ABDOUL AZIZ KEBE DEROULE SON «HAJJ»
Le Délégué général pour le pèlerinage tire le bilan de l’édition 2019 du pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam, parle des voyagistes, du processus de privatisation du hajj, des mesures de l’Arabie Saoudite, etc.

Si l’édition 2019 du Hajj est créditée de près de 80 % de réussite, et seulement 20 % de couacs, cela ne pousse guère le Délégué général pour le pèlerinage à La Mecque, Dr Abdoul Aziz Kébé, à l’autoglorification. Ce n’est pas son genre. L’homme séduit par son tempérament calme, mais surtout par la profondeur de ses analyses et la maitrise de son sujet. Il n’est pas enseignant à l’Université de Dakar pour rien. Dans cette interview exclusive accordée au « Témoin », le Dr Abdoul Aziz Kébé tire le bilan de l’édition 2019 du pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam, parle des relations de la Délégation qu’il dirige avec les voyagistes, du processus de privatisation du hajj, des nouvelles mesures imposées par l’Arabie Saoudite, de la possibilité du choix de la compagnie nationale comme voyagiste du pèlerinage etc. Le « M. Hajj » de l’Etat en a profité pour tracer des perspectives pour les années à venir et, surtout, afficher sa volonté de continuer à appuyer la vision du président de la République dans le domaine du pèlerinage à La Mecque. Entretien.
Le Témoin - Vous étiez à Saly ce samedi 26 octobre pour faire le bilan du pèlerinage 2019. En tirant récemment ce bilan, justement, vous avanciez un taux de satisfaction de près de 80 %. Pourquoi donc, après cela, avez-vous jugé nécessaire de revenir à Saly pour refaire ce bilan ?
Dr Abdoul Aziz KEBE - Le bilan que nous dressons consiste à exposer devant les populations, ou les citoyens si vous préférez, les résultats auxquels nous sommes parvenus en termes de performances et de limites. En présentant les choses de cette façon en termes de performances et de limites, c’est une manière d’avoir une approche globale. Vous l’avez dit, il y a eu plus de réussites que de limites. Cela, c’est le bilan, mais l’évaluation nous permet de ne pas nous limiter uniquement au décompte de ce qui est bien et de ce qui n’est pas bien. L’évaluation nous permet d’entrer au fond des choses pour voir dans ce qui est objectifs vérifiables, qu’est-ce qui nous a conduits à telle performance ? Qu’est ce qui nous a conduits à telle limite ? Et sur la base de l’identification de ces facteurs de performances et de limites, pouvoir tracer une ligne de conduite pour la consolidation de ce qui doit être consolidé et la rectification de ce qui doit être rectifié. Et aussi pour la prise de nouvelles initiatives par rapport aux résultats que nous avons obtenus. Donc l’opération du bilan, c’est tout simplement une opération de comptabilité. A savoir pouvoir dire voilà ce qui est bien, voilà ce qui n’est pas bien. En revanche, l’opération d’évaluation permet de voir de manière critique et objective quels sont les facteurs qui ont conduit à ces résultats, qu’ils soient bons au mauvais. Sur quoi, nous sommes-nous fondés ? Quelles sont les ressources dont nous disposions ? Comment a-t-on utilisé ces ressources-là ? Est-ce qu’elles ont été utilisé de manière efficiente ?
Justement, en termes d’évaluation, sur quels critères sont basés les 80 % de réussite dont vous faites état ?
Si nous prenons le pèlerinage dans ses différents processus, il y a eu des activités phares qui se répartissent en six étapes qui jalonnent ce processus d’organisation. La première étape, c’est l’inscription du pèlerin. Il y a un ensemble de dispositifs qu’il faut mettre en place pour que le pèlerin puisse avoir son ticket pour aller à La Mecque. Notamment la visite médicale d’aptitude, le passeport, l’assurance, l’achat du billet d’avion et, in fine, l’obtention du visa. Cette première phase doit permettre au pèlerin de se dire que je peux aller à La Mecque. Estce qu’on peut l’organiser de manière efficiente afin que le pèlerin ne perde pas du temps, ne soit pas fatigué, ne soit pas perdu dans les différents services qui s’occupent de ces choses-là ? Pour réussir cela, il faut axer l’organisation sur le sens de l’anticipation.
Sur ce point, nul n’a senti de couacs majeurs cette année…
Vous avez raison. Cette année, nous avons fait une innovation en créant un portait national à l’image du portail sur lequel nous travaillons avec l’Arabie Saoudite. Ce portail national a permis d’aller beaucoup plus vite, il a aussi permis une meilleure transparence et de pouvoir immédiatement identifier ce qu’il y a lieu de corriger et d’avoir la possibilité d’atteindre directement ou le pèlerin ou celui qui organise son voyage. Sur cette première phase, nous avons eu Alhamdoullilah des performances puisque nous avons ouvert à temps et fermé à temps le bureau du pèlerinage.
Et sur les 20 % de contreperformances, qu’est-ce qu’on peut retenir comme problèmes majeurs ? Il semble notamment que la restauration et la longueur du séjour posent problèmes…
Ce sont effectivement des questions à prendre en compte. Mais en vérité, les limites par rapport à notre planification organisationnelle, c’est, d’abord, au niveau du transport aérien. Nous avons eu un planning de vol que nous avons établi. Ce planning a été respecté, malheureusement à l’aller nous avions eu un avion en retard et au retour il y a eu aussi des rééchelonnements au niveau des vols. Ce sont des limites dans la performance que nous voulions attendre au niveau du transport aérien où nous n’avons pas eu 100 %, mais 80 % de réussite. Cela dit, sur l’ensemble des vols, il n’y a que deux ou trois qui ont connu des retards.
D’où le débat sur le choix du transporteur du pèlerinage. D’aucuns pensent que c’est le transporteur national Air Sénégal qui doit convoyer nos pèlerins. Qu’en pensez-vous ?
Que ce soit le transporteur national ou une compagnie saoudienne, la Délégation générale au pèlerinage ne se lève pas pour choisir un transporteur. Le transporteur saoudien, c’est une directive de la GACA, l’organisation saoudienne qui s’occupe de l’aviation civile, c’est une directive qui impose aux pays qui organisent le pèlerinage de faire convoyer 50 % de leurs pèlerins par un transporteur saoudien. Ce dernier, ce n’est pas la Délégation générale au pèlerinage qui le choisit. Mais c’est encore la GACA qui choisit parmi les transporteurs saoudiens, un ou plusieurs et qui dit à la DGP voilà celui qui est désigné cette année pour vous transporter. Ces dernières années, c’est FLYNAS qui a été désignée par la GACA. Nous n’avons pas eu notre mot à dire.
Si on suit bien, vous n’avez pas de marge de manœuvre pour choisir notre compagnie nationale comme transporteur du pèlerinage ?
On n’a certes pas de marges de manœuvres par rapport au choix de la compagnie, mais, en revanche, on a une marge de manœuvre par rapport à notre propre cahier des charges. En fait lorsqu’on désigne un transporteur, nous présentons à ce dernier un cahier des charges élaboré en collaboration avec notre conseil en transport aérien, avec l’ANACIM et les techniciens du ministère des Transports aériens. Ce cahier des charges permet de définir le type, l’âge, la capacité de l’avion que nous voulons, de définir les rotations en termes de plans de vols que nous voulons, quand nous voulons commencer et finir nos vols en plus de la proposition du prix que nous discutons.
Au niveau des prix, l’un des griefs soulevés par le privé, c’est la cherté du billet d’avion. Ces griefs sont-ils justifiés, selon vous ?
Quand on dit que quelque chose est cher par rapport à un autre produit, quand on compare un prix à un autre, il faut que cette comparaison se fasse sur la base des structures et des paramètres qui composent le prix. Dans notre cahier des charges avec FLYNAS, nous demandons deux avions qui transportent nos pèlerins et un troisième en back up. Nous demandons à FLYNAS de transporter seulement et seulement nos pèlerins qui quittent Dakar pour aller directement à Médine. Après les avoir déposés là-bas, ces avions reviennent vides à Dakar pour reprendre nos pèlerins et les ramener à Médine. Donc un charter qui quitte Dakar avec nos pèlerins pour aller directement sur Médine et qui revient vide, ne peut pas être comparé à un vol commercial qui prend 4 pèlerins par-ci et 50 autres voyageurs dont 20 descendent à Conakry, qui prend encore 20 à Conakry, en fait descendre à Dubaï pour libérer 50 et prendre encore 50 voyageurs. Et dès son arrivée à Médine, cet avion va reprendre du monde pour revenir à Dakar. Dans ces conditions, si vous comparez les deux coûts, vous avez tout faux. Les coûts ne peuvent pas être les mêmes. Par exemple, lorsque nous allons à Touba, à Tivaouane pourquoi les prix augmentent au niveau du transport des voitures ? Parce que le chauffeur vous dit : écoutez, pour mon retour à Dakar, le véhicule est vide et en plus je brûle du carburant.
Si le privé pose la question de la cherté des prix, cela ne donne-t-il pas l’impression qu’il n’y a pas de concertations entre la délégation générale et les promoteurs privés du pèlerinage ?
Le privé posera toujours ce débat parce qu’il est dans une dynamique commerciale. Ce qui est normal. Nous ne dénions pas au privé le droit de chercher à faire des bénéfices et à gagner le maximum dans cette opération. Mais nous ne pouvons pas laisser établir cette comparaison entre le prix d’une compagnie commerciale et celui de FLYNAS sans apporter les précisions pour que le citoyen n’en ignore. Pour les concertations avec privé, il n’y a pas de moment où il n’y ait pas de concertation entre la Délégation générale et les promoteurs privés. Nous avons un cadre de concertation que nous avons mis en place à la Délégation appelé Comité consultatif avec la présence d’experts et de gens expérimentés du privé avec qui nous discutons sur certaines questions. Il n’y a aucune question relative à l’organisation du pèlerinage que nous ne discutions pas avec le privé. Cela ne veut pas dire que nous ne fassions que ce que le privé veut. Nous leur exposons nos visions, nous les écoutons et discutons pour trouver ce qui est le meilleur pour le pèlerinage au Sénégal. Par rapport aux coûts du transport aérien, c’est cela la réalité. Le coût du charter ne peut pas être identique aux coûts du vol commercial. Il y a une différence de prix et c’est tout à fait compréhensible.
En 2019, sur près de 13.000 pèlerins sénégalais, les 11.000 ont été convoyés par le privé, et la Délégation environ 2000. On ne comprend pas un tel schéma. Le pèlerinage a-t-il été privatisé ? Pourquoi l’Etat ne s’estil pas retiré totalement du pèlerinage ? Car, il intervient toujours dans l’opération à travers la délégation générale. Comment expliquez-vous cette situation ?
C’est tout à l’honneur de l’Etat de rester encore dans le pèlerinage. Les organisations privées ne peuvent pas se mettre dans une position de concurrence avec l’Etat. Pourquoi ? Parce que c’est à l’Etat qu’est dévolu le service public de transporter le pèlerin sénégalais, de mettre ce dernier dans des conditions de sécurité et de confort qui puissent lui permettre d’accomplir correctement son rituel et de revenir dans sa famille sain et sauf. C’est également ce même Etat qui a fait une concession de ce service public à des acteurs privés. L’Etat qui a la possibilité de convoyer 13.000 pèlerins, et qui prend sur lui pour concéder 11.000 pèlerins à des privés, à des opérateurs privés sénégalais, on ne peut pas considérer qu’il y ait une concurrence entre les deux. Non, il n’y a aucune concurrence entre l’Etat et les voyagistes privés. Maintenant, si ces 11.000 pèlerins sont convoyés par ces derniers, c’est parce que le président de la République l’a voulu. Son excellence Macky Sall a décidé de libéraliser l’organisation du voyage à La Mecque. Il a décidé également de le mettre entre les mains d’opérateurs qui soient capables du point du vue technique et financier, mais aussi éthique et moral, de convoyer les pèlerins sans que ces derniers ne soient lésés du point de vue de leurs droits, de leur santé, de leur intégrité physique. Sans que l’image du Sénégal ne soit altérée par des actions qui ne sont pas en phase avec la réglementation aussi bien du Sénégal que de l’Arabie Saoudite. C’est cela justement le rôle de la Délégation générale : travailler avec les voyagistes privés dans la mise en œuvre de la vision du président de la République, travailler à ce que le voyagiste privé puisse gagner quelque chose dans l’organisation du pèlerinage, mais aussi prendre en compte les intérêts du pèlerin et du Sénégal. Pour résumer, améliorer constamment le service public du pèlerinage.
Mais est-ce qu’il est prévu d’arriver à une privatisation totale du pèlerinage ?
C’est la volonté du président de la République de libéraliser à 100 % le convoyage des pèlerins sénégalais à La Mecque. Aujourd’hui, sur les 13.000 pèlerins, 11.000 sont convoyés par le privé. C’est presque une privatisation totale, c’est une volonté du chef de l’Etat. Nous travaillons pour que cette volonté soit effective à 100 %. Il y a un cadre réglementaire et organisationnel à mettre en place, un environnement de sécurité pour le pèlerin et aussi pour l’Etat.
Justement au sein des voyagistes privés, chaque année des pèlerins sont victimes de désagréments qui annihilent leur pèlerinage et qui finissent devant les tribunaux. Cette année, aussi, le pèlerinage des étrangers a été un calvaire à cause de la non disponibilité des visas. Comment percevez-vous ces manquements dénoncés par les pèlerins ?
Il y a effectivement certains voyagistes privés qui sont coupables de manquements. C’est vrai aussi que certains d’entre eux sont parfois victimes de décisions tardives prises par les autorités intervenant dans le pèlerinage. Pour le premier cas, celui des voyagistes privés auteurs de manquements, nous avons mis en place au sein de la Délégation générale un autre cadre de conciliation et d’arbitrage pour les contentieux. Cela parce que depuis que nous sommes à la tête de la Délégation, nous avons décidé qu’aucun contentieux ne puisse arriver devant les tribunaux et faire la Une de la presse. Nous avons les moyens humains et moraux de régler les contentieux. S’il y a des fautes, nous devons pouvoir trouver les facteurs qui ont conduit à cela et apporter les corrections nécessaires. S’il y a des malentendus et des erreurs, de pouvoir les corriger. Cette année, nous avons réglé 19 cas de contentieux qui pouvaient atterrir devant les tribunaux et la presse.
Pourtant, en un moment donné, vous aviez promis de sanctionner des voyagistes privés et même d’aller jusqu’au retrait de leur agrément. Pourquoi ne le faites-vous pas ?
Pourtant si, il y a des sanctions. La sanction, c’est l’ultime action, avant d’en arriver à ce niveau, il faut trouver des moyens de conciliation et de correction s’il y a lieu. Maintenant, si vraiment la sanction s’impose, il faut qu’elle soit prise. Si vous prenez sur 286 agences, GIE et associations qui interviennent dans le pèlerinage, il y a des sanctions qui sont tombées sur trois ou quatre organisateurs. Des sanctions temporaires du genre administratif parce qu’il y a eu forclusion parce qu’on est arrivé un jour ou deux jours après la date limite, c’est la réglementation. Une sanction de retrait de quotas parce qu’il y a un contentieux entre l’agence privée et les organisateurs en Arabie saoudite qui nous ont saisis sur ce contentieux, il n’y a pas eu solutions, la sanction s’impose. Donc sur 286 agences, s’il y a trois ou quatre seulement qui sont sanctionnées, Il y a eu 19 cas qui sont tombés sur notre table que nous avons solutionnés à l’amiable sans que personne ne le sache, je pense que nous sommes sur la bonne voie de la régulation et de la concertation. Maintenant il y a des fois où l’organisateur lui-même est victime. C’est le cas par exemple des visas étrangers. C’est le pays organisateur, à travers son agence de supervision, qui a octroyé un pourcentage aux étrangers vivant au Sénégal et qui voudraient accomplir le pèlerinage. Parmi eux, il y a des fonctionnaires internationaux, d’autres sont là en tant que professeurs d’université, d’autres en tant que résidents, c’est tout à fait normal qu’ils partent d’ici. Chaque année, les organisateurs privés ont convoyé ces étrangers sans problèmes. C’est seulement cette année que le nouvel ambassadeur saoudien a introduit une nouvelle mesure qui a rendu plus difficile le voyage des étrangers et cette mesure a été prise au moment où on attendait les visas. C’est pourquoi je dis que les organisateurs eux-mêmes sont victimes des mesures qui viennent d’être prises par l’Arabie saoudite. Si la mesure avait été annoncée dès l’entame des procédures, il aurait été possible de régler la question. Les gens ont travaillé sur qui était traditionnellement admis jusqu’au moment où, alors que l’on attendait de recevoir les visas, il y a une nouvelle réglementation saoudienne qui est tombée. Les victimes de cette situation étaient non seulement les étrangers qui n’ont pas pu aller à La Mecque, mais aussi les voyagistes privés qui ont pris ces étrangers, qui ont collecté l’argent de ces derniers et qui en fin de compte se retrouvent dans l’impossibilité de les convoyer comme prévu. Et ils ont été obligés de rembourser l’argent déjà collecté.
La nouvelle réglementation saoudienne consistant à imposer aux voyagistes privés la règlementation IATA ne constitue-t-elle pas une menace pour ces derniers ?
Non, je ne le pense pas. C’est plutôt un atout. En tout cas, dès que l’information nous est parvenue, nous l’avons transmise aux voyagistes pour que ce que ceux qui veulent accéder à l’agrément IATA puissent prendre leurs dispositions. L’agrément IATA, c’est un atout pour moi et les organisateurs dans la mesure où cela permet d’avoir plus de garanties au niveau du pèlerin car celui qui nous prend en charge est observé au Sénégal, mais aussi sur le plan international. Il risque de subir des sanctions s’il y a des manquements. Nous avons essayé au niveau de la Délégation générale de regrouper les organisations privées. En 2019, nous sommes allés avec 34 groupements. Dans cette affaire IATA, chaque groupement est dirigé par une tête de file. Chaque tête de file doit forcément avoir un agrément IATA. C’est une façon de moraliser et de sécuriser le processus. Ce sont les têtes de file qui apparaissent sur le portail électronique, tout le reste ont leur quota, ils s’organisent dans le groupement. Maintenant c’est à nous de travailler sur un protocole qui prend en charge un minimum d’obligations pour celui qui est tête de file et les autres membres de groupements. Cela a pour avantage de faciliter le contrôle. Pour moi, l’agrément IATA, c’est un atout pour l’organisation du pèlerinage, l’assainissement, la mutualisation et la solidarité entre acteurs.
Est-ce qu’on peut parler d’une économie du pèlerinage ? Qu’est-ce que le Sénégal gagne dans le pèlerinage ?
Ah, le Sénégal gagne beaucoup de choses dans le pèlerinage ! C’est un bon projet que de travailler sur l’économie du pèlerinage pour pouvoir chiffrer ce que gagne le Sénégal dans le pèlerinage. Vous savez, on peut dans l’alentour géographique du site d’inscription, avoir une idée de ce gain pour notre pays. Pendant deux mois, des dames et des hommes sont sur le site en train de faire du commerce sur les accessoires, d’autres vendent des CD, des repas, des guides du pèlerinage… Si nous nous limitons uniquement aux alentours géographiques, il y a une économie. Mais si vous allez plus loin, pendant le pèlerinage, l’agence est obligée de recruter un médecin, un guide religieux. Ces derniers verront leurs ressources augmenter. L’agence est obligée de disposer d’un siège, de recruter deux permanents, d’avoir un équipement selon le cahier de charges. En outre chaque année avant d’obtenir son quota, il faut que l’agence présente un quitus fiscal prouvant qu’il a payé ses impôts. Il y ainsi une petite économique nonobstant les taxes tout autour qui s’organisent autour du pèlerinage. Ce serait bien de faire une étude sur l’économie du pèlerinage.
M. le Délégué général des rumeurs parlent de votre possible départ après trois années de présence à la tête de la Délégation pour le pèlerinage à La Mecque. Confirmez-vous ces rumeurs ? Ou alors, quelle est votre position sur la question ?
Vous savez quand on est dépositaire de la confiance du président de la République et des croyants, on a toujours le courage de relever les défis, de poursuivre le travail avec les gens avec qui on le fait. Cela dit, l’être humain a des limites physiques et intellectuelles. Il peut arriver que l’être humain dise que je commence à atteindre mes limites physiques, intellectuelles, il serait bon à ce moment-là de se redéployer ailleurs. En tout cas, au jour d’aujourd’hui, tant que le Délégué général a la confiance du président de la République, il poursuit son bonhomme de chemin vers les objectifs de ses missions. C’est en 2016 que M. Abdoul Aziz Kébé a été nommé. Du fait que le président de la République a ses attentes, est-ce que le Délégué général a atteint celles-là ? S’il pense que le Délégué général a atteint ses attentes et lui renouvelle sa confiance, Alhamdoulillah. Si le président de la République, dépositaire des attentes du peuple, estime que Abdoul Aziz Kébé n’a pas satisfait ses préoccupations, et qu’il pense confier la mission à une autre personne, à ce moment-là, le en ma qualité de Délégué général, je le remercierais de la confiance qu’il a placée en moi et je continuerais mes missions dans d’autres perspectives tracées par le chef de l’Etat ou la communauté musulmane et la patrie.