LES MEDECINS BATTENT LE RAPPEL DES TROUPES
Victimes de ponctions qui peuvent aller jusqu’à plus de 200mille francs sur leurs salaires, les médecins, pharmaciens et chirurgiens dentaires menacent d’aller en guerre, si l’Etat ne revient pas sur ce qu’ils considèrent comme une “forfaiture’’

Victimes de ponctions qui peuvent aller jusqu’à plus de 200mille francs sur leurs salaires, les médecins, pharmaciens et chirurgiens dentaires se retroussent les manches pour aller en guerre, si l’Etat ne revient pas sur ce qu’ils considèrent comme une “forfaiture’’.
Choqués. Interloqués. Abasourdis. Les médecins, pharmaciens et chirurgiens ont de peu manqué de s’évanouir, en cette fin du mois d’août. Dans leurs banques pour retirer leurs salaires, certains ont constaté des ponctions pouvant aller jusqu’à plus de 200 mille francs Cfa.
Le pire, ils ne savent même pas quelle en est la raison. Joint par téléphone pour des besoins de vérifications, le secrétaire général du Syndicat autonome des médecins du Sénégal confirme : “Nous sommes dans le flou total. D’abord, c’est des camarades qui nous ont saisis pour se plaindre. Par la suite, on l’a constaté nous-mêmes.
Le dernier camarade qui m’a appelé m’a d’ailleurs dit qu’on lui a ôté 232 mille francs de son salaire.’’ La pilule s’avère ainsi très amère et difficile à avaler pour les “victimes’’. D’ores et déjà, le syndicat se retrousse les manches, prêt à en découdre avec l’Etat coupable, à leurs yeux, de forfaiture. “Ça ne peut pas passer comme lettre à la poste’’, prévient le docteur Yéri Camara. Très en colère, le ton haut, il fulmine : “Nous allons réagir face à cette forfaiture. Là, nous sommes juste en train d’attendre les explications du ministère en charge des Finances. Ce que je peux vous assurer, c’est que nous allons nous faire entendre. Et d’ores et déjà, nous en sommes à la préparation de notre plan d’action. Nous allons avoir une réaction vigoureuse et appropriée.’’ Il faut dire que ces ponctions sont vraiment mal tombées pour ces fonctionnaires qui viennent juste de sortir de la fête coûteuse de Tabaski.
Interpellé sur les motivations de ces ponctions, le syndicaliste dit en être aussi ignorant que le commun des Sénégalais. Tout au plus, il a ouïe dire : des “mesures fiscales’’ par-ci, des “prélèvements pour l’ordre des médecins’’ par-là… Ce qui est sûr, c’est que tout cela ne procède que de la rumeur et que, par conséquent, en tant que syndicat responsable, le Sames attend impatiemment les justifications officielles. “C’est très difficile, pour un chef de famille, de constater de telles ponctions sur son salaire de manière indue. Mais nous ne voulons pas verser dans le sentimentalisme. Nous nous sommes rapprochés des services du ministère des Finances, mais aucune explication ne nous a été donnée de manière claire. Certains ont eu à accuser l’ordre des médecins, mais celui-ci a réfuté catégoriquement les informations. Nous attendons donc le retour du ministre pour nous entretenir avec lui et avoir la bonne version’’.
Pendant ce temps, les agents ruminent encore leur colère. “C’est très difficile. Aucun travailleur ne souhaiterait constater de telles ponctions sur son salaire de manière indue. Mais nous ne voulons pas verser dans le sentimentalisme’’, affirme Dr Camara. Il faut rappeler que cette mesure est d’autant plus incompréhensible que le Sames n’est pas allé en grève depuis belle lurette. “EnQuête’’ a attendu jusqu’à l’heure du bouclage la réaction des services du ministère en charge des Finances qui lui était promise, mais en vain.