LES PAYSANS REJETTENT LE PRIX DE 275 FRS LE KILO D'ARACHIDE FIXÉ PAR LE GOUVERNEMENT
Selon tous les producteurs qui se sont exprimés après le Conseil des ministres de mercredi dernier, le prix proposé est très en-deçà de ce qu’ils disent espérer

L’annonce du prix d’achat du kg d’arachide fixé à 275 francs par le gouvernement a provoqué une levée de boucliers à Kaolack et dans tout le bassin arachidier. A l’unanimité, les paysans et leurs organisations ont rejeté ce prix de 275 francs. Ils réclament un prix minimum de 500 frs/Kg sans quoi, ils menacent de se tourner vers les opérateurs chinois qui, selon eux, leur font comme d’habitude les meilleures offres.
Selon tous les producteurs qui se sont exprimés après le Conseil des ministres de mercredi dernier, le prix proposé est très en-deçà de ce qu’ils disent espérer. D’ailleurs, comme le rappelle Tamsir Ndiaye Sg du Syndicat national des paysans sénégalais et chargé de la communication des paysans du bassin arachidier, sections Kaolack et Fatick, les producteurs avaient très tôt dit leur exigence de voir le prix de la graine fixé à au moins à 500 frs le kg.
Selon lui, c’est parce qu’ils n’ont pas choix que cette proposition a été faite mais, si l’on se fie au vieux Tamsir, l’arachide vaut plus que cela. Grande aurait donc été leur surprise d’entendre annoncer, après le Conseil des ministres de ce mercredi, que le président de la République a fixé le prix à 500 francs. La colère est telle qu’un boycott est décrété contre le prix officiel fixé. « On ne pense même pas céder nos graines à ces miettes quelles que soient les conséquences », a lancé le Sg dudit syndicat cité ci-haut.
Selon lui, les intrants agricoles coûtent excessivement cher et il n’est donc pas question de travailler la terre pendant toute une saison pour ensuite venir brader sa récole d’arachide à 275 frs le kilogramme Cachant difficilement sa colère, lui aussi, Kéba Sokhna, Sg du Syndicat des cultivateurs, éleveurs et maraichers du Sénégal explique que, « pour un ha de terre, il faut 400 mille francs pour se lancer dans l’activité champêtre. Il s’y ajoute que le sac d’engrais qui coûtait 7000 francs l’année dernière est vendu cette saison à 21000 francs sans compter le prix du kg d’arachide pour les semences qui est passé de 700 à 1000 francs ».
Toutes choses qui lui font dire que « ce prix de 275 francs fixé par l’Etat est incompréhensible dans la mesure où il ne correspond même pas à la réalité du marché surtout que les paysans que nous sommes subissent de plein fouet les rigueurs de la vie ».
En tout état de cause, la frustration est unanime à Kaolack et environs après l’annonce de ce prix au producteur du kg d’arachide fixé à 275 frs. Le secrétaire général de l’Association des agriculteurs du bassin arachidier, Cheikh Tidiane Cissé, lui, appelle le chef de l’Etat Macky Sall à revoir cette décision au plus vite car, selon lui, le monde rural souffre et il comptait sur une campagne arachidière réussie pour souffler un peu. Il a également déploré la non implication de ceux qu’il appelle « les vrais acteurs du secteur de l’agriculture » dans le processus de fixation du prix de l’arachide. Le vin est déjà tiré, certes, mais les paysans ne comptent pas le boire. Ce serait trop facile, estiment-ils. D’où leur menace de se tourner vers les opérateurs privés chinois à qui ils collent l’étiquette flatteuse de « meilleurs payeurs, car ils font toujours de meilleures offres aux producteurs contrairement au régime en place qui depuis son avènement tue chaque année le secteur agricole ».
L’histoire se répète : le paysan sénégalais tourne le dos à l’acheteur sénégalais au profit des opérateurs chinois.