LE SENEGAL VEUT FAIRE PASSER LE TAUX DE COUVERTURE DE 60 A 100% EN 2025
Electricité

Après la signature du second compact du Millenium challenge corporation, le ministère du Pétrole et des Energies a décliné sa feuille de route à l’horizon 2035, avec en bonne place un accès large et fiable à l’énergie.
Le Sénégal et les États-Unis ont signé, le 10 décembre dernier, le second compact du Millenium challenge corporation (Mcc). Le montant du financement s’élève à 320 milliards de FCfa auxquels se rajoutent 30 milliards de FCfa du gouvernement. Son entrée en vigueur est prévue en juin 2020. Il est destiné au développement du secteur de l’énergie et à l’amélioration de la qualité du service à l’horizon 2035. La feuille de route repose sur quatre axes prioritaires : la création d’un environnement propice aux investissements, l’accès universel et équitable à l’énergie, l’efficacité opérationnelle sur toute la chaîne de valeur et le maintien de la viabilité financière du secteur. Ce partenariat témoigne du dynamisme des relations entre les deux pays, selon l’ambassadeur des États-Unis au Sénégal, Tulinabo Mushingi. « Nos pays ont des liens économiques qui permettent d’avoir des partenariats fructueux et gagnants-gagnants », a-t-il salué. Il est d’avis que l’investissement du Mcc va améliorer la stabilité et la performance du réseau de l’électricité ainsi que l’acquisition de nouvelles infrastructures matérielles.
De son côté, le ministre du Pétrole et des Energies, Mouhamadou Makhtar Cissé, a parlé d’une initiative à plusieurs impacts sur la vie des populations. « Le Sénégal a adopté la stratégie 2035 avec le Pse. C’est le cadre de référence de toutes les politiques économiques et sociales. Elle comporte des objectifs ambitieux en termes de croissance économique, de développement humain et de protection de l’environnement », a-t-il affirmé.
Une énergie accessible et fiable
« Le coût élevé de l’énergie et le faible accès à l’électricité, notamment en zone rurale, ont été identifiés comme contrainte majeure à la croissance au Sénégal », a constaté le ministre. Fort de cela, il a émis, à travers le Mcc, son souhait de faire passer le taux de couverture de 60 à 100% en 2025. Ce travail devrait être assuré à 95% par l’opérateur traditionnel, la Senelec, et les 5% par des privés. A travers le second Mcc, le ministre de tutelle croit à un accès fiable à une énergie bon marché. Pour y arriver, il y a des préalables tels que la modernisation et le renforcement du réseau de transfert de la Senelec, l’amélioration de l’accès à l’électricité en zone rurale et périurbaine. Pour densifier le service, il compte sur les produits gaziers. « Nous allons mettre à contribution le gaz à travers nos centrales, avec la stratégie « gaz to power ». Un mix énergétique qui peut contribuer au développement du secteur », a-t-il estimé.
La feuille de route du second Mcc vise également à asseoir un secteur caractérisé par « des services énergétiques modernes dans le respect des principes d’acceptabilité sociale et environnementale, avec un prix compétitif supportable par les populations et apte à attirer les investisseurs ».
Vers la réorganisation de la Senelec en trois entités
Pour le développement du secteur de l’énergie, le ministre Mamadou Makhtar Cissé a estimé qu’il faut des réformes. « Un cadre légal est nécessaire à la viabilité financière et à la bonne gouvernance du secteur », a-t-il indiqué, avant d’évoquer la nécessité d’un schéma d’organisation et de fonctionnement à l’horizon 2035 qui va regrouper le ministère en charge du pétrole et ses démembrements, l’autorité de régulation du secteur ainsi que l’opérateur principal la Senelec. Selon lui, ce schéma vise de meilleurs résultats en termes d’accès et verra la Sénélec devenir un holding public avec des entités autonomes et séparées. L’une s’occupera de la production, l’autre du transport et le troisième de la distribution et de la vente. D’après l’autorité, le gouvernement est à pied d’œuvre pour des réformes. « Après la promulgation de la loi sur les ressources pétrolières, nous sommes en train de travailler sur les décrets d’application. Un projet de loi sur le code gazier a été adopté par le Conseil des ministres et une stratégie pour convertir notre énergie en gaz a été également décidée en novembre 2018 ».
SECOND COMPACT MCC : Les entreprises privées invitées à prendre des parts de marché
Pour le second compact du Millenium challenge corporation (Mcc), le ministre du Pétrole et des Energies, Mouhamadou Makhtar Cissé, a estimé que le privé a un grand rôle à jouer. Selon lui, c’est l’occasion pour lui de faire valoir ses atouts. « Le second compact Mcc va permettre de mieux faire intervenir le secteur privé. C’est l’occasion pour eux de se préparer et de gagner des parts de marché. Plus de 300 milliards de FCfa d’investissements dans un seul secteur, c’est un montant extrêmement important qui peut être exclusivement réservé à des entreprises nationales », a-t-il soutenu. D’après lui, les entreprises privées nationales doivent sortir de leur « frilosité » pour s’imposer. Il a souligné que tous les investissements destinés aux projets énergétiques vont se faire dans la transparence : « Le compact, c’est toute une organisation, tout se fait selon des règles bien établies ». Dès lors, il les a invitées à une plus grande organisation pour prendre le relai des investissements publics afin de « maintenir ou accélérer le taux de croissance à deux chiffres ». En outre, il a annoncé que des appels d’offres seront faits avant le lancement de chaque initiative sous la « surveillance » du Fonds souverain d’investissement stratégique (Fonsis). C’est ainsi qu’il a appelé à l’instauration d’un climat de confiance entre les acteurs pour « valoriser notre secteur privé ».
L’ambassadeur des États-Unis au Sénégal, Tulinabo Mushingi, croit aussi aux chances du secteur privé national dans la large chaîne de projets, qu’est le second compact du Mcc. « Le gouvernement et les entreprises publiques ne peuvent pas tout faire. Il faut le concours des établissements privés », a-t-il déclaré.