FACE AUX BAILLEURS, SONKO REVENDIQUE LA SOUVERAINETÉ
"Aucun décaissement depuis un an et le pays est resté debout." Au forum Invest in Senegal, le Premier ministre a vanté la capacité du Sénégal à compter sur ses propres forces

À l'occasion du lancement de la deuxième édition du Forum « Invest in Sénégal », tenu à Dakar hier, mardi 27 mai, le Premier ministre Ousmane Sonko a saisi l'opportunité pour adresser un message sans ambages aux bailleurs de fonds multilatéraux ayant suspendu leur soutien financier au Sénégal.
D'entrée de jeu, il a rappelé qu'aucun décaissement n'a été opéré en faveur du pays depuis une année et le pays est resté debout. Toutefois, loin de céder à la résignation, le chef du gouvernement a tenu à souligner que le Sénégal continue à se gouverner avec détermination. Ce constat, selon lui, doit être interprété comme une démonstration de résilience et de capacité d'auto-prise en charge. Il s'agit là, a-t-il précisé, d'un signal fort, révélateur de la volonté du pays de compter avant tout sur ses propres forces.
Dans la continuité de son intervention, M. Sonko a replacé cette situation dans une perspective historique et idéologique plus large. Il a en effet rappelé que son engagement politique, depuis plus d'une décennie, repose sur un postulat clair : le développement véritable d'une nation doit être d'abord endogène, tant dans ses sources de financement que dans sa mise en œuvre et la participation de ses citoyens. Cette vision, longtemps défendue dans les discours, est désormais concrètement mise à l'épreuve du réel.
Cependant, le Premier ministre n'a pas fermé la porte à un éventuel réengagement des partenaires multilatéraux. Il a exprimé l'espoir de voir les relations se normaliser, tout en insistant sur l'absence de raisons objectives justifiant la rupture actuelle, hormis des considérations politiques relatives à la volonté du Sénégal de préserver et d'affirmer sa souveraineté. À ce propos, il a dénoncé les mécanismes qui, à travers l'histoire, ont systématiquement tenté de freiner les pays africains dès lors qu'ils cherchent à prendre en main leur propre destin.
Dans un ton empreint de conviction, Ousmane Sonko a plaidé pour une nécessaire cohérence entre les discours sur l'autonomie des nations africaines et les actes posés sur la scène internationale. Le Sénégal, a-t-il affirmé, se positionne aujourd'hui comme un exemple vivant, un véritable laboratoire de souveraineté, qui devrait inspirer l'ensemble des pays en voie de développement, en particulier sur le continent africain.
Enfin, le Premier ministre a appelé à un accompagnement sincère de cette dynamique nouvelle. Il estime que l'expérience sénégalaise pourrait servir de socle à une refondation des trajectoires de développement, fondée non plus sur la dépendance, mais sur la maîtrise de ses propres leviers économiques et politiques.