VIDEOLE PARI NUMÉRIQUE DU SÉNÉGAL
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique ce lundi, le président Faye dévoile un plan audacieux pour contrer la mainmise des géants technologiques chinois et américains, avec une promesse phare : une couverture 5G totale du pays d'ici 2030

Lors d'un entretien avec Jeune Afrique Media Groupe ce lundi, le président Bassirou Diomaye Faye a présenté sa vision stratégique pour la transformation numérique du continent africain, plaçant la souveraineté numérique au cœur des priorités continentales.
"La digitalisation est un rendez-vous que l'Afrique ne peut pas manquer", a déclaré le chef d'État, citant l'exemple éloquent de l'Estonie où la numérisation à 99% des services publics a généré une économie de deux points de PIB. Le président a fermement insisté sur la nécessité pour l'Afrique de dépasser le statut de "consommateur passif" pour devenir acteur de son avenir numérique.
Face à la domination du secteur technologique mondial par la Chine et les États-Unis, M. Faye prône une approche collaborative mais stratégique. "La collaboration s'entend, mais c'est une collaboration qui rééquilibre les rapports entre les pays, opère un transfert de savoir-faire et permet de localiser les données", a-t-il souligné. Cette stratégie vise à garantir que les pays africains conservent le contrôle de leurs centres de données tout en bénéficiant des technologies développées par les géants du numérique.
Pour concrétiser cette ambition de souveraineté numérique à l'échelle continentale, le président appelle à mobiliser toutes les "stratifications organisationnelles" africaines, de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) aux communautés économiques régionales comme la CEDEAO. Il insiste sur l'importance d'harmoniser les réglementations pour éviter que l'intégration régionale ne crée des "portes de vulnérabilité" pour la cybersécurité.
Au niveau national, le Sénégal déploie une stratégie ambitieuse avec l'extension du réseau de fibre optique et l'objectif d'une couverture intégrale en 5G d'ici 2030. "C'est pour permettre que les Sénégalais, où qu'ils soient, puissent disposer de services numériques sans contrainte de connexion", a expliqué le président. Le pays a également mis en place le "Start-up Act" pour accompagner l'écosystème numérique local, notamment en partenariat avec des entreprises comme Orange qui contribuent à la formation et au financement des jeunes entrepreneurs.
Interrogé sur la priorité absolue pour renforcer la souveraineté numérique africaine d'ici 2030, le président Faye a refusé de hiérarchiser les actions, identifiant plutôt trois piliers indissociables : "une connectivité à haut débit de qualité partout", "un cadre réglementaire incitatif qui protège les données", et "le développement de compétences numériques en masse" capables d'administrer les infrastructures au niveau local.
Cette vision intervient dans un contexte où l'Afrique subsaharienne francophone, dont le Sénégal, peine encore à développer un écosystème de start-ups aussi dynamique que celui de pays comme le Nigeria, l'Afrique du Sud, l'Égypte ou le Kenya en termes d'attraction de capitaux.
Par cette feuille de route ambitieuse, le président Faye entend positionner le Sénégal et, plus largement, l'Afrique comme des acteurs incontournables de la révolution numérique mondiale.