«MACKY SALL NE VOULAIT PAS QU’ON POLLUE L’ATMOSPHERE DU SENEGAL PAR UN TROISIEME MANDAT»
Le Pr Ibou Sanè ense que c’est pour éviter au pays de tomber dans une instabilité sociale à cause du débat sur le troisième mandat que le président Macky Sall a été obligé de se séparer de ses collaborateurs.

Si le désormais ex-ministre conseiller du président, Moustapha Diakhaté, mérite son limogeage à cause de ses précédentes positions, l’ancien Directeur des Sénégalais de l’extérieur, Sor Kaba a pour sa part failli à la ligne tracée par le parti. C’est la lecture du professeur en Science politique à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, Ibou Sanè, qui pense que c’est pour éviter au pays de tomber dans une instabilité sociale à cause du débat sur le troisième mandat que le président Macky Sall a été obligé de se séparer de ses collaborateurs.
«Pour le cas de Moustapha Diakhaté, vous savez qu’il devait être limogé depuis très longtemps. Parce qu’il passait tout son temps à critiquer le parti et son chef. Quand vous êtes ministre-conseiller, vous avez la confiance du chef de l’Etat, qui vous a choisi parmi tant d’autres Sénégalais. Si vous n’êtes pas d’accord avec sa position, il faut aller le voir, l’écrire ou le lui dire en réunion de parti. Le linge sale se lave en famille. C’est là-bas qu’il faut critiquer ou dénigrer. S’il ne vous répond pas ou n’accepte pas vos critiques, la meilleure des choses à faire est de démissionner. Le problème, c’est de savoir est-ce qu’après avoir claqué la porte, ils auront un autre emploi ? Voilà pourquoi il faut avoir un emploi avant de faire de la politique.
Pour Sory Kaba, le parti a tracé sa ligne. Il faut qu’il le respecte. Même si par ailleurs le journaliste Babacar Fall, qui est aussi un provocateur, l’a fait tomber dans un piège. Il devait se taire en disant, par exemple, qu’il faut aller poser la question au chef de l’Etat. La preuve, il a réveillé un problème. Depuis lors, tous les jours, l’opposition qui n’avait pas de sujet de conversations après le pétrole et le gaz, fait des sorties. Il a contribué à allumer la flamme qui était éteinte. Ça aussi, son patron ne va pas le pardonner, alors que c’est un bon militant, très bon débatteur.
Il a été décidé de laisser cette histoire de troisième mandat à l’opposition parce que si ledit débat est engagé, il n’y aura plus de travail dans ce pays. Tous les jours, nous allons en parler au point que les problèmes essentiels sur lesquels le président Macky Sall devait mettre l’accent seront mis de côté. S’il réussit à avoir un bilan, son successeur qui va venir de son parti ou de Bby peut en bénéficier pour l’élection de 2024. Mais commencer à en parler dès maintenant, ça peut créer une instabilité dans le pays.
Pour qu’il y ait développement, il faut qu’il y ait paix et stabilité sociale. Voilà pourquoi le président Macky Sall ne veut pas que les gens en parlent pour le moment, parce qu’il y a un temps pour cela. Il y a 4 ans devant. Mais il y a des gens qui veulent qu’il en parle dès maintenant. Est-ce qu’il va prendre le micro ou la télévision pour parler 365 jours sur 365 jours sur le mandat ? Alors que les Sénégalais ont des préoccupations plus importantes que le mandat-là. Je pense que le président Macky Sall ne voulait pas qu’on pollue l’atmosphère du Sénégal par un troisième mandat. Mais en même temps, il faut que le président Macky Sall éclaire une fois pour tout sur cette question. Mais, il y a dilemme car quand il parle, les gens ne font plus confiance parce qu’il n’a pas ramené son mandat de 7 à 5 ans, comme il l’a promis».