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OÙ SONT LES LEADERS EN AFRIQUE DE L'OUEST ?

L'universitaire béninois John Igué, estime qu’il n’y a "plus de tête en Afrique de l’Ouest depuis le passage de la génération des Diouf au Sénégal, Alpha Oumar Konaré au Mali et Obasanjo au Nigeria. Les dirigeants actuels ne font pas le poids"

Le Monde Diplomatique  |   Sabine Cessou  |   Publication 10/09/2019

C’est la question que se pose avec inquiétude John Igué, 74 ans, universitaire béninois de renom, respecté pour son franc-parler. Professeur de géographie à l’université nationale du Bénin aujourd’hui université d’Abomey-Calavi, spécialiste des frontières et du secteur informel, ancien ministre de l’industrie et des PME (1998-2001), il dirige le Laboratoire d’analyse régionale et d’expertise sociale (Lares) à Cotonou, où Le Monde diplomatique l’a rencontré.

Auteur de nombreux ouvrages, dont L’État entrepôt au Bénin (Khartala, 1992), il n’y va pas par quatre chemins : il estime qu’il n’y a « plus de tête en Afrique de l’Ouest depuis le passage de la génération des Abdou Diouf au Sénégal, Alpha Oumar Konaré au Mali et Olusegun Obasanjo au Nigeria. Les dirigeants actuels ne font pas le poids, ni en Afrique de l’Ouest francophone, ni au Nigeria, ni au Ghana. La preuve ? Sur l’échiquier régional, on ne connaît pas le point de vue du Ghana, dépourvu de position alternative alors qu’il est entouré de pays à problèmes. »

Au Bénin, la fin de la démocratie

Sur son propre pays, dirigé depuis 2016 par l’homme d’affaires Patrice Talon, John Igué pose un diagnostic similaire. « Au Bénin, pays frondeur, nous sommes à la fin de notre expérience démocratique. L’actuel président est centré sur ses intérêts personnels et non ceux de la nation. Il construit son empire commercial et a complètement muselé le dialogue politique. Or, sans dialogue, le processus démocratique ne peut pas progresser. » Les dernières législatives, le 28 avril, se sont déroulées sans opposition et ont été marquées par une abstention record de plus de 77 %, outre la coupure du réseau Internet le jour du vote, une première. En cause : la réforme du code électoral, drastique, qui a fait exploser les prix d’entrée dans l’arène politique. Les partis doivent débourser la somme faramineuse de 380 000 euros pour faire valider un candidat à la présidentielle ou une liste aux législatives, au lieu de 22 900 et 12 700 euros auparavant.

« Les Béninois sont rusés et très accrochés à leurs intérêts, poursuit John Igué. Ils font comme si la situation actuelle ne les préoccupait pas, alors que c’est le cas. La plupart des journaux ne font plus leur travail d’information libre puisque leurs dirigeants sont achetés aujourd’hui. J’ai fait une émission à la RTB et j’ai été censuré, ce qui ne m’était jamais arrivé, même sous le régime révolutionnaire des années 1972. »

Un risque d’embrasement général

Ancien conseiller du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, qui lui avait demandé d’établir un club de veille autour de la paix en 2002, lors de la crise ivoirienne, John Igué ne cache pas son pessimisme. Trop de tendances lourdes s’entrechoquent en Afrique de l’Ouest : un essor démographique continu sur fond de croissance non inclusive, sans création d’emplois pour la jeunesse, créent les conditions d’une situation explosive. Le tout dans le cadre d’une géopolitique globale qui n’a pas intérêt à voir des États forts émerger. Alors que le putsch reste une menace sérieuse dans la région, les élections de 2020 en Côte d’Ivoire risquent de voir se rejouer une partie conflictuelle entre les mêmes acteurs qui s’écharpent depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1995 : Alassane Ouattara, l’actuel président et deux de ses prédécesseurs, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié.

« Les mouvements djihadistes actuels ne sont que les préludes d’une Afrique qui va s’enflammer. L’espoir de paix durable n’existe plus en Afrique de l’Ouest, même dans les pays à forte proportion de Chrétiens comme le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Les révoltes de Boko Haram et des mouvements djihadistes dans le Sahel ne sont que le début d’une situation qui va se généraliser d’ici 2050. Le Burkina se trouve déjà à terre, dans une situation pire que celle du Mali. Les mouvements djihadistes sont aux frontières du Bénin avec le Burkina et le Niger, et le phénomène risque de progresser vers la côte. Au Burkina, les jeunes se sont mobilisés pour faire partir Blaise Compaoré en 2014, mais leur déception alimente le mouvement djihadiste aujourd’hui.

L’avenir, c’est l’embrasement général, dans lequel vont émerger de jeunes militaires qui vont restructurer la société. Nos leaders d’aujourd’hui travaillent à cela sans en être conscients. Le cas le plus sérieux est celui de la Côte d’Ivoire. Si ce poumon économique de l’Afrique de l’Ouest francophone est atteint, que restera-t-il ? Alassane Ouattara ne fait que préparer cette mayonnaise, qui va prendre. Il n’a pas su faire la bonne lecture politique de la situation qui prévaut chez lui. Il n’a pas œuvré à la réconciliation et gère le pays avec une bande d’amis, tandis que Henri Konan Bédié et Guillaume Soro, ses alliés d’hier, sont devenus ses meilleurs ennemis aujourd’hui ».

Boko Haram, un foyer de conflit entretenu ?

L’Afrique de l’Ouest, terreau instable, reste par ailleurs une zone ouverte à tous les vents de la géopolitique globale. D’où la persistance de la secte islamiste Boko Haram au Nigeria, qui continue de sévir malgré la puissance de feu de l’armée nigériane.

« L’Afrique de l’Ouest est une maison sans porte, poursuit John Igué. Tout le monde peut entrer à tout moment, prendre ce qui l’intéresse sans qu’on ne lui pose aucune question. Nos chefs d’État ne contrôlent pas leurs territoires. Tous les jours, des gens sont tués au Mali, au Burkina, au Niger, au Nigeria — malgré la puissance de l’armée nigériane. Il y a des ambiguïtés derrière cette situation : l’armée ne peut-elle vraiment pas entrer dans la forêt de Sambisa (fief de la secte Boko Haram au nord du Nigeria, NDLR) et déloger les djihadistes ? Il suffirait d’une semaine pour régler le problème. Hélas Boko Haram est soutenu par un pan des élites riches du Nigeria du nord pour affaiblir le pouvoir fédéral. Beaucoup d’entre eux sont de l’armée. Boko Haram est mis en place à la fois par une partie des Nigérians et par des puissances étrangères pour empêcher le Nigeria d’atteindre ses objectifs en termes de développement et de puissance moyenne, ce qui fait peur à tout le monde. Il ne faut pas donner à ce pays très nationaliste la main libre de faire ce qu’il veut. »

Boko Haram, également financé par les pays du Golfe, souligne l’universitaire, jouit d’une certaine force d’attraction auprès des populations. « La mosquée est une zone d’influence qui n’est pas contrariée par les églises évangéliques qui essaiment partout, à la mode américaine. Les discours évangélistes sont fondés sur la recherche de la paix, tandis que les prêches dans les mosquées reposent sur la révolte contre l’injustice. L’agenda des mouvements djihadistes, qui sont aussi des mafieux, est d’empêcher l’Occident d’accéder aux ressources naturelles de l’Afrique, donc détruire les intermédiaires que sont les chefs d’État à la solde des grandes puissances. La jeunesse a intérêt à s’organiser autrement et aller à l’assaut des mauvais dirigeants, qui croient être à l’abri mais seront les premières victimes, les premiers à être tués. Ce qu’ils font maintenant ne les avantage en rien, ils sont dans le collimateur. »

Désir d’homme fort et géopolitique post-coloniale

Alors que Paul Kagamé, le président du Rwanda, jouit d’une certaine popularité en Afrique, en raison de son caractère « d’homme fort », capable de tenir tête aux puissances occidentales et de mener le développement à la baguette, John Igué réfute son statut de modèle. Il insiste sur le caractère unique de l’histoire du Rwanda. « Paul Kagamé est issu de deux situations qu’aucun État n’a connu : les pogroms et la guerre. Le comportement de Kagamé, un maquisard qui a été victime de pogrom, consiste à s’assurer que celui-ci n’arrive plus. On ne peut pas dire que ce soit un bon modèle. Il n’y a pas de démocratie du tout au Rwanda et beaucoup de montages ne représentent pas la réalité. Je parle d’un montage voulu : on a le fantasme d’un pays extraordinairement bien géré, mais ce n’est qu’un fantasme. Le bonheur du peuple passe par sa liberté et son libre choix. Sans liberté, pas de bonheur, même sans sacs en plastiques ou ordures par terre. D’ailleurs, le pouvoir d’achat des ménages rwandais n’est pas supérieur à celui des béninois ! »

Le désir d’homme fort qui peut prévaloir reste le symptôme d’un manque cruel de leadership, analyse enfin John Igué, revenant sur le défaut de dirigeants solides dans la sous-région. « Les puissances étrangères s’accommodent bien des dirigeants faibles : Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au Mali est le sous-produit de François Hollande et d’Emmanuel Macron. Il est incapable de résister à leurs desideratas. Or, la France est toujours préoccupée par son idéal colonial de faire du Sahara un territoire d’expérience militaire et de positionnement stratégique en Afrique de l’Ouest. Elle fait tout pour que le Mali ne se structure pas en État fort et bien géré. Le système de l’opération militaire française Barkhane (déployée depuis 2014 dans le Sahel pour lutter contre les islamistes armés, NDLR), et le G5 Sahel (un cadre institutionnel de coopération en matière de sécurité lancé entre cinq pays en 2014) sont des sous-produits de la France qui relèvent de son hégémonie en Afrique de l’Ouest. La France n’ayant jamais renoncé à ses ambitions géopolitiques dans la région, elle est très heureuse de voir des fantoches en poste. Les dirigeants avec de la hauteur existent, mais on ne leur permettra pas d’accéder au pouvoir. Les Occidentaux restent obnubilés par l’esprit colonial, parce qu’ils ont tiré profit de la colonisation. Leur espoir est de voir le prélèvement continuer. Notre espoir était de voir l’Afrique se structurer autour d’au moins trois grands pôles : Afrique du Sud, Nigeria, Afrique du Nord, mais aucun ne fonctionne vraiment. Le cas de la République démocratique du Congo (RDC) est tragique à cet égard. »

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