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22 mai 2025
Par Hamath KANE
TOUT UN PAYS QUI SAIGNE
Quelqu’un s’est interrogé sur le comportement des politiciens ces derniers temps. «Dans quel pays somme nous ?» Mais dans un «non pays». Dans un «non droit», «non liberté». Une négation. Comme ce ou ces barbares agresseurs d’une journaliste
Quelqu’un s’est interrogé sur le comportement des politiciens ces derniers temps. «Dans quel pays somme nous ?» Mais dans un «non pays». Dans un «non droit», «non liberté». Une négation. Comme ce ou ces barbares agresseurs d’une journaliste.
Au-delà de Maïmouna Ndour Faye, c’est le droit du Sénégalais d’être informé, formé, sensibilisé et outillé sur les enjeux politiques économiques, sociaux et culturels qui est poignardé. Mais cet invité indésirable de MNF, a choisi le couteau pour empêcher à MNF de mettre «le couteau (ou la plume) dans la plaie», pour reprendre Albert Londres. Un autre Albert (Camus) a bien conseillé au journaliste, dans son «Combat», d’«élever ce pays en élevant son langage».
MNF contribue à élever ce pays avec des hommes et des femmes qui lui vouent une confiance et un respect à la hauteur de sa personnalité. De son émission. Qui, de l’opposition ou du pouvoir ne répond pas à ses invitations ? Elle sert la parole de l’équilibre et participe, ainsi, à l’équilibre de la nation. C’est la mission de tout journaliste d’ailleurs.
A travers la journaliste, c’est chaque Sénégalais qui saigne. Difficile d’avoir encore son sang-froid dans cette chaude atmosphère. MNF ne mourra pas. Elle se relèvera. Par elle-même. Ou par d’autres. Femme forte, femme puissante. Ce mars est pour toi.
LE DUEL TEUNGUETH FC –US OUAKAM, EN VEDETTE
La Ligue 1 aborde ce samedi 2 mars, la 15e journée avec deux rencontres. Avec en tête d’affiche le duel qui opposera au stade Ngalandou Diouf le leader Teungueth FC (1er ;25 points) à l’Us Ouakam (9e ).
Nouveau leader du championnat après le bon virage réussi à la fin de la première phase, Teungueth FC va chercher à consolider sa première place lors de cette 15e de journée qui s’ouvre ce week-end. Les Rufisquois accueilleront ce samedi dans un duel qui promet face à l’Us Ouakam souhaitant se relever de sa lourde défaite subie à domicile lors de la précédente journée face l’As Pikine (4-1). L’autre duel au sommet opposera le Jaraaf, actuel dauphin à Dakar Sacré cœur.
La Ligue 1 aborde ce samedi 2 mars, la 15e journée avec deux rencontres. Avec en tête d’affiche le duel qui opposera au stade Ngalandou Diouf le leader Teungueth FC (1er ;25 points) à l’Us Ouakam (9e ). Après une précieuse victoire décrochée lors de la journée précédente face à Jamono Fatick et qui les propulsait, les Rufisquois cherchent à conforter un peu plus le fauteuil de leader. La tâche sera loin d’être simple face à des Ouakamois (9e ; 16 points) touchés dans leur orgueil suite à la lourde défaite concédée devant leur public face à l’AS Pikine (4-1). Mais des promus surtout soucieux de se replacer dans le peloton de tête.
Ayant perdu la première place lors de la précédente journée, le Jaraaf actuel dauphin (2e, 24 points) tentera de reprendre la main dans leur stade Iba Mar Diop et de poursuivre en même temps leur invincibilité. Les «Vert et Blanc» feront face à Dakar Sacré-Cœur (5e ; 20 pts) qui a tout aussi besoin de relancer après avoir marqué le pas lors des trois dernières journées.
Auteur d’un carton lors de la précédente journée, l’AS Pikine (3e) accueille au stade Alassane Djigo, la Linguère (7e ; 18 points). Au même moment, le Casa Sport (10e ; 14 points) reçoit stade régional de Kolda, Guédiawaye FC (6èe, 19 pts).
A la peine depuis l’entame de la saison, Génération foot, champion en titre (11e 14 points) effectue le déplacement au stade Iba Mar Diop où elle affrontera l’US Gorée invaincue depuis 7 matchs (4e , 22 points).
Confiné dans le ventre mou du classement, le Diambars FC, premier non relégable (12e, 13 pts) sera pour sa part à la recherche d’un premier succès qui devrait lui permettre de s’éloigner de la zone de relégation.
Dans le bas du classement, le stade Caroline Faye, abritera le duel des mal classés entre Jamono Fatick, dernier du classement(10pts), et Stade de Mbour avant-dernier du classement (13e ,12pts).
PROGRAMME DE LA 15E JOURNÉE
SAMEDI 2 MARS 2024
Stade Ngalandou Diouf
16h30 : Teungueth FC / US Ouakam
Stade régional de Kolda
16h30 : Casa Sport / Guédiawaye FC
POKER MENTEUR AUTOUR DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Alors que la crise institutionnelle perdure, des membres de la majorité menacent le Conseil constitutionnel. Le constitutionnaliste Ndiogou Sarr réfute cette éventualité. Il détaille la procédure à suivre et écarte l'annulation des décisions déjà prises
Alors que certains responsables du régime en place évoquent de plus en plus l’hypothèse d’une suppression de l’actuel Conseil constitutionnel au cas où ses membres refuseraient d’entériner les propositions du dialogue national que le président de la République a initié le 26 et 27 février dernier, le professeur Ndiogou Sarr spécialiste du Droit constitutionnel apporte son éclairage. Interpellé par Sud quotidien, l’enseignant-chercheur en Droit public à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, bien que soulignant que la Constitution confère au chef de l’Etat le pouvoir constituant, a toutefois précisé que ce dernier « ne peut ni révoquer le mandat des membres du Conseil encore moins supprimer cette institution ». Selon lui, la seule possibilité prévue par la loi, c’est le remplacement du Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle qui ne va pas anéantir les décisions prises par l’actuel Conseil constitutionnel.
Le président de la République va-t-il poursuivre son bras de fer avec le Conseil constitutionnel autour de la poursuite du processus électoral en cours jusqu’à procéder à la dissolution de cette haute juridiction au cas où ce dernier refuserait d’entériner les propositions du dialogue national qu’il a initié le 26 et 27 février dernier ? La question mérite bien d’être posée si on s’en tient aux déclarations de certains responsables de la coalition au pouvoir. En effet, alors que le Sénégal s’enfonce dans une crise institutionnelle à cause du refus de leur mentor, Macky Sall d’appliquer la décision prise par cette juridiction le15 février dernier, lui demandant de fixer par décret la nouvelle date de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février dernier avant la fin de son mandat le 2 avril prochain, certains de ses partisans évoquent de plus en plus l’hypothèse d’une dissolution du Conseil constitutionnel.
Interpellé sur les conditions prévues pour supprimer cette institution, l’Enseignant chercheur en Droit constitutionnel à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, bien que soulignant que la Constitution confère au chef de l’Etat le pouvoir constituant qui lui permet de proposer des révisions constitutionnelles, a précisé toutefois que ce dernier « ne peut ni révoquer le mandat des membres du Conseil encore moins procéder à la suppression de cette institution».
Poursuivant son propos, le professeur Ndiogou Sarr soutient que la seule voie par laquelle le chef de l’Etat peut passer pour mettre fin à la mission de l’actuel Conseil constitutionnel, c’est de le remplacer par une Cour constitutionnelle. « Le président de la République a des pouvoirs que la Constitution lui confère et parmi ceux-ci, il y a le pouvoir constituant. Autrement dit, le pouvoir de proposer une réforme constitutionnelle à chaque fois qu’il estime que c’est nécessaire par voie parlementaire ou référendaire », a-t-il d’emblée souligné.
Dans la foulée, il a fait remarquer que « La seule possibilité est de dire, on prend un projet de loi de réforme de la Constitution qui met en place une Cour constitutionnelle qui va avoir la même mission de l’actuel Conseil constitutionnel. Et si ce texte est voté par sa majorité parlementaire, naturellement, la conséquence est que l’actuel Conseil constitutionnel va disparaitre en emportant tous ses membres pour laisser la place à une Cour constitutionnelle. Mais sans cette procédure, il ne peut ni révoquer le mandat des membres actuels du Conseil encore moins procéder à sa suppression».
Loin de s’en tenir-là, l’enseignant-chercheur en Droit public à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a également tenu à préciser que la mise en place de cette Cour constitutionnelle ne va pas impacter les décisions déjà prises par le Conseil constitutionnel. « La mise en place de cette Cour constitutionnelle ne va pas anéantir les décisions prises par l’actuel Conseil constitutionnel, notamment celle relative à la poursuite du processus électoral. La décision du 15 février dernier est une décision de justice et elle est exécutoire et s’impose à tout le monde. En cas de remplacement du Conseil constitutionnel, ses décisions qui sont déjà prises restent valables et la Cour constitutionnelle qui va venir ne pourrait pas ignorer ces décisions parce que les candidats retenus ont un droit acquis fort d’une décision de justice qui est irrévocable ».
LA LIBERTE DE PRESSE EN DANGER
La journaliste et directrice de la télévision privée 7 tv, Maimouna Ndour Faye, a été victime d’une agression, jeudi soir, devant son domicile. Maimouna Ndour Faye a été poignardée par un individu alors qu’elle rentrait de travail.
La journaliste et directrice de la télévision privée 7 tv, Maimouna Ndour Faye, a été victime d’une agression, jeudi soir, devant son domicile. Maimouna Ndour Faye a été poignardée par un individu alors qu’elle rentrait de travail.
Maimouna Ndour Faye, directrice de la télévision privée 7 Tv, a été admise aux urgences de l’hôpital militaire de Ouakam. Selon son collègue Mamadou Awa Ndiaye, interrogé par la TFM, les médecins ont assuré que sa vie est hors de danger, mais qu’elle souffre « atrocement ». Et de poursuivre : « Après son émission, elle est rentrée chez elle. Dès qu’elle est descendue de son véhicule, un individu l’a assommée, traînée et poignardée à trois reprises. Puisqu’elle parlait au téléphone, la personne avec qui elle communiquait, a eu l’intelligence d’appeler ses proches qui sont vite venus à son secours », a expliqué le journaliste sur les circonstances de l’agression.
CONDAMNATIONS EN CHAINE
Le président de la République Macky Sall, a condamné, vendredi, l’agression de la journaliste et directrice de la télévision privée 7 TV, Maimouna Ndour Faye, rappelant que « la liberté de la presse est un droit fondamental qui doit être protégé et respecté en toutes circonstances ». « Je condamne fermement cet acte de violence lâche et inexcusable contre la journaliste Maimouna Ndour Faye. La liberté de la presse est un droit fondamental qui doit être protégé et respecté en toutes circonstances », a-til réagi sur le réseau social X. Le chef de l’Etat a indiqué qu’aucune forme de violence ne saurait être tolérée, ajoutant que « les responsables de cette agression devront répondre de leurs actes devant la justice ».Je tiens à lui exprimer tout mon soutien et réitère mon engagement à garantir un environnement sûr et serein pour tous les professionnels des médias dans notre pays », a-til déclaré.
De son côté, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) a vivement condamné « l’agression criminelle » Dans un communiqué, le CDEPS, à travers son président Mamadou Ibra Kane, dit avoir appris « avec consternation, l’agression criminelle » contre Maïmouna Ndour Faye, dénonçant une « volonté manifeste de tuer » et « une nouvelle escalade contre la liberté de presse, particulièrement depuis les évènements de mars 2021 jusqu’à ce jour ». M. Kane a relevé que, « dans le Sénégal d’aujourd’hui, les journalistes et les techniciens des médias sont systématiquement réprimés, y compris par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ou des nervis à la solde de lobbys politiques ». Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal estime par ailleurs que « les hommes de médias, qui expriment des positions contraires à celles des partis politiques, pouvoir comme opposition, sont en danger ». L’instance patronale souligne de même que les journalistes et techniciens des médias ne sont pas des hommes ou femmes politiques mais plutôt des personnes qui donnent la bonne information de « manière libre et indépendante »
Elle rappelle que « c’est grâce à des médias libres et indépendants que le Sénégal a pu réaliser deux alternances politiques, en 2000 et 2012 ». Face à la gravité de la situation, le CDEPS appelle enfin toutes les forces vives de la nation à faire front commun pour lutter contre « la répression de la liberté de la presse et de la liberté d’expression ».
POUR UNE «ENQUETE ET UN PROCES EQUITABLE CONTRE L'AUTEUR»
Les organisations de défense des droits humains ARTICLE 19 Sénégal et Afrique de l’Ouest, Amnesty International Sénégal, la Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme (LSDH), la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), AfrikaJom Center et AfricTivistes" condamnent elles aussi fermement l’agression physique contre la journaliste et Directrice de la chaîne de télévision 7TV, Maimouna Ndour Faye », ontils fait savoir dans un communiqué publié hier, vendredi 1 mars 2024.
Ces organisations exigent qu'une « enquête soit diligentée afin que les auteurs soient identifiés et tenus responsables devant la justice dans le cadre d’un procès équitable ». Il est important de noter, selon elles, que cette agression « s'inscrit dans une série d'attaques contre des journalistes et des médias ces dernières années et qui sont restées dans la plupart des cas impunies ». Pour les organisations en question, toutes « les formes de violence physique dirigées contre des journalistes sont des crimes contre la société, car elles portent atteinte à la liberté d'expression et, par voie de conséquence, aux autres droits et libertés énoncés dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme ». C'est pourquoi, poursuivent les six organisations de défense des droits humains, « nous appelons l'État du Sénégal à diligenter une enquête afin que le ou les auteurs soient identifiés et que le ou les coupables soient sévèrement sanctionnés, à renforcer les mesures de sécurité pour les journalistes, y compris la mise en place de dispositifs de protection et de sécurité lorsqu'ils couvrent des événements sensibles ou risqués tout en considérant les besoins spécifiques des femmes des médias en matière de protection et sécurité liées à leur travail ». En ces moments tendus en prélude à l’élection présidentielle, disent les membres de la société civile, « nous lançons un appel aux citoyens et aux acteurs sociaux à bannir toute forme de violence pour favoriser un débat sain dans l’espace public ».
LA CLASSE POLITIQUE LEVE LES BOUCLIERS
Suite à l'agression contre Maïmouna Ndour Faye, les indignations et les condamnations affluent de partout. C'est dans ce sens que s'inscrit la réaction des deux candidats à l'élection présidentielle 2024, Dérhié Fall et Diomaye Faye qui condamnent fermement l'attaque brutale et odieuse contre Maïmouna Ndour Faye. Qui plus est, elles se sont dit solidaires « avec tout le personnel de la chaîne 7TV et tous les journalistes » non sans manquer de demande aux autorités « de prendre toutes les dispositions pour que la lumière soit faite sur cette agression ». Les candidats Déthié Fall, Khalifa Sall, Mamadou L Diallo, Thierno Alassane Sall comme les divers partis du sérail politique n’ont pas été en reste. Ils ont vigoureusement l’acte lâche perpétré contre la journaliste, exigé que lumière soit faite et que la liberté de presse comme la protection des hommes et femmes de médias soient une priorité de l’Etat.
Par Pr Macoumba Gaye
AUX NOSTALGIQUES DE LA « GRACE AMNISTIANTE » DE SENGHOR
Le Président Senghor la convoque en 1964 suite aux tragiques événements politiques qui ont conduit à la mort de quarante sénégalais.
En 1879 et 1880, deux lois inaugurent, en France, la longue tradition de la « grâce amnistiante » qui prévoit que toute personne graciée par le président, dans un délai déterminé et habituellement court, bénéficie d'une amnistie. A l’origine, cette disposition avait l'ambition de vider les maquis de leurs occupants et profitait prioritairement aux personnalités les plus symboliques Le Président Senghor la convoque en 1964 suite aux tragiques événements politiques qui ont conduit à la mort de quarante sénégalais. Au nom de la Sûreté de l’État, la puissance publique avait usé de la violence, dont il a le monopole, pour réprimer la révolte. Il faut rappeler que, nous étions à l’ère du parti unique, pour ne pas dire « Parti-Etat ». Le parrainage de dix députés sur les quatre-vingt était nécessaire et suffisant pour être candidat à l’élection présidentielle. Naturellement, en 1963, les « élus nommés par le parti » n’avaient autorisé que le candidat poète pour un plébiscite électoral programmé.
Depuis lors, nous avons fait des progrès dans la protection et l’encadrement des libertés qui sont essentiels à la démocratie. Du reste, cet intermède historique nous éveille sur nos acquis: la liberté de s’exprimer, marcher, manifester, choisir librement nos dirigeants et revendiquer une justice équitable. Et ces droits consacrés vont avec des obligations ; surtout celles consignées dans la loi fondamentale qui les supporte. Il en est ainsi du respect des institutions, du bien public et de la vie autant que la dignité des hommes.
Dans le déroulé de la vie républicaine , les textes juridiques ne peuvent avoir une qualité exhaustive et éternelle, à moins que l’on ne soit dans le corpus canonique. Il sont surtout un gardefou à l’intime conviction des juges. La société en confie la garde à un homme choisi à intervalle régulier, dans l’espoir et la bonne foi, pour sa vision et sa vertu : Il est le gardien de la constitution.
Sa personne se confond dès lors avec l’institution présidentielle dont le respect est forcé même quand la personne qui les incarne ne force plus le respect. Ainsi nous n’avons le droit de nous tromper dans le choix de l’homme qu’à des intervalles prédéfinis par le calendrier républicain. Et qu’advient-il quand il ne respecte plus les institutions ou le terme de son mandat, abuse de la violence d’état, bride les libertés, réprime mortellement la révolte que cela engendre et prêche pour l’impunité quand la reddition approche ?
Alors, la conscience des nations consacre des régulateurs qu’elle se fait le devoir d’écouter quand la morale s’enivre : guides religieux restés vertueux, intellectuels courageux, notables et personnalités rendues remarquables par les péripéties de l’histoire et dont la parole vaut encore. Leur silence les couvrirait de la réprobation publique comme celle qui s'attache à une action condamnable. Qui sait où leur mutisme peut mener: à la dissolution d’institutions qui refusent d’être inféodées, à des lois iniques sur le parrainage de candidats à l’élection, à une assemblée muselée d’élus, ou au pouvoir conféré d’une « grâce aministiante»?
Prenons alors garde ; le cri étouffé de la révolte réveille parfois les conscrits et rarement pour le progrès des sociétés humaines.
Pr Macoumba Gaye
Cancérologue UCAD
Par Fadel DIA
GAZA ET LA FORFAITURE DES DIRIGEANTS ARABES
Personne n’en a parlé ou presque, et c’est une raison pour en parler, le 25 février, un soldat de l’armée de l’air des Etats-Unis, Aaron Bushneck, 25 ans, s’est immolé par le feu devant l’ambassade d’Israël à Washington aux cris de « Free Palestine !»
Personne n’en a parlé ou presque, et c’est une raison pour en parler, mais le 25 février dernier, un soldat de l’armée de l’air des Etats-Unis âgé de 25 ans, Aaron Bushneck, (retenez ce nom !) s’est immolé par le feu devant l’ambassade d’Israël à Washington aux cris de « Free Palestine !»
On en a parlé un peu, même si c’était souvent dans les pages intérieures des grands journaux, voire à la rubrique des chiens écrasés : l’Afrique du Sud a pris le risque d’attraire Israël devant la plus haute juridiction internationale pour actes de génocide et de crimes contre l’Humanité. La CIJ a bien prononcé un verdict qui impose à Israël de prendre « des mesures pour empêcher tout acte interdit par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », mais il ne s’est rien passé depuis car le gouvernement israélien a pour règle d’ignorer toutes les résolutions votées à son encontre.
On en a parlé un peu plus, parce que c’était Lula, parce qu’au dernier sommet de l’Union Africaine le président brésilien a osé dire que « ce qui se passe à Gaza ne s’est produit à aucun autre moment de l’histoire »…sauf « lorsque Hitler a décidé de tuer les juifs ».Contrairement à ce que prétendent les autorités israéliennes, il n’a jamais évoqué l’Holocauste ,mais l’état moderne d’Israël considère que l’Holocauste est la seule et unique Naqba de l’histoire de l’Humanité, son gouvernement s’abrite toujours sous le paravent de ce crime pour exercer un chantage et pour commettre d’autres crimes. Plutôt que de se justifier, il a pris une mesure dérisoire compte tenu de l’enjeu en déclarant Lula persona non grata sur son territoire, encore faudraitil que ce dernier ait l’envie ou le besoin de fouler le sol du pays de Netanyahu!
Lula n’est pas seul, en Amérique Latine, à défendre la cause palestinienne puisque le gouvernement de la Colombie a décidé de renoncer à effectuer ses commandes d’armes en Israël, ce qui est sans doute la première vraie sanction que subit ce pays.
On pourrait poursuivre cette énumération qui n’a d’autre objet que de montrer que les plus ardents défenseurs de Gaza, et de la cause palestinienne en général, ne sont pas les dirigeants arabes. Alors que partout ailleurs, et l’exemple de l’Ukraine en est une parfaite illustration, les nations se coalisent pour défendre leurs voisins et ceux qui partagent leur culture, les rois, émirs et présidents arabes, à une ou deux exceptions près, manquent à leur responsabilité humaine, à la solidarité culturelle et aux fondements qui ont présidé à la création de la Ligue Arabe. Comme si de rien n’était, les pays arabes sont restés au service des fournisseurs d’armes à Israël, Doubaï est leur boite de nuit, pour ne pas dire leur lieu de débauche, Bahreïn, les Emirats, l’Arabie Saoudite leurs terrains de jeu préférés. Aucun de ces pays n’a eu la décence de demander, pour cause de deuil, le report du « Dakar », des tournois de tennis ATP ou des courses automobiles de Formule 1 qui s’y tiennent, pour le seul plaisir des Occidentaux. Le Qatar, non content de verser un salaire de près de 50 milliards CFA à un footballeur qui ne porte pas ses couleurs et ne joue pas sur son territoire, offre à la France 10 milliards d’euros (presque l’équivalent du budget annuel du Sénégal !), quand il y a tant de miséreux dans le monde, y compris dans les pays arabes.
Jusqu’où les pays arabes laisseront-ils aller Israël ?
On croyait avoir atteint l’horreur quand l’armée, la plus sophistiquée du monde, démolit au canon tous les hôpitaux de Gaza et suspend leur ravitaillement en électricité et en oxygène, sur un territoire qui est, dans le monde, celui qui compte le plus de mutilés, d’estropiés, de traumatisés et d’oisifs ! Voilà que survient le « massacre de la farine » qui aurait fait plus de 100 victimes, tuées par les tirs à balle réelle de l’armée israélienne. Qui peut croire que les soldats israéliens super armés, casqués et protégés par des gilets pare- balles, puissent être mis en danger physiquement par un groupe d’affamés qui tiennent à peine sur leurs jambes, dont certains n’ont pas pris un repas depuis des jours, qui ne bénéficient d’aucun soin de santé, qui n’ont pas pris un bain depuis des mois ?
Un ministre israélien avait dit que les Gazaouis étaient des bêtes et qu’il les traiterait comme telles et l’armée israélienne en a donné une nouvelle illustration en bombardant la petite enclave ( à nouveau plus de 100 morts !) quelques heures seulement après le « massacre de la farine » dont les morts n’avaient pas encore tous trouvé une sépulture ! Il en est ainsi depuis quatre mois, au vu et au su des pays arabes, et la énième offensive militaire israélienne contre la population de Gaza a fait déjà plus de 30.000 victimes civiles, en quatre mois, des femmes et des enfants en très grande majorité, soit trois fois plus que la guerre en Ukraine qui dure depuis deux ans et qui, elle, oppose deux armées !
Gaza est un désert médiatique interdit aux journalistes étrangers et où déjà 122 journalistes arabes ont été tués par l’armée israélienne. Le seul témoin de sa désintégration c’est son bourreau mais, désormais sûrs de leur impunité, ce sont les soldats israéliens eux-mêmes qui, comme le révèle Le Monde, diffusent sur TikTok notamment, les images des exactions des tortures, des violences et des humiliations qu’ils font subir aux populations locales et qui traduisent, selon le même journal, une « forme de déshumanisation de la population palestinienne. » Si cela ne rappelle pas les crimes commis par les nazis, comme le disait Lula, cela en ressemble fort et si les gouvernements arabes se taisent devant cette tragédie, qui parlera à leur place ?