LES FACTEURS DÉTERMINANTS DE LA RÉSILIENCE DES JEUNES À LA VIOLENCE
L’âge, le sexe, le niveau d’études et de ménage et le lieu de résidence sont les éléments pris en compte pour montrer comment les jeunes parviennent à résister à la violence.

En partenariat avec l’Agence d’Assistance à la Sécurité de proximité (ASP), le Carrefour d’Etudes et de recherche-Action pour le Développement et la Démocratie (Ceradd) a mené une étude sur «Jeunesse, stratégie et résilience à la violence et à la criminalité au Sénégal et au Burkina Faso». Il ressort de cette enquête pilotée par le Pr Babaly Sall que trois facteurs déterminent la résilience des jeunes à la violence. Il s’agit de la communauté, de la famille et de l’individu. L’âge, le sexe, le niveau d’études et de ménage et le lieu de résidence sont les éléments pris en compte pour montrer comment les jeunes parviennent à résister à la violence. La synthèse des résultats de l’étude a été présentée hier lors d’un atelier.
Des résultats présentés hier lors de l’atelier de restitution, il est ressorti que trois facteurs déterminent la résilience des jeunes à la violence. Il s’agit des facteurs communautaires, familiaux et individuels. Pour ce qui est du premier facteur, indique le coordonnateur du CERADD (le Pr Babaly Sall), on retrouve toutes les institutions de régulation de la vie sociale dans lesquelles l’individu vit. Les deuxièmes facteurs sont appréhendés d’une part par la survie des parents, et d’autre part par le niveau de ménage. Enfin, les facteurs individuels sont de deux ordres : la démographie avec l’âge et le sexe, et le niveau d’instruction de la personne. L’enquête révèle que 43,8% des jeunes n’ont jamais commis d’actes de violence. Et il semble exister, selon les chercheurs, un lien entre le type de ville où résident les jeunes et leur résilience primaire à la violence. «On a noté que 62% des jeunes vivant dans des quartiers résidentiels n’ont jamais été violents. Pour ceux habitant les quartiers lotis hors cité, la proportion est de 47%. Cette dernière baisse encore de 7 points pour n’être plus que 40% pour les jeunes des quartiers populaires. Ces derniers semblent donc les moins résilients à la violence», affirme le Pr Babaly Sall. Le coordonnateur du CERADD et son équipe se sont basés, dans le cadre de leur enquête, sur d’autres éléments comme la survie des parents ou grands-parents. Ceux dont les pères vivent sont légèrement moins nombreux avec 41% à n’avoir jamais commis d’actes de violence comparé aux jeunes dont les pères sont décédés (47%). L’étude menée au Sénégal et au Burkina Faso montre que les jeunes qui ont perdu leurs mères sont légèrement plus résilients avec 53% que ceux dont les mamans sont en vie, (42%).
NIVEAU D’ETUDES, DE MENAGE
L’équipe du Pr Babaly Sall qui s’est intéressée au niveau ménage ne trouve pas de relation claire entre le niveau de ménage et la résilience primaire à la violence. «Alors que le taux de résilience atteint 46,7% et 48% chez les jeunes résidant dans les ménages de niveau respectivement très faible et moyen, il n’est que de 38,4% chez les jeunes vivant dans ménages de niveau élevé», renseignent les enquêteurs du CERADD. En terme d’âge, l’enquête révèle que 30,4% des hommes âgés de 15 à 35 ans n’ont jamais commis d’actes de violence. Chez les filles, la proportion est de 59,2%, soit une différence de 29 points. Par ailleurs, 44,3% de la tranche d’âge 15-35 ans n’ont jamais commis d’actes de violence. Cette proportion chute chez les jeunes âgés de 20 à 24 ans, pour ensuite se retrouver quasiment à sa valeur initiale chez les 25-29 ans et grimper à 53% dans le dernier groupe d’âge pris en compte par les enquêteurs, celui des 30-35 ans. D’après le rapport, c’est dans la tranche d’âge intermédiaire 20- 24 ans que les jeunes sont les plus susceptibles de s’adonner à la violence. A côté de ces aspects pris en compte par les enquêteurs du CEREADD, il y a l’éducation qui, d’après l’étude, ne protège pas nécessairement de la violence. D’autant que 62% des jeunes n’ayant aucun niveau d’instruction n’ont jamais sombré dans la violence contre 48,6% de ceux qui ont atteint le niveau primaire, 40% pour ceux ayant fait le secondaire premier cycle et 37,7% pour les jeunes ayant atteint le second cycle du secondaire. Chez les jeunes du supérieur, la proportion est de 40,6%.