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19 juillet 2025
"LES AMÉRICAINS ONT LE SENTIMENT QUE LA RACE BLANCHE EST MENACÉE"
Accusé d’attiser la haine raciale, Trump s’est rendu mercredi à El Paso et à Dayton, théâtres de tueries ce week-end. Selon le démographe Hervé Le Bras, le racisme reste ancré dans la culture américaine
«Notre nation doit condamner d’une seule voix le racisme, le sectarisme et le suprématisme blanc», a déclaré lundi Donald Trump. Deux jours plus tôt, un homme de 21 ans tuait 22 personnes dans un centre commercial d’El Paso, ville à la frontière mexicaine. Avant de passer à l’acte, il avait publié sur le forum 8Chanun manifeste dans lequel il dénonçait l’«invasion» hispanique du Texas et embrassait la théorie du «grand remplacement» de l’extrémiste Renaud Camus.
Après les attaques à Charleston (2015), Pittsburgh (2018) et San Diego (avril), les Etats-Unis sont donc de nouveau confrontés aux violences d’extrême droite. Selon le centre d’analyse New America, ces dernières ont fait plus de victimes en 2017 et 2018 aux Etats-Unis que les attaques jihadistes. Pour Hervé Le Bras, chercheur émérite à l’Institut national d’études démographiques (Ined), le racisme, que Trump est accusé d’alimenter, reste profondément ancré dans la société américaine.
Comment expliquer que la théorie du «grand remplacement» se propage aux Etats-Unis ?
Là-bas, cette idée ne date pas d’aujourd’hui. Au XIXe siècle, les mouvements nativistes étaient organisés à la faveur du rejet de l’immigration, en particulier des Irlandais, des Italiens puis des populations d’Europe centrale.
Quelles sont les caractéristiques des mouvements adeptes de cette théorie ?
Ceux-ci refusent le mélange et le métissage. Il s’agit de la forme la plus pure du racisme. Dans son Essai sur l’inégalité des races humaines (1855), Arthur de Gobineau, l’un des grands théoriciens du racisme, s’opposait déjà à ce que les Aryens se mélangent. Or l’histoire a montré que le métissage est de plus en plus répandu, y compris aux Etats-Unis, où toutes les unions mixtes sont en progression. Entre 1980 et 2008, la part des jeunes mariés avec un époux ou une épouse de «race» ou «ethnie» différente est passée de 6,7 % à 14,6 %.
La peur du mélange peut-elle s’expliquer par le fait que les sociétés sont de plus en plus métissées ?
Peut-être. Mais si on prend le cas de Gobineau, cette peur du métissage était abstraite. Il s’agissait de quelque chose de plus profond qui repose sur l’idée qu’on ne devait pas mélanger son sang, plus qu’un refus d’un métissage qui progresserait. En 2012, le New York Times publiait par exemple un article intitulé «Les Blancs représentent moins de la moitié des naissances aux Etats-Unis». En réalité, c’est beaucoup plus compliqué que cela…
C’est-à-dire ?
Avec le passé de l’esclavage [1619-1865, ndlr], le pays a pris l’habitude de mesurer les «races», de caractériser les personnes selon ce critère. Les Américains ont le sentiment que ces races sont séparées et que celle dite «blanche» est menacée. Mais quand on regarde en détail leurs statistiques, on voit que la notion de «Blanc» est très restrictive.
Lors du recensement, les Hispaniques, mais aussi les personnes ayant indiqué plusieurs entrées à la question raciale [depuis 2001, plusieurs cases peuvent être cochées : Blanc, Noir, Amérindien, Asiatique, autres] ne sont pas considérés comme des Blancs. Or près de 95 % des Latino-Américains se déclarent Blancs et plus de 6 % des femmes cochent plusieurs cases à la naissance de leur enfant. Donc, certes, les Blancs représentaient moins de la moitié des nouveau-nés aux Etats-Unis il y a sept ans, mais avec cette définition très restrictive de ce qu’est une personne blanche. Dans l’acception la plus large, où l’on compte toutes les naissances pour lesquelles au moins un des parents a indiqué une race blanche, cela concerne près de 80 % d’entre elles.
Peut-on donc dire que l’Amérique est raciste ?
Oui, absolument. Les statistiques excluent le métissage et les origines latines. Il s’agit clairement de l’un des critères les plus forts du racisme. On assiste au retour d’une vieille règle américaine du temps de l’esclavage et de la ségrégation appelée «One Drop Rule» [«la règle de l’unique goutte de sang»], quand on comptait comme «Noir» tout individu ayant au moins un ascendant noir.
Donald Trump contribue-t-il à nourrir la peur de l’immigration ?
Bien sûr. Mais ce qui est plus grave, c’est que ses déclarations, jusqu’à présent centrées sur la question de l’immigration, ont même viré au racisme. C’est de cela dont il est accusé après avoir invité quatre élues démocrates issues de minorités à «retourner d’où elles venaient». Ce climat peut pousser des gens à commettre des attaques en pensant qu’ils agissent pour la bonne cause.
ZOOM SUR LE MARASME ECONOMIQUE
Dans ce contexte de raréfaction des ressources, tous les moyens semblent bons pour renflouer les caisses de l’Etat. Et comme souvent, ce sont les ménages qui trinquent.
Des coupes budgétaires par-ci, des augmentations de taxes par-là… Aujourd’hui, c’est un euphémisme de dire que l’Etat est dans une situation plus que difficile. Les signaux sont au rouge et ils sont nombreux, les économistes qui n’ont eu de cesse de lancer des alertes.
Meissa Babou, Professeur à la faculté des Sciences économiques et de gestion de l’Ucad, fait partie de ces spécialistes. Par rapport à la hausse presque généralisée des prix de certains produits, il explique : ‘’C’est parce que l’Etat n’a que son budget qui est essentiellement alimenté à partir des taxes et droits de douane. Avant, il pouvait aller s’endetter auprès des marchés financiers, mais aujourd’hui ses marges de manœuvre sont limitées.
La Banque mondiale comme le Fmi ne lui permettent plus de continuer à s’endetter de manière incontrôlée et les recettes propres ne suffisent plus. C’est pourquoi l’Etat cherche, par des micmacs fiscaux, à trouver des ressources pour ses besoins. Tous ces facteurs entrent dans ce qu’on appelle un ajustement structurel qui ne dit pas son nom. C’est dommage et c’est dommage pour les consommateurs que nous sommes.’’
En fait, Babou estime que ces derniers se verront dans l’obligation de payer pour des pots qu’ils n’ont nullement cassés. Il s’agit précisément, selon lui, ‘’des erreurs d’emprunts d’Amadou Ba’’ ainsi que des ‘’mauvais choix du gouvernement’’. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les faits semblent lui donner raison, avec la hausse presque généralisée de certains produits de consommation courante. C’est le cas, par exemple, du ciment et du carburant qui font l’actualité. Deux produits essentiels qui touchent presque tous les acteurs. Certains redoutent d’ailleurs une hausse potentielle d’autres produits dont l’électricité et le gaz butane. Comment en est-on arrivé là ?
L’économiste explique : ‘’Il y a plusieurs facteurs. Le premier, c’est les mauvais choix de gouvernance avec des travaux comme le Ter qui nous coûte près de mille milliards de F Cfa. Avec un tel montant, on aurait quand même pu choisir de construire 5 universités et 20 hôpitaux. C’est ce qui me pousse à dire que les choix politiques ne sont pas rationnels. Le deuxième facteur, c’est l’endettement chronique d’Amadou Ba. On est presque à un service de la dette de près de 80 milliards que le Sénégal ne peut pas supporter. Sans compter le train de vie très élevé de l’Etat.’’ Selon l’enseignant, le Sénégal, ‘’petit pays’’, ne peut pas se permettre d’avoir plus de 80 ministres et ministres conseillers, un Hcct de 150 personnes qui ont presque rang de députés, avec tout ce que ça coûte, plus de 300 milliards pour des véhicules.
Avant de poursuivre : ‘’J’ai failli tomber des nues quand j’ai appris qu’un ministre a plus de 500 mille francs de crédit dans son téléphone. Voilà ce que nous sommes en train de payer, nous pauvres ‘goorgoorlu’. C’est aussi ce qui nous vaut d’ailleurs les brimades de la Banque mondiale et du Fmi.’’ Ainsi, le spécialiste dit accorder plus de crédit à la réalité du marché et au ressenti des Sénégalais plutôt qu’aux chiffres officiels annoncés çà et là. ‘’Ce qui est sûr, et que personne ne peut contester, c’est que la situation est difficile. L’Etat, qui est le principal promoteur de cette économie, est dans une situation critique avec un déficit de trésorerie énorme. Les dettes s’accumulent et poussent même des acteurs que l’on n’avait pas l’habitude d’entendre comme les Btp ruer dans les brancards. Cela montre, à suffisance, que la situation est difficile pour tout le monde.
‘’Les conséquences sont désastreuses’’
Ce travailleur des Btp, qui a préféré garder l’anonymat, ne dit pas autre chose. Très amer et remonté contre l’Etat qu’il accuse d’être responsable de ses maux, il pleure un salaire qui ne tombe pas depuis plus de deux mois. ‘’Cela avait démarré avec des retards, c’est par la suite qu’on est allé vers des arriérés. C’est très difficile.
Imaginez un chef de famille qui reste sans salaire pendant plus de deux mois. C’est vraiment infernale la situation que nous sommes en train de vivre’’, souffle-til désespéré. A en croire le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de la construction, Jaraf Ndao, ce cas est loin d’être isolé. Les travailleurs du secteur des Btp souffrent, selon lui, le martyre, à cause de la dette abyssale de l’Etat qui doit à leurs employeurs plus de 250 milliards F Cfa. ‘’Les conséquences, souligne-til, sont désastreuses. Aujourd’hui, il y a des travailleurs qui ont été purement et simplement licenciés. D’autres envoyés au chômage technique et ceux qui ont été retenus cumulent les arriérés de salaires. C’est une situation explosive et nous demandons à l’Etat de le résoudre au plus vite’’. Du fait de cette dette due aux entreprises du secteur des bâtiments et travaux publics, plusieurs chantiers sont aujourd’hui à l’arrêt, au grand malheur des usagers.
Dans les localités concernées, c’est le chaos et la grande inquiétude. Monsieur Ndao confirme et précise : ‘’Les entreprises se sont retrouvées dans une situation telle qu’elles ne pouvaient plus continuer à supporter certaines charges. C’est ce qui explique l’arrêt de ces chantiers. Rien que pour le groupement des entreprises qui interviennent dans la réalisation du Train express régional, l’Etat doit plus de 70 milliards, aux dernières évaluations.’’ Parmi les plus grands créanciers, renseigne-t-il, il y a ce qu’on appelle les cinq majors, à savoir : Cde, Eiffage, Cse, Getran et Ecotra. Il précise : ‘’L’Etat doit au minimum 25 milliards à chacune de ces entreprises.’’ Et les conséquences sont tout simplement néfastes, et pour les entreprises et pour les employés, mais également pour l’économie. Jaraf Ndao ajoute : ‘’Cette situation est à l’origine de tensions dans les foyers. Des ménages risquent même d’éclater. Imaginez quelqu’un dont la famille est au village. Si le chef ou le soutien n’envoie pas d’argent, les gens restés au village pensent qu’il l’utilise à d’autres fins. Alors qu’il n’en est rien. Les gens peinent même à payer leur loyer.’’
Avant d’alerter dernièrement l’opinion publique, via la presse, les travailleurs, par divers moyens, avaient essayé de sensibiliser l’Etat par rapport à leur sort. Mais celui-ci semble plutôt sourd, insensible ou à tout le moins impuissant quant à une éventuelle résorption de la dette. ‘’D’abord, c’est le secrétaire général national Mody Guiro qui avait envoyé une correspondance au ministre pour lui expliquer la gravité de la situation. Mais cela n’avait pas abouti à du concret. C’est ainsi que nous avons tenu la conférence de presse’’, souligne le syndicaliste. Sous réserve de vérifications ultérieures, il rapporte avoir vu sur un site d’informations générales que le ministre a finalement annoncé, hier, qu’il va payer à hauteur de 100 milliards une partie de la dette. ‘’Je n’ai pas pu vérifier cette information, mais, en tout cas, nous attendons de voir. Ce qui est sûr, c’est que si l’Etat paie, nous serons informés. Nous espérons que cela se fasse dès demain (aujourd’hui) si l’info est avérée’’, s’empresse-t-il d’ajouter. Mais c’est à croire que ce même virus qui infecte le Btp n’épargne aujourd’hui aucun des secteurs qui contractent avec le gouvernement du Sénégal. En tout cas, si le Btp crie son désarroi, les établissements privés d’enseignement supérieur, eux, se sont vus contraints de renvoyer les étudiants orientés par l’Etat en dehors des salles de classe. Ces derniers s’étaient d’ailleurs jetés sur l’avenue Cheikh Anta Diop, avant-hier, pour accroitre la pression sur le gouvernement qu’ils somment de payer la dette en vue de leur permettre de reprendre les cours. En tout, c’est, selon certaines sources, plus d’une dizaine de milliards de F Cfa que l’Etat doit depuis l’année dernière. Compte non tenu des états de 2018-2019. Engagement a été pris de verser 8 milliards au cours du premier semestre de l’année 2019.
Le ministre, avant-hier à l’Ugb, annonçait, pour ce qui est de cet engagement, que c’est déjà dans le circuit. Mais, à en croire un de nos interlocuteurs, jusque-là, rien n’a été matérialisé. Ce qui a fini d’exaspérer les établissements privés qui avaient juré d’en découdre. Même l’Institut africain de management (Iam) dont les étudiants avaient jusque-là été épargnés par ces exclusions, du fait d’une assise financière assez solide, commence à réfléchir sérieusement sur cette lancinante question.
Son directeur général, Zacharia Tiemotoré, confie : ‘’C’est vrai que nous n’avons jamais voulu mettre dehors les étudiants qui ne sont responsables de rien. Grâce à la compréhension des enseignants qui interviennent dans ces classes et à nos ressources propres, nous avons toujours réussi à fonctionner et à couvrir les charges. Mais aujourd’hui, la situation est devenue intenable. Les gens ne sont plus sûrs de continuer à garder les étudiants dans les salles, si rien n’est fait.’’ Selon lui, l’établissement tout comme les enseignants avaient jusque-là fait preuve de solidarité et d’engagement patriotique. ‘’Mais nous sommes dans la même situation que toutes les autres entreprises à qui l’Etat doit de l’argent. Nous sommes en train d’examiner la situation pour voir quelle est la nouvelle posture à adopter. Conformément aux directives des organisations regroupant les établissements dont nous sommes membres’’.
En fait, si l’Iam en est arrivé là, selon le directeur général, c’est parce que depuis deux ans, l’Etat ne lui a rien donné. ‘’Nous n’avons rien reçu, aucun centime, je dis bien. La situation est ainsi devenue impossible’’, regrette-t-il. Autrefois très couru par les étudiants, l’établissement, ces dernières années, a été obligé de réduire drastiquement le nombre d’étudiants qu’il prend. ‘’Au début, nous étions à plus de 1 000. Aujourd’hui à 200 étudiants seulement. Vous voyez qu’on a nettement réduit, pour éviter de se retrouver dans des situations extrêmement difficiles’’. Il renchérit : ‘’C’est difficile pour les étudiants. C’est difficile pour les parents, pour les enseignants qui donnent des cours pendant des mois sans être rémunérés. Mais surtout pour les étudiants que nous essayons de comprendre. Nous ne savons pas combien de temps encore nous allons pouvoir tenir.’’
Par ailleurs, les acteurs du Btp comme ceux des établissements privés en appellent à plus d’informations et de respect des engagements. ‘’Nous essayons d’apporter notre contribution au mieux à l’effort national d’éducation et de formation de notre jeunesse. Nous souhaitons que l’Etat puisse aider en instaurant un dialogue permanent. Ce qui est parfois difficile, c’est de n’avoir aucune information. L’Etat doit se dire : voilà ce que je dois aux établissements, voilà comment je vais payer et voilà les délais. Ensuite, il se doit de les respecter. Ce déficit d’informations fiables nous empêche de nous organiser’’.
Rencontre, jeudi et vendredi, entre les établissements privés et la tutelle
Pour sa part, Jaraf Ndao souligne : ‘’La gestion de l’Etat, c’est une planification. L’Etat sait bien qu’il doit payer aux entreprises selon un échéancier bien établi. Comment, dans ces conditions, il a choisi de dépenser autant d’argent pour acheter des véhicules ou bien payer des factures téléphoniques ? Si on avait assez rationnalisé, on aurait pu éviter au travailleurs ce calvaire.’’ Aussi, faut-il le rappeler, l’Etat est aujourd’hui en train de se démener comme un beau diable pour arriver à bout de cette bête noire de la dette intérieure. Si nous ne sommes pas en mesure de confirmer l’engagement du ministre en charge des Finances envers le secteur des Btp, il nous a été confirmé que les établissements privés, eux, ont rencontré hier le ministre de tutelle.
D’ailleurs, indique Daour Diop, ils vont se rencontrer jeudi ou vendredi au plus tard, pour apporter une réponse commune aux propositions qui leur ont été faites. Pour rappel, alors qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur les hausses possibles des tarifs douaniers, l’Etat, par le biais des dernières lois de finances rectificatives, a pris une batterie de taxes nouvelles qui frappent un certain nombre de produits de consommation courante. Les prémices s’étaient pourtant fait sentir déjà en 2018, avec plusieurs nouvelles taxes dont la contribution spéciale du secteur des télécommunications, un prélèvement sur les compagnies d’assurance ainsi que le prélèvement sur les opérations de consignation de produits pétroliers. Bien avant cela, d’autres taxes avaient été instituées, notamment en ce qui concerne le ciment. Un malheur ne venant jamais seul, l’enseignant à la Faseg craint même que les choses aillent crescendo. ‘’Les dégâts risquent, dit-il, d’être incommensurables. Et cela peut affecter tout le tissu économique et même le taux de croissance’’.
En fait, fait-il remarquer, ‘’cette situation risque de toucher les ménages qui vont perdre en termes de pouvoir d’achat. Les entreprises du Btp, pendant ce temps, sont déjà dans le gouffre économique. Les boulangers, n’en parlons même pas avec la hausse du carburant qui va les affecter. Tout cela risque d’impacter le taux de croissance du Pib. Prions simplement que l’hivernage vienne nous sauver’’. Monsieur Babou de railler les statisticiens de l’Etat : ‘’Dans tous les cas, comme ils sont très forts, je suis sûr qu’ils vont encore venir nous parler d’un taux de 9 % par exemple.
MACKY SALL, LA QUADRATURE DU CERCLE
Au sortir du scrutin du 24 février 2019, contre toute attente, le candidat Macky Sall a été réélu avec un score très large, de l’ordre de 58,26% des suffrages, inversement proportionnelle avec sa cote de popularité plutôt déclinante avant cette élection
Au sortir du scrutin du 24 février 2019, contre toute attente, le candidat Macky Sall a été réélu avec un score très large, de l’ordre de 58,26% des suffrages, inversement proportionnelle avec sa cote de popularité plutôt déclinante avant ces joutes électorales. Avec une telle marge par rapport à ses adversaires, l’on pouvait penser que le président Macky Sall avait reçu l’onction de la majorité absolue des Sénégalais pour dérouler durant son second mandat et finir le travail en achevant, sans pression, ses chantiers entamés durant le premier mandat. Que nenni ! Aussitôt la prestation de serment faite et le nouvel attelage gouvernemental lancé sur les pistes, l’on s’est rendu compte que la partie ne serait pas facile et que ce second mandat ne serait pas ce long fleuve tranquille attendu. En effet, c’est parce que c’est un second mandat, c’est-à-dire le dernier, que le premier grand problème se pose, car les Sénégalais ont désormais affaire à un président Macky Sall sur le départ, dans 5 petites années. Et donc, à mesure que le temps passe, son autorité s’effrite et se réduit comme une peau de chagrin.
Son entourage, ses collaborateurs et même ses adversaires, lorgnent de plus en plus vers son potentiel successeur. On pense déjà à l’après-Macky Sall. Il ne suscite plus la même crainte, la même obséquiosité, voire le même respect, car la redoutable signature des décrets présidentiels va bientôt changer de main. Petit à petit, ses désirs ne sont plus des ordres. Ses ordres peinent à être exécutés. Ses coups de gueule ou tapes sur la table deviennent moins audibles. Déjà les premiers signes d’insubordination se font jour avec le projet de réhabilitation de la basilique NotreDame de la Délivrance de Poponguine qui tarde à se matérialiser.
En effet, le président Macky Sall avait instruit ses services d’engager les travaux de réfection de ce symbole du christianisme au Sénégal. Mais, rien n’a été fait depuis. Pourtant, le chef de l’Etat avait octroyé plus d’un milliard de francs CFA pour la réhabilitation du sanctuaire. Ça frise la désobéissance. Un autre qui n’est plus un béni oui-oui du président Macky Sall, c’est Moustapha Diakhaté, jusque-là incontournable à l’APR et dans les sphères de l’Etat avec sa casquette de président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakar, puis de celle de directeur de cabinet politique du président de la République, il a été tour à tour défénestré de ces deux strapontins.
Alors, depuis sa disgrâce, il a retrouvé sa liberté de ton et son indépendance d’esprit et n’hésite à se démarquer des positions de “l’Etat et du parti” et à tirer sur “le Macky”. Dans “l’affaire Petrotim”, Moustapha Diakhaté ne demandait pas moins que la démission d’Aliou Sall de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), et puis d’ajouter : “Qu’on ne se voile pas la face parce que c’est le frère du président que ça fait tourner, si c’était un citoyen simple les gens n’allaient pas accorder trop d’importance”, dit-il. Par cette occasion, Moustapha Diakhaté demande à Macky Sall de retirer les membres de sa famille ou de ses proches du gouvernement afin “d’éviter le syndrome Wade-fils Wade-père”. Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, Moustapha Diakhaté a demandé au président Macky Sall d’ordonner l’arrêt des poursuites contre l’activiste Guy Marius Sagna, arrêté et placé sous mandat de dépôt pour “fausse alerte au terrorisme”. Tout le monde aura ainsi remarqué que Moustapha Diakhaté continue à se distinguer par ses positions tranchées sur certaines questions qui occupent le centre de l'actualité. Il avait récemment indiqué, dans une sortie, que le président Macky Sall ne devait pas octroyer les permis d’exploitation du pétrole à Frank Timis. Après “l’affaire Petrotim”, Moustapha Diakhaté, décidément en verve, redoute un autre scandale “aux conséquences incalculables”. Il pense qu’il faut “casser absolument le mariage entre COS-Petrogaz, Petrosen et Monsieur Enjoy Ayuk Eyonk et décliner l’attribution de la distinction accordée au président de la République par la Chambre africaine d’énergie”. Ce n’est pas tout, puisque Moustapha Diakhaté réclame “l’annulation de la participation du Sénégal à la conférence-exposition Africa-Oil & Power 2019 prévue en Afrique du Sud” dans la mesure où notre pays “court un grand risque en collaborant avec un personnage poursuivi pour trafic de visas, blanchiment d’argent et implication dans un scandale de contrat pétrolier au Soudan”.
Pour finir, Moustapha Diakhaté estime que “une enquête doit être diligentée pour débusquer celles ou ceux qui ont introduit Monsieur Eyonk au Sénégal et auprès de son président”. Au lendemain de la formation du dernier gouvernement, Thérèse Faye Diouf, directrice de l’Agence de la Case des tout-petits, avait fait la gueule parce qu’elle avait été zappée de la liste des 32 intermittents du spectacle et des 2 secrétaires d’Etat. Il a fallu qu’elle soit reçue au palais présidentiel, pour que le chef de l’Etat la ramène à la raison et la décolère un peu. Même si, vraisemblablement il ne le fait pas exprès, Aliou Sall, n’a de cesse de pourrir la vie à son frère de président, dans ce second mandat, particulièrement mouvementé, avec toutes les casseroles trop bruyantes et clinquantes qu’il traine. Mais, le gros os que le président Macky Sall aura du mal à avaler dans cet ultime mandat, c’est cette attaque qu’il a subie jusque dans sa vie privée, dans ce qu’il est convenue d’appeler “l’affaire Adama Gaye” où le chef de l’Etat est présenté sous des traits odieux qui heurtent la morale et la décence.
Le dimanche 28 juillet 2019, une cinquantaine de jeunes apéristes sèment le chaos devant la maison familiale du président Macky Sall à Fatick. Le spectacle était ahurissant : des pneus encore fumants, des blocs de pierres jonchant le sol à la devanture de la maison familiale du chef de l’Etat, des troncs d’arbre pour bloquer les issues du quartier Peulhga. Les clichés, partagés sur la Toile, témoignent de la violence des scènes de la manifestation enclenchée par des jeunes désœuvrés, qui s’étaient engagés politiquement aux côtés de Macky Sall pour son élection en 2012 et sa réélection en 2019, mais qui s’estiment aujourd’hui “être laissés en rade”. L’un des dirigeants du groupe, Birane Guèye, 32 ans, a laissé éclater sa colère : “Quand il s’agissait de défendre les intérêts de notre leader, nous avons toujours été présents, surtout quand il avait des problèmes avec le président Wade. Nous avons tout donné pour ce parti [APR], mais aujourd’hui, on n’en peut plus. Nous avons suffisamment avalé de couleuvres. Cette manifestation est un signe d’alerte au président de la République et à sa famille. Nous n’accepterons plus d’être utilisés comme du bétail.
Tout le quartier de Peulhga est frustré contre le président de la République et les responsables politiques de Fatick. Si rien n’est fait, nous avons prévu d’autres manifestations plus radicales”. Le mercredi 31 juillet 2019, les “marrons du feu” ont manifesté leur mécontentement pour exiger leur intégration dans la Fonction publique, Ces “gros bras”, ces “nervis”, ou encore cette “milice” selon certains, qui assuraient la sécurité du candidat Macky Sall lors de campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2012, puis de celle de 2019, ont assiégé le domicile du chef de l’Etat sis au quartier Mermoz de Dakar pour se faire entendre de qui de droit. Mais, le rassemblement n’a duré que quelques minutes. Ils ont été rapidement dispersés par les éléments de la Gendarmerie intervenus avec force. Le lundi 5 août 2019, la circulation était bloquée sur la VDN, à Dakar, dans le sens Parcelles assainies-Ecole Normale et sur l’avenue Cheikh Anta Diop, pendant au moins 2 heures de temps. Raison de ces bouchons : la “Macky Family” avait barré la route et affrontait les policiers pour demander que l’Etat trouve une solution à leurs problèmes après que le cadre unitaire des organisations des établissements privés de l’enseignement supérieur du Sénégal (CUDOPES) a décidé de leur exclusion des universités privées où l’Etat du Sénégal les avait orientés, et qu’il n’avait pas honoré par la suite la dette de 18 milliards F CFA en souffrance. Incroyable mais vrai, le chantier du train express régional (TER) est quasiment à l’arrêt, faute de blé. L’Etat en banqueroute ? On n’est pas loin du compte. Pourtant l’Etat du Sénégal s’est toujours gargarisé et vanté d’avoir levé pas moins de 7356 milliards de F CFA au Groupe consultatif de Paris, des 17 et 18 décembre 2018, considéré comme un très grand succès. Les partenaires techniques et financiers du Sénégal ayant décidé de soutenir la seconde phase du Plan Sénégal émergent (PSE). Où est passé tout cet argent qui semble s’être volatilisé en un rien de temps ? Aujourd’hui, le Sénégal est classé parmi les pays les plus endettés de l'Afrique, par un rapport de la Banque Mondiale qui analyse la conjoncture économique africaine. Le niveau d'endettement augmente vite, voire trop vite même. Le service de la dette, soit la somme que le Sénégal doit payer chaque année pour honorer sa dette, s’élève à 30% des recettes de l’Etat.
D’après la situation économique et financière de la Direction de la prévision et des études économique (DPEE), l’encours de la dette publique totale projeté à 6564,2 milliards à fin 2018, n’a pas varié. De 3076 milliards en 2012, la dette a été presque doublée en 2016. En 2018, elle s’élevait à 6 420 milliards de CFA, avec un encours de 840 milliards de francs CFA. Soit 61.44% du Pib. L’économiste El Hadji Mounirou Ndiaye, enseignant chercheur au département Sciences économiques et de gestion de l'Université de Thiès, estime que le Sénégal ne peut pas continuer perpétuellement à avoir un service de la dette qui étrangle les finances publiques. Il alerte : "72 milliards de francs CFA de dettes payées par mois, 840 milliards à payer pour l'année 2018 alors qu'à côté vous n'avez que 70 milliards pour payer les salaires. Donc vous avez un service de la dette supérieur au montant des salaires. C'est cela le problème. D'ici quelques années, nous aurons dépassé les 70% et nous allons être le mauvais élève au niveau de l'UEMOA et nous allons être le pays qui va semer la panique ou même semer de l'anxiété au niveau de l'UEMOA". La situation est d'autant plus inquiétante que les emprunts ne sont pas toujours utilisés à bon escient, de l'avis de l'économiste. Qui interroge : "Comment pouvez-vous justifier 730 milliards mobilisés pour un Ter de 50 km, 57 milliards uniquement pour acheter des lampadaires, 30 milliards pour un building administratif en commettant en même temps la redondance d'entamer la construction de sphères ministérielles à Diamniadio ?
Le gouvernement éparpille ses moyens et ses forces dans des dépenses sans calcul économique". El Hadji Mounirou Ndiaye recommande au gouvernement d'adopter une démarche de rationalisation des dépenses. La tension de trésorerie que le ministère des finances essaie de nier en vain, se manifeste avec la dette de 250 milliards F CFA que l’Etat du Sénégal doit aux entreprises des BTP. En conférence de presse le jeudi 1er août 2019, Diaraf Ndao, secrétaire général du syndicat national des travailleurs de la construction des bâtiments et travaux publics privés (CNTS/BTP) met les pieds dans le plat : “La dette de l’Etat vis-à-vis des entreprises de BTP est devenue inquiétante et à la limite alarmante. Et la conséquence de cette dette, c’est l’arrêt de plusieurs chantiers, le chômage technique, les licenciements, les fournisseurs qui ne sont pas payés, les PME/PMI en stand-by, la suspension des contrats de sous-traitance, les difficultés avec les fournisseurs qui arrêtent leurs livraisons, les transporteurs qui retirent leurs camions, la fermeture programmée de certaines sociétés du secteur et les charges non prévues et j’en passe. Cela fait 10 mois que les entreprises ne sont pas payées. Cela concerne 5 grandes entreprises du secteur (Compagnie sahélienne d’entreprise (CSE), Eiffage-Sénégal, Consortium d’entreprises (CDE), Société sénégalaise de terrassement (SOSETER), Getran) Aujourd’hui, le PSE cher au président Macky Sall est porté par les BTP. Combien de chantiers, de réalisations ont été réceptionnés en grande pompe où les entreprises nous ont fait travailler à des heures creuses terribles pour que ces travaux-là puissent être livrés à date échue. Et cela a été fait. L’exemple le plus patent c’est le train express régional (TER). C’était un défi du président de la République de réceptionner le TER le 19 janvier 2019. Toutes les entreprises se sont constituées pour réaliser ce projet en bijou aujourd’hui. On était à 2800 travailleurs, on a licencié entre 2000 et 2500. L’ardoise que l’Etat doit à ce groupement est devenue très importante : 75 milliards F CFA”.
A leurs yeux, l’Etat est en mesure de payer ses arriérés, puisque une voix autorisée au sommet de l’Etat récemment a déclaré que “les caisses de l’Etat se portent assez bien”. Mais, “Comment peut-on avouer que les caisses de l’Etat sont pleines et qu’on ne paie pas, surtout pour des travaux qui ont été réalisés et inaugurés par le président de la République ?”, s’est interrogé Diaraf Ndao. Ce qui a donné des urticaires aux travailleurs des BTP, ce sont les “mensonges d’Etat” du ministre des finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo, qui dit que “L’Etat ne doit aucun sou aux entreprises”.
Aussi, les syndicalistes du secteur des BTP invitent-ils l’argentier de l’Etat à jurer la main sur le Saint Coran (comme Aliou Sall ?) pour dire que l’Etat ne doit rien aux entreprises. “Il ne le fera jamais”, assurent-ils. Selon eux, les collaborateurs du chef de l’Etat ne lui disent pas la vérité. Maintenant, ils sont prêts à rencontrer le président de la République. Ils s’attendent, d’ici à deux mois, que la dette soit apurée. Maintenant que Mody Guiro, secrétaire général national de la CNTS, qui a pris part à la conférence de presse du syndicat des travailleurs des BTP, déclare que “la CNTS sera avec les travailleurs du Bâtiment et partagera avec eux tous les plans d’actions”, on peut dès lors croire que ça va barder. La dèche de l’Etat touche d’autres secteurs névralgiques comme celle de l’électricité. A cause d’une dette de 247 milliards F CFA due par l’Etat du Sénégal à la SENELEC, cette entreprise stratégique peine à s’approvisionner en fuel pour ses centrales. C’est l’explication du retour en force des délestages qu’on croyait derrière nous. La situation va empirer dans les prochains jours. Par ailleurs, la crise d’autorité au sommet de l’Etat, handicapante, est aussi accentuée par le manque de crédibilité de la parole du chef de l’Etat. Chat échaudé craignant l’eau froide, les Sénégalais qui ont expérimenté les innombrables “wax waxeet” (reniements) du président Macky Sall, comme sur l’engagement à réduire son mandat de 7 à 5 ans ou sur celui de ne jamais nommer son frère, Aliou Sall, par décret, à un poste public, prennent désormais les promesses du président Macky Sall avec des pincettes.
Sa parole ne vaut plus un kopek. Il s’y ajoute que le président Macky Sall avait un agenda caché, en mettant sous le boisseau, pendant la dernière campagne électorale, le projet de suppression du poste de Premier ministre ainsi que la décision de hausse des prix des hydrocarbures et des produits pétroliers, pour appliquer “la vérité des prix” et se conformer ainsi aux injonctions asociales des bailleurs de fonds. Pas sûr que les Sénégalais auraient voté comme ils l’ont fait le 24 février dernier s’ils avaient su ce que Macky Sall leur réservait après sa réélection. Toujours est-il que des lendemains extrêmement pénibles attendent les Sénégalais, et ils n’auront que leurs yeux pour pleurer. Mais, qu’ils ne se fassent pas d’illusions, ce n’est pas Macky Sall qui va leur sécher les larmes. Depuis qu’ils l’ont réélu, les Sénégalais ne l’intéressent plus. Seulement, en mettant leur situation de misère en corrélation avec la bamboula au sommet de l’Etat, avec des gouvernants indifférents, insouciants, insolents et irresponsables, qui plus est, ne se privent de rien, les Sénégalais vont finir un jour par craquer. Le réchauffement du climat social est la chose la plus probable dans de telles conditions.
Poussé dans ses derniers retranchements par une opposition qui ne veut rien lui concéder, toujours pas reconnu, en tant que président de la République, par ses adversaires de la Présidentielle, Macky Sall cherche un bol d’air. Deux évènements providentiels auraient pu l’aider à avoir un répit et à desserrer l’étau autour de lui : le Dialogue national et la CAN 2019 en Egypte. Raté ! Même l’évènement fortuit du décès d’Ousmane Tanor Dieng, qui a poussé, par exemple, la Plateforme “Aar Liñu Bokk” à suspendre ses mouvements d’humeur, pour observer une période de deuil de 15 jours, avant de reprendre les hostilités contre le pouvoir, n’a pas fait faiblir les mouvements de contestation pour acculer le pouvoir. Avec la défaite des “Lions” en finale de la CAN, le président Macky Sall a dû faire le deuil de son de rêve de faire de la récupération politique d’une éventuelle victoire de la bande à Sadio Mané sur les bords du Nil. Défaits, les “Lions” ont pourtant eu droit, au Sénégal, à un accueil en or, comme des héros, pour des médaillés en argent. On ne savait pas que la vacuité de l’armoire à trophées des “Lions” pouvait pousser l’Etat et des populations friands et dépourvus de titres majeurs, à en arriver là, à fêter… une défaite. Maintenant, le plus grand paradoxe, c’est qu’un régime si mal en point, trouve encore le temps, les ressorts et les ressources pour poursuivre sa frénésie totalitaire alors qu’il est empêtré dans de grandes difficultés qui constituent un vaste programme en soi. Sinon, comment comprendre l’acharnement de l’Etat contre Guy Marius Sagna et Adama Gaye. Toujours est-il que, pilonné de toutes parts, ses domiciles de Fatick au quartier Peulhga et de Dakar au quartier Mermoz, attaqués par ses partisans, mais aussi son propre frère qui lui cause autant d’ennuis, le président Macky Sall Macky Sall est partout chahuté et tutoyé. C’est la fin d’un mythe. Pire, il ne peut même plus compter sur ses collaborateurs immédiats, avec son entourage politique qui se dégarnit : décès brutal d’Ousmane Tanor Dieng, un de ses plus fidèles et loyaux alliés, l’ex Premier ministre Mahamad Boune Abdallah Dionne, malade et hospitalisé en France, le ministre d’Etat Amath Dansokho, un autre allié, malade et en retrait, El Hadji Hamidou Kassé, ex-chargé de la communication du président de la République, limogé, Moustapha Diakhaté, un fidèle parmi les fidèles, limogé itou. Voilà un président désormais seul, esseulé et solitaire. La solitude du pouvoir. Il faut le dire, il y a
des moments où le mauvais sort semble s’acharner sur soi. Alors qu’il avait décidé de raccompagner son ami Ousmane Tanor Dieng jusqu’à sa dernière demeure, le président Macky Sall a vu sa limousine présidentielle prendre feu à l’entrée de Nguéniène. Pire, cet incident pourrait même être considéré comme une honte pour le Sénégal et son président car le véhicule, une Mercedes Maybach S 600, a flambé en présence d’un hôte du Sénégal, le président Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, venu assister aux obsèques de son ami Ousmane Tanor Dieng, et qui avait pris place dans la voiture, aux côtés du président Macky Sall. Un des facteurs bloquants du bon fonctionnement de l’Etat, est imputable au président Macky Sall du fait de son manque de cran et de fermeté pour assumer ses actes, sans états d’âme, quand il s’agit, par exemple, de sévir dans son propre camp.
En véritable papa-poule, le président Macky Sall, qui a un mal fou à sanctionner négativement ses collaborateurs qui n’auraient pas donné satisfaction, a commencé à battre le rappel des “bannis”, avec le retour en force des anciens ministres limogés dans le dernier remaniement du gouvernement, et qui reprennent du service, les uns après les autres. Une planque par ci, un strapontin par-là, un fromage par là-bas. Et voilà, tout le monde est (re)servi. Tant pis pour le budget et le train de l’Etat qui s’en trouve gravement grevé. Et va pour l’impunité. Vogue la galère pour le pauvre Sénégalais qui cherche désespérément le diable pour lui tirer la queue.
Sous des airs de “ñangal”, Macky Sall est pourtant loin de cet homme à poigne – une des facettes des grands dirigeants – dont l’autorité s’impose d’elle-même. La preuve, il a du mal à discipliner ses troupes de l’APR, très dissipées, et qui se comportent comme une armée mexicaine. Sa couardise fait qu’il n’a pas le courage d’affronter dans les urnes ses adversaires politiques les plus redoutables, à l’image de Karim Wade ou de Khalifa Sall, mais préfère se réfugier derrière une justice aux ordres et à double vitesse, pour les emprisonner, afin de se retrouver avec le “menu fretin” pris pour des faire-valoir, en vue de légitimer sa “réélection démocratique” du 24 février 2019 qu’il a de la gêne de célébrer. Et pour cause. Maintenant, si les intentions à lui prêtées, de nourrir l’ambition secrète de briguer en 2024 un troisième mandat anticonstitutionnel sont avérées, le président Macky Sall est mal barré. Déjà que les Sénégalais, traumatisés par la “jurisprudence Wade” ne se laisseraient pas faire, il vendangerait aussi toutes ses chances d’entrer dans l’histoire, mais à l’idée de revivre, dans ce troisième mandat hypothétique, quasiment les mêmes problèmes qui lui tombent dessus avec le mandat en cours, il est fort à parier que le président Sall hésitera beaucoup avant de relever le challenge. Et puis, personne ne connaît à Macky Sall la capacité de résilience pour supporter la tension et la pression, sur une longue durée, sans flancher.
PAR Sidy Diop
BURKINI ET FUREURS
Quand on a la liberté de tout dévoiler, de se montrer nu(e) à la une de magazines grand public, bref de s’effeuiller comme un arbre en automne, on doit admettre le droit des autres à tout cacher
La France, qui se targue d’être le pays de la Liberté au point de l’inscrire dans sa devise, perd trop souvent la tête sur les sujets liés à l’Islam. A gauche, à droite, au centre comme aux extrêmes, la manière de vivre des femmes musulmanes provoquent des éruptions colériques aux antipodes des traditions héritées de la philosophie des «Lumières». Un ancien ministre de droite s’est même permis de dire stoïquement à la télé que «le burkini est un coup de canif porté aux valeurs de la République».
Diantre, de quelle République parle-t-on ? De cette République qui tolère le nudisme sur certaines de ses plages, qui fait la queue dans les boites hot pour se rincer les yeux devant des strip teaseuses… ? Quand on a la liberté de tout dévoiler, de se montrer nu(e) à la une de magazines grand public, bref de s’effeuiller comme un arbre en automne, on doit admettre le droit des autres à tout cacher. A moins que cette liberté clamée soit à géométrie variable. La philosophie des Lumières nous a appris que «la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres». Une idée piquée au philosophe écossais John Stuart Mill et mal appliquée au pays de la «raison pensante».
Ici, au pays de Voltaire et de la guillotine, la part des uns n’est pas forcément la même que celle des autres. Cela dépend des rapports de pouvoir. Et c’est ce que l’on constate souvent lorsqu’il s’agit de traiter la question de l’Islam. Si l’on y respectait vraiment les libertés, la France serait à l’abri de beaucoup de fureurs.
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QU'EST-CE QUE L'ÉCO, FUTURE MONNAIE OUEST-AFRICAINE ?
La remplacer le franc CFA devrait voir le jour courant 2020. Mais comment son nom a-t-il été choisi et qu'est ce que cela implique ? Éléments de réponse avec le sociologue, Mahamadou Lamine Sana
L'éco la fameuse monnaie qui doit remplacer le franc CFA devrait voir le jour courant 2020. Mais comment son nom a-t-il été choisi et qu'est ce que cela implique ? Mahamadou Lamine Sagna, sociologue est l'invité du Journal Afrique.
par Damien Glez
SAMUEL JACKSON, LE GABONAIS D'HOLLYWOOD ?
L’acteur de « Pulp Fiction » et « Incassable » a fait son retour vers le « continent racine ». Entre le Gabon et le Ghana, il a lui aussi célébré « The Year of Return »...
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 07/08/2019
Les Africains ont appris à se méfier des stars planétaires – donc majoritairement anglo-saxonnes – qui se pavanent sur le continent africain en quête d’appropriation culturelle, comme Beyoncé, ou d’adoption « maternaliste », comme Madonna. Il reste la légitimité afro-américaine de la quête d’identité, quand la célébrité cherche moins à alimenter son œuvre ou sa progéniture qu’à retracer ses origines.
Storytelling artificiel sur Instagram ? Voilà Samuel L. Jackson, le comédien de Jungle Fever et Incassable, sur la piste de son sang gabonais. Convaincu d’avoir des origines au cœur du peuple benga, l’acteur hollywoodien a débarqué au Gabon le 23 juillet. Il vient d’en repartir avec un passeport du pays.
La visite s’inscrivait dans une tactique mutuelle. Côté gabonais, en 2017, le président Ali Bongo Ondimba promettait de faciliter le retour des afro-descendants qui le souhaitaient. Côté américain, Samuel L. Jackson n’a pas caché que son périple était semi-privé, semi-professionnel. Il participe au tournage d’une série documentaire intitulée Enslaved : six épisodes consacrés à l’histoire de la traite négrière en Afrique.
Après le Gabon, c’est en direction du Ghana que l’avion de la star s’est envolé. Destination cohérente si l’on considère, d’une part, le décor historique que constitua la Gold Coast dans la déportation esclavagiste et, d’autre part, l’appel du président Nana Akufo-Addo à faire de 2019 l’année du retour au pays des Ghanéens de la diaspora et des descendants d’esclaves.
Test ADN
C’est par un test ADN très en vogue depuis 2016 que Jackson aurait tracé sa « gabonitude ». Grâce à des sociétés comme AncestryDNA et African Ancestry, la papesse des talk-shows Oprah Winfrey a découvert ses racines libériennes, camerounaises et zambiennes et l’actrice Whoopi Goldberg ses origines bissau-guinéennes. Même Barack Obama – dont le lien avec l’Afrique ne passait censément pas par la case « esclavage » – se serait découvert un ancêtre esclave rebelle, John Punch, dans la Virginie du XVIIe siècle – ancêtre par sa mère… blanche.
BARROW EFFACE "JAMMEH"
Près de trois mois après leur impression, la Banque centrale de Gambie a mis en circulation depuis ce mardi les nouveaux billets de dalasi. Avec ces nouveaux billets de dalasi, le processus d’effacement de l’image de l’ancien président Yahya Jammeh entre
BANJUL - Près de trois mois après leur impression, la Banque centrale de Gambie a mis en circulation depuis ce mardi les nouveaux billets de dalasi. Avec ces nouveaux billets de dalasi, le processus d’effacement de l’image de l’ancien président Yahya Jammeh entre dans son ultime phase. Il faut dire que depuis 2015, tous les billets de la monnaie gambienne étaient à l’effigie de l’ex-dictateur gambien. Désormais figurent sur les nouveaux billets des images de la nature et autres patrimoines historiques du pays.
C’est en marge d’une audience avec le président Adama Barrow que Bakary Jammeh, le gouverneur de la Banque centrale de Gambie a profité pour présenter à la Nation les spécimens des nouveaux billets de Banque.
Selon lui, mettre en circulation des nouveaux billets de Banque signifie que cela se fait par l’intermédiaire des banques commerciales. Et le timing n’est pas fortuit, l’institution bancaire a profité du contexte d’avant tabaski avec la forte demande de liquidités pour les mettre en circulation. Dans cette déclaration, il précise que les anciens billets seront toujours valables jusqu’à nouvel ordre.
TOURNER DÉFINITIVEMENT LA PAGE JAMMEH ?
Et dans un contexte où les Etats de l’Afrique de l’Ouest discutent d’un projet de monnaie commune en 2020, le flou persiste sur ce qu’envisagerait la Gambie. Cependant beaucoup d’économistes restent sceptiques à l’idée d’intégrer cette zone monétaire pour le moment. Que gagnerait la Gambie à changer ses billets de Banque actuellement ? Les économistes sont unanimes, il s’agit plutôt d’une question symbolique pour tourner la page Jammeh.
Depuis février 2015, les billets de 5 à 200 dalasis étaient tous à l’effigie de l’ex-président gambien. Les images de l’ancien président et d’autres caractéristiques qui n’ont rien à voir avec le pays ont été supprimées des nouveaux billets », a ajouté le Gouverneur.
Sur les nouveaux billets, figurent des images de la nature, différentes espèces d’oiseaux, des sites historiques et différents corps de métiers. Cependant, des membres influents de la société civile ont mis des critiques sur les visages de nouveaux billets. Ils regrettent le manque de consensus avant l’impression de ces nouveaux spécimens.
À noter que ces nouveaux spécimens comprennent des coupures de 5, 10, 20, 50, 100 et 200 dalasis.
LES ENQUÊTEURS AURAIENT VIOLÉS LES DROITS DES PRÉSUMÉS MEURTRIER DU COMMANDANT
Selon la RFM, les 13 auteurs présumés de l’attaque mortelle de Koumpentoum n’ont pas bénéficié de l’assistance d’un avocat lors de leur interrogatoire à la brigade de gendarmerie de Koumpentoum, encore moins lors de leurs arrestations en différents endro
Selon la RFM, les 13 auteurs présumés de l’attaque mortelle de Koumpentoum n’ont pas bénéficié de l’assistance d’un avocat lors de leur interrogatoire à la brigade de gendarmerie de Koumpentoum, encore moins lors de leurs arrestations en différents endroits de la zone. Or, la présence d’un avocat est une obligation à moins que le prévenu ne renonce à ce droit.
«La gendarmerie a peut être commis un vice de forme. Aucune des 13 personnes arrêtées dans cette affaire n’a bénéficié de l’assistance d’un avocat comme le stipule la loi. Et la loi ne fait aucune dérogation en la matière. Toute personne interpellée doit se voir notifier son droit d’être assistée par un avocat. Les gendarmes enquêteurs de Koumpentoum se sont-ils acquittés de cette obligation ? Non. Selon les sources de la RFM.», ont rapporté nos confrères.
Pour rappel, ces treize personnes arrêtées jeudi dernier par la gendarmerie nationale dans le cadre de la tentative de braquage du bureau de Poste de Koumpentoum qui a coûté la vie au Commandant de la brigade Tamsir Sané ont été placées sous mandat de dépôt mardi soir et incarcérées à la maison d’arrêt et de correction de Tambacounda.
La bande à Idrissa Sow, allias « Peulh bu rafet » avait été arrêtée ou interpellée dans les environs de Koumpentoum et placée sous mandat de dépôt suite à son face-à-face avec le procureur près de le Tribunal de Tambacounda.
LA PHOTO D'UN NOIR TENU AVEC UNE CORDE PAR LA POLICE MONTÉE PROVOQUE UN TOLLÉ AUX ÉTATS-UNIS
Le chef de la police d'une ville du Texas s'est excusé face à l'indignation suscitée par une photo de deux de ses agents escortant un Noir tenu par une corde alors qu'eux-mêmes montaient à cheval
De nombreux internautes ont été choqués par cette photographie devenue virale, évoquant selon eux l'époque abhorrée des lynchages dans l'Amérique esclavagiste.
Le suspect, Donald Neely, arrêté pour une violation de propriété et menotté, aurait normalement dû être conduit au poste de police dans un véhicule à moteur, mais seulement des agents de la police montée étaient disponibles, a justifié lundi soir Vernon Hale, le chef de la police de Galveston.
Donald Neely a donc été escorté à pied, tenu par une corde, entre deux agents montés à cheval.
« Même s'il s'agit d'une technique enseignée et la meilleure des pratiques dans certaines circonstances, j'estime que nos agents ont pris une mauvaise décision », a déclaré le responsable policier dans un communiqué publié sur Facebook.
De nombreuses personnes ont demandé que les agents soient sanctionnés voire renvoyés de la police pour avoir infligé à M. Nelly ce traitement dégradant, rappelant les esclaves enchaînés, les Noirs lynchés ou encore les condamnés volontairement exhibés sur la voie publique.
« Nous sommes en 2019, pas 1819 », a ainsi réagi James Douglas, président de l'antenne de Houston de la NAACP, la première organisation de défense des Noirs américains, cité dans le quotidien Houston Chronicle.
« Un homme noir traîné par une corde par des agents de police, en 2019. [...] On doit dénoncer ce dont il s'agit : du racisme à l'oeuvre », a de son côté commenté le Texan Beto O'Rourke, candidat démocrate à la présidentielle de 2020.
Le chef policier Vernon Hale a fait savoir qu'il avait décidé de mettre un terme à cette méthode pour convoyer des personnes interpellées.
« D'abord et avant tout il est de mon devoir de m'excuser auprès de M. Neely pour cet embarras inutile », a-t-il ajouté.
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LES ÉLEVEURS PÂTISSENT DE LA RARETÉ DES PLUIES
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour les éleveurs le retard des pluies affecte considérablement l'alimentation des moutons
Fanseyni Djité et Aminata Diallo |
Publication 07/08/2019
A quelques jours de la Tabaski, la capitale est inondée de moutons. Les aires de jeux et certains jardins publics de Dakar sont transformés en enclos à ciel ouvert. Cependant, pour les éleveurs le retard des pluies affecte considérablement l'alimentation du bétail.