DES MAIRES DE COMMUNES BENISSENT LA REFORME
Interpellés par Sud Quotidien, sur cette idée au moment où les acteurs politiques sont en pleine discussion sur les réformes à apporter au processus électoral, Dioguine Gomis, Gorgui Ciss et Mbaye Dione ont tous plaider pour la fin du suffrage indirect

Des chefs de collectivités territoriales tranchent le débat sur le débat en cours, depuis environ six ans, concernant le maintien du mode actuel d’élection des maires (suffrage indirect) ou passer à la vitesse supérieur avec le suffrage direct lors des prochaines élections locales dont la date n’a pas encore été proposée par les acteurs politiques engagés dans les concertations sur le processus électoral autour du général à la retraite Mamadou Niang. Interpellés hier, jeudi 8 août, par Sud quotidien, sur cette idée qui a refait surface en ce moment même où les acteurs politiques sont en pleine discussion sur les réformes à apporter au processus électoral sénégalais, Dioguine Gomis, Gorgui Ciss et Mbaye Dione respectivement maires de Karang, Yenne et Ngoudiane ont tous plaider pour la fin du suffrage indirect.
MBAYE DIONE, SECRETAIRE GENERAL DE L’ASSOCIATION DES MAIRES DU SENEGAL (AMS) ET MAIRE DE NGOUDIANE «L’élection du maire au suffrage universel direct aura l’adhésion de la majorité des acteurs politiques»
«Je pense que cette réforme aura l’adhésion de la majorité des acteurs politiques. L’Association des maires du Sénégal (Ams) s’est déjà prononcée sur la question. Et, personnellement, je soutien cette idée de l’élection du maire au suffrage universel direct et j’encourage les acteurs à aller vers la réforme de notre Code électoral pour permettre aux électeurs d’élire directement leurs maires. Puisqu’on voit souvent des cas où les populations votent largement pour une liste qui, à l’arrivée, ne dirigent pas à cause des combines et autres lobbys en faveur d’une personne autre que celle qui était de la liste gagnante. Je fais donc parti des gens qui pensent que cette réforme va non seulement renforcer notre système démocratique en ce sens que le suffrage des populations ne sera pas détourné, mais apporter une lisibilité par rapport au choix des électeurs et au renforcement de notre système démocratique».
GORGUI CISS, MAIRE DE YENNE «Cette réforme va sécuriser le vote des populations»
«A mon avis cette idée est excellente. Depuis 1990, je soutiens cette réforme. En effet, cette année-là, j’étais envoyé par le Parti socialiste comme commissaire politique à Kébémer pour superviser les investitures. Et quand nous avons fait les investitures, la liste dirigée à l’époque par notre camarade Hamet Diop a remporté les élections. Aussitôt après publication des résultats, j’ai fait un rapport à la Direction du parti pour leur dire: «si on ne surveille pas le processus, nous risquons d’avoir un retournement de situation du fait des manœuvres autour du maire sortant, Kébé». Par la suite, l’histoire m’a donné raison puisqu’au moment du vote, des conseillers socialistes et ceux d’autres partis sont allés s’allier avec le maire Kébé pour renverser la liste socialiste, en faveur d’un responsable libérale qui a été finalement porté à la tête de la mairie. Alors, depuis cette date, je me suis dit: «si quelqu’un conduit une liste, met les moyens par sa crédibilité et son engagement politique, fait gagner la liste dont il est à la tête, il doit être ipso-facto maire». Or, on voit des gens qui ne font rien, que même les populations ne veulent pas comme tête de liste qui, au final, se retrouvent à la tête des mairies tout simplement parce qu’ils détiennent de l’argent qu’ils utilisent pour corrompre d’autres conseillers ou encore font des jeux de combinaisons pour arriver à se faire élire. Et n’eut tété ces arrangements dans le dos des populations, ils ne seraient jamais maire. Donc, cette réforme est une excellente chose. Elle va sécuriser le vote des populations. Celui qui vote, saura que j’ai voté pour Monsieur X qui sera maire de ma localité, en cas de victoire».
DIOGUINE GOMIS MAIRE DE KARANG «En 2009, les gens ont usé des combines et autres trucages qui ont fini par me faire perdre la majorité»
«Je suis en phase avec cette idée d’autant plus les populations, quand elles votent, elles votent souvent pour la tête de liste. Et en cas de victoire, ce n’est pas souvent la tête de la liste victorieuse qui est élue à cause des trucages qui se font au niveau de l’élection du bureau. Le plus souvent, la personne pour laquelle les gens ont voté est exclue de la mairie du fait des corruptions de certains conseils. Je pense qu’en faisant passer l’élection du maire au suffrage universelle direct ça éviterait ce genre de pratique dont moi-même j’ai souffert en 2009. A la sortie des locales de cette année, ma liste a gagné les élections, mais au moment d’élire le maire, les gens ont usé des pratiques anti-démocratiques à travers des combines et autres trucages de coalitions qui ont fini par me faire perdre la majorité que j’avais légitimement acquise auprès des populations. Je suis totalement en phase avec cette idée».