SIX MILLIARDS ENVOLÉS AU CRÉDIT MUTUEL
Les syndicats pointent du doigt la gestion d'Amadou Jean-Jacques Diop. Dans une lettre au Premier ministre, ils réclament un audit indépendant pour sauver l'institution

Les syndicats des travailleurs du crédit mutuel du Sénégal (CMS) sont très remontés contre la direction de la boîte. Dans une lettre adressée au Premier ministre, ils dénoncent la mauvaise gestion occasionnant une perte de plus de 6 milliards pour l'exercice 2024.
Les travailleurs du Crédit mutuel du Sénégal (Cms) vilipendent le directeur général Amadou Jean-Jacques Diop. Ils accusent ce dernier d'avoir fait perdre à la société plus de 6 milliards pour l'exercice 2024. «L'arrivée de Amadou Jean-Jacques Diop a fini de plonger le Crédit Mutuel du Sénégal dans une crise profonde. Le 16 mai dernier le Conseil d'Administration a arrêté les comptes de l'exercice clos le 31 décembre 2024 avec une perte dépassant la barre des 6 milliards. Ce déficit inédit et subit qui contraste avec la dynamique de performance prônée par la direction générale nous amène d'ailleurs à nous interroger sur la sincérité des chiffres avancés par le Directeur Général du CMS ces dernières années», regrettent les syndicalistes.
Pour eux, le style managérial autoritaire de l'actuel DG et ses décisions stratégiques remettent en cause la stabilité et les valeurs originelles de l'institution qui ont porté son développement.
En plus des pertes financières, les délégués dénoncent également l'inefficacité structurelle et sa gestion opaque. «On constate des structures superflues et une masse salariale qui explose : La multiplication des départements et des postes non stratégiques (ex «Super Directeur Exécutif, Direction recouvrement...») alourdit la masse salariale sans améliorer la performance de l'institution», ajoutent les syndicalistes. En plus, poursuivent-ils, l'organigramme, plus complexe que celui de l'État, révèle une bureaucratie contre-productive : l'absence de suivi et d'évaluation des dispositifs mis en place ne font l'objet d'aucun contrôle rigoureux et favorisent le gaspillage des ressources.
Les délégués dénoncent, en outre, les dérives de gouvernance et injustices sociales. Ils soulignent que l'écart observé sur les niveaux de rémunérations a atteint des proportions inégalées sous le magistère d'Amadou Jean-Jacques Diop. «Les salariés cadres recrutés par ses soins percevant des rémunérations attractives sans lien avec leur niveau de contribution, tandis que le personnel trouvé sur place « créateurs de valeur » est négligé. Ces niveaux de rémunérations inéquitables ont notamment accentué la fraction au sein du personnel et participent à la démotivation généralisée des ressources humaines principales piliers de l'institution», fulminent les syndicalistes.
Sonko invité à envoyer des auditeurs indépendants
Face à cette situation, il invite ainsi le Premier ministre à mettre fin à cette gouvernance défaillante et de mandater un audit indépendant de l'UCCMS, tant sur la gestion administrative que financière ; de protéger les agents et les représentants syndicaux contre les représailles et sanctions abusives, d'ouvrir une enquête sur l'ensemble des responsabilités liées aux pertes et aux irrégularités, d'engager un plan de redressement sérieux et crédible, impliquant les parties prenantes, pour sauver l'institution.
«Le Crédit Mutuel du Sénégal compte plus d'un million trois cent mille (1 300 000) sociétaires-clients avec quelque mille deux (1 200) salariés. Les intérêts des Sénégalais qui continuent de faire confiance au CMS doivent être sauvegardés avant que l'irréparable ne se produise», avertissent les délégués dans une lettre adressée au Premier ministre Ousmane Sonko.