SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
22 mai 2025
par Pape Ndiogou Mbaye
QUAND L’ÉTAT TRANSIGE AVEC LES DROITS DE L’HOMME
La loi d’amnistie introduirait une discrimination entre les victimes de la répression lors de ces manifestations selon leur nationalité. Certains pourront obtenir justice tandis que d’autres non
Le 26 février 2024, le président de la République du Sénégal, Monsieur Macky Sall a annoncé la préparation, pour mercredi 28 février « d’un projet de loi d’amnistie qui va couvrir les manifestations de 2021 à 2024 ».
Ces manifestations auraient occasionné entre 60 et 80 morts et seraient à l’origine de plusieurs détentions, de même que des images montrant des voitures pick-up, des nervis et policiers bastonner et violenter des manifestants. Cette allégation est étayée par de nombreuses vidéos circulant sur les téléphones et réseaux sociaux. Suite à ces actes d’une particulière gravité, des prisonniers ayant été interpellés, certains en manifestant d’autres affirmant vaquer tranquillement à leurs occupations, lors de leur interpellation, ont exposé dans les médias, à leur sortie de prison, des cas de tortures, de mauvais traitement, de mutilations etc. Lors des libérations en masse de prisonniers dits politiques mi-février 2024, leurs témoignages confirment les maltraitances alléguées, avant leur interpellation et à l’intérieur même de la maison d’arrêt.
Les récits rappellent Nelson Mandela qui disait : « personne ne peut prétendre connaître vraiment une nation, à moins d’avoir vu l’intérieur de ses prisons. Une nation ne doit pas être jugée selon la manière dont elle traite ses citoyens les plus éminents, mais ses citoyens les plus faibles ».
L’Assemblée nationale a adopté un projet de loi fixant la date des élections présidentielles au 15 décembre 2024, alors que celles-ci étaient prévues par décret pour le 25 février 2024, ce dernier ayant été annulé par décret du 3 février 2024 qui fut censuré par la conseil constitutionnel en date du 15 février 2024 (N°1/C/2024). Cette annulation n’a pas abouti à la fixation d’une nouvelle date d’élection, mais à l’instauration d’un prétendu dialogue et la préparation d’une loi d’amnistie.
La question porte sur la pérennité d’une telle loi d’amnistie et son efficience, autrement dit l’amnistie a-t-elle pour vocation d’absoudre de tels faits ?
Le rôle du législateur sénégalais : le parlement a-t-il pour fonction de valider un tel projet, dans un contexte particulier ?
Cette interrogation est d’autant pertinente qu’en cas de vote d’une loi d’amnistie, celle-ci introduirait une discrimination entre les victimes de la répression lors de ces manifestations selon leur nationalité. Les faits dénoncés par les personnes ayant la nationalité sénégalaise seront frappés par la loi d’amnistie.
Ceux ayant une autre nationalité pourront contourner cette loi d’amnistie et ceux ayant une nationalité française, américaine ou européenne ne seront nullement concernés par cette loi d’amnistie.
Trois exemples illustrent cette postulation.
D’une part, les victimes de nationalité française pourront, dans le cadre de la compétence internationale des tribunaux français, saisir les juridictions de leur pays, pour ce qui concerne l’aspect pénal (visant les articles 689 à 689-14 du code de procédure pénale) ou exciper de la compétence internationale des tribunaux (visant l’article 14 du Code civil) pour obtenir réparations pour l’aspect civil et ainsi échapper à la Loi d’amnistie.
Les Français ne seront donc pas concernés par cette d’amnistie.
Ensuite, les personnes de nationalité américaine pourront invoquer les dispositions sur l'extraterritorialité du droit américain les protégeant de toute loi d’amnistie votée hors des USA.
Ainsi les personnes détenteurs d’une nationalité américaine ne seront pas concernés par d’amnistie.
Puis, les autres personnes ayant une nationalité européenne-hors la France- n’auront qu’à exciper de l'extraterritorialité du droit de l'Union européenne, pour écarter cette amnistie.
Les personnes détenteurs d’une nationalité européenne ne seront pas concernés par cette Loi d’amnistie.
Les personnes détenteurs de la seule nationalité sénégalaise seront concernés par l’extinction des poursuites si poursuite il y a et une impossibilité d’évoquer ces faits sous peine d’amende, puisqu’il est interdit de faire référence à des faits amnistiés.
Certaines victimes pourront obtenir justice tandis que d’autres n’auront aucun arsenal juridique les soustrayant aux effets de cette amnistie.
Il y a donc là une discrimination dès lors que la loi d’amnistie aura pour conséquence de traiter des situations identiques de manière discriminée et cela sur le seul fondement de la nationalité.
D’une part, les engagements internationaux ont une primauté sur le droit national d’autre part aucun Etat ne peut se soustraire de ses obligations internationales en votant une loi d’amnistie, a fortiori si cette dernière a pour but de passer outre une infraction relevant de traités internationaux des droits de l’homme et du droit humanitaire, par exemple la torture qui ne peut être couverte par une loi nationale. Au surplus, les faits objet de l’amnistie ont fait l’objet de saisine de la CPI (Cour Pénale Internationale), des juridictions française et canadienne.
Une loi d’amnistie est incompatible avec les instruments relatifs aux droits de l’homme, par exemple la torture.
La loi d’amnistie n’entraînera donc des conséquences qu’à l’égard des seuls Sénégalais. Ce qui illustre le fait que le législateur sénégalais n’a pas opéré la transposition - puisque les dispositions juridiques sont issues d’une transposition artificielle des lois françaises - des mécanismes de protection de ses citoyens de la même manière que la compétence internationale de certaines juridictions étrangères place leurs ressortissants dans une position qui les protège des lois des pays étrangers.
Pape Ndiogou Mbaye est Docteur en droit, avocat au Barreau de Paris.
CONTRE LA CULTURE DE LA TERREUR
Dans un pays où la parole des femmes est souvent réprimée, l'agression de Maimouna Ndour Faye constitue un affront à tous ceux qui croient en la dignité humaine et en la liberté d'expression, s'indignent les organisations Sursaut Citoyen et Demain Sénégal
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration conjointe des organisations Sursaut Citoyen et Demain Sénégal condamnant l'agression ce vendredi 1er mars 2024, de Maimouna Ndour Faye, journaliste à 7TV.
"En ce début de mois dédié à la femme, notre indignation atteint son paroxysme suite à l'agression barbare de Maimouna Ndour Faye. Journaliste, entrepreneure, et cheffe de chaîne de télévision, elle défend légitimement ses convictions et opinions, qu'elles soient approuvées ou non. Son agression s'inscrit dans un contexte politique marqué par des restrictions des libertés civiques, où la violence est devenue monnaie courante et l'impunité prédominante.
Dans un pays où la parole des femmes est souvent réprimée, cette agression constitue un affront à tous ceux qui croient en la dignité humaine et en la liberté d'expression. Cette attaque ne cible pas seulement un individu mais cherche à réduire au silence toute une communauté.
Nous dénonçons fermement cet acte odieux et tenons à souligner que, face aux multiples fléaux qui affligent notre pays, les femmes demeurent toujours les premières et les principales victimes. Il est impératif de proclamer que cette situation doit changer sans délai, dès aujourd'hui, et cela doit être une priorité absolue pour la prochaine administration issue de l’élection présidentielle.
Il est intolérable que, dans notre quête de développement, les femmes, qui représentent la moitié de notre potentiel humain, continuent d'être les premières victimes des maux qui rongent notre pays. La violence, l'inégalité, et l'exclusion dont elles souffrent ne sont pas seulement des atteintes à leurs droits fondamentaux ; elles constituent également un frein majeur à notre progrès commun.
Il est particulièrement révoltant que, dans ce climat délétère de violence politique, le chef de l'État en exercice, dont le mandat s'achève le 2 avril 2024, envisage cyniquement de promulguer une loi d'amnistie en fin de mandat. Cette loi offrirait de facto une impunité totale aux auteurs de ces actes ignobles.
Cette tentative de blanchiment des coupables transmet un message alarmant : la violence peut être exercée sans conséquences, et les voix dissidentes seront étouffées dans un silence complice.
À l'aube de la Journée internationale des droits des femmes, il est impératif de se mobiliser avec force et détermination contre cette culture de l'impunité et de la violence.
Nous exigeons que justice soit rendue pour Maimouna Ndour Faye, pour Absa Hanne, pour toutes les femmes ayant récemment été victimes de violences policières et d'arrestations arbitraires, ainsi que pour toutes les autres victimes muselées par la terreur.
Nous ne resterons pas silencieux face à cette injustice flagrante. Nous persisterons dans notre combat pour un Sénégal où la liberté d'expression est garantie, où les femmes sont protégées, et où la démocratie est une réalité pour tous et toutes."
par tidiane sow
ÉLOGE FUNÈBRE DE SANOU MBAYE
Sanou était un homme plein de sciences et de talents. Il fut un panafricain, un penseur, un écrivain. Je puis dire, avec les nombreux témoignages que j’ai reçus, que tu laisseras aux tiens une mémoire honorée
Il y a 12 ans que les hasards de la polémique politicienne m’ont mis en rapport avec l’ami dont nous déplorons aujourd’hui la perte. Nous nous trouvions l’un et l’autre autour du micro d’Alassane Samba Diop pour une émission de remue-ménage. Nous étions censés nous opposer, mais nous nous comprîmes sur tout.
Depuis lors nous ne nous sommes plus quittés.
Il était dans sa période « stagnante », retraitée dans son paradis de la Somone comme il aimait à l’appeler.
Sanou était un homme plein de sciences et de talents. Il fut un panafricain, un penseur, un écrivain.
J’adorais nos longues conversations sur la littérature, la politique, l’Afrique, la jeunesse, la beauté, le sport. Tout était prétexte à discuter. Sanou m’a souvent dit ce qu’il savait, ce qu’il pensait. Il est parti en grande intelligence.
Cher ami, je ne sais plus quel poète (tu m’aurais dit qui) a dit « les morts vivent tant qu’on les aime ». Tu vivras alors toujours, parce que nous t’aimerons toujours.
Puisse cette assurance adoucir, quand la blessure de ta perte sera moins cuisante, l’affreuse douleur d’une famille unie frappée de coups cruels en ces derniers mois.
Je sentais en toi les blessures de la calamité qui te marquèrent profondément avec la disparition de tes fils. Quelle épreuve ! Depuis lors tu t’es détaché, peu à peu, du monde actif et changeant.
Entouré d’une famille magnifique, apprécié de tous tes amis, soutenu par l’affection inaltérable d’une épouse dont tu parlais avec amour, tu as pu t’acheminer doucement vers ce terme où nous allons tous.
Sanou je puis dire, avec les nombreux témoignages que j’ai reçus, que tu laisseras aux tiens une mémoire honorée.
Sanou, cher ami : je te dis aurevoir.
AGRESSION DE MNF, LA PROMESSE FERME D’AMADOU BA
« Les dispositions seront prises pour que la lumière soit faite sur cet acte de terreur et les auteurs remis à la Justice », a déclaré le Premier ministre.
L’agression de la journaliste Maïmouna Ndour Faye ne restera pas impunie. Les auteurs seront traqués et remis à la Justice. C’est du moins ce qu’a renseigné le Premier ministre, Amadou Ba, ce vendredi, en marge de la réunion consacrée à l’évaluation et à la définition des priorités des politiques de promotion et de soutien aux femmes.
« Je rappelle qu’hier soir, un acte de violence odieux a été commis contre une personne qui incarne la force, le courage et la détermination. Maïmouna Ndour Faye, une journaliste dévouée et respectée, a été agressée devant chez elle, en provenance de son lieu de travail. En cette période où nous nous apprêtons à célébrer la Journée internationale de la Femme, cet acte ignoble nous rappelle à quel point il est crucial de continuer à lutter contre toutes formes de violence à l’égard des femmes », a déclaré le Premier ministre.
Poursuivant son propos, il a exprimé personnellement toute sa solidarité et son soutien à Maïmouna Ndour Faye, ainsi qu’à sa famille. « Aucune femme ne devrait jamais craindre pour sa sécurité simplement en exerçant son métier ou en allant et venant de son lieu de travail. Cette agression est non seulement une atteinte à Maïmouna en tant qu’individu, mais aussi une attaque contre la liberté d’expression et le droit des femmes à vivre sans crainte », a-t-il dit. Avant de conclure sur le sujet : « en tant que Premier ministre, je condamne fermement cette agression contre Maïmouna Ndour Faye, ainsi que toutes les formes de violence à l’égard des femmes. Les dispositions seront prises pour que la lumière soit faite sur cet acte de terreur et les auteurs remis à la Justice ».
TCHAD, MAHAMAT FAKI EXPRIME SON PROFOND REGRET SUITE À LA MORT DE L’OPPOSANT YAYA DILLO
Il était accusé d’avoir attaqué, dans la nuit de mardi à mercredi, les locaux des services de renseignements, après l’arrestation d’un de ses partisans pour “tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême”
Dakar, 1er mars (APS) – Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a fait part de son “profond regret”, après la mort de plusieurs personnes au Tchad, parmi lesquels figure l’opposant Yaya Dillo, tué mercredi à Ndjaména, la capitale tchadienne, dans l’assaut par l’armée du siège de son parti.
“Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), S.E Moussa Faki Mahamat regrette profondément le recours à la violence qui a entraîné mort et blessures d’hommes au Tchad”, lit-on dans un communiqué parvenu à l’APS.
M. Dillo était le principal opposant à la junte tchadienne du général Mahamat Idriss Déby Itno dont il est le cousin.
Il était accusé d’avoir attaqué, dans la nuit de mardi à mercredi, les locaux des services de renseignements, après l’arrestation d’un de ses partisans pour “tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême”.
En réaction, l’armée tchadienne a donné l’assaut contre les locaux de sa formation, le Parti socialiste sans frontières (PSF), où il s’était retranché et n’a pas voulu se rendre.
Dans son communiqué, Moussa Faki Mahamat a réitéré son appel aux acteurs politiques tchadiens pour le respect du “principe immuable de l’Union africaine, celui du règlement pacifique des différends” politiques.
Il a également rappelé “l’impérieuse nécessité pour le Tchad de renouer de façon authentique avec le dialogue inclusif de toutes les forces politiques, sociales, civiles et militaires pour un avenir de stabilité, de démocratie et de prospérité partagée”.
AGRESSION DE MNF, LA COALITION DIOMAYE PRÉSIDENT CONDAMNE ET EXIGE LA LUMIÈRE
« Nous lançons un appel solennel à l’Etat pour d’une part garantir le respect de la liberté de la presse et d’expression et d’autre part mieux sécuriser et protéger les journalistes nationaux et étrangers ».
Après son émission avec Farba Ngom, la journaliste et patronne de la télévision 7Tv a frôlé la mort suite à une attaque à couteau qu’elle a subit dans la nuit du jeudi à vendredi. Elle a été poignardée par un individu non encore identifié avant d’être transporté à l’Hôpital militaire de Ouakam. La Coalition Diomaye Président a fermement condamné l’agression de la journaliste. “La coalition Diomaye président condamne vivement l’attaque brutale et odieuse dont a été victime la journaliste Maïmouna Ndour Faye dans la soirée du 29 février 2024”, déclare-t-elle.
La coalition lui apporte son soutien indéfectible et compati avec la patronne de presse. « Nous tenons à lui témoigner tout notre soutien et notre solidarité, ainsi qu’à sa famille et ses collègues. Nous formulons pour elle, les sincères vœux d’un prompt rétablissement sans la moindre séquelle», soutiennent les membres de ladite coalition.
Ils exigent que lumière soit faite sur cette affaire et que l’auteur soit puni à la hauteur de cet acte ignoble. «Nous demandons par ailleurs aux autorités compétentes de faire le nécessaire pour élucider cette affaire afin que justice soit faite », lance-t-ils. Avant de se pencher sur la nécessité de veiller sur la sécurité des professionnels de l’information qui sont la vitrine de la démocratie. «Nous lançons enfin un appel solennel à l’Etat pour d’une part garantir le respect de la liberté de la presse et d’expression et d’autre part mieux sécuriser et protéger les journalistes nationaux et étrangers de plus en plus victimes de violences verbales et physiques».
Y’EN A MARRE CONTRE LA LOI D’AMNISTIE
Pour l’activiste et rappeur Malal Talla, alias « Fou malade », «Macky Sall veut protéger ses proches en torpillant la loi et la démocratie ». Ainsi, il demande aux représentants du peuple de jouer leur rôle de député en ne votant pas cette loi.
Le mouvement Y’En A Marre a tenu ce 1er mars une conférence de presse. A cette occasion, il a donné sa position sur la proposition de loi sur l’amnistie qui a été adoptée en conseil des ministres ce mercredi 28 février. Aliou Sané, le coordonnateur de cette plateforme estime que cette loi est majoritairement rejetée par la population, notamment les familles des victimes des exactions de 2021 à 2024 ainsi que les détenus politiques.
A cet effet, ajoute le coordonnateur adjoint du F24, «aucune loi d’amnistie ne peut absoudre les crimes internationaux notamment la torture, les traitements cruels et dégradants qui sont aussi inprescritibles » et dénonce par la même occasion «cette façon de faire de la politique consistant à bâillonner et mettre en prison d’honnêtes citoyens dans des conditions inhumaines et à refuser d’ouvrir des enquêtes pour clarifier le décès de dizaines de citoyens puis finir par jouer au sapeurs-pompiers ».
Pour l’activiste et rappeur Malal Talla, alias « Fou malade », «Macky Sall veut protéger ses proches en torpillant la loi et la démocratie ». Ainsi, il demande aux représentants du peuple de jouer leur rôle de député en ne votant pas cette loi qui n’agrée personne.
Par Assane Guèye
TOUT LE MONDE EST CONSTITUTIONNALISTE
Être dans l’air du temps n’est pas une posture mais une imposture. C’est un temps mort et un angle mort. Le temps ne s’arrête ni ne suspend son vol. Il faut être volatile pour ne pas le comprendre. Le pays vole bas.
Être dans l’air du temps n’est pas une posture mais une imposture. C’est un temps mort et un angle mort. Le temps ne s’arrête ni ne suspend son vol. Il faut être volatile pour ne pas le comprendre. Le pays vole bas. Le débat n’est même plus survolé par ceux qui parlent le plus fort. Pas question de dénigrer systématiquement son pays et sa classe politique sans classe mais le verdict implacable est qu’on n’y respecte plus les standards. Comment un ancien chef de la diplomatie peut-il faire de la presse étrangère un bouc-émissaire ? Celle-ci a beau exagéré ou colporté, il est étrange qu’une personnalité de l’envergure de Cheikh Tidiane Gadio veuille jeter en pâture une catégorie. Aurait-il oublié qu’il n’est plus à la chancellerie. Comment un professeur en journalisme peut-il se méprendre à ce point ? Les mauvaises nouvelles voyagent toujours plus vite que les plus bonnes. Il est vrai que cette presse extérieure a été bancale dans le traitement de l’information mais les choux gras lui ont été servis sur un plateau d’argent. Un média local n’a-t-il pas été immédiatement fermé quand on s’est aperçu qu’il s’écartait du bon chemin ? Au même moment, les soi-disant diffuseurs de fake news ont continué sans problème. Deux poids, deux mesures. En vérité, la régression est à chercher dans le report de l’élection et la tentative d’extension du mandat. La traduction est simple. Le Sénégal n’est pas arrivé à bon port. Ce précédent est à la base de la confusion, du coq-à-l’âne et de toutes les histoires sans queue ni tête. Quand ceux qui sont supposés être vifs dans l’analyse ne le sont plus, ils tirent tous vers le bas.
Usurpation
Tout le monde s’improvise par exemple constitutionnaliste sans en avoir la moindre compétence. Incontestablement incompétents, les experts auto-proclamés bricolent articles et alinéas. Dans l’usurpation, il y a d’abord de l’a- liénation puis un sort peu enviable de pantins articulés. Ils sortent tout de leur contexte croyant faire mouche alors qu’ils sont la mouche du coche. Peu de respect pour les autres, donc pas de respect du tout pour soi-même. Toujours les mêmes. Tels des acteurs de théâtre ou des activistes qui sautent de plateau télévisé en plateau pour croquer la pomme de discorde. Les spécialistes sont les premiers à s’aplatir publiquement en se comportant comme des influenceurs dont le métier est le trafic d’influence. La cacophonie ambiante chatouille les tympans propres mais ne les crève pas. L’écran aussi n’est plus crevé. Le plus grand crève-cœur est ce spectacle affligeant offert par les vrais savants qui se présentent chacun avec sa propre religion. Tout dépend des lunettes ou le bord où ils sont. Intouchable dans son domaine, Ismaïla Madior Fall dépasse aujourd’hui les funambules dans leur art de marcher sur un fil. Il marque les esprits sur son terrain mais n’a pas encore marqué de son empreinte le costume de ministre des Affaires étrangères qui paraît ample pour lui. Il est loin d’être flamboyant et doit faire la preuve qu’il est aussi bon en realpolitik qu’en géopolitique. Il n’est pas encore une voix forte sur la scène internationale. On tombe dans les travers de la personnalisation mais c’est pour dire que le climat interne agit sur l’image du pays au dehors du pays. Sans observance des règles et de la décence communes, tout est déréglé comme le dérèglement climatique. Le manque d’éthique est une pollution et un poison mortel. Il en est de même pour l’intuition et le style quand ils se font rares.
La lumière manque dans le débat public
La société souffre de pénurie d’incarnation et de perles rares. Toujours la même poignée de personnes pour parler des problématiques nationales. Sans mettre tout le monde dans le même sac, il est évident que les mêmes visages, les mêmes thuriféraires sont à chaque fois conviés aux pourparlers souvent pour soliloquer. Ils se parlent à eux-mêmes. Autocentrés, ils arrivent avec une sorte de miroir pour se regarder et se convaincre qu’ils n’ont pas de rides. Les rides du visage se voient. Celles du cœur ou des neurones ne peuvent être vues. Le microcosme n’est pas génial. Il n’a plus d’idées. Il passe son temps à raser les murs et fuir la charge sociale écrasante. Les mêmes gens plus soucieuses de la caméra que du qu’en-dira-t-on sont toujours là mais ne savent plus ce qui se passe. La multitude cosmopolite n’a jamais droit à la parole alors que les plus belles idées se trouvent dans la rue. Un ancien ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom en l’occurrence, a suggéré de maintenir le pilote aux 12000 heures de vol. Il file ainsi la métaphore de l’aviation civile. Il aurait pu ajouter que les 19 candidats qualifiés voyagent en première classe. Les disqualifiés qui se nomment pompeusement spoliés sont en classe économique. C’est cela être juste. La lumière manque dans le débat public.
LES FEMMES REPRÉSENTENT 5 % DES EFFECTIFS DE L’ARMÉE SÉNÉGALAISE
Le personnel féminin représente 5 % des effectifs de l’armée sénégalaise, avec une présence prédominante de militaires femmes dans les services de santé
Dakar, 29 fév (APS) – Le personnel féminin représente 5 % des effectifs de l’armée sénégalaise, avec une présence prédominante de militaires femmes dans les services de santé, a-t-on appris, jeudi, à Dakar, du médecin colonel Ndèye Ndoumbé Guèye, professeure agrégée d’ophtalmologie du Val-de-Grâce (France).
Le personnel féminin représente ‘’5 % des effectifs totaux de l’armée, avec une prédominance dans les services de santé’’, a-t-elle relevé en introduisant la leçon inaugurale de l’École d’application du service de santé des armées, sur le thème ‘’Personnels féminins des forces armées et engagement dans les opérations : défis et perspectives’’.
‘’La marine a la plus grande part après la généralisation, elle est suivie de l’armée de l’air et enfin de l’armée de terre où il y a actuellement 1,5 % de femmes’’, a déclaré Ndèye Ndoumbé Guèye, professeure agrégée d’ophtalmologie, titulaire de la chaire de chirurgie spéciale appliquée aux armées.
‘’Les femmes dans l’armée sénégalaise, c’est quarante ans d’existence’’, a rappelé cette agrégée de médecine du Val-de-Grâce, établissement militaire d’enseignement coordonnant l’ensemble des formations médicales et paramédicales du service de santé des armées françaises.
Selon le médecin colonel, leur capacité d’adaptation a facilité la présence des femmes dans l’armée sénégalaise. Mais cette présence sera ‘’plus accrue’’ une fois les obstacles levés.
‘’La formation se fait correctement, il est vrai que la demande ne peut pas suivre. Parce qu’il y a toujours [cette barrière socioculturelle liée] parfois aux femmes elles-mêmes, qui pensent que l’armée est réservée aux hommes, que le fait de s’y engager leur enlève une part de féminité…’’ a expliqué Ndèye Ndoumbé Guèye.
‘’Les femmes, clientèle privilégiée pour maintenir la paix’’
Il s’y ajoute que dans les opérations militaires, a souligné le médecin colonel, ‘’il faut des infrastructures spécifiques pour accueillir beaucoup de femmes’’. ‘’Il faut qu’on puisse [aussi] les mettre dans certaines conditions, ce qui n’est pas toujours faisable, même si énormément d’efforts ont été déjà faits dans ce sens.’’
Cela dit, la présence des femmes dans l’armée comporte des avantages, a souligné Mme Guèye.
L’Organisation des Nations unies, par exemple, s’est rendu compte qu’il y a ‘’beaucoup d’avantages dans le maintien de la paix’’ avec des effectifs féminins, a-t-elle dit.
Ndèye Ndoumbé Guèye fait valoir que ‘’la sensibilité des femmes et le climat de confiance qu’elles savent mettre en avant font d’elles une clientèle privilégiée pour le maintien de la paix’’.
Les femmes ont su prendre des places de choix aux Nations unies, dans les opérations de maintien de la paix, où elles sont même ‘’très prisées’’.
Pour renforcer la place des femmes dans l’armée, le médecin colonel préconise que la gent féminine soit davantage informée des programmes mis en place et des stratégies en œuvre, la stratégie sectorielle du ministère des Forces armées pour l’équité et l’égalité de genre, par exemple.
De même invite-t-elle à protéger les femmes contre les violences sexuelles et celles liées au genre, en temps de guerre comme en temps de paix.
‘’Il faut également voter des budgets pour la sexospécificité, qui est très importante pour qu’on leur alloue des parts de budget rien que pour mettre à leur disposition des infrastructures adaptées à leur spécificité’’, a recommandé Ndèye Ndoumbé Guèye.
LE GRAND PRIX INTERNATIONAL CHEIKH AHMADOU BAMBA POUR LE SAINT CORAN LANCÉ À TOUBA
La troisième édition du Grand Prix international Cheikh Ahmadou Bamba pour le Saint Coran, a été lancé, jeudi à Touba (centre), a constaté l’APS.
Touba, 1 er mars (APS) – La troisième édition du Grand Prix international Cheikh Ahmadou Bamba pour le Saint Coran, a été lancé, jeudi à Touba (centre), a constaté l’APS.
”Ce Grand Prix international Cheikh Ahmadou Bamba pour le Saint Coran vise à soutenir le rôle des écoles coraniques dans la formation de la jeunesse musulmane, la consolidation des valeurs islamiques et l’éducation islamique caractérisée par l’intégrité, la droiture, la modération et la tolérance”, a expliqué Djily Niang, président de la commission d’organisation.
M. Niang s’exprimait à la résidence Khadimou Rassoul, en marge d’une rencontre portant sur les préparatifs de cet événement religieux dont les phases finales sont attendues au courant de la première décade du mois d’août prochain peu avant le Grand Magal de Touba.
”Ce Grand Prix vise à connecter les jeunes hommes et femmes musulmans au Saint Coran et les encourager à maîtriser sa mémorisation, à bien le réciter, à comprendre et à contempler ses significations”, a-t-il ajouté, en présence de plusieurs membres du comité d’organisation et de partenaires.
Djily Niang a souligné que ce Grant Prix international Cheikh Ahmadou Bamba pour la mémorisation du Saint Coran va également contribuer aux efforts visant à renforcer les liens entre les familles religieuses sénégalaises et les centres islamiques, entre autres.
Le montant du Grand Prix pour cette année est de cinquante millions (50.000.000) de francs CFA, selon les estimations préliminaires avec la possibilité d’une hausse en fonction des cadeaux des bienfaiteurs et des bénévoles, a-t-il fait valoir.
Le Grand Prix se compose de trois branches dont celle liée à la ”mémorisation complète avec récitation, intonation et interprétation” pour la tranche d’âge de 40 ans, a dit le président de la commission d’organisation qui précise que la deuxième branche intitulée ”mémorisation complète avec récitation et intonation”, est destinée aux jeunes de 20 ans.
La dernière branche de ce Grand Prix, a-t-il ajouté, réservée aux enfants de 7 à 10 ans, concerne la récitation, l’intonation et les bonnes performances de mémorisation des dix derniers chapitres du Saint Coran.