L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE MENACEE PAR L’INSECURITE ALIMENTAIRE
La crise économique mondiale va continuer d’impacter négativement les Etats subsahariens

La facture des importations de denrées alimentaires va augmenter de 10%dans le monde en 2022. Tel est l’alerte faire par la FAO qui estime dans la foulée que l’Afrique subsaharienne devrait dépenser 4,8 milliards supplémentaires pour acquérir des produits alimentaires.
La crise économique mondiale va continuer d’impacter négativement les Etats subsahariens. Elle risque de saper les efforts entrepris par des gouvernements comme celui du Sénégal pour réduire la vie chère. Tout au moins, on peut se demander jusqu’à quel moment ces derniers pourront tenir.
Des institutions comme la FAO ont déjà sonné l’alerte. «La facture globale des importations de produits alimentaires pour le groupe des pays à faible revenu devrait rester pratiquement inchangée, même si elle devrait diminuer de 10% en volume», souligne-t-elle. A l’en croire, l’Afrique subsaharienne devrait dépenser 4,8 milliards de plus pour ses importations alimentaires, malgré une baisse de volumes, avant d’indiquer que les conséquences de la hausse de la facture des importations alimentaires seront «dramatiques» pour les pays en développement qui paieront plus pour avoir moins.
«Ce sont là des signes alarmants du point de vue de la sécurité alimentaire, qui indiquent que les importateurs ont du mal à financer la hausse des coûts internationaux, ce qui pourrait annoncer la fin de leur résistance à la hausse des prix internationaux», met en garde le rapport de la Division des marchés et du commerce de la FAO
Cependant, la FAO s’est félicitée de l’approbation par le Fonds monétaire international (FMI) d’un guichet «chocs alimentaires» comme une étape importante pour alléger le fardeau de la flambée des coûts des importations alimentaires dans les pays à faible revenu
Expliquant les raisons de la hausse de ces dépenses, la FAO a soutenu que la majeure partie de l’augmentation de la facture est imputable aux pays à revenu élevé, en raison principalement de la hausse des prix mondiaux, tandis que les volumes devraient également augmenter. Dans le même temps, dit-il, les pays à revenu élevé vont continuer à importer toute la gamme des produits alimentaires,tandis que les régions en développement se concentrent de plus en plus sur les aliments de base.
La hausse générale de la facture alimentaire, aggravée pour les pays importateurs par la dépréciation de leurs monnaies par rapport au dollar, est directement liée à la guerre en Ukraine, après une première période de hausse imputable à la reprise économique post-Covid
La flambée du prix des engrais Le rapport de la FAO fait également état des intrants agricoles dont la facture mondiale des importations, notamment les engrais, devrait atteindre cette année 424 milliards de dollars, soit une hausse de 48% par rapport à 2021. En cause: la flambée des coûts du gaz et des engrais azotés, dontlaRussie étaitle premier exportateur mondial. Ce qui, note-t-on, mettra à rude épreuve les comptes courants des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur. «En conséquence, certains pays pourraient être contraints de réduire les applications d’intrants», prévient la FAO. Ce qui entraînerait presque inévitablement « une baisse de la productivité agricole et des disponibilités alimentaires nationales». La FAO voit donc des «répercussions négatives sur la production agricole mondiale et la sécurité alimentaire se prolonger jusqu’en 2023».
UNE PRODUCTION RECORD DE 784 MILLIONS DE TONNES POUR LE BLE EN 2022/23
Il faut noter en outre que, selon la FAO, la production mondiale de blé « devrait atteindre un niveau record de 784 millions de tonnes en 2022/23 », notamment portée par les récoltes russes et canadiennes. L’agence des Nations unies estime que cela devrait pousser les stocks mondiaux à des niveaux records. Mais d’après son rapport, les accumulations sont attendues principalement en Chine et en Russie, tandis que les niveaux de stocks devraient baisser de 8% dans le reste du monde.
Concernant le riz, souligne toujours la FAO, la production mondiale devrait se maintenir à un niveau moyen global, soutenue par des niveaux de plantation résilients en Asie et une reprise de la production en Afrique
En définitive, le rapport de la FAO laisse entrevoir que la production mondiale d’oléagineux devrait rebondir et atteindre un niveau record lors de la campagne 2022/23. Et que l’augmentation de la production de soja et de colza devrait compenser une baisse probable de la production de graines de tournesol. «Idem pour la production mondiale de sucre, qui devrait également augmenter tandis que la consommation devrait augmenter à un rythme plus lent», conclut le document.