Le Sénégal joue ce soir (19h00 GMt) l'ouganda pour une place en quart de finale de la can 2019 en egypte. un match piège pour les «Lions» contre une coriace équipe des «cranes».
Les choses sérieuses débutent ce soir pour l'équipe du Sénégal qui affronte l'Ouganda. Qualifié pour les huitièmes après avoir terminé à la deuxième place du groupe C, le Sénégal est considéré comme le grand favori de cette partie. Avec des joueurs évoluant dans les meilleurs championnats du monde, Aliou Cissé a les arguments pour tirer son épingle du jeu. Avec un Sadio Mané retrouvé (auteur d'un doublé contre le Kenya), les «Lions» ont de quoi espérer. Contre les «Cranes» Aliou Cissé disposera de son effectif au complet.
L'OUGANDA, DIFFICILE A MANOEUVRE
Si le Sénégal peut se targuer d'avoir des stars dans son groupe, l'équipe ougandaise a, elle aussi, un atout de taille, son collectif. Avec sa forte ossature locale, l'équipe ougandaise pratique un jeu séduisant. Lors de leur première rencontre contre la RDC dans le groupe A, les «Cranes» avaient marché sur leur adversaire (2-0), avec beaucoup de maîtrise. Bien que battus par l'Egypte lors de la troisième journée (2-0), les hommes de Sébastian Desabre avaient vaillamment résisté aux Pharaons.
ONYANGO, OKWI, MIYA, LES HOMMES DE BASE
Deuxième du groupe A (4 pts), l'Ouganda n'a connu qu'une seule défaite dans cette compétition, tout comme le Sénégal. L'équipe repose sur un jeu direct, porté vers l'avant. Amenés par son expérimenté gardien et capitaine Denis Onyango (63 sélections), les «Cranes» jouent sans complexe. «C'est une équipe costaud, qui a gardé sa culture africaine. Ils jouent comme des vrais Africains», avait relevé le coach sénégalais Aliou Cissé. Agé de 34 ans, Onyango est le symbole de cette équipe. Considéré comme un des meilleurs portiers sur le continent africain, il aura un rôle déterminant dans cette rencontre. Au niveau offensif, l'Ouganda s'appuiera sur Emmanuel Okwi. Auteur de deux buts en trois matchs, l’attaquant de Sønderjyske (Danemark) sera un sacré client pour la défense sénégalaise.
Milieu de terrain techniquement doué et doté d'une belle vision du jeu, Farouk Miya fait également partie des hommes à surveiller. A seulement 21 ans, le joueur de HNK Gorica (Croatie) est considéré comme un grand joueur en devenir. C'est avec autant de profils que Sébastian Desabre compte déjouer les plans de Aliou Cissé, pour se frayer un chemin pour les quarts de finale.
SALE TEMPS POUR DES HOMMES DE TENUE !
La journée d’hier, jeudi 4 juillet 2019 a été singulière pour les hommes de tenue.
La journée d’hier, jeudi 4 juillet 2019 a été singulière pour les hommes de tenue. A Touba, le sapeur-pompier El Hadji Mansour Touré s’est pendu sur le toit de son immeuble. Dans la retentissante affaire de l’or du parc de Niokolo Koba, le conservateur du Parc, le Lieutenant-colonel Amar Fall et son adjoint, le capitaine Mamadou Marone, ont été respectivement condamnés à deux ans et six mois de prison ferme. Inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour son post sur Facebook, le colonel Abdourahim Kébé, convoqué par la Section de recherches de la gendarmerie de colobane pour avoir participé à une marche de «Ar liniou bokk ». A Keur Mbaye Fall, dans la banlieue Dakaroise, un gradé de la gendarmerie tabassé par dealer de drogue.
La journée du jeudi 4 juillet 2019 restera sur gravée dans les annales de l’histoire des hommes de tenue. A Touba, le corps d’El Hadji Mansour Touré sapeur-pompier de la 21ème compagnie, a été découvert mort, une corde au cou. Certaines sources disent qu’il était sur le toit de son immeuble, d’autres affirment qu’il se trouvait dans sa chambre. Le certificat de genre de mort établi à l’hôpital Matlaboul Fawzeyni où la dépouille a été transférée a confirmé les soupçons de suicide par pendaison. Toujours dans la matinée d’hier, le Tribunal de grande instance de Kédougou a rendu son délibéré dans l’affaire de l’exploitation minière illicite du parc de Niokolo Koba, jugée en audience spéciale le 21 Juin dernier. Le conservateur du Parc, le Lieutenant-colonel Amar Fall, le lieutenant Sultan Diop ont pris deux ans de prison ferme. L’adjoint du directeur du parc, le Capitaine Mamadou Marone a écopé de 6 mois de prison ferme pour avoir pris part à cette opération d’exploitation illégale de l’or .
LE COLONEL KEBE À LA SR
A Saint-Louis, le Colonel à la retraite Abdourahim Kébé, ancien Secrétaire national chargé de la défense du parti politique Rewmi d’Idrissa Seck a promis de réagir par un point de presse dans la journée, suite à sa convocation par la Section de Recherches de la gendarmerie de Colobane qui lui reprocherait d’avoir violé les restrictions du contrôle judiciaire dont il fait l’objet. Le Colonel Kébé avait pris part à une marche de la plate-forme « Aar Li Nu bokk » pour protester contre la nébuleuse qui entoure la signature des contrats sur le pétrole et le gaz, notamment l’affaire Aliou Sall-Pétro-Tim. Pour des motifs personnels, le Colonel Kébé, qui pour rappel a été inculpé pour son post sur Facebook, a gelé ses activités politiques à Rewmi.
UN GENDARMERIE AGRESSÉ PAR DES DEALERS
Ce sont nos confrères de RFM qui ont donné l’information. Un haut gradé aurait été pris à partie par des dealers qui l’ont malmené. Les faits se sont déroulés dans la soirée du mercredi 3 juillet 2019. Un gendarme qui habiterait dans le secteur de Keur Mbaye Fall, a «rendu visite » à un groupe de trafiquants et fumeurs de chanvre indien qui avait fait de son quartier général, les abords du Cem de Keur Mbaye Fall, au vu et au su de tous. Ces derniers l’auraient blessé, avant de se fondre dans la nature. Peut-être qu’il a senti l’odeur qui l’ «herbe qui tue » en passant et n’a pas pu se retenir d’intervenir même s’il n’était pas seul.
Ce qui est bizarre, c’est qu’on parle de Commandant… D’habitude, ils font intervenir leurs éléments et n’agissent jamais seuls. Joint au téléphone, le tout nouveau chargé de la Division Communication de la gendarmerie nationale, le Commandant Ababacar Faye se montre circonspect sur cette affaire. Le Commandant de la Zone de Rufisque, qui est le patron dans ce secteur, n’a pas été informé de cet incident. Territorialement compétent, il n’a reçu aucun compte rendu sur cette affaire. Un dossier à suivre. Toujours est-il que les hommes de tenue ont eu une journée inoubliable
LE PROCHAIN DÉFI DE JUMIA, "L'AMAZON AFRICAIN"
Le franco-canadien Sacha Poignonnec, co-fondateur de Jumia, le leader africain du commerce en ligne, assure que le prochain défi de sa plateforme, surnommée l'"Amazon africain", sera d'atteindre la rentabilité, sept ans après sa création
Le franco-canadien Sacha Poignonnec, co-fondateur de Jumia, le leader africain du commerce en ligne, assure, dans un entretien à l'AFP, que le prochain défi de sa plateforme, surnommée l'"Amazon africain", sera d'atteindre la rentabilité, sept ans après sa création.
Entré à la Bourse de New York en avril dernier, Jumia, présent dans 14 pays soit presqu'autant que le colosse américain aux 233 milliards de dollars de ventes annuelles, a dégagé en 2018 un chiffre d'affaires de 130,6 millions d'euros, en forte hausse de 40% sur un an.
Mais, en dépit d'importantes levées de fonds dont 196 millions de dollars grâce à sa cotation à Wall Street, le groupe qui comptait 4 millions d'utilisateurs actifs fin 2018, reste fortement déficitaire.
Question: Quelle est la genèse de Jumia ?
Réponse: "(Avec le Français Jérémy Hodara, l'autre fondateur et dirigeant), nous avons fondé Jumia sur la base d'un constat simple, c'était que le e-commerce était en train de se développer partout dans le monde mais pas encore en Afrique.Pourtant, on voit qu'il y a là un énorme besoin de la part des vendeurs et des clients de pouvoir avoir accès à des services digitaux (numériques, NDLR).L'entreprise a démarré au Nigeria, en Egypte, au Maroc et en Afrique du Sud.Aujourd'hui, nous sommes présents dans 14 pays en Afrique, qui couvrent quasiment 700 millions d'habitants.Près de 6.000 collaborateurs travaillent chez nous et plus de 80.000 vendeurs ont écoulé leurs produits sur Jumia l'année dernière".
Q: Comment qualifieriez-vous le marché de la distribution en Afrique, et plus particulièrement celui du commerce en ligne ?
R: "Il est très particulier.Dans la distribution physique, il est l'un des plus difficiles au monde parce qu'il y a très peu de magasins en Afrique et que les infrastructures sont très difficiles pour distribuer les produits.Du coup, le e-commerce offre une vraie solution, même s'il est nouveau.Aujourd'hui, moins de 1% du commerce (en Afrique) se fait en ligne alors qu'en Chine, cette proportion est de 20%.Le e-commerce en est donc à ses débuts en Afrique mais il est en forte croissance, de l'ordre de 60% chez Jumia en ce moment".
Q: Comment gérez-vous l'aspect logistique de votre activité ?
R: "Nous nous appuyons sur un réseau de plusieurs centaines de partenaires locaux qui connaissent très bien les régions et les spécificités locales, et nous avons développé pour eux de la technologie, des outils, de la data (analyse de données), des procédés, que nous mettons à leur disposition pour les aider à opérer de la façon la plus efficace.Et enfin, nous avons un réseau d'entrepôts et de lieux physiques que nous opérons nous-mêmes.Ainsi, 50% de nos colis vont être livrés dans les grandes villes, et le reste dans des zones secondaires, voire rurales.Quant à nos clients, ils utilisent à 80% leurs téléphones mobiles pour passer leurs commandes".
Q. Justement, quels sont les produits plébiscités par vos consommateurs ?
R: "Certains des besoins de nos clients sont les mêmes qu'ailleurs (téléphones, téléviseurs, produits du quotidien) mais on a aussi des catégories qui sont très spécifiques: soins, maquillage, coiffure, mode...Et c'est d'ailleurs pour cela qu'on s'est construit comme une place de marché, pour associer clients et vendeurs locaux".
Q: A présent que la société est entrée en Bourse, comment voyez-vous son avenir ?
R: "On va continuer notre stratégie actuelle qui consiste à promouvoir le e-commerce auprès des clients qui ne connaissent pas et continuer à construire la croissance de la société, mais aussi, bien sûr, à atteindre la rentabilité: on a ouvertement annoncé qu'elle faisait partie de nos objectifs mais sans donner de date".
Q: On vous compare souvent à Amazon, qu'en pensez-vous?
R: "Effectivement, c'est un raccourci qui est facile et logique, qu'on accepte avec plaisir, même si le e-commerce n'a rien à voir en Afrique avec celui en Europe ou aux Etats-Unis.Notre stratégie a été de se dire que le e-commerce n'est pas encore présent en Afrique, c'est donc une superbe opportunité de créer cette offre, désormais présente dans 14 pays.Quant à Amazon, ils sont présents dans une quinzaine de pays, et Alibaba dans cinq".
LES CONDITIONS DE PARTICIPATION AUX ÉLECTIONS LOCALES CONNUES
Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique a publié, hier, deux arrêtés fixant les conditions de participation à ce scrutin prévu le 1er décembre prochain
Les candidats aux élections locales savent désormais à quoi s’en tenir. Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique a publié, hier, deux arrêtés fixant les conditions de participation à ce scrutin prévu le 1er décembre prochain. Ils devront, en plus de verser une caution de 10 millions de F CFA, déposer des signatures de l’ordre de 1 à 1,5% des électeurs inscrits dans leurs circonscriptions respectives.
Les services du ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye ont sorti hier, deux arrêtés datant du 3 juillet 2019 fixant respectivement la caution et les conditions du parrainage. En ce qui concerne le montant de la caution pour les élections départementales et municipales du 1er décembre 2019, il est indiqué dans la note parvenue à «L’As» que le montant de la caution en vue de la participation aux élections départementales, d’une part, et aux élections municipales, d’autre part, est fixé à dix millions de francs CFA. Ce, précise-t-elle, pour chaque type d’élection et par chaque liste quel que soit le nombre de départements ou de communes où la liste de candidats se présente. Toujours selon l’arrêté, cette somme est à verser à la Caisse des dépôts et Consignations par le mandataire au nom d’un parti politique légalement constitué, d’une coalition de partis politiques légalement constituée ou d’une entité regroupant des personnes indépendantes.
Pour ce qui est du deuxième arrêté publié hier et datant également du 3 juillet 2019, il fixe le format et les éléments d’identification constituant les rubriques de la fiche de collecte des parrainages en vue des élections départementales et municipales du 1er décembre 2019. Ainsi, l’article 6 de l’arrêté précise que le pourcentage représentatif du nombre de parrains requis par département ou par commune est calculé à partir de la situation du fichier des électeurs établis sur le territoire national à la date de la signature du présent arrêté. Ainsi, il est fixé que ce soit pour les Communes comme pour les départements un minimum de 1% et un maximum de 1,5% d’électeurs inscrits dans les différentes circonscriptions. Il faut préciser que les dernières élections locales datent du 29 juin 2014 et qu’elles devraient se tenir à nouveau le 23 juin 2019.
avant d’être repoussées par décret présidentiel au 1 er décembre 2019. Entre autres raisons citées à l’époque, la coïncidence des investitures pour les locales et la campagne électorale de la présidentielle 2019.De même, le dépôt des listes était fixé le 2 avril 2019, période qui devait coïncider avec la prestation de serment du Président qui devrait être élu
UN BUSINESS DE DIZAINES DE MILLIARDS POUR 200.000 ENFANTS RECENSÉS
Dans son rapport publié le 11 juin 2019, Human rights Watch a fait état de 100.000 talibés vivant au Sénégal et contraints par leurs maîtres coraniques ou marabouts de mendier de l’argent ou de la nourriture
Dans son rapport publié le 11 juin 2019, Human rights Watch a fait état de 100.000 talibés vivant au Sénégal et contraints par leurs maîtres coraniques ou marabouts de mendier de l’argent ou de la nourriture. Mais, les chiffres semblent être plus effarants que cela. car d’après les calculs, il est établi qu’environ 200.000 enfants sont recensés sur le territoire sénégalais pour une exploitation qui rapporte des dizaines de milliards Fcfa l’année.
«Il y a beaucoup de cas d’abus d’exploitation au Sénégal des enfants. Et même les estimations données par Human Right Watch sont très en deçà de la réalité.» C’est ce qu’a révélé, hier, Issa Saka, coordinateur des projets pour l’ONUDC lors d’un atelier de formation des journalistes sénégalais sur la traite des êtres humains transnationale en Afrique.
A l’en croire, rien que dans la région de Diourbel, on compte 129.000 enfants mendiants ; alors qu’au même moment Dakar et Saint-Louis enregistrent successivement 30.000 et 14.000 enfants talibés. Ce, dit-il, sans compter les autres régions. Ce qui fait environ 200 000 enfants partout dans le Sénégal. Les enfants étrangers, selon M. Saka, représentent 9% du chiffre donné et viennent essentiellement de la Guinée-Bissau. A supposer que les marabouts demandent des versements journaliers de 500 Fcfa, M. Saka reconnait, que l’exploitation rapporte une trentaine de milliards Fcfa environ l’année à ceux qui tirent profit de cette activité.
EXPLOITATION DE FILLES SENEGALAISES DANS LES PAYS DU GOLFE
Le coordinateur des projets pour l’ONUDC, Issa Saka, est revenu également sur une autre forme de traite notée au Sénégal : le travail domestique forcé. Malheureusement, il dit constater que beaucoup de filles à qui on fait signer des contrats en arabe vont voyager pour aller travailler comme domestiques dans des pays du golfe en Arabie Saoudite et au Koweït etc. Avant de préciser qu’on leur promet des salaires de 200.000 voire 300.000 Fcfa pour se retrouver finalement dans des conditions d’exploitation indescriptibles. «Vous avez vu le cas de Mbayang Diop qui a été finalement obligée de se battre pour se libérer. Et elle a tué son employeur. Donc, ce sont des cas réels qui sont également sous documentés. Ce sont des personnes qui partent dans la clandestinité, qui se cachent pour partir avant de finir par être exploitées. Et souvent, elles sont rapatriées dans des conditions dramatiques», s’est-il désolé. M. Saka de soutenir que, selon leurs informations, les recruteurs sont souvent proches des familles. Et précise-t-il, ces derniers, à qui les familles font souvent confiance, viennent proposer le travail, se chargent de toutes les paperasses pour le voyage sans dire toute la vérité autour du travail proposé. «Les filles qu’on envoie là-bas ne parlent pas souvent arabe. Et selon nos informations par rapport aux filles qui avaient été retournées, Pout et Sébikhotane constituent les principaux lieux de provenance des jeunes filles qui vont travailler dans les pays du golfe. Ceux qui recrutent sont des gens qui ont des connexions en Arabie saoudite», a-t-il déclaré.
PROSTITUTION FORCEE, PRATIQUES MYSTIAUES A KEDOUGOU
bordant la question de la prostitution forcée, M. Saka souligne que le phénomène est très répandu à Kédougou où des filles viennent principalement du Nigéria où elles sont recrutées. «Des filles à qui on promet des voyages en Europe comme la France ou l’Italie ; des filles à qui on promet des métiers de coiffeuse, de mannequin ou de restauratrice, mais qui se retrouvent dans la forêt de Kédougou sur les sites d’extraction. Et une fois sur place, leurs bourreaux confisquent leur document de voyage avant de les contraindre de se prostituer. Si certaines filles sont bastonnées ; d’autres subissent des pratiques mystiques comme le «Djoudjou» qui font qu’elles sont terrorisées et vont être obligées de se prostituer et de procéder à des versements à leurs bourreaux», renseigne-t-il. En définitive, pour ce qui est des poursuites et des condamnations que ce soit pour la mendicité comme pour la prostitution forcée, Issa Saka estime qu’elles sont timides. Il ajoute qu’il y a plus d’actions judiciaires par rapport à la prostitution forcée qu’à l’exploitation de la mendicité, par exemple.
«Pour la mendicité, il y a des connexions avec la religion et la tradition qui font que c’est très sensible», dit il avant de déplorer le fait qu’il y ait, à chaque fois, une volonté politique affichée, mais qui n’est jamais réalisée à 100%. Cependant, Issa Saka ne désespère pas de voir le phénomène s’estomper progressivement. «Je suis rassuré de voir que le Sénégal a été déclassé sur le classement du département d’Etat américain. Le pays est déclassé, l’année dernière, pays à surveiller niveau 2. Cette année, on a gagné une place, on a perdu «à surveiller». J’espère que les efforts sont en train d’être mis en œuvre pour que le phénomène puisse s’estomper. Mais, cela continue parce que c’est un phénomène très complexe», a-til conclu.
CAN 2019, PLACE À L'ENJEU !
Peu inquiétés durant la phase de poules, les favoris, Egypte, Maroc ou Sénégal, entament à partir de vendredi en huitièmes de finale leur difficile ascension vers le sacre. Pour le Cameroun, tenant du titre opposé au Nigeria samedi, attention à la chute !
C'est l'affiche du premier tour à élimination directe: Cameroun-Nigeria, un classique entre deux voisins. Les fans des Lions indomptables chérissent le souvenir des finales 1984, 1988 et 2000 gagnées face aux Super Eagles, quand leurs adversaires ont en tête la victoire 4-0 lors des éliminatoires pour le Mondial-2018.
Mais avant de se retrouver à Alexandrie samedi à 18h00, aucune des deux équipes n'a montré de quoi égaler ses devancières dans les livres d'histoire. Le Nigeria a été privé de la première place de son groupe par le novice Madagascar, qui l'a battu 2-0 à la surprise générale.
Le Cameroun, qui reste sur deux 0-0 (contre le Ghana puis le Bénin), ne sait plus marquer. Sacrée en 2017, la sélection dirigée par Clarence Seedorf a fini 2e du groupe F derrière le Ghana, pour se retrouver dans la partie de tableau la plus difficile. A l'horizon se profile un quart face à l'Egypte, qui joue face à l'Afrique du Sud samedi (21h00) au Caire...
"Pour aller loin, il faut battre chaque équipe. Ça va être un très bon match", a déclaré le capitaine des Lions indomptables Eric Maxim Choupo-Moting.
Le Sénégal et l'Algérie face à un piège
L'Algérie de Riyad Mahrez, après son élimination dès les poules en 2017, est l'équipe qui a le plus impressionné depuis le début de la compétition. Les Fennecs, qui ont remporté leurs trois matches de poule pour la première fois depuis leur sacre de 1990, sauront-ils gagner une rencontre de phase finale après neuf ans de disette ?
Dimanche au Caire face à la Guinée (21h00), dont le maître à jouer Naby Keïta est incertain, les Verts aborderont leur 8e avec leur nouvel habit de grand favori, celui que le sélectionneur Djamel Belmadi repousse sans cesse dans ses conférences de presse. Avant un éventuel quart face au Mali ou la Côte d'Ivoire.
Le Sénégal de Sadio Mané a lui aussi tout d'un futur vainqueur. Mais les Lions de la Teranga sortent des poules esquintés, par une défaite face à l'Algérie (0-1) et surtout la blessure de plusieurs cadres.
Face au coriace Ouganda, vendredi au Caire (21h00), le coach Aliou Cissé déplorera l'absence de son gardien Edouard Mendy, forfait jusqu'à la fin de la compétition en raison d'une fracture à la main gauche, mais devrait enregistrer le retour de son défenseur central Salif Sané.
"Le talent est avec nous, on a énormément de potentiel. Face au Kenya (3-0), les garçons ont montré une force de caractère assez intéressante. Nous sommes optimistes pour l'avenir", a assuré le technicien.
Derby Mali-Côte d'Ivoire, Madagascar y croit
Sur le papier, le Mali et la Côte d'Ivoire ont tout pour se ressembler: deux Etats voisins, et deux sélections portées par leur jeunesse. Les Aigles de Diadie Sammassekou et Moussa Marega affrontent les Eléphants de Nicolas Pépé dans un duel plein de promesses, lundi à Suez (18h00).
Les Maliens, premiers devant la Tunisie, ont déjà étalé leur potentiel dans cette CAN, et partent avec un peu d'avance face aux Ivoiriens. "Mali-Côte d'Ivoire, c'est un grand match, et ce depuis mon enfance. Ça sera difficile", a reconnu le défenseur malien Boubakar "Kiki" Kouyaté.
Avec une moyenne d'âge supérieure à 28 ans, Madagascar a beau avoir l'équipe la plus âgée du tournoi, elle n'a pas l'expérience de ce niveau-là: c'est sa première phase finale, pour sa première participation! Les Zébus, qui ont créé la surprise face au Nigeria (2-0), rencontrent la RD Congo, dimanche à Alexandrie (18h00), pour poursuivre leur belle histoire.
Idem pour le Bénin, qui va jouer face au Maroc, vendredi au Caire (18h00), son premier match à élimination directe en quatre éditions. Mais les Ecureuils devront faire sans leur attaquant vedette Steve Mounié, suspendu.
Ghana-Tunisie, lundi à Ismaïlia (21h00), fermera la marche des huitièmes.
ALIOU CISSE ET SEBASTIEN DESABRE SE DEFIENT… «A L’AFRICAINE»
Commentant le profil de son adversaire, l’Ouganda, de ce soir en 8e de finale de la Can, Aliou Cissé de déclarer
Commentant le profil de son adversaire, l’Ouganda, de ce soir en 8e de finale de la Can, Aliou Cissé de déclarer : «Nous devons nous préparer à jouer un match typiquement africain.» Des propos qui font allusion au style de jeu et à la base locale des «Cranes» que les Lions, en dépit de leur forte dose d’expatriés, devront s’adapter.
Sénégal-Ouganda de ce soir (19h Gmt) aura tous les ingrédients d’un match-couperet. Normal pour des huitièmes de finale d’une Can où le vaincu va rentrer à la maison. Au-delà de cet enjeu, il y a aussi le jeu et le profil des deux équipes qui vont s’expliquer sur la belle pelouse du stade International du Caire qui va d’ailleurs accueillir la finale de cette 32e édition de la Can.
En tout cas, Aliou Cissé, qui était face à la presse ce jeudi matin, est conscient qu’il aura à faire face à une équipe ougandaise d’un autre style. «L’Ouganda, c’est une équipe très costaude, défensivement en place et qui met souvent en difficulté les équipes qui jouent en possession. Depuis 4 à 5 des entraineurs sont passés, mais l’identité du jeu est restée la même. Je pense que ce sera un match engagé. Nous devons nous préparer à jouer un match typiquement africain. On a des individualités. Chaque match a ses réalités.»
Cissé : «C’est à nous de nous adapter et de jouer notre jeu»
Selon le coach des Lions, «l’Ouganda, c’est une autre façon de jouer. Et c’est à nous de nous adapter et de jouer notre jeu. Je crois que l’avenir appartient à ces sélections qui auront à leur disposition des joueurs locaux pour pouvoir les réunir souvent et leur donner une identité de jeu. L’Ouganda, c’est un peu un cran au-dessus de la Tanzanie et du Kenya».
Par rapport à l’enjeu, Cissé va droit au but : «Les deux équipes seront motivées. Mais comme je dis, il faut gagner ce match pour qu’on puisse aller le plus loin possible. Nous savons que nous avons les arguments pour aller le plus loin possible. On a des jeunes qui veulent aller loin dans cette compétition. On a un Peuple qui est derrière nous et qui nous accompagne. On a à cœur de le rendre fier et on a les moyens de le faire.»
Desabre : «L’affaire des primes va motiver les joueurs»
Quant au sélectionneur des Cranes, Sébastien Desabre, il soutient avoir «une équipe de challengers, qui aime relever des défis avec notre style basé sur une base locale. Pour nous, c’est une motivation supplémentaire de jouer contre le Sénégal, même si nous savons que ce sera difficile parce que c’est une grande équipe».
Quid de l’histoire des primes qui a perturbé leur programme de préparation ? Le technicien français minimise. «C’est vrai qu’on ne s’est pas entrainés pendant deux jours. Mais faut comprendre que ces histoires de primes, c’est souvent de petits conflits dans une famille. Mais tout est rentré dans l’ordre. Et d’ailleurs cette histoire devrait être une source de motivation pour les joueurs. Et nous mettrons tous les efforts nécessaires pour gagner ce match.»
« C’EST FAUX DE PENSER QUE LES CONVENTIONS FISCALES SONT DETERMINANTES DANS LE CHOIX DES INVESTISSEURS »
Dans l’interview accordée à « EnQuête », Alvin Mosioma, directeur exécutif de l’organisation panafricaine Tax Justice Network Africaa (Tjna) parle des accords de non double imposition, particulièrement du cas Ile Maurice
En marge de l’Académie internationale sur la justice fiscale organisée au Sénégal du 24 au 28 juin 2019, le directeur exécutif de l’organisation panafricaine Tax Justice Network Africaa accordé à “EnQuête’’ une interview dans laquelle il parle des accords de non double imposition, particulièrement du cas Ile Maurice.
Quels peuvent être les effets des conventions de non double imposition sur l’économie des pays africains comme le Sénégal ?
En vérité, les accords de non double imposition favorisent les échanges dans un seul sens. Or, leur principale justification était d’éviter aux investisseurs de se retrouver dans des situations où ils seraient imposés doublement. Mais, dans la réalité, ces accords sont utilisés par les multinationales pour ne pas payer de taxes du tout. Ce qui n’est pas juste et cela affecte plus les pays en développement qui perdent beaucoup de ressources, à cause de ces conventions. C’est le cas, par exemple, de la convention entre l’Ile Maurice et le Sénégal. Le cas Ile Maurice est, en effet, un cas d’école qui devrait être examiné de façon spécifique. Ce pays signe beaucoup d’accords très léonins avec les pays africains, particulièrement. Il leur fait perdre beaucoup de recettes qui auraient pu servir au développement de ces Etats.
L’un des arguments avancés pour justifier la signature de tels accords, c’est le désir d’attirer les investisseurs. Quelle alternative pour atteindre cet objectif sans compromettre les intérêts des pays concernés ?
C’est un argument fallacieux. En réalité, le critère le plus déterminant pour attirer les investisseurs, ce n’est pas les exonérations ou les conventions. Les spécialistes conviennent tous que ce qui intéresse le plus les investisseurs, ce sont, d’abord, des gouvernements non corrompus, de bonnes infrastructures, une certaine indépendance énergétique, de bonnes infrastructures… La stratégie doit donc être de collecter des revenus, en vue de construire des routes, des infrastructures et de renforcer la gouvernance. Non de renoncer à des recettes.
Quel est l’intérêt, pour vous, de former les membres de la société civile sur ces questions de la justice fiscale ?
L’objectif principal de l’académie est de renforcer les capacités des organisations et des individus qui s’intéressent à des questions de fiscalité. Cela est très important, dans la mesure où les impôts sont indispensables pour permettre aux hommes de vivre dans une société civilisée. Il s’agit donc de former les membres de la société civile pour qu’ils puissent aider leurs gouvernements à mobiliser des ressources propres pour financer les besoins vitaux de leurs populations. Il s’agira aussi, pour ces membres de la société civile, de surveiller si les gouvernements essaient de collecter ces fonds de manière juste et équitable. Nous constatons que ce n’est pas encore le cas, dans beaucoup de pays africains où la fiscalité, souvent, est supportée par la consommation. On taxe beaucoup plus les gens démunis par rapport aux riches et aux multinationales. Ce que les Etats doivent revoir. Notre position est que ceux qui gagnent plus doivent payer plus.
Quels sont les enseignements majeurs qui ressortent de ces échanges de Dakar ?
D’abord, je pense que cela a permis aux participants de comprendre davantage combien les taxes sont importantes dans la vie d’une nation. On ne peut parler de financement du développement sans parler des taxes. Les Etats devraient plus miser sur ces types de ressources qui leur appartiennent au lieu de continuer un endettement à outrance ou de dépendre de l’aide. En deuxième lieu, il faut savoir que pour qu’on arrive à une fiscalité juste et équitable, le rôle de la société civile est très important. C’est une question qui dépasse les Etats ; elle est globale. On doit donc comprendre comment l’Afrique va se positionner pour participer à la détermination de la fiscalité dans le monde. On ne doit pas être là à subir le système international. Nous avons notre mot à dire et c’est en ce sens qu’il faut comprendre ces initiatives.
En ce moment, c’est le scandale Bp qui défraie la chronique au Sénégal. Quelle est votre position sur cette question et êtes-vous prêt à accompagner les membres de la société civile sénégalaise dans cette guerre contre la multinationale anglaise ?
C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous sommes là. Il ne s’agit pas pour nous de mener cette bataille à la place des populations sénégalaises, mais plutôt de renforcer les capacités des gens qui s’activent dans cette lutte. Nous leur donnons des connaissances dont ils ont besoin et nous les conseillons du point de vue de la stratégique de lutte. C’est pour exercer plus de pression sur le gouvernement, mais surtout pour aboutir à des relations profitables aux Sénégalais. Notre mission sera donc d’accompagner les Sénégalais, parce que le combat est avant tout le leur.
ET SI LE DIALOGUE CHANGEAIT TOUT!
Il faudra 10 à 20 millions de F Cfa pour être candidat aux élections municipales etdépartementales - Cette caution fixée par le ministre de l’Intérieur et que des partis et coalitions de l’opposition ne cautionnent pas
Il faudra 10 à 20 millions de F Cfa pourêtre candidat aux élections municipales et départementales. Presqu’autant que le montant exigé pour les Législatives. Cette caution fixée par le ministre de l’Intérieur et que des partis et coalitions de l’opposition ne cautionnent pas. Encore moins les indépendants. Et pourtant, un éventuel consensus sur le parrainage, objet de discussions dans le cadre du dialogue politique, pourrait tout changer.
La psychose des élections locales de 2014 est encore là. Il n’y apas de doute. La pléthore de listes (2 700) avait surpris les Oge(Organes de gestion des élections) et tous les observateurs. S’il y avait autant de candidats, c’est parce qu’il n’y avait pas de filtre. Ni caution ni parrainage.Alors, les Législatives de 2017 et leur lot de 47 listes n’étaient pasloin d’alerter sur l’obligation de rationaliser les candidatures. L’impossible bonne organisation avait poussé l’Etat, la Cena et les pôles à introduire en urgence une loi permettant à l’électeur de choisir au moins 5 des 47 bulletins et d’en choisir un. Ce que d’aucuns avaient dénoncé, soulignant que cela remettait en cause le secret du vote. Chat échaudé craignant l’eau froide, le gouvernement a entrepris detrouver un filtre pour les candidatures à toutes les élections enmisant sur le parrainage citoyen, du reste très controversé. Ce système a induit alors la baisse de la
caution pour la présidentielle de 65 à 30 millions, soit plus de la moitié. A l’arrivée, il n’y a eu que 5 candidats. Que de choses à diredans la pratique et l’opérationnalité du dispositif de contrôle qui a tamisé les candidats ! Il faut relever d’ailleurs que cette caution de 10 à 20 millions, selon que la liste est candidateaux Municipales et/ou aux Départementales, pose véritablement problème.
En effet, le montant pour les Législatives estpassé de 20 millions jusqu’en2013 à 15 millions en 2017. Il est alors difficile de comprendre que la caution pour les Locales (10 à20 millions) soit aussi élevée. Cene serait pas, comme on veut lefaire croire, promouvoir les candidatures indépendantes.
A l’heure du bilan, une chose fait l’unanimité : il faut revoir le parrainage pour les Locales. C’est l’un des points essentiels aumenu du dialogue politique. Il faut l’abandonner, selon les observateurs de l’Union européenne. Alors, c’est au moment où laCommission cellulaire dirigéepar le général Niang tente detrouver un consensus que cette question divise les acteurs politiques. Même s’il faut concéder à Aly Ngouille Ndiaye le respect à la lettre du calendrier électoral qui lui impose de fixer le montant de la caution dans les délais. Jusqu’à preuve du contraire, les Locales se tiendront le 1er décembre 2019, puisqu’il n’y a pas encore de report. Et que la question n’est même pas encore abordée par le cadre chargé du dialogue politique.
Tout de même, dans l’esprit, le seul fait que la date des élections et le parrainage soient des questions prioritaires du dialogue est un paravent pour le ministre. Peut-on distinguer la caution du parrainage ? Si le dialogue politique conclut à un consensus surla baisse du taux de signatures, cela n’impacterait-il pas le montant de la caution ? Pour la présidentielle en tout cas, le parrainage a dicté la diminution dela caution de 65 à 30 millions. Il était alors mieux indiqué d’inclure le montant de la caution pour les Locales dans le menu du dialogue politique. Et ce serait uneoccasion de «verrouiller» les cautions de toutes les électionsune bonne fois pour toutes. Parce que ce dialogue-là n’est pas que pour les Locales.
LE SENEGAL, PARADIS DES « MAURICIENS »
Après la décision du président de la République Macky Sall de dénoncer la convention de non double imposition avec l’Ile Maurice, “EnQuête’’ revient sur les ravages de cet accord qui a occasionné des dégâts inestimables au Trésor public sénégalais
Un véritable carnage financier ! Dans les rencontres internationales, c’est l’exemple type que donnent les experts, pour illustrer les ravages des conventions de non double imposition. Il s’agit de la convention entre l’Ile Maurice et le Sénégal. Depuis que le président de la République Macky Sall a annoncé sa dénonciation, le débat est remis en selle. En tout, c’est plus de 150 milliards de francs Cfa qui ont été perdus par le Sénégal, depuis la signature de cette convention, le 17 avril 2002, suivie de sa ratification en 2004. Pire, ces dix dernières années, le rythme des pertes fiscales pour le Sénégal s’est beaucoup accentué, du fait de ce seul accord avec Maurice. Ce, dans un contexte où les recettes se font de plus en plus rares. En effet, rien qu’entre 2009 et 2018, apprend-on, 129 milliards de francs Cfa de pertes fiscales ont été enregistrées. Et ce, sur seulement un échantillon de 8 compagnies. Autrement dit, n’eût été cette convention, les 8 entreprises concernées auraient injecté, dans les caisses de l’Etat, 129 milliards supplémentaires. En moyenne, c’est 12,9 milliards de F Cfa par an qui ont ainsi échappé au Trésor sénégalais. Les compagnies les plus destructrices, de l’avis de nos interlocuteurs, se trouvent surtout dans les mines. Gco et Sabodala Corporate Gold, qui exploitent respectivement l’or à Kédougou et le zircon à Diogo, font partie des grands bénéficiaires. Et c’est presque rien, si l’on sait qu’à l’horizon 2021-2022, avec l’exploitation du gaz et du pétrole, les risques sont beaucoup plus énormes, ajoutent nos sources.
« Cet accord n’aurait jamais dû exister »
En cela, la décision du régime actuel de dénoncer ladite convention est saluée par nombre d’observateurs. Les spécialistes, réunis dans le cadre de l’Académie internationale sur la justice fiscale, sont unanimes. “Cet accord n’aurait jamais dû exister’’, soulignent-ils. En principe, suite à la dénonciation qui s’est faite avant le mois de juillet, l’accord ne devrait plus produire d’effets à partir du 1er janvier 2019. Et ce sont les multinationales qui vont devoir revoir leurs comptabilités.
Selon ce fonctionnaire de la Dgid, la rupture de la convention ne peut engendrer aucune conséquence juridique. C’est un acte de souveraineté et la convention a bien prévu la possibilité, pour chaque Etat, de mettre un terme à ses effets. Maitres dans l’art d’user de tous les subterfuges et stratagèmes pour parvenir à payer le moins d’impôts possible, les multinationales déploient les grands moyens, rien que pour étudier les failles dans les législations des pays, surtout ceux en voie de développement, afin d’en tirer le maximum de profits. Pour ce faire, il y a un procédé courant que l’on appelle la “manipulation des prix de transfert’’.
De quoi s’agit-il ? Le modus operandi est simple. Dans le milieu des finances, c’est très connu. En fait, le prix de transfert est le prix facturé entre des sociétés du même groupe, implantées dans des juridictions ou pays différents. Lesquels échanges sont normalement assujettis à des taxes et impôts. En soi, c’est tout à fait normal et légal. Le hic, c’est qu’il arrive que les contractants qui – il faut le préciser - sont du même groupe, s’entendent pour augmenter ou diminuer le prix de transfert. Par exemple, pour un contrat dont la taxe est calculée en fonction de la valeur, ils peuvent, ensemble, fixer un prix très bas qui ne repose sur aucune loi du marché. Tout comme il peut arriver que les contractants feignent de vendre ou d’acheter au prix fort, dans l’optique de gonfler leurs charges et d’arriver à payer moins, si l’on sait que l’impôt est payé sur la base du bénéfice réalisé. Mieux, il arrive même que ces grandes compagnies fassent beaucoup mieux, en arrivant à ne payer aucun impôt. Comment ?
Certaines multinationales qui veulent opérer au Sénégal, par exemple, iront d’abord créer une filiale à l’Ile Maurice, si elles n’en disposaient pas encore. Sachant que les transactions entre le pays d’origine de la mère et la filiale sénégalaise sont plus chères, toutes les transactions sont délocalisées à l’Ile Maurice. Par exemple, si l’entreprise mère devait envoyer une mission de formation au Sénégal pour en faire bénéficier ses employés, elle fait de sorte que ce soit la filiale mauricienne qui envoie la mission à la sénégalaise. Du fait de la convention signée avec l’Ile Maurice, la maison mère ne paiera aucun impôt. En tout cas pas au Sénégal, alors que les activités y sont réalisées. Gco, qui exploite la mine de Diogo, en est parfaite illustration.
Selon certaines sources, il existe même des Sénégalais qui profitent de cette brèche pour faire de l’optimisation fiscale au détriment de l’intérêt national. Lesquels sont prompts à revendiquer le patriotisme, quand il s’agit de marchés à gagner. Mais qu’est-ce qui a donc pu pousser le Sénégal à conclure cette convention plus que léonine ? En fait, l’Ile Maurice est un pays réputé très propice pour les affaires. Un paradis pour les businessmen. Non seulement on n’y paie presque pas d’impôts, mais la petite île fait également tout pour que les compagnies domiciliées sur son territoire et qui exercent des activités dans des pays tiers puissent profiter des avantages qu’elle offre. En effet, selon l’organisation internationale Tax Justice Network, Maurice est classée première dans l’indice qui mesure le degré d’agressivité des Etats. Lequel indice mesure la propension de certains pays à signer des traités exclusivement à son profit.
CONVENTION ENTRE L’ILE MAURICE ET LE SÉNÉGAL : Ces impôts visés par l’accord
Pour éviter les doubles impositions et l’évasion fiscale, le Sénégal a signé une convention avec l’Ile Maurice, depuis 2002. Cette convention, récemment dénoncée par le président de la République Macky Sall, entrainait des pertes fiscales énormes pour le Sénégal. En effet, il ressort du texte qu’en principe, les activités d’une entreprise résidant dans l’un des Etats contractants ne sont imposables que dans le pays d’origine. La convention s'applique à plusieurs impôts. En ce qui concerne Maurice, il s’agit de l'impôt sur le revenu. Pour le Sénégal, la convention vise l’impôt sur les sociétés, l’impôt minimum forfaitaire sur les sociétés, l’impôt sur le revenu des personnes physiques, la contribution forfaitaire à la charge des employeurs, la taxe de plus-value sur les terrains bâtis ou non-bâtis. “La convention s'applique aussi aux impôts de nature identique ou analogue qui seraient établis après la date de signature de la convention et qui s'ajouteraient aux impôts actuels ou qui les remplaceraient’’, renseigne l’article 2- 4). La loi prévoit que les autorités compétentes des États contractants se communiqueront les modifications importantes apportées à leurs législations fiscales respectives, et s’il s’avère nécessaire de modifier un article quelconque de cette convention, sans pour autant toucher les principes généraux, les modifications nécessaires pouvant être faites par consentement mutuel à travers l’échange de documents. Selon nos sources, le Sénégal avait récemment dépêché une mission en Ile Maurice, pour renégocier l’accord. Mais les autorités mauriciennes ont dit niet. Ce qui a poussé le chef de l’Etat à mettre en œuvre ses menaces en dénonçant l’accord que lui avait légué son prédécesseur.