BONIFACE NDONG, COACH DES LIONS DU BASKET : « LE POINT NOIR DE CETTE COUPE D'AFRIQUE »
Attendus en finale de l’Afrobasket 2021, les «Lions» du Sénégal ont été éliminés par la Côte d’Ivoire en demi-finale

Attendus en finale de l’Afrobasket 2021, les «Lions» du Sénégal ont été éliminés par la Côte d’Ivoire en demi-finale. En s’imposant contre le Cap-Vert, ils se sont consolés avec la dernière marche du podium, dominé encore par la Tunisie, vainqueur de la Côte d’Ivoire en finale.
La marche vers le plus haut sommet du podium de l’Afrobasket craqua sous les pas de Gorgui Sy Dieng qui sort par la petite porte menant dans les ténèbres des vestiaires sous escorte de son capitaine Youssou Ndoye. Le meilleur joueur du Sénégal (24 points, 11 rebonds) a disjoncté dans les dernières secondes de l’anéantissement. Il a déversé sa bille par une faute antisportive sur Matt Costello, le monstre ivoirien qui lui a barré la voie qui s’ouvre vers la finale du championnat d’Afrique qu’il n’aura pas encore le privilège de jouer. Après un match de collines rwandaises où remonter le score était devenu inaccessible, les «Lions» se sont inclinés devant les «Éléphants» de la Côte d’Ivoire (75-65), samedi. Cette sortie en demi-finale, comme en 2013, 2015 et 2017, laisse croire que le Sénégal de la dernière décennie n’est taillé que pour monter sur la dernière marche du podium de l’Afrobasket masculin et rien de plus.
Le Kigali Arena est resté incrédule face à la puissance des «Éléphants» de repousser les assauts des «Lions», se demandait comment cette équipe sénégalaise, annoncée grandissime favori du tournoi après ses prestations de haut vol sur le parquet rawandais lors de la phase de poules, vénérée pour son équilibre et coachée par un entraîneur obnubilé par la culture de la gagne, s’est laissée retourner comme une crêpe dans le dernier quart. Seul Gorgui Sy Dieng a produit le grand jeu de Nba pour sortir la tête de l’eau boueuse qui a précipité le naufrage du Sénégal qui n’a malheureusement pas pu compter sur le génie promis de Pierrià Henry. Au-delà de l’échec collectif, de l’absence de l’étincelle dans le jeu qu’on attendait de l’autre meneur Brancou Badio, des tireurs à distance Bamba Diallo (0 point marqué, 4 tirs à distance tentés) et Mohamed Alga Ndiaye (3 points, un tir primé marqué sur 6 tentatives), c’est le coaching de Boniface Ndong que certains observateurs ont pris pour responsable. «Le coach du Sénégal a voulu insister sur le jeu extérieur à un moment où l’adresse n’était pas là. Quand le Sénégal est revenu à 1 point de la Côte d’Ivoire, il ne fallait pas continuer à balancer les tirs à distance», souligne un membre du staff de l’équipe du Soudan du Sud.
Cheikh Fall, Directeur technique de la Jeanne d’Arc de Dakar, qui a suivi le match des gradins du Kigali Arena, trouve que l’équipe nationale a été mangée sur le plan physique par son adversaire. «Il faut féliciter Boniface Ndong, parce qu’il a osé mettre en place une équipe. Il a préparé cette équipe depuis l’Allemagne et est revenu à Dakar. L’équipe a démarré ce tournoi très fort et le staff a oublié que les joueurs ont fait un tournoi à Dakar. Il fallait gérer la phase des poules, y aller molo-molo pour mieux jouer dans la deuxième phase. Je pense que le côté physique a posé problème aux «Lions». On a laissé beaucoup de plumes dans le match face à l’Angola. La Côte d’Ivoire nous a imposé son jeu physique. On devait jouer notre basket, mais on a suivi leur rythme. La Côte d’Ivoire a regardé notre match contre l’Angola et a répété la même chose. Ils ont empêché les tireurs sénégalais de s’exprimer. L’équilibre offensif extérieur a été bloqué. Il fallait jouer collectif, rentrer le ballon à l’intérieur et le match aller être facile. On a voulu insister sur le jeu extérieur et cela nous a coûté le match», note le technicien.
Boniface Ndong, lui, s’en prend à l’arbitrage de l’Angolais qui, à ses yeux, pouvait avoir une dent contre les «Lions» qui ont sorti les «Palancas Négras» en quart de finale. «Je suis très frustré, pas parce que j’ai perdu, mais j’estime que monsieur Bernardo nous a tués dans ce match. Toutes les balles qui font 50-50, c’était contre nous. Le ballon que Boubacar Touré sort, ce n’est pas illégal. La dernière possession, c’est 5 secondes et une balle comme ça dans un match serré ne se siffle pas. Le point noir de cette Coupe d’Afrique, c’était l’arbitrage. Il n’y avait pas de niveau. Tu regardes les matchs, on dirait un combat de lutte», a regretté Boniface Ndong en conférence de presse.
«C’est vraiment décevant…»
Bref, le réveil a été difficile le lendemain dimanche, mais il fallait réanimer les cœur des «Lions» pour la fête, parce qu’il y avait une médaille de Bronze à aller chercher face au voisin du Cap-Vert. Cette fois, Gorgui Sy Dieng n’a pas fait de cadeau. Il a claqué 30 points, pris 12 rebonds et fait 5 passes décisives pour faire gagner le Sénégal (86-73). Le Cap-Vert s’est voulu embêtant à un moment, mais Youssou Ndoye et ses coéquipiers ont décidé de garder cette troisième place, comme en 2013 et 2017. Pour y arriver, il fallait se relever, renseigne le capitaine. «Après la demi-finale, on pouvait baiser la tête et ne pas faire un bon match contre le Cap-Vert, mais on a su se relever pour terminer troisième. Après la défaite, on s’est dit qu’il fallait avoir l’esprit d’un champion. Un champion doit se battre jusqu’à la fin. C’est ce qu’on a fait. C’est vraiment décevant qu’on termine troisième parce qu’on était venu ici pour remporter le trophée, mais Dieu l’a voulu ainsi, on n’y peut rien. Il faut féliciter les joueurs et tout le staff parce que tout le monde a fait le job», dit-il.
Gorgui Sy Dieng, leader esseulé
Si Gorgui Sy Dieng pouvait compter sur des lieutenants expérimentés, le Sénégal serait peut-être au sommet des collines rwandaises, brandissant enfin le trophée continental qui fait courir les «Lions» depuis maintenant 24 ans. Hélas, l’ailier fort de l’Equipe nationale a dû se démerder tout seul pour éviter une malencontreuse défaite en demi-finale de l’Afrobasket face à la Côté d’Ivoire, samedi au Kigali Arena, en vain. Malgré son double-double (24 points, 11 rebonds), le nouveau sociétaire des Hawks de Atlanta en Nba n’a pas pu sauver les «Lions» d’une défaite inattendue. Pourtant, après avoir craqué dans les ultimes secondes de la défaite en demi-finale, Gorgui s’est relevé le lendemain pour offrir au Sénégal la troisième place. Face au Cap-Vert, le joueur de 31 ans a été intenable. Il a inscrit 30 des 86 points marqués par le Sénégal. Il porte ainsi le total de ses points marqués dans cette compétition à 120 et s’empare du trophée de meilleur marqueur de l’Afrobasket rwandais, en plus d’être dans le 5 majeur de la 30e édition de la compétition. Il a encore prouvé qu’il reste le leader de cette Equipe du Sénégal et l’un des meilleurs en Afrique. Avec 120 points marqués, 63 rebonds pris, le natif de Kébémer a forcé le respect du basket-ball africain. Fort de sa troisième participation à une phase finale de Coupe d’Afrique, son expérience a parlé.
MAMADOU FAYE, MENEUR DES «LIONS» : «Une leçon pour les prochaines compétitions »
«On a fait une bonne préparation. Toutes les conditions étaient réunies pour faire un bon tournoi. On a tout donné pour aller chercher le titre, mais Dieu en a décidé autrement. On va se remobiliser pour les prochaines échéances. On a fait un bon tournoi et on a disputé six matches. On a perdu le match qu’il ne fallait pas, mais c’est une leçon pour les prochaines compétitions. On a beaucoup appris et cela va nous servir dans le futur. On a une équipe qui pouvait gagner l’Afrobasket. On a manqué de chance, mais ce n’est pas une question de mental ou autre. On a une équipe jeune, il faut maintenir ce groupe et intégrer d’autres jeunes. Personnellement, je n’ai pas dormi hier nuit (samedi) et je pense que c’est la pire que j’ai vécue. L’objectif est clair dans ma tête : je veux avoir un contrat professionnel, continuer à jouer en sélection nationale et à grandir.»
DEUXIÈME TITRE D’AFFILÉE : Le back to back tunisien
La Tunisie a réussi un back to back. Champion en 2017, Makram Ben Romdhane, MVP de la FIBA AfroBasket 2021 et ses coéquipiers ont gardé le titre, à l’issue d’une finale de haute lutte arrachée à la Côte d’Ivoire, hier dimanche (78-75), à la Kigali Arena. Grâce à ce triomphe, elle devient la première équipe à décrocher deux titres consécutifs dans cette compétition depuis l'Angola en 2009. C'est le troisième sacre continental des Tunisiens, après 2011 à Madagascar et 2017 à domicile. Omar Abada a fini le match avec 10 points et Michael Roll a été fantastique avec 18 points et 9 assists. Makram Ben Romdhane a cumulé 8 points et 10 rebonds, tandis que Salah Mejri en a compilé 22 et 6 rebonds pour la Tunisie. Côté ivoirien, Souleyman Diabaté a marqué 4 de ses 5 tirs à trois points, terminant avec 22 points à son compteur. Son coéquipier, Jean-Francois Kébé, a ajouté 10 points, mais c’était insuffisant pour inquiéter les Tunisiens qui ont bien muselé Matt Costello.
STATISTIQUES : L’Afrobasket des «Lions» en chiffres
Brancou Badio (6 matchs, 160 mn, 95 pts, 24 rbds, 33 passes), Bamba Diallo (6 matchs, 126mn, 32 pts, 6 rbds, 8 passes), Mamadou Faye (6 matchs, 98mn, 41 pts, 18 rbds, 21 passes), Pape Moustapha Diop (5 matchs, 28mn, 12 pts, 6 rbds, 1 passe), Pape Malick Dimé (4 matchs, 56 mn, 21 pts, 20 rbds, 0 passe), Maurice Ndour (4 matchs, 60mn, 17 pts, 16 rbds, 3 passes), Boubacar Touré (5 matchs, 50mn, 14 pts, 13 rbds, 2 passes), Mouhamed Alga Ndiaye (6 matchs, 130mn, 55 pts, 19 rbds, 5 passes), Gorgui Sy Dieng (6 matchs, 154mn, 120 pts, 63 rbds, 12 passes), Youssou Ndoye (6 matchs, 91mn, 35 pts, 23 rbds, 4 passes), Pierrià Henry (5 matchs, 129mn, 27 pts, 22 rbds, 37 passes), Ibrahima Fall Faye (6 matchs, 119mn, 56 pts, 32 rbds, 9 passes)
Meilleure attaque : Sénégal (525 pts), Côte d’Ivoire (503), Tunisie (395)
Meilleur rebondeur (équipe) : Sénégal (295, 6 matchs), Côte d’Ivoire (292, 6 matchs), Kenya (209, 4 matchs)
Meilleur passeur (équipe) : Sénégal (135, 6 matchs), Côte d’Ivoire (129, 6 matchs), Tunisie (107, 6 matchs)
Sénégal : 87 ballons perdus, 36 contres, 108 fautes
Le 5 majeur
Omar Abada (Tunisie), Ben Romdhane (Tunisie), Gorgui Sy Dieng (Sénégal), Matt Costello (Côte d’Ivoire), Walter Tavares (Cap-Vert)