LA KORA DE SOUNDIOULOU SISSOKHO OFFERTE AU MUSEE THEODORE MONOD
La donation de l’instrument de Kémokho Kandara Sissokho dit Soundioulou, roi de la Kora, à l'IFAn Cheikh Anta Diop, avec l'accord de sa famille, est un geste de transmission de mémoire et de reconnaissance. Il est né à Ziguinchor en 1921.

La donation de l’instrument de Kémokho Kandara Sissokho dit Soundioulou, roi de la Kora, à l'IFAn Cheikh Anta Diop, avec l'accord de sa famille, est un geste de transmission de mémoire et de reconnaissance. Il est né à Ziguinchor en 1921.
Le legs de la Kora du maître de la musique manding, Soundioulou Sissokho, porte trois dimensions. Il s’inscrit dans la transmission. La Kora passe de la sphère familiale à une institution scientifique et culturelle afin que son histoire soit partagée avec les générations futures. Il y a aussi la perpétuation de la mémoire. Il s'agit d'inscrire durablement l’instrument dans les archives et les lieux de savoir, le parcours d'un homme et le symbole de son œuvre. Et la reconnaissance, en honorant non seulement l'artiste mais aussi les communautés, les traditions et les imaginaires collectifs qu'il représente. Avant la kora de Soundioulou, le musée Théodore Monod d'art africain, s'est vu confier au fil des années plusieurs objets d'une valeur inestimable. Il conserve notamment le tambour de Doudou Ndiaye Coumba Rose, maître du rythme et référence mondiale du sabar, ainsi que le xalam de Samba Diabaré Samb, figure tutélaire de la musique traditionnelle sénégalaise.
En marge de la cérémonie, la veuve de Soundioulou, Ma Awa Kouyaté, dit avoir des sentiments mitigés de joie et de tristesse. Elle retient de son défunt époux un homme de paix. Le legs de Soundioulou, au-delà de la musique, doit être perpétué. Il avait consacré sa vie à l’apprentissage et la maîtrise de son savoir-faire. Les relations avec Senghor leur ont permis de faire le tour du monde, signale la voix qui accompagnait Soundioulou.
Le duo légendaire, Soundioulou Sissokho-Ma Awa Kouyaté fut sacré «couple royal de la musique traditionnelle africaine» par le roi Hassan 2 du Maroc, en reconnaissance de leur contribution exceptionnelle à la culture mandingue. Soundioulou a accompagné les présidents Senghor et Sékou Touré.
En 1966, il fut couronné roi de la kora à Conakry. Proche de la famille, Pierre Goudiaby Atépa indique que les instruments de musique peuvent et doivent être des éléments fondamentaux de notre culture. «Soundioulou a pu faire que cet instrument africain puisse faire partie de la culture universelle. Il était important que sa veuve et ses enfants offrent cet instrument qui est un symbole et représente toute une culture universelle venant de l’Afrique. C’est un monument de la culture...»
Conservateur du musée, Pr El Hadji Malick Ndiaye ajoute : «c’est une kora qui a une mémoire.» Le recevoir au musée est, dit-il, une manière de perpétuer l’histoire et graver dans le marbre le nom de Soundioulou Sissokho qui vient d’être reconnu à sa juste valeur. «Il mérite que nos institutions culturelles portent le nom de Soundioulou Sissokho.
L’entrée de la kora de Soundioulou après le tambour de Doudou Ndiaye Coumba Rose et le Xalam de Samba Diabaré Samb, s’inscrit dans la valorisation des instruments. Il permet la transmission aux nouvelles générations.» Une exposition d’instruments de musique. «Créer, c’est voir» ; et un atelier de médiation des enfants a accompagné la cérémonie clôturée par un concert.