LES BARRIÈRES NON TARIFAIRES FREINENT TOUJOURS LE COMMERCE RÉGIONAL
Procédures complexes, inspections redondantes et manque d’harmonisation continuent de ralentir la libre circulation des produits agro-sylvo-pastoraux malgré les outils communautaires comme le certificat phytosanitaire harmonisé.

Les barrières non tarifaires demeurent “des goulots d’étranglement majeurs pour le commerce transfrontalier” entre les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a déploré, mardi, à Dakar, le coordonnateur national du Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest (FSRP).
”Les barrières non tarifaires, telles que les procédures complexes, les exigences d’inspection redondantes et les réglementations parfois incohérentes, restent des goulots d’étranglement majeurs pour le commerce transfrontalier”, a déclaré Mouhamadou Lamine Dia.
Il prenait part à un atelier de sensibilisation des acteurs du commerce transfrontalier sur le certificat phytosanitaire harmonisé et les autres dispositions communautaires comme outils de facilitation du commerce intrarégional des produits agro-sylvo-pastoraux.
Selon le coordonnateur national du Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest, “plusieurs obstacles persistent et empêchent les pays de la CEDEAO d’exploiter pleinement le potentiel du commerce régional”.
”Ces obstacles sont multiples et englobent entre autres les déficits d’infrastructures, les barrières tarifaires et non tarifaires”, a énuméré Mouhamadou Lamine Dia.
Il estime que les pays membres de l’espace CESEAO doivent travailler pour arriver à un commerce transfrontalier “plus fluide, plus sûr et plus équitable”.
“La commercialisation des produits de l’agriculture et de l’élevage originaires de l’espace communautaire est négativement impactée par des entraves liées […] à l’utilisation du certificat phytosanitaire harmonisé le long des corridors commerciaux, freinant par conséquent la circulation de ces produits des zones de production vers les zones de consommation”, a-t-il déploré.
Il signale que c’est dans ce sens que le Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest (PRSA/FSRP), à travers sa composante relative à l’intégration régionale des marchés alimentaires et du commerce, vise à faciliter le commerce à travers les principaux corridors.
M. Dia préconise, en collaboration avec la CEDEAO, la mise en place d’un mécanisme de tableau de bord du commerce et du marché agricole, tout en accompagnant l’harmonisation des politiques régionales de commerce agricole.
Toutes ces politiques et stratégies devrait, à ses yeux, contribuer à “réduire les barrières commerciales et harmoniser les normes sanitaires et phytosanitaires, en vue de faciliter la libre circulation des produits agricoles”.
Justin Bayili, consultant à la commission de la CEDEAO dans le cadre du Programme résilience des systèmes alimentaires, a abondé dans le même sens, en mettant l’accent sur les différentes activités mises en place pour lever les contraintes dans les échanges entre les pays membres.
Il s’agit notamment du “schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO qui est l’outil principal adopté par les Etats membres pour assurer une zone de libre échange dans les 15 Etats membres” de l’organisation, a expliqué M. Bayili.
Il a annoncé qu’un guide d’inspection sanitaire sera présenté à partir de mercredi à un groupe d’inspecteurs sénégalais identifiés, avec l’appui du programme et des autorités, pour les former à l’inspection sanitaire.
Mbaye Chimère Ndiaye, secrétaire général de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (CCIAD), a pour sa part a salué le thème de cet atelier, à la fois “stratégique et porteur” pour l’avenir du commerce régional.
“Le commerce transfrontalier représente une composante essentielle de notre économie, en particulier pour les produits agricoles, qui constituent une part importante des échanges entre pays voisins”, a-t-il indiqué.
Il a rappelé que les produits agricoles sont soumis à des exigences sanitaires strictes destinées à protéger la santé des consommateurs et la biodiversité locale.
“Dans ce cadre, le certificat phytosanitaire harmonisé [..] s’impose comme un outil crucial. Il vise à simplifier les procédures, à renforcer la transparence et à faciliter la circulation des produits, tout en garantissant leur conformité aux normes internationales”, a-t-il souligné.
L’harmonisation de ces documents entre les pays membres va constituer “un véritable levier de compétitivité” pour les opérateurs économiques, et un facteur de réduction des coûts et des délais au niveau des frontières, a ajouté Mbaye Chimère Ndiaye.
Il considère que la réussite de cette réforme régionale dépend des acteurs notamment les commerçants, les chauffeurs, les transporteurs et les industriels qui doivent s’approprier les outils mis en place.