VIDEOPOURQUOI L'AFRIQUE IMPORTE-T-ELLE CE QU'ELLE PRODUIT ?
Exporter du coton brut pour réimporter du textile, vendre des matières premières pour racheter des produits finis : l'Afrique s'est enfermée dans un modèle économique qui renchérit ses propres productions face aux importations subventionnées

Un paradoxe économique frappe le continent africain : les produits locaux sont souvent plus chers que leurs équivalents importés, créant un cercle vicieux qui freine le développement industriel.
En Côte d'Ivoire, un kilogramme de farine de manioc produite localement coûte entre 1,53€ et 2,90€, soit deux à quatre fois plus cher que la farine de blé importée d'Ukraine ou de Russie. Cette situation se retrouve dans de nombreux secteurs, des jus de fruits aux textiles.
Le problème principal réside dans l'absence de circuits industriels intégrés. Les pays africains exportent leurs matières premières - comme le coton brut du Bénin, du Burkina Faso ou du Mali - puis réimportent des produits semi-finis fabriqués à partir de ces mêmes matières. Cette dépendance génère des coûts supplémentaires : douanes, transport, taxes multiples représentant jusqu'à 30% du prix final.
Les entreprises africaines peinent à développer des économies d'échelle en raison d'infrastructures inadéquates. L'électricité instable oblige à utiliser des groupes électrogènes coûteux, tandis que les routes dégradées font grimper les frais de transport jusqu'à 50% du coût du produit. Le manque de chaînes du froid entraîne également des pertes importantes.
Paradoxalement, les produits importés bénéficient souvent de subventions dans leur pays d'origine et sont moins taxés à l'entrée dans les pays africains. Résultat : 80% des produits vendus en supermarché sont importés, créant une concurrence déloyale pour les producteurs locaux qui ne reçoivent que peu de soutien.
Pour inverser cette tendance, les experts préconisent une modernisation de la production avec mécanisation et automatisation, l'amélioration des infrastructures logistiques, et surtout la mise en place de politiques industrielles incitatives. L'objectif : créer un écosystème complet qui permette aux produits africains de devenir enfin compétitifs sur leur propre marché.