UN INSTRUMENT MORT AUX SONORITES VIVANTES
Le Xalam est un instrument traditionnel que l’on retrouve en Afrique de l’ouest. Utilisé depuis des siècles, il renferme beaucoup de secrets.

En effet, les premières notes du Xalam ont été jouées à Bandiagara, lorsque le saint homme El hadji Oumar Foutiyou Tall disparaissait dans les falaises. Composé en totalité d’éléments morts, cet instrument joué par les griots renferme un mystère et possède un fort pouvoir mystique.
Luth d’Afrique occidentale, le Xalam est utilisé au Mali, en Gambie, au Sénégal, au Niger, au nord du Nigeria et du Ghana, au Burkina Faso et au Sahara occidental. Le Xalam est également connu sous d’autres noms : Guésséré, Baapp ou Hoddu. La plupart des joueurs de Xalam construisent leur instrument, bien qu’ils fassent appel parfois à des sculpteurs de bois pour la finition du corps. Le Xalam est par excellence l’instrument des «griots» (musiciens professionnels) et des chanteurs de louanges. Il est utilisé le plus souvent seul ou en duo. Si autrefois ils en jouaient en l’honneur du souverain et de la reine ou des grands érudits, aujourd’hui c’est lors de mariages, de baptêmes ou de festivals folkloriques que les musiciens l’utilisent. L’origine de cet instrument est sujette à polémique. Pour certains, le Xalam est originaire de l’actuel Mali, pour d’autres, l’instrument proviendrait de l’Antiquité, plus exactement de l’Egypte ancienne.
Le Xalam serait un ancêtre du Banjo américain. Le Xalam fut joué pour la première fois de l’histoire à Bandiagara. Celui qui l’a inventé, après sa création, ne savait pas quoi faire de cet instrument. Confus, il s’asseye sur une pierre. Et soudain des gens, disciples d’El hadji Cheikh Oumar Foutiyou Tall, qui étaient à la recherche de leur maître, viennent lui demander (à celui qui a créé le xalam) s’il n’avait pas aperçu El hadji Cheikh Oumar Foutiyou Tall. Il leur répondit par : «taara mougui taara kourtouba taara mougui taara» ; ce qui signifie : «il y a un homme de taille moyenne qui porte un pantalon pas trop long, il est passé par ici à Bandiagara ». C’est le Xalam qui a montré pour la première fois la direction prise par Cheikh Oumar Foutiyou Tall, et la première chanson composée avec les cordes du Xalam est le Taara. Chaque corde du Xalam produit un son unique qui a une signification particulière. Tout comme l’Islam qui compte cinq piliers et cinq moments de prières, le Xalam possède cinq cordes, pas plus. S’il dépasse cinq cordes, les sons seront autre chose que ceux du Xalam.
Selon le vieux Socé, il existe un certain mystique concernant cet instrument et ses composants. Seul Dieu connaît le secret que renferme cet instrument totalement composé d’objets morts, mais qui parvient à parler.
En effet, le bois qui constitue la carcasse du Xalam est un bois mort, les ongles qui les jouent sont des corps morts, la peau qui recouvre l’instrument est morte parce que c’est la peau d’une chèvre déjà décédée, les cordes sont issues d’animaux morts. Donc tout ce qui constitue le Xalam est mort et le grand mystère, c’est qu’il parle, car il produit un son très fort et très « vivant ». Le Xalam est joué par tous les cinq doigts de la main. Le mystère avec cet instrument, c’est qu’il est apprécié de tous, même des grands érudits de l’Islam.
Le Xalam constitue une source d’inspiration pour celui qui l’écoute et une source de motivation de plus. Il existe deux types de Xalam : le « Guésséré » qui est le premier Xalam utilisé par les ancêtres, les précurseurs dans ce domaine. Le Guésséré avait la forme ronde d’une calebasse. Il était utilisé pour les premières compositions du Ngoyanne. Le Guésséré renfermait des secrets. Il galvanisait ceux qui l’écoutaient et avait un fort pouvoir mystique. On l’utilisait dans des situations particulières. Le Xalam qu’on voit de nos jours et qu’on utilise s’appelle « Baapp». Il est long et a une forme comme celle d’une petite guitare. Les premiers hommes à jouer le Xalam appartiennent à l’ethnie des Khassonkés. Ce sont eux les concepteurs de cet instrument. Ensuite les Haalpular du Fouta ont pris le relais pour jouer le Xalam, puis les Wolofs et enfin les Peulhs Firdous.