CES SECTEURS ECONOMIQUES QUI FACILITENT LE BLANCHIMENT D’ARGENT
L’immobilier, les casinos, les loteries et les paris en ligne ou physiques et le commerce de détail, constituent les principaux moyens les plus classiques utilisés pour blanchir des fonds,

Dans le souci de diversifier les acteurs dans la lutte contre la criminalité financière, le forum du justiciable, en partenariat avec les journalistes réunis au sein de l’association des chroniqueurs judiciaires (ACJS), a organisé ce week-end un atelier de sensibilisation des professionnels des médias sur les mécanismes du blanchiment de capitaux ainsi que les secteurs pourvoyeurs.
Alors que le phénomène gagne du terrain dans le monde, le blanchiment de capitaux prend des ampleurs au Sénégal. Il ne se passe pas un jour sans que les médias ne donnent une information liée au détournement et au blanchiment de capitaux. Il s’agit d’un processus par lequel des fonds d’origine criminelle sont dissimulés ou transformés pour apparaître comme provenant d’activités licites. Un phénomène pernicieux facilité par certaines activités économiques, soit en raison de leur nature, soit en raison de leur vulnérabilité face à certaines pratiques illégales.
L’immobilier est un des moyens les plus classiques utilisés pour blanchir des fonds. En effet, il permet la légitimation de capitaux par l’achat ou la vente d’actifs. À travers la surévaluation des biens, les achats en espèces ou les sociétés écrans, les criminels peuvent facilement injecter des fonds illicites dans le circuit légal.
Ensuite, viennent les jeux de hasard. Les casinos, les loteries et les paris en ligne ou physiques offrent une opportunité de convertir de l’argent sale en gains apparemment légitimes. Pour ce faire, les «blanchisseurs» achètent des jetons de casino avec de l’argent sale, jouent une petite somme, puis échangent le reste contre un chèque, maquillant ainsi l’origine des fonds.
La troisième activité économique pourvoyeuse de blanchiment d’argent est le commerce de détail. Souvent utilisé pour “fractionner” les fonds, le commerce de détail permet de dissimuler des capitaux à travers de multiples transactions de faible montant. Ce secteur facilite aussi l’intégration progressive d’argent sale dans l’économie via des recettes faussement déclarées ou des achats de marchandises destinées à la revente.
LES PRINCIPES ET MECANISMES DU BLANCHIMENT D’ARGENT
Le blanchiment repose sur trois éléments fondamentaux, appelés TIM (Techniques, Instruments et Mécanismes). Ce processus comprend plusieurs étapes et stratégies, parmi lesquelles le raffinage. Il s’agit d’échanger de petites coupures contre de grosses, afin de réduire le volume physique de l’argent à déplacer et le rendre plus discret. Le schtroumpfage consiste à fractionner les dépôts en espèces en petits montants, en dessous des seuils de déclaration bancaire, et à les disperser sur plusieurs comptes. Pour cela, le blanchisseur mobilise souvent plusieurs individus chargés de déposer l’argent (les «smurfs»). Et enfin les mules financières qui consistent à payer des personnes pour transférer ou réceptionner des fonds sur leurs comptes bancaires, servant de relais dans la chaîne de blanchiment.
BABACAR BA : «NOUS VIVONS UNE PERIODE CHARNIERE AU SENEGAL, MARQUEE PAR UNE VOLONTE ACCRUE DE TRANSPARENCE ET DE REDDITION DE COMPTES»
Prenant en outre la parole, le Président du forum du justiciable a insisté sur l’importance pour les journalistes de se former. Selon Babacar Ba, notre pays vit une période charnière de son histoire, marquée par une volonté accrue de transparence et de reddition des comptes. Et le rôle des journalistes dans cette transition financière est plus que nécessaire. «La mise en place du pôle judiciaire financier vient renforcer le dispositif de lutte contre la prévarication des ressources publiques, la lutte contre la corruption, l'enrichissement illicite et le blanchiment des capitaux», a-t-il indiqué.
A l’en croire, cela témoigne d'une avancée dans notre quête de justice et de bonne gouvernance. Toutefois, il est d'avis que cette dynamique doit être accompagnée d'une presse informée et responsable. «En tant que journaliste spécialisé sur les questions judiciaires, votre rôle est fondamental. Vous êtes les vigies de notre démocratie, les gardiens de l'information. Votre capacité à enquêter, à analyser et à rapporter avec précision les faits liés à la criminalité financière peut faire toute la différence», a lancé Babacar Ba à l’endroit des journalistes de l’ANCJ. Comme réponse, le président de ladite association, AliouDiouf, s’est engagé au nom de ses confrères à éclairer l'opinion publique et à contribuer ainsi à un environnement où la transparence n'est pas une option mais une norme, où la redevabilité n'est pas un conceptlointain mais une réalité quotidienne, où la voix de chaque citoyen est entendue et respectée