LA CREATIVITE ARTISTIQUE FEMININE
Le Musée des Civilisations Noires (MCN) a accueilli hier un panel riche en échanges autour du thème "Entre l'écrit et le visuel, la touche féminine du dialogue créatif".

Le Musée des Civilisations Noires (MCN) a accueilli hier un panel riche en échanges autour du thème "Entre l'écrit et le visuel, la touche féminine du dialogue créatif". Cet événement, organisé dans le cadre de l'exposition Soobu et des ateliers de l'artiste comédienne Awa Sène Sarr, a réuni des figures de la création artistique sénégalaise. Animé par le Professeur Ibrahima Wane, président du Conseil d'Administration du MCN, les débats des panélistes ont mis en lumière les interactions entre les différentes formes d'art et la place centrale des femmes dans ce dialogue. En réalité tous les arts convergent. Selon, L'écrivaine Ken Bugul : "Toutes les formes d'expression artistique se rejoignent. Un film part souvent d'un texte, un livre évoque des images, des sons, des couleurs, et la peinture capture des récits entiers dans une seule toile". Elle a illustré son propos en citant l'exemple de la rue Félix Faure, décrite dans un livre avec ses lumières, ses sons et son ambiance, montrant ainsi comment l'écrit et le visuel s'entremêlent.
Le cinéaste Moussa Sène Absa a abondé dans ce sens, partageant son expérience de création : "Je pars toujours de textes pour mes films. L'écriture est une pulsion, une grâce qui nous traverse, qu'elle s'exprime par le cinéma, la peinture ou la danse." Il a évoqué l'importance de la discipline et de la curiosité pour nourrir cette créativité, rappelant que l'art est avant tout une nécessité intérieure.
LA PEINTURE SOUS VERRE, UNE MÉMOIRE COLLECTIVE
S’agissant, la peinture sous verre. L'artiste peintre Anta Germaine Gaye a captivé l'audience en retraçant son parcours avec la peinture sous verre, une technique traditionnelle sénégalaise. "Ces peintures racontent notre histoire, nos modes de vie, nos légendes. Elles sont une mémoire visuelle de notre société." Elle a expliqué comment cette pratique, née de l'adaptation des chromolithographies religieuses, a évolué pour inclure des thèmes profanes et satiriques, reflétant ainsi les transformations sociales
Ken Bugul a salué cette démarche, soulignant comment Awa Sène Sarr a transposé ses romans, comme Le Baobab Fou, en tableaux : "Un livre de 200 pages peut tenir dans une toile. C'est la magie de l'art : condenser l'essence d'une œuvre en un seul regard."
LA PLACE DES FEMMES ET DES JEUNES ARTISTES
Les intervenantes ont mis l’accent sur le rôle des femmes dans la création artistique. Ken Bugul a rappelé que "le vrai pouvoir des femmes réside dans leur capacité à éduquer, à rassembler et à négocier la paix." Elle a également partagé des anecdotes personnelles, montrant comment les femmes de son entourage ont inspiré ses récits
Une question du public a mis en lumière les défis des jeunes artistes, notamment une lycéenne dont la famille s'oppose à sa vocation artistique. Les panelistes ont unanimement conseillé la patience et l'acquisition de connaissances. "Votre talent ne disparaîtra pas. Étudiez d'abord, nourrissez votre curiosité, et le moment venu, votre art trouvera sa place", a conseillé Anta Germaine Gaye. La soirée s'est achevée par des performances artistiques, dont un poème de Marouba Fall et une chorale dirigée par Badara Seck, rappelant que l'art sous toutes ses formes est un langage universel.
En marge du panel, l'exposition Première Ligne, visible jusqu'au 27 avril au MCN, propose une réflexion sur les événements politiques de mars 2024, à travers des photographies des manifestations et des installations symboliques comme les boucliers de Ziguinchor. Ce panel a confirmé que l'art, qu'il soit écrit, visuel ou sonore, reste un vecteur essentiel de dialogue et de mémoire, porté par des voix féminines plus inspirantes que jamais. Entrée gratuite pour le panel : Exposition Première Ligne accessible avec un billet d'entrée.