BRT, LE SOUFFLE ÉLECTRIQUE QUI CHANGE DAKAR
Un an après sa mise en service, ce fleuron des transports dakarois a conquis la population. Le confort, la ponctualité et la sécurité sont au rendez-vous, même si l'absence de desserte des zones périurbaines éloignées reste un regret partagé

Il est 7h10 ce matin, le quai de la station terminus de Guédiawaye s’anime d’un flot tranquille mais décidé de passagers. Les portes vitrées s’ouvrent dans un souffle léger et, déjà, le Bus Rapid Transit (BRT) flambant neuf, glisse sur sa voie.
Un an après son entrée en service, ce géant électrique est devenu plus qu’un moyen de transport : un symbole de modernité, et pour beaucoup, leurs difficultés de mobilité dans la capitale sénégalaise se sont atténuées en termes de temps et de confort. Même si les populations regrettent vivement que les zones périurbaines plus éloignées ne soient pas desservies. En d’autres termes le réseau du Bus Rapid Transit pâtit d’un manque d’extension qui limite son accessibilité.
À bord, l’ambiance est feutrée. Les sièges ergonomiques, la climatisation et l’absence de bruit mécanique surprennent encore les habitués du « car rapide » ou du « Ndiaga Ndiaye ». Ici, pas de klaxons, pas d’odeur de gasoil, pas de cris de rabatteurs. Le silence est ponctué uniquement par la voix douce et automatisée annonçant les prochaines stations : Grand Médine, Liberté 6, Petersen…
Mamadou, employé à la SN Habitation à Loyer Modern (SN HLM) sise au quartier Fass, utilise le BRT depuis six mois. « Avant, je mettais presque deux heures pour aller au travail. Maintenant, je suis au bureau en 45 minutes chrono. Et je peux lire pendant le trajet ! Nous ne suffoquons pas dans ces bus modernes. Contrairement aux bus Tata et les cars rapides qui sont des boites à sardine », dit-il. À travers les vitres panoramiques, Dakar défile. Les em bouteillages de la VDN sont toujours là, mais au loin. Le BRT, lui, file sur sa voie exclusive, indifférent à la cacophonie automobile alentour. 121 véhicules électriques assurent désormais jusqu’à 300 000 déplacements quotidiens sur un linéaire de 18,3 kilomètres, connectant efficacement Guédiawaye au centre-ville.
À Colobane, une mère de famille monte avec ses deux enfants. « J’habite à Dalifort. Depuis que le BRT est là, mes enfants arrivent à l’heure à l’école. Et je paye moins qu’en taxi-clando », confie-t-elle
Lancé commercialement en mai 2024, le BRT n’a pas été sans défis. Les premiers mois ont connu des pics d’affluence inattendus, quelques problèmes d’interconnexion avec les lignes de bus classiques et un besoin accru de personnel formé.
Aujourd’hui, ces couacs semblent lointains. L’exploitation s’est rodée. Les agents d’assistance, reconnaissables à leurs gilets verts, guident les voyageurs avec courtoisie. Des lecteurs de carte sans contact facilitent l’embarquement. Cheikh, conducteur depuis les premiers jours, en est fier : « On transporte le futur. Et on est bien traités, bien formés. Conduire un BRT, ce n’est pas juste rouler, c’est piloter une mission ». Un souffle écologique sur Dakar
Le BRT ne fait pas que transporter : il respire pour la ville et la fait respirer. Grâce à sa motorisation 100 % électrique, il réduit l’empreinte carbone d’un réseau de transport souvent décrié pour sa pollution. D’ici quelques années, il contribuera à baisser de 59 000 tonnes les émissions annuelles de dioxyde de carbone (CO2), selon les projections de Dakar Mobilité.
À la station Petersen, terminus en centre-ville, les passagers se dispersent dans le tumulte matinal. Quelques-uns prennent le TER, d’autres rejoignent à pied leur bureau, dans une ville de plus en plus connectée.
Le BRT n’est pas une fin, mais un début. Il a ouvert une brèche dans l’imaginaire urbain dakarois : celui d’une ville fluide, propre, égalitaire dans l’accès à la mobilité. Et si les files d’attente aux stations rappellent qu’il reste à faire notamment en matière de fréquence et de capacité. Pour certains les usagers, eux, estiment : le BRT est un succès. Les voyageurs qui empruntent le Brt sont en sécurité ainsi que leurs bagages.
Les forces de défenses et sécurité (FDS) sont visibles à tout au long du trafic routier.