Homme de médias, à l’aise sur les plateaux de télévision, Adama Gaye, peut, si la lucidité l’inspire, décortiquer les sujets complexes, donner de la graine à moudre sans verser dans les disputes de fontaine
Il a tant rêvé d’entrer dans l’histoire par la grande porte. Le voilà servi. En franchissant l’autre jour le portail de la Maison d’arrêt, Adama Gaye, sourire en coin, lève les bras au ciel et fait le V de la victoire ! Son incarcération, consécutive à des propos jugés attentatoires à l’honorabilité du Chef de l‘Etat porte la signature du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Malick Sall qui dit « assumer ses responsabilités ».
Ces deux hommes, vivent dans le repli de leur âme, une situation très cornélienne. Amis de longue date, ils se sont connus jeunes, puis ont cheminé dans une grosse complicité débordant jusque dans leurs familles respectives. L’un, avocat d’affaires prospère, l’autre, journaliste exubérant, ils avaient en commun l’amour de la liberté, le désir ardent pour chacun de se réaliser par soi-même, l’attachement au terroir et la transformation du quotidien par un esprit entreprenant dont ils étaient pourvus à satiété.
Une sincérité non feinte rythmait la marche de leur amitié qui s’est même consolidée au gré des épreuves de vie dans un bel élan de fraternité. Ils respectent la vie humaine et tous deux sont guidés par une soif de connaissance, l’envie de partager et le souci de comprendre les avatars sociaux. Bref, ils ont la curiosité chevillée au corps : normal au regard des professions dont ils sont des incarnations abouties.
D’où vient alors le grand écart ? La cassure ? La déchirure ? Sans doute est-il tôt pour percer le mystère dans ce flot d’élucubrations, d’empathie, de sympathie, de compassion ou d’indifférence. Les fins observateurs de surcroît attentifs, scrutaient la courbe de cette relation assujettie aux engagements politiques des concernés. Malick Sall, nanti d’une large surface sociale au Fouta, a pris goût à la politique sur le tard. Tandis que Adama Gaye, dont le talent et la virtuosité ont séduit plus d’un, a fréquenté tous les régimes qui se sont succédé, de Diouf à Macky.
Au juste, de quoi Adama est-il le nom ? Son inculpation est-elle à mettre sur le compte de son « Mur de Lamentations » ? Professionnel jusqu’au bout des ongles, il manie avec dextérité toute la panoplie des genres rédactionnels. Qu’à cela ne tienne, notre confrère n’ignore rien des réseaux sociaux qui, semblables aux zélés de Iahvé, « détruisent les opinions et déconstruisent les jugements ». Son usage presque abusif des « hordes heureuses » le confinait dans d’étroites limites, le poussant à s’isoler comme un loup solitaire pour mieux afficher sa désinvolture à l’égard des ordres établis. Sachant très bien ce qu’il faisait, il ne devrait point s’étonner des conséquences possibles découlant de ses posts. Tout porte à croire d’ailleurs qu’il en était conscient.
Lorsqu’il pourfend l’Etat et ses démembrements, il cesse d’en être un défenseur. Ses critiques battent de l’aile pendant que ses diatribes enflent à vue d’œil. Ce qui l’expose, dès lors que ses sorties prennent du relief. Mieux, il met dans le vent le Garde des Sceaux garant des libertés et détenteur des « clés de la société » sénégalaise. Entre la République et l’ami, il n’y a pas photo, trivialement dit. Sous ce rapport, le Ministre qui se place dans une posture républicaine, songe plus à protéger l’intégrité des Institutions qu’à voler au secours d’un ami en délicatesse avec les convenances judiciaires.
Les philippiques de l’ancien journaliste de Jeune Afrique, frisaient l’indécence et abordaient des aspects de vie que la morale réprouve. Pourquoi une telle obstination de la part de Adama Gaye dès lors que les sujets de contestation sont divers et variés ? Homme de médias, à l’aise sur les plateaux de télévision, ce journaliste chevronné, peut, si la lucidité l’inspire, décortiquer les sujets complexes, donner de la graine à moudre sans verser dans les disputes de fontaine. Sa plume, aussi alerte qu’acerbe, devrait plutôt se mettre au service des bonnes causes et non ajouter de la confusion aux controverses afin de bétonner le sentiment d’appartenance des Sénégalais à une nation déjà forgée mais encore vulnérable parce qu’en proie à des dissensions qu’entretiennent certains amuseurs de bal celtique.
Ces derniers pilonnent la gouvernance du pays. C’est leur droit. Dans l’aveuglement, ils s’attaquent au fondement de la cohésion sociale du pays. Ils n’ont pas le droit. Ils y ont d’autant moins droit qu’il s’agit d’un grave manquement à un devoir vanté par l’hymne national : « …dissipant les ténèbres (…) Sénégal, nous faisons nôtre ton grand dessein » !
Les attaques de Adama Gaye étonnent par leur virulence alors que tout le prédisposait à donner le ton de cet hymne fouettant la fierté d’un « peuple tourné vers tous les vents du monde ». Nous en sommes à ce stade justement avec l’exploitation imminente des hydrocarbures qui constituent hélas, l’unique champ de tir de notre confrère détenu. C’est à croire qu’il érige ce sujet en une vérité intemporelle. La question du pétrole et du gaz obsède, importune et tourmente à la fois.
Ceux qui en font aujourd‘hui leur feuilleton d’été devraient s’apercevoir que leur rejet du modèle de gestion de cette matière préconisé par les pouvoirs publics les rapproche pour frapper ensemble dans l’espoir d’engranger plus tard des dividendes politiques provenant de l’assaut. Notre pays évolue-t-il dans une préhistoire fantasmée ? Une tendance assez nette se dessine et projette même une montée des radicalités centrées sur Ousmane Sonko auquel pourraient se greffer Abdoul MBaye et Mamadou Lamine Diallo, Abdoulaye Wade jouant le régulateur de cet « axe paradoxal » qui se construit timidement. Un comble ! Une grande diversité traverse néanmoins ce courant politique introuvable. Il apparaîtrait hétéroclite du reste, mais sa progression s’appuyant sur le score de Sonko à la présidentielle de février pourrait constituer une force face au « système » honni et haï. Dans ce vaste mouvement arc-en-ciel, ne négligeons pas les groupes qui détestent l’élite. Va-t-on assister à une bipolarisation de l’échiquier politique avec les hydrocarbures comme point de fixation d’une ligne « Maginot » ?
PAR Mamadou Lamine Diallo
LA PRISON AUX OPPOSANTS POUR MAINTENIR LE RÉGIME FAYE-SALL
Dans l’empire du Ghana, on nous enseigne que l’empereur devait faire un sacrifice chaque année pour maintenir son pouvoir. Il semble bien qu’une croyance similaire habite le régime de Macky Sall - QUESTEKKI
Dossier Ressources naturelles : Que fait encore Franck Timis en Casamance ?
Quoi qu’on dise la prédation est inscrite dans l’ADN du régime de Macky Sall. Le peuple sénégalais ne veut pas de Franck Timis dans ses hydrocarbures. Même dans ses propres rangs, la famille du Président n’a trouvé personne de sérieux pour les défendre. Quelques journaleux et communicateurs prétendus traditionnels se sont agités sans plus. En effet, la combine mafieuse autour du faux rapport de présentation de Aly Ngouille Ndiaye a été éventrée.
Une certaine African Chamber Energy a eu droit à la Une du quotidien familial le Soleil pour venir au secours de Macky Sall. En Afrique, il n’y a qu’une seule commission de l’énergie reconnue par l’Union africaine, elle a son siège à Alger. Ce machin d’un certain Eyonk est mis en avant pour jouer sans doute le même rôle que Franck Timis. C’est le même ADN, vous dit-on.
Cet aventurier est toujours au Sénégal avec sa société Africa Petroleum Company qui détient le bloc Senegal Sud Offshore Profond qui se situe en droite ligne de Cayar et St Louis. Il n’est pas nécessaire d’être un géologue né après les indépendances, considéré comme un génie dans sa famille, pour savoir tout le potentiel en gaz et condensats de ce bloc. Après la découverte des 100 millions de tonnes du Dôme Flore en 1980 en Casamance à 800 m, tous les vrais experts du secteur savent que ce bloc attribué à Franck Timis depuis des années est riche en hydrocarbures. Il est temps d’en finir avec Franck Timis et les aventuriers comme lui. Ces personnages jouent le rôle d’ARN messager pour les prédateurs qui veulent s’accaparer des ressources naturelles de leurs peuples et installer une économie de redistribution ciblée, le Thiompal.
Dossier nouveau: La prison aux opposants politiques pour maintenir le régime Faye Sall
Dans l’empire du Ghana, on nous enseigne que l’empereur devait faire un sacrifice chaque année pour maintenir son pouvoir. Il semble bien qu’une croyance similaire habite le régime de Macky Sall : il lui faut emprisonner un opposant politique pour survivre.
Khalifa Sall doit sortir de prison. C’est une bonne nouvelle. La parodie d’élection présidentielle parrainée terminée et le pouvoir confisqué, il n’est plus nécessaire de le garder. Il est même politiquement rentable de le sortir et le laisser aller à l’assaut d’un PS orphelin. Pour Macky Sall, l’opposition doit disparaître ainsi que les partis traditionnels PDS et PS notamment. Ne doit subsister qu’une APR domptée par la famille Faye Sall. On cherche des remplaçants à Khalifa Sall. Et Guy a été choisi arbitrairement, sans doute après le nord, et le centre Dakar, il faut un du Sud pour boucler le triangle.
L’économie du Thiompal doit se mettre en place. Pour savoir ce que cela veut dire, il faut enquêter autour des business de l’aéroport de Ndiass. En dehors de Servair pour le service alimentaire à bord des avions, toutes les 18 activités connexes ont été distribuées aux proches du régime. Dans une telle économie, ne s’en sortent que ceux qui sont affiliés au régime. Ils ne connaissent pas le stress du mouton de Tabaski. Il faut 150 000 francs de revenus supplémentaires à une famille moyenne de 8 personnes pour la fête. On comprend mieux pourquoi les jeunes réclament leurs 410 000 francs à Macky et Aliou Sall. On ne comprend pas que des soit disant opposants s’accrochent au dialogue dit politique dans ce climat répressif. Bonne fête de Tabaski.
Mamadou Lamine Diallo est Président du mouvement Tekki.
MANU DIBANGO, BÂTISSEUR ENTRE LES AFRIQUES ET L'OCCIDENT
Légende de la musique africaine, ambassadeur de l'afro-jazz, l'artiste camerounais revient sur 60 ans d'une carrière exceptionnelle, avec toujours autant de projets de métissages musicaux
"Nous sommes des bâtisseurs de ponts entre l'Occident et les Afriques, c'est une chance". Légende de la musique africaine, ambassadeur de l'afro-jazz, Manu Dibango revient sur 60 ans d'une carrière exceptionnelle, avec toujours autant de projets de métissages musicaux.
A 85 ans, "Manu" n'a pas changé. Débordant d'énergie, chemise multicolore et rire communicatif, l'"Afro-Européen" né au Cameroun reste lucide sur son succès: "chacun a son karma. C'est un ensemble, une addition de beaucoup de bonnes et mauvaises choses. Il faut faire face à l'échec comme au succès. Il faut toujours surnager".
"Le matin, je me dis: +tiens je suis encore en vie+ et +qu'est-ce que je vais faire+. Mon problème c'est: +quel est mon programme?+. Ce n'est pas: +Ah hier, c'était formidable, la nostalgie...", confie-t-il à l'AFP avant un concert au festival "Jazz In Marciac" (Gers), dont il est un habitué.
Pas de nostalgie donc, même quand on est l'auteur d'un des plus grands tubes planétaires de la musique africaine, avec Soul Makossa (1972). Etonnant destin pour cette face B d'un 45 tours dont le titre phare était un hymne pour l'équipe de foot du Cameroun à l'occasion de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) à Yaoundé.
Repéré par des DJs new-yorkais avant d'être plagié par Michael Jackson sur un titre de l'album "Thriller": "ça n'avait pas été tellement fait dans les règles" mais un accord financier a été trouvé. Et "cela a fait revivre la chanson, c'est devenu un standard" aujourd'hui repris par "beaucoup de gens, Rihanna et tout dernièrement Beyoncé".
"Papa Manu" aurait pu ne jamais se relever d'un tel succès planétaire. Mais il a au contraire promené sa grande silhouette à travers les époques en puisant à différentes sources, du reggae au rap en passant par la musique électronique, imposant son style inimitable entre rythmes traditionnels de l'Afrique centrale et notes jazzy plus contemporaines.
- "Chasser les fantasmes" -
Né dans une famille protestante du Cameroun, ce précurseur de la World Music a intégré dès son enfance des influences très diverses: "Mon oncle paternel jouait de l'harmonium, ma mère dirigeait la chorale. Je suis un enfant élevé dans "Alléluia". Ca n'empêche que je suis Africain, Camerounais et tout ça".
"J'ai l'harmonie des Bach et des Haendel dans l'oreille avec les paroles camerounaises. C'est une richesse de pouvoir avoir au minimum deux possibilités. Dans la vie, je préfère être stéréo que mono", dit-il.
Envoyé par son père dans une famille en Sarthe dès l'âge de 15 ans, Manu Dibango a davantage vécu en Europe qu'en Afrique. Pas question pour lui de se laisser enfermer dans une case.
"Je suis simplement un gars qui est musicien, ni musicien européen, ni africain. Je suis musicien d'origine africaine".
"La musique, il ne faut pas la mettre en prison. Beaucoup de gens écoutent la musique avec des oeillères", ajoute le génial saxophoniste.
"Car forcément, les gens fantasment sur vous. Vous êtes musicien africain, donc vous jouez du djembé, du balafon, de la kora. Si vous jouez du saxo, oups, c'est plutôt noir-américain, vous n'êtes déjà plus tellement africain dans la tête de certains".
"Et si en plus vous jouez du piano, alors vous êtes mal barré et pourtant il y a des pianos dans tous les hôtels en Afrique. Dans tous les orchestres, il y a des guitares".
"Ce sont des fantasmes que les gens mettent sur vous. Et peut-être qu'une partie de votre vie, c'est de les chasser. C'est très difficile. Même pour moi".
Et après six décennies de musique, qu'est-ce qui fait encore rêver Manu Dibango ?
"Quand on ne rêve plus, on n'est plus. Cet été, je joue avec des orchestres philharmoniques, symphoniques. C'est une autre façon de parler. Le langage n'est pas le même quand vous êtes 70 (musiciens). Le rendu et les frissons que vous pouvez avoir n'ont rien à voir. C'est comme si vous voyagiez en première".
NDÈYE ET MARIÈME, LE QUOTIDIEN DE DEUX SIAMOISES
À l'âge de deux ans et huit mois, elles vivent à Cardiff, au Pays de Galles, après avoir aménagé avec leur père, Ibrahima Ndiaye, 50 ans, du Sénégal où elles sont nées
Les cas de jumeaux siamois sont extrêmement rares. Il en naît très peu chaque année, en réalité le taux de mortalité est élevé et beaucoup meurent dans des complications. Marième et Ndèye sont des exceptions.
À l'âge de deux ans et huit mois, elles vivent à Cardiff, au Pays de Galles, après avoir aménagé avec leur père, Ibrahima Ndiaye, 50 ans, du Sénégal où elles sont nées. La famille a échangé une existence prospère contre une vie d’errance, entre auberges et banques alimentaires. Les filles sont désormais en sécurité, mais une ombre se dessine. Le cœur de Marième est faible, si faible qu'elle peut mourir. Si cela se produit, sa sœur plus forte, Ndèye, mourra avec elle.
Pour l’heure, les jumelles grandissent chaque jour et prennent plaisir à la vie. Mais dans les années à venir, Ibrahima devra certainement prendre une décision, un choix impensable. Laisser les chirurgiens tenter la séparation, au péril de la vie des deux filles, mais plus particulièrement de celle de Marieme ? Ou laisser les deux filles mourir ensemble ?
Dakar - la capitale du Sénégal.
Une ville animée sur la côte ouest-africaine, qui a donné une belle vie à Ibrahima. Chef de projet à succès, il a travaillé à l'organisation de vacances et d'événements à travers la région, principalement pour les touristes français et britanniques. Il est déjà le père d'adolescents plus âgés, qu’il a eus de son premier mariage, et en 2015, sa deuxième femme est tombée enceinte.
"Les échographies ont montré une fille", dit Ibrahima. "Une seule fille." Sa femme a accouché trois semaines plus tôt que prévu et une césarienne de précaution a été recommandée en raison de la taille de son ventre. Mais rien n’était à craindre. "Je faisais signe à ma femme de derrière la vitre, signalant que tout irait bien", explique-t-il.
"Les médecins ont sorti le bébé, puis l'ont emporté en me disant que tout allait bien." Il était deux heures du matin et Ibrahima était mort de fatigue, toujours vêtu de ses vêtements de travail et de ses chaussures. En fait, il était censé se rendre en Belgique ce jour-là pour recevoir un prix de Brussels Airlines pour ses efforts dans l'organisation d'un voyage de charité à vélo. Rassuré et soulagé, il erra dehors sur le boulevard animé, respirant l'air nocturne et humide.
Il s'appuya contre un mur, remerciant Dieu pour l’arrivée sans danger de sa fille. C’est à ce moment qu’un messager l’a prié de revenir pour rencontrer le Dr Lamine Cissé, spécialiste en obstétrique et gynécologie. Ibrahima connaissait bien ce médecin puisqu'il avait accouché deux de ses aînés. Mais cette fois, il avait l’air sérieux. "Il m’a demandé de m’asseoir et m’a dit : ‘Nous devons parler des jumelles’". Des jumelles ?
Ibrahima commença à s’interroger. Les échographies n'avaient pas détecté de jumeaux. Ses bébés avaient-ils été échangés ? Trente minutes plus tard, alors qu'Ibrahima commençait à accepter la nouvelle, il ne s’attendait à ce qui allait suivre. "Qu'est-ce qui ne va pas avec les jumelles ?", demanda-t-il lentement. "Conjointes", annonça le Dr Cissé. "Elles sont conjointes." Et c'est à ce moment,le 18 mai 2016, que le monde d'Ibrahima changea pour toujours.
“Je ne pouvais pas l'accepter”, explique Ibrahima. “Je me taisais, essayant de comprendre comment cela était arrivé.” “J'étais tellement en colère contre les personnes qui avaient effectué les scans.” “Je ne pouvais pas parler, mes larmes coulaient. Je donnais des coups de pied et je faisais rage contre Dieu.” Ce n'est que vers cinq heures du matin que le Dr Cissé a emmené Ibrahima rencontrer ses filles, alors que sa femme était en convalescence.
"J'espérais que ce serait quelque chose de simple et qu'elles pourraient être séparées facilement. " "Je me souviens d’être entré dans la pièce, me sentant dépassé mais curieux." "Elles étaient sur une balance en train d'être pesées, leur visage est la première chose que j'ai vu. Puis j'ai vu les bras joints." "J'ai marché autour de la balance. Elles étaient minuscules, pesant un peu plus de 3,8 kg." "Je ne comprenais pas comment cela était possible. Je m'attendais à quatre pieds, au lieu de deux." "Elles me regardaient toutes les deux et je me suis figé."
C’est là que le Dr Cissé a temporairement abandonné son rôle de médecin et a assumé celui de conseiller. Voyant le désespoir d'Ibrahima, il lui rappela sa foi en tant que musulman soufi. Le soufisme, explique Ibrahima, insiste beaucoup sur le fait d'être une bonne personne avec un esprit ouvert. Sa foi l'avait préparé à ce moment, a déclaré le Dr Cissé.
Ibrahima ne pouvait toujours pas arrêter de pleurer. C'est alors que le Dr Cissé lui a dit : "Si vous continuez à faire cela, que sera la vie des filles ? Que va-t-il leur arriver si vous êtes faible ?" Il a intimé l’ordre à Ibrahima d'aller aux toilettes, de se laver le visage, de sécher ses larmes, puis de revenir. "C'est le défi de votre vie, et vous devez être prêt."
Le défi
Et alors une nouvelle vie a commencé. Déjà, l'amour parental avait englouti Ibrahima, le prenant dans une vague de protection pour ses ravissantes filles. Mais Marième, en particulier, était déshydratée et avait du mal à respirer. Il était nécessaire de prendre rapidement une décision. Pourtant, le personnel semblait confus et incertain, le risque de décès étant extrêmement élevé. Ibrahima a couru à la maison, attrapé des vêtements, puis est revenu immédiatement, prêt à escorter ses jumelles à l'hôpital local pour enfants.
Une fois sur place, les filles ont été reliées à des machines et à de l'oxygène. Mais au-delà des difficultés médicales causées par la situation, Ibrahima était confronté à un autre problème. Dans un pays où les superstitions sont ancrées, cette naissance inhabituelle avait déjà filtré. "Les filles avaient été abandonnées dans un couloir où tout le monde pouvait les voir", dit Ibrahima.
"J'ai entendu une parfaite étrangère dire qu'elle avait une photo d'elles." Furieux, Ibrahima demanda à voir la photo, puis pris le téléphone et l'emmena au conseil de direction de l'hôpital. "C'était comme un coup reçu à la tête", dit-il. "Je réalisais enfin à quel point elles avaient besoin que je les protège. "Je ne pouvais pas me calmer. J'ai cassé le téléphone,chose que je n'aurais pas dû faire, mais j'étais furieux."
Ibrahima avait toutes les raisons de s'inquiéter. À bien des égards, depuis son accession à l'indépendance vis-à-vis de la France en 1960, le Sénégal s'est révélé être l'une des réussites de l'Afrique. Le pays a une tradition de démocratie stable, avec une forte représentation féminine au Parlement. Il y a une forte passion pour le sport, particulièrement pour le basketball et la lutte, et le Sénégal est connu pour sa chaleur et sa générosité.
L’équipe nationale de football est d’ailleurs surnommée les Lions de Téranga, évoquant l’hospitalité en wolof. Mais il existe un problème avec la façon dont certaines communautés perçoivent le handicap. "Il y a de l'ignorance", explique Ibrahima. "Les gens pourraient y voir une punition de Dieu ou croire à un phénomène de sorcellerie. " "Ce point de vue est répandu et tabou."
"Il y a des sacrifices dangereux et certains enfants sont parfois ciblés." "Les gens ne verraient pas Marième et Ndèye comme des jumelles siamoises. "Ils les verraient comme un bébé avec deux têtes et leur vie serait définitivement en danger."
C'est ainsi qu'a commencé le combat d'Ibrahima pour protéger ses filles. A la suite de ses plaintes, elles ont été transférées dans une pièce sécurisée, à l'abri des regards indiscrets. Elles étaient chacune dotées d’un cerveau en bonne santé, ainsi que d’un cœur et de poumons. Mais elles partageaient un seul foie, une vessie et un système digestif. Elles avaient chacune un estomac,mais les deux estomacs étaient liés, et trois reins en tout. Elles avaient toutes deux le contrôle du bras commun, bien que ce soit principalement Ndèye, la jumelle la plus forte, qui l'utilisait. Mais juste au moment où Ibrahima commençait à en savoir plus sur leur état, il devint clair que rien n’avait été prévu pour les aider.
"Personne n’avait contacté de spécialistes", dit-il. "Personne ne les aidait. Ils attendaient juste leur mort." C'est donc à ce moment qu'il a finalement pris les choses en main.Âgées de trois semaines, les filles ont été renvoyées chez elles où leur mère se remettait encore de sa césarienne. Incapable de dire la vérité, le couple a menti à des amis et voisins, expliquant que leur enfant était toujours à l'hôpital. Mais lorsqu'Ibrahima retourna au travail, en liaison avec des partenaires internationaux pour organiser des excursions touristiques dans la région, son esprit était en ébullition.
"À chaque pause, je faisais des recherches sur les jumeaux siamois", dit-il. "Je devais relever ledéfi, par respect pour les filles. Je ne souhaite pas appeler cela un problème, et j'avais besoin d'aide."
Ibrahima a commencé à contacter les hôpitaux un par un, pour s’assurer qu’une séparation était possible. Premièrement, en raison deses relations de travail avec Bruxelles, il a essayé la Belgique, mais on lui a dit qu’il n’y avait pas d’hôpital pouvant aider. Il a ensuite essayé l’Allemagne, où vivaient deux de ses sœurs, mais il n’existait pas d’hôpitaux expérimentés dans des cas aussi complexes. Il a essayé le Zimbabwe, la Norvège, la Suède et des hôpitaux américains, Seattle à Washington, Jacksonville en Floride et Baltimore au Maryland. Les médecins d'un hôpital l'ont informé qu'il lui faudrait donner un million de dollars pour que les filles puissent être examinées.
En dernier recours, il a essayé la France en raison des liens étroits que le pays entretient avec le Sénégal.Il a envoyé des radiographies et des documents médicaux par courrier électronique. Mais la réponse a été sans équivoque. On lui a dit de ne pas s'entêter à demander de l'aide, que les filles allaient mourir et qu'il n'y avait pas de solution clinique. "Je ne peux pas vous dire à quel point cet e-mail m'a fait mal", dit Ibrahima. "C'était tellement arrogant de nous traiter, les filles et moi, avec un tel mépris." "Ces médecins n’avaient pas la curiosité intellectuelle de s’engager parce que c’était une affaire compliquée. " "Mais les défis sont là où se trouve la beauté de lavie, où nous apprenons et grandissons." "Vous ne pouvez pas imaginer à quel point ces médecins m'ont assommé, à quel point la vie était sombre.""Ils avaient fermé chaque fenêtre d'espoir."
Pourtant, jour après jour, elles devenaient plus fortes et commençaient à sourire, puis à babiller. En désespoir de cause, Ibrahima reprit ses recherches. Puis un jour, alors que les filles n’avaient que quelques mois, il trouva l'inspiration : une vidéo sur le web d'Abby et Brittany Hensel, de l'État américain du Minnesota.
Unies de la même manière, elles ont aujourd’hui une vingtaine d'années, travaillent comme enseignantes et sont capables de conduire une voiture et de faire du sport. Pour Ibrahima, la vidéo était une découverte étonnante, la preuve que des jumeaux siamois peuvent non seulement survivre, mais aussi prospérer. Dans son bureau de Dakar, il visionna la vidéo quatre ou cinq fois et réfléchit aux implications possibles pour ses propres filles. "Si quelque chose m'a inspiré, c'est ce documentaire", dit-il. "J'ai vu la détermination de la famille, comment elle avait protégé les enfants et s'était battue pour eux." "Je me suis dit que je vais faire ça pour mes filles. Cela a renforcé ma détermination."
Londres
D’autres recherches l'ont conduit vers le Great Ormond Street Hospital, à Londres, qui possède une solide expertise des jumeaux siamois. "Je n'en avais jamais entendu parler, mais j'ai contacté un consultant, Paolo De Coppi, et lui ai envoyé les informations concernant les filles." "Il les a lues et a répondu si simplement." "Il a dit : "Venez".
Les secours inondèrent Ibrahima ; enfin quelqu'un était prêt à aider. Pourtant, se rendre à Londres ne serait pas facile. "Toutes mes ressources financières avaient déjà été consacrées aux médicaments, au traitement et aux frais de consultation pour les filles", explique-t-il. "J'avais une assurance maladie par le biais de mon travail, mais cela ne couvrait pas le voyage." Cependant, l'aide se trouvait sur place. La première dame du Sénégal, Marième Faye Sall, avait entendu parler de la naissance de ces filles par le biais de sa fondation caritative, Servir Le Sénégal.
"Elle m'a contacté presque immédiatement et a proposé de m'aider pour tout ce dont j'avais besoin." "J'étais très reconnaissant quand il a été question de nommer les filles quelques semaines plus tard, j'ai donné son prénom à l’une des filles."Arrivée en janvier 2017, la famille a rencontré le Dr De Coppi, chirurgien consultant en pédiatrie. "Vous ne pouvez pas imaginer l'espoir et le soulagement qu'il m'a donnés le premier jour où il a rencontré mes filles." "Au Sénégal, si vous respectez quelqu'un, vous baissez les yeux, en regardant au loin ou en bas." "C'est comme ça que je le traite parce que je peux voir la passion qu'il a pour ce qu'il fait." "Il a dit qu'il essaierait d'aider, de jeter un coup d'œil. C'est tout ce que j'avais toujours voulu."
C'est ainsi que les procédures médicales ont commencé, les scanners 3D et les ultrasons pour voir si les filles pouvaient éventuellement être séparées. Mais au même moment, la vie personnelle d'Ibrahima a commencé à s'effriter. L'argent donné par la Première dame du Sénégal pour les vols et l'hébergement n’a pas été suffisant, laissant la famille sans abri à Londres. En raison de ses responsabilités familiales, Ibrahima a également été contraint de démissionner de son poste, le rendant ainsi sans revenu. La sécurité et le bien-être des filles étant primordiaux, il a décidé de demander l'asile au Royaume-Uni. Il savait que les soins de santé ne seraient pas aussi bons au Sénégal et que la vie des filles pourrait être en danger si elles sortaient en public.
Mais ce n’était pas une décision facile à prendre. De retour au Sénégal, les enfants d'Ibrahima issus de son premier mariage comptaient sur lui pour obtenir de l'argent. Ils avaient des retards dans le paiement du loyer et risquaient d'être expulsés.
Parallèlement, la mère des jumeaux, la deuxième épouse d'Ibrahima, décida de rentrer au Sénégal pour s'occuper de son autre enfant, laissant Ibrahima seul s'occuper des jumeaux. Désormais à trois, la famille déménagea dans une auberge de jeunesse à Croydon, au sud de Londres. "J'étais très reconnaissant pour l'auberge", explique Ibrahima. "Mais ce n'était pas adapté pour les jeunes enfants." Sans nourriture, Ibrahima reçu des bons pour une banque alimentaire. "Je pensais qu'ils étaient pour un supermarché." "Je jeûnais ce jour-là pour me sentir plus proche de ma foi, j'ai marché 40 minutes et je me suis retrouvé dans une église de l'ouest de Londres." "La plupart des gens là-bas étaient des sans-abri et j'ai réalisé ce que c'était." "Je me souviens de m'être senti si humilié. Comment ma vie en était-elle arrivée là ? " "J'ai commencé à pleurer devant tout le monde, mais une religieuse m'a vu et m'a emmené dans une chambre." "J'ai expliqué la situation des jumelles et pourquoi j'étais là." "Elle savait que j'étais musulman, mais a demandé si elle pouvait prier pour nous, alors nous nous sommes assis et avons prié ensemble pendant 15 minutes." "Ensuite, elle a emballé mes bagages avec tout ce que je pouvais porter et m'a dit de revenir chaque fois que j'en avais besoin."
Puis, au printemps 2017, le consultant nous a annoncé la nouvelle. Le cœur de Marième était trop faible pour une intervention chirurgicale. Si la séparation était tentée, elle mourrait probablement. "Dès que j'ai su la situation, je n'ai pas voulu continuer. Comment pourrais-je choisir cela?" "Mais je me souviens d'avoir été si désolé pour les filles." "Pas pour moi. Je n'étais pas fâché pour moi. J'étais juste énervé pour leur avenir." "Le consultant m'a dit qu'il me soutiendrait dans leurs soins continus, c'est donc tout ce que je voulais."
L'avenir
C'est environ un an après,en mars 2018, qu'Ibrahima et les jumelles ont été transférés par le Home Office à Cardiff, les demandeurs d'asile peuvent être transférés n'importe où au Royaume-Uni. Doté d’un permis de rester au Royaume-Uni, ils vivent aujourd’hui dans un petit appartement fonctionnel, proche du centre-ville. Ils se déplacent en bus,en essayant de ne pas attirer l’attention sur eux, ce qui est assez délicat compte tenu de la taille d’Ibrahima, 2,03 mètres.Parfois, les filles sont repérées et les gens les suivent dans la rue ou commencent à prier. C’est une chose qu'Ibrahima espèrerait pouvoir arrêter. À bien des égards, la vie ici est simple et joyeuse, quoique isolée.
Les filles parlent de mieux en mieux et elles peuvent profiter de groupes de jeu et de répit au TŷHafan, un hospice pour enfants. EIles ne peuvent pas marcher pour le moment, mais ce sera peut-être possible. Comme la plupart des enfants de deux ans, elles adorent chanter, rire et regarder des dessins animés. Cependant, les médecins savent que Marième s'affaiblit chaque mois et chaque année. À l'heure actuelle, elle est principalement maintenue en vie par Ndèye.
Elle reçoit de l’oxygène du cœur plus fort de Ndèye et de la nourriture via leur estomac lié. Cependant, cette situation met à rude épreuve le cœur et le corps de Ndèye. Fin 2018, les médecins ont déclaré à Ibrahima que si Marième mourait subitement, il serait trop tard pour sauver Ndèye. Dès lors, l'éthique entourant cette affaire est en train de changer et la question est posée ; faut-il tenter la séparation pour sauver la vie de Ndèye ? Ceci, pour le moment, n’est pas une chose à laquelle Ibrahima peut penser.Il en parle comme d’un "trou noir", chaque scénario possible mettant en péril l'existence des filles.
Son réconfort vient des plats traditionnels qu’il cuisine, des chants des membres d’une petite communauté sénégalaise qu’il a rencontrée à Bristol et de sa routine quotidienne : s’occuper de ses filles et passer du temps avec elles.
En préparant leur dîner, il déclare : "Pour être honnête, je trouve la vie ici très humiliante, sans travail ni salaire". "Mais j'essaie de me servir de cette période difficile pour devenir une personne meilleure." "Je dois traverser cette période difficile avec dignité." "Pour moi, j'ai besoin de savoir, dans mon cœur, que j'ai tout fait pour elles, en leur donnant la sécurité et les meilleurs soins de santé possibles." "Quand je me regarde dans le miroir, je dois être en paix." "Au-delà de ça, je n'ai aucun contrôle. " "L’avenir est incertain, mais mes filles se battent tous les jours pour la vie et je me sens très béni." "J'ai découvert à travers leurs vies ce qu'est la vie. " "Mes filles sont des guerrières et le monde doit le savoir."
Un accident s’est encore produit sur l’autoroute à hauteur de la maison de concession de véhicules EMG. Un car s’est renversé après avoir heurté un véhicule particulier de marque Toyota, créant un embouteillage monstre aux alentours. Même si on n’a pas encore signalé de mort, les premiers secours sur place sont en train d’aider les victimes. Selon les informations obtenues, il y a eu 35 blessés, dont 4 graves.
COMMENT ILS ONT ASSASSINÉ MON FRÈRE
Agé de 35 ans et père de 7 enfants, Matar Dioum, batteur de « Djembé (tambour) » a été tué le vendredi 2 août 2019 à Suède à coups de couteaux. L’auteur du crime n’a pas encore été identifié; El Hadji Modou Dioum petit frère de la victime raconte les circ
Agé de 35 ans et père de 7 enfants, Matar Dioum, batteur de « Djembé (tambour) » a été tué le vendredi 2 août 2019 à Suède à coups de couteaux. L’auteur du crime n’a pas encore été identifié même si une enquête a été ouverte pour élucider cette affaire. El Hadji Modou Dioum alias Dj Moo est le petit frère de la victime. Joint au téléphone, il raconte les circonstances dans lesquelles sa famille a appris la mort.
Matar Dioum vivait en Casamance où il a appris le « Djembé ». Originaire de Diourbel, il a quitté le Sénégal en 2010 pour aller vivre en Suède. Il s’y est marié avec une arabo-suédoise avec qui il a divorcé après quelques années. Ses relations avec cette dernière n’étaient pas au beau fixe après leur séparation. « Je ne dis pas que c’est son ex épouse qui l’a tué mais le téléphone de cette dernière a été saisie par les enquêteurs en plus de l’interpellation d’un individu suspect. Il a été poignardé alors qu’il était en train de prendre les marches de l’escalier pour rejoindre son appartement », a expliqué le petit frère du défunt.
Qui raconte qu’à la veille de sa mort Matar a longuement discuté avec ses parents. « Il s’est longuement entretenu au téléphone avec ma mère. Ils se sont taquinés. Au téléphone, il avait annoncé à mon père qu’il viendrait passer la fête de la Tabaski au Sénégal. Cette nouvelle avait réjoui mes parents car cela faisait 8 ans qu’il n’était pas revenu au Sénégal. Aujourd’hui, mes parents sont sous le choc depuis la triste nouvelle », a confié El Hadji Modou Dioum qui dépeint son frère comme une personne flegme, très sociale, sans problème.
« Ce n’est pas parce qu’il est mon frère mais, Matar Dioum était une personne spéciale. Et les témoignages que nous avons reçus de ceux avec qui ils vivaient là-bas en sont des preuves patentes. Ils soutiennent tous que Matar était un bon voisin qui n’a jamais eu maille à partir avec qui que ce soit. A part son boulot, il n’avait aucune autre fréquentation qui nuirait à sa personne. Il est une personne très humble qui accordait beaucoup d’attention à sa famille », a témoigné le frère de la victime.
PAR Jean Meissa Diop
OÙ VA LE SALAIRE DES ENFANTS DES PUBS, FILMS, SÉRES ?
Paye-t-on les bébés et enfants mineurs tenant des rôles dans les films, feuilletons, séries et spots publicitaires ? Si oui, qui perçoit l’argent ? Comment le dépense-t-on ? Et les fonds gagnés profitent-ils effectivement à l’enfant qui les a gagnés ?
Africa Check |
Jean Meissa Diop |
Publication 06/08/2019
Oui, les enfants engagés dans les productions audiovisuelles et spectacles gagnent de l’argent. Au Sénégal, ce cachet est perçu par un parent de l’enfant ou par son tuteur. Mais, après perception de l’argent, nul, à part celui qui le perçoit, ne sait où va l’argent.
En France, il en va tout autrement : le cachet de tout enfant ayant assuré une prestation dans un film, un spot publicitaire, tenu un rôle au théâtre ou dans un spectacle est versé à la Caisse des dépôts (Cdc) et n’est payé au mineur qu’à son âge majeur.
« Le salaire de l’enfant-mannequin, est versé à la Caisse des Dépôts et Consignations et restera bloqué jusqu’à ses 18 ans », confirme le site français magicmaman.com.
D’ailleurs dans un article sur son site, la Caisse des dépôts en France souligne que « le travail des enfants du spectacle et du mannequinat est rigoureusement encadré par la loi ».
Ces dispositions légales se justifient par le fait que dans nombre de pays à travers le monde, l’enfant mineur est interdit de travail.
En France, « le code du travail interdit à tout mineur de travailler avant ses 16 ans ». Au Sénégal, cet âge est de 14 ans.
« Il est possible, au sens du code du travail, que le père, la mère ou le tuteur d’un enfant mineur signe un contrat d’apprentissage au profit de l’enfant », souligne Gallo Diop, ancien inspecteur du travail actuellement directeur des ressources humaines dans le privé.
« Mais, le Code du travail ne dit rien sur la destination de l’argent payé à l’enfant », précise-t-il.
Encore que, « de mémoire d’inspecteur du travail au Sénégal, je n’ai jamais vu un contrat de travail concernant un mineur », indique-t-il.
Protéger les enfants
Au Sénégal, lors du Conseil des ministres du 13 juin 2019, « le président de la République s’est dit préoccupé par la maltraitance des enfants et des groupes vulnérables, et a rappelé au Gouvernement la place centrale de la protection sociale des groupes vulnérables dans le Plan Sénégal émergent »
Et c’est ainsi que le chef de l’Etat a instruit le Gouvernement d’évaluer la mise en œuvre de la stratégie nationale de protection de l’enfant, de veiller à l’adoption urgente du projet de loi portant code de l’enfant, et de bien préparer l’organisation de la journée africaine de l’enfance, prévue le 16 juin 2019.
Selon le responsable de la Communication de la Caisse des dépôts et consignations, Matar Diop, ces instructions ont été répercutées à la Cdc qui fera des propositions prenant en compte la rémunération des enfants mineurs se produisant dans les films, les spots publicitaires, clips musicaux et autres productions de spectacles.
Cet argent fera l’objet d’un placement bancaire et générera des intérêts qui iront à l’ayant droit à sa majorité.
En effet, au Sénégal, les productions publicitaires, les séries, clips et feuilletons mettent en scène des enfants alors que les conditions de rémunérations contractuelles de ces mineurs ne sont pas des plus orthodoxes ; et surtout parce qu’il n’y a pas de loi faisant obligation aux producteurs de spectacles mettant à contribution des enfants de verser l’argent à la Caisse de dépôts et consignations.
D’ailleurs, cette dernière, dans les textes l’organisant, ne comporte pas une disposition lui donnant prérogative de percevoir l’argent payé à des enfants ayant tenu un rôle de mannequin, de comédien…
En fait, il n’y a pas de loi prévoyant cette sécurisation du cachet de l’enfant artiste. Mais, assure le conseiller en communication de la Cdc, la situation va bientôt changer au Sénégal à la faveur des innovations que le chef de l’Etat veut entreprendre portant sur « la stratégie nationale de protection de l’enfant, de veiller à l’adoption urgente du projet de loi portant code de l’enfant ».
Pratique informelle dans les structures de productions
En attendant, les maisons de production de séries, feuilletons télévisuels continuent de faire jouer des enfants, mais ne signent des contrats qu’avec les parents et tuteurs des petits artistes.
Une pratique dont Moussa Niang, administrateur de Leuz Média, une compagnie de productions audiovisuelles dakaroise, confirme l’existence.
« Si nous voulons faire jouer un enfant dans nos productions, nous signons un contrat avec les parents et leur versons l’argent. Nous ne contrôlons pas la destination de l’argent, ni ne vérifions s’il est dépensé au profit exclusif de l’enfant ».
Du côté de l’agence Pikini, Ndèye Awa Lô Ndiaye déclare que l’enfant est engagé sur la base d’un contrat signé par un de ses parents présentant une carte nationale d’identité établissant la paternité de l’enfant. Et l’argent est directement versé au signataire du contrat et non pas à une quelconque structure du type Caisse de dépôts et consignations mandatée par la loi.
Comédien de renom, depuis son adolescence, dans le secteur de la production de feuilletons et séries, Ibrahima Mbaye Sopé, témoigne n’avoir jamais, du temps où il était mineur, bénéficié de protections légales particulières pour ses rémunérations.
A en croire M. Mbaye, l’engagement d’enfants dans des séries, films et spots publicitaires, se fait suivant des « procédures informelles » (sic).
Dans certains cas, il s’agit de négocier pour se faire prêter un enfant par-ci, un bébé par-là ; et la rémunération est versée directement aux parents ou leur représentant qui signe le contrat et empoche le chèque.
« Je ne sais pas l’utilisation qui est faite de la rémunération », souligne-t-il.
Philippe Godeau, réalisateur du film « Yao » est cité par Mbaye Sopé comme référence dans le traitement d’un mineur engagé dans le tournage de son film.
A l’en croire, Godeau a suivi Lionel Basse et payé des cours de rattrapage des heures que le petit comédien aurait manquées à l’école.
Un traitement bien différent de celui de certains enfants par des agences peu scrupuleuses.
ISMAÏLA SARR PROCHE DE WATFORD
Si Rennes réclamait d'abord 40 M€, puis 37 M€, il devrait consentir à se séparer de son ailier, finaliste malheureux de la CAN cet été avec le Sénégal, contre 30 M€ assortis de 5 autres en bonus
Rennes est en passe de conclure le transfert de l'ailier sénégalais à Watford contre 30 M€, plus 5 M€ de bonus.
À deux jours de la fin du mercato anglais, certains dossiers connaissent d'inévitables coups d'accélérateur. Celui du départ d'Ismaïla Sarr (21 ans) du Stade Rennais est un de ceux-là. Convoité outre-Manche, l'ailier sénégalais devrait bien quitter la Bretagne cet été. Revenu la semaine passée au centre d'entraînement de la Piverdière, où il a repris un entraînement individualisé pendant que ses partenaires disputaient le Trophée des champions en Chine, à Shenzhen face au PSG, Sarr s'apprête à s'engager avec Watford.
Le président rennais Olivier Létang doit rencontrer à Rome ce mardi après-midi son homologue du club anglais, l'Italien Gino Pozzo. Si Rennes réclamait d'abord 40 M€, puis 37 M€, il devrait consentir à se séparer de son ailier, finaliste malheureux de la CAN cet été avec le Sénégal, contre 30 M€ assortis de 5 autres en bonus. Watford lui propose un contrat de cinq ans.
La piste Blas s'éloigne
Parmi les autres prétendants pour arracher le joueur formé à l'académie Génération Foot et passé par le FC Metz, se trouvaient West Ham et Naples. Le club napolitain était venu aux renseignements après avoir échoué à attirer Nicolas Pépé, parti à Arsenal, mais sans formuler de proposition.
Pour pallier le départ de Sarr, Rennes tente d'enrôler l'ailier Ludovic Blas (21 ans). Mais c'est vers Angers, qui offre à son club de Guingamp (L2) 4,5 M€, que devrait se diriger ce dernier.