FIDÈLE GOULYZIA DÉCROCHE LE GRAND PRIX BERNARD DADIÉ
Cette consécration, décernée lors du 15e Salon International du Livre d'Abidjan, couronne "Malo-Woussou", une œuvre qui explore avec finesse les zones d'ombre des opérations de maintien de la paix en Afrique

(SenePlus) - Le journaliste-écrivain ivoirien Fidèle Goulyzia a été sacré lauréat du prestigieux Grand Prix National Bernard Dadié de littérature lors de la 15e édition du Salon International du Livre d'Abidjan (SILA), dont les résultats ont été dévoilés mardi 6 mai 2025.
Son roman "Malo-Woussou", un ouvrage publié par Les Nouvelles Éditions du Sahel (NES), lui a valu cette récompense dotée de trois millions de francs CFA. Il s'agit de son troisième roman, après "Tchapalo Tango" (2019) et "Bardot 18" (2022).
"Malo-Woussou" est un roman polyphonique qui explore l'après-guerre et la présence des forces de maintien de la paix en zone de conflit. L'histoire, qui se déroule en Côte d'Ivoire, au Tchad et en Libye, met en scène un ancien policier tchadien de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) rattrapé par son passé quarante ans plus tard.
Deux enfants dont il ignorait l'existence surgissent dans sa vie : une fille née d'une liaison avec une mineure ivoirienne à l'époque des faits, et un fils revenu de son aventure en Libye. Cette révélation déclenche une quête pour le pardon et le rachat.
Le titre de l'œuvre joue sur un double sens : "Malowoussou" désigne une qualité de riz étuvé populaire en Afrique de l'Ouest, mais l'orthographe choisie par l'auteur peut aussi s'entendre comme "un malo" (une personne peu scrupuleuse en argot ivoirien).
Vingt ans après la création de l'ONUCI, Fidèle Goulyzia questionne les angles morts des opérations onusiennes de maintien ou de consolidation de la paix, notamment sous le prisme des scandales de mœurs.
Un auteur au parcours riche et diversifié
Âgé de 45 ans, Fidèle Goulyzia cumule une quinzaine d'années d'expérience comme journaliste reporter en Afrique de l'Ouest, en Afrique centrale, en Europe et aux Émirats arabes unis. Il a travaillé pour plusieurs médias internationaux, dont LC2 Télévision/Afnex, Africable, Vox Africa, CGTN français et Afrikatv.
En 2017, son reportage sur un village malien électrifié à l'hydrogène naturel a reçu le prix de l'année de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement à Casablanca.
Diplômé en Relations internationales et Action humanitaire de l'Université de Bourgogne, il réside en France depuis neuf ans, précisément à Besançon. Auditeur de l'Académie de droit international de La Haye en 2022, il a récemment été admis au grade de Docteur en Droit international de l'Université Félix Houphouët Boigny d'Abidjan.
Sa thèse, soutenue le 21 octobre 2024 et qui a reçu la mention honorable du jury présidé par le professeur Meledje Djedjro, porte sur l'application du droit de la guerre dans le contexte ivoirien entre 2002 et 2011.
Un palmarès 2025 qui célèbre la littérature ivoirienne
Le SILA 2025 a également récompensé d'autres talents littéraires. Serge Grah a remporté le Prix Jeanne de Cavally de la littérature enfantine pour "La princesse Lou Zawli", un conte qui prône le pardon et transmet des valeurs essentielles comme la solidarité et la bienveillance.
Quant à Nincemon Fallé, il a décroché le Prix National Bernard Dadié du jeune écrivain pour "Ces soleils ardents", confirmant ainsi son talent déjà reconnu en France par le Prix Voix d'Afriques 2024 et le Prix Littéraire de la Vocation 2024.
La mention spéciale du Grand Prix National Bernard Dadié a été attribuée à Abdala pour "L'Odeur de jasmin", tandis que Djeney Siby G s'est classée troisième avec "Moi, maîtresse".
Lors de la proclamation des résultats, les jurys ont unanimement salué l'amélioration de la qualité littéraire et matérielle des ouvrages ivoiriens, une tendance encourageante pour l'avenir de la littérature nationale et sa reconnaissance à l'échelle internationale.