RECELEURS PATENTES, LES FRERES BENJELLOUN MULTIPLIENT LES RETOURS DE PARQUET
Ou ils ont un bon marabout, ou ils bénéficient de protections haut placées ou alors ils ont une sacrée chance

Les frères Benjelloun, Fahd et Badr, ont en effet du bol. Arrêtés lundi dernier par la section de Recherches de la Gendarmerie pour recel, ils ont hier encore fait l’objet d’un retour de parquet. Moins chanceux, leur coaccusé sénégalais, Ibra Badiane, a été déféré et placé sous mandat de dépôt. Et pourtant, les frères Benjelloun, pris la main dans le sac, ont non seulement reconnu les faits, restitué une partie du matériel recelé mais encore sorti leur chéquier pour verser un acompte au propriétaire des meubles volés… Selon eux, le « business » avec les voleurs durait depuis «un an et demi » !
L’affaire commence il y a un mois lorsque M. Sène, gérant de la société CONTECHS, une PME qui s’active dans la vente de mobiliers et de matériels de bureau, matériels informatiques, électroniques, de fournitures de consommables informatique et bureautique entre autres, met la main sur les voleurs qui écumaient ses entrepôts depuis deux ans. Durant toute cette période, M. Sène voyait ses stocks fondre à vue d’œil sans pouvoir s’expliquer ces disparitions mystérieuses. Il avait eu beau renforcer le gardiennage, redoubler de vigilance et même installer un système de vidéosurveillance, rien n’y avait fait. Les marchandises disparaissaient sans qu’il puisse savoir par où elles passaient. Ce n’est que le mois dernier, en novembre, qu’il a pris sur le fait deux de ses employés, les sieurs Alassane Ndiaye et Thierno Ndiaye.
Pris en flagrant délit, ils ont expliqué leur modus opérandi qui consistait à débrancher le système de vidéosurveillance pour embarquer des meubles dans un camion avant de le rebrancher. Simple comme bonjour ! Ces vols ont duré deux ans, une période pendant laquelle les meubles dérobés étaient revendus à deux receleurs ayant pignon sur rue à Dakar. Le premier à l’avenue Blaise Diagne où il tient un magasin de meubles à l’enseigne de complexe Tahra, une boutique tenue par les frères Benjelloune. Le second, Ibra Badiane, gère les « Ets Darou Salam » sur l’avenue Bourguiba. Une descente effectuée dans les « show rooms » et les entrepôts de ces commerçants permet de retrouver sans peine des meubles appartenant à la société CONTECHS.
Confondus, aussi bien les frères Benjelloune que la fratrie Badiane reconnaissent non seulement les faits mais encore restituent les marchandises trouvées en leur possession et acceptent même de rembourser celles qu’ils ont déjà vendues. Le tout devant huissier qui a recueilli leurs dépositions. Les Marocains avaient acquis auprès de leurs « fournisseurs », les voleurs Alassane et Thierno Ndiaye, des meubles évalués à 27 millions de francs et en avaient déjà vendu pour une valeur de 11 millions. Séance tenante, ils ont fait un chèque de 11 millions pour rembourser tout en restituant le restant des meubles.
Quant aux établissements « Darou Saloum », ils avaient acheté pour 10 millions sur lesquels Pape, le frère de Ibra, a versé un acompte de trois millions en attendant de solder le reste. Des remises que M. Sène, le patron de CONTECHS, a acceptées sous réserve d’inventaire car, sur deux ans, les voleurs Alassane Ndiaye et Thierno Ndiaye avaient eu le temps de dévaliser ses stocks, mettant d’ailleurs sa Pme dans une situation délicate qui l’a contraint à recourir aux emprunts bancaires pour faire tourner son activité. L’inventaire finalement réalisé par un cabinet d’experts a fait apparaître un trou de 239 millions de francs représenté par les marchandises disparues. C’est alors que le gérant de Contechs, après avoir porté la nouvelle donne à la connaissance des receleurs) les Marocains ont admis que le « business » durait depuis un an et demi, a porté plainte au niveau de la section de Recherches de la Gendarmerie.
Sans tarder, les pandores ont procédé à l’interpellation des deux voleurs et de leurs receleurs. Et curieusement, si Ibra Badiane des établissements « Darou Salam » a été déféré au parquet, hier, les frères Benjelloune, eux, ont fait l’objet d’un énième retour de parquet… On attend de connaître la suite judiciaire réservée à cette passionnante affaire !