ÉCHO DE LA CHAMBRE 36 DE MON AMI GUY MARIUS SAGNA
EXCLUSIF SENEPLUS - Notre système judiciaire est malade - Il y a une précarité qui renforce la systématisation de la débrouille à tous les niveaux de la justice. Sauf qu’ici nous sommes face à une matière qui régit un droit sacré : la liberté

Ma correspondance fait suite à celle attribuée à Guy Marius Sagna. Je précise que ni moi ni la rédaction de Seneplus ne sommes en mesure pour l’instant de prouver l’authenticité de sa supposée lettre.
Cher Guy,
Hier soir, je quittai la prison de Rebeuss récupérant un ami qui y était détenu, quand j’ai lu ce qui a été relaté dans toute la presse comme ta lettre de Rebeuss. Qu’importe, que cette lettre soit de toi ou pas, il reste une constante : nos lieux de détention sont indignes d’une démocratie comme la nôtre.
À ceux qui seraient surpris par ma correspondance qui fait écho à ce qui est en tout cas présenté dans la presse comme ton appel, je fais entorse à ma pudeur pour évoquer rapidement la profondeur de nos liens. Il y a dix ans nous écrivions ensemble des textes, nous montions déjà des organisations pour « libérer les masses » et « affronter le capitalisme ». Je te revois encore lors de notre première rencontre à Grand Yoff déterminé et combattif dans ta grande courtoisie et ton éternelle élégance.
Aujourd’hui chacun d’entre nous poursuit ce combat à sa manière sans jamais se renier. Nous avons des divergences fortes sur ce que doit être la gauche, sa méthode et sa stratégie, même si nous avons bu à la même source. Et j’attends le moment d’en reparler bientôt quand tu seras élargi.
Cher Guy,
Tout le monde est au courant des conditions de détention de nos concitoyens dans ces lieux marginaux. Les récits effroyables de nos proches et amis résonnent encore en écho au drame de Rebeuss. Il faut enfin trouver des solutions durables au problème carcéral dans notre pays au nom des plus faibles, de ce peuple pauvre qui remplit les prisons car victime faible et idéale.
Notre système judiciaire est malade. Souvent cette observation est soutenue par des arguments faibles car ne sont mis en exergue que les grands procès « politiques ». Les emprisonnements d’hommes publics sont l’arbre qui cache la forêt silencieuse de ce peuple qui habite les cachots.
Chaque jour des Sénégalais rejoignent la prison après avoir comparu devant une machine judiciaire implacable. Beaucoup se présentent au tribunal la peur au ventre, sans avocat car n’ayant pas les moyens de s’en payer un et sans la moindre compréhension des chefs d’accusation qui leur sont déclinés. Pire, ils sont privés de leur éloquence pour bien se défendre car ne parlant pas français.
Cher Guy,
Comme le rappelle ta supposée lettre de prison, notre pays maintient ses fils entre les liens de la détention sans leur offrir la possibilité de se défendre encore moins celle de comparaitre devant une juridiction. Des milliers de nos concitoyens sont entassés au mépris du moindre respect de la dignité humaine. Toute la chaine judiciaire fait face à un manque de moyens et de personnel qui accentue le mal. Il y a une précarité qui renforce la systématisation de la débrouille à tous les niveaux de la justice. Sauf qu’ici nous sommes face à une matière qui régit un droit sacré : la liberté.
Cher ami, ta place n’est pas dans cette chambre 36, mais auprès de ta famille et de tes camarades de lutte. Je te souhaite de retrouver vite la chaleur familiale et militante pour continuer à déranger, à être une vigie exigeante dans le combat démocratique.
Avec mon amitié fraternelle et ma profonde affection.
NDLR: N'ayant pas pu vérifier l'authenticité de la fameuse lettre de prison attribuée à Guy Marius Sagna, SenePlus a supprimé le texte de son site après qu'il y soit resté quelques minutes dans la matinée de ce vendredi 9 août 2019 suite à une erreur dans les procédures de mise en ligne au sein de notre rédaction. Nous nous excusons aurpès des visiteurs de notre site.