MON DROIT AU CHAPITRE
EXCLUSIF SENEPLUS - La contradiction n'est pas un désaveu de l'autorité, elle est le baromètre par lequel nous mesurons l'engagement de nos pairs. Que serait un gouvernant dont les seuls échos qu'il entend viennent de son esprit ?

Le 24 mars 2024, pour la première fois dans ma première tranche de vie, je me suis réveillée avec cette ferme conviction : ce jour, je vais élire mon président.
Nous sommes aujourd'hui dans une période faste de la géopolitique et des relations internationales où tout se redéfinit. Les protagonistes rejoignent les tables de discussions avec des pages pleines, mais également des pages vierges, gages de leur ouverture. La grandeur d'un Homme se jauge pendant ces jours où tout semble lui faire face, pour ne pas dire dans l'adversité, alors que les issues prennent une autre direction, à ses yeux. L'exercice ne saurait être de convaincre de sa bonne foi, mais de créer une convergence, ce "But" et cette "Foi" de notre devise. Un bon dirigeant tente toujours de satisfaire et de fideliser ceux qui croient en lui, en sa vision des choses. Mais le dirigeant bien dans son habit saurait qu'il dirige non seulement ceux qui croient en lui, mais également ceux qui doutent et ceux qui s'opposent, même farouchement. La contradiction n'est pas un désaveu de l'autorité, elle est le baromètre par lequel nous mesurons l'engagement de nos pairs. Tant que nous nous parlons, nous avons des choses à nous dire, un intérêt commun. Le silence des autres, même les plus virulents, deviendrait alors plus dangereux, car cet intérêt aurait disparu. Que serait un gouvernant dont les seuls échos qu'il entend viennent de son esprit ? Allah est certes Parfait, et pourtant le mot "athée" figure en bonne place dans le dictionnaire.
La force d'un leader se mesure à l'aune de son silence quand l'assemblée est en ébullition, mais que ce silence ne soit pas l'expression de son indifférence. Il doit plutôt être l'expression d'une grâce divine : avoir le dernier mot, le droit de décision et le devoir d'une lecture éclairée.
Un peuple ne vote pas pour envoyer son président à une épreuve de vitesse, il voit en lui l'incarnation de ce drapeau qu'il aimerait tenir au bout du chemin. De ce père, frère et même fils, qui lui permettrait de toujours croire, face aux tumultes de son quotidien.
Les discours sont certes une belle expression, une belle prestation. A l'image des sophistes, ils rassurent, pour un temps, de par leur beauté, de par leur forme. Les actes eux ne sont pas si bien vétus, mais ont la longévité du "Baobab" et la prestance du "Lion".
Qui choisirait l'éphémère face au constant?
Il est souvent difficile pour une personne de montrer la face claire de la médaille, après avoir côtoyé celle sombre. Le pardon n'est pas l'apanage des forts d'esprit, il n'est pas non plus une évidence. Le pardon est à l'image d'une grossesse avec la durée, les douleurs, l'espoir, les rêves, les doutes et puis la délivrance.
Un Homme ne clame pas sa grandeur, ni ne la revendique. L'aubaine d'un grand Homme, c'est que tout l'univers concourt à le lui dire et à le lui rappeler, et il en doute. Ce doute ne traduit pas un manque de confiance en soi, il est un bel accomplissement humain : la conscience qu'il y a plus Grand que soi, la conscience de faire partie d'un Tout et de n'être qu'un élément appelé à quitter ce Tout, un jour.
Il est certes plus facile d'admirer le paysage que de semer et d'attendre la pluie. Mais la récolte est si gratifiante, pour qui sait faire confiance à la nature, autre élément de ce Tout. Il est de ces événements qui n'ont pas nécessairement d'explication logique, ils sont décidés par le Créateur. Par moment, nous sommes tentés de vouloir quand même chercher cette logique, et ce cheminement est certes un Abysse. Malgré nos aspirations, nos soupirs et nos efforts, il n'y a qu'un maître qui vaille.