L’ENFER DES PASSAGES À NIVEAU À THIÈS
De Diassap à l’Ecole Polytechnique, en passant par Foukki Bountou, Diakhao, passage ndama, le danger est réel

Le danger réel que constituent les passages à niveau dans la cité du rail empêche les Thiessois de dormir du sommeil du juste. Dans la ville aux-deux-gares, les riverains disent avoir peur pour leur sécurité du fait de la « monstrueuse menace » que représentent ces croisements de voies routières et ferroviaires. Ils se désolent du fait que «malheureusement les autorités compétentes semblent ne pas trop se préoccuper de ce danger, faisant comme si de rien n’était ».
Thiès en danger. notre vie est gravement menacée ». L’alerte est des habitants de la cité du rail qui n’arrivent plus à dormir sur leurs deux oreilles, du fait de «l’anarchie galopante» dans laquelle sombrent les nombreux «passages à niveau» dans la ville, ces croisements de voies routières et de lignes ferroviaires qui, pensent ces honnêtes citoyens, « auraient dû être matérialisés par des feux clignotants et des barrières automatiques qui s’abaisseraient au passage du train».
Hélas, se désolent nos interlocuteurs, « tel n’est malheureusement pas le cas ». selon eux, aucune mesure n’est prise pour sécuriser les personnes, faciliter la mobilité. un danger d’autant plus réel qu’avec le croisement d’autres modes de transport, les risques demeurent surtout avec le non-respect du code de la route et la traversée anarchique des points d’intersections. « un vrai préjudice social », s’étrangle Mor dia, cadre dans une boite de la place. il déplore « l’absence de sensibilisation des usagers des passages à niveau sur les risques encourus », la « non remise en état de fonctionnement de ces passages à niveau à travers des travaux de réfection (rafraichissement des signaux et autres installations, remise en état du réseau électrique, etc.) ». Dans la capitale du rail, le constat fait est qu’en dépit du faible taux de rotations enregistré quotidiennement par Ptb, ceFix et cGo, dont les trains empruntent la voie ferrée, la cohabitation entre les passants et ces moyens de transport présente un réel danger public. du passage à niveau sis au village de Diassap à celui de l’école polytechnique, en passant par ceux de Médina Fall, Keur cheikh, Foukki Bountou, Diakhao, Victoire, cité Ballabey, passage ndama… partout c’est l’exacerbation au niveau de ces passages à niveau qui, pour la plupart, ne sont pas gardés. au rond-point Diakhao, le décor n’est guère rassurant les vendeuses de poisson et de légumes se disputent les rails aux heures de pointe. avec des bouchons à n’en plus finir, source de désagréments au préjudice de ceux-là qui souhaiteraient rejoindre le camp militaire de Diakhao, l’hôpital catholique Saint-Jean de dieu, le grand marché central, le camp Gmi Michel le Grand, entre autres. Idem au passage à niveau Foukki Bountou où la récurrence des pannes de camions gros-porteurs perturbe à longueur d’année le plan de circulation dans la cité du rail.
Les cheminots « sceptiques » quant aux « mesures conservatoires »
Ne sachant plus à quel saint se vouer, les thiessois, irrités par cet état de fait, de se demander : « à quand un plan d’actions pour endiguer ces dangers résultant des passages à niveau soient non gardés soit squattés par des vendeurs » ? nos interlocuteurs évoquent surtout « la nécessité de conscientiser les automobilistes afin qu’ils fassent preuve de patience, de discipline au moment d’aborder ces passages à niveau ». lors de la célébration de la 8ème édition de la journée internationale de prise de conscience des dangers des passages à niveau, à Thiès, par la société du petit train de banlieue (ptb) et Dakar-Bamako-Ferroviaire (dbf), sous l’égide du ministère des infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, de l’union européenne, de l’union internationale des chemins de Fer (uic), des services du transport impliqués, sur le thème : « la vie vaut-elle la peine d’attendre ! », des mesures draconiennes ont été préconisées avant que « l’irréparable ne se produise ». il était surtout question de mettre l’accent sur la « prévention » et la « sensibilisation sur la sécurité ferroviaire ». une occasion mise à profit par les autorités ferroviaires pour surtout « incriminer » les usagers qui, selon elles, « ne respectent pas les dispositions réglementaires qui donnent la priorité aux trains ».
Une « inobservation » qui, à les en croire, est à « l’origine des accidents au niveau des passages à niveau ». M. Ndaraw Fall, au nom de l’administrateur de Dakar-Bamako-Ferroviaire, a indiqué à cette occasion que « la réglementation prescrit la priorité absolue accordée aux trains au niveau des passages à niveau. Mais on se rend compte qu’à l’approche de ces passages à niveau, très souvent, les usagers ne respectent pas les dispositions réglementaires. ce qui est, la plupart du temps, à l’origine de beaucoup d’accidents ». aussi il s’était offusqué de « l’installation de passages à niveau clandestins qui constituent également un danger permanent pour les usagers ». et de signaler à titre illustratif « l’existence de 82 passages à niveau clandestins sur l’axe Dakar-Kidira, installés de façon volontaire par les usagers ». selon lui, « la conséquence de l’occupation anarchique de l’emprise ferroviaire et de l’installation sauvage de passages à niveau clandestins est que, durant la période 2015-2016, 44 accidents ont été enregistrés sur l’axe Thiès Dakar ». Mamadou Madiodio diagne, ex-secrétaire général du syndicat autonome des travailleurs de l’ex-transrail, ainsi que beaucoup de ses camarades, constatant que « l’heure est grave », s’étaient, eux, dit « sceptiques » quant aux « mesures conservatoires » prises à propos des passages à niveau par une « entreprise qui, n’étant plus fonctionnelle, est vouée à une mort lente et irréversible ».