elle recherchait la confrontation. L’action directe non violente devait troubler l’ordre public et donc l’ordre des choses afin que les plus vulnérables aient enfin voix au chapitre et deviennent ainsi des sujets politiques. La violence subie et non rendue n’était pas une négation de la colère ou une posture christique, mais une ascèse subversive : la souffrance était transformée en moteur de l’action et elle provoquait le malaise non seulement du bourreau, mais également du témoin du passage à tabac.
Après 1965, sa stratégie non violente est plus que jamais critiquée par les révoltés noirs, mais King demeure inflexible. Refusant néanmoins l’injonction à condamner les dizaines de révoltes urbaines qui embrasent les ghettos de 1964 à 1968, il affirme que « la violence est le cri de ceux que l’on n’entend pas » et que, pour y mettre fin, seule la lutte contre le chômage, les discriminations et la brutalité policière est à prescrire. Le rapport d’experts indépendants rassemblés par la Maison Blanche dans la commission Kerner, en 1967, confirmait son diagnostic. Mais le document fut étouffé par le président Lyndon B. Johnson, enlisé au Vietnam. Son successeur, le républicain Richard Nixon, est élu sept mois après la mort de King. Le pays réclame alors le retour à l’ordre et la mise au pas des agitateurs, traîtres et ingrats qui se « prétendent » opprimés. La deuxième mort de King commence, Nixon proposant le développement d’un « capitalisme noir » en lieu et place de l’égalité.
Longtemps, les États-Unis se sont imaginés être une nation sans classes, un pays à la mobilité sociale incomparable. Ils sortent à peine de cette illusion. Ils restent également convaincus que le racisme est un vestige du passé et que la période des droits civiques a mis un terme aux inégalités entre Blancs et Noirs. Martin Luther King réfutait l’une et l’autre de ces fables.
ON NE PEUT PAS DANS UN COURT TERME RELEVER UN DÉFI AUSSI ÉNORME
Professeur à l’Ise de l’Ucad, Cheikh Diop salue la volonté affichée par le chef de l’etat de mettre fin à l’insalubrité dans la capitale sénégalaise. Mais pour l’universitaire, il y a beaucoup de paramètres à tenir en compte.
Professeur à l’Ise de l’Ucad, Cheikh Diop salue la volonté affichée par le chef de l’etat de mettre fin à l’insalubrité dans la capitale sénégalaise. Mais pour l’universitaire, il y a beaucoup de paramètres à tenir en compte. Dans cet entretien, M. Diop parle de la politique de gestion des déchets, des infrastructures à mettre en place, mais surtout du comportement des populations qui ont besoin d’être sensibilisées sur cette question.
Dans sa déclaration le jour de la Tabaski, le président de la République a lancé le défi de rendre la ville de Dakar propre en un mois. est-ce un challenge qui peut être relevé à court terme ?
On ne peut pas dans un court terme relever un défi aussi énorme, mais on peut améliorer cet état des choses puisque la volonté politique est primordiale. Sans elle, on ne peut rien faire. Dans la gestion des déchets, il y a le volet politique, le volet financier, les infrastructures et le volet social.
Si le président de la République se met en avant pour dire voilà comment on va faire maintenant, c’est une bonne chose et c’est salutaire. A court terme ça peut améliorer, mais dans le long terme ce sont des mesures fortes. Il faut un accompagnement de la population. Il faut qu’elles s’y mettent. Si les populations ne sont pas dedans, ça ne va pas marcher parce que les producteurs de déchets, ce sont les populations. Pas plus tard qu’aujourd’hui, étant au deuxième étage, celui qui est au troisième a balancé ses déchets.
Si les gens ne nettoient pas, n’entretiennent pas, c’est un grand problème. Vous allez dans les marchés après les fêtes, c’est un grand problème. Les Sénégalais ont un comportement bizarre. J’ai l’impression qu’on ne considère pas cette partie de l’hygiène et de la propreté.
Le problème est aussi culturel. On doit l’enseigner depuis le bas âge. Si les enfants à l’école, dans les daaras, ne sont pas sensibilisés, s’ils ne grandissent pas avec cela, ce sera toujours un éternel recommencement. Il y a beaucoup de Présidents qui sont passés, il y a eu beaucoup de politiques de sensibilisation, mais un adulte vous le sensibilisez trois mois après ça retombe. Parce que c’est pour quelque temps. Donc il faut un effort soutenu et constant, un effort très long pour que cela puisse porter ses fruits. Mais il faut commencer avec les enfants à bas âge.
Combien de temps a-t-on besoin pour mettre fin à cette insalubrité ?
Tout dépend de l’effort du président de la République. Si les moyens financiers sont là, si les experts sont là, parce qu’il faut des ressources humaines pour gérer les déchets, des infrastructures. Regardez la décharge de Mbeubeus, cela fait des années qu’on parle de la déplacer, mais ça ne marche pas. C’est parce qu’il y a une mauvaise sensibilisation. On a voulu transférer la décharge à Diass. On n’a pas bien communiqué avec la population, elle s’y est opposée.
Mais maintenant on ne parle plus du déplacement de la décharge…
On parle de restructuration c’est parce qu’on n’a pas de solution. On va essayer de gérer Mbeubeus sur une décharge améliorée parce qu’on ne peut pas transformer Mbeubeus en Centre d’enfouissement technique (Cet). Un Centre d’enfouissement technique, il faut des préalables. On ne peut plus faire ça. A Mbeubeus, il y a entre 1 500 et 3 000 personnes qui y vivent et on parle de 4 milliards de chiffre d’affaires par an. Il y a des pères de famille qui vivent là-bas depuis très longtemps. Il y en a qui gagnent 300 mille F Cfa par mois. Un Cet n’a pas de solution pour 1 500 personnes. Un Cet c’est en gros 300 personnes.
Si on déplace cela, là où vous l’amenez ce sont ces gens-là qui sont prioritaires. Il y a des restauratrices qui sont à Mbeubeus, cela n’est pas prévu dans un Cet. Il y a beaucoup de métiers qui ne sont pas prévus puisque ce sont des gens qui sont dans l’informel. Il y a des personnes qui gèrent des segments de matière, il y en a qui gèrent le métal, d’autres le plastique, les déchets hospitaliers, industriels…
C’est un grand problème parce qu’il y a des déchets qui ne doivent pas arriver à Mbeubeus. Il se pose le problème du tri… Il faut tôt ou tard initier les populations au tri. Je suis allé au Maroc. Dans certaines villes, on voit des bacs de couleur différente et les Marocains savent cela. Il faudra commencer par le tri. C’est difficile, les gens se disent peut-être que ça ne marchera jamais puisqu’on a essayé de donner des bacs plusieurs fois aux populations et elles les utilisent à d’autres fins que les déchets.
Donner des bacs à des mères et pères de famille, ils l’utilisent pour y mettre du riz, de l’eau etc. Mais il faut absolument faire le tri, le Sénégalais doit évoluer, on ne peut pas éternellement rester comme ça. Il faut une volonté politique pour que les choses bougent. Je pense que la volonté du président de la République est manifeste. Je pense que si on continue dans cet effort, ça marchera.
Le Président Wade avait au départ cette volonté, mais ça n’a pas marché. On ne l’a pas poursuivie puisque quand on change de directeur, tout de suite la politique change. Au Sénégal il y a une telle instabilité institutionnelle au niveau de la gestion des déchets, c’est un grand problème. Parce qu’on est obligé de recommencer. J’ai plus d’une vingtaine de mémoires sur le sujet. A chaque fois, c’est cela qui revient.
Pour en revenir à la question de Mbeubeus, est-ce que la restructuration est une solution ?
Mbeubeus ne doit plus être làbas. Il y a des problèmes sur une décharge, il y a énormément d’oiseaux. Ce sont 30 mille, 40 mille jusqu’à 60 mille qui viennent s’y ravitailler chaque matin. Il y a une divagation des animaux qui vont dans les maisons à côté. Ces animaux peuvent apporter des maladies…
Il y a le maraîchage tout autour, Mbeubeus c’est un ancien lac. La nappe de Thiaroye est déjà polluée. Restructurer c’est mieux, mais il faut trouver une solution définitive. Il faut que les techniciens réfléchissent sur comment on va faire pour pouvoir évacuer les déchets de Dakar. Il y aura un coût, mais il faudra tôt ou tard trouver un moyen d’évacuer les déchets de Dakar.
Comment ?
Les études le diront. Mais la restructuration ce n’est pas une solution d’autant que quand vous êtes à 8 km d’une décharge, il y a les odeurs. Plus vous êtes proches plus vous avez des problèmes. La restructuration ne va pas régler les problèmes environnementaux liés à la décharge. Il faut qu’on évolue. Une décharge sauvage, même restructurée, n’est plus possible à Dakar. Il faut d’autres solutions.
Pensez-vous que l’Ucg a les moyens de relever ce défi lié à l’insalubrité ?
L’Ucg, je pense que c’est un bon outil qui est venu après l’Aprodac, l’Aprosen… Le problème c’est est-ce que le ministère a assez de sous ? A Dakar, les moyens alloués à la gestion des déchets tournent autour de 10 à 15 milliards. Je pense que ce n’est pas une question d’avoir assez de moyens ou pas. C’est une histoire de mettre en adéquation les moyens avec les objectifs.
On peut avoir beaucoup de moyens, mais si on ne les utilise pas de manière rationnelle, on n’aura pas de résultats. Il faut savoir comment utiliser les moyens de façon très rationnelle pour atteindre les objectifs. Je pense que 10 ou 15 milliards pour la gestion des ordures, rien qu’à Dakar, c’est assez de moyens. L’Ucg fait beaucoup d’efforts, il faut reconnaître que le visage de Dakar commence à changer.
La notion que le président de la République a introduite cette fois-ci, c’est le désencombrement. Il a mis un accent très fort là-dessus. Si on insiste sur le désencombrement qui est un vecteur de production des déchets, on peut arriver à régler un certain nombre de choses. C’est le Sénégalais qui est comme ça. Je suis allé à Nouakchott dans le grand marché, les Sénégalais y sont installés, c’est comme à Sandaga. Alors que quelques années plutôt, ce n’était pas comme ça. Il faut une volonté politique forte.
Le Président, comme il a un deuxième mandat, il peut faire quelque chose et ne pas plier. Vous avez l’exemple de Touba. Quand les gens ont commencé à faire le désordre, le défunt khalife a dit non «il faut arrêter» et les gens ont arrêté. C’est ce qu’il faut.
Il y a aussi la question des ressources humaines. est-ce qu’au Sénégal on a les compétences pour gérer cela ?
J’ai introduit l’enseignement de la gestion des déchets parce que je représentais notre institut dans des ateliers et j’ai vu que les gens nous interrogeaient sur ce que fait l’Ise dans la recherche. C’est à la suite de cela que j’ai commencé à faire des recherches avec les étudiants et j’ai établi un enseignement sur la gestion des déchets. J’arrive aussi à former des ressources humaines, je ne dis pas que c’est suffisant, mais j’arrive à former. Presque chaque année, les étudiants font la demande pour travailler dans le domaine de la gestion des déchets.
Et ça c’est fondamental, j’arrive à former beaucoup d’étudiants dans la rudologie. Dans les années 1990, il y avait les décharges sauvages qui étaient un peu partout en Europe. Mais il y avait tellement de problèmes avec ces décharges. Les gens ont dit on va changer, ce n’est pas possible. En Europe, les gens légifèrent au niveau national comme au niveau européen et on a dit en 2000 plus de décharge sauvage.
C’est comme ça que les Centres d’enfouissement technique ont été introduits et aussi de nouveaux métiers pour attirer les ressources humaines de qualité. J’ai visité beaucoup de centres en France, en Suisse, en Allemagne. Des incinérateurs aussi parce que c’est un moyen de gestion des déchets. Quand je suis entré dans un incinérateur, je suis monté jusqu’au sommet, 3ème étage. J’ai demandé où étaient les déchets. Ils m’ont dit au sous-sol. Quand je suis arrivé au sous-sol, je n’ai vu que les camions.
Vous ne pouvez pas vous douter que dans une ville qu’il y ait un incinérateur et que les camions qui venaient vous ne pouvez pas faire la différence avec les autres camions, c’est très bien. Celui qui gérait ce centre là c’est quelqu’un qui avait son Master 2 en géographie. J’ai visité un Centre d’enfouissement technique en Tunisie et c’est un Français d’origine tunisienne qui avait son Doctorat qui les gérait. C’est comme ça dans les autres pays. La seule différence, c’est que des fois il y a un maillon de la chaîne qui fait défaut.
A l’époque, on m’avait dit que tous les Cet en Tunisie sont au bord de la mer. La Tunisie ambitionnait d’en construire pas mal. A chaque fois que je rencontre des collègues qui viennent, ils me disent le Sénégal c’est bien, mais c’est sale. Mais regardez l’Ucad et pourtant les ressources humaines on les forme ici ! Chaque fois je le dis au recteur, je lui dis que l’Ucad est l’université la plus sale après une autre de la sous-région. Ce n’est pas normal. Et pourtant, les grands décideurs du pays sont formés ici. Dans beaucoup de pays en Afrique, les Présidents sont formés ici. Les ressources humaines aussi sont formées ici.
Quand je fais cours, la première chose que je dis aux étudiants c’est : Vous êtes les futurs cadres, vous devez décider de comment on gère ces déchets, mais vous ne le ferez pas parce que vous êtes très sales. Vous ne pouvez pas étudier ici pendant 4 ans, vous comportez comme je ne sais quoi et sortir pour dire je vais gérer. Vous allez gérer comment puisque vous vous comportez comme dans la rue, comme chez vous ? Dans la circulation, quelqu’un qui est dans une voiture jette des ordures dans la rue. Est-ce un bon comportement ?
Et cela, le Président ne peut pas le changer, il faut une volonté des populations. Il faut qu’elles veuillent avoir une ville propre, des maisons propres. Vous prenez nos belles dames dans les cérémonies, elles sont bien habillées, mais une fois sur les lieux quand elles quittent vous voyez l’état dans lequel sont les lieux. Cela c’est nous, certains font des efforts.
Au fur et à mesure que les gens salissent, ils nettoient, mais cela a un coût. C’est un problème dans la gestion des déchets, il faut que les citoyens participent. A Dakar, les gens ne payent pas la taxe, il faut trouver un moyen pour que les citoyens participent parce que c’est trop lourd et très cher et l’Etat seul ne peut pas.
Le problème au Sénégal, c’est qu’on ne sanctionne pas aussi quand des fautes sont commises…
C’est aussi un grand problème. Non seulement on ne sanctionne pas, mais quand on sanctionne on vous accuse. Quand quelqu’un commet une faute vous le sanctionnez, finalement c’est toi qu’on donne tort. Le Sénégalais est comme ça, il faut changer les habitudes, les comportements, c’est un long processus. Un seul Président ne peut pas changer cela.
Mais pour qu’il y ait des sanctions, il faut aussi légiférer…
C’est un problème aussi, il y a le Code de l’environnement qui a beaucoup traîné. On l’a finalement voté, les décrets d’application traînent. Et puis si vous regardez la législation au niveau des pays européens dans le domaine des déchets, il y a énormément de choses. Des fois nous-mêmes, nous nous référons à cela parce qu’on ne trouve pas l’équivalent au Sénégal ou en Afrique. Ce sont toujours les ressources humaines heureusement de plus en plus il y a des aides parlementaires, nous avons des étudiants là-bas.
Mais on ne peut pas dire aux parlementaires de prendre des lois, il faut qu’ils le fassent eux-mêmes. Le président de la République a parlé, mais je n’ai pas senti les parlementaires dire est-ce qu’il ne faudrait pas élaborer des lois pour mieux accompagner. D’habitude, les lois ne viennent que de l’exécutif…
C’est cela qui est malheureux parce qu’en Europe les lois ne viennent pas seulement de l’Exécutif, mais ça peut aussi venir des industriels. Moi je n’ai pas senti les députés dans cette affaire, peut-être le Conseil économique, social et environnemental, qu’il faut mettre entre parenthèses parce qu’il n’y a pratiquement pas d’environnementaliste. L’ancienne législature, il n’y avait que deux environnementalistes. L’environnemental il faut le mettre entre parenthèses parce que ce sont des instruments politiques. Si on veut que ça avance dans le domaine de l’environnement, il faut mettre des environnementalistes. Des décisions sont prises, mais il y a aussi le problème du suivi… C’est dû à l’instabilité institutionnelle.
Par exemple, la gestion des déchets ça peut se promener de ministère à ministère. Puisque c’est le président de la République qui l’a dit et martelé devant ses collègues. Je pense que jusqu’à ce qu’il quitte, il va continuer l’effort. Autrefois, ce n’était pas ça. On en parlait comme on parle généralement de toutes les politiques. Mais cette fois-ci, je pense qu’il l’a dit fortement. Je fais confiance au directeur de la Propreté et de l’hygiène publique. C’est quelqu’un qui est très engagé, il saura accompagner à son poste cette politique. Le plus difficile c’est le côté culturel, la façon de faire des populations.
Mais si les autorités prennent les décisions et sanctionnent, ça peut changer. Et il faut commencer par les petits, dans les programmes à l’école et sensibiliser. Nous nous (Ise) étions dedans bien avant. Peut-être que maintenant on va regarder les opportunités pour mieux accompagner en insérant nos futurs sortants dans des secteurs où la demande est. Si on nous fait la demande, on va accompagner en prenant plus de cadres dans le domaine de la rudologie
LES 12 TRAVAUX DE MACKY
C’est un pari osé : Le président de la République a affiché sa volonté de rendre les villes du Sénégal propres.
Rendre la ville de Dakar propre est un vœu pieux du chef de l’etat qui en a affiché la volonté depuis l’entame de son second mandat. Seulement, l’état d’insalubrité de la capitale sénégalaise a atteint un niveau critique qui ne peut pas être réglé comme le veut Macky Sall en un mois. Pour les spécialistes interrogés, c’est un long processus qui demande l’implication des citoyens, des moyens et une ferme volonté des autorités.
C’est un pari osé : Le président de la République a affiché sa volonté de rendre les villes du Sénégal propres. Dès l’entame de son second mandat, le chef de l’Etat en a fait sa priorité. Au point de demander à ses concitoyens de relever le défi de rendre la ville de Dakar propre en un mois, dans sa déclaration le jour de la Tabaski.
Une période durant laquelle l’on se rend compte combien la ville de Dakar est sale. Dans cet environnement, les déchets ont fini par faire partie du décor, sans compter les canaux d’évacuation des eaux usées qui se déversent dans certains quartiers de la ville. L’insalubrité est alors devenue chronique. C’est donc un vaste chantier auquel le président de la République veut s’attaquer. Mais est-ce un défi qui peut être réalisé à court terme ?
Les personnes interrogées affichent un certain pessimisme. Pour certains, les choses peuvent être améliorées dans un court terme. Mais pour que l’insalubrité soit un vieux souvenir, il faudra encore des années et des années. Pour eux, c’est un très long processus. Selon Madani Sy, secrétaire général du Syndicat national des agents du nettoiement, «il y a beaucoup de choses à faire en amont et en aval pour espérer voir les choses bouger».
Le syndicaliste évoque le comportement des populations qui doivent changer, les autorités qui doivent prendre leur responsabilité et sanctionner quand des dérives sont commises, des infrastructures qui répondent aux normes. Et aussi mettre les techniciens de surface dans des conditions de performance.
D’après Madani Sy, «il faut un travail de cohésion, mais aussi une conscience citoyenne et des infrastructures qui répondent aux normes environnementales». Ainsi pour accompagner cette vision de lutter contre l’insalubrité, M. Sy estime qu’il faut mettre en place des usines de recyclage, des bacs à ordures parce que c’est important de disposer d’équipements adaptés.
Dans la même veine, le syndicaliste en appelle au respect des textes régissant ce secteur. Optimiste quant à l’atteinte de cet objectif dans le long terme, Madani Sy salue le travail qui est en train d’être fait avec les déguerpissements et les désengorgements. Mais pour que les résultats puissent suivre, le syndicaliste appelle les responsables à assurer le suivi et montrer plus de volonté. Sinon, prédit-il, «on sera dans un éternel recommencement».
L’assainissement, l’autre défi à relever
La question de la salubrité ne se limite pas seulement à la gestion des déchets, il y a également l’assainissement. Un problème dans la ville de Dakar qui fait face à la vétusté de son réseau d’assainissement et aussi aux mauvais comportements des populations qui jettent des déchets solides dans les canaux d’évacuation.
Un autre défi à relever dans le vaste chantier de lutte contre l’insalubrité. Sur ce point aussi, le spécialiste sur la question, Dr El Hadj Mamadou Sonko, soutient qu’il est «assez difficile d’y arriver en si peu de temps, quels que soient les moyens qui seront mis en place et la volonté politique».
D’après l’enseignant à l’Institut des sciences de l’environnement, «en l’état actuel de la situation (ce qui est fait et ce qui reste à faire), il semble presqu’impossible de réussir un tel pari, même en une année». Parlant du réseau d’assainissement de Dakar et dans certains quartiers, l’universitaire relève la vétusté et aussi le fait qu’il est en «sous capacité par rapport aux quantités d’eau usées rejetées par une population qui a plus que doublé depuis la mise en place du réseau».
Quid des moyens à mettre en place pour relever le défi lié à l’assainissement ? Dr Sonko n’est pas optimiste concernant la volonté des gouvernants d’investir dans ce sous-secteur. Selon l’enseignant, l’assainissement «coûte très cher et souffre du fait que souvent les gouvernants rechignent à y investir». Poursuivant ses explications, il souligne qu’investir «dans l’assainissement, c’est souvent mettre sous terre des milliards et cela est difficile à décliner en résultats politiques, vu que ce n’est pas visible comme les ponts, les route, etc.».
S’agissant de l’Office national de l’assainissement (Onas), l’enseignant estime qu’il n’a pas les moyens de mettre aux normes le réseau d’assainissement. Ce, souligne-t-il, «malgré l’existence d’une bonne expertise en son sein». Selon M. Sonko, les moyens font défaut. D’après lui, «la redevance d’assainissement indexée à la facture d’eau dans les villes dites assainies ne permet de couvrir son budget». Ce qui fait que, informe le spécialiste, «il doit recourir à divers projets, à des dons ou à l’appui budgétaire de l’Etat».
Désengorgement, déguerpissement, assainissement, gestion des déchets, désensablement sont autant de défis à relever pour faire de Dakar, comme le veut le président de la République, une des capitales les plus propres en Afrique. Le chemin risque d’être long, vu le niveau de l’insalubrité. Les personnes interpellées ont toutes salué cette volonté affichée par la plus haute autorité du pays.
Elles espèrent que cette volonté soit suivie d’actes et surtout à tous les niveaux. Chose fondamentale en plus du travail qui doit être fait par les gouvernants, c’est le changement de comportement des populations. D’ailleurs, le Professeur Cheikh Diop de l’Ise recommande une éducation dès le bas âge sur la question de la salubrité.