HOMMAGE À UN TRESOR CULTUREL UNIVERSEL
Le documentaire "Sunu yoon", présenté en avant-première ce lundi à Dakar, ressuscite avec rigueur la mémoire de Doudou Ndiaye Rose à travers des archives numérisées et des témoignages inédits

Ce lundi 6 mai, le cinéma Pathé de Dakar a vibré aux rythmes des tambours et des hommages lors de l’avant-première du documentaire consacré à Doudou Ndiaye Coumba Rose, légende de la percussion sénégalaise. En présence du directeur de la cinématographie, Monsieur Germain Coly, de Tapha Ndiaye, fils du défunt tambour-major, et du réalisateur français Jean-Marie Mallet, cette soirée a célébré la mémoire d’un "trésor humain vivant", comme l’avait désigné l’UNESCO en 2006. La projection de ce documentaire intitulé « Sunu yoon » en langue locale qui signifie « notre chemin » a duré plus d’une heure.
Avant la projection, Jean-Marie Mallet a retracé le long périple de ce film, initié il y a près de 40 ans. "En 1984, j’ai découvert Doudou Ndiaye Rose et sa famille à la Gueule Tapée. Sa musique m’a immédiatement fasciné", at-il confié. Le réalisateur, qui le considère comme un père spirituel, a souligné la confiance que ce dernier lui avait accordée : "Il m’a dit : Fais-le, mais fais-le grand". Un défi relevé malgré les obstacles, avec des tournages réalisés majoritairement en Afrique et une équipe technique à 95 % africaine, comme l’a rappelé l’artiste Selou lors des échanges.
Le documentaire, d’une richesse archivistique exceptionnelle, mêle images d’archives et témoignages pour retracer la vie de celui qui révolutionna la pratique du tam-tam au Sénégal, notamment en y intégrant les femmes. "Ce film est un cadeau pour les générations futures", a déclaré Tapha Ndiaye, visiblement ému. Les spectateurs ont salué la rigueur du travail de mémoire, notamment la numérisation de centaines de cassettes et la mise en lumière d’anecdotes oubliées, comme la collaboration de Doudou Ndiaye Rose avec des artistes internationaux.
Des interventions après la projection
À l’issue de la projection, Jean Marie Mallet a répondu aux questions du public, expliquant sa démarche : "J’ai voulu articuler les archives avec le réel, laisser la vie guider le récit". Germain Coly a salué cette initiative, rappelant que "Doudou Ndiaye Rose est plus vivant que jamais, 10 ans après sa disparition". La ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, représentée lors de l’événement, a également rendu hommage à "l’un des plus dignes fils du Sénégal".
Une tribu réunie pour célébrer l’héritage
La soirée s’est achevée dans une ambiance chaleureuse, avec les remerciements aux partenaires, dont l’Institut français et l’ambassade de France, ainsi qu’aux membres de la famille et aux disciples de Doudou Ndiaye Rose. "Ce film, c’est l’Afrique tout entière qui le porte", a conclu Mallet, annonçant une sortie nationale le 9 mai 2025.
Une projection au Grand Théâtre National, qui porte le nom du maître percussionniste, est déjà envisagée pour marquer le 10e anniversaire de sa disparition en août prochain. Une manière de perpétuer l’esprit d’un homme dont l’art transcende les frontières et les générations.