«QUAND IL S’AGIT DE SE TAPER OU DE SE TUER, NOUS AVONS LES RESSOURCES MAIS QUAND IL S’AGIT DE SAUVER LA PLANETE, ON VA DE PROMESSES EN PROMESSES»
Alioune Ndoye ministre de l’environnement, sur le financement climatique - Le financement climatique est un grand défi auquel les pays les moins avancés (Pma) font face.

Le financement climatique est un grand défi auquel les pays les moins avancés (Pma) font face. C’est dans ce sens que le ministre de l’Environnement Alioune Ndoye qui présidait la réunion ministérielle du groupe de négociateurs des Pma estime que quand il s’agit de faire la guerre, les moyens sont là mais pour sauver l’humanité, c’est des promesses non tenues.
En prélude à la Cop 28 qui se tiendra à Dubai, le groupe des négociateurs des pays les moins avancés sur le climat (Pma) se sont réunis à Dakar pour faire le point sur les progrès réalisés dans les négociations internationales sur les changements climatiques, de discuter des priorités pour la Cop 28 et d’obtenir un soutien fort sur le positionnement stratégique du groupe des PMA. Le ministre de l’Environnement Alioune Ndoye indique que le groupe des pays les moins avancés sur le climat se réunit pour harmoniser leurs positions qu’ils vont défendre au niveau de la Cop. Selon lui, puisqu’il y a urgence, il est bon qu’ils y aillent d’une voix sur les différentes questions.
A l’en croire, le monde est à 1.1°C de réchauffement. «Les experts sont clairs : si nous continuons dans cette tendance, nous allons aller à 2.4, à 2.6°C. Cela va condamner une large partie de ce monde, notamment tout ce qui est pays insulaire, côtière avec aujourd’hui des impacts qui sont de plus en plus violents du fait de cette trajectoire», ditil. C’est une urgence et nous avons l’obligation morale d’inverser cette tendance pour nous caler à l’objectif de Paris qui est de limiter ce réchauffement à 1.5°C, et cela n’est quasi pas négociable si nous voulons sauver l’humanité, ajoute-t-il. «Vous savez, on ne pointe pas quelqu’un en termes de droit de responsabilité parce que nous sommes tous responsable, parce que nous tendons au développement. Dans chaque partie du monde, il y a des actions qui doivent être reconverties pour aller dans une trajectoire beaucoup plus sobre en carbone», explique-t-il.
Et d’ajouter qu’il faut que les engagements qu’ils répètent de Cop en Cop puissent être tenus. Interpellé sur le financement climatique, M. Ndoye estime que, ne rien faire coûte beaucoup plus cher en termes de perte pour l’humanité, de ressources qu’il faudra pour faire face à des phénomènes beaucoup plus violents et dévastateurs. «Si nous ne faisons rien aujourd’hui, nous ferons 100 fois demain pour faire face à des choses qui vont menacer l’existence de l’humain sur cette planète. Dès qu’il y a certains incidents, en un temps record, les gens réunissent beaucoup d’argent. Quand il s’agit de se taper ou de se tuer, là, on a les ressources mais quand il s’agit de sauver la planète, on va de promesses en promesses. Donc il est temps que l’on rétablisse la confiance parce qu’il y a un problème de confiance en commençant par le respect des engagements», clame-t-il.
LES 100 MILLIARDS DE DOLLARS PROMIS PAR LES PAYS DÉVELOPPES LORS DE LA COP 27 NON ENCORE MATERIALISES
Le ministre est d’avis que depuis plusieurs années déjà, la crise climatique a entraîné d’énormes pertes dans les PMA, freinant malheureusement tous leurs efforts de développement. «Le contexte international peu favorable n’aide pas aussi avec les crises répétitives qui mettent à nu la vulnérabilité de nos systèmes économiques et financiers. Le fardeau de la dette s’est alourdi en raison du ralentissement économique mondial résultant de la guerre en Ukraine, de la COVID-19 et de la hausse mondiale des prix», déplore-t-il.
Cependant, il affirme que cette situation a placé de nombreux PMA dans une situation critique. «Il nous faut poursuivre le plaidoyer et la réflexion pour la mobilisation effective de ressources durables pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique, à travers notamment l’opérationnalisation du fonds sur les pertes et préjudices, le doublement du financement de l’adaptation et le respect de l’allocation des 100 milliards de dollars qui tarde à se matérialiser», dit-il. A l’issue de cette réunion, la déclaration sera mise en œuvre.