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19 juillet 2025
MULTIPLE PHOTOS
ABDOU KARIM SALL A-T-IL PEUR DE SE SALIR EN PLANTANT UN ARBRE ?
Ces derniers jours, des internautes sénégalais s’indignent devant une série de photos montrant leur ministre de l’Environnement, en train de planter un arbre, les pieds sur un tapis, selon eux "pour ne pas se salir". Le ministère regrette ces accusations
Les Obersavateurs de France 24 |
Publication 07/08/2019
Ces derniers jours, des internautes sénégalais s’indignent devant une série de photos montrant leur ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall, en train de planter un arbre, les pieds sur un tapis, selon eux "pour ne pas se salir". Le ministère regrette ces accusations et argumente, photos à l’appui, que le ministre n’hésiterait pas à mettre la main à la pâte à chacun de ses déplacements.
Les photos partagées depuis le mardi 6 août montrant le ministre de l’Environnement sénégalais Abdou Karim Sall en train de planter un arbre, en costume et sur un tapis, sont authentiques et ont été prises le 5 août dans l’enceinte du ministère pour la "Journée nationale de l'arbre" célébrée dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, dont le Sénégal et le Burkina Faso.
Elles ont été prises peu après la cérémonie de levée des couleurs, à 8 h, dans le jardin du ministère. Certains sites Internet sénégalais, comme Senescoop, s’en sont notamment fait l’écho.
Sur Facebook, plusieurs internautes s’indignent. "Il pose les pieds sur une natte pour ne pas salir ses chaussures. C’est ce monsieur qui est censé préserver notre environnement ?", s’interroge ainsi un internaute dans le groupe "Observatoire démocratique en Côte d’Ivoire", où plus de 280 000 membres échangent des contenus viraux.
Dans une autre publication partagée plus de 150 fois, la page "Sodjago 24" dresse une comparaison entre plusieurs leaders politiques africains, notamment avec Paul Kagamé, le président du Rwanda.
Dans les commentaires, plusieurs personnes jugent ce comportement absurde. "Il sera enterré sans la natte. Du sable sera jeté sur son linceul. L'a-t-il oublié ?", note l’une d’elles. Des internautes ont regretté que le ministre mette les pieds sur une natte, un type de tapis normalement utilisé au Sénégal pour prier.
D’autres ont estimé que l’image est révélatrice d’une forme d’hypocrisie : "Ça veut dire qu'il est là pour faire acte de présence et non [pour] un engagement pour la cause environnementale".
Un "petit faux pas" non représentatif de l’attitude générale du ministre, selon une porte-parole
Contacté par la rédaction des Observateurs de France 24, une porte-parole du ministère de l’Environnement sénégalais regrette cette polémique et annonce que le "protocole" sera modifié pour que ce "petit faux pas" ne se reproduise plus.
Selon elle, le ministre n’a pas demandé que ce tapis soit apporté : "Il était là comme le prévoit le ‘protocole’ de cette cérémonie tenue dans le ministère à l’occasion de la Journée de l’arbre, lors de laquelle le ministre a planté trois jeunes plants", a-t-elle précisé.
Selon elle, le ministre n’a pas particulièrement cherché à préserver sa tenue d’éventuelles taches et n’en a pas fait la demande, malgré un rendez-vous programmé avec le président de la République plus tard dans la matinée.
"Ces accusations sont injustes puisque ce ministre fait justement partie de ceux qui n’hésitent pas à aller sur le terrain et à participer aux différentes activités. La veille, il était en déplacement à Lompoul [zone désertique située entre Dakar et Saint-Louis] et plusieurs photos le montrent bien en train de planter plusieurs arbres, à genoux sur le sol.
Ces derniers mois, il a participé au désherbage des cimetières de Pikine [grande ville à la sortie de Dakar, NDLR] et Mbao [quartier de Pikine, NDLR], il a créé une brèche dans le marigot de Mbao et participé à d’autres activités de reboisement."
Pour illustrer ce propos, la responsable du service de communication du ministère de l’Environnement a transmis à notre rédaction plusieurs photos et vidéos : on y voit Abdou Karim Sall lors d’autres cérémonies similaires en train de planter des arbres à mains nues, sans protection pour ses vêtements, et d’agrandir un marigot à la pelle, les pieds dans l’eau.
Invité à s’exprimer plus en détails sur ses intentions, le ministre était, à l’heure de la publication de cet article, "en déplacement" et donc indisponible pour nous en dire davantage. Nous publierons sa réponse si celle-ci nous parvient.
Par Sebastian Wagner
LA RENAISSANCE ÉNERGÉTIQUE DU SÉNÉGAL
La réputation de stabilité et de climat commercial favorable a rendu le pays particulièrement attrayant pour les investisseurs - Une chance pour la croissance économique est là, mais de nombreuses mesures doivent être prises pour éviter la malédiction
Après des décennies de luttes contre un système de production d'électricité déficient, le Sénégal est maintenant au bord d'un changement de paradigme qui pourrait mettre fin à nombre de ses problèmes. Le gouvernement ayant parié ces dernières années sur de nouvelles installations de production d’électricité, les pannes de courant ont considérablement diminué, la fiabilité du système s’est améliorée et les possibilités de croissance économique se sont améliorées. Certes, beaucoup vivent encore sans accès à l'électricité. En moyenne, 4 personnes sur 10 ne sont pas connectées au réseau national. La situation est pire en dehors des principaux centres urbains, où 60% de la population reste déconnectée, mais les chances d'améliorer cette situation n'ont jamais été aussi proches.
Avec une capacité de production d’un peu moins de 1 gigawatt pour une population croissante de 15 millions d’habitants, il est primordial d’investir davantage dans la capacité de production pour que le Sénégal puisse développer son marché intérieur et donner à ses citoyens l’opportunité d’un meilleur niveau de vie. Cependant, la durabilité doit guider la prise de décision autant que le besoin stratégique.
Les combustibles lourds importés et le charbon utilisés pour générer la plus grande partie de l’électricité du pays coûtent très cher aux coffres de l’État. En 2016 par exemple, les importations de pétrole raffiné et brut ont coûté plus de 1,5 milliard de dollars à l'État sénégalais.
Électricité durable
Les alternatives sont évidentes. Le Sénégal bénéficie de nombreuses heures d'exposition solaire élevée et de vents forts. Les opportunités sont également là pour être saisies. La société française d'électricité ENGIE et la société d'investissement Meridiam ont remporté un appel d'offres en avril pour un parc solaire de 60 MW. Cela s'appuiera sur les projets de production d'énergie renouvelable déjà établis dans le pays, qui représentent désormais 80 MW. À mesure que le prix des technologies solaire et éolienne diminue, ces technologies sont devenues de plus en plus attrayantes ces dernières années, ce qui a également un impact positif sur le coût par MW pour le consommateur. Le parc d’Engie coûtera environ 40% moins cher que les précédentes tentatives d’énergie solaire au Sénégal. La société Lekela Power de Taiba N'Diaye prévoit également de développer 158 MW d’énergie éolienne supplémentaires.
Ces développements reposent sur une combinaison de facteurs. La réputation de stabilité et de climat commercial favorable du Sénégal a rendu le pays particulièrement attrayant pour les investisseurs étrangers au cours de ces dernières années. Les investissements ne proviennent pas seulement des partenaires traditionnels du pays à l’Ouest, en particulier de la France, mais également de l’Est, la Turquie, la Chine, les Émirats arabes unis, la Corée du Sud et l’Inde y réalisant des investissements importants. À l'intérêt croissant des investisseurs privés s'ajoute le soutien d'institutions internationales telles que le programme américain Power Africa, Overseas Private Investment Corporation (OPIC), ou la Société financière internationale (IFC), qui fait partie du groupe de la Banque mondiale. Ces organisations ont aidé à financer de nombreux projets liés à la production d'énergie sur tout le continent. En partenariat avec le gouvernement sénégalais, notamment dans le cadre du programme Scaling-Solar soutenu par l’IFC, ces projets, y compris le nouveau projet de parc solaire de 60 MW remporté par ENGIE et Meridiam, voient progressivement le jour et soulagent les difficultés du réseau électrique du pays.
Depuis 2016, année du lancement du premier projet d'énergie solaire au Sénégal, le pays a connu un développement extrêmement rapide des projets d'énergie renouvelable. Si tout se déroule comme prévu, près d’un demi-gigawatt de capacité installée sera disponible en 2020. Ce serait l'une des augmentations les plus rapides du ratio de production d'énergie renouvelable par rapport aux combustibles fossiles au monde.
En outre, ces projets apportent non seulement une stabilité énergétique, mais répondent également aux préoccupations d’atténuation du changement climatique. Dans le cadre des accords de Paris, le Sénégal s'est engagé à réduire ses émissions de CO2 de 21% d'ici 2020, objectif que seul une politique énergétique durable peut atteindre.
Cette combinaison de variables offre au Sénégal la meilleure opportunité pour le moment de faire pression pour la modernisation de son secteur de la production d’électricité, ce qui devrait à son tour potentialiser le développement des industries, la création de richesses, la génération d’emplois et la croissance économique.
Dans le même temps, l’abandon de la production d’électricité coûteuse basée sur le pétrole lourd doit être une priorité.
La joie du gaz
Les découvertes par Kosmos Energy de grandes quantités de réserves de gaz naturel dans les régions offshore du Sénégal ont changé la donne pour le pays. Au cours des deux dernières années, les découvertes successives ont porté les réserves en place estimées du pays à plus de 50 billions de pieds cubes de gaz naturel, ce qui l’a propulsé dans le top 5 des plus grands détenteurs de gaz naturel de l’Afrique.
Les détenteurs de licences d'exploration, Kosmos et BP, ont déjà suggéré un développement accéléré utilisant une installation de GNL flottante qui pourrait voir le premier gaz commercialisé dès 2021 à partir des champs de Greater Tortue/Ahmeyin (GTA). D'autres découvertes en 2017 ont amené les entreprises à envisager deux trains de traitement de GNL plutôt qu'un seul. Cela signifie que très bientôt, le Sénégal pourra avoir accès à une source d’énergie peu coûteuse qu’il pourra utiliser pour alimenter ses foyers et ses industries, sans parler d’un nouveau et puissant flux de revenus.
La volonté politique semble également être présente pour que cela se produise. L’annonce faite en février de l’accord conclu entre le Sénégal et la Mauritanie sur l’exploitation de leurs réserves de gaz naturel partagées dans le complexe de GTA, d’une capacité de jusqu’à 25 billions de pieds cube de gaz naturel, est un symbole de l’époque. Les décideurs politiques ont rapidement pris des décisions axées sur le développement économique.
Si les cartes sont bien jouées, nous pourrions assister à un changement significatif de la structure économique du pays. Le président Macky Sall, lui-même un pétrolier instruit, sait très bien à quoi s'attendre une fois que le gaz naturel commencera à couler. Déjà, des projets sont en cours pour convertir les turbines à combustible lourd afin qu’elles fonctionnent au gaz naturel. En avril, le groupe technologique Wärtsilä a remporté un appel d'offres pour le déploiement d'une centrale Flexicycle de 130 MW pouvant fonctionner avec une combinaison de différents carburants, de sorte qu'elle puisse immédiatement passer au gaz naturel dès que la ressource est disponible. Les anciennes centrales du pays suivront bientôt.
En utilisant le gaz naturel comme source d’énergie, le réseau national sera en mesure de compenser l’intermittence de l’approvisionnement en énergie renouvelable tout en réduisant à la fois les coûts de carburant et les émissions de CO2.
Les leçons à retenir
Cela ne veut pas dire que le Sénégal ne risque pas aussi de commettre les mêmes erreurs que beaucoup de ses voisins. Lors de la découverte du pétrole par Cairn Energy au Sénégal en 2015, plusieurs voix se sont inquiétées de ce qu’un boom pétrolier pourrait faire pour la fragile économie du Sénégal. La bataille du Nigéria et d’autres contre la malédiction du pétrole n’est pas envieuse. Bon nombre de ces préoccupations sont bien fondées. Un flux important de revenus soudainement concentré dans un secteur spécifique de l’économie peut réduire la compétitivité d’autres secteurs et produire des pressions inflationnistes.
De plus, les attentes doivent être gérées avec soin. Le secteur pétrolier et gazier n’est pas un employeur majeur. La plupart des gens n'y trouveront pas de travail. En particulier avec les solutions GNL flottantes, il y aura peu de place pour intégrer la main-d'œuvre locale, en particulier avec des compétences techniques relativement faibles.
Cependant, si le Sénégal peut apprendre des erreurs des autres, ses ressources naturelles peuvent réellement aider le pays à se développer économiquement.
Il y a pas mal d'exemples à regarder. Le Ghana a rapidement mis en place l'un des cadres juridiques les plus complets pour la gestion des revenus pétroliers et gaziers sur le continent, et même dans le monde entier. La Guinée équatoriale a réussi à utiliser ses ressources pour investir dans le développement des infrastructures et stimuler les industries associées afin de créer un pôle logistique florissant dans le golfe de Guinée. Les partenaires de la coopération européenne peuvent également fournir une assistance pour développer les institutions nécessaires à la gestion de ces revenus. Déjà, les législateurs sénégalais se sont associés aux Pays-Bas et ont visité les opérations du pays en mer du Nord pour tirer les leçons de leur expérience.
Certes, la gouvernance posera des problèmes et certains d’entre eux devront être résolus dans le respect des spécificités de la réalité sénégalaise. Cependant, si le gouvernement peut s'en tenir à son plan de partenariat avec des alliés internationaux pour investir dans un secteur de production d'énergie, il peut créer le fondement de la croissance d'une économie forte.
Équilibrer le gaz naturel et les énergies renouvelables pour la production d'électricité, maintenir une surveillance stricte de la gestion des revenus pétroliers et gaziers, mettre en place des organismes de réglementation indépendants et des fonds du patrimoine pour gérer les revenus, peut être le fondement d'une nouvelle ère de croissance économique au Sénégal.
Sebastian Wagner est PDG, DMWA Resources
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UNE SÉNÉGALAISE RETROUVÉE MORTE A SON DOMICILE
Le corps sans vie de Bineta Sagna a été retrouvé ce mardi 06 août 2019, à son domicile établi à Bruxelles en Belgique, d’après une information d’un membre de la famille
Le corps sans vie de Bineta Sagna a été retrouvé ce mardi 06 août 2019, à son domicile établi à Bruxelles en Belgique, d’après une information d’un membre de la famille reprise par Brussels Information Press.
Les circonstances du décès ne sont pas encore élucidées à ce stade. Mieux, il faudra, toujours selon la même source, attendre les résultats de l’enquête ouverte par la police qui a été informée par un proche de la victime.
Bineta Sagna était la fondatrice et présidente de l’Agence de relations publiques Media et Communication la Sénégauloise. D’origine Sénégalaise, née en France, elle avait été classée, en 2017, parmi les leaders qui faisaient l’Afrique par le Tropics Magazine de Johannesburg.
Bineta Sagna était aussi présente dans l’organisation de la soirée « Rire contre le racisme » en septembre 2015 à Bruxelles. Militante féministe, elle refusait le « rôle » que certains hommes imposent aux femmes : « Soyez des femmes non-conventionnelles qui se jouent du poids des stéréotypes et embrassent des professions soi-disant dites masculines ».
Après des études universitaires en droit et en commerce, Binta Sagna fonde son agence de communication : une agence de Consulting qui s’occupe de la mise en place de projets et de leur médiatisation. Avec celle-ci, elle réussit la création d’un puissant réseau de femmes africaines qui gèrent des projets et événements d’envergure internationale.
POURQUOI CETTE FLAMBÉE DU COÛT DE L'OIGNON ?
EXCLUSIF SENEPLUS - La hausse du prix de l'oignon qui coûte actuellement 400 Fcfa le kilogramme n'est pas liée à la célébration de la Tabaski, selon des commerçants du marché Thiaroye
Fanseyni Djité et Aminata Diallo |
Publication 07/08/2019
La hausse du prix de l'oignon qui coûte actuellement 400 Fcfa le kilogramme n'est pas liée à la célébration de la Tabaski selon des commerçants du marché Thiaroye. Meme s'ils reconnaissent une flambée du coût de 100% en l'espace de deux mois, Ndiaga Mbaye et ses collègues estiment que c'est normal.
DES PARTIS ET MOUVEMENTS VILIPENDENT MACKY SALL
«Non au Plan Sénégal dictature émergente ! Liberté pour Guy Marius Sagna !». Tel est l’intitulé de la déclaration rendue publique, hier, par des partis et mouvements, dont PASTEF, «Yoonu Askan wi», le RND, «Def li la war» et le MRDS
«Non au Plan Sénégal dictature émergente ! Liberté pour Guy Marius Sagna !». Tel est l’intitulé de la déclaration rendue publique, hier, par des partis et mouvements, dont PASTEF d’Ousmane Sonko, «Yoonu Askan wi» de Madièye Mbodj, le RND de Dialo Diop, «Def li la war» de Yassine Fall, le MRDS de Mohamed Sall.
«Le Sénégal maquillé en ‘vitrine de la démocratie’, est-il en train de jeter le masque ? Même monsieur le Procureur s’emmêle les pinceaux, lui qui vient de publier coup sur coup, ce 05 août, deux communiqués différents sur le motif d’inculpation de Guy Marius Sagna, l’un d’abord faisant mention de ‘diffusion de fausses nouvelles’, l’autre ensuite alléguant, à titre de rectificatif, une ‘fausse alerte au terrorisme’ !
Quand le ‘maître des poursuites’ lui-même se perd dans le dédale de son code pénal, il y a assurément de quoi suspecter la procédure», lit-on dans le document susnommé. Ousmane Sonko et compagnie d’ajouter : «Quelques semaines auparavant, le pouvoir de Macky Sall a eu à envoyer toute une équipe de la DIC faire irruption, tôt le matin, au domicile du journaliste Jean Meïssa Diop, fouillant jusque dans sa chambre à coucher, à la recherche d’on ne sait qui, avant de se confondre en plates excuses !
Cette même DIC vient de récidiver ce 29 juillet en allant enlever chez le journaliste-consultant Adama Gaye, gardé à vue pendant deux jours, puis inculpé et mis en prison pour ‘atteinte à la sécurité intérieure et offense au chef de l’Etat’». «En attendant d’être édifiés davantage sur les tenants et aboutissants de cette affaire», pour eux, «il n’est pas inutile de rappeler que tous les démocrates du Sénégal n’ont jamais cessé, depuis des décennies, de dénoncer les articles 80, 139 et 255 du code pénal en tant que dispositions liberticides et fourretout qui permettent, ‘en toute légalité’, d’inculper et d’emprisonner n’importe quel citoyen, suivant les seuls désirs du prince, confirmant ce tout récent titre à la Une d’un quotidien de la place : ‘Article 80, un monstre encore en vie’ !». Mais, c’est l’emprisonnement de Guy Marius Sagna, membre du collectif FRAPP/France dégage, de la plateforme citoyenne «Aar li nu bokk» et du parti «Yoonu Askan wi», qui irrite le plus les leaders des partis et mouvements précités. «Alpagué en pleine finale de la CAN 2019 en Egypte, gardé arbitrairement et abusivement à vue, avant que ne soit trouvé laborieusement contre lui un chef d’inculpation : ‘Fausse alerte au terrorisme’ ! La justice sénégalaise semble reprocher au Collectif FRAPP/France dégage sa déclaration du 15 juillet 2019 titrée : ‘La France prépare un attentat terroriste au Sénégal’, déclaration se faisant simplement l’écho des propos du ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner, en visite récemment au Sénégal.
Nulle trace dans ladite déclaration, ni d’injures, ni de fausse alerte, ni d’apologie du terrorisme, ni d’un quelconque discrédit des institutions de la République !», dénoncent-ils. Sonko et ses alliés réclament la «libération d’office, immédiate et sans condition de Guy Marius Sagna et la défense des libertés démocratiques !». Mais également «l’indépendance réelle du pays, la souveraineté du peuple sur ses ressources».
«LA COMBINE AUTOUR DU FAUX RAPPORT DE PRESENTATION DE ALY NGOUILLE A ETE EVENTEE»
Le président du Mouvement «Tekki» revient à la charge dans l’affaire Petro Tim à travers sa question économique de la semaine. «Quoi qu’on dise, la prédation est inscrite dans l’Adn du régime de Macky Sall
Le président du Mouvement «Tekki» revient à la charge dans l’affaire Petro Tim à travers sa question économique de la semaine. «Quoi qu’on dise, la prédation est inscrite dans l’Adn du régime de Macky Sall. Le peuple sénégalais ne veut pas de Franck Timis dans ses hydrocarbures. Même dans ses propres rangs, la famille du Président n’a trouvé personne de sérieux pour les défendre. Quelques journaleux et communicateurs prétendus traditionnels se sont agités sans plus.
En effet, la combine mafieuse autour du faux rapport de présentation de Aly Ngouille Ndiaye a été éventée», indique-t-il. Mamadou Lamine Diallo d’ajouter : «Une certaine African Chamber Energy a eu droit à la Une du quotidien familial, ‘Le Soleil’, pour venir au secours de Macky Sall. En Afrique, il n’y a qu’une seule commission de l’énergie reconnue par l’Union africaine, elle a son siège à Alger. Ce machin d’un certain Eyonk est mis en avant pour jouer sans doute le même rôle que Franck Timis. C’est le même Adn, vous dit-on».
’en prenant à M. Timis, le député relève que «cet aventurier est toujours au Sénégal avec sa société Africa Petroleum Company qui détient le bloc Sénégal Sud Offshore profond qui se situe en droite ligne de Cayar et St-Louis». «Il n’est pas nécessaire d’être un géologue né après les indépendances, considéré comme un génie dans sa famille, pour savoir tout le potentiel en gaz et condensats de ce bloc. Après la découverte des 100 millions de tonnes du Dôme Flore en 1980 en Casamance à 800 m, tous les vrais experts du secteur savent que ce bloc attribué à Franck Timis depuis des années est riche en hydrocarbures. Il est temps d’en finir avec Franck Timis et les aventuriers comme lui. Ces personnages jouent le rôle d’ARN messager pour les prédateurs qui veulent s’accaparer des ressources naturelles de leurs peuples et installer une économie de redistribution ciblée, le Thiompal», soutient-il.
M. Diallo ne manque pas de dénoncer l’emprisonnement de Guy Marius Sagna. «Dans l’empire du Ghana, on nous enseigne que l’empereur devait faire un sacrifice chaque année pour maintenir son pouvoir. Il semble bien qu’une croyance similaire habite le régime de Macky Sall : il lui faut emprisonner un opposant politique pour survivre. Khalifa Sall doit sortir de prison. C’est une bonne nouvelle. La parodie d’élection présidentielle parrainée terminée et le pouvoir confisqué, il n’est plus nécessaire de le garder. Il est même politiquement rentable de le sortir et le laisser aller à l’assaut d’un PS orphelin», assène le leader de «Tekki».
Avant d’enfoncer le clou : «Pour Macky Sall, l’opposition doit disparaître ainsi que les partis traditionnels PDS et PS notamment. Ne doit subsister qu’une APR domptée par la famille Faye Sall. On cherche des remplaçants à Khalifa Sall. Et Guy a été choisi arbitrairement, sans doute après le Nord, et le Centre Dakar, il faut un du Sud pour boucler le triangle».
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SANDAGA VIT SES DERNIÈRES HEURES
Les commerçants doivent être recasés au Shopping Center Djily Mbaye, en attendant les nouveaux locaux. Mais « il n’y a que 258 places pour 413 personnes »
Plus qu’une semaine et quatre jours. Et Sandaga sera rasé. Les commerçants seront recasés, en attendant le nouveau bâtiment qui devrait être fin prêt en 2021. Cette décision du ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique est clichée, pour certains commerçants, même si projet ne pouvait mieux tombé.
Des chaussures sont étalées jusque loin sur la route. Ici à Sandaga, ce sont les voitures qui cèdent le passage. Les habits sont pour tous les goûts et peuvent même venir à toi, sans le moindre effort. Des vendeurs ambulants, qui disent un prix susceptible d’être divisé en quatre, forceront le client le plus tenace. Des bijoux, des sac à mains, des sac à dos… et vraiment, à des prix imbattables.
Mais toute cette « anarchie », dont se plaindront certains sans vouloir au fond qu’elle disparaisse, sera bientôt maîtrisée par l’Etat. La trêve respecte la Tabaski qui arrive. Mais le samedi la suivant éparpillera ce « petit bijou » des dakarois.
La pagaille actuelle qui pullule à Sandaga sera assainie. Les commerçants déjà établis seront déguerpis, emportant à leur passage les marchands ambulants. « Et retaper le marché est une bonne chose. C’est pour le bien de tout le monde« , se réjouit déjà Abdoulaye Ndiaye, commerçant. Précisant toutefois qu’à son avis, « c’est un projet de Khalifa Sall, ex-maire de Dakar, qu’ils (le gouvernement, ndlr) ont sorti des tiroirs pour se l’approprier. »
Et Khalifa Sall avait su trouver la bonne note sur laquelle jouer avec ces négociants: »Avec lui, nous avions trouvé le plan de reconstruction sur lequel nous étions tous d’accord, » explique l’un des responsables de l’Association « And Taxawu Sandaga ». Aujourd’hui, ils en veulent à ceux qui reviennent vers eux avec le même projet, modifié et qui ne les avantage pas.
Les commerçants doivent être recasés au Shopping Center Djily Mbaye, en attendant les nouveaux locaux. Mais « il n’y a que 258 places pour 413 personnes, » s’étonne Amath Bèye, vendeur d’habits à Sandaga. Ajoutant que l’Etat « prévoit d’envoyer les 155 autres personnes au marché Petersen ou aux champs de courses. »
"LES AMÉRICAINS ONT LE SENTIMENT QUE LA RACE BLANCHE EST MENACÉE"
Accusé d’attiser la haine raciale, Trump s’est rendu mercredi à El Paso et à Dayton, théâtres de tueries ce week-end. Selon le démographe Hervé Le Bras, le racisme reste ancré dans la culture américaine
«Notre nation doit condamner d’une seule voix le racisme, le sectarisme et le suprématisme blanc», a déclaré lundi Donald Trump. Deux jours plus tôt, un homme de 21 ans tuait 22 personnes dans un centre commercial d’El Paso, ville à la frontière mexicaine. Avant de passer à l’acte, il avait publié sur le forum 8Chanun manifeste dans lequel il dénonçait l’«invasion» hispanique du Texas et embrassait la théorie du «grand remplacement» de l’extrémiste Renaud Camus.
Après les attaques à Charleston (2015), Pittsburgh (2018) et San Diego (avril), les Etats-Unis sont donc de nouveau confrontés aux violences d’extrême droite. Selon le centre d’analyse New America, ces dernières ont fait plus de victimes en 2017 et 2018 aux Etats-Unis que les attaques jihadistes. Pour Hervé Le Bras, chercheur émérite à l’Institut national d’études démographiques (Ined), le racisme, que Trump est accusé d’alimenter, reste profondément ancré dans la société américaine.
Comment expliquer que la théorie du «grand remplacement» se propage aux Etats-Unis ?
Là-bas, cette idée ne date pas d’aujourd’hui. Au XIXe siècle, les mouvements nativistes étaient organisés à la faveur du rejet de l’immigration, en particulier des Irlandais, des Italiens puis des populations d’Europe centrale.
Quelles sont les caractéristiques des mouvements adeptes de cette théorie ?
Ceux-ci refusent le mélange et le métissage. Il s’agit de la forme la plus pure du racisme. Dans son Essai sur l’inégalité des races humaines (1855), Arthur de Gobineau, l’un des grands théoriciens du racisme, s’opposait déjà à ce que les Aryens se mélangent. Or l’histoire a montré que le métissage est de plus en plus répandu, y compris aux Etats-Unis, où toutes les unions mixtes sont en progression. Entre 1980 et 2008, la part des jeunes mariés avec un époux ou une épouse de «race» ou «ethnie» différente est passée de 6,7 % à 14,6 %.
La peur du mélange peut-elle s’expliquer par le fait que les sociétés sont de plus en plus métissées ?
Peut-être. Mais si on prend le cas de Gobineau, cette peur du métissage était abstraite. Il s’agissait de quelque chose de plus profond qui repose sur l’idée qu’on ne devait pas mélanger son sang, plus qu’un refus d’un métissage qui progresserait. En 2012, le New York Times publiait par exemple un article intitulé «Les Blancs représentent moins de la moitié des naissances aux Etats-Unis». En réalité, c’est beaucoup plus compliqué que cela…
C’est-à-dire ?
Avec le passé de l’esclavage [1619-1865, ndlr], le pays a pris l’habitude de mesurer les «races», de caractériser les personnes selon ce critère. Les Américains ont le sentiment que ces races sont séparées et que celle dite «blanche» est menacée. Mais quand on regarde en détail leurs statistiques, on voit que la notion de «Blanc» est très restrictive.
Lors du recensement, les Hispaniques, mais aussi les personnes ayant indiqué plusieurs entrées à la question raciale [depuis 2001, plusieurs cases peuvent être cochées : Blanc, Noir, Amérindien, Asiatique, autres] ne sont pas considérés comme des Blancs. Or près de 95 % des Latino-Américains se déclarent Blancs et plus de 6 % des femmes cochent plusieurs cases à la naissance de leur enfant. Donc, certes, les Blancs représentaient moins de la moitié des nouveau-nés aux Etats-Unis il y a sept ans, mais avec cette définition très restrictive de ce qu’est une personne blanche. Dans l’acception la plus large, où l’on compte toutes les naissances pour lesquelles au moins un des parents a indiqué une race blanche, cela concerne près de 80 % d’entre elles.
Peut-on donc dire que l’Amérique est raciste ?
Oui, absolument. Les statistiques excluent le métissage et les origines latines. Il s’agit clairement de l’un des critères les plus forts du racisme. On assiste au retour d’une vieille règle américaine du temps de l’esclavage et de la ségrégation appelée «One Drop Rule» [«la règle de l’unique goutte de sang»], quand on comptait comme «Noir» tout individu ayant au moins un ascendant noir.
Donald Trump contribue-t-il à nourrir la peur de l’immigration ?
Bien sûr. Mais ce qui est plus grave, c’est que ses déclarations, jusqu’à présent centrées sur la question de l’immigration, ont même viré au racisme. C’est de cela dont il est accusé après avoir invité quatre élues démocrates issues de minorités à «retourner d’où elles venaient». Ce climat peut pousser des gens à commettre des attaques en pensant qu’ils agissent pour la bonne cause.
ZOOM SUR LE MARASME ECONOMIQUE
Dans ce contexte de raréfaction des ressources, tous les moyens semblent bons pour renflouer les caisses de l’Etat. Et comme souvent, ce sont les ménages qui trinquent.
Des coupes budgétaires par-ci, des augmentations de taxes par-là… Aujourd’hui, c’est un euphémisme de dire que l’Etat est dans une situation plus que difficile. Les signaux sont au rouge et ils sont nombreux, les économistes qui n’ont eu de cesse de lancer des alertes.
Meissa Babou, Professeur à la faculté des Sciences économiques et de gestion de l’Ucad, fait partie de ces spécialistes. Par rapport à la hausse presque généralisée des prix de certains produits, il explique : ‘’C’est parce que l’Etat n’a que son budget qui est essentiellement alimenté à partir des taxes et droits de douane. Avant, il pouvait aller s’endetter auprès des marchés financiers, mais aujourd’hui ses marges de manœuvre sont limitées.
La Banque mondiale comme le Fmi ne lui permettent plus de continuer à s’endetter de manière incontrôlée et les recettes propres ne suffisent plus. C’est pourquoi l’Etat cherche, par des micmacs fiscaux, à trouver des ressources pour ses besoins. Tous ces facteurs entrent dans ce qu’on appelle un ajustement structurel qui ne dit pas son nom. C’est dommage et c’est dommage pour les consommateurs que nous sommes.’’
En fait, Babou estime que ces derniers se verront dans l’obligation de payer pour des pots qu’ils n’ont nullement cassés. Il s’agit précisément, selon lui, ‘’des erreurs d’emprunts d’Amadou Ba’’ ainsi que des ‘’mauvais choix du gouvernement’’. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les faits semblent lui donner raison, avec la hausse presque généralisée de certains produits de consommation courante. C’est le cas, par exemple, du ciment et du carburant qui font l’actualité. Deux produits essentiels qui touchent presque tous les acteurs. Certains redoutent d’ailleurs une hausse potentielle d’autres produits dont l’électricité et le gaz butane. Comment en est-on arrivé là ?
L’économiste explique : ‘’Il y a plusieurs facteurs. Le premier, c’est les mauvais choix de gouvernance avec des travaux comme le Ter qui nous coûte près de mille milliards de F Cfa. Avec un tel montant, on aurait quand même pu choisir de construire 5 universités et 20 hôpitaux. C’est ce qui me pousse à dire que les choix politiques ne sont pas rationnels. Le deuxième facteur, c’est l’endettement chronique d’Amadou Ba. On est presque à un service de la dette de près de 80 milliards que le Sénégal ne peut pas supporter. Sans compter le train de vie très élevé de l’Etat.’’ Selon l’enseignant, le Sénégal, ‘’petit pays’’, ne peut pas se permettre d’avoir plus de 80 ministres et ministres conseillers, un Hcct de 150 personnes qui ont presque rang de députés, avec tout ce que ça coûte, plus de 300 milliards pour des véhicules.
Avant de poursuivre : ‘’J’ai failli tomber des nues quand j’ai appris qu’un ministre a plus de 500 mille francs de crédit dans son téléphone. Voilà ce que nous sommes en train de payer, nous pauvres ‘goorgoorlu’. C’est aussi ce qui nous vaut d’ailleurs les brimades de la Banque mondiale et du Fmi.’’ Ainsi, le spécialiste dit accorder plus de crédit à la réalité du marché et au ressenti des Sénégalais plutôt qu’aux chiffres officiels annoncés çà et là. ‘’Ce qui est sûr, et que personne ne peut contester, c’est que la situation est difficile. L’Etat, qui est le principal promoteur de cette économie, est dans une situation critique avec un déficit de trésorerie énorme. Les dettes s’accumulent et poussent même des acteurs que l’on n’avait pas l’habitude d’entendre comme les Btp ruer dans les brancards. Cela montre, à suffisance, que la situation est difficile pour tout le monde.
‘’Les conséquences sont désastreuses’’
Ce travailleur des Btp, qui a préféré garder l’anonymat, ne dit pas autre chose. Très amer et remonté contre l’Etat qu’il accuse d’être responsable de ses maux, il pleure un salaire qui ne tombe pas depuis plus de deux mois. ‘’Cela avait démarré avec des retards, c’est par la suite qu’on est allé vers des arriérés. C’est très difficile.
Imaginez un chef de famille qui reste sans salaire pendant plus de deux mois. C’est vraiment infernale la situation que nous sommes en train de vivre’’, souffle-til désespéré. A en croire le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de la construction, Jaraf Ndao, ce cas est loin d’être isolé. Les travailleurs du secteur des Btp souffrent, selon lui, le martyre, à cause de la dette abyssale de l’Etat qui doit à leurs employeurs plus de 250 milliards F Cfa. ‘’Les conséquences, souligne-til, sont désastreuses. Aujourd’hui, il y a des travailleurs qui ont été purement et simplement licenciés. D’autres envoyés au chômage technique et ceux qui ont été retenus cumulent les arriérés de salaires. C’est une situation explosive et nous demandons à l’Etat de le résoudre au plus vite’’. Du fait de cette dette due aux entreprises du secteur des bâtiments et travaux publics, plusieurs chantiers sont aujourd’hui à l’arrêt, au grand malheur des usagers.
Dans les localités concernées, c’est le chaos et la grande inquiétude. Monsieur Ndao confirme et précise : ‘’Les entreprises se sont retrouvées dans une situation telle qu’elles ne pouvaient plus continuer à supporter certaines charges. C’est ce qui explique l’arrêt de ces chantiers. Rien que pour le groupement des entreprises qui interviennent dans la réalisation du Train express régional, l’Etat doit plus de 70 milliards, aux dernières évaluations.’’ Parmi les plus grands créanciers, renseigne-t-il, il y a ce qu’on appelle les cinq majors, à savoir : Cde, Eiffage, Cse, Getran et Ecotra. Il précise : ‘’L’Etat doit au minimum 25 milliards à chacune de ces entreprises.’’ Et les conséquences sont tout simplement néfastes, et pour les entreprises et pour les employés, mais également pour l’économie. Jaraf Ndao ajoute : ‘’Cette situation est à l’origine de tensions dans les foyers. Des ménages risquent même d’éclater. Imaginez quelqu’un dont la famille est au village. Si le chef ou le soutien n’envoie pas d’argent, les gens restés au village pensent qu’il l’utilise à d’autres fins. Alors qu’il n’en est rien. Les gens peinent même à payer leur loyer.’’
Avant d’alerter dernièrement l’opinion publique, via la presse, les travailleurs, par divers moyens, avaient essayé de sensibiliser l’Etat par rapport à leur sort. Mais celui-ci semble plutôt sourd, insensible ou à tout le moins impuissant quant à une éventuelle résorption de la dette. ‘’D’abord, c’est le secrétaire général national Mody Guiro qui avait envoyé une correspondance au ministre pour lui expliquer la gravité de la situation. Mais cela n’avait pas abouti à du concret. C’est ainsi que nous avons tenu la conférence de presse’’, souligne le syndicaliste. Sous réserve de vérifications ultérieures, il rapporte avoir vu sur un site d’informations générales que le ministre a finalement annoncé, hier, qu’il va payer à hauteur de 100 milliards une partie de la dette. ‘’Je n’ai pas pu vérifier cette information, mais, en tout cas, nous attendons de voir. Ce qui est sûr, c’est que si l’Etat paie, nous serons informés. Nous espérons que cela se fasse dès demain (aujourd’hui) si l’info est avérée’’, s’empresse-t-il d’ajouter. Mais c’est à croire que ce même virus qui infecte le Btp n’épargne aujourd’hui aucun des secteurs qui contractent avec le gouvernement du Sénégal. En tout cas, si le Btp crie son désarroi, les établissements privés d’enseignement supérieur, eux, se sont vus contraints de renvoyer les étudiants orientés par l’Etat en dehors des salles de classe. Ces derniers s’étaient d’ailleurs jetés sur l’avenue Cheikh Anta Diop, avant-hier, pour accroitre la pression sur le gouvernement qu’ils somment de payer la dette en vue de leur permettre de reprendre les cours. En tout, c’est, selon certaines sources, plus d’une dizaine de milliards de F Cfa que l’Etat doit depuis l’année dernière. Compte non tenu des états de 2018-2019. Engagement a été pris de verser 8 milliards au cours du premier semestre de l’année 2019.
Le ministre, avant-hier à l’Ugb, annonçait, pour ce qui est de cet engagement, que c’est déjà dans le circuit. Mais, à en croire un de nos interlocuteurs, jusque-là, rien n’a été matérialisé. Ce qui a fini d’exaspérer les établissements privés qui avaient juré d’en découdre. Même l’Institut africain de management (Iam) dont les étudiants avaient jusque-là été épargnés par ces exclusions, du fait d’une assise financière assez solide, commence à réfléchir sérieusement sur cette lancinante question.
Son directeur général, Zacharia Tiemotoré, confie : ‘’C’est vrai que nous n’avons jamais voulu mettre dehors les étudiants qui ne sont responsables de rien. Grâce à la compréhension des enseignants qui interviennent dans ces classes et à nos ressources propres, nous avons toujours réussi à fonctionner et à couvrir les charges. Mais aujourd’hui, la situation est devenue intenable. Les gens ne sont plus sûrs de continuer à garder les étudiants dans les salles, si rien n’est fait.’’ Selon lui, l’établissement tout comme les enseignants avaient jusque-là fait preuve de solidarité et d’engagement patriotique. ‘’Mais nous sommes dans la même situation que toutes les autres entreprises à qui l’Etat doit de l’argent. Nous sommes en train d’examiner la situation pour voir quelle est la nouvelle posture à adopter. Conformément aux directives des organisations regroupant les établissements dont nous sommes membres’’.
En fait, si l’Iam en est arrivé là, selon le directeur général, c’est parce que depuis deux ans, l’Etat ne lui a rien donné. ‘’Nous n’avons rien reçu, aucun centime, je dis bien. La situation est ainsi devenue impossible’’, regrette-t-il. Autrefois très couru par les étudiants, l’établissement, ces dernières années, a été obligé de réduire drastiquement le nombre d’étudiants qu’il prend. ‘’Au début, nous étions à plus de 1 000. Aujourd’hui à 200 étudiants seulement. Vous voyez qu’on a nettement réduit, pour éviter de se retrouver dans des situations extrêmement difficiles’’. Il renchérit : ‘’C’est difficile pour les étudiants. C’est difficile pour les parents, pour les enseignants qui donnent des cours pendant des mois sans être rémunérés. Mais surtout pour les étudiants que nous essayons de comprendre. Nous ne savons pas combien de temps encore nous allons pouvoir tenir.’’
Par ailleurs, les acteurs du Btp comme ceux des établissements privés en appellent à plus d’informations et de respect des engagements. ‘’Nous essayons d’apporter notre contribution au mieux à l’effort national d’éducation et de formation de notre jeunesse. Nous souhaitons que l’Etat puisse aider en instaurant un dialogue permanent. Ce qui est parfois difficile, c’est de n’avoir aucune information. L’Etat doit se dire : voilà ce que je dois aux établissements, voilà comment je vais payer et voilà les délais. Ensuite, il se doit de les respecter. Ce déficit d’informations fiables nous empêche de nous organiser’’.
Rencontre, jeudi et vendredi, entre les établissements privés et la tutelle
Pour sa part, Jaraf Ndao souligne : ‘’La gestion de l’Etat, c’est une planification. L’Etat sait bien qu’il doit payer aux entreprises selon un échéancier bien établi. Comment, dans ces conditions, il a choisi de dépenser autant d’argent pour acheter des véhicules ou bien payer des factures téléphoniques ? Si on avait assez rationnalisé, on aurait pu éviter au travailleurs ce calvaire.’’ Aussi, faut-il le rappeler, l’Etat est aujourd’hui en train de se démener comme un beau diable pour arriver à bout de cette bête noire de la dette intérieure. Si nous ne sommes pas en mesure de confirmer l’engagement du ministre en charge des Finances envers le secteur des Btp, il nous a été confirmé que les établissements privés, eux, ont rencontré hier le ministre de tutelle.
D’ailleurs, indique Daour Diop, ils vont se rencontrer jeudi ou vendredi au plus tard, pour apporter une réponse commune aux propositions qui leur ont été faites. Pour rappel, alors qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur les hausses possibles des tarifs douaniers, l’Etat, par le biais des dernières lois de finances rectificatives, a pris une batterie de taxes nouvelles qui frappent un certain nombre de produits de consommation courante. Les prémices s’étaient pourtant fait sentir déjà en 2018, avec plusieurs nouvelles taxes dont la contribution spéciale du secteur des télécommunications, un prélèvement sur les compagnies d’assurance ainsi que le prélèvement sur les opérations de consignation de produits pétroliers. Bien avant cela, d’autres taxes avaient été instituées, notamment en ce qui concerne le ciment. Un malheur ne venant jamais seul, l’enseignant à la Faseg craint même que les choses aillent crescendo. ‘’Les dégâts risquent, dit-il, d’être incommensurables. Et cela peut affecter tout le tissu économique et même le taux de croissance’’.
En fait, fait-il remarquer, ‘’cette situation risque de toucher les ménages qui vont perdre en termes de pouvoir d’achat. Les entreprises du Btp, pendant ce temps, sont déjà dans le gouffre économique. Les boulangers, n’en parlons même pas avec la hausse du carburant qui va les affecter. Tout cela risque d’impacter le taux de croissance du Pib. Prions simplement que l’hivernage vienne nous sauver’’. Monsieur Babou de railler les statisticiens de l’Etat : ‘’Dans tous les cas, comme ils sont très forts, je suis sûr qu’ils vont encore venir nous parler d’un taux de 9 % par exemple.
MACKY SALL, LA QUADRATURE DU CERCLE
Au sortir du scrutin du 24 février 2019, contre toute attente, le candidat Macky Sall a été réélu avec un score très large, de l’ordre de 58,26% des suffrages, inversement proportionnelle avec sa cote de popularité plutôt déclinante avant cette élection
Au sortir du scrutin du 24 février 2019, contre toute attente, le candidat Macky Sall a été réélu avec un score très large, de l’ordre de 58,26% des suffrages, inversement proportionnelle avec sa cote de popularité plutôt déclinante avant ces joutes électorales. Avec une telle marge par rapport à ses adversaires, l’on pouvait penser que le président Macky Sall avait reçu l’onction de la majorité absolue des Sénégalais pour dérouler durant son second mandat et finir le travail en achevant, sans pression, ses chantiers entamés durant le premier mandat. Que nenni ! Aussitôt la prestation de serment faite et le nouvel attelage gouvernemental lancé sur les pistes, l’on s’est rendu compte que la partie ne serait pas facile et que ce second mandat ne serait pas ce long fleuve tranquille attendu. En effet, c’est parce que c’est un second mandat, c’est-à-dire le dernier, que le premier grand problème se pose, car les Sénégalais ont désormais affaire à un président Macky Sall sur le départ, dans 5 petites années. Et donc, à mesure que le temps passe, son autorité s’effrite et se réduit comme une peau de chagrin.
Son entourage, ses collaborateurs et même ses adversaires, lorgnent de plus en plus vers son potentiel successeur. On pense déjà à l’après-Macky Sall. Il ne suscite plus la même crainte, la même obséquiosité, voire le même respect, car la redoutable signature des décrets présidentiels va bientôt changer de main. Petit à petit, ses désirs ne sont plus des ordres. Ses ordres peinent à être exécutés. Ses coups de gueule ou tapes sur la table deviennent moins audibles. Déjà les premiers signes d’insubordination se font jour avec le projet de réhabilitation de la basilique NotreDame de la Délivrance de Poponguine qui tarde à se matérialiser.
En effet, le président Macky Sall avait instruit ses services d’engager les travaux de réfection de ce symbole du christianisme au Sénégal. Mais, rien n’a été fait depuis. Pourtant, le chef de l’Etat avait octroyé plus d’un milliard de francs CFA pour la réhabilitation du sanctuaire. Ça frise la désobéissance. Un autre qui n’est plus un béni oui-oui du président Macky Sall, c’est Moustapha Diakhaté, jusque-là incontournable à l’APR et dans les sphères de l’Etat avec sa casquette de président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakar, puis de celle de directeur de cabinet politique du président de la République, il a été tour à tour défénestré de ces deux strapontins.
Alors, depuis sa disgrâce, il a retrouvé sa liberté de ton et son indépendance d’esprit et n’hésite à se démarquer des positions de “l’Etat et du parti” et à tirer sur “le Macky”. Dans “l’affaire Petrotim”, Moustapha Diakhaté ne demandait pas moins que la démission d’Aliou Sall de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), et puis d’ajouter : “Qu’on ne se voile pas la face parce que c’est le frère du président que ça fait tourner, si c’était un citoyen simple les gens n’allaient pas accorder trop d’importance”, dit-il. Par cette occasion, Moustapha Diakhaté demande à Macky Sall de retirer les membres de sa famille ou de ses proches du gouvernement afin “d’éviter le syndrome Wade-fils Wade-père”. Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, Moustapha Diakhaté a demandé au président Macky Sall d’ordonner l’arrêt des poursuites contre l’activiste Guy Marius Sagna, arrêté et placé sous mandat de dépôt pour “fausse alerte au terrorisme”. Tout le monde aura ainsi remarqué que Moustapha Diakhaté continue à se distinguer par ses positions tranchées sur certaines questions qui occupent le centre de l'actualité. Il avait récemment indiqué, dans une sortie, que le président Macky Sall ne devait pas octroyer les permis d’exploitation du pétrole à Frank Timis. Après “l’affaire Petrotim”, Moustapha Diakhaté, décidément en verve, redoute un autre scandale “aux conséquences incalculables”. Il pense qu’il faut “casser absolument le mariage entre COS-Petrogaz, Petrosen et Monsieur Enjoy Ayuk Eyonk et décliner l’attribution de la distinction accordée au président de la République par la Chambre africaine d’énergie”. Ce n’est pas tout, puisque Moustapha Diakhaté réclame “l’annulation de la participation du Sénégal à la conférence-exposition Africa-Oil & Power 2019 prévue en Afrique du Sud” dans la mesure où notre pays “court un grand risque en collaborant avec un personnage poursuivi pour trafic de visas, blanchiment d’argent et implication dans un scandale de contrat pétrolier au Soudan”.
Pour finir, Moustapha Diakhaté estime que “une enquête doit être diligentée pour débusquer celles ou ceux qui ont introduit Monsieur Eyonk au Sénégal et auprès de son président”. Au lendemain de la formation du dernier gouvernement, Thérèse Faye Diouf, directrice de l’Agence de la Case des tout-petits, avait fait la gueule parce qu’elle avait été zappée de la liste des 32 intermittents du spectacle et des 2 secrétaires d’Etat. Il a fallu qu’elle soit reçue au palais présidentiel, pour que le chef de l’Etat la ramène à la raison et la décolère un peu. Même si, vraisemblablement il ne le fait pas exprès, Aliou Sall, n’a de cesse de pourrir la vie à son frère de président, dans ce second mandat, particulièrement mouvementé, avec toutes les casseroles trop bruyantes et clinquantes qu’il traine. Mais, le gros os que le président Macky Sall aura du mal à avaler dans cet ultime mandat, c’est cette attaque qu’il a subie jusque dans sa vie privée, dans ce qu’il est convenue d’appeler “l’affaire Adama Gaye” où le chef de l’Etat est présenté sous des traits odieux qui heurtent la morale et la décence.
Le dimanche 28 juillet 2019, une cinquantaine de jeunes apéristes sèment le chaos devant la maison familiale du président Macky Sall à Fatick. Le spectacle était ahurissant : des pneus encore fumants, des blocs de pierres jonchant le sol à la devanture de la maison familiale du chef de l’Etat, des troncs d’arbre pour bloquer les issues du quartier Peulhga. Les clichés, partagés sur la Toile, témoignent de la violence des scènes de la manifestation enclenchée par des jeunes désœuvrés, qui s’étaient engagés politiquement aux côtés de Macky Sall pour son élection en 2012 et sa réélection en 2019, mais qui s’estiment aujourd’hui “être laissés en rade”. L’un des dirigeants du groupe, Birane Guèye, 32 ans, a laissé éclater sa colère : “Quand il s’agissait de défendre les intérêts de notre leader, nous avons toujours été présents, surtout quand il avait des problèmes avec le président Wade. Nous avons tout donné pour ce parti [APR], mais aujourd’hui, on n’en peut plus. Nous avons suffisamment avalé de couleuvres. Cette manifestation est un signe d’alerte au président de la République et à sa famille. Nous n’accepterons plus d’être utilisés comme du bétail.
Tout le quartier de Peulhga est frustré contre le président de la République et les responsables politiques de Fatick. Si rien n’est fait, nous avons prévu d’autres manifestations plus radicales”. Le mercredi 31 juillet 2019, les “marrons du feu” ont manifesté leur mécontentement pour exiger leur intégration dans la Fonction publique, Ces “gros bras”, ces “nervis”, ou encore cette “milice” selon certains, qui assuraient la sécurité du candidat Macky Sall lors de campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2012, puis de celle de 2019, ont assiégé le domicile du chef de l’Etat sis au quartier Mermoz de Dakar pour se faire entendre de qui de droit. Mais, le rassemblement n’a duré que quelques minutes. Ils ont été rapidement dispersés par les éléments de la Gendarmerie intervenus avec force. Le lundi 5 août 2019, la circulation était bloquée sur la VDN, à Dakar, dans le sens Parcelles assainies-Ecole Normale et sur l’avenue Cheikh Anta Diop, pendant au moins 2 heures de temps. Raison de ces bouchons : la “Macky Family” avait barré la route et affrontait les policiers pour demander que l’Etat trouve une solution à leurs problèmes après que le cadre unitaire des organisations des établissements privés de l’enseignement supérieur du Sénégal (CUDOPES) a décidé de leur exclusion des universités privées où l’Etat du Sénégal les avait orientés, et qu’il n’avait pas honoré par la suite la dette de 18 milliards F CFA en souffrance. Incroyable mais vrai, le chantier du train express régional (TER) est quasiment à l’arrêt, faute de blé. L’Etat en banqueroute ? On n’est pas loin du compte. Pourtant l’Etat du Sénégal s’est toujours gargarisé et vanté d’avoir levé pas moins de 7356 milliards de F CFA au Groupe consultatif de Paris, des 17 et 18 décembre 2018, considéré comme un très grand succès. Les partenaires techniques et financiers du Sénégal ayant décidé de soutenir la seconde phase du Plan Sénégal émergent (PSE). Où est passé tout cet argent qui semble s’être volatilisé en un rien de temps ? Aujourd’hui, le Sénégal est classé parmi les pays les plus endettés de l'Afrique, par un rapport de la Banque Mondiale qui analyse la conjoncture économique africaine. Le niveau d'endettement augmente vite, voire trop vite même. Le service de la dette, soit la somme que le Sénégal doit payer chaque année pour honorer sa dette, s’élève à 30% des recettes de l’Etat.
D’après la situation économique et financière de la Direction de la prévision et des études économique (DPEE), l’encours de la dette publique totale projeté à 6564,2 milliards à fin 2018, n’a pas varié. De 3076 milliards en 2012, la dette a été presque doublée en 2016. En 2018, elle s’élevait à 6 420 milliards de CFA, avec un encours de 840 milliards de francs CFA. Soit 61.44% du Pib. L’économiste El Hadji Mounirou Ndiaye, enseignant chercheur au département Sciences économiques et de gestion de l'Université de Thiès, estime que le Sénégal ne peut pas continuer perpétuellement à avoir un service de la dette qui étrangle les finances publiques. Il alerte : "72 milliards de francs CFA de dettes payées par mois, 840 milliards à payer pour l'année 2018 alors qu'à côté vous n'avez que 70 milliards pour payer les salaires. Donc vous avez un service de la dette supérieur au montant des salaires. C'est cela le problème. D'ici quelques années, nous aurons dépassé les 70% et nous allons être le mauvais élève au niveau de l'UEMOA et nous allons être le pays qui va semer la panique ou même semer de l'anxiété au niveau de l'UEMOA". La situation est d'autant plus inquiétante que les emprunts ne sont pas toujours utilisés à bon escient, de l'avis de l'économiste. Qui interroge : "Comment pouvez-vous justifier 730 milliards mobilisés pour un Ter de 50 km, 57 milliards uniquement pour acheter des lampadaires, 30 milliards pour un building administratif en commettant en même temps la redondance d'entamer la construction de sphères ministérielles à Diamniadio ?
Le gouvernement éparpille ses moyens et ses forces dans des dépenses sans calcul économique". El Hadji Mounirou Ndiaye recommande au gouvernement d'adopter une démarche de rationalisation des dépenses. La tension de trésorerie que le ministère des finances essaie de nier en vain, se manifeste avec la dette de 250 milliards F CFA que l’Etat du Sénégal doit aux entreprises des BTP. En conférence de presse le jeudi 1er août 2019, Diaraf Ndao, secrétaire général du syndicat national des travailleurs de la construction des bâtiments et travaux publics privés (CNTS/BTP) met les pieds dans le plat : “La dette de l’Etat vis-à-vis des entreprises de BTP est devenue inquiétante et à la limite alarmante. Et la conséquence de cette dette, c’est l’arrêt de plusieurs chantiers, le chômage technique, les licenciements, les fournisseurs qui ne sont pas payés, les PME/PMI en stand-by, la suspension des contrats de sous-traitance, les difficultés avec les fournisseurs qui arrêtent leurs livraisons, les transporteurs qui retirent leurs camions, la fermeture programmée de certaines sociétés du secteur et les charges non prévues et j’en passe. Cela fait 10 mois que les entreprises ne sont pas payées. Cela concerne 5 grandes entreprises du secteur (Compagnie sahélienne d’entreprise (CSE), Eiffage-Sénégal, Consortium d’entreprises (CDE), Société sénégalaise de terrassement (SOSETER), Getran) Aujourd’hui, le PSE cher au président Macky Sall est porté par les BTP. Combien de chantiers, de réalisations ont été réceptionnés en grande pompe où les entreprises nous ont fait travailler à des heures creuses terribles pour que ces travaux-là puissent être livrés à date échue. Et cela a été fait. L’exemple le plus patent c’est le train express régional (TER). C’était un défi du président de la République de réceptionner le TER le 19 janvier 2019. Toutes les entreprises se sont constituées pour réaliser ce projet en bijou aujourd’hui. On était à 2800 travailleurs, on a licencié entre 2000 et 2500. L’ardoise que l’Etat doit à ce groupement est devenue très importante : 75 milliards F CFA”.
A leurs yeux, l’Etat est en mesure de payer ses arriérés, puisque une voix autorisée au sommet de l’Etat récemment a déclaré que “les caisses de l’Etat se portent assez bien”. Mais, “Comment peut-on avouer que les caisses de l’Etat sont pleines et qu’on ne paie pas, surtout pour des travaux qui ont été réalisés et inaugurés par le président de la République ?”, s’est interrogé Diaraf Ndao. Ce qui a donné des urticaires aux travailleurs des BTP, ce sont les “mensonges d’Etat” du ministre des finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo, qui dit que “L’Etat ne doit aucun sou aux entreprises”.
Aussi, les syndicalistes du secteur des BTP invitent-ils l’argentier de l’Etat à jurer la main sur le Saint Coran (comme Aliou Sall ?) pour dire que l’Etat ne doit rien aux entreprises. “Il ne le fera jamais”, assurent-ils. Selon eux, les collaborateurs du chef de l’Etat ne lui disent pas la vérité. Maintenant, ils sont prêts à rencontrer le président de la République. Ils s’attendent, d’ici à deux mois, que la dette soit apurée. Maintenant que Mody Guiro, secrétaire général national de la CNTS, qui a pris part à la conférence de presse du syndicat des travailleurs des BTP, déclare que “la CNTS sera avec les travailleurs du Bâtiment et partagera avec eux tous les plans d’actions”, on peut dès lors croire que ça va barder. La dèche de l’Etat touche d’autres secteurs névralgiques comme celle de l’électricité. A cause d’une dette de 247 milliards F CFA due par l’Etat du Sénégal à la SENELEC, cette entreprise stratégique peine à s’approvisionner en fuel pour ses centrales. C’est l’explication du retour en force des délestages qu’on croyait derrière nous. La situation va empirer dans les prochains jours. Par ailleurs, la crise d’autorité au sommet de l’Etat, handicapante, est aussi accentuée par le manque de crédibilité de la parole du chef de l’Etat. Chat échaudé craignant l’eau froide, les Sénégalais qui ont expérimenté les innombrables “wax waxeet” (reniements) du président Macky Sall, comme sur l’engagement à réduire son mandat de 7 à 5 ans ou sur celui de ne jamais nommer son frère, Aliou Sall, par décret, à un poste public, prennent désormais les promesses du président Macky Sall avec des pincettes.
Sa parole ne vaut plus un kopek. Il s’y ajoute que le président Macky Sall avait un agenda caché, en mettant sous le boisseau, pendant la dernière campagne électorale, le projet de suppression du poste de Premier ministre ainsi que la décision de hausse des prix des hydrocarbures et des produits pétroliers, pour appliquer “la vérité des prix” et se conformer ainsi aux injonctions asociales des bailleurs de fonds. Pas sûr que les Sénégalais auraient voté comme ils l’ont fait le 24 février dernier s’ils avaient su ce que Macky Sall leur réservait après sa réélection. Toujours est-il que des lendemains extrêmement pénibles attendent les Sénégalais, et ils n’auront que leurs yeux pour pleurer. Mais, qu’ils ne se fassent pas d’illusions, ce n’est pas Macky Sall qui va leur sécher les larmes. Depuis qu’ils l’ont réélu, les Sénégalais ne l’intéressent plus. Seulement, en mettant leur situation de misère en corrélation avec la bamboula au sommet de l’Etat, avec des gouvernants indifférents, insouciants, insolents et irresponsables, qui plus est, ne se privent de rien, les Sénégalais vont finir un jour par craquer. Le réchauffement du climat social est la chose la plus probable dans de telles conditions.
Poussé dans ses derniers retranchements par une opposition qui ne veut rien lui concéder, toujours pas reconnu, en tant que président de la République, par ses adversaires de la Présidentielle, Macky Sall cherche un bol d’air. Deux évènements providentiels auraient pu l’aider à avoir un répit et à desserrer l’étau autour de lui : le Dialogue national et la CAN 2019 en Egypte. Raté ! Même l’évènement fortuit du décès d’Ousmane Tanor Dieng, qui a poussé, par exemple, la Plateforme “Aar Liñu Bokk” à suspendre ses mouvements d’humeur, pour observer une période de deuil de 15 jours, avant de reprendre les hostilités contre le pouvoir, n’a pas fait faiblir les mouvements de contestation pour acculer le pouvoir. Avec la défaite des “Lions” en finale de la CAN, le président Macky Sall a dû faire le deuil de son de rêve de faire de la récupération politique d’une éventuelle victoire de la bande à Sadio Mané sur les bords du Nil. Défaits, les “Lions” ont pourtant eu droit, au Sénégal, à un accueil en or, comme des héros, pour des médaillés en argent. On ne savait pas que la vacuité de l’armoire à trophées des “Lions” pouvait pousser l’Etat et des populations friands et dépourvus de titres majeurs, à en arriver là, à fêter… une défaite. Maintenant, le plus grand paradoxe, c’est qu’un régime si mal en point, trouve encore le temps, les ressorts et les ressources pour poursuivre sa frénésie totalitaire alors qu’il est empêtré dans de grandes difficultés qui constituent un vaste programme en soi. Sinon, comment comprendre l’acharnement de l’Etat contre Guy Marius Sagna et Adama Gaye. Toujours est-il que, pilonné de toutes parts, ses domiciles de Fatick au quartier Peulhga et de Dakar au quartier Mermoz, attaqués par ses partisans, mais aussi son propre frère qui lui cause autant d’ennuis, le président Macky Sall Macky Sall est partout chahuté et tutoyé. C’est la fin d’un mythe. Pire, il ne peut même plus compter sur ses collaborateurs immédiats, avec son entourage politique qui se dégarnit : décès brutal d’Ousmane Tanor Dieng, un de ses plus fidèles et loyaux alliés, l’ex Premier ministre Mahamad Boune Abdallah Dionne, malade et hospitalisé en France, le ministre d’Etat Amath Dansokho, un autre allié, malade et en retrait, El Hadji Hamidou Kassé, ex-chargé de la communication du président de la République, limogé, Moustapha Diakhaté, un fidèle parmi les fidèles, limogé itou. Voilà un président désormais seul, esseulé et solitaire. La solitude du pouvoir. Il faut le dire, il y a
des moments où le mauvais sort semble s’acharner sur soi. Alors qu’il avait décidé de raccompagner son ami Ousmane Tanor Dieng jusqu’à sa dernière demeure, le président Macky Sall a vu sa limousine présidentielle prendre feu à l’entrée de Nguéniène. Pire, cet incident pourrait même être considéré comme une honte pour le Sénégal et son président car le véhicule, une Mercedes Maybach S 600, a flambé en présence d’un hôte du Sénégal, le président Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, venu assister aux obsèques de son ami Ousmane Tanor Dieng, et qui avait pris place dans la voiture, aux côtés du président Macky Sall. Un des facteurs bloquants du bon fonctionnement de l’Etat, est imputable au président Macky Sall du fait de son manque de cran et de fermeté pour assumer ses actes, sans états d’âme, quand il s’agit, par exemple, de sévir dans son propre camp.
En véritable papa-poule, le président Macky Sall, qui a un mal fou à sanctionner négativement ses collaborateurs qui n’auraient pas donné satisfaction, a commencé à battre le rappel des “bannis”, avec le retour en force des anciens ministres limogés dans le dernier remaniement du gouvernement, et qui reprennent du service, les uns après les autres. Une planque par ci, un strapontin par-là, un fromage par là-bas. Et voilà, tout le monde est (re)servi. Tant pis pour le budget et le train de l’Etat qui s’en trouve gravement grevé. Et va pour l’impunité. Vogue la galère pour le pauvre Sénégalais qui cherche désespérément le diable pour lui tirer la queue.
Sous des airs de “ñangal”, Macky Sall est pourtant loin de cet homme à poigne – une des facettes des grands dirigeants – dont l’autorité s’impose d’elle-même. La preuve, il a du mal à discipliner ses troupes de l’APR, très dissipées, et qui se comportent comme une armée mexicaine. Sa couardise fait qu’il n’a pas le courage d’affronter dans les urnes ses adversaires politiques les plus redoutables, à l’image de Karim Wade ou de Khalifa Sall, mais préfère se réfugier derrière une justice aux ordres et à double vitesse, pour les emprisonner, afin de se retrouver avec le “menu fretin” pris pour des faire-valoir, en vue de légitimer sa “réélection démocratique” du 24 février 2019 qu’il a de la gêne de célébrer. Et pour cause. Maintenant, si les intentions à lui prêtées, de nourrir l’ambition secrète de briguer en 2024 un troisième mandat anticonstitutionnel sont avérées, le président Macky Sall est mal barré. Déjà que les Sénégalais, traumatisés par la “jurisprudence Wade” ne se laisseraient pas faire, il vendangerait aussi toutes ses chances d’entrer dans l’histoire, mais à l’idée de revivre, dans ce troisième mandat hypothétique, quasiment les mêmes problèmes qui lui tombent dessus avec le mandat en cours, il est fort à parier que le président Sall hésitera beaucoup avant de relever le challenge. Et puis, personne ne connaît à Macky Sall la capacité de résilience pour supporter la tension et la pression, sur une longue durée, sans flancher.