Certains, habitués à nous voir mourir sur le Continent, ne comprennent pas que nous n’en formions pas le plus gros contingent et continuent à nous prédire de funestes lendemains. Cette attente de notre mort massive est des plus obscènes
La mort nous le savons tous est le destin partagé des humains. Il est des morts que nous jugeons acceptables ; vieillesse, longue maladie, …. D’autres que nous estimons injustes ; jeunes personnes fauchées dans la fleur de l’âge, morts d’enfants, assassinats, victimes civiles de bombardements. En temps de guerre, même si elle n’est pas souhaitée, elle est néanmoins envisagée. Depuis la seconde guerre mondiale, l’Occident en général et l’Europe en particulier ne font presque plus l’expérience de la mort de masse. Ils en ont aussi quelque peu perdu la mémoire. Celle-ci semblait élire demeure dans le Sud du globe qui a connu ces derniers siècles son lot de génocides, de crimes de masse, d’épidémies, de guerres, de famines, de catastrophes naturelles qui ont fait des millions de morts. Le Sud durant ces derniers siècles a fait l’expérience d’une distribution inégalitaire de la mort. Celle-ci a suivi la ligne de fracture des impérialismes, des colonialismes et dominations, des inégalités, de la pauvreté infligée, de l’incurie des gouvernements, ….
Avec cette pandémie, l’Europe et l’Amérique font à nouveau l’expérience de la mort de masse. Ils en payent le plus lourd tribut. Nul ne s’en réjouit, cette mortalité est celle des humains nos semblables et rappelle notre condition commune. La mort de masse semble cependant devenue démocratique, égalitaire. Nous y sommes tous potentiellement soumis. Même si elle frappe majoritairement les plus âgés d’entre nous, la pandémie introduit une démocratie de la létalité. Certains, habitués à nous voir mourir sur le Continent, ne comprennent pas que nous n’en formions pas le plus gros contingent et continuent à nous prédire de funestes lendemains. Cette attente de notre mort massive est des plus obscènes. Long est encore le chemin pour faire monde commun et partager le sentiment d’une commune humanité.
La catastrophe, quand elle est qualifiée de naturelle induit une plus grande acceptation de la mort. Les causes sont imputées à dame nature qui fait ce qu’elle veut. On ne se révolte pas devant une mort causée par un virus ; et pourtant cette pandémie est bien le résultat d’une catastrophe culturelle. Un capitalocene qui a outrageusement déforesté la nature, détruit la biodiversité, réduit l’habitat des espèces animales et permit des zoonoses. Une lecture politique de cette mortalité liée au virus est nécessaire ; l’une de ses causes étant le dérèglement du biotope résultant de l’action des humains, sans que nous puissions en être rendu également responsables. L’humain-occidental-capitaliste et désormais asiatique, en porte la plus grande part de responsabilité. La question pour nous est comment l’amener à en tirer toutes les conséquences éthiques et biopolitiques.
La mort est cette visiteuse dont on ne sait quand est-ce qu’elle frappera à notre porte, où elle nous trouvera, ni qu’elle forme elle prendra. Cette ignorance rend la vie quotidienne moins angoissée. Cette mort sérielle nous prive du caractère singulier de la fin de vie. Nous nous ne mourrons plus de notre propre mort, mais d’une mort grégaire et désappropriée. Là où elle a souvent rodé, les individus développent un sens aigu du tragique. Ils l’apprivoisent, cohabitent avec elle, apprennent à accepter son inéluctabilité. Et puisque vivre consiste de toute manière à cheminer vers elle, ils se la réapproprient, côtoient son insondable mystère et en font sens. La mort, un miroir dans lequel se reflète le sens entier de la vie. Certains choisiront de vivre plus intensément, quitte à mourir par excès de vie et de convivialité. C’est leur ultime liberté et il n’est point question que la peur de la mort les en prive.
Le virus mourra. Il est moins sûr que les mauvaises habitudes de ce monde-ci ; ses inégalités, son avidité et sa démesure, meurent avec. Et pourtant, c’est elles que nous devons combattre. Si même la mort qui est une expérience intime, individuelle, et qui par ces temps est devenue sérielle, n’est plus porteuse de sens pour les vivants, d’où celui-ci viendra-t-il désormais ?
Sagesse ancienne, nous mourrons comme nous avons vécu. Chez les anciens apprendre à mourir était un art de vivre. Méditer les raisons de cette mort de masse que nous nous sommes infligés, pourrait peut-être nous amener à apprendre à mieux vivre.
LE PREMIER MINISTRE IVOIRIEN EN SOIN À PARIS, UN PRIVILÈGE ?
Amadou Gon Coulibaly est en France pour y passer des examens de routine. Mais ce contrôle médical du candidat du parti au pouvoir à la prochaine présidentielle, passe mal aux yeux de certains Ivoiriens
Amadou Gon Coulibaly a subi une lourde opération du cœur, il y a huit ans, pour laquelle il est régulièrement suivi.
Alors qu'il avait un rendez-vous médical le 15 avril, le Premier ministre Ivoirien s’est finalement envolé pour Paris dans la nuit de samedi à dimanche.
Pour l’acteur de la société civile, Christophe Kouamé, coordonnateur de CIVIS-CI, en pleine crise du Covid-19, les autorités ont une nouvelle fois abusé de leurs privilèges en matière d’accès aux soins.
"Il est privilégié et ce privilège aurait pu ne pas être perçu de tous si on n’était pas dans une période de confinement", ajoute Christophe Kouamé.
Le coordonnateur de CIVIS-CI estime que le candidat du RHDP à la présidentielle d’octobre aurait pu faire ses contrôles dans son pays au vu de la situation sanitaire.
"Nous avons un centre de cardiologie et nous avons des médecins cardiologues dont les collègues sont ceux qui sont à la Pitié-Salpêtrière où, nous dit-on, le premier ministre doit être soigné. Son contrôle médical aurait pu se faire en Côte d’Ivoire".
"Un privilège tout à fait normal"
Le Premier ministre doit faire ses contrôles médicaux où il a été opéré, juge pour sa part le député du RHDP Yacouba Sangaré.
Celui-ci estime qu’il est compréhensible qu’Amadou Gon Coulibaly puisse bénéficier des privilèges liés à sa fonction de chef de gouvernement.
"Il y a quand même des privilèges liés aussi à la position sociale. Quand on est au sommet de l’Etat on doit pouvoir bénéficier d’un certain nombre de privilèges pour la bonne conduite même des affaires de l’Etat".
Avec ce contrôle médical, le Premier ministre fait de nouveau parler de lui. Une communication qui peut fragiliser le candidat d’Alassane Ouattara, selon l’analyste politique Moquet Cesar Flan.
"Je suis un peu dubitatif parce que tout le monde connait l’environnement international marqué par le Covid-19. Si une autorité politique de premier plan se rend dans un pays au moment où les voyages sont interdits, cela ne va pas être un coup d’éclat en termes de communication pour engranger des dividendes politiques", affirme l'analyste politique.
L'ancien Premier ministre et ancien président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, a pour sa part présenté, dans un communiqué, ses vœux de bonne guérison et de prompt rétablissement à Amadou Gon Coulibaly.
GRIS, GRAS, ZAM : L’ÉLAN BRISÉ D'UN TRIO MAGNIFIQUE
Avec un look qui détonait (n’est-ce pas, Zam ?), une belle insouciance et une complicité sans pareille autant sur le terrain qu’en dehors, le trio d’attaque avait même sorti le village traditionnel de Ouakam de sa torpeur
Ils ont en commun d’avoir été des footballeurs de grand talent et de n’avoir jamais disputé une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations (Can). Pour une raison ou pour une autre. Nous vous proposons d’aller à la rencontre de cette belle brochette de joueurs qui auraient certainement fait bonne figure dans cette compétition si courue. Aujourd’hui, la triplette Gris, Gras et Zam.
Gris, Gras, Zam ! C’est le tube des années 1989 – 1990. À l’état civil, c’étaient les jumeaux Al Hassane et Al Ousseynou Sène et leur compère Amadou Ndoye Ndiaye. Mais pour le monde du football, c’étaient simplement Gris, Gras et Zamadou ! Un trio magnifique débarqué en cours de saison, de Besançon en France, dans l’équipe nouvellement promus de l’Us Ouakam qui se morfondait dans les bas-fonds du classement de la D1 et qui avait complètement transfiguré cette formation. Avec un look qui détonait (n’est-ce pas, Zam ?), une belle insouciance et une complicité sans pareille autant sur le terrain qu’en dehors, le trio d’attaque avait même sorti le village traditionnel de Ouakam de sa torpeur. L’Uso faisait se déplacer les foules et ses trois attaquants, Gris avec le dossard 12 à droite, Gras avec le numéro 14 à gauche et Zam en pointe avec le maillot floqué du 13, servis par l’excellent gaucher Youssou Mbengue en meneur de jeu, martyrisaient les défenses.
Un match, remporté (1 – 0) face au Port qui jouait alors les premiers rôles, leur avait suffi pour se faire sélectionner dans l’équipe nationale qui préparait le Cabral de Bamako en 1989. Et c’était parti pour un bail avec la Tanière. Amadou N. Ndiaye Zam se souvient même avoir été la doublure de Jules Bocandé, lors du fameux match Sénégal – Tunisie où les « Lions » s’étaient imposés 3 buts à 0 à L.S.S, en éliminatoires de la Can Algérie 90. « D’ailleurs, à un moment du match, alors que le score était nul et vierge, Bocandé souffrait terriblement de problèmes gastriques et quand je suis allé sur le bord du terrain lui apporter une bouteille d’eau, il m’a dit de me tenir prêt à entrer. Je lui ai rétorqué qu’il devait continuer à jouer », rigole Zam. Il avait bien fait de s’être rétracté, puisqu’en seconde période, Boc a frappé deux fois et Lamine Ndiaye avait conclu le festival.
Au retour, à Tunis, Zam n’était pas du groupe. Mais Gras si ! « J’étais le seul attaquant sur le banc. Et lorsqu’au bout de quelques minutes Youm s’est blessé, je me suis aussitôt levé pour m’échauffer. Mais Claude Le Roy avait préféré faire entrer le milieu de terrain Baytir Samb », se souvient Al Ousseynou Sène. Qu’importe, le Sénégal était qualifié à la phase finale après avoir raté la précédente au Maroc. « Moi qui ai toujours été titulaire lorsque les Senefs n’étaient pas là, j’étais en droit d’espérer être du voyage final. Mais, suite à un choc, lors d’un match de championnat face au Port, je me suis blessé aux adducteurs et n’ai pas été retenu », regrette Gras. Reparti entre-temps en France, Zam non plus. « Pour avoir fait la plupart des matches amicaux et de qualification, et étant la doublure du meilleur attaquant sénégalais voire africain de l’époque, je pouvais logiquement espérer faire partie du groupe », témoigne Zam. « Peut-être que si j’étais resté au Sénégal, j’aurais disputé cette Can et eu une autre carrière ».
Encore plus amer est Al Ousseynou Sène Gras, mais à propos de la Can suivante en 1992, au Sénégal. Et il s’indigne pour deux, parce qu’il témoigne aussi pour son double, Gris. « Cette fois, Claude Le Roy n’est pas allé au bout de ses idées ; il n’a pas été courageux ; il a simplement eu peur, a renié ses idées pour composer avec celles des autres », témoigne-t-il. Et d’expliquer : « pendant un mois, il nous prenait tous les matins de 05h30 à 06 heures, avec mon jumeau, au stade L.S.S, et nous entrainait comme latéraux : Gris à droite et moi à gauche. Il avait même insisté auprès de l’Uso pour qu’on nous fît jouer de temps en temps à ces postes. Mais notre coach tenait à son trio Gris, Gras Zam ». Après les avoir « fait travailler comme des fous » (tactique, tacling, etc.), alors que presque tout le monde était encore au lit, dans ce qu’il présentait comme « sa surprise tactique lors de la Can », Claude Le Roy les a laissés en rade au profit de pros trentenaires, dont certains ne jouaient même pas en club. « On avait une bonne équipe de locaux qui auraient pu faire quelque chose lors de cette Can ; mais on a presque tous été mis sur la touche », regrette Gras. « C’est cela qui a faussé mon palmarès. J’avais le talent et la volonté. Mais mon rêve a avorté d’entendre l’hymne national, vêtu du maillot de mon pays et de jouer aux côtés de Oumar Guèye Sène pour profiter de ses caviars ». Selon lui, sans aucun doute, « 1992 reste la plus mauvaise année de ma carrière. Pire même que 1994 où je m’étais fracturé la jambe. Et c’est la même chose pour mon jumeau, Gris ». Même à deux pour tenter d’oublier cet épisode, ça reste compliqué pour Gris et Gras. Si Zam y ajoute son spleen de 1990, cela ne peut donner qu’un tableau bien sombre pour ce trio qui avait conduit l’Uso jusqu’en quarts de finale de la Coupe des vainqueurs de Coupe en 1990 après avoir bouffé les Requins de l’Atlantique (Bénin) et le Tonnerre de Yaoundé (Cameroun) avant de tomber face aux Nigérians de Bbc Lions.
L'ANACARDE POURRIT EN CASAMANCE
La pandémie de coronavirus pourrait entrainer la mévente de 30.000 tonnes d’anacarde et "un manque à gagner" estimé à 50 milliards de francs CFA aux dépens des producteurs de la région
La pandémie de coronavirus pourrait entrainer la mévente de 30.000 tonnes d’anacarde et "un manque à gagner" estimé à 50 milliards de francs CFA aux dépens des producteurs d’anacarde des trois régions de la Casamance (sud), a déclaré l’ingénieur agronome Abdourahmane Faye.
"On annonce une mévente record de 30.000 tonnes d’anacarde et un manque à gagner de 50 milliards pour les producteurs casamançais, qui ne voient pas l’ombre d’un acheteur (…) en ce début de campagne", a écrit M. Faye dans une tribune dont l’APS a obtenu une copie.
"Le désastre sera d’autant plus grand que la campagne précédente était chahutée par une chute drastique des prix aux producteurs, qui était due à une surproduction au niveau mondial", a souligné l’ingénieur agronome et expert chargé de la formation et de l’emploi à l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR), un "espace de réflexion" sur "les politiques publiques dans le secteur agricole et rural en Afrique de l’Ouest".
Ce sont des hommes d’affaires indiens qui venaient souvent acheter la production d’anacarde aux producteurs des régions de la Casamance (Kolda, Sédhiou et Ziguinchor), selon M. Faye.
Un collectif d’acteurs de la filière anacarde locale a fait part de son "désarroi", déplorant l’absence des partenaires commerciaux indiens et mauritaniens, qui ne peuvent se rendre en Casamance à cause de la pandémie de coronavirus, a-t-il expliqué.
La morosité de la filière anacarde va affecter le port de Ziguinchor, qui connaissait chaque année un regain d’activité pendant la campagne de vente des récoltes de noix de cajou, selon l’ingénieur agronome.
Les services portuaires prévoient une baisse importante de leur chiffre d’affaires à cause de la mévente des récoltes d’anacarde.
"C’est toute une filière, à l’entame de son envol, qui prend du plomb dans l’aile avec ce Covid-19, qui n’épargnera même pas la mangue, pour la même raison, le manque d’acheteurs", a souligné Abdourahmane Faye.
"Les deux mamelles principales de l’économie agricole sont ainsi infectées dans cette partie du Sénégal, qui présente déjà une comorbidité lourde liée aux effets des changements climatiques, à la salinisation des terres, à la baisse de la fertilité et de la productivité des sols, au sous-équipement des exploitations agricoles, etc.", a ajouté M. Faye.
Selon lui, à cause de la fermeture des marchés hebdomadaires ruraux, en raison de la pandémie de coronavirus, les paysans sont privés de "débouchés commerciaux" et ne peuvent pas vendre leurs produits agricoles et d’élevage pour subvenir à leurs "besoins monétaires et alimentaires".
"Dans plus de 80% des cas, les ménages agricoles épuisent leurs stocks vivriers six mois après récoltes et dépendent, pour le reste de l’année, de ces marchés pour s’acheter de la nourriture", a expliqué l’expert d’IPAR.
"Les restrictions imposées dans les transports intérieurs et extérieurs ont perturbé le fonctionnement des chaînes logistiques d’approvisionnement et de livraison [des] exploitations agricoles", a-t-il écrit.
par Abdou Latif Coulibaly
COVID-19 : DE LA QUALITÉ DE LA COMMUNICATION !
Il y a parfois beaucoup de brouillage de messages et de confusions préjudiciables à la communication sur le Covid 19 dans des programmes de radio et plateaux de télévisions
En ayant suivi pendant quelques minutes une émission sur les antennes d’une chaîne de télévision privée, j’ai eu la désagréable surprise de tomber sur la prise de parole de quelqu’un qui a été identifié par l’animateur comme un communicant. Désagréable surprise, tant le communicant de service s’est montré très peu humble, certain de ne pas se tromper dans ses affirmations, très peu étayées du reste, en clouant avec force au pilori la communication supposée « nulle » de l’Etat sur le Covid-19. À entendre « l’expert » en communication, il semble y avoir un décalage entre la perception des populations de l’action gouvernementale sur le covid-19, notamment sur le volet sensibilisation. Tout porte à croire que le gouvernement ne communique pas efficacement avec les populations ; qu’il ne s’emploierait pas d’une part, à mieux appréhender les opinions et aspirations profondes des populations et d’autre part, à expliquer et à faire comprendre les actions de lutte contre le covid-19 afin qu’elles soient bien comprises. Même agacé par son ton péremptoire et ses certitudes, je n’ai pas manqué de le remercier, car aussitôt après avoir zappé, j’ai composé le numéro de Moubarak Lô. Je rappelle à certains et informe d’autres que ce dernier opère dans l’une des rares structures, parmi les cabinets d’expertise et de prospective existant au Sénégal, qui consacre un travail quotidien digne d’intérêt sur le Covid-19. Un travail basé sur une analyse qualitative et quantitative fine des données du jour, publiées sur la maladie par le ministère de la Santé. Les publications proposées par ce cabinet traduisent par des schémas graphiques assez parlant l’évolution de la maladie, en utilisant une démarche de modélisation statistique qui, à mon humble avis, permet de mieux comprendre tous les jours ce qui se joue à travers les chiffres déclinés chaque matin depuis le ministère de la Santé et de l’Action Sociale.
Le but de mon appel participait d’un souci d’en savoir plus sur la qualité de la communication faite autour du Covid-19, depuis son apparition le 2 mars 2020 au Sénégal. Seulement, cette fois-ci, j’ai voulu comprendre, à la faveur d’une démarche scientifique d’enquête de type psychologique, en collectant des données statistiques fiables sur la question. Affable et courtois, il l’est par nature. Moubarak accepte sans réfléchir ma proposition. Il me proposa de m’associer à la tâche utile pour concevoir un questionnaire et à en évaluer sa consistance interne et externe. Sans hésiter, j’ai accepté son offre. Il tenait à faire participer un communicant au travail. Après avoir réalisé le questionnaire, nous avons convenu de l’administrer dans les deux zones les plus infectées par le virus, à savoir les régions de Dakar et de Diourbel. Seulement, pour l’instant, ne sont disponibles que les résultats de Diourbel. Aux fins de conduire l’étude, l’économiste statisticien a proposé la méthodologie suivante : une enquête téléphonique réalisée auprès d’un échantillon de 320 personnes à Diourbel. Des personnes sélectionnées selon la méthode des quotas. Les variables de quotas utilisées sont : le sexe, l’âge et le niveau de formation. Ainsi, dans la région de Diourbel précisément, l’univers de l’enquête (ou population cible) étant constitué de l’ensemble des individus âgés de 18 ans ou plus, des communes de Mbacke et Touba, appartenant à un ménage ordinaire. L’enquête a été réalisée par téléphone, le 2 mai 2020, en wolof ou en français, sur la base d’un questionnaire préétabli, avec une répartition en deux sous-échantillons homogènes par commune (dispersion géographique et contraintes méthodologiques identiques). En attendant que le cabinet agrège toutes les données, celles de Diourbel et Dakar, afin de publier l’intégralité des résultats de l’étude, ses responsables m’ont autorisé, pour les besoins de la rédaction de cette tribune, à extraire quelques données majeures du travail effectué par le Bureau de Prospective Économique (BPE) du Sénégal, sous la direction de Moubarak Lo.
Quand on considère les résultats de l’enquête sur Diourbel déjà disponibles, en observant les réponses données par les populations enquêtées, on note que celles-ci ont été bien sensibilisées, afin de comprendre ce qu’est la maladie, ce qu’il faut éviter, dans une proportion de l’ordre de 98,70%, aussi bien dans les villes de Mbacké que de Touba. Par exemple, quand on leur demande comment perçoivent-elles et apprécient-elles la gravité du Covid, les taux de citation : « la maladie est très grave sont de l’ordre de 79,60% et grave 19%. Les personnes enquêtées sont capables de citer au moins quatre des symptômes de la maladie, avec en tête une forte fièvre (79,60%), toux sèche (7%), maux de tête (3%), gorge irritée (0,6%). C’est la télévision qui a sensibilisé et informé, dans une large proportion de 99% les populations de Touba, concernant la réalité de la maladie, sa gravité et sur les gestes barrières. Alors que la radio dans certaines zones est citée à 88,80%, concernant ce même item. Constat majeur : plus de 85% des personnes enquêtées disent qu’elles n’ont pas été du tout informées et sensibilisés par les médias sociaux, non plus par internet de manière générale. Ils font confiance aux média classiques de manière générale et à la communication de proximité pour en savoir sur le Covid 19.
En résumé, les populations ont été bien sensibilisées et bien informées par les différentes actions de communication initiées, différemment naturellement, selon les canaux de communication utilisés. La communication dirigée vers la télévision et la radio ont été cependant plus efficaces. Les autres types de communication : communication personnelle de proximité, presse écrite et autres ont aussi joué un rôle important. L’efficacité des actions de communication est incontestablement établie. Plusieurs facteurs, autre que la qualité, peuvent expliquer une inefficience globale ou très partielle dans la mise en œuvre d’une action de communication : barrières culturelles, l’indiscipline ; la défiance voulue et organisée parfois. Tenant compte de l’ensemble de ces facteurs, on devrait parfois se garder de nous montrer trop péremptoire dans notre façon de juger la communication engagée autour du Covid-19. Le gouvernement fait à la fois dans la communication institutionnelle et dans la communication sociale destinée au grand public dans son extrême diversité et sensibilité. Cette communication est portée par les institutions, les secteurs fortement impactés par le covid-19 : la santé, l’éducation, le transport, le tourisme et l’hôtellerie, le commerce, la culture, l’artisanat, l’agriculture, l’élevage, l’environnement, la gouvernance territoriale. Parallèlement, trois catégories de professionnels ont beaucoup pris la parole dans les médias ces temps derniers - lutte contre le Covid-19 oblige -, je veux parler des médecins, des communicants et des journalistes. Généralement ces médecins, à une notable exception près, se sont montrés très prudents dans leur prise de parole, en s’évertuant à faire comprendre aux populations ce qu’est la pandémie, à leur détailler les systèmes mis en place pour y faire face, et enfin, à donner du sens aux gestes barrières, en leur expliquant le pourquoi et le comment de toutes les mesures arrêtées dans le cadre de la lutte contre le Covid 19.
Quant au travail des journalistes professionnels, il a été plus que correct dans l’ensemble, vu les réponses des personnes enquêtées. C’est à leur honneur, surtout en cette journée du 3 mai 2020, consacrant la journée internationale de la liberté de presse. Pour en revenir à la radio et à la télévision, on signalera, à l’appui, cette fois-ci, de constats empiriques, des exceptions qui confirment la règle de bonne tenue de ces canaux. On note en effet, pour s’en désoler, ces cas de plateaux de télévision et « shows » diffusés à la radio et dans lesquels on enregistre la présence de journalistes et qui ont beaucoup fait dans la confusion de genre dommageable. Il y a parfois beaucoup de brouillage de messages et de confusions préjudiciables à la communication sur le Covid 19 dans ces programmes de radio et plateaux de télévisions. Ici, se mêlent souvent des pratiques de talk-show, des éléments de téléréalité, marqués par des désirs individuels d’exister par la seule grâce du seul canal, la télévision en particulier, qui portent en effet des préjudices notables à la communication sur le Covid-19. Ces confusions sont parfois entretenues par la diffusion d’opinions ne reposant sur aucun fait tangible. Les professionnels, les journalistes je veux dire, sont souvent restés dans la collecte primaire et la diffusion de l’information factuelle, en expliquant et en s’appuyant sur des points de vue documentés, émanant souvent de spécialistes.
Quant à certains communicants, il m’est parfois apparu beaucoup d’audace et de l’imprudence dans les propos de certains d’entre eux. J’en ai eu parfois le profond sentiment. Cela a été le cas, quand certains d’entre eux ont décrété urbi et orbi, en affichant en apparence de fortes certitudes, que la communication proposée par les autorités engagées en première ligne dans la lutte n’était pas bonne, pour ne pas dire qu’elle était mauvaise.
par Kako Nubukpo
CONTROVERSE BÉNIN/SÉNÉGAL SUR LA DETTE : LA RENAISSANCE DU DÉBAT AFRICAIN
La tribune du ministre béninois des Finances apparaît comme la contestation du leadership sénégalais en construction et la réponse du ministre sénégalais des finances, comme une « commande » présidentielle
Jeune Afrique |
Kako Nubukpo |
Publication 04/05/2020
Si la pandémie du coronavirus n’avait qu’une seule vertu, ce serait la renaissance du débat africain qu’elle provoque à l’heure actuelle. En effet, rarement les décideurs et intellectuels africains se sont autant exprimés par voie de tribunes, d’articles, d’appels divers et variés.
Dans la foison de contributions plus stimulantes les unes que les autres générée par la pandémie de Covid-19, la passe d’armes récente entre le ministre béninois de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, et le ministre sénégalais des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, autour de la question de l’annulation de la dette africaine, mérite d’être soulignée à plus d’un titre.
En effet, dans une tribune publiée le 23 avril, Romuald Wadagni a exprimé son hostilité au moratoire et a fortiori à l’annulation de la dette africaine, au motif du signal négatif que cette annulation enverrait aux marchés financiers, engendrant de facto une hausse de la prime de risque et donc des taux d’intérêts exigés par les créanciers pour acquérir les dettes africaines futures.
En réponse à cette prise de position, son homologue sénégalais des Finances a publié le 28 avril une tribune intitulée : « Annuler la dette des pays africains est vertueux et bien fondé », dans laquelle il fait explicitement référence à celle de son collègue du Bénin pour la contrer point par point.
Trois raisons justifient l’importance et le caractère singulier de ce combat à fleurets mouchetés :
La tribune du ministre béninois des Finances, qui n’a pu être publiée sans l’aval de son chef d’État, apparaît dès lors comme la contestation de ce leadership sénégalais en construction et la réponse du ministre sénégalais des finances, comme une « commande » présidentielle.
Sur le plan diplomatique, les tribunes des deux ministres s’inscrivent dans un contexte où le président en exercice de l’Union africaine, le Sud-africain Cyril Ramaphosa, vient de désigner quatre personnalités emblématiques d’une Afrique mondialisée pour négocier, au nom de l’Afrique, les moratoires et/ou annulations des dettes africaines.
La tête de file de ce quatuor, Tidjane Thiam, ancien ministre, assureur et banquier franco-ivoirien internationalement connu et reconnu, a d’ailleurs répondu au ministre béninois des Finances sur la chaîne de télévision francophone TV5, en des termes fort peu amènes : « personne n’oblige un État à accepter un moratoire ou une annulation de sa dette ». On a connu des technocrates plus respectueux des ministres et des chefs d’États en exercice…
De fait, l’apparition de « nouveaux acteurs » venus du monde de la finance internationale, mais sans responsabilité exécutive à l’heure actuelle, sort de leur torpeur les ministres africains, généralement peu diserts en matière de partage de leurs convictions théoriques et empiriques.
Ces contestations – celle « par le haut » de la compétence des ministres africains en exercice dans leur capacité à représenter le continent dans les enceintes internationales et celle des commissaires de l’Union africaine (après tout, ils sont payés pour cela) – créent un nouvel espace de jeux et d’enjeux autour du leadership sur la représentation africaine sur le plan international et vient compléter la contestation « par le bas » portée par les organisations de la société civile africaine.
Sur le plan économique, les deux ministres des Finances semblent opter pour deux niveaux distincts de l’analyse économique : le ministre béninois est clairement dans une logique microéconomique, plus précisément dans l’économie du risque, de l’incertain et dans la théorie des jeux répétés. Son raisonnement consiste à dire qu’une suspension ou une annulation de la dette africaine provoquerait dans le jeu répété qui a cours entre débiteurs et créanciers, une perte de confiance de ces derniers engendrant une dégradation de la réputation et de la crédibilité des premiers, dont le coût cumulé sur longue période sera plus élevé que le gain immédiat.
Ce résultat bien connu de la théorie dite des « incitations », produit de la nouvelle économie institutionnelle, plaide en faveur du marché qui serait le meilleur allocataire des ressources en dépit de son caractère d’optimum de « second rang ». Au contraire, le ministre sénégalais opte pour une approche d’emblée macroéconomique, plus étatiste, ciblée sur la nécessité d’obtenir des marges de manœuvres budgétaires additionnelles pour faire face à la pandémie du Covid-19. De ce point de vue, il élargit l’espace d’appréhension de la crédibilité du débiteur en mobilisant l’Etat sénégalais qui aurait « un profil d’émetteur souverain de référence ».
Dans la mesure où en théorie, l’État est le meilleur débiteur par excellence car doté d’une durée de vie infinie, le tour est joué. En s’inscrivant au fond dans la nouvelle macroéconomie keynésienne, il pourrait revendiquer l’incomplétude et l’imperfection des marchés financiers pour justifier sur le plan pratique un moratoire ou même une annulation de la dette africaine.
Pour finir, il convient de souligner l’absence dans les deux contributions ministérielles des causes structurelles des dettes africaines, notamment l’étroitesse de la base productive et l’absence d’une souveraineté monétaire pouvant permettre la monétisation de la dette à l’instar de la pratique actuelle de tous les pays riches et émergents de la planète.
En effet, pour sortir du cercle vicieux de la dette africaine, il faudrait augmenter et orienter le crédit public et privé (bancaire et non bancaire) vers l’investissement productif et la création de capacités additionnelles de production. De fait, la demande africaine pourrait être assurée pour l’essentiel par l’offre africaine de biens et services, avec à la clé une réduction des importations et donc du solde courant de la balance des paiements.
Le processus de production africaine permettrait, pour sa part, de créer de nouveaux emplois, d’engendrer des revenus additionnels et de payer des impôts supplémentaires indispensables à une résorption pérenne des déficits budgétaires récurrents et donc la réduction drastique des stocks de dette extérieure.
La reconquête par l’Afrique de ses instruments de souveraineté politique, diplomatique et économique est la condition permettant de ne plus apporter des réponses conjoncturelles à une question structurelle et de sortir par le haut du débat salutaire entre le Bénin et le Sénégal sur les dettes africaines.
9 CAS POSITIFS À MÉDINA GOUNASS, 67 PERSONNES CONFINÉES
En plus, 107 personnes sont mises en quarantaine dans le département dont 76 à Gounass. Cette situation survint au moment où Gounass continue à organiser les prières collectives du vendredi
10 cas confirmés de Covid-19 ont été détectés ce week-end dans le département de Vélingara, soit 1 dans le village de Kalifourou et 9 dans la cité religieuse de Médina Gounass. En plus, 107 personnes sont mises en quarantaine dans le département dont 76 à Gounass. Cette situation survint au moment où Gounass continue à organiser les prières collectives du vendredi. Depuis le début de la pandémie, le département a comptabilisé 18 cas positifs dont 8 importés et 10 autochtones.
Le cas importé du Covid-19, qui a traversé la frontière guinéenne et testé positif le 26 avril dernier, a pu contaminer une personne dans le village de Kalifourou, frontalier de la Guinée, selon le Dr Omar Sané, médecin-chef du district de Vélingara. Il a ajouté que la cité religieuse de Médina Gounass a eu son lot de 9 cas contacts testés positifs, dont 7 femmes. Ce qui fait un total de 10 cas confirmés durant le week-end.
La personne contaminée à Kalifourou, qui a sa famille à Gounass, serait responsable de l’introduction du virus dans la cité de Thierno Mohamadou Saïd Ba. Pour le compte du département, à ces 10 patients, il faut ajouter le cas importé de la Guinéenne introduite par des Jakarta men dans le département le 26 avril 2020 et les 7 premiers cas de Sénégalais ayant fait le même trajet que la dame et arrêtés à Dialadiang (poste de contrôle sanitaire au Sénégal) le 3 avril 2020. Ce qui fait un total de 18 cas que ce département de la région de Kolda a enregistrés depuis le début de la pandémie dans notre pays. Les 4 sont guéris et rentrés à Dakar, 4 (en plus de la dame) sont internés au centre de traitement de Kolda. Les 10 nouvelles contaminations sont encore en traitement sur place en attendant que le corps médical juge de l’opportunité ou non d’en évacuer tout ou partie à Kolda.
De la capacité d’accueil du centre de traitement de Kolda
Le centre de traitement au Covid-19 de Kolda a une capacité d’accueil de 17 places, selon Dr Omar Sané. Il est loin d’atteindre ses limites puisqu’à ce jour, 13 patients y sont internés : 9 de Sédhiou et 4 de Vélingara. Seulement, au vu de la progression exponentielle des cas et du nombre élevé de personnes en confinement à Vélingara et à Sédhiou, en plus des cas confirmés en observation dans ces 2 localités, il faut craindre que Kolda atteigne très rapidement son seuil de saturation. Cela, à l’image de beaucoup de centres du pays. C’est pourquoi la sensibilisation à l’observance des mesures barrières et la surveillance rigoureuse du confinement régional sont prises au sérieux par les autorités et agents en charge du maintien de l’ordre.
Toujours selon le médecin-chef, 107 personnes sont en confinement dont 76 à Médina Gounass (dans des maisons) et les autres dans un réceptif hôtelier de la ville de Vélingara.
De la prière du vendredi à Gounass
C’est certainement la seule grande cité religieuse du pays qui n’a pas daigné renoncer à l’office de la prière du vendredi… en commun et même aux 5 autres prières quotidiennes. En tout cas pour ce qui concerne la famille du khalife Thierno Amadou Tidiane Ba. Suscitant d’ailleurs un sentiment d’injustice chez l’autre communauté rivale de la même ville qui a obéi à l’injonction présidentielle de renoncer à tous les rassemblements populaires dont la prière musulmane du vendredi. Le dépistage de cas positifs au coronavirus (2 hommes et 7 femmes) et la mise en quarantaine de 76 personnes devraient appeler les fidèles du khalife Ba à renoncer aux rassemblements populaires. Ou que le chef de l’Etat, qui est un talibé de la localité, convainque son marabout et guide à demander à ses fidèles à faire cette prière à la maison.