LES 150 EMPLOYES DE SIGELEC DE POUT SONNENT LA REVOLTE
Les 150 employés de la Société Industrielle de Générateurs Electriques (Sigelec) de Pout sont envoyés au chômage technique depuis plus de 24 mois et vivent dans le dénuement total.

Les 150 employés de la Société Industrielle de Générateurs Electriques (Sigelec) de Pout sont envoyés au chômage technique depuis plus de 24 mois et vivent dans le dénuement total. La clause du versement mensuel des 40% de salaire, conclue devant l’Inspecteur du Travail n’ayant pas été respectée, ils ont exprimé hier leur colère. Si rien n’est fait après l’alerte, ils menacent d’observer la grève de la faim.
Les 150 travailleurs de la Société Industrielle de Générateurs Electriques (Sigelec) de Pout sont dans le désarroi total à cause du dénuement total dans lequel ils vivent. Et pour cause, suite à un arrêt technique de l’usine, ils sont restés plus de 24 mois sans salaires. Selon le délégué du personnel Boubacar Sidy Diallo, toutes les démarches nécessaires ont été faites pour que les droits des travailleurs soient respectés, mais en vain. Après cette énième alerte, dit-il, si rien n’est fait, ils vont observer la grève de la faim. Quand la décision de mettre les employés au chômage technique a été prise, explique Boubacar Sidy Diallo, il avait été convenu devant l’Inspecteur du Travail, le versement mensuel de 40% des salaires. Mais jusqu’à ce jour, cette clause n’est pas respectée. Ainsi, les travailleurs sont sans ressources plus de 24 mois et sans mesure d’accompagnement. Plusieurs rencontres ont eu lieu à l’Inspection du Travail, mais jusqu’à présent rien n’a été fait. Un mémorandum a été déposé auprès de toutes les autorités, mais c’est un mutisme total surtout de la part de l’Etat. La même attitude a été constatée chez certains héritiers qui ont également reçu le mémorandum. Pour lui, ces derniers devraient se prescrire au moins le devoir de venir rencontrer les travailleurs, malheureusement ils affichent une posture qui frise le mépris. La seule explication donnée, c’est que la situation découle d’un problème de trésorerie, ce qui constitue pour lui un argument fallacieux.
A l’en croire, toutes les opportunités ont été données au Directeur Général, qui prétend chaque jour qu’il est en train de chercher des partenaires pour consolider les acquis. «Aujourd’hui, après lui avoir donné tout ce temps, les travailleurs ont pris leurs responsabilités, pour engager le combat, afin d’entrer intégralement dans leurs droits. J’ai intégré l’usine en 1995 et depuis lors, aucune pile sortie des ateliers n’a fait l’objet d’une mévente. Même au moment d’envoyer les employés au chômage technique, l’usine produisait et vendait bien. Il arrivait même que les commerçants déposaient d’avance leur argent, pour pouvoir décrocher un quota. Ce qui veut dire que les affaires de Sigelec était florissant. Depuis deux ans, nous vivons un calvaire indescriptible, avec des enfants qui ne vont plus à l’école», se désole Boubacar Sidy Diallo. Devant ce mutisme, il annonce la tenue de manifestations répétitives. Dans le plan d’action, il est même prévu un sit-in à Dakar pour mieux alerter l’opinion nationale et internationale sur le calvaire que vivent les employés de la Sigelec. «Si après cette première phase de protestation, l’employeur et les autorités continuent de faire la sourde oreille devant notre sort tragique, nous allons employer la manière forte en observant une grève de la faim illimitée», avertit le délégué de personnel avant d’accuser les héritiers de Feu Idrissa Seydi de les avoir plongés dans cette situation chaotique.
LA DIRECTION DE L’USINE AVAIT PREDIT CETTE SITUATION EN 2010
Les employés de l’usine mis aujourd’hui au chômage technique sont dans le désarroi, mais force est de reconnaître que la direction de la SIGELEC avait prédit une telle situation en 2010. Elle n’avait cessé de tirer la sonnette d’alarme depuis lors, pour dire que l’avenir de l’usine était menacé par l’arrivée des piles contrefaites. En 2010 déjà la douane et la gendarmerie avaient saisi 272 caisses de piles contrefaites, soit plus de 110.000 unités entreDakar et Thiès. Et en janvier 2013, les soldats de l’économie et les pandores avaient réussi à mettre la main sur près de 5.000 piles contrefaites ou frauduleuses, soit 200 cartons. Ces marchandises prohibées étaient destinées au marché national, ce quituait à petitfeu la Sigelec de Pout, la seule usine au Sénégal, spécialisée dans la fabrique de piles. Lors de la cérémonie d’incinération des piles prohibées dans l’enceinte de l’usine, Daouda Diouf, Directeur adjoint administratif etfinancier, responsable informatique de l’usine, affirmait que la Sigelec était en train de s’écrouler à cause de la commercialisation piles frauduleuses ou contrefaites. Acause de l’impact négatif de la fraude et de la contrefaçon, disait-il, le nombre de travailleurs dans l’usine est passé de 400 en 2007 à moins de 150 en 2013. Et avant le phénomène de la contrefaçon, la Sigelc parvenait à écouler sur le marché 25.000 cartons de piles par mois. Le chiffre d’affaire qui en découlait, permettait de verser plus de 3 milliards de Fcfa dans les caisses de l’Etat en terme de taxes