«NOUS N’AVONS BESOIN QUE DE 30% DES 60 MILLIARDS INVESTIS DANS L’AGRICULTURE POUR FAIRE DES MERVEILLES»
«Redynamisation de la plateforme nationale pour l’agriculture biologique », tel est l’objectif de la rencontre qui a réuni à Thiès les différents acteurs qui se meuvent dans ce sous-secteur. C’est à l’initiative de la Fenab

La Fédération nationale pour l’Agriculture Biologique (Fenab) a réuni à Thiès les différents acteurs, pour les besoins d’une rencontre de redynamisation de la plateforme nationale pour l’agriculture biologique. A cette occasion, un véritable plaidoyer a été lancé et allant dans le sens d’un meilleur accompagnement de l’agro écologie par les pouvoirs publics. Selon Ibrahima Seck, coordonnateur de la Fenab, «si elle était créditée de 30% des 60 milliards investis chaque année dans l’agriculture conventionnelle, elle ferait des merveilles dans le développement global du Sénégal».
«Redynamisation de la plateforme nationale pour l’agriculture biologique », tel est l’objectif de la rencontre qui a réuni à Thiès les différents acteurs qui se meuvent dans ce sous-secteur. C’est à l’initiative de la Fédération Nationale pour l’Agriculture Biologique (Fenab). A cette occasion, des plaidoyers forts liés notamment à l’accompagnement des pouvoirs publics ont été lancés. Selon Ibrahima Seck, coordonnateur de la Fenab, plus de 60 milliards sont dépensés chaque année par le gouvernement pour subventionner l’agriculture conventionnelle. Malheureusement, dit-il, l’agriculture écologique ne reçoit que le franc symbolique en terme de subvention de l’Etat. «Pourtant, si elle était créditée de 30% du montant investi dans l’agriculture conventionnelle, elle ferait des merveilles dans le développement global du Sénégal. Avec un accompagnement transversal des ministères de l’Agriculture, de la Santé, du Commerce, de l’Environnement, etc., l’agriculture biologique peut atteindre une nouvelle dimension et faire le saut qualitatif nécessaire pour nous permettre d’arriver à des produits sains».
D’après Ibrahima Seck, la Fenab a formé plus de 60.000 paysans dans les techniques d’agriculture biologique et écologique. Et au niveau des zones agro écologiques, il existe des maisons de la connaissance où il y a des documents didactiques adéquats. «L’agro écologie a des défis devant elle dont le premier est cette volonté politique qui manquait », dit-il. Il s’y ajoute les changements climatiques qui nécessitent de nouvelles formes de systèmes de production pour s’adapter à l’environnement. Sur ce plan, l’agriculture écologique biologique qui permet la séquestration du carbone du sol et limite les gaz à effet de serre, est un puissant moyen de résilience, d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Cependant, malgré toutes les initiatives déployées sur le terrain, le taux de pénétration de l’agro écologie reste encore très faible. Selon le coordonnateur de la Fenab, les agriculteurs écologiques, biologiques ne constituent que 1% de la population agricole. Les terres exploitées à cet effet constituent moins de 1% des espaces agricoles du pays. Se voulant optimiste, Ibrahima Seck souligne : «le président de la République a récemment parlé d’un Plan Sénégal Emergent vert. Nous pensons que c’est la bonne vision d’autant que nous allons vers la transition écologique. Avec les changements climatiques, les modèles de production agricole n’ont pas donné ce que nous attendions par rapport à la dégradation des sols, la disparition de biodiversité végétale et animale. Il urge maintenant d’aller vers une autre alternative, en l’occurrence l’agriculture écologique, biologique. C’est un système de production agricole holistique et systémique, permettant une intégration de l’agriculture, de l’élevage, de la foresterie et des ressources naturelles et une bonne gestion des ressources naturelles».
Cette forme d’agriculture permet également une auto perpétuation d’espèces végétales et animales à chaque période de l’année et donne aux paysans des productions avec des prix rémunérateurs, dans une démarche économe. C’est à travers l’utilisation de l’ensemble des énergies renouvelables disponibles, c’est pourquoi, c’est la forme d’agriculture la meilleure. Et ce n’est pas seulement un système de production dit-il, mais aussi un projet de société qui va permettre le développement durable, c’est-à-dire l’épanouissement des populations sur le plan culturel, social, écologique, économique et politique.
MOR NDIAYE DU PROGRAMME BIOGAZ DOMESTIQUE «NOUS AVONS PREVU UNE PRODUCTION DE 40.000 TONNES D’ENGRAIS ORGANIQUES»
Les agriculteurs écologiques peuvent compter le programme national de biogaz domestique du Sénégal, pour mieux développer leurs activités. Selon Mor Ndiaye, responsable de la promotion marketing du programme, qui dépend du ministère du Pétrole et des Energies, et spécialisé dans la production du biogaz, de l’engrais organique, il est prévu cette année une production de 40.000 tonnes d’engrais organiques. Il explique : «l’engrais est produit par les bénéficiaires eux-mêmes. Nous faisons des typologies de 10 à 18 m3. Le bio digesteur de 19 m3 peut produire jusqu’à 100 tonnes d’engrais et avec l’objectif d’installer 2.000 bio digesteurs. C’est ce qui justifie la production de 40.000 tonnes. Les organisations paysannes qui seront mises en place vont se charger de la collecte. Elles seront dotées de tricycles pour assurer la collecte et la commercialisation à travers des entreprises de commercialisation de l’engrais organique». Selon lui, l’agriculture écologique biologique ne peut pas être développée dans un pays, s’il n’y a pas un accès à l’intrant biologique. En dehors de la production, le programme développe toute une stratégie pour accompagner les organisations de producteurs biologiques en terme de sensibilisation, d’information, de communication, mais surtout également à travers un appui organisationnel important. «Nous avons décidé cette année d’accompagner la création de 30 organisations de producteurs bio et chacune sera appuyée techniquement et financièrement, pour assurer les bases de sa fonctionnalité», a-til conclu.