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THIONE BALLAGO SECK, POÉSIE ET PROPHÉTIE D’UN MAÎTRE DE LA PAROLE

Il ne chantait pas, il discutait. Il parlait comme un patriarche, avec des paroles taillées comme on sculpte un bloc de marbre. Ce fils de Faramareen a bâti son destin contre la volonté paternelle pour devenir l'une des voix les plus marquantes du Sénégal

Amadou Kébé  |   Publication 04/05/2025

Il ne chantait pas, il discutait. Il parlait comme un patriarche, avec des paroles taillées comme on sculpte un bloc de marbre.

Thione Ballago Seck est cette voix de baryton qui a prêché le bien et qu’on continue toujours d’écouter avec le même élan vital. Il a toujours chanté, car ne sachant faire que cela. De Star Band de Dakar à Raam Daan, en passant par l’Orchestra Baobab, sa propre école musicale, son décès en décembre 2021 marque le départ d’un patrimoine vivant, d’un héraut de la bonne parole.

On ressent tous une euphorie presque mystique, comme une madeleine de Proust qui nous rappelle de beaux temps et de beaux souvenirs, quand on entend sa voix. Cette voix est celle purifiée et scarifiée par Dieu qui est le verbe et qui parle à voix basse à l’âme de Thione. On ne peut imaginer que ce chaman sonore qui sortait de son âme ces rythmes et cette prophétie dans ses paroles pourrait être sous terre où il n’entend plus ces mélodies enfouies dans l’antre du monde. Il n’a eu que quelque 66 années pourtant pour livrer autant de messages qui, comme des reliques, sont devenus un testament du temps. Il existe des consciences qui émergent pour transcender le temps, Thione Seck en est une. Il naquit un jour de lumière, le 12 mars 1955, à la Gueule Tapée, quartier populaire de Dakar. Thione Ballago Seck était le deuxième fils d’un couple pétri de contrastes : Nogaye Ngom, mère discrète et forte, et Cheikh Seck, adjudant de police, homme de rigueur et d’un monde où la musique n’était pas une voie, mais une menace pour l’ordre établi.

Mais dans les veines de l’enfant, coulait un sang plus ancien. Son arrière-grand-père, griot de la cour royale, avait été le chantre du Damel Lat Dior Diop, le héros du Cayor. Le roi, en reconnaissance, lui avait offert le village de Mareen, dans les terres profondes du royaume. De ce legs naîtra un mot devenu mythe : Faramareen, ceux qui portent la dignité du verbe et la noblesse du chant. Pourtant, Thione ne grandit pas sous le regard indulgent des musiciens. Son père le voulait loin des tambours, des nuits sans fin et des ivresses de la scène. Mais l’enfant, dès les premières années, se mit à composer dans l’ombre, à ourler les silences de mélodies secrètes. À l’école où il est allé jusqu’à la classe de Sixième, il créait les airs des pièces jouées par ses camarades. Dans les quartiers, il hantait les « mbappat » (séances de lutte) et les « kassak » (chants pour les jeunes circoncis). Puis un jour, il entendit les musiques venues de l’Inde, ces complaintes lointaines, presque mystiques, qui le frappèrent au cœur. Quelque chose en lui se mit à vibrer autrement. Ce serait cela, désormais : la musique comme destinée, non comme caprice. À seize ans, il franchit la ligne. Définitivement. Il intègre l’orchestre de Bira Guèye, y reste quelque temps, apprend à se taire pour mieux entendre. Puis vient la nuit fondatrice.

À la Jeanne d’Arc de Dakar, au milieu d’un concert animé par l’Ensemble lyrique de Sorano, il est invité à monter sur scène avec Doudou Yaye Katy. Sa voix fend la foule. Dans l’ombre, une oreille attentive écoute, celle d’Abdoulaye Mboup, maître respecté, musicien accompli, figure tutélaire. Séduit, il vient à lui, lui parle, l’écoute encore. Laye Mboup voit plus qu’un jeune talent, il voit un successeur. Il ira jusqu’à rencontrer le père, l’adjudant sceptique, pour le convaincre de confier son fils au destin. Et c’est ainsi que Thione entre dans la musique non par effraction, mais par transmission. Au Star Band, il commence humblement, derrière les percussions. Il compose, notamment « Chéri Coco », mais ne la chantera pas. C’est Pape Djiby Bâ qui la portera au public. Thione ne dit rien. Il apprend. Il engrange. Il attend. Laye Mboup, fidèle à sa promesse, l’emmène ensuite à l’Orchestra Baobab, ce lieu où la musique s’épanouit comme une grande conversation entre l’Afrique et le monde. Là, Thione gagne 6.000 FCfa par semaine, mais bien plus que cela. Il gagne une voix, une place, un nom.

On l’appelle le Benjamin. Mais il est déjà plus que cela. Quand Laye s’absente, c’est lui qu’on désigne pour chanter. Quand Laye meurt, en 1975, c’est Thione que l’on écoute. Il enregistre enfin « Chéri Coco », puis « Sëy » et surtout « Domou Baye », cette chanson déchirante comme une prière à genoux. Mais Thione Ballago Seck, désormais maître de son souffle et gardien d’une voix rare, ne pouvait s’éterniser sous l’ombre d’un nom, fût-il vénéré. Le Baobab, orchestre aux racines profondes, l’accueillait comme l’héritier désigné, mais lui rêvait d’un arbre qu’il planterait lui-même, d’un son qui lui appartiendrait jusqu’à la dernière note. En 1979, il franchit un nouveau seuil. Il enregistre un album sous son propre nom : « Chauffeur Bi », flanqué d’un ensemble façonné à son image, tissé de sang et d’amitié, où figure son jeune frère Mapenda. Ce geste, en apparence musical, est un manifeste. Thione y affirme son autonomie, sa volonté d’écrire hors des canons et des clans.

Mais cette émancipation a un prix. Le Baobab, déjà fragilisé par ses absences de plus en plus longues, réagit avec raideur. Un ultimatum lui est lancé. C’est Barthélémy Attisso, l’homme au jeu de guitare ciselé comme un griot du futur, qui lui apporte le message. Il lui reste quarante-huit heures pour choisir. L’orchestre ou sa route. Et Thione choisit le vertige. C’est un départ sans retour. Il quitte le Baobab, non dans la colère, mais dans une solitude lucide. Il sait que l’on ne bâtit pas une voix libre sans abandonner certains royaumes. À peine parti, le destin lui ouvre une porte en or. Paco Rabanne, couturier de génie, l’invite en France. Il veut créer une troupe panafricaine, mêler les sons et les tissus, faire danser les cœurs sur les podiums d’Europe. Thione s’y rend, poussé par la promesse d’un ailleurs fertile. Mais l’eldorado tourne court. Derrière les projecteurs, rien ne tient. Le rêve s’effondre dans le silence des non-dits. Pire encore, au pays, des rumeurs malsaines circulent.

On le dit arrêté, naufragé dans les méandres de l’exil. Alors il revient. Non pour se justifier, mais pour répondre en musique. « Siiw » naît de cette douleur, chanson douloureuse et fière, voile levé sur les humiliations subies et la dignité conservée. C’est dans cette fièvre que naît Raam Daan, en 1983. Le nom, choisi avec une précision mystique, signifie « ramper et vaincre ». Thione y inscrit sa trajectoire. Il ne possède ni mécène, ni fortune, ni réseaux. Il n’a que sa voix, ses convictions et une ténacité qui ronge la pierre. Le matériel de son orchestre, il l’arrache au destin. Demba Ndir, alors propriétaire du Sunset Sahel, avait acquis des instruments pour monter un orchestre. Le projet échoue. Thione, flairant l’aubaine, approche un organisme de crédit et met en gage la maison familiale. Son père, cette fois, ne s’y oppose pas. Il tend les papiers de la demeure comme on bénit une aventure. Huit millions de FCfa changent de mains, et le rêve devient tangible. Dès les premières répétitions, Thione sait qu’il ne reviendra pas en arrière. Il veut du mbalax, pas du xalam. Sa voix, ample comme une mer intérieure, exige un écrin plus vaste, plus rythmique, plus électrique. Il veut fusionner les racines et le monde. Il devient un architecte du son, un sculpteur d’émotions. Ainsi commence l’aventure du Raam Daan.

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