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7 décembre 2025
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Par Chérif Salif SY,

LE MIRACLE ÉCONOMIQUE SUD-CORÉEN

À contre-courant des récits simplistes, cette analyse démontre que le « miracle » sud-coréen ne doit pas être réduit à une simple question de leadership ou de supposée « paresse » des autres nations

Chérif Salif SY,  |   Publication 08/11/2025

À contre-courant des récits simplistes, cette analyse démontre que le « miracle » sud-coréen ne doit pas être réduit à une simple question de leadership ou de supposée « paresse » des autres nations. En 1960, la Corée du Sud affichait un niveau de développement comparable à celui de nombreux pays africains, comme le Sénégal ou la Côte d'Ivoire. Si elle a spectaculairement décroché de ce groupe, c'est grâce à une conjugaison exceptionnelle de facteurs externes et internes : une aide américaine massive et durable (plus de 12 milliards de dollars jusqu'en 1999), des transferts technologiques cruciaux, un contexte géopolitique unique (la Guerre froide) et des politiques économiques volontaristes.

Loin des clichés sur le manque de dynamisme des Africains, les données révèlent une réalité accablante : le continent subit une hémorragie financière continue, avec des flux illicites sortants (88 milliards de dollars par an) qui dépassent largement l'aide qu'il reçoit. Le véritable enseignement est là : le développement dépend moins de qualités culturelles supposées que de systèmes économiques mondiaux, de rapports de force géopolitiques et de la capacité à retenir les richesses créées localement.

INTRODUCTION : DU MÊME POINT DE DÉPART À UNE DIVERGENCE SPECTACULAIRE

En 1960, la Corée du Sud et de nombreux pays africains, dont le Sénégal, se trouvaient dans une situation économique comparable. Le PIB par habitant sud-coréen était d'environ 260 dollars US, un niveau similaire à celui du Sénégal ou de la Côte d'Ivoire. Les deux régions sortaient de périodes difficiles : la Corée d'une guerre dévastatrice (1950-1953) qui avait tué près de 3 millions de personnes, l'Afrique de la colonisation. Soixante ans plus tard, en 2024, le constat est saisissant : le PIB par habitant de la Corée du Sud a atteint 36 160 dollars, le hissant au rang des économies avancées, tandis que celui du Sénégal s'élevait à 1 524 dollars. Cette divergence spectaculaire soulève une question fondamentale : comment expliquer cet écart de développement et quels enseignements peuvent en tirer les économies africaines aujourd'hui ?

LE MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT SUD-CORÉEN : LES MOTEURS DU « MIRACLE »

Un soutien géopolitique exceptionnel Le développement sud-coréen ne peut être compris sans analyser l'intervention massive et stratégique des États-Unis dans le cadre de la Guerre froide. Jusqu'en 1999, année où elle a cessé d'être éligible à l'aide internationale, la Corée du Sud avait reçu un montant cumulé de plus de 12 milliards de dollars US. Cette aide fut particulièrement cruciale durant la phase de reconstruction : sur la période 1953-1961, elle finançait environ 70% des importations du pays et 75% de ses investissements en capital fixe. Ce soutien, équivalent à un « plan Marshall asiatique », visait à faire du pays un rempart contre le communisme et a fourni les fondations matérielles et financières indispensables à son décollage.

UN ÉTAT DÉVELOPPEMENTISTE ET AUTORITAIRE

Sous le régime du général Park Chung-hee (1961-1979), l'État a imposé un modèle de développement dirigiste. Une série de plans quinquennaux, lancés à partir de 1962, a orchestré une industrialisation rapide tournée vers l'exportation :
• Premier plan (1962-1966) : Croissance de 7,8% par an, développement des industries légères (textile, ciment) ;
• Deuxième plan (1967-1971) : transition vers les industries lourdes, croissance de 9,6% par an ;
• Troisième plan (1972-1977) : industrialisation lourde et chimique (acier, construction navale, électronique).

L'État contrôlait le crédit, protégeait les industries naissantes et orientait les investissements via le Conseil de planification économique.

L'ÉMERGENCE DES CHAEBOLS

L'État a favorisé l'émergence de vastes conglomérats familiaux, les chaebols (Samsung, Hyundai, LG, POSCO), devenus les fers de lance des exportations coréennes. Ces groupes ont bénéficié de prêts avantageux et d'un soutien politique. En 2018, les chaebols détenaient 77% du capital de marché du pays tout en n'employant que 12% des travailleurs.

L'INVESTISSEMENT MASSIF DANS L'ÉDUCATION ET L'INNOVATION

Dès les années 1960, la Corée a fait le pari du capital humain. Le pays a investi massivement dans l'éducation et la formation technique. À partir des années 1980, cette stratégie s'est étendue à la Recherche & Développement (R&D). En 2024, les entreprises sud-coréennes ont investi un record de 83,6 trillions de wons (61,1 milliards de dollars) en R&D. Samsung Electronics y contribuait à hauteur de 35 trillions de wons à lui seul. La Corée du Sud est le deuxième pays au monde pour l'intensité de R&D par rapport à son PIB (4,96% en 2023).

LES LIMITES DU MIRACLE ET LES DÉFIS CONTEMPORAINS

Un coût social élevé La croissance rapide s'est faite au prix d'une répression des syndicats et de conditions de travail difficiles durant des décennies. En 1980, la semaine de travail d'un ouvrier sud-coréen était la plus longue au monde, et son coût salarial ne représentait que 50% de celui d'un ouvrier mexicain. Ce n'est qu'à la suite du » Grand soulèvement ouvrier de 1987 » (plus de 3 000 grèves) que les salaires ont commencé à augmenter significativement et que les inégalités de revenus se sont temporairement réduites. Des inégalités persistantes et une démographie en crise Aujourd'hui, la société sud-coréenne est l'une des plus inégalitaires des pays « développés » :

• Les 10% des ménages les plus riches gagnent plus de 20 fois plus que les 10% les plus pauvres ;
• Le taux de pauvreté des seniors atteint 39,8% (le plus élevé de l'OCDE) ;
• Le pays est confronté à une crise démographique sans précédent, avec un taux de fertilité de 0,72 en 2023 (le plus bas au monde). Un endettement préoccupant
• Dette des ménages : 98,9% du PIB (la plus élevée d'Asie);
• Dette publique : 50,4% du PIB (première fois qu'elle dépasse ce seuil) ;
• Dette nationale : 826,63 milliards de dollars.

LEÇON POUR L'AFRIQUE : LE CAS DU SÉNÉGAL

Une opportunité économique inédite Le Sénégal représente un cas d'étude pertinent pour une comparaison avec la trajectoire sud-coréenne. En 2024-2025, le pays a commencé l'exploitation de ses ressources en hydrocarbures :

 • Production pétrolière au champ Sangomar ;
• Projet gazier Greater Tortue Ahmeyim (GTA) avec la Mauritanie (investissements de 4,9 à 5,2 milliards de dollars);
• Revenus budgétaires supplémentaires attendus : 1% du PIB en moyenne jusqu'en 2045.

La croissance sénégalaise a atteint 11,8% au deuxième trimestre 2025, dopée par cette nouvelle production. Les défis de la gestion des ressources Le nouveau gouvernement, élu en 2024, a exprimé sa volonté de renégocier les contrats signés par l'ancien régime. Cependant, sa marge de manœuvre est limitée car les projets sont déjà en phase de production.

Pour éviter la « malédiction des ressources », le Sénégal doit utiliser ces revenus pour financer une transformation structurelle plus profonde : diversification économique, investissement dans les infrastructures, l'éducation et la santé.

L'AFRIQUE DOIT SE SOUVENIR : LES FLUX FINANCIERS INVERSÉS CONTINUENT

Un drainage historique des ressources Dès 1990, les pays du Tiers-Monde hors OPEP transféraient déjà plus de 12 milliards de dollars US vers le Nord, alors même qu'ils étaient accusés de manquer de capitaux pour financer leur développement.

Pour l'Afrique subsaharienne, la situation était particulièrement dramatique : entre 1970 et 1987, 13 pays exportateurs de pétrole et de produits miniers avaient transféré 72,5 milliards de dollars US vers le Nord, sous forme d'intérêts, de profits rapatriés et de remboursements de dette. Au total, pour l'ensemble des pays au sud du Sahara, les transferts nets sortants s'élevaient à 68,5 milliards de dollars, dont 21 milliards en intérêts et 47,5 milliards en fuites d'épargne — ces capitaux africains placés à l'étranger au lieu de financer la transformation locale. Plus de quarante ans après, rien n'a véritablement changé.

En juin 2002 l’OCDE nous confirmait en faisant remarquer que, pour 1 euro qui entrait en Afrique, c’est 9 qui en sortait. En 2024, selon la CNUCED, les flux financiers illicites dépassent encore 88 milliards de dollars par an, soit bien plus que l'aide publique au développement reçue par le continent. Autrement dit : l'Afrique prête davantage au monde qu'elle ne reçoit de lui. Dans ces conditions, le potentiel de développement économique endogène du continent se détériore inexorablement, car chaque dollar qui quitte le continent, légalement ou non, prive nos économies de financement productif, d'emplois et d'autonomie stratégique.

Le contraste avec l'aide asiatique

Ce rappel historique est crucial, surtout quand certains comparent encore l'Afrique à des pays asiatiques « modèles » comme la Corée du Sud ou Taïwan. On oublie souvent que ces pays ont bénéficié d'une aide étrangère massive et géopolitiquement motivée.

Entre 1945 et 1978, la Corée du Sud et Taïwan ont reçu respectivement 13 milliards et 5,6 milliards de dollars US d'aide économique et militaire, soit environ 600 dollars et 425 dollars par habitant : des montants considérables pour l'époque. Dans les années 1950, plus de 80% des importations coréennes étaient financées par les États-Unis, et 95% du déficit commercial taïwanais était couvert par la même source.

À titre de comparaison, les pays du Tiers-Monde dans les années 1980 ne recevaient en moyenne que 10 dollars par habitant d'aide publique. Et entre 1990 et 1996, les flux de capitaux publics vers ces pays sont passés de 56,3 à 40,8 milliards de dollars, confirmant le désengagement progressif du Nord dans le financement réel du développement du Sud.

CONCLUSION : UN MODÈLE INSPIRANT MAIS IMPOSSIBLE À RÉPLIQUER À L'IDENTIQUE

Ce rappel historique n'est pas un exercice nostalgique : c'est une mise en garde pour les générations africaines. Le continent doit retenir cette vérité simple : celui qui contrôle la finance contrôle le développement. Tant que nos pays laisseront leurs excédents, leurs ressources et leurs épargnes se volatiliser vers le Nord — sous forme de dette, de rapatriement de profits ou de capitaux dissimulés — ils resteront prisonniers d'un modèle de dépendance. L'expérience sud-coréenne démontre qu'un décollage économique rapide est possible, même à partir d'une situation de grande pauvreté. Cependant, le contexte géopolitique exceptionnel de la Guerre froide et le coût social et démocratique du modèle sud-coréen ne sont pas reproductibles.

Pour le Sénégal et les autres pays africains, la voie du développement devra être endogène et s'articuler autour de plusieurs priorités :
• Exiger la transparence financière mondiale et lutter contre les flux financiers illicites ;
• Rapatrier une partie de l'épargne extérieure et renforcer les institutions financières régionales (BAD, Afreximbank, fonds souverains) ;
• Bâtir une économie de rétention de la valeur où les richesses créées sur le continent y demeurent et s'y multiplient;
• Investir massivement dans l'éducation et le capital humain ;
• Diversifier l'économie au-delà des ressources naturelles Le boom des hydrocarbures au Sénégal représente une opportunité historique, à condition que les revenus soient investis de manière transparente et productive pour les générations futures. Le véritable développement commence le jour où les richesses créées sur le continent y demeurent et s'y multiplient.

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