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"LA COULEUR DEMEURE UN MARQUEUR DE PRIVILÈGES"

Professeure de philosophie politique et organisatrice d’un colloque sur les « whiteness studies » à la Sorbonne, Magali Bessone décode ce qui se cache derrière le terme de « blanc »

Le Monde Afrique  |   Séverine Kodjo-Grandvaux  |   Publication 13/10/2019

Il a suffi qu’en septembre Lilian Thuram prononce un petit mot de cinq lettres pour que les réseaux sociaux s’enflamment, provoquant davantage de polémique que les cris de singe lancés au footballeur Romelu Lukaku par des supporteurs italiens. Si le mot « noir » est régulièrement employé et ne pose guère question, l’on n’a guère l’habitude, en France, de parler de « blanc ».

Pourtant, tous deux se comprennent dans l’histoire de la traite transatlantique, ainsi que le rappelaient certains participants au colloque « Whiteness studies, réflexions sur un rapport social », organisé le 4 octobre à la Sorbonne par Magali Bessone, professeure de philosophie politique à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Qu’est-ce que les « whiteness studies » ?

Magali Bessone L’expression désigne un domaine de réflexion développé dans les universités nord-américaines, qui mobilise les méthodologies de différentes disciplines (philosophie, science politique, droit, sociologie, littérature…) pour décrire et comprendre ce que recouvre le statut du groupe majoritaire « blanc » et ses processus historiques de construction, les lignes de tension qui le traversent, mais aussi ce que cela signifie d’avoir un certain type de privilèges parce qu’on relève de ce groupe. Dans cette perspective, soyons très clair, « blanc » n’est pas une couleur.

Qu’est-ce alors qu’être blanc ?

Etre blanc, c’est appartenir au groupe racial majoritaire dominant, ce qui s’entend d’un point de vue numérique, mais surtout socio-économique et politique. Etant donnée la manière dont ce groupe a été constitué aux Etats-Unis par ce que W.E.B. Du Bois a nommé la « ligne de partage des couleurs » (Les Ames du peuple noir, La Découverte, 2007), la couleur demeure un marqueur de privilèges. Mais c’est un marqueur qui peut échouer et dont l’analyse doit être socio-historique.

Les catégories raciales, la whiteness en particulier, ont été construites sous l’effet de mécanismes historiques tels que des personnes identifiées comme blanches aujourd’hui ne l’ont pas toujours été : les Irlandais-Américains par exemple se sont peu à peu « blanchisés », comme l’a montré l’historien américain Noel Ignatiev. Enfin, on connaît le phénomène du passing, selon lequel, particulièrement au début du XXe siècle – mais on en retrouve une magnifique réactualisation dans La Tache de Philip Roth, par exemple –, des Noirs métissés de phénotype « caucasien », pour reprendre une catégorie du recensement américain, ont quitté le sud des Etats-Unis pour rejoindre le nord où, passant pour blancs, ils pouvaient prétendre aux emplois et aux conditions de vie plus favorables réservées aux Blancs. Tous ces éléments montrent qu’il n’y a pas d’équivalence stricte entre race et couleur.

Mais l’idée de cette ligne de couleur demeure...

Oui, parce que, aux Etats-Unis, elle a été construite de manière particulièrement rigide par la one drop rule, une règle qui assignait à des fins administratives des individus au groupe noir, quelle que soit leur apparence phénotypique, dès lors qu’ils avaient au moins un ascendant noir [une seule goutte de sang, one drop]. Les whiteness studies étudient le statut et les trajectoires d’individus qui relèvent, eux, de la catégorie administrative « blanc ».

La France a aussi une histoire où la couleur a joué un rôle. Comment expliquer que l’on ait du mal à parler de Blancs alors que l’on parle aisément de Noirs ?

La difficulté à parler de Blancs s’ancre d’abord sur une difficulté plus globale en France : celle de faire une place « juste », dans les discours publics, aux catégories ethno-raciales. Par ailleurs, en France métropolitaine, les Blancs, majoritaires, ne « perçoivent pas » leur race parce que la norme majoritaire d’une société s’internalise en invisibilité, c’est-à-dire qu’elle fait oublier qu’elle est une norme. S’il y a des minorités visibles, c’est qu’il y a une majorité invisible qui a organisé le monde social de telle sorte qu’elle soit un point de vue, sans conscience d’être aussi un point à voir : on peut penser ici aux magistrales analyses de Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs. Le « privilège » blanc est d’abord celui-là : le luxe de ne pas avoir à s’interroger, dans la plupart des interactions sociales, sur les représentations et les stéréotypes qu’accompagne l’assignation à un groupe racial.

Est-ce la difficulté à admettre cette réalité qu’on appelle « l’ignorance blanche » ?

Oui, absolument. L’« ignorance blanche », conceptualisée par le sociologue américain Charles Mills, c’est l’idée que les Blancs ont construit un monde dans lequel ils se sont rendus aveugles à un certain nombre de déterminations : c’est une tendance cognitive qui désigne un dysfonctionnement, l’impossibilité d’appréhender et de comprendre certains faits sociaux, ou le fait de ne pas accorder de crédibilité au récit de certaines expériences, parce qu’elles n’entrent pas dans les grilles de lecture usuelles. Ne pas reconnaître le privilège blanc, en effet, est une marque importante de l’ignorance blanche, d’un système d’interprétation du réel dans lequel cette donnée-là est invisible, incompréhensible et ne peut pas même être pensée. Mais l’ignorance blanche n’est pas une fatalité, elle peut se transformer en connaissance. Si l’on est blanc et que l’on renonce à s’intéresser aux questions raciales parce qu’on est en situation de privilège, cela revient à estimer que ce sont des questions valides seulement pour les groupes minorisés, et que les Blancs ne sont pas concernés. C’est une position erronée, à la fois scientifiquement et politiquement.

L’organisation de colloques afroféministes ou de camps décoloniaux fait régulièrement polémique. Pouvoir organiser sereinement un colloque à Paris I sur les « whiteness studies » quand on est une femme blanche, n’est-ce pas là l’un des privilèges blancs dont vous parlez ?

Plusieurs lignes de privilèges se croisent. Et il y a notamment un privilège institutionnel. L’université est (encore) un des lieux où peuvent se créer les conditions d’un dialogue et le questionnement de conservatismes de la pensée. Il ne s’agit pas de s’illusionner sur le potentiel radical, critique, d’un événement organisé dans ce cadre, mais d’utiliser les ressources à notre disposition et prendre notre part de notre responsabilité à produire du savoir.

Existe-t-il un racisme anti-Blanc ?

Si l’on définit le racisme exclusivement de manière structurelle, comme un ensemble de comportements produisant des discriminations de manière « routinière », même en l’absence de croyances ou d’affects individuels, alors on ne peut pas parler de racisme anti-Blanc dans des sociétés où les Blancs sont en position de domination. Mais cela n’empêche pas l’existence de comportements individuels que l’on peut désigner dans ce cas comme relevant de la haine raciale. Et la définition du racisme doit vraisemblablement être à la fois individuelle et institutionnelle.

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